Le danseur alpin, le tétras lyre

Le tétras lyre est une espèce qui me fascine depuis toujours. Petit en allant « jumeler » avec mon père au printemps, j’ai découvert leur danse et leur chant. Un spectacle dont la beauté reste gravée dans ma mémoire. Cela fait maintenant plus de 10 ans que je retourne les voir régulièrement. C’est devenu un pèlerinage, chaque année en mai, je reprends la route de la clairière. Raquettes aux pieds, je monte en début d’après-midi au sommet de la forêt. Plus de 500m de dénivelé à chaque fois pour être coupé du monde, seul avec les petits coqs. https://youtu.be/yjc03UfK-go J’installe l’affut en début d’après-midi et passe la nuit caché dans la tente pour avoir le moins d’impact possible sur le ballet des tétras. Les tétras lyre sont très vulnérables au printemps et pendant tout l’hiver. Leur nourriture favorite, les myrtilles et autres insectes ne sont plus à portée de bec. Ils se nourrissent quasiment exclusivement d’épine de sapin ou d’arole. Ce régime alimentaire très peu calorique les rend très vulnérables, chaque dépense énergétique risque de leur être fatale. Des zones de tranquillité sont mises en place dans de nombreuses forêts alpines pour diminuer le dérangement de l’espèce par les activités hivernales comme les raquettes ou le ski de randonnée. Ses zones sont généralement balisées ou sont aussi indiquées sur les cartes hivernales. Malheureusement, parfois leur tranquillité n’est pas respectée et un dérangement suffit pour achever un individu déjà extenué. C’est pourquoi, il est primordial de prendre toutes les précautions nécessaires pour ne pas les déranger. En installant l’affut en début d’après-midi, les tétras sont encore en forêt. Le soir venu, ils remontent vers la place de chant pour défendre leur parcelle de terre. Je passe la nuit en affut car les mâles viennent sur la place de chant dès l’aube. Il faut aussi savoir que les femelles bien plus discrètes sont sur place presque une heure avant les mâles. Au petit matin, le gargouillis des mâles sur la place de chant me tire du sommeil. J’entends les tétras se déplacer autour de l’affut et même quelques prises de bec. Je guigne à travers les fenêtres, malgré l’obscurité, je peux distinguer quelques silhouettes se découper comme des ombres chinoises dans la neige. Il est encore trop tôt pour faire des images mais le spectacle est un régal pour les oreilles. La nuit se retire peu à peu révélant la danse des tétras. Leur petit saut, leur vol plané, leur course poursuite et leurs coups de bec pour défendre leur territoire, quel spectacle ! Tout ça pour attirer l’attention des femelles qui observent la scène. Si une femelle s’approche, l’activité sur la place de chant redouble d’intensité et des plumes peuvent voler ! Puis le soleil fait son apparition et l’activité sur la place de chant se fait plus calme. Les tétras les plus téméraires continuent à parader mais d’autre s’en vont dans les mélèzes pour picorer les tendres bourgeons fraîchement éclos, du pain bénis après s’être nourrit exclusivement d’épines de sapin pendant des mois.   Ici un petit album compilant des images sur plus de 10ans http://apvl.ch/tetras/
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Tourbière

20% de la population est vaccinée, les restrictions covid s’assouplissent partout, les restaurants rouvrent. Il est temps de retourner voir mon ami Benjamin que je n’ai plus revu depuis une éternité. Il lui faut une petite coupure, cela fait des mois qu’il a la tête dans le guidon pour l’organisation de son exposition Imag’en Ville. Cap sur Dijon pour le weekend. Je profite du trajet pour acquérir un écran Eizo d’occasion spécialisé pour la retouche graphique. Lors du passage à la frontière, la douane Française me demande de me mettre de côté pour un contrôle. Après quelques questions liées aux restrictions sanitaires, elle me demande de montrer le carton de l’écran. J’avais deux solutions, soit payer la TVA pour l’écran que j’allais ramener en Suisse le lendemain soit faire demi-tour. Je repars en Suisse déposer l’écran le temps du weekend chez une connaissance et je peux enfin rejoindre Benjamin sur Dijon quelques heures plus tard. Le temps est maussade, des averses s’abattent régulièrement : pas très motivant pour rejoindre l’affût à blaireau. N’ayant jamais rencontré de salamandres tachetées, je lui propose d’aller à leur recherche. La météo semble parfaite pour les batraciens mais la période de ponte à la mare est terminée depuis bien un mois. Un peu pris au dépourvu, on s’équipe en vitesse puis nous parcourons les forêts à la recherche de la salamandre de feu. La forêt humide est superbe avec de la mousse recouvrant les arbres et les roches. Malheureusement, pas de tache orange à l’horizon. Il y a bien quelques têtards dans un ancien lavoir mais rien à photographier… Il y a quelques escargots et limaces qui profitent de l’humidité. L’exposition que Ben prépare se veut didactique et prétend montrer la faune et la flore que l’on peut trouver dans la région de Bourgogne. On se dit que plutôt que de se tourner les pouces en attendant la nuit que les salamandres pointent le bout de leur nez humide, on peut photographier des escargots de Bourgogne pour l’expo. Pas évident de mettre en valeur ces gastéropodes mais l'endroit est magique avec ces mousses.     Il nous faudra rentrer avant la tombée de la nuit car en France, le couvre-feu est appliqué après 21h. Le lendemain, après avoir enlevé deux tiques de ma fesse droite, nous prenons la route vers la tourbière de Frasne. Sur le trajet, Fred, un ami de Ben professeur de SVT (Sciences de la Vie et de la Terre) nous rejoint. J’ai droit à l’histoire passionnante des traces laissées par les dernières glaciations comme des moraines contenant des matériaux calcaires (Würm - deux calottes, une sur les Alpes, une sur le Jura) ou du calcaire et du granite (Riess - avant-dernière glaciation encore plus forte où il n’y avait qu’une seule calotte glaciaire, couvrant les Alpes et le Jura et donc certaines langues allaient jusqu’à Lyon) Nous voilà au parking de la tourbière. Après avoir tiré le portrait d'un petit papillon, on enfile les chaussures et on commence le parcours fléché. Une tourbière est créée lors du retrait des glaciers. Le glacier, lors de son avancée, broie les roches les transformant en farine glaciaire (aussi appelé loess). Cette farine est étanche comme de l’argile et peut créer des lacs lors du retrait du glacier. Dans ces lacs, la vie se développe mais avec le temps, une mousse aquatique, la sphaigne prend le dessus. Cette plante a une partie morte dessous et une partie vivante émergée. Au fil du temps, la partie morte va peu à peu remplir le lac. Des milliers d'années plus tard, il ne reste plus que de la sphaigne morte qui est transformée en tourbe qui peut être extraite, séchée et utilisée comme combustible.

