Le grand tétras, l’enchanteur des forêts

Le printemps pointe le bout de son nez. Les crocus transpercent la fin couche de neige restante et les oiseaux chantent leurs amours à qui veut bien les entendre. Il est temps de quitter la place de chant des tétras lyres pour rendre visite à son grand frère,  le grand tétras. J'y avais consacré beaucoup de temps l'an dernier dans le cadre du projet de la bourse Iris. Le grand tétras était la cerise sur le gâteau du reportage sur les galinacé des Alpes. Le plus grand, imposant et impressionnant de nos poules alpines m'avait un peu laissé sur ma faim. Deux semaines de repérage et d'affut pour au final une seule image. Mais quelle image! Pour ceux qui ne l'ont pas vue, c'est par ici https://apvl.ch/grand-tetras/ Les tetraonidés ont leur habitude. Le repérage et l'analyse de leur comportement est la partie la plus fastidieuse et chronophage en photographie naturaliste. Mais une fois faites, le gros du travail n'est plus à faire. Je profite donc de 4jours de congé pour m'éclipser dans les grandes étendues forestière des alpes grisonnes. J'y retourne un poil plus tard que l'an dernier en espérant tomber pendant la période la plus active des pariades. La neige est aussi bien moindre que l'an dernier. La plupart des routes et chemins sont dégagés facilitant grandement l'accès. Arrivé sur place, pas une minutes à perdre, je prépare l'affût,  le matelas, le sac de couchage et le materiel photo. Une fois le tout empacté, je retourne sur les traces de l'an dernier. Les premiers indices sont prometteurs. Je croises des crottes cylindriques caractéristiques du grand tétras. Puis, c'est l'effroi! Au détour d'un contour, je vois la forêt ratiboisée. Une coupe vient d'avoir lieu. La sciure est encore bien fraiche et l'odeur du bois coupé est bien présente. La forêt a été clairsemée, il reste des arbres ici et là. C'est le biotope parfait pour le grand tétras mais pourquoi procéder à un tel chantier pendant la période de parade du tétras ? Est-ce que les tétras ont été derangé et ont quitté la zone? Je crains que le reperage de l'an dernier ai été vain. Il se fait déjà tard, je réfléchirai à la question une fois dans l'affût, j'auraisplus de 52heures à attendre. Je monte la tente, gonfle le matelas et sort le sac de couchage. Une fois l'appareil photo en place, j'attend patiemment assis sur ma chaise de camping. La nuit tombe et j'entend les gloussements des tétras qui résonnent dans la foret. Soulagé et heureux de les entendre, je tente des les apercevoir à travers les petits fenêtres de l'affût. Malgré leur gloussement et le bruit assourdissant de leur vol maladroits, je ne les vois pas. La nuit est maintenant bien là, je ne distingue plus les cailloux de l'herbe en face de moi. Juste avant de jetter l'éponge et de me glisser au fond du sac de couchage, j'entre aperçoit la silhouette d'un tétras atterissant sur la pointe d'un mêlez. Voila donc où ils se cachent en soirée, ils restent au sommet des arbres à déguster des bourgeons de mêlez bien juteux prêt à éclore. De temps à autre, d'un mouvement de tête du bas vers le haut, les grand tétras affirme leur presence d'un gloussement du sommet de leur garde manger. Une fois le stock de bourgeons de mélèze épuisé, le tétras s'envole pour s'affairer à un autre arbre. J'observe ce spectacle de longues minutes durant avant de me laisser aller a des rêveries au chaud dans mon sac de couchage. Le froid me réveille a quelques reprise pendant la nuit, environ -3°C mais un environnement très humide du aux pluies de la veille. Quelques flocons se sont même deposé sur la tente pendant la nuit. A 5h20, ce sont les gloussement des grands coqs qui m'extirpent de mon sommeil. Des petits "gloupe" comme si des goutes d'eau tombaient dans une flaque. La foret semble comment emprise de magie avec cette ambiance matinale surealiste. C'est avec une grâce comparable à une planche de bois que je pivote sur le coté de mon matelas gonflable et que je me hisse sur la chaise de camping pour scuter les tétras. Il fait encore bien trop sombre pour discerner quoi que ce soit mais c'est un moment magique ou je me laisse bercer par gloussement. Il y en a de plusieurs sortes: les gloupes, les chants de parades ainsi que les petit gloussement des femelles. Il y a du beau monde qui s'active dans le coin. Au minimum quatre mâles chanteurs et deux femelles. La coupe de la forêt ne semble pas les avoir traumatisé au point de changer de parcelle de chant. Plus facile a entendre qu'a voir mais voici que le coq de haut de la pente descend jusqu'en bordure du territoire du coq du bas de la pente. Les deux se retrouve sur la délimitation fictive de leur territoire et échangent quelques coups de bec pour bien se mettre d'accord sur la frontière. Ce petit règlement de compte c'est malheureusement passé en dehors du champ de vision de l'appareil photo mais j'ai pu immortalisé leur allé et venue. Ils continuent ensuite à chanter à l'abris des regards caché par les sapins. Le spectacle musical continue jusqu'au premier rayon du soleil. Le coq du haut profite de l'occasion pour chanter dans une clairière plus degagée pour mon plus grand bonheur.   Il effectue même de petits vol-planné pour bien affirmer sa présence! Il se met même en évidence sur une souche fraichement coupée lors de la dernière éclaircie de foret Je profite aussi de la lumière suffisante et de la haute résolution de mon appareil photo pour faire des gros plan de ce magnifique oiseau. On peut distinguer cet incroyable effet de moiré sur son plumage! Parfois il tend la tête droit au ciel lui donnant un air un peu cocasse. Avec cette position, sa petite barbiche est particulièrement visible. La foret se calme, l'hystérie du petit matin laisse place au bruit du vent sifflant à travers les épines de sapin. Les mâles partent se reposer en foret. Les femelles probablement aussi mais elles sont si discrète que je n'en ai pas aperçu. Ce calme dure pendant toute la période la plus chaude de la journée.  Les petits flocons posé sur mon objectif photo se sont maintenant transformé en petite gouttelettes d'eau. Vers les 16h, les mâles les plus au taquet reprennent du service. J'ai pu en entrapercevoir un à travers les branchages de la foret depuis l'affût. Un moment assez irréel avec cette lumière de journée qui fait scintiller l'image. Le soir approchant, les tétras reprennent de la hauteur pour grignotter des bourgeons de mêlez. Evidement, ils choisissent des arbres qui sont forcément caché par d'autres depuis l'affût. Après bien 2 heures de picorage de mêlez, le mâles semble intriguer par la présence d'un autre mâles.  Il s'envole pour atterir pas loin de l'affût,  derrière,  dans un sapin. De là,  il commence son petit bâle au sommet de l'arbre pour impressionner le rival. Après quelques coup de gueule, il se remet à picorrer des jeunes pousses de sapin. Une fois la nuit bien tombée, les mâles descendent au sol pour parader. Malheureusement, il fait bien trop sombre pour y voir quoique ce soit. Je profite de ce concert comme d'une berceuse. La nuit est bien plus douce et agréable que la précédente. Les tétras, réglé comme une horloge Suisse, me réveille à nouveau à 5h27. Pendant que je passe du matelas à la chaise enroulé dans mon sac de couchage tel une chenille, les femelles tétras motives les mâles du haut de leur arbres. J'imagine qu'elles sont dans les arbres... ce que je sais, c'est qu'elles font tourner la boule au mâles. Moi qui espérer que le male "du haut de la pente" se montre en spectacle devant l'objectif, quenini. Celui-ci attiré par les gloussements de madame descent parader en contre bas. Mais où est le mâle "d'en bas de la pente"? Il n'a pas l'air d'être là ce matin. Celui de haut parade au pied de l'arbre d'où émane les gloussements. Je tente tant bien que mal de me contorsionner pour lui tirer le portrait mais ce n'est pas bien évident. L'affût n'est pas placé pour photographier cette région et de plus, pleins de branchage bloque la vue. Après bien deux heures à faire la coure, la belle n'en demore pas, elle ne se devoile pas. Par contre, voila que le mâle de bas de la pente reviens dans sa zone. Le face à face d'intimidation ne suffit pas, ils en viennent aux pattes et au bec! Les deux se volent dans les plumes et disparaissent en contre bas dans un brouaha de battement d'ailes. Ça n'arrête pas, quel raffut,  quel remu ménage. Je m'en viens même à avoir de la peine pour eux, j'espère qu'il ne se blessent pas! J'ai presque envie de sortir de l'affût pour les séparer,  leur dire que le jeu en vaut pas la chandelle? Mais pour eux, ca compte vraiment. Montrer à la dame au sommet de l'arbre qui est le plus fort des lieux. Qui sera le plus digne d'assurer la descendance. Car ce qui est certain, c'est que la survie pour les générations futures sera ardue. Depuis 1970, la population Suisse de grand tétras dans les alpes à fondue de deux tière passant de 1500 individu à moins de 500 aujourd'hui.  La tendance n'est malheureusement pas en train de s'inverser, le morcellement du territoire par l'homme et la destruction des vieilles forêts pousse la population du plus grand galinacé de nos Alps dans ses derniers retranchement. Pourtant, tout n'est pas encore perdu, ici, le nombre d'individus permet encore de maintenir l'espèce contrairement au Jura ou les populations sont tellement diminuées par la pression humaine qu'il en devienne littéralement fou. Ils perdent leur comportement naturel, paradent toute l'année et deviennent agressif envers les humains. Finalement,  en pensant à la situation du tétras en Suisse, je me sens privilégié de pouvoir assister a ce combat entre deux coqs. Puis, les battements d'ailes se taisent. Je scrute en plissant les yeux à travers les filets de l'affût. Là, sur la gauche, je le vois! Le tétras d'en haut qui remonte à toute allure le talus coursé par le tétras du bas. Une scène digne de la race d'hereins. Le male avoue sa défaite et remonte dans son territoire avec une touffe de plumes en moins sur l'aile. Le tétras du bas est maintenant seul maître des lieux et continue a parader pour impressionner la dame. Mais, de ce que j'en ai vu à travers les branchages bien épais, il ne me semble pas que madame aie succombé aux faveurs du vainqueur ! Tout n'est peut-être pas encore perdu pour le tétras du haut? Après ce moment fort en émotions,  la forêt retrouve son calme de longues heures durant. De quoi commencer à écrire le début de l'article du grand tétras dans l'affût sur mon smartphone. Et voila que j'ai ratrappé le présent. ha, encore une chose, je crois que j'ai du mettre l'affût pas loin d'un nid de fourmis car je suis en train de me faire envahir. Elles sont devenues hyperactif avec ce soleil de midi! J'enregistre le texte, j'éteins le téléphone et j'espère continuer la suite de ce texte demain avec de nouvelles anecdotes de terrain croustillantes :) Le lendemain, le tétras du haut était au rendez-vous. Paradant d'abord sur les hauts, invisible derrière les arbres. La luminosité augmentant, il se montre sur la pente dégagée, juste devant l'affut. Ses roucoulement se font en donnant de violents coups de tête répétés Il fait sa toilette et manque quelques pousses de sapin. Quelques dizaines de minutes avant que le soleil ne perce la canopée, il descend sur la route, parade un court instant avant de disparaitre dans les bas fond de la foret pour le reste de la matinée. Un spectacle qui restera longtemps encré dans ma mémoire. 4 jours incroyable à suivre cette espèce qui incarne nos vieilles forets, plus de 52h d'affut! Une espèce mystérieuse et emblématique qui me fond vibrer au plus profond de mon être!
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Aletschhorn 4194m

Voilà que l’hiver se termine et que l’on n’a pas fait un seul 4000 de la saison ! Il faut dire que la neige n’aura pas été au rendez-vous. Pas mal de neige en tout début d’année mais pas encore assez froid et stable pour faire les sommets. Puis, il a plu à plus de 3300m vers Noël rendant impossible toute ascension. Ces conditions ont rendu le manteau neigeux très instable avec des couches très dures et d’autres très friables dû à un gradient de température élevé. En bref, il n’y a pas vraiment eu de période propice cette année mais on s’est quand même motivés pour tenter la revanche de l’Alteschhorn. Revanche car nous l’avons tenté il y a 2ans et avons dû avorter l’expédition en raison du danger d’avalanche. Vous pouvez lire le billet de blog retraçant l’historique en cliquant ici.

