Travail de terrain au sud du Groenland

Réorientation professionnelle Cela fait maintenant quelques temps que je cherche un moyen de concilier mon travail d’ingénieur système (électricité, électronique, automation) avec ma passion pour la nature, mon goût de l’aventure et plus récemment, ma formation d’accompagnateur en montagne. Après quelques discussions avec Matteo qui travaillait comme technicien pour l’EPFL dans le cadre d’un projet de monitoring de la biodiversité des glaciers à travers le monde, je me suis mis à la recherche de nouvelles opportunités. Mattéo a installé des instruments et fait des prélèvements sur différents glaciers à travers le monde, au Népal, Alaska, Patagonie, Afrique, Groenland ou encore en Nouvelle-Zélande (sans oublier la Suisse bien sûr) pour le projet Vanishing Glacier. J’ai aussi pris contact avec PolarWilson qui travaille sur des projets d’expédition particulièrement engagés en arctique et antarctique. En scrutant les différentes offres disponibles, on peut trouver de tout, de postier dans la station la plus au sud au monde à responsable technique de la base française de Durmon Durville en Antarctique. Ce n’est finalement que très récemment que l’opportunité parfaite s’est manifestée à moi par une proposition de technicien et assistant de terrain à l’EPFL. C’est un laboratoire de recherche en environnements extrêmes (EERL) effectuant des recherches sur les particules dans l’air qui m’a engagé pour, entre autres, organiser le déploiement et l’amélioration d’un ballon de mesure et d’autres instruments. Le mandat se déroule dans le cadre du projet Greenfjord qui cherche à mieux comprendre les systèmes de fjord avec un glacier se jetant dans la mer ou non. Le projet global cherche à comprendre les systèmes de fjords sur pleins d’aspects, avec différentes synergies. Certains chercheurs se focaliseront sur l’aspect humain, d’autres sur la biodiversité marine, les glaciers, les flux de carbone ou encore les émissions de particules et la formation des nuages. En somme, c’est un projet ambitieux prévu sur une durée de quatre ans. Il y aura surement d’autre projets pour le déploiement du ballon de mesure mais je serais principalement impliqué dans le sud du Groenland. Ça démarre tout de suite très fort : pour mon premier jour, j’ai directement rendez-vous à l’aéroport de Zurich pour un vol direction le Groenland. Tout va s’enchainer très vite. La première année du projet sera destinée à faire des mesures préliminaires pour les années suivantes, préparer et planifier les futurs vols du ballon ainsi que la prise d’échantillons de poussières potentiellement capables de condenser l’air pour la formation de nuages. Pour faire plus court et plus intéressant, je ferai un peu abstraction des travaux et mesures effectuées sur le terrain pour me concentrer sur les péripéties du voyage qui ne manqueront pas. Après trois jours de retard, de report et d’aller-retours, nous arrivons au sud du Groenland, à Narsarsuaq. La vue depuis l’avion est splendide, cette étendue glacière à perte de vue avec quelques nunataks nous change des glaciers terrés au fond de nos vallées. Ici ils semblent pouvoir respirer, déborder et couler jusqu’à la mer. Évidemment, ce n’est qu’une impression car le réchauffement climatique touche de plein fouet le Groenland. C’est d’ailleurs la raison de ma venue sur ces terres reculées. Mieux comprendre les mécanismes des fjords avec un glacier et ceux sans glacier se terminant dans l’eau. Car dans le futur, il y aura moins de glaciers terminant dans la mer ce qui va impliquer des changements que l’on doit étudier, comprendre pour pouvoir les modéliser pour mieux définir les conséquences. Mais avant ça, je suis comme un gamin devant une glace ! Sauf que ma glace et mon premier vrai iceberg dans le fjord de Narsarsuaq ! Ses dimensions sont impressionnantes et son histoire me passionne. Savoir qu’il s’est formé quelque part sur la calotte glacière par accumulation et compression de la neige sur des décennies, que par son poids et le poids du reste de la calotte, il a glissé jusqu’à atteindre l’eau d’un fjord d’où il s’est détaché et s’est mis à dériver jusqu’à apparaitre devant mes yeux me remplit d’émotions. Il n’est pas très proche de la rive mais il est impressionnant. Je trouve aussi quelques rochers bien poreux, est-ce de la roche volcanique ? Je n’en ai jamais tellement vu de telles avant (malheureusement, je n’ai pas pris d’images) On ne pouvait pas rester bien longtemps à Narsarsuaq étant juste une ville de transition (la 40ème plus grande du Groenland avec ses 150 habitants). On doit naviguer jusqu’à la 9ème plus grande ville du Groenland, Narsaq avec ses 1300 habitants. Cependant, je voulais aller voir la pouponnière d’où venait l’iceberg que j’ai photographié. En arrivant en avion, j’ai pu voir le fjord avec le glacier se brisant en mille et un iceberg. Bref, on doit partir dans la matinée le lendemain pour rejoindre ce fjord. Sur la carte, il s’agit d’une petite dizaine de km à faire avec un petit bout hors sentier avec 800m de dénivelé positif (il s’avère qu’il y en aura 1000 au final…). Je me dis qu’un lever à 4h du mat me permettrait d’aller voir ce magnifique fjord. Lever à 4h du mat : il pleut dehors, je mets ma gortex et je commence l’ascension. Très rapidement, je me rends compte que les chemins indiqués sur la carte sont plus des suggestions d’azimute et qu’en vrais, il n’y a absolument pas de chemin. Très vite, je me retrouve à évoluer dans un sol plein de mousses humides. Je me retrouve trempé de la tête au pied entre ces mousses qui me font perdre énormément d’énergie en plus de la pluie battante. 6h du mat : je suis à peine à la moitié du chemin, le brouillard se lève et le vent aussi. Je dois tourner la tête pour respirer ou pour ne pas me faire griffer par les grésillons volant à l’horizontal. Bref, comme n’importe qui l’aurait fait, je n’ai pas opéré un demi-tour du tout et je me suis mis à courir à travers la mousse. Sur le haut plateau, je trouve des petits lacs tout mignons. Sur l’un d’entre eux, j’ai vu des plongeons et j’ai même entendu un renard polaire mais impossible de les repérer dans cette étendue de terre sous la pluie et je n’ai pas vraiment de temps pour les chercher. Finalement, entre deux vagues de brouillard, je peux distinguer la langue du glacier. La vue est splendide, « breath taking » comme diraient les anglais. Probablement une des plus belles vues que j’ai eu l’occasion de voir. Ce mix entre le brouillard, la mer, le fjord, le glacier, les icebergs et les méandres de la vallée d’en face est juste splendie. L’effort, de la marche sous la pluie, les rafales de vent et le brouillard rend la vue encore plus belle ! Dur à rendre la beauté des lieux en photo mais le fait d’avoir fait une petite escapade de 14km et 1200m+ ajoute de l’émotion. Malheureusement, même dans ces coins reculés, on trouve des déchets… désolant… Je ne peux pas trop tarder car le chemin du retour est long. De plus, les chemins indiqués sur la carte n’existent pas du tout dans les faits. Ce sont plus des propositions d’exploration… Ma carte date aussi de 2013 donc je suppute qu’à cette époque la forêt de vernes n’était pas aussi intraversable qu’actuellement… Complètement trempé, je me change pour aller visiter le musée avec le reste du groupe. En plus du labo de l’EPFL dont je fais partie, il y a deux personnes du domaine des sciences humaines, une de la biodiversité marine et une autre effectuant des recherches sur les flux de carbone entre la terre et la mer via les rivières. On a eu l’occasion de faire un peu connaissance lors de nos trois jours de trajets, lorsque nous étions bloqués à Copenhague. Dans le musée, on en apprend un peu plus sur Narsarsuaq avec son emplacement stratégique lors de la deuxième guerre. Une étape pour les avions américains allant en Angleterre. On en apprend aussi un peu plus sur la colonisation du sud du