Trou creusé pour extraire la tourbe

Brique de tourbe en cours de séchage: lanterne

Il y a plusieurs stades de vie dans une tourbière. Elle est dite vivante lorsqu’elle est encore en formation. A ce stade, elle peut être dangereuse car sous la couche de sphaigne se cache de l’eau. En marchant à sa surface, il est possible de traverser la couche de sphaigne et d’être pris au piège. L’eau dans les tourbières est très acide à cause du métabolisme de la sphaigne. Elle appauvrit les terres afin de les rendre inhabitables pour les autres plantes. La plupart de la faune et de la flore ne peuvent plus s’installer dans un milieu aussi hostile. Seules des plantes ultra spécialisées peuvent s’y adapter. La mission du jour est justement de trouver une de ces plantes typiques des milieux pauvres et acides, la drosera. C’est une plante carnivore qui a la particularité d’avoir des petites excroissances rouges sur ses feuilles vertes sécrétant une sorte de glue.   Si un petit insecte a le malheur de confondre cette mixture visqueuse avec des gouttelettes de rosée, il sera pris au piège emplâtré des pattes aux ailes. Il sera ensuite lentement digéré pour apporter l’azote nécessaire à la synthèse des protéines pour la croissance de la drosera. Contrairement à d’autres types de plantes carnivores, seul l’azote absent des sols pauvre est capté de cette manière. Le CO2, comme pour les autres plantes, est extrait de l’air via le processus de photosynthèse. C’est pourquoi les feuilles de la drosera sont vertes grace à à chlorophylle permettant la captation du gaz.   Ces plantes carnivores ne sont vraiment pas évidentes à trouver dans la tourbière. On pourrait presque reformuler la célèbre expression en « c’est comme trouver une drosera dans une tourbière de sphaigne ». L’œil expérimenté de Fred repère une nuance de couleurs rosée trahissant les droseras au milieu des mousses vertes. Malheureusement, elles sont trop loin du chemin pour photographier les détails de la plante. On en trouvera cependant quelques-unes plus proches du chemin dans la zone non exploitée de la tourbière quelques kilomètres plus loin. La plante est vraiment minuscule, les feuilles font en moyenne 8mm de large et elles sont hautes d’à peine quelques centimètres La plante n’est pas aussi impressionnante que ce que l’on pourrait s'imaginer lorsque l’on parle de plante carnivore. Mais elles sont très étonnantes et pleines de subtilités. On peut se plonger dans ce monde miniature à l’aide d’un objectif photo macro et découvrir un univers que nous ne soupçonnons même pas au quotidien, un monde où le danger est omniprésent. Sur la boucle du retour, on s’attarde dans un petit champ de narcisses. La lumière n’est pas optimale pour de belles images mais je décide de faire quelques portraits de « cœur » de la fleur. Je m’étonne de la diversité entre chaque individu. Certaines ont des étamines énormes (appareil reproducteur mâle) mais pas de stigmate visible (appareil reproducteur femelle) alors que sur d'autres plantes, le stigmate est visible et sort passablement de la fleur. Fred émet une hypothèse concernant une stratégie pour éviter une auto pollinisation. Ainsi, en fonction de l’avancée de la floraison, un appareil reproducteur ou l’autre est plus mis en évidence pour minimiser les interactions internes à la fleur et optimiser la prise ou dépose de pollen par les insectes. C’est assez incroyable cette capacité d’adaptation de la flore autant avec la drosera dans les milieux pauvres ou les stratégies de reproduction des narcisses. Merci à Fred pour m’avoir fait découvrir ces particularités, la nature me surprendra toujours !
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Rimpfishhorn 4199m

Le beau temps et les températures estivales font leur retour. Les conditions sont parfaites pour tenter de rajouter un 4000 à la liste. Gabriel Payen se joint à la cordée pour ce nouveau sommet. C’est un des étudiants de l’école d’ingé super aéro qui était au Svalbard en même temps que ma petite visite en 2019. Si je fais ces 4000, c’est avant tout pour revenir avec des images pour garder une trace de ces aventures, c’est pourquoi, on part généralement sur plusieurs jours pour profiter des belles ambiances de fin et début de journée. Gabriel est plus dans une optique de performance et part plutôt faire des courses à la journée. Le compromis mettant tout le monde d’accord est de partir très tôt le matin. On campe sur le parking de Täschalp pour partir à l’aube. J’ai profité de la venue de Stéphane de Zurich pour lui demander de récupérer une tente 4 saisons que je venais d’acquérir par enchère. C’est une tente faite pour les expéditions, ultra légère. Elle est totalement surdimensionnée pour dormir sur le parking avec ces températures tout juste négatives la nuit. C’est l’occasion de la monter une fois dans de bonne condition pour ne pas être pris au dépourvu lorsque les conditions seront plus difficiles

Le Rimpfishhorn, le sommet que l'on veut gravir se voit au loin au dessus de la tente

Le réveil sonne à 3h30 du matin. On se lève, il y a un peu de givre dans la tente. On plie la tente et dépose le tout en vrac dans la voiture en vitesse avant de prendre la route vers le Rimpfishhorn.Rangement en vrac dans la voiture et départ surplombé par le Weishhorn

Ski sur le dos, on remonte le chemin en direction de la Täschhütte, chaussures de ski au pied. Une fois arrivé à la neige vers 2800m d’altitude, on chausse les skis. La neige est trop dure pour que je tienne avec les peaux de phoques. Une fois les couteaux installés sur les skis pour ne plus glisser, on continue l’ascension.

Le jour se lève doucement, il n’y a pas un nuage pour capturer les premiers rayons de soleil mais l’humidité de l’air nous fait tout de même profiter de l’ambiance rosée matinale.

Une fois passé le premier col, nous progressons sur le glacier.

Stéphane sur fond de 4000

Gabriel dans la direction du Rimpfishhorn

C’est un long faux plat. Sur la gauche bifurque la voie pour l’Alphubel, un sommet fait l’été passé. Il nous faudra enlever nos peaux de phoque pour une petite descente avant de remonter sur le glacier.

(je devais avoir perdu mon sens de l'équilibre pour cette image...)

Sur le glacier, le soleil est de la partie de quoi réchauffer les -9°C qui nous ont gelé les gourdes d’eau. La vue à 360° est splendide, c’est l’occasion de réviser un peu le nom des 4000 qui nous entourent. On continue notre progression jusqu'au sommet d’hiver du Rimpfishhorn qui culmine à tout juste 4001m.