Contrairement à la dernière fois où l’on a traversé tout le glacier d’Aletsch du Langletscher en passant par la Konkordiaplatz, cette fois on a opté pour une approche plus directe : l’arrête sud-ouest. C’est une arrête cotée en AD (assez difficile), la cotation la plus élevée que l’on ait tenté jusqu’à maintenant ! Habituellement les alpinistes montent par ce côté ou par l’arrête est (peu difficile) et redescendent par la même voie. L’aller-retour permet de laisser du matériel de ski au pied de l’arrête et de venir le récupérer une fois l’ascension terminée. Ne faisant rien comme les autres, on décide de choisir un itinéraire peu conventionnel en montant par l’arrête AD et en redescendant par la PD. On s’oblige donc à gravir l’arrête avec les skis sur le dos ainsi que tout le matériel de bivouac (tente, matelas, sac de couchage et réchaud). Pour couronner le tout, les conditions météo ne se montrent pas très clémentes. Il est prévu que les sommets soient pris dans les nuages à cause du foehn et que le vent puisse être très violent sur les crêtes.

  Bref, pas mal de conditions en notre défaveur mais on décide tout de même de tenter l’aventure. Il faudra bien réévaluer les conditions au cours de l’expédition (technique du 3×3) et faire demi-tour si elles deviennent trop défavorables. Ayant déjà fait la montée de Blatten à Belalp en peaux le weekend d’avant avec Lisa, on peut se permettre de prendre les remontées cette partie pour économiser quelques centaines de mètres de dénivelé. Pour rappel, nous voulons au final relier tous les 4000 des Alpes avec nos tracés GPS uniquement, par la force musculaire (et sans guide). Une fois en bas des pistes de Belalpe, on clipse nos inserts Dynafit et l’on part à plat jusqu’à l’hôtel Belalpe sous un soleil de plomb. Dur de croire la météo qui prédit un revirement drastique des conditions. Arrivés à l’hôtel, la suite semble se gâter : de toute part, des falaises et des talus descendants à pic. Il n’y a pas de trace et pour continuer il nous faut traverser ce terrain escarpé. A l’aide du tracé GPS, on s’élance vers l’inconnu en tentant une trace par le passage le moins casse gueule. En éclaireur, je scrute le terrain afin de trouver le meilleur passage pour faire la traversée. J’arrive en bordure de la falaise, il n’est plus possible de continuer plus loin. J’aperçois alors un semblant de replat, une trentaine de mètres plus bas, qui ressemble à un chemin. Ski sur le dos, on descend dans ce petit couloir pour rejoindre ce qui s’avère être le chemin d’été. Une fois sur la bonne voie, il n’y a plus qu’à la suivre. Une fois la paroi de rochers passée, on traverse le plateau d’Oberaletsch. Pour passer le temps, on discute du futur de la vallée. Elle devrait voir apparaître un barrage turbinant l’eau du glacier et travaillant en pompage avec le barrage de Gibidum. Il est assez fou de s’imaginer le paysage modifié par un mur d’une centaine de mètres. On croise aussi le chemin de chamois et quelques coulées d’avalanches de fonte. A force de discuter, on en vient à louper la bonne route et l’on remonte bien 150m de dénivelé positif de trop. On profite de cette montée de moraine inutile pour manger un bout avant d’attaquer 150m de descente dans une pente de 40-45 degrés voir plus. De là, on remonte tout le glacier d’Oberaltsch en passant devant la Oberaletschhüte. On continue notre trace jusqu’au pied de l’Aletschhorn, après un arrêt forcé suite à une diarée-éclaire. Initialement, le pied de la face de l’Aletschhorn semblait l’endroit privilégié pour planter la tente et établir notre camp de base pour la nuit. Comme il restait encore quelques heures de lumière, on décide de gagner un peu de temps sur le trajet du lendemain : « tout ce qui est fait n’est plus à faire ». Après 12km et 1300m de dénivellation, le temps commence vraiment à changer. Nous avons la tête dans les nuages, le jour se couche et des flocons commencent à tomber. Finalement la météo n’est pas si à l’ouest que ça… Plus on avance, moins on perçois les rochers devant nous. On devrait voir le sommet de l’Aletschhorn, mais à sa place, un épais brouillard blanc s’assombrissant de plus en plus. On suit à nouveau la trace GPS à la lettre pour éviter de trop s’écarter de l’itinéraire. Selon notre altimètre et la carte, on devrait arriver sur une sorte de replat à 3000m. Effectivement, on arrive dans un mini replat. On dépose nos affaires, monte la tente, gonfle nos matelas, ouvre nos sacs et hop, au chaud ! Monstre plaisir que de se poser un peu après cette longue journée ! Mais on sait que la journée de demain sera incomparablement plus longue et exigeante, il nous faut donc prendre des forces ! Pour éviter de déclencher une nouvelle boule de feu dans la tente, on allume le réchaud à gaz à l’extérieur. On fond de la neige et la laissons bouillir pour réhydrater les lyophilisés. En attendant que l’eau chauffe, on se repose roulés en boule dans nos sacs de couchage.

Il fait -15°C à l’extérieur et l’eau ne semble pas chauffer. En contrôlant le réchaud, il s’avère que le feu s’est même éteint ! Plus de gaz ? Après un petit moment de panique, on remarque que la bonbonne n’est pas encore vide. Est-ce que le vent à l’extérieur est trop fort et aurait soufflé la flamme ? On ramène donc le Jetboil à l’intérieur pour finir la cuisson de l’eau. La flamme semble vraiment très faiblarde mais après bien 45min, on arrive enfin à la température d’ébullition. On laisse chauffer nos lyophilisé 8min puis on digère ces 650kcalories qui nous seront vitales pour le lendemain. Il nous faut ensuite faire fondre plus de neige pour avoir assez d’eau liquide pour le lendemain. Malheureusement, très rapidement, on se rend compte que ce ne sera pas possible. Avec le froid, les nouvelles bonbonnes de gaz de Décathlon ne brûlent que partiellement. Le mélange de gaz n’est pas adapté pour les -15°C. On aura utilisé une bonbonne de gaz complète pour deux repas… Pas d’autre choix que de remplir nos gourdes de neige et les laisser fondre la nuit au chaud dans nos sacs de couchage… On prépare deux réveils. Un a 3h du matin pour regarder si le brouillard s’est dissipé et un deuxième à 5h. Stéphane s’est réveillé à 3h et n’a vu qu’un épais brouillard en entrouvrant la porte. Personnellement, je n’ai rien vu du tout car j’ai dormi comme un loir jusqu’au réveil de 5h.

La chance était de notre côté: en 2h les nuages se sont dissipés. On profite de ce ciel totalement dégagé pour faire quelques photos de la tente. Quel plaisir de voir le sommet de l’Aletschhorn se dressant devant nous. C’est toujours plus motivant de voir l’objectif.

Une fois la tente pliée, matelas dégonflé, sac comprimé et le tout rangé comme un Tetris dans le sac de rando, on remet les skis. On slalome doucement mais sûrement dans la montée entre les crevasses.

On profite de l’excuse du lever de soleil pour faire une petite pause et prendre quelques images.

Après un deuxième arrêt éclair et quelques traversées sur de la neige bien glacée on arrive à la fameuse arrête sud-ouest du 4000.

Changement de type de terrain, on passe du glacier à une arrête.

On troque nos skis de rando et battons pour les crampons et piolets. Comme on ne redescendra pas par la même voie, on prend tout notre matériel avec. Les skis et les battons sont fixés au sac de rando, rajoutant du poids à l’arrière et déséquilibrant passablement le tout. C’est ainsi que l’on attaque la montée, entre passages de grimpe dans les cailloux et progression dans des goulottes de neige. Puis vers 3800m, dans une goulotte entre 35-40°, Stéphane commence à ressentir le mal des montagnes. Notre rythme d’ascension change drastiquement et l’on avance pas à pas. Le rythme est si lent que je me demande si l’on arrivera vraiment à 4194m. Sans nausé particulière, on continu tout doucement la montée. La situation ne s’améliore pas vraiment avec la déshydratation dûe au manque d’eau qui commence à se faire sentir. Je commence aussi à sentir les effets de l’altitude vers les 3950m. Pourtant le sommet n’est pas loin, on distingue clairement la croix ! On progresse par à-coups, une 20ène de mètres avant de devoir faire une pause pour reprendre notre souffle. Les derniers 100mètres doivent être les plus lents et les plus pénibles que j’ai eu à faire. Mais à force de mettre un pied devant l’autre, on arrive enfin à la croix, au sommet. On s’écroule sur la neige et l’on profite de la vue splendide !

Quel soulagement d’être arrivés et quel bonheur de contempler ce paysage ! Il est passé 13h et l’on a encore toute la descente devant nous. Je profite que l’on ait un poil de réseau pour avertir mon entourage que j’ai pris congé le lundi et que je suis au sommet de l’Aletschhorn pour qu’ils ne s’inquiètent pas trop. Le silence est interrompu par le bruit des palles d’un hélicoptère. Un super-puma de l’armée Suisse se pose 140m plus bas sur le glacier de l’Aletschhorn. J’hésite presque à courir en bas l’arrêter pour qu’il nous prenne en stop. Ce que je ne savais pas encore c’est qu’il allait nous falloir 2h de temps pour descendre ces 140m… Heureusement, la suite est une arrête PD (peu difficile), il ne devrait pas y avoir de grosse difficulté, non ? On attaque la descente par l’arrête PD en marchant sur une arrête en neige. Celle-ci devient progressivement rocailleuse et abrupte. On désescalade l’arrête mais il arrive un moment ou ce n’est plus possible. Plutôt que de continuer sur l’arrête, on décide de la longer à flanc de coteaux, dans le glacier suspendu. C’est vive glace, d’un bleu sombre et profond. D’une couleur magnifique mais franchement très flippante. On a très peu d’expérience en progression sur glace mais pas le choix, quand il faut y aller, faut y aller ! Sur moi, j’ai une broche de glace faisant partie de l’équipement obligatoire pour de la progression sur glacier. Heureusement que Steph en avait deux car avec une seule broche, on ne va pas loin… On visse une broche au début de la descente, Stéphane assure ma descente au demi-nœud d’amarre. Je descends de manière pas du tout sereine dans ce glacier suspendu entre 30 et 40° de pente. Je prie pour que mes crampons automatiques ne me lâchent pas au milieu de la descente. Quelques coups de crampons et de piolet plus tard, je visse la broche à glace suivante qui me servira de déviation à la corde et je continue la progression à l’horizontal. Une fois les 3broches vissées, c’est à mon tour d’assurer la descente de Stéphane en faisant un demi-nœud d’amarre sur la dernière broche. Dans son avancée, il récupère derrière lui les broches pour que l’on puisse les réutiliser par la suite. En cas de décrochage dans la descente, il pendulera au maximum de la distance entre lui et la prochaine broche. Une fois qu’il m’a rejoint à la dernière broche, il s’y longe aussi, me transmet les deux broches et je repars pour la suite. On réitère tout ce processus pour 3passages clefs. Ce n’était absolument pas prévu dans la planification originale et l’on sait déjà que l’on a pris bien 3h de retard. On est enfin à la place d’atterrissage de l’hélico de l’armée qui est depuis longtemps reparti. On continue la descente sur l’arrête enneigée. Un léger voile de cirrostratus commence à se former. L’ambiance commence à changer, le soleil crée un arc-en-ciel très photogénique dans ces nuages de haute altitude.

