Aletschhorn 4194m
Voilà que l’hiver se termine et que l’on n’a pas fait un seul 4000 de la saison ! Il faut dire que la neige n’aura pas été au rendez-vous. Pas mal de neige en tout début d’année mais pas encore assez froid et stable pour faire les sommets. Puis, il a plu à plus de 3300m vers Noël rendant impossible toute ascension. Ces conditions ont rendu le manteau neigeux très instable avec des couches très dures et d’autres très friables dû à un gradient de température élevé. En bref, il n’y a pas vraiment eu de période propice cette année mais on s’est quand même motivés pour tenter la revanche de l’Alteschhorn. Revanche car nous l’avons tenté il y a 2ans et avons dû avorter l’expédition en raison du danger d’avalanche. Vous pouvez lire le billet de blog retraçant l’historique en cliquant ici.
Contrairement à la dernière fois où l’on a traversé tout le glacier d’Aletsch du Langletscher en passant par la Konkordiaplatz, cette fois on a opté pour une approche plus directe : l’arrête sud-ouest. C’est une arrête cotée en AD (assez difficile), la cotation la plus élevée que l’on ait tenté jusqu’à maintenant ! Habituellement les alpinistes montent par ce côté ou par l’arrête est (peu difficile) et redescendent par la même voie. L’aller-retour permet de laisser du matériel de ski au pied de l’arrête et de venir le récupérer une fois l’ascension terminée. Ne faisant rien comme les autres, on décide de choisir un itinéraire peu conventionnel en montant par l’arrête AD et en redescendant par la PD. On s’oblige donc à gravir l’arrête avec les skis sur le dos ainsi que tout le matériel de bivouac (tente, matelas, sac de couchage et réchaud). Pour couronner le tout, les conditions météo ne se montrent pas très clémentes. Il est prévu que les sommets soient pris dans les nuages à cause du foehn et que le vent puisse être très violent sur les crêtes. Bref, pas mal de conditions en notre défaveur mais on décide tout de même de tenter l’aventure. Il faudra bien réévaluer les conditions au cours de l’expédition (technique du 3×3) et faire demi-tour si elles deviennent trop défavorables. Ayant déjà fait la montée de Blatten à Belalp en peaux le weekend d’avant avec Lisa, on peut se permettre de prendre les remontées cette partie pour économiser quelques centaines de mètres de dénivelé. Pour rappel, nous voulons au final relier tous les 4000 des Alpes avec nos tracés GPS uniquement, par la force musculaire (et sans guide). Une fois en bas des pistes de Belalpe, on clipse nos inserts Dynafit et l’on part à plat jusqu’à l’hôtel Belalpe sous un soleil de plomb. Dur de croire la météo qui prédit un revirement drastique des conditions. Arrivés à l’hôtel, la suite semble se gâter : de toute part, des falaises et des talus descendants à pic. Il n’y a pas de trace et pour continuer il nous faut traverser ce terrain escarpé. A l’aide du tracé GPS, on s’élance vers l’inconnu en tentant une trace par le passage le moins casse gueule. En éclaireur, je scrute le terrain afin de trouver le meilleur passage pour faire la traversée. J’arrive en bordure de la falaise, il n’est plus possible de continuer plus loin. J’aperçois alors un semblant de replat, une trentaine de mètres plus bas, qui ressemble à un chemin. Ski sur le dos, on descend dans ce petit couloir pour rejoindre ce qui s’avère être le chemin d’été. Une fois sur la bonne voie, il n’y a plus qu’à la suivre. Une fois la paroi de rochers passée, on traverse le plateau d’Oberaletsch. Pour passer le temps, on discute du futur de la vallée. Elle devrait voir apparaître un barrage turbinant l’eau du glacier et travaillant en pompage avec le barrage de Gibidum. Il est assez fou de s’imaginer le paysage modifié par un mur d’une centaine de mètres. On croise aussi le chemin de chamois et quelques coulées d’avalanches de fonte. A force de discuter, on en vient à louper la bonne route et l’on remonte bien 150m de dénivelé positif de trop. On profite de cette montée de moraine inutile pour manger un bout avant d’attaquer 150m de descente dans une pente de 40-45 degrés voir plus. De là, on remonte tout le glacier d’Oberaltsch en passant devant la Oberaletschhüte. On continue notre trace jusqu’au pied de l’Aletschhorn, après un arrêt forcé suite à une diarée-éclaire. Initialement, le pied de la face de l’Aletschhorn semblait l’endroit privilégié pour planter la tente et établir notre camp de base pour la nuit. Comme il restait encore quelques heures de lumière, on décide de gagner un peu de temps sur le trajet du lendemain : « tout ce qui est fait n’est plus à faire ». Après 12km et 1300m de dénivellation, le temps commence vraiment à changer. Nous avons la tête dans les nuages, le jour se couche et des flocons commencent à tomber. Finalement la météo n’est pas si à l’ouest que ça… Plus on avance, moins on perçois les rochers devant nous. On devrait voir le sommet de l’Aletschhorn, mais à sa place, un épais brouillard blanc s’assombrissant de plus en plus. On suit à nouveau la trace GPS à la lettre pour éviter de trop s’écarter de l’itinéraire. Selon notre altimètre et la carte, on devrait arriver sur une sorte de replat à 3000m. Effectivement, on arrive dans un mini replat. On dépose nos affaires, monte la tente, gonfle