Rimpfishhorn 4199m

Le beau temps et les températures estivales font leur retour. Les conditions sont parfaites pour tenter de rajouter un 4000 à la liste. Gabriel Payen se joint à la cordée pour ce nouveau sommet. C’est un des étudiants de l’école d’ingé super aéro qui était au Svalbard en même temps que ma petite visite en 2019. Si je fais ces 4000, c’est avant tout pour revenir avec des images pour garder une trace de ces aventures, c’est pourquoi, on part généralement sur plusieurs jours pour profiter des belles ambiances de fin et début de journée. Gabriel est plus dans une optique de performance et part plutôt faire des courses à la journée. Le compromis mettant tout le monde d’accord est de partir très tôt le matin. On campe sur le parking de Täschalp pour partir à l’aube. J’ai profité de la venue de Stéphane de Zurich pour lui demander de récupérer une tente 4 saisons que je venais d’acquérir par enchère. C’est une tente faite pour les expéditions, ultra légère. Elle est totalement surdimensionnée pour dormir sur le parking avec ces températures tout juste négatives la nuit. C’est l’occasion de la monter une fois dans de bonne condition pour ne pas être pris au dépourvu lorsque les conditions seront plus difficiles

Le Rimpfishhorn, le sommet que l’on veut gravir se voit au loin au dessus de la tente

Le réveil sonne à 3h30 du matin. On se lève, il y a un peu de givre dans la tente. On plie la tente et dépose le tout en vrac dans la voiture en vitesse avant de prendre la route vers le Rimpfishhorn.Rangement en vrac dans la voiture et départ surplombé par le Weishhorn

Ski sur le dos, on remonte le chemin en direction de la Täschhütte, chaussures de ski au pied. Une fois arrivé à la neige vers 2800m d’altitude, on chausse les skis. La neige est trop dure pour que je tienne avec les peaux de phoques. Une fois les couteaux installés sur les skis pour ne plus glisser, on continue l’ascension.

Le jour se lève doucement, il n’y a pas un nuage pour capturer les premiers rayons de soleil mais l’humidité de l’air nous fait tout de même profiter de l’ambiance rosée matinale.

Une fois passé le premier col, nous progressons sur le glacier.

Stéphane sur fond de 4000

Gabriel dans la direction du Rimpfishhorn

C’est un long faux plat. Sur la gauche bifurque la voie pour l’Alphubel, un sommet fait l’été passé. Il nous faudra enlever nos peaux de phoque pour une petite descente avant de remonter sur le glacier.

(je devais avoir perdu mon sens de l’équilibre pour cette image…)

Sur le glacier, le soleil est de la partie de quoi réchauffer les -9°C qui nous ont gelé les gourdes d’eau. La vue à 360° est splendide, c’est l’occasion de réviser un peu le nom des 4000 qui nous entourent. On continue notre progression jusqu’au sommet d’hiver du Rimpfishhorn qui culmine à tout juste 4001m.

 

C’est un dôme de neige assez facile d’accès malgré les rafales de vent intermittentes.  La lumière est très dure, c’est le désavantage des sorties à la journée par contre, ça nous permet de partir très léger. Du sommet d’hiver, on a une belle vue sur tous les 4000 que j’ai déjà gravi comme l’Alalinhorn, le Stralhorn, l’Alphubel, la Signalkupe avec la cabane Margarita ainsi que le Breithorn.

Il est temps de passer au chose sérieuse, le sommet d’été du Rimpfischhorn.

On reprend des forces en mangeant quelques barres de céréales puis nous délaissons nos skis sur le col et attaquons la montée crampons au pied. Nous ne sommes pas les seuls, un autre groupe progresse lentement dans une petite goulotte (côté M1). Plutôt que d’attendre que le passage se libère, nous suivons les traces de Gabriel qui nous a convaincu de passer sur la droite, ça doit passer qu’il dit. Nous progressons dans la pente en traçant une nouvelle voie, la voie « Payenne ». Une fois bien engagé, on se rend compte que l’on va devoir bifurquer sur la gauche pour rejoindre le chemin officiel. On improvise un peu dans des pentes extrêmement raides entre neige et roche. Gabriel assure le passage tant bien que mal avec son expérience en arrêt et grimpe. Il coince des sangles dans des interstices de roche dans les passages clefs, on progresse avec la corde tendue pour réduire la dégringolade en cas de chute. C’est bien quelques frayeurs plus tard et quelques passages pas évident que l’on arrive à rejoindre la voie officielle. Elle nous paraît tout de suite plus facile en comparaison à la voie payenne 🙂 On continue la progression avec les crampons sur l’arrête, j’ai un peu de peine pour mes crampons en alu qui s’usent prématurément sur la roche. Cela fait maintenant quelques heures que l’on progresse au-dessus de 4000m, je me sens un peu plus étourdit avec cet air plus fin. En voulant faire une petite vidéo, je laisse échapper mon gant qui dégringole la paroi et disparaît de ma vue. Je commence à penser que je suis maudit car j’ai déjà perdu un de mes battons au fond d’une crevasse lors de la dernière sortie. La dernière arrête avant le sommet est superbe, le vide sur la gauche et sur la droite, la vue est superbe. Une petite pensée pour le plateau Suisse qui semble être sous le brouillard.

On ne restera pas longtemps au sommet à 4199m car nous ne sommes pas seuls (c’est aussi un autre problème d’un sommet à la journée).

Sur la descente, on fait un rappel pour tenter de dépasser d’autre alpinisme mais sans succès, le temps de tout mettre en place, on n’y arrivera juste pas. Après de nombreuses descentes sur demi nœud de cabestan, nous revoilà au col. On mange deux morses, chaussent les skis et entamons la descente. Juste par acquis de conscience, je longe le glacier sous la falaise de Rimpfishhorn et là, je n’en reviens pas, je retrouve mon gant perdu plus tôt. Il a dégringolé sur plus de 100m dans les falaises. Heureusement que ce n’est pas nous qui avons dévalé la pente dans la voie payenne…

La descente à ski est un pur bonheur sur le glacier. La neige dure en début de journée à fondu juste ce qu’il faut. C’est comme glisser sur du velours. On descend dans une autre vallée de que la montée, celle-ci est moins exposée ce qui nous permet de descendre jusqu’au fond du vallon soit 2000m de descente à ski.

Pour boucler la boucle, il nous faudra encore porter les skis sur le dos tout le fond de la vallée pour rejoindre la voiture. Une superbe sortie plus technique qu’habituellement et un nouveau record pour moi, 2200m+ en une fois!

Bonne journée et merci pour la lecture 🙂

*svp remplissez toutes les cases. Merci!