 

C’est un dôme de neige assez facile d’accès malgré les rafales de vent intermittentes.  La lumière est très dure, c’est le désavantage des sorties à la journée par contre, ça nous permet de partir très léger. Du sommet d’hiver, on a une belle vue sur tous les 4000 que j’ai déjà gravi comme l’Alalinhorn, le Stralhorn, l'Alphubel, la Signalkupe avec la cabane Margarita ainsi que le Breithorn.

Il est temps de passer au chose sérieuse, le sommet d’été du Rimpfischhorn.

On reprend des forces en mangeant quelques barres de céréales puis nous délaissons nos skis sur le col et attaquons la montée crampons au pied. Nous ne sommes pas les seuls, un autre groupe progresse lentement dans une petite goulotte (côté M1). Plutôt que d’attendre que le passage se libère, nous suivons les traces de Gabriel qui nous a convaincu de passer sur la droite, ça doit passer qu’il dit. Nous progressons dans la pente en traçant une nouvelle voie, la voie « Payenne ». Une fois bien engagé, on se rend compte que l’on va devoir bifurquer sur la gauche pour rejoindre le chemin officiel. On improvise un peu dans des pentes extrêmement raides entre neige et roche. Gabriel assure le passage tant bien que mal avec son expérience en arrêt et grimpe. Il coince des sangles dans des interstices de roche dans les passages clefs, on progresse avec la corde tendue pour réduire la dégringolade en cas de chute. C’est bien quelques frayeurs plus tard et quelques passages pas évident que l’on arrive à rejoindre la voie officielle. Elle nous paraît tout de suite plus facile en comparaison à la voie payenne :) On continue la progression avec les crampons sur l’arrête, j’ai un peu de peine pour mes crampons en alu qui s’usent prématurément sur la roche. Cela fait maintenant quelques heures que l’on progresse au-dessus de 4000m, je me sens un peu plus étourdit avec cet air plus fin. En voulant faire une petite vidéo, je laisse échapper mon gant qui dégringole la paroi et disparaît de ma vue. Je commence à penser que je suis maudit car j’ai déjà perdu un de mes battons au fond d’une crevasse lors de la dernière sortie. La dernière arrête avant le sommet est superbe, le vide sur la gauche et sur la droite, la vue est superbe. Une petite pensée pour le plateau Suisse qui semble être sous le brouillard.

On ne restera pas longtemps au sommet à 4199m car nous ne sommes pas seuls (c’est aussi un autre problème d’un sommet à la journée).

Sur la descente, on fait un rappel pour tenter de dépasser d’autre alpinisme mais sans succès, le temps de tout mettre en place, on n’y arrivera juste pas. Après de nombreuses descentes sur demi nœud de cabestan, nous revoilà au col. On mange deux morses, chaussent les skis et entamons la descente. Juste par acquis de conscience, je longe le glacier sous la falaise de Rimpfishhorn et là, je n’en reviens pas, je retrouve mon gant perdu plus tôt. Il a dégringolé sur plus de 100m dans les falaises. Heureusement que ce n’est pas nous qui avons dévalé la pente dans la voie payenne…

La descente à ski est un pur bonheur sur le glacier. La neige dure en début de journée à fondu juste ce qu’il faut. C’est comme glisser sur du velours. On descend dans une autre vallée de que la montée, celle-ci est moins exposée ce qui nous permet de descendre jusqu’au fond du vallon soit 2000m de descente à ski.

Pour boucler la boucle, il nous faudra encore porter les skis sur le dos tout le fond de la vallée pour rejoindre la voiture. Une superbe sortie plus technique qu’habituellement et un nouveau record pour moi, 2200m+ en une fois!

Bonne journée et merci pour la lecture :)
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Grotte aux Fées – Jura Vaudois