nos matelas, ouvre nos sacs et hop, au chaud ! Monstre plaisir que de se poser un peu après cette longue journée ! Mais on sait que la journée de demain sera incomparablement plus longue et exigeante, il nous faut donc prendre des forces ! Pour éviter de déclencher une nouvelle boule de feu dans la tente, on allume le réchaud à gaz à l’extérieur. On fond de la neige et la laissons bouillir pour réhydrater les lyophilisés. En attendant que l’eau chauffe, on se repose roulés en boule dans nos sacs de couchage. Il fait -15°C à l’extérieur et l’eau ne semble pas chauffer. En contrôlant le réchaud, il s’avère que le feu s’est même éteint ! Plus de gaz ? Après un petit moment de panique, on remarque que la bonbonne n’est pas encore vide. Est-ce que le vent à l’extérieur est trop fort et aurait soufflé la flamme ? On ramène donc le Jetboil à l’intérieur pour finir la cuisson de l’eau. La flamme semble vraiment très faiblarde mais après bien 45min, on arrive enfin à la température d’ébullition. On laisse chauffer nos lyophilisé 8min puis on digère ces 650kcalories qui nous seront vitales pour le lendemain. Il nous faut ensuite faire fondre plus de neige pour avoir assez d’eau liquide pour le lendemain. Malheureusement, très rapidement, on se rend compte que ce ne sera pas possible. Avec le froid, les nouvelles bonbonnes de gaz de Décathlon ne brûlent que partiellement. Le mélange de gaz n’est pas adapté pour les -15°C. On aura utilisé une bonbonne de gaz complète pour deux repas… Pas d’autre choix que de remplir nos gourdes de neige et les laisser fondre la nuit au chaud dans nos sacs de couchage… On prépare deux réveils. Un a 3h du matin pour regarder si le brouillard s’est dissipé et un deuxième à 5h. Stéphane s’est réveillé à 3h et n’a vu qu’un épais brouillard en entrouvrant la porte. Personnellement, je n’ai rien vu du tout car j’ai dormi comme un loir jusqu’au réveil de 5h. La chance était de notre côté: en 2h les nuages se sont dissipés. On profite de ce ciel totalement dégagé pour faire quelques photos de la tente. Quel plaisir de voir le sommet de l’Aletschhorn se dressant devant nous. C’est toujours plus motivant de voir l’objectif. Une fois la tente pliée, matelas dégonflé, sac comprimé et le tout rangé comme un Tetris dans le sac de rando, on remet les skis. On slalome doucement mais sûrement dans la montée entre les crevasses. On profite de l’excuse du lever de soleil pour faire une petite pause et prendre quelques images. Après un deuxième arrêt éclair et quelques traversées sur de la neige bien glacée on arrive à la fameuse arrête sud-ouest du 4000.Changement de type de terrain, on passe du glacier à une arrête.
On troque nos skis de rando et battons pour les crampons et piolets. Comme on ne redescendra pas par la même voie, on prend tout notre matériel avec. Les skis et les battons sont fixés au sac de rando, rajoutant du poids à l’arrière et déséquilibrant passablement le tout. C’est ainsi que l’on attaque la montée, entre passages de grimpe dans les cailloux et progression dans des goulottes de neige. Puis vers 3800m, dans une goulotte entre 35-40°, Stéphane commence à ressentir le mal des montagnes. Notre rythme d’ascension change drastiquement et l’on avance pas à pas. Le rythme est si lent que je me demande si l’on arrivera vraiment à 4194m. Sans nausé particulière, on continu tout doucement la montée. La situation ne s’améliore pas vraiment avec la déshydratation dûe au manque d’eau qui commence à se faire sentir. Je commence aussi à sentir les effets de l’altitude vers les 3950m. Pourtant le sommet n’est pas loin, on distingue clairement la croix ! On progresse par à-coups, une 20ène de mètres avant de devoir faire une pause pour reprendre notre souffle. Les derniers 100mètres doivent être les plus lents et les plus pénibles que j’ai eu à faire. Mais à force de mettre un pied devant l’autre, on arrive enfin à la croix, au sommet. On s’écroule sur la neige et l’on profite de la vue splendide ! Quel soulagement d’être arrivés et quel bonheur de contempler ce paysage ! Il est passé 13h et l’on a encore toute la descente devant nous. Je profite que l’on ait un poil de réseau pour avertir mon entourage que j’ai pris congé le lundi et que je suis au sommet de l’Aletschhorn pour qu’ils ne s’inquiètent pas trop. Le silence est interrompu par le bruit des palles d’un hélicoptère. Un super-puma de l’armée Suisse se pose 140m plus bas sur le glacier de l’Aletschhorn. J’hésite presque à courir en bas l’arrêter pour qu’il nous prenne en stop. Ce que je ne savais pas encore c’est qu’il allait nous falloir 2h de temps pour descendre ces 140m… Heureusement, la suite est une arrête PD (peu difficile), il ne devrait pas y avoir de grosse difficulté, non ? On attaque la descente par l’arrête PD en marchant sur une arrête en neige. Celle-ci devient progressivement rocailleuse et abrupte. On désescalade l’arrête mais il arrive un moment ou ce n’est plus possible. Plutôt que de continuer sur l’arrête, on décide de la longer à flanc de coteaux, dans le glacier suspendu. C’est vive glace, d’un bleu sombre et profond. D’une couleur magnifique mais franchement très flippante. On a très peu d’expérience en progression sur glace mais pas le choix, quand