Groenland via des bateaux venant d’Island. Nous avons pu glaner quelques explications sur l’agriculture avec les moutons, quelques mots sur la faune locales et la géologie. Je profite d’avoir une carte géologique pour confirmer que la roche vue au bord du fjord est bien d’origine volcanique. Je profite aussi de l’occasion pour acheter un livre sur la géologie locale ainsi que des cartes détaillées de la région. Ça me sera d’une grande utilité pour mieux comprendre et évoluer dans les environs. Il est temps de rejoindre notre destination finale, Narsaq, un village de pécheur à la croisée des fjords. Sur le trajet en bateau, on passe à côté de nombreux iceberg qui s’emblent bloqués là par une barrière invisible. Ils sont en réalité maintenus à l’embouchure du fjord par une vieille moraine frontale sous-marine du glacier (on le voit bien dans la vidéo, plus haut). Les courants font qu’ils s’accumulent un peu plus dans cette région avant de partir dériver plus loin. L’arrivée à Narsaq est dépaysante à nouveau. Le nombre de icebergs dans les environs est incroyable, bien plus nombreux qu’avant ! Malheureusement, la visite des environs devra attendre un peu. Il nous faut d’abord prendre place dans les locaux et installer tous les instruments pour les mesures en continu qui se feront les dix prochains jours. Je profite aussi pour faire sécher mes habits complètement trempés de ma balade matinale. Le lendemain, la suite de l’installation continue. On profite du temps radieux pour faire quelques prises d’échantillons aux abords de la rivière glacière. On passe à côté d’une baie avec beaucoup d’icebergs échoués. Parfois des bruits sourds de cassure d’iceberg ou de retournement de ceux-ci se font entendre. Le soir après avoir mangé, sur le chemin vers l’hôtel, un nuage semble légèrement éclairé. Non, ce pourrait-il que… ? Je me mets un peu à l’écart des lampadaires de la ville pour que mon œil s’habitue un peu plus à l’obscurité. C’est définitivement ça ! Des aurores ! Je ne m’attendais pas du tout à en voir car on est en plein été. Le sud du Groenland est plus bas que le cercle polaire, il y a donc toujours un peu de nuit. Dans ces conditions, en cas de vents solaires forts, il est possible d’avoir des aurores même en été. Je me précipite pour prendre mon appareil photo. J’active l’augmentation de la luminosité dans le viseur électronique, le nuage devient vert, aurore boréale confirmée ! Je me précipite vers la baie aux icebergs. Pendant ce temps, les aurores se font plus nombreuses et intenses ! J’espère qu’elles dureront car d’expérience, celles que j’avais vu au Svalbard duraient 30min-1h tout au plus avant de s’éteindre. Arrivé aux abords du fjord, la crainte se confirme, les aurores restantes sont très faibles. Je ne perds pas espoir, une fois le boitier installé sur le trépied, j’attends en espérant que l’activité reprenne. La patience finit par payer. Une heure plus tard, les aurores refont leur apparition. Elles dansent au-dessus de moi. C’est un festival, encore plus intense que les premières ! Les couleurs du crépuscule sont encore un peu visibles apportant une petite touche chaude, se mélangeant au bleu froid de la glace et au vert des aurores. Une palette de couleur splendide ! L’appareil en time laps, je profite pour regarder ce spectacle de lumière naturelle. Puis la lune se lève sur le village de Narsaq et sa baie aux icebergs. On voit le village éclairé de mille feux sur la droite de l’image. Vers 1h du matin, le ciel commence à se couvrir et les aurores s’effacent peu à peu. Le lendemain, on discute avec la commune et l’héliport pour obtenir des autorisations d’utilisation d’espace publique et de vol. On cherche aussi des informations concernant l’approche des engins volants et les coutumes locales des habitants. S’ensuit une marche sur la colline accolée au village nommée Tasiigaaq. Cela deviendra notre « Hausberg », la colline que l’on gravira très régulièrement avec différentes conditions météo. On croise d’ailleurs des locaux qui font régulièrement l’ascension et ajoutent un caillou au cerne à chaque fois. Le but est de simuler un vol du ballon qui se fera les années suivantes. En faisant une marche le plus verticalement possible et en emportant un appareil de mesure de particule avec soit on peut simuler le ballon et ainsi obtenir des données pour affiner les appareils à apporter lors de la prochaine campagne de terrain. Je profite de ces ascensions pour prendre quelques images des alentours. Le brouillard est omniprésent et très bas, ce sont justement les conditions rêvées pour étudier la formation des nuages. De là haut, on voit bien le village de pécheur ainsi que la baie avec les icebergs. Les journées suivantes sont très pluvieuses, on déplace les instruments de mesure à l’intérieur pour éviter la condensation. On profite aussi pour installer une station de mesure sur le toit de la station de recherche. A côté de la « Tasiigaaq Hill » que l’on fait quasiment tous les jours se trouve une montagne plus haute. On l’appelle « Narsaq Mountain » mais son vrai nom est plutôt Qaqqarsuaq du haut de ses presque 700m, elle parait bien engagée. On voit cependant quelques points de marquage, il y a peut-être un chemin ? Je tente une ascension un matin tôt avant le lever du soleil mais le brouillard et la pluie me fera rebrousser chemin (aussi le fait qu’il n’y a pas vraiment de chemin). J’ai dû me perdre un peu car j’ai fait un petit bout d’escalade au-dessus des cascades… Je profite de la redescente pour immortaliser cette cascade ainsi qu’une grosse ombellifère que je n’ai pas encore identifié. Je profite d’être à l’extérieur pour faire le tour de la côte Est du village. De ce côté, quelques icebergs finissent leur vie en apportant un peu d’eau douce dans le fjord. On distingue très nettement le ponçage du glacier sur la roche dénudée de végétation. Le glacier c’est maintenant bien retiré mais ses indices trahissent sa présence. On trouve aussi quelques cabanes de pécheur à l’abord du fjord. Certains icebergs ont des tailles complètement démentielles. Ici, pour comparaison, un goéland marin est posé au sommet du mastodonte. L’après-midi, une marche est prévue pour estimer l’impact de la pollution de l’air du village. On part du village avec l’appareil de mesure jusque dans l’autre vallée avant d’entamer le passage d’un col pour arriver finalement au lac Taseq. Dur de se représenter les dimensions du lac avec le brouillard qui le cache toujours en partie mais selon la carte, il est bien grand 😊. Après avoir mangé un morse, on redescend au village pour rencontrer d’autres scientifique vivant sur Narsaq. Sur le chemin, on trouve des roches intéressantes avec de beaux minéraux. Il faudra revenir pour les identifier mais aussi pour voir le lac en entier, l’endroit semble magique ! Les conditions ne se sont pas vraiment idéales pour les images mais je pense bien y remonter dans les années à venir. Je m’extirpe des discussions entre scientifiques pour installer et tenter de comprendre une caméra Osmo pocket. C’est un appareil prêté par le département média de l’EPFL pour prendre des images sur le terrain. Franchement, l’ergonomie du bazar n’est pas évidente mais je parviens tout de même à le régler pour prendre un time laps. On voit bien les icebergs se déplacer et même certain d’entre eux se retourner. Dommage que le son ne soit pas enregistré car c’est impressionnant ! Je mettrais la vidéo en ligne dès que j’ai un peu de temps pour la finaliser. En attendant, je vous présente quelques images des icebergs du fjord. En fondant et en se retournant, certains se sculptent en véritable œuvres d’art. Le ciel est bien dégagé et au fils du temps, le soleil commence à baisser sur l’horizon rétroéclairant les icebergs leur donnant un coté vitreux. Puis la lumière devient magique, orangée et très douce transformant le bleu de la glace en rouge. Il n’y a pas beaucoup de nuages pour capter ces