Ce phénomène est dû à la réfraction de la lumière dans les cristaux de glace en suspension dans les nuages. La beauté de ce phénomène s’estompe rapidement lorsque l’on se rend compte que la suite de l’arrête est à nouveau impraticable et que l’on va encore devoir descendre dans le glacier avec cette fois-ci une pente plus raide : dans les 40-45degrés. Pour ajouter une couche de difficulté, il y a la rimée à passer (démarcation très nette au départ du glacier, faisant ici dans les 3m de haut). Le problème de la paroi verticale de la rimée, c’est qu’il n’est pas possible de récupérer une des broches à glace s’il l’on descend. On ne peut pas laisser du matériel technique sur place (pollution, sécurité pour la suite et aussi parce que ça coûte un bras). Il existe une technique pour réussir à dévisser une broche à glace en enroulant précisément la corde autour de celle-ci et en tirant la corde une fois la rimée passée (« broche éjectable »). Entre savoir qu’il existe une possibilité et le faire sur le terrain sans jamais l’avoir pratiqué avant, il y a un monde. On part donc sur la même technique qu’avant pour descendre jusqu’à un pont de neige reliant le reste du glacier avec le haut de la rimée. En voyant la distance à descendre (170m en mesurant sur la carte), la motivation prend un coup. Avec 3broches à glace et une corde de 30m, il nous faudra descendre le glacier en 5fois. Le retard, la fatigue et la déshydratation commencent a devenir critiques. Heureusement, après 40m de descente et un doigt ouvert en vissant une broche, je repère un autre petit pont de neige. On descend jusqu’à la rimée en mettant du sang partout. Je mets une broche juste au-dessus et je descends sur le pont. Il a l’air de tenir. J’ajoute une deuxième broche au fond de la rimée pour assurer le coup. Je vais ensuite plus loin dans le glacier, me plante solidement dans la neige et assure, corde tendue, la descente de Stéphane dans la rimée. Tout se passe bien, le pont de neige a tenu, quel soulagement ! Une fois les deux en dehors de la zone de danger et plus dans une pente à 45°, on sort un sparadrap de la trousse de secours pour stopper le saignement de mon doigt. Heureusement pour nous, la suite devient plus facile.

Les pentes sont moins vertigineuses et l’on arrive enfin à mettre nos skis. On dévale le Mittelaletschgletscher dans une neige bien carton qui fait chauffer les mollets. D’en bas, on voit bien les crevasses et les pentes vertigineuses de l’Aletschhorn.

L’arrête était bien galère mais descendre par une autre voie serait juste du suicide.

Le ciel se couvre de plus en plus et l’on commence à avoir le phénomène de jour blanc. On ne distingue plus bien le relief dans la neige. Dur de voir les trous et les bosses dans ces conditions.

On passe à coté de belles grottes de glace mais il faudra malheureusement remettre leur visite a une autre fois. La nuit commence à menacer. On arrive au fameux glacier d’Aletsch. On a beau l’avoir déjà traversé une fois, il est toujours aussi impressionnant. Pas le temps de traîner, il faut le traverser pendant qu’il fait encore jour. Le jour blanc est maintenant si violent qu’il me faut allumer ma lampe frontalle pour voir si le terrain monte ou descend. Après quelques demi-tours à cause de crevasses, on tombe sur une vieille trace de ski sur le glacier. On part du principe que la personne ayant fait la trace a réussi à faire la traversée du glacier en vie, on suit donc la trace. Par endroit, il faut improviser un peu car la trace a totalement été effacée par le vent. On arrive tout de même rapidement à faire la traversée du glacier (bien plus rapidement que la première fois). La nuit est définitivement tombée, il est 20h. Il nous reste encore 300m de montée pour arriver sur les pistes du domaine skiable de Bettmeralp. Ça fait 14h que l’on fait de l’alpi. Encore plus déshydratés qu’avant, on mange de temps en temps un peu de neige pour diminuer l’effet pâteux de la salive dans la bouche. On se met ensuite en route pour la dernière montée. Par endroit, la neige est très dure et les skis de rando ne crochent pas super bien. Steph devant, glisse de temps à autre. Puis, d’un coup, il dévale la pente sur une petite dizaine de mètres. Rien de grave mais je vois que la fixation avant de son ski s’est arrachée et elle est restée sur son soulier. Nous voilà avec encore 200m de montée et un ski HS. Je prends ses skis et les fixe à mon sac. Stéphane enfile les crampons et continue le reste du chemin à pied. On se rend vite compte que l’on n’y arriverait jamais. Il s’enfonce à chaque pas jusqu’aux genoux. On continue tout de même mais quelques mètres plus loin, il disparaît dans la neige et s’enfonce jusqu’aux épaules. Il devait y avoir un petit mélèze sous la neige. Après quelques minutes à se débattre pour ressortir de son igloo, il nous faut trouver une solution.

Je ne peux pas me permettre de passer une nuit de plus ici car je dois donner des cours le lendemain. Je pense à laisser la tente à Stéphane et lui faire amener des raquettes. Je pense même à appeler l’hélicoptère mais bon, ça serait un peu la honte à 200m du domaine skiable non ? En désespoir de cause, on remet le ski en état sur un pied et on laisse un crampon sur l’autre. Il avance avec un ski un peu comme avec une trottinette. En mettant tout son poids sur un ski et les battons, cela semble bien aller. On avance quelques mètres, ça va lentement mais ça avance. Je suis soulagé, on arrivera sur les pistes si l’on continue comme ça !

Quelques lacés plus tard, on est au sommet du domaine skiable. Il est 21h30 et la dernière descente de cabine pour la plaine est à 22h50, il est encore possible de rentrer (il y a un train qui retourne à Brig à 23h40). La descente des pistes avec un ski ne se révèle pas très concluante. Stéphane dévale toutes les pistes à pied ou sur les fesses par moment. Nous voilà arrivés au départ des remontées ! Il est 22h30, juste avant le départ de la cabine. On profite pour prendre un coca au distributeur, quel bonheur après plus de 16h d’effort ! On descend en cabine, on prend le dernier train de la journée pour Brig puis on descend jusque chez moi en voiture. Heureusement, pas d’amende car j’avais payé le parking jusqu’à 18h… Evidemment, Stéphane n’a plus de train pour rentrer sur Fribourg et comme le traditionnel McDo post-4000 n’est pas ouvert, on se rabattra sur 400 grammes de pâtes pesto à 1h30 du mat. Un 4000m qui se transforme en journée de survie. On aura eu de tout entre escalade, arrête, traversée de glacier, descente sur broche, assurage, ski et bivouac ! Une journée bien éprouvante mais qui restera gravée à jamais dans nos mémoires. La revanche de l’Aletschhorn !
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Balade avec Lisa