il faut y aller, faut y aller ! Sur moi, j’ai une broche de glace faisant partie de l’équipement obligatoire pour de la progression sur glacier. Heureusement que Steph en avait deux car avec une seule broche, on ne va pas loin… On visse une broche au début de la descente, Stéphane assure ma descente au demi-nœud d’amarre. Je descends de manière pas du tout sereine dans ce glacier suspendu entre 30 et 40° de pente. Je prie pour que mes crampons automatiques ne me lâchent pas au milieu de la descente. Quelques coups de crampons et de piolet plus tard, je visse la broche à glace suivante qui me servira de déviation à la corde et je continue la progression à l’horizontal. Une fois les 3broches vissées, c’est à mon tour d’assurer la descente de Stéphane en faisant un demi-nœud d’amarre sur la dernière broche. Dans son avancée, il récupère derrière lui les broches pour que l’on puisse les réutiliser par la suite. En cas de décrochage dans la descente, il pendulera au maximum de la distance entre lui et la prochaine broche. Une fois qu’il m’a rejoint à la dernière broche, il s’y longe aussi, me transmet les deux broches et je repars pour la suite. On réitère tout ce processus pour 3passages clefs. Ce n’était absolument pas prévu dans la planification originale et l’on sait déjà que l’on a pris bien 3h de retard. On est enfin à la place d’atterrissage de l’hélico de l’armée qui est depuis longtemps reparti. On continue la descente sur l’arrête enneigée. Un léger voile de cirrostratus commence à se former. L’ambiance commence à changer, le soleil crée un arc-en-ciel très photogénique dans ces nuages de haute altitude. Ce phénomène est dû à la réfraction de la lumière dans les cristaux de glace en suspension dans les nuages. La beauté de ce phénomène s’estompe rapidement lorsque l’on se rend compte que la suite de l’arrête est à nouveau impraticable et que l’on va encore devoir descendre dans le glacier avec cette fois-ci une pente plus raide : dans les 40-45degrés. Pour ajouter une couche de difficulté, il y a la rimée à passer (démarcation très nette au départ du glacier, faisant ici dans les 3m de haut). Le problème de la paroi verticale de la rimée, c’est qu’il n’est pas possible de récupérer une des broches à glace s’il l’on descend. On ne peut pas laisser du matériel technique sur place (pollution, sécurité pour la suite et aussi parce que ça coûte un bras). Il existe une technique pour réussir à dévisser une broche à glace en enroulant précisément la corde autour de celle-ci et en tirant la corde une fois la rimée passée (« broche éjectable »). Entre savoir qu’il existe une possibilité et le faire sur le terrain sans jamais l’avoir pratiqué avant, il y a un monde. On part donc sur la même technique qu’avant pour descendre jusqu’à un pont de neige reliant le reste du glacier avec le haut de la rimée. En voyant la distance à descendre (170m en mesurant sur la carte), la motivation prend un coup. Avec 3broches à glace et une corde de 30m, il nous faudra descendre le glacier en 5fois. Le retard, la fatigue et la déshydratation commencent a devenir critiques. Heureusement, après 40m de descente et un doigt ouvert en vissant une broche, je repère un autre petit pont de neige. On descend jusqu’à la rimée en mettant du sang partout. Je mets une broche juste au-dessus et je descends sur le pont. Il a l’air de tenir. J’ajoute une deuxième broche au fond de la rimée pour assurer le coup. Je vais ensuite plus loin dans le glacier, me plante solidement dans la neige et assure, corde tendue, la descente de Stéphane dans la rimée. Tout se passe bien, le pont de neige a tenu, quel soulagement ! Une fois les deux en dehors de la zone de danger et plus dans une pente à 45°, on sort un sparadrap de la trousse de secours pour stopper le saignement de mon doigt. Heureusement pour nous, la suite devient plus facile. Les pentes sont moins vertigineuses et l’on arrive enfin à mettre nos skis. On dévale le Mittelaletschgletscher dans une neige bien carton qui fait chauffer les mollets. D’en bas, on voit bien les crevasses et les pentes vertigineuses de l’Aletschhorn. L’arrête était bien galère mais descendre par une autre voie serait juste du suicide. Le ciel se couvre de plus en plus et l’on commence à avoir le phénomène de jour blanc. On ne distingue plus bien le relief dans la neige. Dur de voir les trous et les bosses dans ces conditions. On passe à coté de belles grottes de glace mais il faudra malheureusement remettre leur visite a une autre fois. La nuit commence à menacer. On arrive au fameux glacier d’Aletsch. On a beau l’avoir déjà traversé une fois, il est toujours aussi impressionnant. Pas le temps de traîner, il faut le traverser pendant qu’il fait encore jour. Le jour blanc est maintenant si violent qu’il me faut allumer ma lampe frontalle pour voir si le terrain monte ou descend. Après quelques demi-tours à cause de crevasses, on tombe sur une vieille trace de ski sur le glacier. On part du principe que la personne ayant fait la trace a réussi à faire la traversée du glacier en vie, on suit donc la trace. Par endroit, il faut improviser un peu car la trace a totalement été effacée par le vent. On arrive tout de même rapidement à faire la traversée