couleurs mais l’ambiance est incroyable. Le coucher se passe en un rien de temps. Les quelques nuages présents captent rapidement les derniers rayons de lumière avant de s’éteindre. J’ai juste le temps de souper pour me rendre compte que les aurores boréales sont à nouveau de sortie ce soir-là ! Une longue journée avec les différentes marches, presque 60’000pas mais je ne vais pas m’en plaindre ! Contrairement à la dernière nuit, ces aurores sont beaucoup plus statiques et font une sorte d’arc au-dessus de la baie aux icebergs. Pendant que je prends le panorama, le trépied bascule et l’appareil disparait sous les eaux du fjord. Je vois l’écran LCD éclairer la surface de l’eau depuis le fond. Il me faut quelques secondes pour comprendre la situation avant d’attraper un pied du trépied pour extirper le bazar hors de l’eau. Je le sèche tant bien que mal avec des mouchoirs en papier. Un moment d’inattention et voilà que tout bascule… Le cœur noué, je réenclenche l’appareil pour constater les dégâts. Une image a visiblement été prise sous l’eau. Erreur d’accessoires non reconnus avec un popup apparaissant en permanence à l’écran, beaucoup de difficulté pour faire la mise au point (la bague de mise au point n’est plus directement liée au bloc optique via des pignons comme jadis). Il m’est aussi impossible d’éteindre l’appareil, surement un faux-contact dans le switch on/off. Je crains vraiment le pire car l’eau salée est souvent mortelle pour l’électronique. Mort pour mort, je tente tout de même de réaliser une image d’un iceberg échoué sur la cote rétro éclairée avec mon téléphone. Puis, j’arrive tout de même à faire en sorte que l’appareil fasse un time laps pour le reste de la nuit. Pendant ce temps-là, je bivouac à côté de lui. Je ne dors pas beaucoup cette nuit-là, ayant oublié mon matelas. Les cailloux sont bien durs. Le time laps n’est d’ailleurs pas un franc succès car l’humidité dans l’objectif sortant tout juste de la baignade et telle qu’une forte condensation s’est produite à l’intérieur de l’optique. La journée suivant, l’appareil photo ainsi que l’optique sècheront dans une boite remplie de silicagel. Je crois les doigts pour que l’oxydation de l’eau salée ne fasse pas plus de dégâts. Le fjord n’est en réalité pas si salé que ça car il faut un certain temps pour que l’eau d’océan se mélange avec l’eau douce du glacier dans le fjord. La salinité de l’océan est de 35g/l alors que celle du fjord est de l’ordre de 7-8 g/l dû à l’apport d’eau douce du glacier et des icebergs justement. Les jours suivant sont une succession de mesures sur le terrain, changement de filtres, amélioration de l’infrastructure en place ainsi que prise de contact avec les locaux en prévision des campagnes de mesures des années suivantes. En discutant avec une des personnes très active dans la vie du village, on apprend que des Belges sont dans le coin. On arrive à les croiser un soir sur une des rues du village et l’on échange quelques mots. On se revoit aussi en soirée pour discuter un peu de leur projet qui est juste démentiel. Leur expédition se décompose en trois étapes avec une partie de traversée de la calotte glacière est-ouest du Groenland en Pulka avec des températures avoisinant régulièrement les -40°C. Ils ont ensuite enchainé avec la deuxième étape qui consistait à ouvrir une voie de grimpe de 100m en 7a+ dans un fjord reculé avec des nuits en Portaledge en paroi. C’est complètement démentiel ! Et maintenant, ils sont à Narsaq, dans le même village que moi pour préparer leur troisième et dernière partie qui consiste à parcourir 5 fjord en kayak et récupérer des échantillons d’eau pour des analyses. Pour en savoir plus sur le projet complètement fou. C’est une discussion absolument passionnante mais ils doivent finaliser leur préparatif et pour ma part, le soleil commence à se coucher et l’ambiance sur le fjord commence à devenir intéressante. En baissant sur l’horizon, les rayons du soleil filtrent à travers les nuages. Puis l’épaisseur nuageuse devient trop importante et le soleil disparait. La période de mesure touche doucement à sa fin, il est temps de ranger les différents instruments, de finaliser les rapports, de ramasser des myrtilles sur la Tasiigaaq Hill pour offrir des parts de gâteau aux myrtilles aux gens qui nous ont soutenu. C’est l’heure du retour en bateau à Narsarssuaq. Sur le trajet, on rencontre à nouveau les icebergs impressionnant dans le fjord mais la météo n’est pas vraiment de la partie. Arrivés au village, on retrouve des collègues qui devaient décoller dans la matinée mais dont le vol a été annulé. Après avoir finalisé les différents rendez-vous prévus, on part pour plusieurs marches dans les environs pour faire des prises d’échantillon de sel glacière à plusieurs endroits entre le fjord et le glacier. La vue et la taille du glacier Kuussuup Sermia est particulièrement impressionnante ! Quelques détails du glacier: Sur la descente, on trouve un bloc de glace échoué dans les méandres quasiment 300m plus bas que le front du glacier. Il doit y avoir des crues exceptionnelles pour pouvoir déplacer un tel bloc de glace sur d’aussi longue distances. Sa particularité est d’avoir une couleur bleue incroyablement vive et lumineuse avec l’éclairage de pleine journée. Il y a aussi un reste de glacier mort agonisant dans les alentours. Les blocs de glace restant recouverts de moraine ressemblent d’ailleurs à des pierres tombales. Comme pour nous souhaiter un bon départ, la dernière nuit au sud du Groenland est illuminée par des aurores. Je profite pour faire des times laps avec la marée dans le fjord. Impressionnant de voir à quel vitesse l’eau se retire (je ne suis pas vraiment un habitué de la mer). Le niveau varie jusqu’à 4m dans cette région. Pendant que l’appareil prend pleins d’image successives pour le time laps, je profite de me poser emmitoufler dans ma doudoune pour observer les aurores. La température baisse jusqu’à 0.6°C, de quoi m’obliger de temps à autre de faire de petits exercices pour me réchauffer. Puis, un cri très sinistre raisonne au bord de l’eau. Serait-ce un phoque ? le bruit est vraiment bizarre et je prends presque peur. Je me rapproche de mon sac pour saisir ma lampe frontale. Puis, je le distingue, en contre jour contre-aurore, au bord de l’eau. Un petit renard polaire ! Je l’éclair pour mieux le voir. Il est en pellage intermédiaire, il a déjà quelques poiles blanc qui commence à augmenter sa masse de fourrure. Il repassera quelques fois entre le trépied et moi, surement à la recherche de quoi se mettre sous la dent en marée basse. Après quelques autres mésaventures aériennes qui semble assez régulières au Groenland, on aura 2j de retard sur le retour initial prévu. Une escale plus haut dans le nord nous laisse le temps de faire une dernière prise d’échantillon de sel glacière. Il s’agit de Kangerlusuak, un des villages le plus dans les terres du Groenland (dû à son fjord particulièrement long). Lors des vents catabatiques violent pouvant survenir dans la région, des tempêtes de sable peuvent prendre forme. C’est un phénomène particulièrement intéressant à étudier car ce limon glacière levé par les vents permet de cristalliser les cristaux dans les nuages permettant leur formation. Sur le trajet, on croise les grands mammifères de la région. A savoir un renne avec de beaux bois et des bœuf musqué. Nous sommes restés à bonne distance, les images ne sont pas incroyables mais quel bonheur de pouvoir les rencontrer ! Un super cadeau avant de définitivement quitter cette grande île au milieu de l’arctique. Les aurores profitent elles de notre vol retour pour nous dire un dernier au revoir. Un grand merci pour votre attention et la lecture de cet article ! Un grand merci à Pierre pour la relecture de l'article. On se retrouve l’été prochain pour la suite au sud du Groenland.
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Sigma 16-28mm f2.8 DG DN