Tout débute pendant le cours d’accompagnateur en montagne, au module communication et marketing. En fin de journée, après des heures de cours pas forcément les plus intéressantes que l’on ait pu avoir, on fait une mini fête dans le gîte. Une dégustation de vin par Raoul, quelques bières et même un concert lyrique privé par Valérie. Bien lancé, juste ce qu’il faut, je demande à l’équipe si quelqu’un voudrait venir jusque à une grotte de glace (il est minuit passé). Comme je m’y attendais, tous le monde décline l’offre et préfère aller dormir pour être frais et dispo pour le cours du lendemain. Tout le monde sauf Lisa qui accepte. Me voilà bien embêté, moi qui pensais faire le malin, il va falloir assumer :) Je dois avouer que j’appréhende un peu car je ne connais pas très bien Lisa qui ne vient pas de la même volée de la formation d’accompagnateur en montagne. Elle est venue dans cette section car elle ne pouvait pas participer aux dates de la deuxième section pour des raisons professionnelles. Je ne me pose pas 36milles questions, l’alcool aidant aussi un peu, nous voilà en route pour la grotte de glace. Après quelques chemins de traverse pour économiser un peu de temps de marche, on crapahute dans les cailloux à la lueur des lampes frontales. Le chemin est assez long malgré les raccourcis qui n’en étaient peut-être pas ? Ça nous laisse le temps de papoter de tout et de rien sur le trajet. Il est 2h40 du mat, presque décuités, nous voici devant l’immense entrée de la grotte de glace. J’en profite pour laisser un message sur le groupe WhatsApp des accompagnateurs pour leur dire que l’on entre dans la grotte et qu’il faut venir à notre secours s’ils n’ont pas de nouvelles après 1h (il faut toujours avoir une personne de confiance de piquet pour des activités à risque, cependant, il ne faut surtout pas envoyer à un groupe de personne en train de dormir (et alcoolisés) comme je l’ai fait…) J’ai souvent été un peu déçu par cette grotte pourtant prometteuse qui n’est pas très profonde mais cette fois, en se baissant un peu, accroupi, il est possible de progresser un peu sous la voute glacée. Tout au fond, se dissimule une petite cascade. On l’immortalise à l’aide de ma petite lanterne de camping de ma voiture, pas évident de garder les pieds au sec en traversant la petite rivière. En ressortant, quelques blocs effondrés attirent l’œil. Je tente quelques rétroéclairages de la glace avec une lampe frontal et le téléphone. La composition semble dynamique, Lisa tente tant bien que mal de monter sur les blocs de glace ultra glissant pour prendre la pose avec la lampe. 3h40, nous voilà hors de la grotte, je laisse un message sur le groupe pour dire que nous sommes sains et saufs mais en contrôlant les messages lus, il s’avère que tout le monde dort paisiblement. C’était une grotte avec particulièrement peu de risque et c’était plus pour « la blague » qu’autre chose (pas vraiment la meilleure blague mais bon, après une soirée à 2h du matin…). On dévale les rochers pour tenter de dormir quelques heures, avant la reprise des cours à 8h30 ! On n’a pas tant fait les fiers pendant le cours de communication, d’ailleurs ce n’est pas vraiment la matière où l’on excelle le plus…   Deux semaines plus tard, Benjamin me demande si je suis motivé pour aller repérer des loups dans le Jura vaudois, dans la région du Marchairuz qui a fait grand bruit cet été. Il a repéré un petit cabanon que l’on pourrait scouater pour la nuit. Après avoir demandé quelques infos au club spéléo de la région, on obtient les coordonnées précises du cabanon et on nous confirme que c’est très rustique. Il ne nous en fallait pas plus pour y aller. Je profite aussi pour organiser la journée de dimanche car Benjamin pense repartir en France au vu de la météo annoncée. N’étant pas très doué en géographie Suisse, je pensais que le Jura vaudois et le Jura tout court étaient proche. C’est pourquoi j’ai proposé à Lisa qui habite le Jura tout court que l’on s’organise un truc. Mais en attendant, place au Marchairuz. Après le bassin lémanique, j’émerge enfin du brouillard et je profite des derniers rayons de soleil sur le Mt Blanc. Je rejoins Benjamin et Luc au petit cabanon de nuit, il me semble bien entendre quelques hurlements de loups, dans la nuit noire obscure et sombre. Mais impossible à confirmer, je ne les entendrai plus de la nuit. Je repère le cabanon grâce au halo orange du feu de bois. Après avoir bu un thé, on se glisse à l’étage du cabanon pour se réfugier au fond du sac de couchage. Le lendemain on part à la recherche des traces de loups dans les environs, mais rien à signaler si ce n’est quelques chamois en plein rut ! Comme annoncé, le temps se gâte et tout le monde rentre à la maison. Le mauvais temps ne nous faisant pas peur, on décide d’aller visiter deux trois coins sympas avec Lisa. Après quelques mésaventures de planning et de GPS, on installe la tente à la dent de Vaulion, de nuit. Malheureusement, le lendemain la superbe vue sur le lac de Joux s’est laissée désirer. En lieu est place, un épais brouillard à couper au couteau… Mais pour mettre un peu de lueur dans cette grisaille, des chamois en rut se donnent en spectacle. Temps gris rime avec cascade, car la faible luminosité permet d’obtenir facilement des poses lentes, donnant un effet vaporeux aux cascades, lorsqu’elles sont prises en photo. Ça tombe bien car il y a pas mal de cascades dans les environs. Pour commencer, la cascade du Day. Le chemin qui y accède fait une boucle. Sur le chemin du haut, on passe par-dessus un petit affluant de la cascade. Les roches sont recouvertes d’une mousse verte vive qui contraste bien avec le rouge des feuilles mortes. Puis, on longe la rivière de la cascade principale qui fait plusieurs ressauts. J’en profite aussi pour faire plusieurs images avec le moyen format argentique Alpa que j’ai en prêt. La cascade a relativement peu de débit en cette saison et son aspect n’est pas des plus esthétique. J’ai une préférence pour le petit affluant de tantôt. La boucle du chemin nous fait passer sous la cascade via un petit tunnel abandonné, qui devait servir à une ancienne centrale électrique. Il semble y avoir d’autres sorties sur les côtés, de la lumière y filtre. Ma curiosité me pousse à vouloir jeter un œil aux autres ouvertures. On s’enfonce jusqu’au sommet des chevilles, dans ce sol plein de boue. Sur le retour, on profite d’un petit rayon de soleil pour faire quelques plans larges de la cascade. Pour finir la journée, on met le cap vers une autre cascade de la région, la cascade du Dart. Après une petite marche dans une foret aux couleurs automnales, la cascade apparait au détour du chemin. Visiblement, nous ne sommes pas seuls. Ça laisse un peu de temps pour chercher une composition intéressante. La palette de couleurs entre l’eau et les feuilles mortes est intéressante. De plus, pas mal de troncs morts flottent dans les environs, permettant de créer quelques lignes directrices. En regardant la cascade de plus près, il semble qu’il doit être possible de passer entre celle-ci et la falaise. Il n'y a qu’un seul moyen de le vérifier, on fait le tour et on crapahute pour passer derrière. C’est bel et bien possible, la vue est splendide de là et la sensation lorsque l’on passe derrière est juste magique !   Le weekend d’après, nous prenons un peu de hauteur. Crapahuter sur les versants haut-valaisans. Sur une crête, se détache un beau bouquetin sur le ciel bleu. Il semble remonter les pants rocheux. Il est suivi par un deuxième individu plus bas. On attend qu’ils soient hors de notre champ de vision pour monter à leur rencontre, cachés derrière des rochers . On reste dans le creux d’un petit vallon, pour éviter de les effrayer. On monte droit en haut la pente et c’est là qu’une petite boule de neige semble bouger. Un lagopède ! On se pose et on l’observe. Inquiet au début, le lagopède semble accepter notre présence et s’arrête un peu plus loin. La vue est splendide avec derrière lui, l’Aletschhorn, haut de ses 4194m. C’est la première fois que Lisa observe cet oiseau mythique de l’arc alpin. On le contourne pour éviter de le déranger, plus que ce qu’il a déjà été. On continue notre progression vers l’endroit supposé de nos bouquetins. Après avoir repris un peu notre souffle, il est temps de passer l’arrête. Ils ne devraient pas être bien loin. Bingo! Il se trouve à quelques dizaines de mètres de nous. Il nous repère, se lève et s’approche de nous. Il s’approche et semble nous dévisager puis continue sa route. On continue notre pérégrination pour trouver une petite grotte secrète que je meurs d’envie d’explorer depuis bientôt 1an maintenant. On n’a pas vraiment le bon équipement pour le faire, mais on va quand même tenter de voir ce que ce gouffre nous réserve. L’entrée est relativement grande, avec pleins de petits trous percés dans le plafond. Par endroit, de la neige pénètre formant des cônes au sol. Plus profondément dans la grotte, la neige laisse place la glace. Les stalactites et les stalagmites nous font entrer dans un autre monde. Un monde féérique où le temps semble suspendu. La grotte ne semble pas vraiment continuer plus profondément, mais il faudrait désescalader deux mètres verticaux particulièrement glacés pour s’en assurer. A la place, on admire ces sculptures de glace. Finalement, le froid mordant de la glacière nous fera quitter ce lieu. Une fois le portail entre les mondes franchi, nous revoila téléportés dans ce haut plateau minéral, parsemé de plaque de neige.   Le lendemain, on s’élance en direction du glacier fermant le fond de la vallée. Sur le chemin, un lac s’est temporairement transformé en patinoire. La tentation est trop forte pour ne pas tenter quelques glissades. Après quelques traversées, des taches plus sombres et de petites bulles attirent mon attention. Elles ne sont pas très marquées mais je tente tout de même quelques images. Nous sommes encore loin du glacier que l’on peut apercevoir sur le haut des images. On se remet en route. Le froid mordant commence à geler l’eau, en bordure des rivières. Des motifs sont figés dans cette glace la rendant très graphique. C’est l’occasion de faire une petite pause avant de repartir. La terre a maintenant totalement disparu. Nous déboulons dans un terrain plus nivéal avec des pierriers. Le glacier n’est plus bien loin. Après une ultime montée, voici l’entrée de la grotte qui se dresse magistralement devant nous. Malgré mes multiples visites sur place, l’effet est toujours le même : ces dimensions démesurées me ramènent instantanément à ma fragilité ; moi, humain. Au côté du glacier, on ressent cette force de la nature qui façonne les vallées et polit les roches. Le bleu de la glace est d’une telle pureté, d’une telle beauté qu’il est difficile de lui rendre justice en image. Mais en vrai, ces géants de glace sont bien mal en point. Ils reculent à vue d’œil et il n’est pas rare que la partie basse du glacier se détache du reste et ne devienne plus qu’un bras mort. C’est un peu le cas ici, le bras mort n’est plus alimenté par le berceau du glacier et ne bouge plus. En étant statique, l’eau de fonte y creuse d’énormes galeries et le transforme en un gros Emmental. C’est assez impressionnant à voir. Ici, 3galeries distinctes transpercent la langue du glacier de part en part. Une galerie de plus de 300m s’enfonce dans l’autre sens. Avec Lisa, on prospecte un bon bout. Sur la fin, il faut progresser en rampant. Ça devient véritablement de la spéléo sous-glaciaire. On ressortira de là complètement recouverts de limon, avec de la terre dans les cheveux et pour ma part, une doudoune totalement éventrée. Puis nous remontons encore un peu, pour rejoindre la partie « vivante » du glacier. Il faut faire plus attention et avoir le pied sûr, car nous passons à proximité de crevasses. Une centaine de mètres plus loin, nous voilà dans cette nouvelle grotte. Ici, pas de roche au sol. Nous sommes entourés de glace. Les zones dénuées de neige sont particulièrement glissantes. On explore les lieux prudemment. Lisa découvre un espadon pris dans les glaces. Pas vraiment un espadon (ou raie manta) datant de l’océan Téthys mais plutôt un bout de glace ressemblant à une tête d’espadon avec son long museau pointu. Quel animal se dessine ici? Plus profondément, on découvre aussi du givre avec des formes hypnotisantes. On parcourt ensuite des boyaux de glace. Puis Lisa m’interpelle après avoir trouvé des formations intéressantes dans la glace. On dirait une sorte de réseau de neurones, ou plutôt un poumon glacé ? La partie centrale peut même faire penser à une toile d’araignée de la Téthys ! A force de procrastiner dans le glacier, on en vient presque à oublier l’heure. Nous avons encore une bonne dizaine de kilomètres à redescendre. Une belle journée bien remplie, mais ce n’est pas encore terminé. Dans le faisceau des phares de la voiture, on distingue une grosse silhouette qui s’envole d’un champ. En se rapprochant, on a l’honneur de voir un grand-duc ! Celui-ci patientera même le temps que je prenne une photo à travers le pare-brise avant de décoller pour aller chasser !   Le weekend suivant, je profite d’un trajet vers Zurich pour faire un petit crochet dans le Jura. Bon, je me suis un peu trompé de village car il y en avait un du même nom dans le canton de Fribourg. Un petit détour d’environ 3h :) Mais pas le temps de Niaiser. Le lendemain, on part pour l’ascension d’un des sommets les plus proéminents de la région, le Chasseral. La neige fraichement tombée magnifie le paysage, on passe au centre des falaises de la Combe Grède saupoudrées de neige. On se sent tout petit dans ce vallon aux parois vertigineuses. C’est dans cet environnement que l’on croise les maîtres incontestés des lieux, les chamois. Comme un poisson dans l’eau, un chamois saute les 3-4 mètres de falaise pour se réfugier dans la forêt pour le reste de la journée. Le petit cabri, lui est bien plus hésitant à suivre sa mère mais finira tout de même par sauter le pas. On continue à faire la trace dans la neige fraiche, puis nous gravissons quelques échelles afin de nous extirper des falaises. Nous arrivons dans des pâturages et marchons jusqu’à une cavité qui était anciennement utilisée comme garde-manger. A l’époque où les frigos n’existaient pas, certains utilisaient des « frigos » naturels pour stocker leurs vivres. En été, selon la topologie du terrain, l’air froid est plus dense que l’air chaud et « coule » dans des creux de doline pour y stagner ensuite. L’eau de la fonte de la neige de surface s’écoule également dans ces dolines et gèle une fois en contact avec l’air froid. Des structures de glace telles que des piliers ou des lacs gelés peuvent s’y former. Malheureusement, celle que nous visitons est totalement sèche. Avec le recul, ce n’est pas forcément étonnant car nous sommes au début de l’hiver (fin novembre). Toute la glace a fondu pendant la période estivale et il faudra attendre la fonte de la neige, au printemps, pour reproduire ce phénomène naturel si particulier. On y retournera ! Le temps presse, le soleil commence à bien descendre sur l’horizon et nous sommes encore bien loin de notre but : le sommet du Chasseral ! Plutôt que de suivre la route qui nous ajouterait quelques km au trajet, on trace à travers la forêt : droit en haut la dérupe pour rejoindre la crête. Ce n’était pas forcément la plus brillante des idées car c’était une forêt pleine d’arbres… Après un bon coup de chaud et quelques galères dans les petits buissons cachés par la neige, on arrive au sommet de la crête avec une vue dégagée. De là, on voit notre objectif : le sommet du Chasseral. On voit aussi surtout que l’on est très à découvert par rapport au vent. Le souffle nous fouette le visage avec des grésillons. Il faudra que l’on trouve un coin un peu abrité du vent pour poser notre tente, si l’on ne veut pas se réveiller au beau milieu du lac de Neuchâtel. Après encore une bonne petite heure de marche contre le vent, avec autant de petites montées que de descentes, nous voilà sur le sommet. On installe la tente juste à temps pour profiter des derniers rayons de soleil. Les arbres crépis de neige par le vent s’illuminent de mille feux. La vue sur les lacs du plateau et le soleil disparaissant derrière la crête nous font presque oublier le froid mordant ! Mais sitôt que le soleil s’estompe, le froid pénétrant refait son apparition. C’est le moment de se cacher à l’abri dans la tente. Lisa a pensé à tout : un caquelon dans le sac, un peu d’ail, un mélange de fromage et un peu de bière. Rien de mieux qu’une fondue sur le réchaud à gaz pour réchauffer nos cœurs d’artichauts par -7°C. C’est le ventre bien rempli que l’on enlace les bras de Morphée. Elle ne nous retiendra pas bien longtemps car un réveil strident nous extirpe de notre sommeil. C’est le téléphone qui nous avertit du lever de soleil imminent. Un zip de fermeture éclair plus tard, la tente s’entrouvre et laisse apercevoir une impressionnante mer de brouillard. Le ciel s’éclairci de plus en plus jusqu’à ce que le soleil émerge et fasse rougir les eaux de la mer. On se sent privilégiés avec cette vue sur l’océan. Le soleil réchauffe les eaux qui deviennent de plus en plus tumultueuses. La marée devient montante et en quelques dizaines de minutes, nous voilà noyés sous les flots. On ne voit plus à deux mètres dans ces eaux troubles. On referme le hublot et l’on récupère le sommeil volé par le réveil jusqu’au début de l’après-midi, avant de plier les voiles et de partir au large.   Un nouveau module de la formation d’accompagnateur va débuter. Nous ne sommes pas dans la même volée mais les deux semaines de formation se suivent. La parfaite excuse pour des sorties en montagne pendant les weekends. Quelques jours plus tôt, j’ai vu passer des images de grottes de glace avec des sols totalement gelés. Après une courte investigation, le lieu de notre prochaine balade est connu ! Une heure de route plus tard, on triche un peu en gagnant quelques centaines de mètres de D+ en prenant les remontées mécaniques. De la cabine, on observe attentivement le glacier pour trouver l’entrée de la grotte à explorer. Puis, dans notre dos, on entend : « regarde, c’est là l’entrée de la grotte de glace noire ». Ils pointent du doigt en direction du glacier. Bah parfait, l’entrée est déjà toute trouvée ! En revanche son accès ne semble pas si simple. Elle n’est pas en fin de glacier, comme habituellement, mais en plein milieux. Il y a une bonne petite montée à faire en peau et de la cabine on voit de belles crevasses. Il y a aussi quelques traces de free-rider qui slaloment entre les crevasses. On repère le passage le plus sûr avec des traces de skis et sans trop de crevasses. Une fois arrivés au sommet, on met les peaux et on commence à faire des conversions dans la pente du glacier, sur les traces des skieurs. Il y a une très fine couche de poudreuse d’environ 4-5cm. Dessous, la neige est ultra dure à cause de la pluie qui est tombée jusqu’à 3500m quelques jours plus tôt. Dès que la pente est un peu plus raide, il faut taper fortement les skis pour avoir un minimum d’adhérence.  La montée est bien galère et pour arranger le tout, en faisant la trace, un pont de neige cède devant mes skis et laisse entrevoir une petite crevasse. Elle n’est pas bien large. On pourrait facilement l’enjamber, mais elle n’est pas dans le bon sens de la pente. Je décide de reculer de 3m et de faire une conversion plus tôt (et plus raide) pour la contourner. Après une montée plus chargée émotionnellement et physiquement que prévu, nous voilà devant la grotte. Une chose est sûre en la voyant, ce n’est clairement pas la bonne grotte ‘^^ : le sol n’est pas beau lisse comme une patinoire. Non, ici ce sont de gros blocs de glace qui jonchent le sol. Mais elle n’en reste pas moins belle pour autant ! L’entrée est impressionnante par sa taille et l’on peut même voir une falaise en serpentine, coté montagne. Cette roche nous vient de la plaque océanique, qui se trouvait sous l’océan de la Téthys il y a 200millions d’année. Une roche qui était autrefois dans les profondeurs océaniques, se retrouvant aujourd’hui à 3000m d’altitude, sous un glacier. Bref, il est temps de mettre les crampons et de descendre voir cette grotte ! Elle n’est pas bien profonde, mais les blocs de glace au sol brillants tels des diamants donnent un côté magique à la grotte. La magie est de temps en temps balayée pas un craquement sourd et profond du glacier en mouvement qui nous rappelle qu’il ne faut pas trop-trop trainer dans ce genre d’endroit. Certaines parois de la grotte sont légèrement nervurées, faisant penser à du marbre blanc. C’est extrêmement beau à voir, mais ce genre de détails est très dur à retranscrire en photo. A la place je vous montre une image de moi, bronzant au chaud devant cette fameuse parois. Une fois ressortis de cette grotte, on se dit que l’on va tout de même essayer de trouver la grotte que l’on est venu chercher à la base ? Mais avant ça, il est temps d’aller manger deux trois bricoles au resto des pistes ! Une fois rassasiés, on reprend les remontées mécaniques et cette fois, on redouble de vigilance pour trouver la fameuse entrée de la grotte. Cette fois-ci, c’est bon : elle est définitivement repérée. Elle n’est vraiment pas loin du domaine skiable, ce n’est finalement pas un mal d’y aller aussi tard dans l’après-midi. On est moins dérangés par les autres curieux. Recouverte d’une épaisse couche de glace, la grotte est splendide ! Des lignes se dessinent au sol et font penser à des courbes de niveau. J’ai de quoi tenter quelques images graphiques. Pendant que je m’extasie devant les lignes blanches de la glace, Lisa profite pour explorer la grotte de glace. Elle trouve un petit tunnel partant dans une autre direction. Elle y trouve une belle structure de givre en demi-cercle. Je la rejoins et tente quelques images mais ce n’est pas évident de trouver un angle mettant la structure en valeur, d’autant plus qu’il y a très peu de lumière. Ce bout de grotte est aussi bien plus humide, la glace est complètement trempée et l’on est obligés de se déplacer en rampant. En effet, il ne doit pas faire plus de 1m30 par ici. Finalement, on décide de fixer une lampe frontale au plafond avec une broche à glace pour rétro éclairer et faire ressortir les structures du givre. Bref, c’est complètement trempé que nous ressortons de cette grotte, après le coucher du soleil. Sans habits de rechange, on grelotte un peu. Le froid fait son effet. Plus que mouillés, nous sommes maintenant complètement gelés. Nos vêtements craquent un peu lorsque l’on bouge. On descend les pistes à la lueur de la frontale. On profite d’une trace de dameuse remontée un peu plus tôt, pour skier sur une piste fraîche, quel bonheur. L’after en station avec l’après-ski n’était pas en reste mais je n’ai pas d’image à vous montrer :)   Il est temps d’aller faire un petit contrôle hivernal de la cabane de chasse. Voir si la neige s’y est infiltrée et si les souris ont saccagé l’intérieur. Pour y arriver, deux bonnes heures de ski de rando sont nécessaires. D’abord une belle montée, puis un long bout de plat. Une fois devant la cabane, il faut dégager la porte d’entrée. Cette année il n’y a pas tant de neige, quelques coups de pelles et nous voilà à l’intérieur. Pas de neige, pas de souris, rien, la cabane est comme on l’a laissée à l’automne. On sort la table et une chaise longue à l’extérieur pour profiter du soleil radieux et casser la graine. Avant que l’ombre des montagnes nous refroidisse avec le soleil couchant, on se remet en route pour sillonner les crêtes de la région. De là, on admire le coucher de soleil. Tout devient rose, le Bietchhorn se pare de superbes couleurs avec quelques restes de nuages lenticulaires. Une fois que les lenticulaires passent dans l’ombre de la terre, seuls les nuages stratosphériques captent les couleurs rosées du soir. Ce contraste entre ombre et lumière me fait penser aux nébuleuses sombres que l’on peut observer dans la nébuleuse tête de cheval par exemple. Ces nuages de gaz bloquent les rayons cosmiques derrière eux, les faisant ressortir par effet « contre-jour » comme des ombres chinoises avec de magnifiques drapés gazeux. Une fois le soleil définitivement disparu derrière les montagnes, on attaque la pénible descente à ski. La neige est super soufflée et très dure. Heureusement, une fois les pentes moins exposées rejointes, le ski devient bien plus agréable. Pendant que l’eau des pâtes au pesto chauffe, je profite pour mettre en boîte la cabane de chasse sous un ciel étoilé avec d’un côté Orion et de l’autre la Grande Ourse. Toujours l’occasion de remettre les choses en perspective. D’un côté l’immensément énorme et de l’autre l’insignifiant minuscule ! A la fin du mois de février, un ami ayant fait les deux écoles de recrue en même temps que moi (fractionné) partira pour plus d’un an en Amérique du Sud. Avant qu’il parte, on organise une petite sortie par chez lui pour marquer son départ. Le seul hic, c’est qu’il ne sait pas trop quoi faire par chez lui. C’est donc parti pour un brainstorming sur les choses à faire dans la région de St-Gall en hiver. Pas évident d’organiser un weekend sans vraiment connaître les conditions dans une région à plus de 4h de route. Finalement, c’est un bon exercice d’accompagnateur en montagne :) Le planning retenu est : une montée sur le sommet du Riggi le vendredi soir avec bivouac, rejoindre Corsin le samedi midi pour faire le sommet du Chäserrug, profiter du coucher de soleil sur le Wallensee et bivouaquer dans un Igloo. On profiterait aussi de visiter quelques cascades sympas dans la région. Une fois planifié, il ne reste plus qu’à réaliser en espérant que les conditions sur place correspondent aux conditions anticipées avant la sortie (principe du 3x3). Après 3h30 de route, j’arrive au point de rendez-vous au pied du Riggi côté nord. Lisa est toujours motivée pour monter au sommet, malgré qu’il pleuvine, qu’il n’y a pas tant de neige et qu’il fait déjà nuit noire, obscure et sombre. On commence la montée en peau et l’on prend un raccourci dans la forêt. Rapidement, la neige est insuffisante et il faut porter les skis. En montant, la pluie se transforme doucement en neige, un peu plus agréable. Un fois hors de la forêt, le vent prend de l’ampleur et la neige commence à bien fouetter au visage. La neige béton et les pentes très raides nous empêchent de monter en peaux en faisant des conversions classiques. Le plus simple et d’attaquer droit en haut les pentes en priant que les peaux adhèrent. Sur la fin, le brouillard fait son apparition et l’on ne voit plus grand chose. On finira finalement sur le mauvais sommet du Riggi (Riggi Schneidegg à la place de Riggi Kulm (changement de plan en raison du timing)) mais ça ne changera pas grand-chose car avec l’épais brouillard, on n’y voit de toute façon rien. Le montage de la tente est un peu tendu avec ce vent. La tente Samaya est ultra light (1,5kg pour une tente 4 saison). Si elle n’est pas maintenue, bye, bye pour elle. Il faut aussi faire attention avec les arceaux qui sont fins et fragiles. Une fois la tente montée, on la tend avec des ficelles à nos battons retournés et skis plantés dans la neige. Ça permet de répartir la tension des arceaux dans les skis et éviter la casse. Le temps de monter sur le sommet, installer la tente, voilà qu’il est déjà 1h du matin. Les nuits sont généralement courtes ‘^^ Au petit matin, le brouillard s’est légèrement dissipé. On n’a pas vraiment le temps de trainer car nous avons rendez-vous avec Corsin à midi, en plaine, au bord du Wallensee. Lisa a amené un super déjeuner avec un muesli et une petite bouteille de lait. On y rajoute des tranches de bananes et des carrés de pommes pour le museli royal. Puis on plie le camp et l’on se fait quelques jolies descentes avant de devoir à nouveau porter les skis dans la forêt par manque de neige.     Après avoir mangé typiquement Suisse-Allemand chez mon ami Corsin (riz au lait avec compote de pomme), on décide de la suite du programme. L’un ayant uniquement des raquettes et l’autre ayant récupéré une paire de ski de rando à une amie, on décide de ne pas faire la montée jusqu’au sommet du Chäserrugg en ski comme prévu. Faire 1300m de D+ avec tout le matériel de bivouac et un équipement mal adapté ne nous aurait jamais permis d’arriver dans les temps et le but est aussi de prendre du plaisir !   Après m’être fait arnaquer sur le prix de la remontée, nous voilà au sommet du Chäserrugg à 2261m d’altitude. Du sommet, on ne voit pas vraiment le Wallensee qui est caché par d’autres massifs. Le vent souffle fortement sur les crêtes. En regardant les stations météo alentours sur l’application de météo suisse, les rafales de vent sont données entre 80 et 103 km/h. Un vent qui peut sérieusement nous déséquilibrer et qui nous met un peu le doute quant à la suite. Je propose d’aller sur le sommet du Hinderrugg qui devrait nous permettre d’avoir une belle vue. Il y a cependant une petite arrête enneigée à traverser. De loin, elle parait assez dangereuse car elle est bien exposée au vent et il y a une centaine de mètres de vide des deux côtés. Après un petit repérage, il s’avère que la crête est assez large et le risque bien limité. Après de longues discussions pédagogiques pour convaincre tout le monde, on se met en route en ski de rando et raquettes pour traverser cette petite crête et arriver au sommet du Hinderrugg à 2306m. De là, la vue est sublime mais le vent souffle vraiment à décorner des bœufs ! Il est temps de trouver le bon spot pour creuser un igloo. La question de poser nos tentes ne se pose pas. Avec ce vent, les arceaux cèderont à coup sûr ! Sur l’arrière du sommet, le vent a formé de massives corniches de neige, de quoi creuser un igloo très facilement. Le hic c’est que l’on n’a pas la vue directement sur le lac ni sur le massif des Churfirsten. Lisa, ayant pensé à tout, a pris son matériel d’avalanche au complet. On utilise donc la sonde d’avalanche pour tâter la neige afin de trouver un spot avec assez de profondeur pour y creuser un igloo et avec une vue imprenable sur la région. La plupart des sondages indiquent entre 90cm et 1m10 de neige. Puis, sorti de nulle part, sur un terrain pourtant plat, la sonde s’enfonce jusqu’à plus de 2m ! Quelques coups de sonde supplémentaires pour délimiter la zone de neige profonde et voilà, c’est fait. On a notre emplacement. Il ne nous reste plus qu’à creuser. On a pris qu’une seule pelle, on se relaie donc régulièrement.  Ceux qui n’ont pas la pelle dégagent la neige pour éviter d’accumuler dans l’igloo. Corsin est dans son élément, lui qui adore se dépenser en faisant du cross-fit se donne à cœur joie en creusant l’igloo. Il y va même un peu trop à fond, en descendant dans l’igloo pour le remplacer, on se croirait dans un sauna. Un léger brouillard c’est formé dans l’igloo et il doit bien faire 15°C ! On creuse l’igloo en découpant des blocs qui seront réutilisés pour certains dans la construction d’un muret à l’entrée. On profite du coucher de soleil pour faire une petite pause et admirer le paysage. Après 2h de creusage intensif, la nuit commence à s’installer et il est temps d’établir le camp dans l’igloo. On gonfle les matelas et l’on sort les sacs de couchage. A l’extérieur, c’est l’apocalypse : le vent semble souffler toujours plus fort. On est bien à l’intérieur de l’igloo totalement protégés du vent. Pendant que Lisa chauffe l’eau pour les pâtes pesto du soir et moi qui chauffe l’eau pour le thé, Corsin meurt de froid sur place. Évidement en transpirant comme un bœuf en creusant l’igloo, il s’est totalement trempé et n’a pas de vêtement de rechange. Dans ce genre de cas, il vaut mieux enlever les habits les plus mouillés et garder les plus secs. Il se cache ensuite au fond du sac de couchage pour sécher et se réchauffer au mieux. Le pesto et le thé chauds sont servis, de quoi se réchauffer un peu de l’intérieur. Il fait tout de même -9°C à l’extérieur de l’igloo. Ensuite, il est temps d’éteindre les lampes frontales et passer notre première nuit à tous dans un igloo. Au petit matin, avec Lisa, on se lève un peu plus tôt pour aller voir le lever de soleil. Le vent est toujours dantesque, on regrette presque le petit lit douillet dans l’igloo sans vent ni grésillon fouettant le visage. Heureusement, le ciel prend feu et fait presque oublier le vent désarçonnant. On est même rejoint par les deux marmottes qui viennent aussi profiter du lever. A peine le soleil sorti que les nuages le cachent et le vent souffle de plus belles. On décide de plier le camp. On porte ensuite les skis jusqu’au sommet des pistes avant de les dévaler. Évidemment, Corsin ne fait pas comme les autres et descend sur une luge monoski. Pas de soucis même sur les pistes noires verglacées. Bon après discussion avec Lisa, on est d’accord pour déclarer que ce ne sont pas vraiment des pistes noires :) On continue avec la suite du programme du weekend, avec la visite de quelques cascades. Malheureusement celle-ci est à sec au beau milieu de l’hiver… Il n’y a que quelques petites gouilles gelées. Puis, après une petite visite du Patriafite et quelques autres cascades, on se remet en route chacun chez soi. Un bien beau weekend avec une première. L’aventure avec un igloo est à refaire absolument ! Mais il nous faudra plus qu’une pelle comme matériel et quelques habits de rechange !   Vous êtes encore là? Je dois vous avouer un truc, ça me prend énormément de temps de tout écrire. Comme on fait beaucoup de sorties avec Lisa, je n’arrive pas toujours à suivre la cadence… On va donc passer en narration plus allégée, j’espère que vous ne m’en voudrez pas trop? Lisa veut sortir de sa zone de confort et vivre de nouvelles expériences de vie plus proches de la terre. Elle décide de trouver un nouveau travail auprès de familles paysannes. Elle cherche un alpage pour la saison d’été, l’excuse parfaite pour aller visiter des paysages façonés par l’agriculture de montagne.  On met le cap vers Gstaad et part en peaux de phoque vers un col, pour tenter notre première nuit en hamac. On est partis un peu trop à l’arrache : le coucher de soleil arrive bien avant que l’on passe le col. Le ciel prend de superbes teintes roses. Alors que je sors mon appareil photo du sac, Lisa file en direction du gros rocher, pour profiter de la vue.   Une fois au sommet du col, on descend un poil dans la forêt pour se mettre à la recherche de deux arbres propices au montage d’un hamac. On trouve un coin sympa, mais l’un des deux mâts de fortune me paraît faiblard. On se fixe sur deux de ses branches principales, pour répartir la force. Malgré notre installation de compétition, on doit se rendre à l’évidence : il ne sera pas possible de dormir dans le hamac. Heureusement, le plan B était prévu. Pendant que Lisa monte la tente, je terrasse la neige, dans la pente. On se rend alors compte que l’on a oublié les pâtes, pour les traditionnels spaghettis pesto (on avait le pesto). Dans l’intervalle, l’appareil photo capture pleins d’images en time laps.   A force de ramper sous les glaciers et sous terre, Lisa semble apprécier de plus en plus la spéléo. Elle connaît Vanessa du club spéléo du Jura, qui l’invite à faire une initiation dans une galerie souterraine, de presque 5km de long. Une rivière y coule et le but et de la remonter à contre-courant. Pas d’hésitation, nous voilà dans le Jura aussi frais que possible (visiblement, carnaval dure plus longtemps au Nord de la Suisse). Comme c’est une grotte très aquatique, on enfile nos combinaisons néoprène (merci Oriane pour le prêt de la combi !). Puis, il est temps de s’élancer dans la traversée de la grotte. On est beaucoup donc on se sépare en trois groupes. Le nôtre est plus orienté photo et vise l’exploration d’une zone peu connue du parcours. Sur l’image au-dessus, on voit une bonne partie de l’équipe. Malheureusement, on ne trouvera pas la petite galerie que l’on a pourtant bien cherché. On ne reste cependant pas sur notre faim car la grotte est splendide, avec pleins des petites cascades. C’est sûr qu’on reviendra, en y faisant un bivouac. La traversée est un spectacle indescriptible qui mérite que l’on s’y attarde plus.   Il y a quelques semaines en arrière, après une journée de formation, on a voulu partir en peaux repérer des grottes de glaces. Malheureusement, le lendemain on reprenait les cours à 8h et il n’a pas été possible d’y aller. Un peu frustrés de ce demi-tour forcé, on y retourne sur un weekend. Sur le chemin de l’aller, on croise deux loups qui nous passent devant les skis en courant ! Un moment magique… Lisa voulait même redescendre pour voir si on ne pouvait pas les débusquer. Après de longs faux-plats bien ennuyeux, on arrive au pied du glacier. On installe la tente et l’on se chauffe des pâtes pesto. D’ailleurs on a eu quelques mésaventures avec le réchaud à gaz : il n’y a pas que les pâtes au pesto qui ont chauffées… Le lendemain, on a tout le temps pour visiter le glacier et ses différentes grottes. Sur les trois découvertes, une est esthétiquement plus intéressante : J’éclaire deux blocs de glace avec une lampe et mon téléphone, pour donner cet effet translucide, presque surréaliste.   Voilà 4mois de balade avec Lisa résumés en un seul article. Il est particulièrement long, je m’en excuse. Promis, les prochains seront plus courts J’espère néanmoins que vous avez bien apprécié. A la prochaine !
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Alpa 12 STC: Prendre le temps de prendre le temps