du glacier (bien plus rapidement que la première fois). La nuit est définitivement tombée, il est 20h. Il nous reste encore 300m de montée pour arriver sur les pistes du domaine skiable de Bettmeralp. Ça fait 14h que l’on fait de l’alpi. Encore plus déshydratés qu’avant, on mange de temps en temps un peu de neige pour diminuer l’effet pâteux de la salive dans la bouche. On se met ensuite en route pour la dernière montée. Par endroit, la neige est très dure et les skis de rando ne crochent pas super bien. Steph devant, glisse de temps à autre. Puis, d’un coup, il dévale la pente sur une petite dizaine de mètres. Rien de grave mais je vois que la fixation avant de son ski s’est arrachée et elle est restée sur son soulier. Nous voilà avec encore 200m de montée et un ski HS. Je prends ses skis et les fixe à mon sac. Stéphane enfile les crampons et continue le reste du chemin à pied. On se rend vite compte que l’on n’y arriverait jamais. Il s’enfonce à chaque pas jusqu’aux genoux. On continue tout de même mais quelques mètres plus loin, il disparaît dans la neige et s’enfonce jusqu’aux épaules. Il devait y avoir un petit mélèze sous la neige. Après quelques minutes à se débattre pour ressortir de son igloo, il nous faut trouver une solution. Je ne peux pas me permettre de passer une nuit de plus ici car je dois donner des cours le lendemain. Je pense à laisser la tente à Stéphane et lui faire amener des raquettes. Je pense même à appeler l’hélicoptère mais bon, ça serait un peu la honte à 200m du domaine skiable non ? En désespoir de cause, on remet le ski en état sur un pied et on laisse un crampon sur l’autre. Il avance avec un ski un peu comme avec une trottinette. En mettant tout son poids sur un ski et les battons, cela semble bien aller. On avance quelques mètres, ça va lentement mais ça avance. Je suis soulagé, on arrivera sur les pistes si l’on continue comme ça ! Quelques lacés plus tard, on est au sommet du domaine skiable. Il est 21h30 et la dernière descente de cabine pour la plaine est à 22h50, il est encore possible de rentrer (il y a un train qui retourne à Brig à 23h40). La descente des pistes avec un ski ne se révèle pas très concluante. Stéphane dévale toutes les pistes à pied ou sur les fesses par moment. Nous voilà arrivés au départ des remontées ! Il est 22h30, juste avant le départ de la cabine. On profite pour prendre un coca au distributeur, quel bonheur après plus de 16h d’effort ! On descend en cabine, on prend le dernier train de la journée pour Brig puis on descend jusque chez moi en voiture. Heureusement, pas d’amende car j’avais payé le parking jusqu’à 18h… Evidemment, Stéphane n’a plus de train pour rentrer sur Fribourg et comme le traditionnel McDo post-4000 n’est pas ouvert, on se rabattra sur 400 grammes de pâtes pesto à 1h30 du mat. Un 4000m qui se transforme en journée de survie. On aura eu de tout entre escalade, arrête, traversée de glacier, descente sur broche, assurage, ski et bivouac ! Une journée bien éprouvante mais qui restera gravée à jamais dans nos mémoires. La revanche de l’Aletschhorn !Balade avec Lisa
Alpa 12 STC: Prendre le temps de prendre le temps
2 nuit en bivouac sous-terre
L'équipe propre avant d'entrer dans la grotte. Chab, Joanna, Nicolas, Jules, Oriane, Christian, Flurin et Kilian
Quatre spéléologues viennent juste pour amener l’équipement lourd jusqu’au camp et ne resteront pas pour la nuit. Chacun progresse dans la grotte avec un kit faisant dans les 8 à 14kg.Benjamin en train de peser les kits
La progression jusqu’au camp prend un peu plus de temps qu’habituellement. Une fois au campement, un groupe s’occupe de construire le bivouac. Un autre groupe apporte déjà une partie du matériel lourd le plus loin possible en direction du passage à équiper tandis que les quatres aides-porteurs repartent vers la sortie. N’ayant pas pu me libérer le vendredi, je les rejoins en fin d’après-midi et croise les trois spéléos porteurs, en sueur dans le fond du premiers puits. On fait rapidement le point de la journée, on note sur la feuille au fond du premier puits l’heure d’entrée et de sortie de chacun, données importantes en cas de secours. Je leur pique une petite bouteille d’eau et continue ma progression dans la grotte. La cavité étant un véritable labyrinthe, il n’est pas rare de se tromper de passage. N’étant allé qu’une fois jusqu’au lieu du campement, je suis bien content de croiser les catadioptres laissés par l’équipe du matin pour éviter de me perdre. Je rage un peu contre mon kit (sac de spéléo) bien volumineux qui se coince partout mais ce n’est rien comparé aux kits pleins de matériel transporté par les autres. Juste avant l’arrivée au camp, je croise Oriane venue à ma rencontre avec une trousse de secours au cas où. On grimpe le dernier bout à moitié dans une cascade jusqu’au bivouac. Là, toute l’équipe est posée tranquillement sur les tapis de sol et commence tout juste à grignoter des noix et fruits secs. Comme le reste de l’équipe, j’enlève ma combinaison pleine de boue et retire mes chaussures pour attaquer l’apéro. Pour diminuer un peu le courant d’air, on tend deux couvertures de survie pour fermer le bivouac. Une petite fiole de whisky de Jules ainsi qu’une fiole de gentiane de Nico nous réchauffent de l’intérieur. Ensuite, il est l’heure pour les fameuses crêpes souterraines dont Oriane a le secret. Une diversité de garnitures stupéfiante avec au choix : moutarde-poires, champignons à la crème, sauce tomate aux câpres, tapenade, raclette, fromage de chèvre, miel à Chab, confitures, sirop d’érable, sucre et cannelle. Même une flambée au whisky ! Il devait y avoir un kit de 12kg juste pour les crêpes.Benjamin retournant une crêpe