Pour préparer les 4000m, il faut s’entrainer à avoir les bons gestes pour faire une remontée sur corde. Benjamin organise un petit cours clandestin dans une grange d’un ami. J’invite Stéphane, mon compagnon de cordée pour le projet de la liste des 4000. Il y a aussi Emma, une alpiniste, et en cours de route, Joanna, une autre grimpeuse, ramène du matériel et se laisse convaincre de rester avec nous pour faire les exercices. Au programme : remontées sur cordes ainsi que mouflages avec facteurs de multiplication de force de 3, 5 et 7. Nous faisons une courte pause à midi avec un burger king à l’emporter, (aucun restaurant ne livrait après 13h). La journée fût bien remplie et le refresh des manipulations de base était bienvenu. Au détour d’une discussion, Benjamin annonce qu’il va visiter une grotte le lendemain dans le Jura Vaudois et demande si quelqu’un voudrait venir. La grotte en question est une succession de puits qui descendent jusqu’à -150 mètres sous terre. Tout fou et ne sachant pas du tout dans quoi je m’embarque, je suis partant pour l’aventure. Benjamin, imaginant déjà la catastrophe, n’ose pas me dire non et voilà que le lendemain, nous sommes sur la route pour la Grotte aux Fées, à Vallorbe. Dans la voiture, deux spéléologues chevronnés, Oriane et Léonard, sont de la partie. Un 5ème spéléologue nous rejoint sur place.   Grotte aux Fées, partie 1: Galerie des Nymphes La température extérieure est négative et le sol est recouvert d’au moins 30 cm de neige. Un peu frileux, nous décidons d’entrer plus ou moins légalement dans l’appartement d’un de leur collègue spéléologue de la Vallée de Joux. J’apprends de plus en plus à connaitre cette sphère très étrange des spéléologues qui se révèlent être très ? ouverts ? Je profite de la halte pour emprunter une paire de chaussons néoprènes au propriétaire absent. Il est prévu de faire quelques brasses dans l’eau et ma combinaison néoprène est quelque peu poreuse au niveau des orteils. La Grotte aux Fées est gigantesque et de nombreuses galeries restent à ce jour inexplorées. Bien que voisin, le réseau des Fées est distinct de la Grotte de Vallorbe, connue et aménagée pour le tourisme. C'est un réseau de grotte qui est immense. Ci-dessous, la topographie de l'ensemble du réseau de la grotte au fée avec en jaune, la partie que l'on a explorée lors des deux sorties (deuxième sortie décrite plus bas) Une fois équipés pour l’exploration de la grotte (transformé en Télétubbies violet avec ma combinaison), nous remontons une route enneigée où nous croisons quelques personnes et passons pour des fous en combinaisons. Après quelques difficultés pour trouver l’entrée de la grotte sous la neige, nous y entrons. À quelques mètres de l’entrée nous trouvons un petit carnet d’informations à remplir, permettant aux secours de savoir combien de corps ils peuvent espérer retrouver. Rapidement, la grotte continue à la verticale. Huit puits pour un total de 154m de descente.   À l’entrée, Léonard m’explique comment passer la corde dans mon descendeur puis, c’est parti pour la descente dans le vide et l’obscurité. Au fur et à mesure de la descente, les gestes deviennent automatiques mais je fais tout de même systématiquement contrôler mon matériel à mon mentor, Léonard. Sur la descente, nous croisons deux chauves-souris en pleine hibernation. Les chauves-souris ne sont pas tellement dérangées par nos bruits mais plutôt par l’air chaud de notre souffle et de nos lumières. Elles sortent de leur hibernation lorsque la température augmente, signe de la fin de l’hiver. Il faut donc éviter de leur souffler dessus. Une fois au fond des puits nous avançons dans une partie horizontale et labyrinthique tant il y a de boyaux creusés par l’eau dans la roche calcaire. Nous nous déplaçons en rampant ou à quatre pattes lorsque la hauteur le permet. Nous marchons dans un mélange d’argile visqueuse avec 5 à 10cm d’eau. Pour ceux qui ont vu la scène, on dirait les déplacements du basilique dans Harry Potter. Après s’être perdus une fois, on ne trouve pas Voldemort au bout du labyrinthe mais la salle dite « des épées ». Avec le temps, l’eau a sculpté la roche, laissant place à des formes d’épées, de fines lames de roche fragile. Nous nous efforçons de poser les pieds sur les plus épaisses d’entre elles afin de ne pas les endommager. Quelques mètres plus loin, la grotte est inondée, la suite devra se faire à la nage dans une rivière et des lacs (galerie des Nymphes). Avant de changer d’équipement et de mettre nos combinaisons néoprènes, nous en profitons pour manger un morceau et prendre quelques images. L’humidité et la température sont telles que nous fumons de toutes parts. Une fois le ventre plein, il est temps de se jeter à l’eau glaciale. Il n’est franchement pas évident de nager avec des bottes aux pieds et un appareil photo dans un caisson étanche dans la main. Les quatre autres semblent relativement bien le prendre, je dois être le seul à ne pas nager dans des eaux à 4°C toutes les semaines ? Tout est absolument sublime ici-bas mais le temps vient à manquer, je ne peux pas photographier tout ce qui devrait l'être. Pour bien faire, il faudrait installer un bivouac et y passer plus d’une journée. Ce sera pour une autre fois. En plus des épées, on trouve aussi des concrétions de calcite prenant des formes de « champignons » ainsi que des vasques (ou gours) remplis d’eau. Manu avec sa lampe old school à l’acétylène prend la pose pendant que les autres éclairent le lac avec des lampes étanches. Pas évident de gérer tout ce monde pour réaliser l’image en tête. L’endroit est magnifique, nous sommes face à un lac souterrain entouré de colonnes de roche et des concrétions. Au milieu de ce lac se trouve un profond siphon, soit, une sorte de puits descendant à la verticale sous l’eau. Jamais personne n’y est descendu et nous sommes loin d’être équipés pour une telle aventure. En m’approchant du précipice sous-marin, j’entends Oriane crier « au feu, au feu », en me retournant, je vois Manu littéralement en proie aux flammes. Sa lampe à acétylène a commencé à bruler de manière incontrôlée. A peine le temps de le voir bruler qu’il saute dans l’eau dans un énorme fracas. Une odeur de poils brulés remplit la salle et l’eau se trouble rendant la vue sur le précipice impossible. Le temps passe et le plus dur reste à venir: la remontée. Nous rebroussons chemin, retraversons les canyons remplis d’eau glaciale, rangeons notre camp de base et changeons nos combinaisons. Nous rampons à nouveau dans la glaise puis, c’est la remontée sur cordes. Nous ne sommes pas les premiers à passer par ici, au fond du puits, il y a pleins de fossiles d’escargots de quelques millions d’années. Alors que la descente n’était pas trop compliquée, remonter 150m sur corde avec son kit (sac de spéléo) suspendu à la taille est une autre paire de manche! Il y a aussi quelques fractionnements de corde à faire dans le vide où il vaut mieux ne pas trop se tromper pour ne pas rejoindre les fossiles. Une éternité plus tard, me voilà en haut. Nous saluons les deux chauves-souris hibernant à l’entrée de la grotte et nous voici de retour à l’air libre. Nous marchons de nuit dans 30cm de neige et je suis au bout de ma vie. Un grand merci à l’équipe de choc pour avoir rendu cette aventure possible! Reste plus qu’à bivouaquer au fond la prochaine fois pour réaliser plus d’images rendant hommage à la beauté de cette grotte ! Pour retrouver les images d'Oriane,  Léonard, Benjamin   Grotte aux Fées, partie 2: galerie des Epées et Viviane En décembre, nous étions allés explorer une petite partie de l’immense réseau souterrain des Fées dans le Jura Vaudois. On y retourne pour explorer une autre partie de la grotte. L'excuse est aussi toute faite car j’ai toujours le nouvel appareil Sony en test et quoi de mieux pour mettre à l’épreuve son étanchéité et sa robustesse sous terre ? Pour éviter de laisser tomber dans l'eau un appareil à plus de 7000.-, on bricole une petite sangle de fortune avec une cordelette en Dyneema®. La première partie est constituée de plusieurs puits successif. Voici la topographie des puits (merci au site de spéléo Lausanne pour les sources). Sur la descente des puits, on profite pour prendre quelques images des puits impressionnants. Sur la descente des puits, on profite pour prendre quelques images des gouffres impressionnant. Arrivé au fond des puits (chemin vert), le chemin se sépare avec à gauche la zone explorée la dernière fois, la galerie des Nymphes (chemin bleu) et à droite une nouvelle zone inondée, la galerie des Epées (chemin orange) Mais avant ça, une petite pause casse-croûte au milieu des concressions s'impose. Puis, on explore la galerie des Epées inondée sur la droite. Certains passages nécessitent de passer totalement dans l'eau, l'occasion de tester la nouvelle néoprène achetée quelques heures plus tôt. Contrairement à la dernière fois, la combinaison est à ma taille et je ne sens quasiment pas la fraicheur de l’eau, je pourrais rester ainsi des heures. Pleins de petits lacs souterrains magnifiques et de petits canyons inondés se succèdent. On traversera même une petite rivière souterraine avec un fort courant (rivière Lanceleau sur la carte). La galerie semble sans fin mais comme d'habitude, le temps est notre pire ennemi et nous devons faire demi-tour, la suite sera pour une autre fois. On retourne sur nos pas après quelques images dans la salle Baudegamu. Sur le retour, on fait une courte pause à la bifurcation et j’insiste un peu pour retourner voir le petit lac avec les deux piliers de la dernière fois. Pendant qu'Oriane se réchauffe sous le poncho avec trois bougies, on repasse rapidement dans les galeries explorées la dernière fois, la galerie des Nymphes. Le petit lac est toujours là mais semble moins impressionnant que la première fois. C’est d’ailleurs souvent ainsi en spéléo, on se laisse émerveiller par ce que l’on découvre puis on s’y habitue. On triche un peu pour la photo avec les deux piliers, avec uniquement Benjamin comme model, je fais un panorama mais pendant les prises de vue, il se déplace d’une arche à l’autre permettant d'apparaître à double dans l’image finale. Au retour, Oriane est bien au chaud sous son poncho, mais il nous faut remonter. Voilà qu’une crampe apparait pendant que l’on se change, il faut la détendre. Les bougies sont soufflées et on remonte à la surface après pas mal de sueur avec les 150m de puits à remonter. Cette fois-ci, j’utilise un Pantin® prêté par Oriane me permettant de toujours avoir une corde tendue sous moi pour faciliter la remontée avec le Croll® .
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Les fantômes des sous bois