Le Sigma 16-28mm f2.8 une optique compacte et passe partout pour les voyageurs et randonneur voulant partir léger ?

Pour répondre à cette question, je l’ai pris avec moi au Groenland pendant 1mois. J’ai pu l’emmener sur quelques balades sur la plus grande île au monde. Il me fallait une optique polyvalente et légère pour pouvoir l’avoir en tout temps avec moi. Il devait être compact pour pouvoir se faufiler entre les échantillons et les appareils de mesure, que je puisse aussi effectuer mon travail de terrain.

Etude de la formation des nuages dans le sud du Groenland

La photographie est plus un à coté pour ces deux semaines mais les paysages sont tellement impressionnant que l’appareil était souvent de la partie.

L’optique est vraiment compact est épurée, il fait très sobre. Un switch pour passer de l’autofocus en manuel focus. Une bague de zoom et une bague de netteté, that’s it !

Les objectifs de la gamme ART ressemblent à des ados boutonneux à coté 😊 Il n’y a pas non plus de bouton personnalisable ni de bague de diaphragme. Ces différents réglages se font via le boitier avec les différentes molettes. C’est d’ailleurs généralement ma manière de pratiquer. Le pare-soleil est aussi plus simple, taillé en tulipe pour réduire le flare, il n’a pas de bouton de verrouillage pour le maintenir fermement en place. A voir avec le temps si l’usure le rend un peu bancal mais je n’ai rien remarqué de particulier de ce côté-là.

Cet objectif de la gamme contemporary permet d’être plus compact que la gamme art et aussi plus abordable. Le prix médian du 16-28mm est moins de 1000.- alors que pour un autre zoom f2.8 ultra grand angle, on est plus du double du prix !

Mis à part la construction, il y a-t-il des compromis dans la qualité d’image ?

Le vignetage est marqué dans les angles aux plus grandes ouvertures. Les angles sont aussi mous à pleine ouverture et particulièrement à 16mm. En fermant au-dessus de f5.6, le rendu est homogène sur tout le champ de vision. Il vaut mieux fermer un peu le diaphragme dans la mesure du possible. Cela se fait naturellement pour de la photographie de paysage et de voyage.

Néanmoins, rien ne l’empêche de l’utiliser à pleine ouverture. J’ai eu la chance d’avoir plusieurs soirées avec des aurores boréal !

La possibilité d’ouvrir à f2.8 était super appréciable. Je ne pensais pas en voir si tôt en saison mais comme quoi ! Le vignettage est assez marqué et les coma dans les angles est aussi bien visible. Ce n’est surement pas la meilleure optique pour de la photo nocturne mais l’ouverture de f2.8 est le large champ de vision à 16mm permet de faire de belles images sans devoir trimballer une seconde optique plus lumineuse dédiée.

Pour l’anecdote, j’ai aussi pu tester la tropicalisation de l’objectif dans ses moindres détails. Pendant que je mettais en place un time laps d’aurore boréale. Le trépied à malheureusement basculé et le boitier ainsi que l’objectif se sont retrouvé pendant plusieurs secondes sous l’eau.

Photo aquatique avec le 16-28mm f2.8 DG DN Sigma

Je l’ai récupéré assez vite car je pouvais voir le boitier sous l’eau avec l’écran allumé. L’eau n’est pas très salée dans le fjord, 7-8g/kg de salinité selon les mesures de nos collègues. Je crais le pire après ce bain forcé. Le message d’accessoire non reconnu n’arrête pas d’apparaitre sur le boitier ce qui est très gênant car il faut en permanence le quittancer. Cela n’empêche pas la prise d’image mais confirme que le contact entre l’objectif et le boitier n’est pas très bon. D’ailleurs, j’ai un peu de peine à faire la mise au point en manuelle, la bague ne répond pas à chaque fois. Le boitier a aussi eu quelque séquelle car il n’est plus possible de l’éteindre même si le switch est sur off. Je prends le risque de le laisser continuer a prendre des images en time laps pendant que je fais une petite sieste à coté dans mon sac de bivouac. Le lendemain, de la buée à commencer à condenser dans l’objectif. Après une journée à sécher avec du silicagel, tout est rentré dans l’ordre. Je n’ai plus de mauvais contact, plus de condensation, comme si rien ne s’était passé. Le joint d’étanchéité au niveau de la monture de l’objectif a clairement évité que de l’eau ne s’infiltre dans la cage du boitier. Ce n’est pas une optique waterproof mais visiblement, elle résiste à une immersion de plusieurs secondes dans de l’eau de mer 😊 Je décline toute responsabilité et déconseille de refaire ce test par vous-même :=)

Le 16-28mm est une optique légère et compact. Vraiment une optique passe partout mais il a tout de même ses faiblesses. Il vaut mieux fermer le diaphragme lorsque les conditions le permettent afin d’avoir une image homogène jusque dans les coins (vignetage et piqué). L’ouverture de f2.8 permet d’être polyvalent et de faire quelques images nocturnes occasionnellement. Une optique parfaite pour partir léger.

