Weissmies 4023m & Lagginhorn 4010m

Voila 3 semaines qu’il pleut non-stop, un temps vraiment bizarre, tout est déréglé entre les 50° au Canada, >30° dans le cercle polaire et des inondations à n’en plus finir en Europe. Un dérèglement climatique qui nous bouleversera de plus en plus souvent à l’avenir.
Les températures ont chuté par la même occasion permettant à la neige de tenir en altitude au dessus de 3200m. Une petite fenêtre de beau temps se profile discrètement le weekend, de quoi tenter une petite visite dans l’étage nivéal. Avec Stéphane, nous partons pour Saas-grund ou l’on se park de manière totalement légal. En faisant les sac, on se rend compte que l’on a pas les casseroles pour nos réchauds… On devra faire sans tout le weekend, un détour par le petit magasin « Folk » s’impose pour faire le plein de sandwich. J’empacte aussi 500grammes de viande séchée et jambon.
Nous attaquons les 1800m de dénivelé de la plaine à l’emplacement du bivouac prévu. Nous remontons la vallée en longeant une rivière où nous passons à coté de plantes et de fleures, pour passer le temps, je raconte pleins d’anecdotes naturalistes sur les plantes. Après bien 2h30 de marche, nous passons devant la cabane du CAS d’où partirons les alpinistes le lendemain pour gravir le même sommet que nous. Quelques dizaines de minutes plus tard, nous voila au col avec le nom très recherché de « zwischenbergenpass ». Là, on trouve 2m^2 plus ou moins plat pour y planter la tente. La météo n’est pas des plus accueillante avec pas mal de brouillard et pas de vue sur les sommets aux alentours. Pas de quoi sortir l’appareil mais le lendemain, après le réveil à 4h, la vue semble dégagée. En pliant la tente, on remarque que les premiers alpinistes ont déjà quitté la cabane. Un petit défilé de lampe frontale se dirige vers nous comme un petit train.

train de frontale


Les premiers du train ont un rythme bien soutenu et nous rattrapent dans la montée pendant que l’on prend quelques images des premières couleurs rosées teintant le ciel

Notre montées est stoppée à la fin du névé par le début de l’arrête. Ici, la progression se corse car s’il y a trop de neige, il ne sera pas possible d’arriver au sommet. Après discutions avec le guide et son client qui nous a dépassé, il s’avère que la montée est faisable (selon ses dire, il a plus de 400x cette arrête au compteur). On s’équipe des crampons et de notre piolet. On s’encorde pour s’assurer dans les passages délicats. Tout cela pendant que le soleil pointe le bout de ses rayons à l’horizon.

L’ambiance devient magique dans la montée entre les premiers rayons léchant l’arrête et cette ambiance brumeuse.

Au loin, on distingue même le lac majeur et peut être même Milan?

Les sommets alentours rougissent aussi.

A peine le soleil commence à réchauffer la neige que le brouillard nous roule dessus. On ne voit plus 10m devant nous, impossible de savoir s’il nous arrivons bientôt au sommet.

Mais une fois l’altitude de 4023m atteinte, nous sommes au sommet. Quelques instants de calme pour profiter des rafales de vent et du brouillard avant que les premières cordées nous rejoignent sur le sommet

Le soleil devient violent et la neige commence à tourner. Je commence à regretter d’avoir oublié mes lunettes de soleil catégorie 4 sur la table du bureau…

Puis le brouillard commence à ce dissiper formant un halo arc-en-ciel circulaire (spectre de broken) dans notre dos

La redescente se fait par le glacier, la montée classique à travers les séracs. La plupart des gens montent par cette voie, elle ressemble à une autoroute.

Après avoir mangé un plat de rösti au restaurant de la station de HochSaas, on installe le camp de base pour le Lagginhorn. Le camp est installé juste avant le glacier du Lagginhorn, fatigué, on décide de faire une petite sieste dans la tente. Le soleil tapant sur la tente, la température devient rapidement insupportable. Sur le thermomètre de Stéphane, on arrive en butée de l’échelle soit plus de 50°C! Pas le choix pour la survie de la toile de tente ultra light d’enlever le toit.