Les marmottes se réveillent et sortent le nez de leur terrier. C'est la fin de leur hibernation, la neige fond et la terre se réchauffe caressée par les rayons de soleil. Elles ne reconnaissent plus les alentours. Que ce passe-t-il? Il n'y a plus de promeneur, les remontées mécaniques ne fonctionnent plus. Est-ce que les humains nous auraient imités et auraient débuté une hibernation printanière? En cette période particulière où les bains de foule sont prohibées et les industries au ralenti, je profite du temps à disposition pour m'isoler en forêt. C'est l'occasion pour passer un peu plus de temps avec soi-même en communion avec la nature. L'occasion de prospecter pour tenter de trouver les fantômes de nos sous-bois. Ces espèces que l'on a déjà entendus parlés mais jamais eu l'occasion de voir et encore moins de mettre en boite. Le verdict tombe, chômage technique à 50%. Me voici donc trappeur à temps partiel. Le réveil est réglé à 4h du matin malgré le changement d'horaire. Les sentiers sont encore prisonniers d'une épaisse couche de neige et les températures sont encore bien givrantes. Les mains autour des oreilles telles des paraboles, je sonde tous les bruits qui m'entourent.  J'essaie de distinguer un Tuuuu Tuuuu Tuuuu parmi les chants des mésanges qui viennent de se réveiller. Une chevechette chante dans les mélèzes. L'image est déjà dans ma tête. La petite chouette de 50g posée sur une branche avec du lichen me fixant avec ses petits yeux jaune profond. Malheureusement la nature ne se plie pas à notre volonté. Elle se dévoile lorsqu'elle en a envie. A nous de faire au mieux sans la froisser. Je m'approche à pas feutrés en direction de ce son saccadé. Le chant est si fort que notre petit nocturne doit être juste au dessus de ma tête. Pourtant si proche et invisible. Ce n'est que lors de la troisième soirée de prospection que j'ai la chance de pouvoir l'observer. Un instant magique. La voici sur sa branche de sapin, même le lichen est là! On est bien loin de l'image que j'ai en tête mais la rencontre mais les émotions sont bien là! Plus les jours avancent et moins son chant brise le silence nocturne. Est ce que le petit lutin aurait déjà trouvé une âme sœur? Je fouille tous les recoins de la foret mais sans succès. Quand tout à coup, un autre bruit attire mon attention. Un petit bruit strident un peu comme un roitelet mais avec une mélodie. Il me semble l'avoir déjà entendu quelque part... Oui, c'est bien la gélinottes des bois. Si le lagopède est la perdrix des neiges alors la gélinottes est la perdrix de la foret. Le fantôme par excellence. Contrairement aux autres gallinacés, son chant est bien plus discret. Sa robe reprend parfaitement le mimétisme des sous bois. Je passe les premiers jours à essayer de repérer son territoire ainsi que ses emplacement favoris. Après une journée de prospection, je commence à rebrousser chemin et je vois une gélinotte s'envoler d'un arbre pour se poser sur une souche. Je prends une photo de loin pour avoir une preuve de l’existence du fantôme. Je décide d'installer un affût avec une belle vue sur la souche dans l'espoir de la revoir. Les jours passent et les heures dans l’affût défilent. Je l'entends chanter autour de moi, mais impossible de la voir. J'entends des battements d'ailes mais rien ne bouge. Je la sens pourtant si proche mais reste tout de même invisible. C'est au 3ème jour, après un battement d'ailes que je vois une boule de plumes tomber dans les arbres morts. Je déplace l'appareil et bingo, c'est Mr gélinotte qui se nourrit au sol. Mais aussi vite arrivé, aussi vite reparti. La suite de l'affût se déroule sans revoir l'ombre d'un caroncule rouge. Les jours d’affûts se suivent mais sans grand succès, je l'entends mais elle se fait discrète. J'ai eu tout de même la chance d'avoir sa visite sur une branche au dessus de l’affût. D'ailleurs il me semble que j'entends deux chants différent. Il y aurait deux individus sur le même territoire? Je songe même à déplacer l’affût pour un endroit plus propice car les chants me sembles toujours venir de la gauche. Je monte à l’affût dans l'idée de le déplacer mais je me sens observé. La gélinotte est à nouveau sur la souche. Je suis arrivé trop tard... Je prends une photo volée mais je sais que malheureusement, elle ne reviendra plus pour la journée. Je commence à connaitre de mieux en mieux ses comportements. Elle chante peut après le lever de soleil mais ne se montre pas. Puis au milieu de la journée, elle va se nourrir au sol et fait des petites siestes. Elle recommence à chanter quelques heures avant la fin du jour. Si je veux la photographier, il va falloir que je passe toute la journée dans l’affût. Je rentre à l’affût avant le lever du jour. Comme d'habitude, son chant résonne tout autour de moi à partir de 7h mais impossible de la voir. J'attends, j'attends... Il est 11h, je commence à avoir faim mais j'attends. Je lis les derniers news du COVID-19 sur mon téléphone, apparemment le premier ministre de l’Angleterre est aux urgences. Bref, j'attends, il est 13h et toujours rien, pas de chant, rien. Je suis tout recroquevillé sur mon tabouret dans l’affût. Ca va faire maintenant 10h que j'attends. Les chants recommencent, elle n'est vraiment pas loin. Je me dresse pour voir à travers la fenêtre de l’affût. Toujours rien. Maintenant de drôle de petits gloussements. La voila, une ombre passe au loin devant les arbres illuminés. Le fantôme se dévoile. La gélinotte descend à travers les branches d'arbre et vient grignoter devant l’affût. Puis, grimpe sur sa souche d'arbre. Chante 2 fois et je la surprends même à fermer l'oeil pour s’assoupir. Mon cœur bat la chamade. La photo que j'avais en tête se réalise. La gélinotte est finalement sur la souche devant l’affût. Même la lumière est de la partie avec quelques rayons qui filtrent à travers l'épaisse foret. Pour chanter, elle replie sa tête et bombe son torse. Je ne pensais pas pouvoir vivre des scènes si magiques. https://youtu.be/5ayQOy43EsM Entre deux chants, il se paye même le luxe de bailler pour le plaisir de mes yeux Après ce court moment de folie, la gélinotte disparaît à nouveau dans les tréfonds de la forêt. Il me faudra bien de longues minutes pour redescendre de mon nuage. Je viens de vivre un moment privilégié, un rêve vient de se réaliser. De longues minutes plus tard, je jette un oeil aux images sur mon appareil photo. A ce moment, quelle stupeur. Je me rends compte que son oeil gauche est totalement amoché. Ca doit être très frais, son plumage est encore humide. Un combat avec un adverse qui s'est mal terminé? Je me demande comment va se dérouler la suite pour cet individu? Je vais essayer de le suivre! Les lois de la nature sont très rudes et un tel handicap risque de grandement compromettre la suite de sa petite vie. Je le nomme Alastor en référence à Alastor  Maugrey "fol oeil" de la série Harry Potter avec son oeil gauche en verre. Le lendemain rebelotte, les heures d’affûts s’enchaînent. Vais-je à nouveau la voir? Cette fois-ci j'entends les petits cris plaintifs de la veille vers les 12h. Je regarde et voici qu'elle remonte sur la souche. Cette fois-ci la lumière n'est pas aussi belle que la veille mais l'émotion est toujours aussi forte. Elle me gratifie à nouveau d'un petit chant. Je suis si heureux de voir que mon Alastor se porte bien malgré sa blessure.   