Quelques images avec cet objectif:

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Dom 4545m

Un nouveau défi, le Dom. Le Dom est le plus haut sommet entièrement en Suisse avec ses 4545m, c'est donc un sommet très symbolique. Départ de Randa à 1400m d'altitude. Déjà là, on peut se rendre un peu compte du dénivelé qui nous attend :O On prépare nos sacs, on se réparti naturellement le matos, Steph prend la grosse corde principale et moi la corde secondaire ainsi que la tente et le réchaud à gaz. On met nos sacs bien chargés sur le dos et on commence notre ascension dans une chaleur suffocante en ces temps de canicule. Je ne saurais pas trop dire si je transpire de l'eau salée ou de la crème solaire mais la texture n'est pas des plus agréables. Heureusement qu'une bonne partie de la montée se fait en forêt ou le soleil tape moins fort. Après 600m de montée et avoir dépassé quelques petites familles venues marcher, on arrive à l'une des hightlite du coin, la Charles-Kuoenen Hangebrücke. Ce pont suspendu est (ou été?) le plus long pont suspendu des alpes. C'est vraiment impressionnant avec ses 500m de long (494m). Elle parait un peu posée là pour "le record" car le gain de temps avec le chemin longeant la combe ne semble pas énorme. Quoi qu'il y a quelques éboulis de pierre, le passage par le pont suspendu est assurément plus safe. On doit ralentir un peu notre progression pour laisser les familles sur le pont terminer leur selfi. La traversée de la passerelle me fait remonter des souvenirs du Népal ou ce type de construction était courant pour traverser des passages régulièrement dévastés par les crues des moussons. Pont suspendu de Randa Une fois le pont passé, le style de randonneur change drastiquement. Les battons de marche laissent place au piolet et la casquette cède sa place au casque. Le chemin d'accès à la Domhütte se corse un peu. Heureusement, le chemin est bien aménagé avec de nombreux câbles et échelles, peut-être un peu trop ? On se croirait dans une via ferrata '^^ Arrivé à la cabane à presque 3000m, un pano de signalisation nous indique que le Dom se trouve droit devant nous, nous voilà soulagé de ne pas avoir fait ce chemin pour rien :) Mais ce pano indique aussi qu'à l'opposé du Dom se trouve le Weisshorn à 8km (à vol d'oiseau). Il indique aussi la direction et la distance du Fitz Roy, une montagne que j'espère bien voir un jour ainsi que le reste de la Patagonie <3 Pour remettre une couche sur les souvenirs Népalais, le panneau de signalisation montre indique aussi qu'a 6300km se trouve le sommet des Annapurna que j'ai pu admirer depuis l'ABC! Mais pas le temps de procrastiner, enfin si, on boit quand même un bon petit thé maison pour s'hydrater sous ce soleil de plomb. A 3000, une petite brise se levant nous force même à nous couvrir les bras d'un coupe-vent. On profite d'une photo dans la cabane pour étudier la suite de notre parcours. On demande aussi à la tenancière de la cabane qu'elles sont les conditions pour la voie que l'on a prévues. Pour ne pas faire un aller-retour sur le même parcours, on pensait monter par l'arrête Fest-Grat puis redescendre par la voie normale sur le glacier. Selon ces retours, personne n'a fait cette arrête ces derniers jours. Elle nous dit qu'il faut nous attendre à un passage avec 60m de vive glace, qu'il faut prévoir pas mal de broche à glace pour s'assurer. En plus, il vient de neiger la veille, les conditions sont pour le moins hasardeuses. On verra une fois sur place si on passe par l'arrête ou si l'on choisira la version plus safe. Dans tous les cas, on devrait pouvoir le faire avec nos 5 broches à glace, crampons et piolet. Mais il nous faut reprendre la route, non le chemin, non, à partir d'ici, il n'y a plus vraiment de chemin... Pour gagner du temps sur la journée de demain, on pousse l’ascension aussi haut que possible mais avec le moins de difficulté que nécessaire. On profite des derniers retardataires descendant du Dom pour leur demander les conditions. Visiblement, il y a pas mal de slalome a faire entre les crevasses et c'est un peu "heikel" avec la neige qui fond avec cette chaleur. Par la force des choses, on arrive sur le glacier, on s'encorde et l'on installe les crampons sur les chaussures. On se met en route en suivant les traces des alpinistes que l'on a croisé. La fine couche de neige tombée la veille rendu le glacier tout blanc immaculé mais ce n'est largement pas suffisant pour recouvrir les crevasses. Avec la chaleur de ces derniers temps, les crevasses sont bien visibles et immenses. Je n'ai jamais vu d'aussi large, longues et profondes crevasses. Une petite image avec Stéphane pour montrer la démesure de ces crevasses. Plus on avance et plus l'on voit l'arrête que l'on va devoir grimper au petit matin. Ce n'est pas tant l'arrête qui m'inquiète mais plutôt son accès. Il va falloir que l'on parte du glacier pour monter au col. Je commence à douter que l'on trouve la bonne voie du premier coup. Et si l'on prend la mauvaise voie pendant la nuit et que la difficulté de la montée s'en trouve décuplé ? La nature semble entendre mes préoccupations et deux étagnes de bouquetin et un cabris sont dans la parois et semble nous montrer le chemin. L'étagne nous montrant le chemin dans la Festi-Lücke On va installer le camp ici, sur le glacier au pied de la falaise que l'on va devoir gravir demain. On pourra ainsi tout laisser notre matériel lourd de bivouac caché derrière un caillou. Ca c'est aussi un peu prêt à cette endroit que nos chemins pour la montée et la descendre se rejoignent. On trouve un spot relativement plat et l'on casse les bourrelets de glace à coup de piolet pour aplanir la zone. Une fois la zone aplanie, on monte la tente en mode ultra-light/tarp en la fixant à l'aide de broche à glace, on gonfle les matelas et décomprime les sacs de couchage. On profite aussi de mettre une doudoune car les températures chutent drastiquement. Le bivouac est tout de même perché à 3700m sur un glacier '^^ Stephane repérant le passage dans la paroi du Weisshorn (4506m) Une fois le soleil couché, les nuages se dissipent et laissent place au ciel étoilé. Pas de lune cette nuit-là, la voie lactée est bien visible. Avant d'aller se pieuter car le réveil est prévu à 3h du mat. Je profite pour faire un panorama de la voie lactée au-dessus du Dom. On voit donc le sommet rocheux du Dom au milieu de l'image, au cœur de l'arche (le vrais sommet et caché derrière ce sommet rocheux). Sur cette image, on distingue aussi l'arrête du Festi-Grad que l'on a prévu d’escalader pour atteindre le sommet du Dom. Il est maintenant le temps d'aller se coucher ! Pour des raisons de poids et vu que l’on était en pleine période de canicule, on a pris les sacs de couchage léger. Je suis parti avec un +2°C confort. Pour le matelas, j’ai tout de même pris celui d’hiver car je sentais bien que l’on allait dormir sur la neige/glace et ce n’est pas très agréable d’avoir le froid qui traverse dans le dos. Il y a quelque jour, l’isotherme de 0°C était monté à une altitude record de 5117 mètres de haut et les prévisions météo ne donnait pas tellement en dessous de 0°C en altitude. He bien, je dois avouer que je n’étais pas tellement mécontent de dormir avec mon petit pantalon thermique et ma doudoune. C’est au réveil à 3h du matin que je lis la température de -6.3°C sur le thermomètre ! Le temps de se hisser du lit, enfiler la gortex et les gants pour aller observer les environs. Le ciel est bien dégagé et la voie lactée est maintenant au-dessus du Cervin. Le Festi-Joch semble toujours aussi compliqué à escalader mais la galaxie d’andromède semble nous indiquer le chemin. On plie le camp, compresse les sacs de couchage et l’on cache tout ce qui n’est pas absolument nécessaire pour faire le sommet derrière un cailloux pour notre retour. On remet les crampons et on s’encorde pour les 10m à faire pour aller au pied de la falaise. Il y a pleins de petites crevasses en bordure du glacier et l’on doit traverser un petit pont de neige. Il vaut mieux être trop prudent que de commencer la journée par une récupération de coéquipier au fond d’une crevasse. On gravit prudemment la falaise en cherchant des petits splits dans la roche ou des relais