Prendre le temps de prendre le temps. Réfléchir à la composition avant de déclencher, vivre la scène avant de la figer. Voilà l’idée que j’avais en tête en demandant en prêt l’Alpa 12 STC. Le but étant de photographier des géants de glace glissant et sculptant le paysage alpin. La lenteur de leur mouvement collait bien avec l’esprit « slow photography » du moyen format argentique. L’appareil est visuellement très beau et bien construit avec des cadres en aluminium eloxé noir et une poignée en bois. Tout est modulaire avec des systèmes de levier. Le cadre est carré et très symétrique. Il est possible de monter la poignée, le verre de visée et le support pour le trépied dans un peu tous les sens pour photographier en vertical ou en paysage. Pour cette petite expérience, je serai accompagnée par un 23mm f5.6 qui est un ultra grand angle ainsi que le 45mm f4.5 Rodenstock. Ce sont des optiques fabriqués par Schneider Kreusach et couvrant le format 6x9. Les optiques sont aussi magnifiquement construites avec un obturateur central déclenchable avec une petite poignée câblée. Pour rester dans l’état d’esprit de l’expérience, je suis parti sur un dos argentique avec des films Kodak Ektar 100 qui saturent un peu plus les couleurs (pour faire ressortir le bleu de la glace) Il m’a fallu bien quelques dizaines de minutes pour comprendre comment mettre mon premier film dans le dos mais à chaque péloche, je me sentais plus à l’aise. Il faut dire que ma seule expérience de l’argentique, c’est une peloche 24x36 avec un leica M2. Le processus normal avec ce type d’appareil est de dégrossir le cadrage avec le viseur puis d’affiner sur le dépoli. Je dois avouer que j’ai assez rapidement lâché l’affaire de dépolis car il n’est pas évident de contrôler la netteté et surtout de bien définir les bords de l’image. Le fait de devoir à chaque fois enlever le dos pour monter le dépolis et la « chambre » est aussi très chronophage. J’étais partant pour de la slow photography mais là, c’était un peu trop slow quand même :) Tant pis pour l’option shift que je n’aurais pas l’occasion de tester car pour visualiser l’effet du shift, il faut le dépoli. Je n’ai utilisé que le viseur qui a deux cadres, l’un pour le 23mm et l’autre pour le 45mm. Ainsi, il est relativement aisé de composer et il faut ensuite faire confiance au marquage de distance sur l’objectif mais au vu des développements, ça correspond bien (contrairement aux optiques modernes…) ! Pour protéger le film dans le dos, une petite plaque en métal bloque la lumière. Pour prendre une image, une fois le ressort du déclencheur tendu, il faut retirer cette petite plaque comme un rideau puis déclencher. Le seul hic, c’est que pour pouvoir enlever cette plaque sans taper en butée contre le cadre du Alpa, il faut monter le dos à l’envers. Ça ne change pas grand-chose au niveau des photos, par contre, ce n’est pas super pratique car pour réarmer le film et pour connaître le nombre d'images prises, il faut se contorsionner un peu… Un peu dommage pour un appareil à 20k€ mais on m’a dit qu’il était plutôt optimisé pour les dos numériques. Trêve de bavardage, laissons place aux images maintenant. Les premières expositions des cristaux d’argents aux premiers photons interviennent le lendemain de la récupération du boîtier au QJ d’Alpa à Zurich. Une sympathique rivière coule non loin de là avec de belles couleurs automnales Alpa 12STC sur trépied avec le déclencheur à distance Résultat de la peloche Image scannée et traitée Puis, il est temps d'organiser la série que j'avais en tête pour ce boitier. Faire des photos dans un glacier. Mais pour l'occasion, j'ai demandé à Alyaerys si elle ne voulait pas se déguiser en "peuple primitif des alpes". Elle a accepté et l'on est monté avec son maquilleur "thousand faces" pour faire les images. J'ai aussi profité pour prendre quelques bouts de bois pour faire un petit feu (allumé avec le réchaud à gaz et laissé un peu trop longtemps dessous, il a un peu fondu (jamais faire ça, la bonbonne aurait pu péter n'importe quand...)). Ou je n'ai pas fais gaffe non plus c'est que je me suis avancé avec le trépied sans recalculer la distance de mise au point donc mon sujet n'est pas super net :S Résultat de la peloche Image scannée non traitée Images traitées Image off du Alpa Puis, vient la sortie DxD en Valais ou j'ai profiter un peu pour sortir l'Alpa et prendre quelques images lorsqu'il n'y avait pas trop de marche (c'est l'Alpa le plus léger et le plus compact mais il fait quand même son poids le pépère) Résultat de la peloche Images traitées Puis, une petite visite dans le Jura vaudois à visiter quelques cascades Je trouve l'effet flou hamilton sur le feuillage automnale des arbres très plaisant. Un résultat que l'on a pas vraiment sur le numérique je trouve. Après, il y avait une cascade super jolie mais le film était vide et j'en ai pas pris une deuxième... Du coup, j'ai juste une jolie photo du Alpa dans son environement :) Et pour finir, c'est reparti pour prendre des images dans un glacier. Il y a aussi quelques images de lac glacé sur le chemin Résultat de la peloche Alpa sur le lac glacé Image scanée et traitée Alpa dans le glacier Image scanée et traitée Bref, ce n'est pas l'appareil photo le plus efficace ni le plus léger mais une chose est sûr, on prend drôlement du plaisir à l'utiliser! Le plus excitant étant encore de recevoir les images deux semaines plus tard! Merci d'ailleur au labo Diaprint pour leur boulot. Mais malgré la super finition du boitier et de son look, je ne pense pas qu'il vaille les 20k€ mais je suis sûr qu'il doit être possible de trouver des alternatives pour un prix plus raisonnable. Une expérience que je ne regrette pas du tout et que je pense réitéré à l'avenir!
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2 nuit en bivouac sous-terre