Après son petit chant journalier, il descend et passe à 3m de mon affût. Les conditions de prise de vue sont difficiles car beaucoup de branches bloquent la visibilité mais j'arrive tout de même à lui voler un portrait lors de son passage. Je tiens à préciser que je n'ai pas modifié l’environnement. Aucune branche n'a été coupée pour améliorer le rendu des images. C'est une espèce très sensible, j'ai donc essayé de minimiser mon impact sur son habitat. J'ai donc préféré supprimer quelques éléments gênants comme des branches en post traitement avec photoshop plutôt que de détruire l’environnement de la gélinotte. Deux jours plus tard, je remonte rendre visite à mon fantôme de la foret. Sur la route, des plumes m'interpellent. Je me penche, prends une dans les mains. Je reconnais le plumage ponctué de brun de la gélinotte. Je n'ose pas y croire... Quelques mètres en contre bas, je découvre le massacre. Des plumes partout. Je reconnais les plumes de la queue que j'ai pu voir de temps à autre en éventail lorsqu'elle marchait. Un autour des palombes a probablement pu nourrir sa portée avec les presque 500grammes que font les gélinottes. C'est le cœur noué que je monte à l’affût. J'espère m'être trompé sur l'identification des plumes et je rêve encore de voir Alastor surgire d'entre les branches. J'attends, j'attends. Les heures passent, je perds presque espoir quand, le chant de la gélinotte résonne dans la foret. Quelques heures plus tard, je vois la gélinotte se poser sur une souche au loin. Ce n'est pas son perchoir habituel. Bizarre, je prend une image de très loin et zoome dans la photo. C'est bien ce que je pensais. La gélinotte a bien ses deux yeux intacts. Ca doit être le deuxième individu que j'entendais quelques part dans les arbres pendant qu'Alastor chantait sur sa souche. Les combats sont rares chez les gélinottes mais ils peuvent éclater en cas de conflit de territoire. Il me vient donc à l'esprit que notre nouvelle gélinotte a attaqué Alastor quelques jours plus tôt lui infligeant sa blessure à l'oeil qui lui sera fatale. Notre nouvelle gélinotte reprend le territoire vacant de son prédécesseur. C'est ce qu'elle semble me montrer en chantant à quelques mètres de moi avant de disparaître dans la jungle de branchage. La nature a ses règles. Les animaux se battent sans cesse pour leur petit coin. La gélinotte protège son territoire en le chantant à tue tête à longueur de journée. La survie d'un individu et de sa descendance se joue à peu. Elle peut se décider sur un coup de bec mal placé lors d'un court affrontement. L'animal blessé voit ses chances de survie drastiquement chuter et voila qu'un autour des palombes profite de l'occasion pour servir un repas Pascal à sa progéniture.   2021 Une année est passé, on est début mars, les conditions sanitaires ne sont pas meilleur que l'année dernière. Tous les pays autour de la Suisse sont à nouveau confiné avec des couvres feux et en Suisse, tout ce qui n'est pas essentiel est fermé. Je suis sur les traces de mes fantômes. J'ai entendu la chouette chevêchette et même la tengmalme mais impossible de les voir dans les branchages. Un jour sur deux, je délaisse le coin à chouettes pour aller prospecter la zone de la gélinotte des bois. Elles se font aussi très discrètes, j'en ai vu une s'envoler au bout d'un sapin et j'ai pu entendre un chant en 1 mois. Les indices sont maigres et ma motivation se casse sacrément la figure. Mais après quelques coup de téléphone, je me motive tout de même à y retourner. Sur le chemin, je m'arrête à tous les endroits où j'en ai entendu l'année passée, une petite pause de 10-15min avant de continuer le chemin. C'est en arrivant au dernier spot que j’entends le chant de la gélinotte! Je ne fais pas un pas de plus, m’accroupis et attends. Le chant continue, voici une deuxième strophe, c'est plus que tout ce que j'ai entendu en 1 mois! Je me déplace un peu pour me cacher un peu plus au pied d'un arbre. Je suis absolument pas équipé pour faire un affut car je suis encore au stade de repérage. La gélinotte chante toujours, 3, 4, 5 couplets. Elle n'est pas bien loin mais c'est impossible de la voir. Un deuxième chanteur se met à siffloter derrière moi, les deux se répondent. Voila que le premier change d'arbre et se pose sur une branche pas loin de moi. Heureusement que je l'ai vu atterrir pour le repérer. Malheureusement, il est juste derrière une branche, je fais le point en faisant l'AF sur le tronc dessous. Pas question de me déplacer pour trouver un angle sans la branche car je risquerais de les effrayer. Je fixe la branche non stop pour suivre l'individu s'il venait à décoller. Mais il a l'air de bien s'y plaire, il chante pas moins de 16 minutes sur la branche. Un véritable spectacle à ciel ouvert malgré les restrictions covid mais très fatiguant pour les yeux. L'individu derrière moi, intrigué par la mélodie du premier semble se rapprocher. Son chant résonne si fort dans mes oreilles que j'ai l'impression qu'il est dans l'arbre au dessus de moi. Évidement, impossible de le voir dans tous ces branchages. Puis, d'un coup d'un seul, deux gélinottes décollent derrière moi. L'un poursuit l'autre dans une course folle entre les arbres, ils traversent même l'arbre ou je suis caché soit à 4-5 mètres de moi environ. Absolument incroyable! Évidement, le premier individu en face de moi plonge dans les bois pour se joindre aux deux autres. Il n'y aura pas d'autres images... Je reste toujours sous mon arbre dans l’espoir que l'un d'entre eux ressort. Étonnamment, après une 20ène de minute, j’entends le chant derrière moi qui recommence. Serait-ce un 4ème individu? Le chant se rapproche de plus en plus puis s'éloigne. Je scrute les branches aux alentours mais je n'y vois rien. Le chant disparait et le temps passe. La lumière commence aussi à baisser en