nous indiquant un passage fréquent. Par endroit, je passe la corde dans un split avec un mousqueton pour nous assurer en cas de chute. Sur la montée, on voit les lampes frontales grouiller dans le pierrier entre la cabane et le glacier, les alpinistes sont en route ! Une fois au sommet du petit col, on se décide à monter au sommet du Dom par l’arrête comme initialement prévu. Elle semble assez peu enneigée et accessible. Seras-ton les seuls à faire cette voie ? il y a bien 7-8 cordées qui nous suivent, peut-être qu’en voyant nos traces, ils se décideront à nous suivre ? On attaque l’arrêt qui se fait très bien dans l’ensemble. Quelques passages un peu plus techniques avec quelques mouvements de grimpe et quelques passages un peu exposé ou l’on assure la montée en passant la corde derrière un rocher. La plupart des groupes semblent effectivement monter par la voie normale, sur le glacier. Il y a cependant un alpiniste en solo qui commence à gagner du terrain sur nous. On le voit d’ailleurs en retrait sur cette image un peu plus bas sur l’arrête. Il finira par arriver à notre hauteur. On discute deux-trois mots car il parle français alors que l’on est plutôt dans une zone germanophone (vallée de Zermatt). Le fait qu’il soit seul, sans corde et sans casque nous parait un peu bizarre, on lui propose de rejoindre notre cordée si l’on n’est pas trop séparé une fois au sommet. Il accepte car sans équipement adapté, il aurait dû redescendre par l’arrêt, faire la boucle en redescendant sur le glacier (voie normal) est bien plus intéressant.   On se tire un peu la bourre sur la montée mais il nous dépassera finalement lors du lever de soleil pendant que l’on profite du paysage absolument superbe ! Sur la montée, l’autre alpiniste quitte l’arrêt et veut retourner rejoindre la voie normale. Il y a un grand passage à revers sur le glacier avec pas mal de neige fraîche soufflée (hauteur des genoux quasiment) et il y a surtout un champ de crevasse à traverser. On lui fait des signes pour lui dire que selon nous, il vaut mieux monter sur l’arrête car ce passage semble un peu risqué. Avec Steph, on le prend un peu pour un fou de s’aventurer dans ce champ de mine sans être encordé. Dans tous les cas, on monte l’arrêt qui est bien gelée et verticale mais se grimpe bien avec les crampons. L’autre alpiniste change d’avis et revient aussi sur l’arrête. Avec Stéphane, on se sent un peu soulagé de le savoir plus en sécurité. La montée se fait bien malgré le fait que l’on ait déjà dépassé la barre des 4000m depuis un petit moment. Le vent se lève aussi nous obligeant à faire une petite pause pour remettre notre gortex. Nous voilà au bout de l’arrête, on traverse maintenant le glacier pour rejoindre la voie normale pour les derniers 100m+. On voit la croix, on y est bientôt ! par contre, celui que l’on voit plus, c’est celui qui a pris la même voie que nous, j’espère qu’il ne lui ai pas arrivé malheur ? S’il n’est pas là une fois que l’on aura fait le sommet, il va falloir redescendre l’arrête pour voir ce qui lui est arrivé… On a rejoint la voie normale, le chemin est maintenant bien marqué. Pas après pas, on s’approche du sommet, le vent se lève et commence à sérieusement refroidir les mains. Mes petits gants en polaire trempé par l’escalade de l’arrête commencent à geler. On arrive à la croix, nous voilà à 4545m d’altitude, le plus haut sommet entièrement en Suisse. Cerise sur le gâteau, on est les premiers sur la cime. De là, la vue est incroyable ! On récite les différents sommets que l’on voit sur l’horizon. On reconnait aussi les sommets que l’on a déjà gravit. Un autre soulagement, on voit l’autre alpiniste arriver sur la voie normale, il est sain et sauf ! On ne reste pas trop longtemps sur le sommet car le vent commence à bien nous refroidir. On ajoute toutes nos couches, je change de gant pour mettre des sec et l’on attaque la redescente. En croisant l’autre alpiniste sur la descente, on lui dit que l’on attendra quelques mètres plus bas et qu’il peut nous rejoindre pour la suite. Pendant qu’il monte au sommet, on mange quelques noix et raisin sec pour reprendre des forces. C’est aussi à ce moment-là que les premiers aillant fait la voie normale arrive. On reconnait quelques guides avec qui on avait discuté la veille à la cabane. Voilà que notre alpiniste en solo nous rejoint. On se met en corde longue pour la descente du glacier et le nouveau compagnon de cordée se fixe au milieu de la corde a l’aide d’un prussique. On entame la descente par la voie normale et l’on papote un peu. Il s’avère que l’alpiniste solitaire s’appelle José et qu’il a plein d’anecdote montagnarde intéressante à raconter. On fait un petit crocher pour aller sur un petit col (Lenzjoch) qui est la voie d’approche pour faire une arrête assez cossue pour monter à la Lenzspitze (4293m). De là, on observe la Dirruhorn (4035), Hobärghorn (4218m), Stecknadelhorn (4240m) et le Nadelhorn (4327m). Ce sont tous des sommets que l’on va devoir faire et qui s’on faisable d’une traite via l’arrête du Galengrat. Ce sera pour une prochaine fois. On rejoint ensuite la voie normale. Sur la descente du glacier, on croise encore quelques cordées en route pour le Dom. S’ensuit un slalome entre des crevasses. Elles sont encore plus impressionnantes que celles de la veille, certaines semblent sans font ! Je dois avouer que ceux qui ont ouvert le passage à travers les crevasses ont un sacré culot et pas froid aux fesses pour le faire ! Nous ne faisons que suivre les traces bien marquées par les différentes cordées passé par là quelques heures plus tôt. La boucle est bouclée, nous voici de retour sur la falaise qui m’avait bien fait douter la veille. On descend en rappel pour éviter de glissement bêtement en desescaladant à cause de la fatigue. L’occasion pour moi de réviser comment utiliser le reverso. On a un petit débat avec José pour savoir s’il faut mettre le prussique pour assurer le reverso plus haut ou plus bas. On amorce la descente mais d’autres alpinistes Tschèque un peu plus pressé décident de descendre sur le même relais en même temps que nous. C’est un peu le foutoir avec ce passage qui fait un peu effet goulot. C’est là que je ne regrette pas de faire les 4000m hors saison lorsque tout est fermé. Après 4 descentes en rappel, on arrive à l’emplacement de notre bivouac, on récupère les affaires, on bourre tout dans nos sacs et on entame la descente du glacier en direction de la cabane. Entre deux sauts de crevasses, on papote entre nous. Il s’avère que notre alpiniste solitaire sans corde ni casque est en fait un guide de montagne. Il devait faire le sommet avec un client qui a annulé au dernier moment. Il a donc décider de faire le sommet quand même par l’arrête car c’était une voie qu’il n’avait jamais eu l’occasion de faire. Il nous raconte pleins d’autres anecdotes montagnardes. Nos chemins se sépare une fois à la cabane. Lui reste passer la nuit alors que nous redescendons directement après avoir mangée une croûte au fromage et des röstis complets. La descente commence à bien se faire sentir. Mon talon et la paume du pied sont en feu et pour l’instant, on est descendu seulement 1/3 du dénivelé total. Pour ne pas aider, je n’ai pas de semelle dans mes chaussures, j’ai dû oublier de les remettre en place la dernière fois que je les aie faites sécher… On redescend les échelles et l’on dévale la pente jusqu’à retrouver le fameux pont de Randa. De là, on prend un autre chemin plus direct dans la forêt pour retourner aux voitures qui nous attendent sagement. La descente est un vrai calvaire entre les pieds qui brûlent et tous les muscles des cuisses qui font mal. C’est un vrai supplice, 3200m de descente d’une traite, c’est quand même quelque chose. La descente est plus difficile que l’ascension du Dom au final… Tout cela s’ajoute à la chaleur oppressante de la plaine mais Steph a un remède pour ça. Sur le chemin du retour, on s’arrête pour s’acheter une petite glace ! Les souvenirs de ce bivouac sur glacier et plus haut sommet de Suisse resteront gravés dans ma mémoire bien plus longtemps que les 4j de courbatures qui on suivit la descente :)    
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Sigma 20mm f1.4 DG DN