Comment l’installation de huit échelons pour faciliter la traversée d’un passage délicat se transforme en véritable expédition de trois jours ? Toute la réponse est dans la « facilité » d’accès. Le passage délicat se trouve à 3 km de l’entrée de la grotte en question. Il faut en moyenne 5h à une personne expérimentée pour y accéder. Il y a quelques passages délicats avec des étroitures où il est nécessaire d’enlever son matériel vertical pour passer. Il y a aussi des parties partiellement inondées, boueuses et beaucoup de boyaux où il est nécessaire de ramper. De plus, le matériel que le GSR (Groupe de Spéléologie Rhodanien) va installer (échelons en métal) est lourd et volumineux. Dans ces conditions, il n’est pas possible de réaliser les travaux en une journée. Nous installons alors un camp de base à 4h de l’entrée. Nous partirons de là frais et dispo, après une nuit de bivouac en direction du passage critique. Cet accès se franchit en remontant sur une corde mais avec les crues régulières en été dans cette partie de la grotte, cette corde se dégrade très rapidement. Il est même risqué de remonter sur cette corde qui peut se casser sous le poids d’une personne. Pour ces raisons, nous préférons assurer le passage en y fixant des U en acier inoxydable dans la roche comme en via ferrata. La plupart de l’équipe entre dans la grotte le vendredi avec tout le matériel pour le bivouac et pour la fixation des échelons. Ces travaux sont organisés par le GSR.