intensité. J'entends des petits bruits d’ailes, serait-ce la gelinotte qui rejoint ses quartiers pour la nuit? Ou est-ce seulement la grive qui a chanté quelques instants plus tôt? Dans ces situations, je deviens à moitié parano, le moindre frottement de feuille me fait sursauter. Un nouveau bruit de battement d’aile retentit et je vois une petit masse beige clair atterrir derrière un arbre. Pas de doute, une gélinotte est dans les parages. Le lieu exact de atterrissage est bloqué par un tronc d'arbre (évidement), je prends mon mal en patience avec l'objectif à bout de bras prêt à déclencher. La gélinotte se déplace, je vois un bout de queue par ici, par là. Je lève et descend l'objectif que quelques dizaines de centimètre pour essayer de trouver le meilleur spot à travers les branches tout en restant assis. Une petite fenêtre entre les branches se profile, la gélinotte ne s'avance pas assez pour ne pas être superposée avec les branchages, il lui manque quelques cm. Après avoir chanté une strophe, elle disparaît derrière le tronc et quelques dizaines de minutes plus tard, je vois la tache beige disparaître au fond de la foret dans un bruit de battement d'ailes. Quel spectacle incroyable, c'est le sourire jusqu'aux oreilles que je sors de ma cachette. Maintenant, c'est sûr, je sais ce que je fais de mon weekend de Pâques :) Après avoir repéré la zone, j'ai pu voir la gélinotte posée au sol à deux endroits. Le lendemain, je retourne sur place et installe l’affût. J'ai du le positionner deux mètres plus haut qu’initialement prévu car il y a plein de petits arbres pas vraiment esthétiques qui gâchent la vue. 2m plus haut, la vue est plus dégagée mais je suis en pleine pente ce qui n'est pas vraiment confort (euphémisme). L'attente débute vers 7h du matin et rien ne se passe. Pas un chant, pas un mouvement rien... Il est maintenant 13h et je perds courage, je plie bagage et retourne à la maison. Il a fait un peu plus froid que la veille ce qui pourrait expliquer ce manque d'activité? Je me dis que le soir est peut être plus intéressent que le matin car les températures sont plus douces? Je retente ma chance dimanche après-midi après le dîner Pascal avec toute la famille. Je m'installe dans l’affût à 14h. Les heures passent et toujours rien... 3h plus tard, j'entends un timide chant de la gélinotte, comme un fou, je scrute par les fenêtres de mon affût. Après une 15aine de minutes, je vois la gélinotte au loin, la queue en éventail marchant sur un tronc couché. Incroyable de voir ce comportement que je n'avais pas vraiment eu l'occasion de voir l'année dernière. Les prises de vues sont très compliquées car il y a passablement d'arbres entre l’affût et ce tronc couché au loin. Je trouve néanmoins une petite fenêtre pour immortaliser ce comportement de parade. après 3m en équilibriste sur le tronc, elle disparait derrière une butte après quelques battements d'aile. Serait-ce déjà terminé? Mais voila qu'elle ressort de la bosse quelques minutes plus tard et s'approche dans ma direction. Elle s'approche de plus en plus. L'AF a beaucoup de peine et a tendance à crocher sur toutes les branches devant la gélinotte. Je passe en collimateur "small" via le menu FN pour passer au travers des obstacles. Elle grimpe finalement sur une souche. Cependant, à peine arrivée au sommet de la souche qu'elle redescend (l'image ci-dessous est un montage pour montrer le déplacement de la gélinotte). J'ai pu lui tirer le portrait mais l’environnement et la souche ne sont pas franchement esthétiques, j'en ai profité pour faire un petit montage. Une fois descendue du tronc, elle s'approche encore plus de moi. Elle passe derrière une souche se trouvant à moins de 5m de l’affût. Mon cœur bat la chamade, je suis prêt à la suivre une fois qu'elle sera passée à coté du tronc. Je n'avais pas prévu de la photographier à ma droite, ma rotule pendulaire arrache la moitié de l’affût et ma tête est dans la toile pour cadrer. Elle se met à chanter derrière la souche juste devant moi et n'a pas l'air d'être pressée à sortir. J'essaie de me calmer en respirant un peu plus régulièrement. Les doigts de ma main droite sont tellement crispés que je n'arrive plus à lâcher ma poignée. Le temps passe, voila que la gélinotte chante depuis 30 minutes derrière cette souche à 5m de moi. Le chant à cette distance est très strident. Au bout d'un moment, je surprends la gélinotte en train de picorer le sol à droite de la souche. Je prends quelques images en me contorsionnant au maximum possible mais les images ne valent pas la peine d'être présentées. Puis, après sa petite promenade, elle fait un petit vol et va se recacher derrière la souche et continue de chanter pendant une bonne heure. Je suis en train de me poser des questions sur l'emplacement de mon affût. Si je l'avais posé à l'endroit initial, la gélinotte serait à 3m devant l'objectif en ce moment... Les chants se sont tus, j'ai entendu quelques battement d'ailes. Est-ce que la gélinotte est toujours au pied de la souche ou se trouve-t-elle cachée ailleurs? J'entend un petit gloussement au niveau de la souche, la gélinotte est encore là. Je demande d'ailleurs, s'il n'y aurait pas un nid au pied de cette souche? ça expliquerait pourquoi la gélinotte y reste aussi longtemps? Si c'est le cas, comment contrôler? Est-ce que je dois déplacer l’affût pour voir le nid? Je n'ai pas vraiment encore trouvé de réponses à ces questions quand j'entends à nouveau un petit gloussement sur ma gauche. Bizarre, je me retourne et je vois que la gélinotte est tranquillement en train de picorer un peu plus haut dans l'herbe. J'avais tellement les yeux fixés sur ma souche immobile depuis 2h que je n'ai pas pensé à contrôler les environs régulièrement. Évidement, très peux de photos utilisables dans la série, y a des branches, des brindilles partout. Je ne sais pas qui a nettoyé cette forêt mais c'est une cata '^^ La gélinotte s’éloigne tranquillement en picorant. Une fois hors de ma vue, elle chante quelques fois. La luminosité baisse et je décide de quitter mon affût. Je ne vais pas voir s'il y a effectivement un nid au pied de l’affût de peur de déranger une éventuelle femelle en train de couver. Je regarderais la prochaine fois avant de rentrer dans l’affût. Malheureusement, après control le jour suivant, il n'y a pas de nid. Je continue les affuts mais l'activité faiblit de jour en jour mais elle passera tout de même encore une fois devant l'affut et passera juste à coté mais je suis mal placé pour lui tirer le portrait.
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Acrobatie glacière