//conclusion in english at the end of the article Une optique que j’attendais depuis longtemps qu’elle soit optimisée pour appareil hybride, le 20mm f1.4. J’ai déjà pu tester son grand frère en 2018. Il s’agissait d’une version reflex qui souffrait de quelques défauts comme de la coma sur les étoiles en astro et surtout un fort encombrement avec une lentille frontale massive empêchant d'y monter des filtres classiques! Heureusement, l’avènement des appareils sans miroir permet de revoir totalement les formules optiques et gagner en encombrement particulièrement avec les objectifs grand angle et lumineux. C'est ainsi qu'après 4ans de développement depuis la version HSM, un 20mm f1.4 complètement revu au gout du jour arrive sur le marché. Nous voilà avec le Sigma 20mm f1.4 DG DN. Le DN signifie justement que la formule optique est revue pour les appareils hybrides. Etant ambassadeur chez Sigma Suisse, j'ai eu la chance de pouvoir tester cet objectif une semaine et demi avant son annonce officielle. Je vais pouvoir éplucher ses performances et vous faire un retour dans les règles de l’art. Je tiens à préciser que mon retour n'est pas biaisé par Sigma, je n'ai aucune contrainte ;)   Encombrement Il est sans aucun conteste plus compact que le 20mm f1.4 DG HSM ART. Il est aussi presque 2x plus léger (0.6kg vs 1.1kg). Cette différence de poids est importante et permet de le rendre plus polyvalent. On hésitera aussi moins à le glisser dans son sac photo si l'on part faire une balade où l'on est pas sûr de l'utiliser. Sa lentille frontale est aussi bien moins bombée et proéminente, ce qui facilite grandement le nettoyage de la frontale. Il est d’ailleurs possible d’y monter des filtres vissant d’un diamètre de 82mm. Un très bon point pour une optique de paysage où l’ajout d’un filtre ND permet par exemple de donner un effet vaporeux aux cascades. C’est aussi intéressant pour de la photographie en zone polluée, l’ajout d’un filtre coupant les IR permet d’avoir des images plus pures du ciel nocturne. On peut aussi ajouter des filtres à l’arrière de l’objectif. Cependant, on reste dans une optique très particulière, ultra grand angle et ultra lumineuse. La formule optique est optimisée pour être compacte, on reste néanmoins sur un gros objectif qui n’est pas forcément passe partout. Construction L’optique est bien protégé contre les intempéries avec notamment un joint au niveau de la bague de la monture. Son pare soleil est amovible et bien maintenu en place par un bouton de verrouillage. Il a toute une panoplie de boutons directement sur le fût de l’objectif. Le bouton AF/MF est particulièrement bien placé et pratique lors de photographie nocturne. Attention cependant, ce n’est pas parce que l’objectif est en MF que la mise au point ne bouge pas après un redémarrage de l’appareil photo ou lors d'un touché accidentel de la bague de mise au point. Il faut impérativement contrôler sa mise au point régulièrement pour éviter d'avoir de mauvaise surprise une fois de retour derrière le PC. Sigma résout habilement ce problème de mise au point qui peut bouger. Le bouton MFL Lock permet de verrouiller la mise au point lorsque l’on est en mise au point manuelle. Une superbe idée, c'est à se demander pourquoi cette fonction n'existait pas avant? On retrouve un bouton personnalisable sur le fût. On peut par exemple l’attribuer pour la mise au point automatique sur les yeux ou autre selon votre préférence. Il y a un switch permettant d’avoir la bague d’ouverture crantée chaque 1/3 diaf ou sans clic (pour les vidéastes principalement qui ne veulent pas d'à coup dans leur film). Une autre nouveauté intéressante est un bouton permettant de verrouiller notre choix de réglage d’ouverture. Sans le verrouillage, avec la bague de diaf, on règle notre ouverture entre f1.4 et f16. Si l’on bascule sur A, on règle l’ouverture via le boîtier. Avec le bouton de verrouillage, on est soit bloqué avec le réglage de l’ouverture sur le boîtier entre f1.4 et f16, soit bloqué avec le choix de l’ouverture via le boîtier. C’est pratique pour éviter une perte de temps et une image ratée si la bague a malencontreusement bougé pendant le transport ou une fausse manip. Ça peut aussi être très pratique lorsque l’on ne peut pas accéder facilement au boîtier comme dans un caisson étanche pour des photos sous-marines. Le reste de la construction est dans les standards des derniers Sigma ART, une finition sobre est classe dans un plastique de bonne facture. La bague de mise au poin à une course très longue permettant un réglage précis de la mise au point (bien plus longue que les optiques Sony). Cette précision de mise au point est bienvenue pour la photographie nocturne pour faire le point sur les étoiles.   Qualité d’images Concernant la qualité d’image, c’est une optique qui sort du lot pour cette catégorie avec un piqué phénoménal dès la pleine ouverture même sur un capteur 61mgpx comme le a7rIV jusque dans les coins. Rien à voir avec le 20mm f1.4 HSM qui était un peu mou dans les angles à pleine ouverture. Il faudra attendre que d'autres testeurs fassent des comparaisons plus rigoureuse avec des chartes, ce n'est pas ma tasse de thé. Mais sur le terrain, le piqué est razor sharp comme disent les anglophones!   Flare, AC Si le soleil n’est pas loin du centre de l’image, du flare peut apparaître. C’est un problème qu’il est difficile d’éviter avec un grand angle aussi lumineux. Le Sony 24mm f1.4 s’en sort mieux mais pour quasiment 3x le prix du 20mm Sigma. Je n’ai pas réussi à mettre l’objectif en défaut avec les aberrations chromatiques. Même en contre jour et hors plan de netteté.   Coma Concernant la coma, il fait vraiment mieux que son prédécesseur en version reflex. Les coma sont inexistants même à pleine ouverture ce qui est une excellente nouvelle pour ceux qui voudrait photographier le ciel nocturne. Ci-dessous, deux recadrages 100% dans les angles à pleine ouverture (f1.4). Une fois avec le 20mm f1.4 GSM et une fois avec le 20mm f1.4 DG DN