Joanna vs crêpe
Oriane au flambage de crêpe
Benjamin commence a être fatigué
Pendant que certains goûtent les différentes variantes de crêpes, Benjamin ne se sent pas très bien et ronflate déjà au fond du bivouac à côté des bougies servant à sécher les chaussettes mouillées suspendues aux ficelles de la tente. Après avoir bien mangé et avoir bu 4 thermos de thé, il est temps de débarrasser la cuisine pour installer les lits. Six personnes dans 8m cubes selon Jules ; totalement dans les recommandations COVID de l’Office Fédéral de la Santé!Arc-en-ciel de sac de couchage
Le lendemain, le réveil sonne tôt.Benjamin, Oriane et Jules au réveil
Il est l’heure de se lever, de manger quelques flocons d’avoine et un petit thé avant d’enfiler les combinaisons bien sales pour certains voire mouillées pour d’autres. Nous devons encore préparer les kits pour la journée avec le pique-nique. Nous nous mettons rapidement en route car le chemin d’accès est long et exigeant.Benjamin avec une draperie de méduses
Les complications commencent dès le début de la progression : une voûte mouillante difficilement contournable.Benjamin tentant la traversée au sec
Nicolas et Benjamin arrive à traverser sans se mouiller en escaladant sur les bords mais pour les autres, c’est une baignade qui nous attend. Sur les bords au plus profond, un peu moins d’un mètre, de quoi se mouiller jusqu’au bas du slip.La dame du lac
Dans tous les cas, je regrette vite de ne pas avoir pris les bottes car mes chaussures de montagne pèsent 4kg de plus après ce passage aquatique. Plus l’on progresse et plus les galeries se rétrécissent. On avance accroupis mais bientôt, la hauteur est telle que nous devrons ramper. Le ramping se fait sur des centaines de mètres, cela parait interminable. Au bout d’un moment, nous arrivons devant la fameuse « étroiture Benjamin » et nous devons enlever nos baudriers.Explication sur l'étroiture
L’étroiture est telle qu’il est difficilement possible de passer avec notre équipement. On est vraiment entre deux dalles et le passage doit faire 25cm à tout casser. On se couche sur la dalle, on met les chaussures en canard (à plat), on met la tête de profile et on se laisse glisser dans l’étroiture. Ça passe tout juste mais ça passe. On se passe ensuite le matériel en faisant une chaîne. Au bas de ce passage, on retrouve le matériel lourd amené par une partie de l’équipe la veille. On poursuit la progression, toujours en rampant avec des cailloux bien pointus jonchant le sol. Même avec les genouillères, avec le temps, la douleur se fait bien sentir. Progressivement, le plafond de la grotte s’élève et l’on continue accroupis en tirant nos affaires derrière nous. Nous rencontrons quelques petits passages à grimper et à désescalader où il faut être bien attentif car un faux pas pourrait nous faire basculer trois voire quatre mètres en contrebas. On arrive ensuite dans le réseau actif de la grotte, c’est-à-dire que ces tubes de roches sont remplis d’eau lors des crues. Cette partie de la grotte est bien plus propre car régulièrement lavée par les eaux. La cavité devient aussi plus grande et l’on peut marcher debout, quel moment incroyable d’enfin pouvoir se dresser ! Nous voilà enfin devant le passage compliqué avec le bout de corde bien usé. On sort les huit marches en acier, la perceuse, les 12 accu, la masse, la pompe à air, les brosses et la colle des kits. Malheureusement, on ne retrouve pas les bouchons d’oreilles… Benjamin attaque le premier perçage et arrivé à la moitié de trou, l’accu est déjà vide. A ce rythme, ce n’est même pas sûr que 12 accus suffisent. Heureusement, les autres accus, - plus récents -, tiennent 2-3 perçages. Le reste de l’équipe attend patiemment dans le bruit assourdissant de la perceuse. Entre notre immobilité, la température de la grotte et nos habits humides, nous ressentons rapidement le froid. Pour éviter de trop avoir froid, on met en place une petite tente de fortune avec une couverture de survie et on allume une bougie trois mèches pour se réchauffer. Une fois tous les trous percés avec la mèche de 20mm, il est temps de bien les nettoyer à l’aide d’une pompe à air et d’une brosse. Ainsi, la colle adhérera bien mieux à la roche. Une fois la colle deux composants dans le trou, il faut taper la marche en acier à la masse et attendre que tout sèche. Pour prospecter la suite, on emprunte la corde fraichement installée en faisant bien attention de ne pas marcher sur les barreaux pour laisser la colle se durcir. Le groupe se sépare en deux avec une partie rejoignant le lieu-dit de la grotte « la rivière » alors que les autres montent une pente de boue pour prospecter une nouvelle section de grotte et la topographier (faire une première). Je fais partie de la team « balade à la rivière » qui est l'endroit le plus éloigné de l'entrée de la grotte. On commence à bien l’entendre cette rivière qui résonne de plus en plus fort dans le tunnel de la grotte qui s'élargit. Après une courte balade, nous voici à la rivière. Le débit est vraiment impressionnant !La rivière avec une cascade au fond d'où plonge le siphon. Nicolas tentant une approche