L'équipe propre avant d'entrer dans la grotte. Chab, Joanna, Nicolas, Jules, Oriane, Christian, Flurin et Kilian

Quatre spéléologues viennent juste pour amener l’équipement lourd jusqu’au camp et ne resteront pas pour la nuit. Chacun progresse dans la grotte avec un kit faisant dans les 8 à 14kg.

Benjamin en train de peser les kits

La progression jusqu’au camp prend un peu plus de temps qu’habituellement. Une fois au campement, un groupe s’occupe de construire le bivouac. Un autre groupe apporte déjà une partie du matériel lourd le plus loin possible en direction du passage à équiper tandis que les quatres aides-porteurs repartent vers la sortie. N’ayant pas pu me libérer le vendredi, je les rejoins en fin d’après-midi et croise les trois spéléos porteurs, en sueur dans le fond du premiers puits. On fait rapidement le point de la journée, on note sur la feuille au fond du premier puits l’heure d’entrée et de sortie de chacun, données importantes en cas de secours. Je leur pique une petite bouteille d’eau et continue ma progression dans la grotte. La cavité étant un véritable labyrinthe, il n’est pas rare de se tromper de passage. N’étant allé qu’une fois jusqu’au lieu du campement, je suis bien content de croiser les catadioptres laissés par l’équipe du matin pour éviter de me perdre. Je rage un peu contre mon kit (sac de spéléo) bien volumineux qui se coince partout mais ce n’est rien comparé aux kits pleins de matériel transporté par les autres. Juste avant l’arrivée au camp, je croise Oriane venue à ma rencontre avec une trousse de secours au cas où. On grimpe le dernier bout à moitié dans une cascade jusqu’au bivouac. Là, toute l’équipe est posée tranquillement sur les tapis de sol et commence tout juste à grignoter des noix et fruits secs. Comme le reste de l’équipe, j’enlève ma combinaison pleine de boue et retire mes chaussures pour attaquer l’apéro. Pour diminuer un peu le courant d’air, on tend deux couvertures de survie pour fermer le bivouac. Une petite fiole de whisky de Jules ainsi qu’une fiole de gentiane de Nico nous réchauffent de l’intérieur. Ensuite, il est l’heure pour les fameuses crêpes souterraines dont Oriane a le secret. Une diversité de garnitures stupéfiante avec au choix : moutarde-poires, champignons à la crème, sauce tomate aux câpres, tapenade, raclette, fromage de chèvre, miel à Chab, confitures, sirop d’érable, sucre et cannelle. Même une flambée au whisky ! Il devait y avoir un kit de 12kg juste pour les crêpes.

Benjamin retournant une crêpe

Joanna vs crêpe

Oriane au flambage de crêpe

Benjamin commence a être fatigué

Pendant que certains goûtent les différentes variantes de crêpes, Benjamin ne se sent pas très bien et ronflate déjà au fond du bivouac à côté des bougies servant à sécher les chaussettes mouillées suspendues aux ficelles de la tente. Après avoir bien mangé et avoir bu 4 thermos de thé, il est temps de débarrasser la cuisine pour installer les lits. Six personnes dans 8m cubes selon Jules ; totalement dans les recommandations COVID de l’Office Fédéral de la Santé!

Arc-en-ciel de sac de couchage

Le lendemain, le réveil sonne tôt.

Benjamin, Oriane et Jules au réveil

Il est l’heure de se lever, de manger quelques flocons d’avoine et un petit thé avant d’enfiler les combinaisons bien sales pour certains voire mouillées pour d’autres. Nous devons encore préparer les kits pour la journée avec le pique-nique. Nous nous mettons rapidement en route car le chemin d’accès est long et exigeant.

Benjamin avec une draperie de méduses

Les complications commencent dès le début de la progression : une voûte mouillante difficilement contournable.

Benjamin tentant la traversée au sec

Nicolas et Benjamin arrive à traverser sans se mouiller en escaladant sur les bords mais pour les autres, c’est une baignade qui nous attend. Sur les bords au plus profond, un peu moins d’un mètre, de quoi se mouiller jusqu’au bas du slip.

La dame du lac

Dans tous les cas, je regrette vite de ne pas avoir pris les bottes car mes chaussures de montagne pèsent 4kg de plus après ce passage aquatique. Plus l’on progresse et plus les galeries se rétrécissent. On avance accroupis mais bientôt, la hauteur est telle que nous devrons ramper. Le ramping se fait sur des centaines de mètres, cela parait interminable. Au bout d’un moment, nous arrivons devant la fameuse « étroiture Benjamin » et nous devons enlever nos baudriers.

Explication sur l'étroiture

L’étroiture est telle qu’il est difficilement possible de passer avec notre équipement. On est vraiment entre deux dalles et le passage doit faire 25cm à tout casser. On se couche sur la dalle, on met les chaussures en canard (à plat), on met la tête de profile et on se laisse glisser dans l’étroiture. Ça passe tout juste mais ça passe. On se passe ensuite le matériel en faisant une chaîne. Au bas de ce passage, on retrouve le matériel lourd amené par une partie de l’équipe la veille. On poursuit la progression, toujours en rampant avec des cailloux bien pointus jonchant le sol. Même avec les genouillères, avec le temps, la douleur se fait bien sentir. Progressivement, le plafond de la grotte s’élève et l’on continue accroupis en tirant nos affaires derrière nous. Nous rencontrons quelques petits passages à grimper et à désescalader où il faut être bien attentif car un faux pas pourrait nous faire basculer trois voire quatre mètres en contrebas.  On arrive ensuite dans le réseau actif de la grotte, c’est-à-dire que ces tubes de roches sont remplis d’eau lors des crues. Cette partie de la grotte est bien plus propre car régulièrement lavée par les eaux. La cavité devient aussi plus grande et l’on peut marcher debout, quel moment incroyable d’enfin pouvoir se dresser ! Nous voilà enfin devant le passage compliqué avec le bout de corde bien usé. On sort les huit marches en acier, la perceuse, les 12 accu, la masse, la pompe à air, les brosses et la colle des kits. Malheureusement, on ne retrouve pas les bouchons d’oreilles… Benjamin attaque le premier perçage et arrivé à la moitié de trou, l’accu est déjà vide. A ce rythme, ce n’est même pas sûr que 12 accus suffisent. Heureusement, les autres accus, - plus récents -, tiennent 2-3 perçages. Le reste de l’équipe attend patiemment dans le bruit assourdissant de la perceuse. Entre notre immobilité, la température de la grotte et nos habits humides, nous ressentons rapidement le froid. Pour éviter de trop avoir froid, on met en place une petite tente de fortune avec une couverture de survie et on allume une bougie trois mèches pour se réchauffer. Une fois tous les trous percés avec la mèche de 20mm, il est temps de bien les nettoyer à l’aide d’une pompe à air et d’une brosse. Ainsi, la colle adhérera bien mieux à la roche. Une fois la colle deux composants dans le trou, il faut taper la marche en acier à la masse et attendre que tout sèche. Pour prospecter la suite, on emprunte la corde fraichement installée en faisant bien attention de ne pas marcher sur les barreaux pour laisser la colle se durcir. Le groupe se sépare en deux avec une partie rejoignant le lieu-dit de la grotte « la rivière » alors que les autres montent une pente de boue pour prospecter une nouvelle section de grotte et la topographier (faire une première). Je fais partie de la team « balade à la rivière » qui est l'endroit le plus éloigné de l'entrée de la grotte. On commence à bien l’entendre cette rivière qui résonne de plus en plus fort dans le tunnel de la grotte qui s'élargit. Après une courte balade, nous voici à la rivière. Le débit est vraiment impressionnant !

La rivière avec une cascade au fond d'où plonge le siphon. Nicolas tentant une approche

Au fond, on voit une corde noire qui remonte une cascade. Ne voulant pas trop se mouiller davantage, nous n’irons pas plus loin. Nous voilà arrivés à une rivière souterraine sortant de nulle part après 7h de progression dans la grotte ; c’est juste irréel. Mais ce qui est encore plus fou, c’est de savoir qu’avant nous, des plongeurs souterrains sont venus ici. Ils ont emmené tout leur matériel de plongée, bombonnes d’oxygène et poids pour explorer le siphon sous la cascade. Le siphon fait plus de 300m de long et ouvre sur une galerie qui continue et aboutit à nouveau sur un siphon plus court cette fois. Ce siphon ouvre sur une galerie boueuse et étroite qui ne semble pas se terminer. Personne n’en a encore vu le bout car c’est tellement engagé déjà d’arriver jusqu’à la rivière mais ensuite de traverser des siphons... Parfois, lorsque je raconte un peu mes aventures, certains me disent que je suis un grand malade et que je fais des choses un peu hors du commun mais pas du tout… Il y en a des bien, bien, bien plus tarés et les plongeurs en spéléo en font partie ! Rien qu’imaginer l’accumulation des difficultés donne le tournis.

Joanna sur le retour dans la galerie active de la grotte

Nous, nous rebroussons chemin à la rivière. On arrive au croisement où l'on s'est séparé du reste du groupe. A ce croisement, à droite la rampe de boue, tout droit le chemin du retour et derrière nous la rivière d’où l’on vient. Pour savoir si un des deux groupes est rentré, un petit cairn a été construit. S’il est détruit alors ça veut dire que l’autre groupe est déjà en train de retourner au bivouac. On s'est donné 18h comme dernier délai avant de repartir, il nous reste encore bien 1h30 à tuer. On décide de monter la rampe de boue à la rencontre de l’autre groupe. La montée est bien glissante ce qui nous fait redoubler d’ingéniosité pour augmenter notre adhérence ou s'accrocher dans les interstices de la roche de manière acrobatique. Sur les côtés, l’humidité des parois et la boue créent un paysage miniature. Comme des petits sapins pleins de neige sont sculptés en miniature.