On demande aux alpinistes redescendant du Lagginhorn passant devant la tente quelques précisions sur les conditions pour la montée. Visiblement, pas de grosse difficulté en vue. L’un d’entre eux me reconnait, il s’agit d’un ancien collègue aillant fait l’apprentissage 1an plus tôt que moi dans la même entreprise. Quel plaisir de refaire connaissance après 6ans et de reparler un peu en dialecte haut valaisan.

Notre sieste est interrompue par 5-6 rotations d’un hélicoptère de air Zermatt sur l’arrête droite du Lagginhorn. Quesqui se passe? il me semble voir quelque chose de suspendu sous l’hélico, bizarre…

On en revient pas, il est passé 16h et il y a encore du monde qui redescend du sommet. Avec cette chaleur et la neige, c’est presque insensé. Une cordée de Belge arrive même après 17h à bout de force. Ils s’arrêtent et on discute deux mots. Ils sont monté au sommet du Lagginhorn par l’arrête Sud cotée AD-. Ils leur à fallut 10h pour faire la route qu’ils qualifie d’arrête AD- la plus difficile du monde surement dû aux conditions de neige. Ils ont dépassés une cordée de 6 alpiniste faisant aussi cette arrête mais qui ne sont pas arrivé au bout. Ce sont ces 6 alpinistes qui ont été rapatrié par l’hélicoptère entendu plus tôt. Ils nous rassurent cependant en disant que l’arrête que nous allons monter demain est l’arrête PD la plus facile du monde 🙂 Au fond du bac, les deux belges s’en vont bivouaquer à coté des remontées mécaniques qui sont maintenant arrêtées de part l’heure tardive…

La seconde nuit est bien moins fraîche que la première, le lever comme pour le Weissmies est réglé à 4h du matin. En me levant, je remarque quelques reste de nuage noctulescent. Le Lagginhorn derrière la tente est bien dégagée et les conditions pour l’ascension semblent optimales.

En face, on voit les alpinistes de la Mischabelhütte en pleine progression pour gravir la face enneigée de la Lenzspitze

Après avoir plié la tente et caché toutes les affaires de bivouac sous un caillou, ont attaque la montée.

On voit plus bas les premiers alpinistes sur l’arrête du Lagginhorn, cette-fois-ci, nous nous ferons pas rattrapé 🙂

Une fois sur l’arrête, le ciel prend feu. Au loin, la plus belle montagne du monde, le Bietschhorn ressort fièrement

Le Weisshorn et le Bishorn sont en feu!

Mais il nous reste encore un sacré dénivelé dans les pierriers pour attendre le sommet

La progression se fait sans trop de soucis. Un bon pied montagnard permet d’atteindre le sommet sans trop de problème. Par sécurité, on a tout de même notre baudrier sur nous mais la corde restera dans le sac pour toute la montée. Part moment, on aperçois le Weissmies que nous avons fait la veille sortir des nuages.

Au sommet, la vue est superbe, de là, nous voyons tous les 4000m déjà gravit, de quoi réviser sa géographie.

Notre ombre (enfin, plutôt celle du Lagginhorn) est bien visible dans la plaine de Saas

On se dépêche de redescendre du sommet pour éviter de me brûler trop les yeux sans mes lunettes de soleil… On repasse à notre caillou récupérer tout le matériel du camp de base puis nous redescendant jusqu’à la station intermédiaire de ski pour louer des trottinettes. La descente jusqu’à la plaine sera plus agréable avec la trottinette qu’a pied sur le goudron de la route avec nos sacs de 15kg. Le challenge de relier tous les 4000 de Suisse sans moyen de locomotion motorisé autorise l’utilisation de trottinette!

Merci encore de suivre notre aventure et à bientôt pour un prochain 4000!

 

*svp remplissez toutes les cases. Merci!