Au fond, on voit une corde noire qui remonte une cascade. Ne voulant pas trop se mouiller davantage, nous n’irons pas plus loin. Nous voilà arrivés à une rivière souterraine sortant de nulle part après 7h de progression dans la grotte ; c’est juste irréel. Mais ce qui est encore plus fou, c’est de savoir qu’avant nous, des plongeurs souterrains sont venus ici. Ils ont emmené tout leur matériel de plongée, bombonnes d’oxygène et poids pour explorer le siphon sous la cascade. Le siphon fait plus de 300m de long et ouvre sur une galerie qui continue et aboutit à nouveau sur un siphon plus court cette fois. Ce siphon ouvre sur une galerie boueuse et étroite qui ne semble pas se terminer. Personne n’en a encore vu le bout car c’est tellement engagé déjà d’arriver jusqu’à la rivière mais ensuite de traverser des siphons... Parfois, lorsque je raconte un peu mes aventures, certains me disent que je suis un grand malade et que je fais des choses un peu hors du commun mais pas du tout… Il y en a des bien, bien, bien plus tarés et les plongeurs en spéléo en font partie ! Rien qu’imaginer l’accumulation des difficultés donne le tournis.Joanna sur le retour dans la galerie active de la grotte
Nous, nous rebroussons chemin à la rivière. On arrive au croisement où l'on s'est séparé du reste du groupe. A ce croisement, à droite la rampe de boue, tout droit le chemin du retour et derrière nous la rivière d’où l’on vient. Pour savoir si un des deux groupes est rentré, un petit cairn a été construit. S’il est détruit alors ça veut dire que l’autre groupe est déjà en train de retourner au bivouac. On s'est donné 18h comme dernier délai avant de repartir, il nous reste encore bien 1h30 à tuer. On décide de monter la rampe de boue à la rencontre de l’autre groupe. La montée est bien glissante ce qui nous fait redoubler d’ingéniosité pour augmenter notre adhérence ou s'accrocher dans les interstices de la roche de manière acrobatique. Sur les côtés, l’humidité des parois et la boue créent un paysage miniature. Comme des petits sapins pleins de neige sont sculptés en miniature.Joanna géante à coté de la petite foret de boue
Avec de l’imagination on peut aussi voir quelques collines et des rivières qui ruissellent. Malheureusement, je n’ai pas pris un objectif adapté pour photographier cette scène miniature incroyablement détaillée. J’essaie tout de même de l’immortaliser. Oui, vous avez bien lu, je suis en train de m’extasier devant des tas de boue au plus profond d’une grotte. Je n’ai pas honte et je le redis, c’est probablement une des plus belles choses que j’ai vues, de la boue peut être vue comme un paysage jurassien avec des sapins enneigés ! Je ne cesse de m’émerveiller de tout ce que la nature nous offre. Je reviens assez rapidement à mes esprits car la suite du chemin est bien glissant. On continue notre ascension dans une pente de plus en plus raide et glissante. Ça devient un véritable challenge de monter ne serait-ce qu’un mètre sans en dégringoler 20 dans ce toboggan. Tant bien que mal, on arrive sur un petit replat et là, plus rien, plus de suite. On n’en revient pas, où est l’autre groupe ? On a bien vu une corde en montant partant dans une cheminée, seraient-ils passés par là ? La corde semblait bien sale et connaissant Benjamin de l’autre groupe, il l’aurait probablement remplacé. On ira voir en descendant si l’on voit des traces de pas. Autant il est possible d'adhérer avec les genouillères et les mains à la montée autant pour la descente, c'est mission impossible. Parfois, les prises décrochent et il faut gérer la descente au mieux. Il faut rester très vigilant car à une telle distance de l'entrée de la grotte et vu l'engagement élevé, un accident peut très vite se révéler compliqué. Ressortir avec un bras, pied ou côtes cassées est très douloureux et il est difficile d'effectuer les manipulations sur corde. Il est quasiment inimaginable de sortir quelqu'un en brancard aussi profondément dans la grotte (ce compterais en semaines d'intervention intensive). On croise aussi quelques excentriquesPetites stalactites ne tombant pas à la verticale se nomment des excentriques
Nous voilà arrivés à la fameuse corde. Nico y grimpe, jette un œil et nous dit que ça vaut pas le coup, c’est que de la boue avec un puits, pas de traces. Bizarre, où ont-ils bien pu passer ? Nous voilà de retour au croisement, le cairn est toujours là. On décide de le casser et de retourner au bivouac. On leur laisse les affaires pour équiper et l’on prend le reste. Le retour est aussi horrible que l’aller avec la difficulté en plus que les « expérimentés » en spéléo ne sont pas avec nous. On doit retourner sur nos traces selon nos souvenirs et en repérant les catadioptres qui ont été placés la plupart du temps à des endroits stratégiques.Joanna passant devant une fusion d'une stalagmite et d'une stalactite. Une stalagmitetite?