Ayant le Sony A1 en prêt pour une semaine, c’est l’occasion de tester quelques photos d’action. Après avoir demandé sur Instagram si des gens étaient intéressés pour un shooting photo orienté action, j’ai eu quelques retours. Notamment Nathan un acrobate actuellement en vacances dans la région était intéressé. Je voulais en plus tester la durée de vie de l’appareil au froid. Le lieu du shooting était donc tout trouvé, une grotte de glace. Pour y accéder, il nous faut parcourir 6km et 500m+ en raquette ou en ski de rando. Nathan n’ayant que des skis de piste, je lui prête ma seconde paire de ski de rando et pique une paire de chaussure à mon père en espérant que les tailles correspondront. Nous mettons les peaux, enclenchons nos DVA et partons en direction de la grotte vers 16h une fois la journée terminée. Rapidement Nathan a le pied droit douloureux, je lui propose de continuer sur un pied mais il préférera desserrer un peu sa chaussure de ski. Après un peu moins de 2h, nous voici devant l’entrée de la grotte. On déchausse les skis et pendant que Nathan s’échauffe, je vais chercher quelques compositions dans la grotte. Avec le froid et les quelques chutes de neige de ces derniers jours, j’avais peur qu’il n’y ai pas d’eau liquide pour jouer avec les réflexions. La chance nous souris car il y a un bon mixte de glace et d’eau liquide. Du limon du glacier recouvre la glace par endroit salissant la glace. Ayant prévu le coup, je décroche le balai de mon sac à dos et je commence à « putzer » la glace. Maintenant que la glace est bien nettoyée et que Nathan est chaud, on peut commencer les prises de vue. La première composition est assez classique pour l’endroit, une photo avec la réflexion dans l’eau avec Nathan effectuant des sauts par-dessus la rivière. Puis, nous faisons des images ou Nathan effectué un backflip. C’est assez impressionnant avec quelle aisance il les fait alors que nous sommes dans du sable avec des bouts de glaçons glissants un peu partout à côté d’une rivière. Le reflet n’est pas super propre car il faudrait effectuer une pause longue pour lisser les aspérités de l’eau et avoir un effet miroir. Malheureusement, Nathan n’arrive pas à bloquer sa position en l’air pendant 3 secondes ‘^^ On tente une autre image en direction du fond de la grotte. Cette fois-ci, la place pour le backflip est très restreint. 20cm trop à droite, il tombe dans l’eau, 20cm à gauche, il glisse sur la glace. On ne fera qu’un essai et son talon finira en partie dans la rivière. Je m’aventure au fond de la grotte pour trouver un autre point de vue. Malheureusement, la grotte est trop basse pour effectuer un saut. Cependant, on peut essayer de faire la planche à bout de bras sur les glaçons. C’est extrêmement glissant, Nathan cherche pendant de longue minute deux bouts de glace suffisamment stable pour maintenir son poids, enfile ses gants puis s’élance. Il nous faudra de nombreux essaies car la glace n’est pas vraiment le support idéal mais ça valait le coup ? Heureusement, ses mains n’ont pas glissé et il a encore toutes ses dents ! Il commence à faire bien frais, la montre affiche tout de même -13°C à l’extérieur et Nathan commence à avoir froid. On décide de quand même tenter quelques images avec l’arche de la grotte. Quelques backflips Puis, glacier oblige, quelques backflips avec piolet. Heureusement, il ne s’embroche pas avec. Puis, me vient l’idée de tenter une pause «spiderman». Je trouve que la position est assez harmonieuse avec l’arche de la grotte. Et finalement un handstand. La nuit commence à arriver dangereusement et il fait de plus en plus froid. Nathan est en train de geler sur place, on décide de plier baguage et de redescendre. Il change ses basquettes puis essaie d’enfiler les chaussures de ski. Impossible de les mettre ! Je viens à la ressource, ces pieds sont bien gelé, il ne sent même pas quand je les touches. J’appuie de tout mon poids sur sa cheville pour la faire passer dans la chaussure de ski gelé. On s’y reprend 4-5fois puis le pied passe enfin ! C’est maintenant le tour du deuxième pied. Rien n’y fait, on arrive pas à le mettre dans la chaussure. Même en changeant de chaussette par des plus sèche et en ouvrant au maximum la chaussure, impossible. La nuit commence à venir et il fait de plus en plus froid… Je ne vois qu’une seul solution… J’enlève mes chaussures de ski qui sont plus souple et on essaye de mettre le pied de Nathan. Après quelques secondes, voici que le pied passe. Hourra, mes chaussures lui vont mieux. On échange les skis et je mets les chaussures de mon père. Il y a effectivement une bosse bizarre dans le coup du pied mais en forçant un peu, mon pied passe. Il ne reste plus qu’à se laisser glisser en direction de la voiture sous le ciel étoilé. Un petit résumer en vidéo Au finale, une superbe journée malgré quelques frayeurs sur la fin mais pas d’accident à déclarer. Merci à Nathan pour ses 78 backflips pendant ses 2h de photos et ses 1700 images ! Bonne continuation à toi et bonne chance pour la suite en espérant que tu puisses vivre de ta passion.
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