Joanna géante à coté de la petite foret de boue

Avec de l’imagination on peut aussi voir quelques collines et des rivières qui ruissellent. Malheureusement, je n’ai pas pris un objectif adapté pour photographier cette scène miniature incroyablement détaillée. J’essaie tout de même de l’immortaliser. Oui, vous avez bien lu, je suis en train de m’extasier devant des tas de boue au plus profond d’une grotte. Je n’ai pas honte et je le redis, c’est probablement une des plus belles choses que j’ai vues, de la boue peut être vue comme un paysage jurassien avec des sapins enneigés ! Je ne cesse de m’émerveiller de tout ce que la nature nous offre. Je reviens assez rapidement à mes esprits car la suite du chemin est bien glissant. On continue notre ascension dans une pente de plus en plus raide et glissante. Ça devient un véritable challenge de monter ne serait-ce qu’un mètre sans en dégringoler 20 dans ce toboggan. Tant bien que mal, on arrive sur un petit replat et là, plus rien, plus de suite. On n’en revient pas, où est l’autre groupe ? On a bien vu une corde en montant partant dans une cheminée, seraient-ils passés par là ? La corde semblait bien sale et connaissant Benjamin de l’autre groupe, il l’aurait probablement remplacé. On ira voir en descendant si l’on voit des traces de pas. Autant il est possible d'adhérer avec les genouillères et les mains à la montée autant pour la descente, c'est mission impossible. Parfois, les prises décrochent et il faut gérer la descente au mieux. Il faut rester très vigilant car à une telle distance de l'entrée de la grotte et vu l'engagement élevé, un accident peut très vite se révéler compliqué. Ressortir avec un bras, pied ou côtes cassées est très douloureux et il est difficile d'effectuer les manipulations sur corde. Il est quasiment inimaginable de sortir quelqu'un en brancard aussi profondément dans la grotte (ce compterais en semaines d'intervention intensive). On croise aussi quelques excentriques

Petites stalactites ne tombant pas à la verticale se nomment des excentriques

Nous voilà arrivés à la fameuse corde. Nico y grimpe, jette un œil et nous dit que ça vaut pas le coup, c’est que de la boue avec un puits, pas de traces. Bizarre, où ont-ils bien pu passer ? Nous voilà de retour au croisement, le cairn est toujours là. On décide de le casser et de retourner au bivouac. On leur laisse les affaires pour équiper et l’on prend le reste. Le retour est aussi horrible que l’aller avec la difficulté en plus que les « expérimentés » en spéléo ne sont pas avec nous. On doit retourner sur nos traces selon nos souvenirs et en repérant les catadioptres qui ont été placés la plupart du temps à des endroits stratégiques.

Joanna passant devant une fusion d'une stalagmite et d'une stalactite. Une stalagmitetite?

On escalade, désescalade des puits et on traîne nos kits dans les boyaux de la grotte qui semblent interminables. Mes bras sont en feu, je vais avoir des courbatures toute la semaine, c’est sûr. Après quelques galères, nous voilà arrivés au camp de base. Il est 21h, on décide de nous inquiéter si l’on ne revoit pas le deuxième groupe d’ici minuit. Mais heureusement, ils arrivent vers 22h, juste au moment où l’on s’est bien mis à l’aise dans le bivouac avec quelques biscuits en apéro et le thé qui chauffe sur le réchaud. Visiblement, ils étaient bien partis sur la corde que l’on est allé repérer et ils sont bien partis dans ce puits plein de boue qui ne semblait pas super accueillant. Le groupe d’exploration nous confirme que c’était bien dég avec plein de boue et bien serré aussi. Finalement, pas mécontent d’être allé visiter cette rivière et avoir fait du toboggan :) Après avoir mangé un lyophilisé, on se couche assez tôt car demain on se lève aux aurores (même s’il n’y a pas vraiment d’aurore dans la grotte) pour sortir vers 14h.

Bivouac éclairé par les frontales au petit matin (les couvertures de survie deviennent translucide)

Le lendemain, on plie tout le camp, on range le bidon à caca et l’on se met en route chacun avec deux kits.

L'équipe bien boueuse avant de se mettre sur le chemin de la sortie. Lionel, Joanna, Oriane, Benjamin et Nicolas

Nous progressons lentement vers la sortie en traînant cette fois deux kits avec nous lorsque l’on rampe. À 1/3 de la sortie, on trouve Fred et trois amis à lui qui viennent dans l’autre sens pour visiter la grotte. On leur laisse deux kits qu’ils ramèneront lors de leur retour. On continue vers la sortie en se passant les kits à la chaîne dans les passages plus délicats. On arrive enfin au dernier puits ou Benjamin met un place un système de balancier pour monter 6 kits rapidement. Avec une poulie micro-traction, il se laisse descendre dans le vide et avec son poids, les sacs remontent. Et nous voilà dehors après plus de 50h sous terre pour équiper un passage risqué au fin fond de la grotte qui facilitera probablement les futures expéditions du GSR.   Merci à Joanna pour la plupart des vidéos illustrant l'article. Merci à Benjamin pour l'organisation de l'expédition. Merci au GSR pour le matériel installé et le matériel de prêt. Merci à tous les participants pour leur aide dans le port du matériel mais surtout pour leur motivation et bonne humeur! Absolument vital d'être une bonne équipe lorsque l'on reste trois jours dans un milieu aussi hostile!   A la prochaine pour de futurs expéditions
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Un Bordelais en Suisse

Habituellement, en cette période de l’année, nous nous retrouvons avec certains forumeurs d’Alpha DxD au Creux du Van. C’est devenu un peu un rituel et nous sommes en général une trentaine. Malheureusement, avec les restrictions covid entre les quarantaines imposées à l’allée et au retour ainsi qu’aux tests PCR à faire tous les 2j, il a judicieusement été décidé d’annuler la sortie.

Mais, Clément de Bordeau avait déjà pris ses billets d’avion (non remboursable) pour Genève. De quoi organiser une sortie découverte de la région dans la neige. Une belle excuse pour aller brasser les cm de poudreuse tombé ces derniers jours.

Après l’avoir récupéré jeudi soir à la gare, on monte tester les raquettes en vitesse sous des mélèzes.

 

Le jeu d’ombre et de lumière contraste bien avec le relief de l’Obergabelhorn

Obergabelhorn avec ses 4063m

Un peu à court d’idée pour le lendemain matin, je scrolle sur Instagram et voit passer une vidéo d'une cascade avec pleins de petites billes gelées formant des structures intéressantes au pied de la cascade. Je me dis que ça peut être une bonne idée d’image et comme la température avoisine les -6 en ce moment en plaine, il y a peut-être des chances d'avoir de jolies structures gelées. Malheureusement, pas de structure gelée à la cascade en question mais tout de même une chouette ambiances !

En montant l’après-midi sur le spot suivant, on fait un petit détour par les pyramides d’Euseigne. Ces demoiselles coiffées sont impressionnantes mais dur à photographier. Ce coté brumeux et neigeux aide peut-être à ajouter une ambiance plus mystique ?

Puis arrive la partie un peu plus challenge du weekend, partir en bivouac en condition hivernal. Le bulletin d’avalanche n’est pas très réjouissant, danger 4 sur 5 dans la plupart des alpes. J’ai pu trouver un coin avec relativement peu de neige fraiche (40cm) avec un danger de 3 sur 5 ce qui reste élevé pour ce type de sortie. Nous n’allons pas empreinter des pentes raides mais il y aura quelques passages avec des expo à avalanche. On s’équipe chacun d’un DVA pelle et sonde. Raquettes au pied, on progresse en direction du glacier.

Sur la montée, on croise une vieille femelle de bouquetin avec un comportement un peu bizarre. Elle ne semble pas marcher sur les arrêtes ou la neige est plus soufflée mais semble marcher avec peine dans les combes enneigées. On prend quelques images (on n’a pas vraiment pris les objectifs photos adéquats) et l’on fait un petit détour pour éviter de la déranger inutilement.

Bizarre une femelle bouquetin toute seul en période de rut. Ces derniers jours ne doivent vraiment pas être très loin…

Nous avons encore quelques km à parcourir et quelques mètres cubes de poudreuse à brasser avant d’arriver à notre destination avant la nuit !

La grotte de glace semble proche mais est encore loin… Mais à force de mettre une raquette devant l’autre, nous y sommes. Bien content de pouvoir montrer ce joyau de glace à Clément. Pour moi, c’est une des choses à voir avant de mourir (je ferais peut-être, un jour, la liste complète dans un autre article).

La grotte c’est encore effondré depuis la dernière fois. Tout un pan à l’intérieur c’est effondré recouvrant le sol d’un tapis de glaçon. C’est très esthétique mais ça indique à quel point c’est dangereux. J’étais venu la dernière fois, 1 mois de cela et cet effondrement n’y était pas !

Cet effondrement créer quelques structures originales, de quoi tenter quelques images qui changent un peu de l’ordinaire.

On profite aussi pour explorer une petite grotte annexe Un trou dans le plafond du glacier laisse entre un peu de lumière et de neige. Ca me fait penser à un sablier indiquant que le temps s'écoule dangereusement pour les glaciers qui fondront quasi tous dans le siècle

Puis vient rapidement la nuit, vite monter la tente et tenter de réchauffer les pieds frigorifié de Clément. Malheureusement, j’ai oublié que mon piezo de réchaud ne fonctionnait plus… J’ai tenté plusieurs techniques pour enflammer le gaz à base d’étincelle avec la barre en métal d’un masque covid et ma pile de frontale. Malheureusement, les étincelles produites ne semblent pas assez chaudes pour inflammer le gaz. On se contentera de quelques barres de céréale pour la nuit.

Bien tout cosy dans mon sac, je me tourne vers Clément pour lui demander s’il a aussi eu bon chaud. Visiblement, ce ne fût pas tellement son cas… Bon, il se vengera car il me faudra plus de 20minutes pour enfiler mes chaussures en cuire imbibée d’eau la veille totalement congelée ce matin… Il a tout de même fait -7° cette nuit là !

On n’a pas vraiment le temps de profiter du lever de soleil qui est de toute façon inexistant avec cette brume omniprésente.

Il nous faut plier le camp fissa car à 11h, on a rendez-vous avec Lionel Fellay et Fabrice Pettruzi pour une petite sortie raquette dans la région d’Ollon.

Une fois le tout pacté dans les sacs, on entame la descente pour réchauffer doucement mais surement les oreilles de Clément. Sur la descente, on retrouve les traces du bouquetin dans la veille et là le verdict est sans appel. Les traces tournent en rond, plus de doute, elle est bien atteinte de keratokonjonctivite.

Une maladie transmise d’individu à d’autre individu via les mouches et qui rend opaque le cristallin. Notre bouquetin a donc une vue sacrément diminuée et passera probablement pas l’hiver…

Une fois à la voiture, celle-ci ne démarre pas. Heureusement, un tracteur s’occupant du déneigement de la route nous ponte la batterie et nous pouvons rapidement descendre en plaine.

Nous nous retrouvons toute l’équipe dans la région de Villard sur Ollon pour entamer une petite sortie raquette en forêt. L’ambiance est toujours très brumeuse mais se marrie bien avec ces arbres pleins de neige.

Ici, quasiment le double de neige est tombé. Malgré les raquettes, en faisant la trace, on a de la neige jusqu’aux anches, on ne voit même pas ses raquettes émerger de la poudreuse. L’exercice de cardio parfait ! KO après 100m si on sort de la piste principale.

Après avoir photographier quelques arbres brumeux, il est temps d’aller se réchauffer au gite de Solalex en mangeant une bonne fondue ! On profite aussi pour dormir bien au chaud.

Le lendemain, l’ambiance est tout autre ! Plus de brouillard, plus de nuage, tout c’est découvert. On voit maintenant distinctement le sommet des Diablerets ainsi que le miroir d’Argentine.

Quelques dizaines de minutes avant le lever du soleil, le sommet des montagnes prennent une teinte très rosée contrastant bien avec le bleu froid des arbres de l’alpage. Un fort vent souffle sur les crêtes donnant un coté apocalyptique aux sommets.

Puis, le soleil se lève et les couleurs sont encore différente, les montagnes semblent prendre vie avec un aspect 3D impressionnant.

Une petite avalanche dévale une pente à notre gauche nous rappelant que nous sommes dans une zone à danger d’avalanche 4/5.

On devrait être protéger par l’épaisse foret faisant office de par avalanche naturel mais on n’est jamais trop sûr !

Puis, il est temps d’aller déjeuner avant de redescendre et de se quitter laisser Clément repartir au bord de l’océan !

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