On escalade, désescalade des puits et on traîne nos kits dans les boyaux de la grotte qui semblent interminables. Mes bras sont en feu, je vais avoir des courbatures toute la semaine, c’est sûr. Après quelques galères, nous voilà arrivés au camp de base. Il est 21h, on décide de nous inquiéter si l’on ne revoit pas le deuxième groupe d’ici minuit. Mais heureusement, ils arrivent vers 22h, juste au moment où l’on s’est bien mis à l’aise dans le bivouac avec quelques biscuits en apéro et le thé qui chauffe sur le réchaud. Visiblement, ils étaient bien partis sur la corde que l’on est allé repérer et ils sont bien partis dans ce puits plein de boue qui ne semblait pas super accueillant. Le groupe d’exploration nous confirme que c’était bien dég avec plein de boue et bien serré aussi. Finalement, pas mécontent d’être allé visiter cette rivière et avoir fait du toboggan :) Après avoir mangé un lyophilisé, on se couche assez tôt car demain on se lève aux aurores (même s’il n’y a pas vraiment d’aurore dans la grotte) pour sortir vers 14h.Bivouac éclairé par les frontales au petit matin (les couvertures de survie deviennent translucide)
Le lendemain, on plie tout le camp, on range le bidon à caca et l’on se met en route chacun avec deux kits.L'équipe bien boueuse avant de se mettre sur le chemin de la sortie. Lionel, Joanna, Oriane, Benjamin et Nicolas
Nous progressons lentement vers la sortie en traînant cette fois deux kits avec nous lorsque l’on rampe. À 1/3 de la sortie, on trouve Fred et trois amis à lui qui viennent dans l’autre sens pour visiter la grotte. On leur laisse deux kits qu’ils ramèneront lors de leur retour. On continue vers la sortie en se passant les kits à la chaîne dans les passages plus délicats. On arrive enfin au dernier puits ou Benjamin met un place un système de balancier pour monter 6 kits rapidement. Avec une poulie micro-traction, il se laisse descendre dans le vide et avec son poids, les sacs remontent. Et nous voilà dehors après plus de 50h sous terre pour équiper un passage risqué au fin fond de la grotte qui facilitera probablement les futures expéditions du GSR. Merci à Joanna pour la plupart des vidéos illustrant l'article. Merci à Benjamin pour l'organisation de l'expédition. Merci au GSR pour le matériel installé et le matériel de prêt. Merci à tous les participants pour leur aide dans le port du matériel mais surtout pour leur motivation et bonne humeur! Absolument vital d'être une bonne équipe lorsque l'on reste trois jours dans un milieu aussi hostile! A la prochaine pour de futurs expéditionsUn Bordelais en Suisse
Habituellement, en cette période de l’année, nous nous retrouvons avec certains forumeurs d’Alpha DxD au Creux du Van. C’est devenu un peu un rituel et nous sommes en général une trentaine. Malheureusement, avec les restrictions covid entre les quarantaines imposées à l’allée et au retour ainsi qu’aux tests PCR à faire tous les 2j, il a judicieusement été décidé d’annuler la sortie.
Mais, Clément de Bordeau avait déjà pris ses billets d’avion (non remboursable) pour Genève. De quoi organiser une sortie découverte de la région dans la neige. Une belle excuse pour aller brasser les cm de poudreuse tombé ces derniers jours.
Après l’avoir récupéré jeudi soir à la gare, on monte tester les raquettes en vitesse sous des mélèzes.
Le jeu d’ombre et de lumière contraste bien avec le relief de l’Obergabelhorn
Obergabelhorn avec ses 4063m
Un peu à court d’idée pour le lendemain matin, je scrolle sur Instagram et voit passer une vidéo d'une cascade avec pleins de petites billes gelées formant des structures intéressantes au pied de la cascade. Je me dis que ça peut être une bonne idée d’image et comme la température avoisine les -6 en ce moment en plaine, il y a peut-être des chances d'avoir de jolies structures gelées. Malheureusement, pas de structure gelée à la cascade en question mais tout de même une chouette ambiances !
En montant l’après-midi sur le spot suivant, on fait un petit détour par les pyramides d’Euseigne. Ces demoiselles coiffées sont impressionnantes mais dur à photographier. Ce coté brumeux et neigeux aide peut-être à ajouter une ambiance plus mystique ?
Puis arrive la partie un peu plus challenge du weekend, partir en bivouac en condition hivernal. Le bulletin d’avalanche n’est pas très réjouissant, danger 4 sur 5 dans la plupart des alpes. J’ai pu trouver un coin avec relativement peu de neige fraiche (40cm) avec un danger de 3 sur 5 ce qui reste élevé pour ce type de sortie. Nous n’allons pas empreinter des pentes raides mais il y aura quelques passages avec des expo à avalanche. On s’équipe chacun d’un DVA pelle et sonde. Raquettes au pied, on progresse en direction du glacier.
