Marais de glace

Bientôt 25ans que j’arpente les combes, les vallées et les sommets alpins. Pourtant, je n’en ai toujours pas fait le tour, c’est bien une chose que le COVID m’aura appris. D’incroyables paysages, recoins et atmosphères restent à découvrir à deux pas de chez moi. En prévision d’une sortie voie lactée avec des amis français, nous partons avec Loic en repérage au fin fond d’une vallée que je n’ai jamais pris la peine d’explorer. Le temps est très incertain mais nous passons à travers les goutes en esquivant de justesse les averses. Je m’entraine comme apprenti accompagnateur en moyenne montagne en expliquant l’origine des roches et pleins d’anecdotes sur les plantes que nous croisons sur le chemin. Après de bonnes heures de marche, nous arrivons enfin à l’endroit repéré. Les nuages sont bien bas et il est difficile de distinguer les sommets. Quelques gouttes tombent par-ci par-là, on enfile les imperméables et on commence à explorer le marais. Par endroit, quelques paternes intéressants guident le regard vers les sommets perçant par intermittence entre deux vagues de brouillard.

Dans la rivière, le sable fin broyé par le glacier forme des dunes miniatures. C’est ce limon en suspension dans l’eau qui donne cette couleur si typique aux lacs des glaciers.

Avant de revenir sur nos pas car la nuit approche, on décide de faire le tour du marais. Il s’avère que par endroit le rivage est constitué de bras morts du glacier. Nous restons vigilants pour ne pas déraper dans les zones ou la glace est apparente. Puis au bout du marais, nous traversons la langue principale du glacier. Avec ce jour blanc couvert et la nuit approchante, le bleu de la glace ressort et nous fait voyager. On se croirait dans les plaines glacées de Patagonie à petite échelle.

 

Les rochers profitent du glacier pour voyager tranquillement vers le bas de la vallée avec le mouvement de glisse. On profite pour repérer toutes les entrailles du glacier pour trouver une grotte de glace. Malheureusement, deux belles possibilités de grottes se sont soit récemment écroulées ou pas encore ouvertes.

 

Mais en cherchant bien, on en trouve une. Une petite fissure ne payant pas de mine. Difficile d’accès car un torrent coule juste en dessous, il n’y a pas beaucoup de place pour marcher. Il faut le pied sûr pour ne pas se trouver bloquer dans la fissure créée par l’eau. Plus on s’enfonce dans la grotte et plus celle-ci s’élargi. Avec la lumière tamisée, les couleurs sont splendides.

 

Mais la nuit se fait de plus en plus sentir, il nous reste encore pas moins de 12km à marcher. On se dépêche, on sort de la grotte et nous finissons la traversée du marais glaciaire. Sur le retour, un bras mort du glacier forme comme une vague au-dessus d’une petite flaque. L’ambiance est irréelle, on se croirait vraiment dans un autre monde.

Le brouillard mystifie l’atmosphère.

Le reste du chemin se fera à la lampe frontale. Avec la nuit, il n’est plus possible de raconter des histoires de plantes et de cailloux, le retour semble bien plus long.
Mais quel bonheur de trouver un petit bar encore ouvert malgré l’heure tardive de notre retour (ou plus tôt notre arrivée de bonne heure (00:30)…)
Une superbe découverte et une belle marche en bonne compagnie !

*svp remplissez toutes les cases. Merci!