Sur la montée, on croise une vieille femelle de bouquetin avec un comportement un peu bizarre. Elle ne semble pas marcher sur les arrêtes ou la neige est plus soufflée mais semble marcher avec peine dans les combes enneigées. On prend quelques images (on n’a pas vraiment pris les objectifs photos adéquats) et l’on fait un petit détour pour éviter de la déranger inutilement.
Bizarre une femelle bouquetin toute seul en période de rut. Ces derniers jours ne doivent vraiment pas être très loin…
Nous avons encore quelques km à parcourir et quelques mètres cubes de poudreuse à brasser avant d’arriver à notre destination avant la nuit !
La grotte de glace semble proche mais est encore loin… Mais à force de mettre une raquette devant l’autre, nous y sommes. Bien content de pouvoir montrer ce joyau de glace à Clément. Pour moi, c’est une des choses à voir avant de mourir (je ferais peut-être, un jour, la liste complète dans un autre article).
La grotte c’est encore effondré depuis la dernière fois. Tout un pan à l’intérieur c’est effondré recouvrant le sol d’un tapis de glaçon. C’est très esthétique mais ça indique à quel point c’est dangereux. J’étais venu la dernière fois, 1 mois de cela et cet effondrement n’y était pas !
Cet effondrement créer quelques structures originales, de quoi tenter quelques images qui changent un peu de l’ordinaire.
On profite aussi pour explorer une petite grotte annexe Un trou dans le plafond du glacier laisse entre un peu de lumière et de neige. Ca me fait penser à un sablier indiquant que le temps s'écoule dangereusement pour les glaciers qui fondront quasi tous dans le sièclePuis vient rapidement la nuit, vite monter la tente et tenter de réchauffer les pieds frigorifié de Clément. Malheureusement, j’ai oublié que mon piezo de réchaud ne fonctionnait plus… J’ai tenté plusieurs techniques pour enflammer le gaz à base d’étincelle avec la barre en métal d’un masque covid et ma pile de frontale. Malheureusement, les étincelles produites ne semblent pas assez chaudes pour inflammer le gaz. On se contentera de quelques barres de céréale pour la nuit.
Bien tout cosy dans mon sac, je me tourne vers Clément pour lui demander s’il a aussi eu bon chaud. Visiblement, ce ne fût pas tellement son cas… Bon, il se vengera car il me faudra plus de 20minutes pour enfiler mes chaussures en cuire imbibée d’eau la veille totalement congelée ce matin… Il a tout de même fait -7° cette nuit là !
On n’a pas vraiment le temps de profiter du lever de soleil qui est de toute façon inexistant avec cette brume omniprésente.
Il nous faut plier le camp fissa car à 11h, on a rendez-vous avec Lionel Fellay et Fabrice Pettruzi pour une petite sortie raquette dans la région d’Ollon.
Une fois le tout pacté dans les sacs, on entame la descente pour réchauffer doucement mais surement les oreilles de Clément. Sur la descente, on retrouve les traces du bouquetin dans la veille et là le verdict est sans appel. Les traces tournent en rond, plus de doute, elle est bien atteinte de keratokonjonctivite.
Une maladie transmise d’individu à d’autre individu via les mouches et qui rend opaque le cristallin. Notre bouquetin a donc une vue sacrément diminuée et passera probablement pas l’hiver…
Une fois à la voiture, celle-ci ne démarre pas. Heureusement, un tracteur s’occupant du déneigement de la route nous ponte la batterie et nous pouvons rapidement descendre en plaine.
Nous nous retrouvons toute l’équipe dans la région de Villard sur Ollon pour entamer une petite sortie raquette en forêt. L’ambiance est toujours très brumeuse mais se marrie bien avec ces arbres pleins de neige.
Ici, quasiment le double de neige est tombé. Malgré les raquettes, en faisant la trace, on a de la neige jusqu’aux anches, on ne voit même pas ses raquettes émerger de la poudreuse. L’exercice de cardio parfait ! KO après 100m si on sort de la piste principale.
Après avoir photographier quelques arbres brumeux, il est temps d’aller se réchauffer au gite de Solalex en mangeant une bonne fondue ! On profite aussi pour dormir bien au chaud.
Le lendemain, l’ambiance est tout autre ! Plus de brouillard, plus de nuage, tout c’est découvert. On voit maintenant distinctement le sommet des Diablerets ainsi que le miroir d’Argentine.
Quelques dizaines de minutes avant le lever du soleil, le sommet des montagnes prennent une teinte très rosée contrastant bien avec le bleu froid des arbres de l’alpage. Un fort vent souffle sur les crêtes donnant un coté apocalyptique aux sommets.Puis, le soleil se lève et les couleurs sont encore différente, les montagnes semblent prendre vie avec un aspect 3D impressionnant.
Une petite avalanche dévale une pente à notre gauche nous rappelant que nous sommes dans une zone à danger d’avalanche 4/5.
On devrait être protéger par l’épaisse foret faisant office de par avalanche naturel mais on n’est jamais trop sûr !
Puis, il est temps d’aller déjeuner avant de redescendre et de se quitter laisser Clément repartir au bord de l’océan !