HSM (on remarque un effet croix)

DG DN pas de coma (les traits sont du au filet des étoiles)

  On remarque aussi que le DG DN est aussi significativement plus piqué que le HSM. Contrairement au HSM ou je fermais à f1.8 ou f2 pour diminuer l'effet de coma, le vignétage et être moins mou. Le 20mm DG DN est au taquet dès la pleine ouverture , c'est vraiment une optique de choix pour de la photographie de voie lactée   Vignettage Pour le vignettage, il est présent à pleine ouverture, il devrait pouvoir être corriger facilement une fois que l'objectif sera reconnu par LR et les autres softs de traitement. Le vignetage disparaît totalement dès F2 Ce vignetage peut être visible lors d’assemblage de panorama, il faut penser à prendre suffisamment d’images pour avoir un recouvrement important et minimiser l’effet du vignetage et/ou fermer à F2 et plus. Les distorsions sont bien maîtrisée, dans l’ensemble, c'est une bonne optique pour faire des panorama.   Effet étoile Avec ses 11 lamelles de diaphragme, l’effet étoile est très marqué et esthétique dès que l’on ferme à plus de F8. L’effet est souvent accompagné d’un peu de flare de par la présence du soleil dans le cadre.   Image nocturne à main levée La très grande ouverture permet de faire des images à main levée avec très peu de luminosité. Très pratique si l’on ne veut pas avoir un trépied avec soi en permanence. Par exemple, ici les différents alpinistes en train de monter vers le sommet du Dom. Cependant, dans ces conditions de très faible luminosité, l’AF est un peu hésitante et oscille parfois autour du point. Dans des conditions lumineuses normales, le point se fait précisément et rapidement. L’AF est tout de même en retrait par rapport aux optiques Sony avec moteur linéaire.   Proxi Notez que la mise au point peut être faite à 23cm permettant de faire des images de proxi d’animaux montrant ainsi leur habitat ou des portraits particulièrement originaux. Cette mise au point rapprochée permet aussi d’amplifier la taille du premier plan avec l’effet grand angle.   Focus breathing Si on le compare à d’autres optiques du même calibre, le 20mm f1.4 DG DN a peut de focus breathing. C’est particulièrement intéressant pour les vidéastes mais aussi pour les photographes faisant du focus stacking.

superposition de map min et map max

  Conclusion En conclusion, pour moitié prix du 24mm f1.4 Sony ou moins cher et plus lumineux que le 20mm f1.8 Sony, le 20mm f1.4 DG DN s’inscrit comme un très bon choix. Après un gros lifting de volume et de poids par rapport à la version réflex (DG HSM), le DG DN optimisé pour appareil sans miroir est maniable et facilement transportable en ballade. Il a de nombreux verrouillages de la mise au point manuelle et de l’ouverture pour éviter toute surprise lors des déplacements ou pendant les prises de vues. C’est une optique qui est très spécialisée et qui nécessite un œil aguerri pour composer au mieux ses images. Ses performances sont excellentes avec un piqué qui décoiffe dès la pleine ouverture. Les aberrations chromatiques et la coma sont inexistants même à pleine ouverture ce qui en fait une des optiques les plus intéressantes pour la photographie nocturne. La mise au point moins de 23cm permet de faire de la proxi avec de jolis bokeh (pour un grand angle) permet de bien mettre en valeur des petits sujets. Le grand angle permet d'amplifier l'importance du premier plan par rapport à l'arrière plan, un jeu de perspective à utiliser lors des compositions des images. On peut noter quelques défauts inhérents à la grande ouverture et angle de l’optique. Le 20mm est assez sensible au flare lorsque le soleil est dans le champ de vision, le vignetage est aussi présent à pleine ouverture mais s’estompe rapidement en fermant (entre f1.4 et f2). L’AF en basse lumière n’est pas un foudre de guerre mais est-ce vraiment important pour une optique orientée paysage ? La construction est solide et sobre. Le pare soleil est amovible (pas forcément le cas pour les UGA ultra lumineux) et la lentille frontale pas trop bombée permettant le montage de filtre vissant plutôt qu’un système compliqué fixé sur le pare soleil (aussi possible de mettre des filtres à l'arrière). Il y a de nombreux boutons sur le fût pour passer en MF ou pour dé-cliquer la bague d’ouverture pour les vidéastes. Deux autres boutons de verrouillage font leur apparition avec le blocage de la mise au point en manuel focus ainsi que le blocage de la sélection de l'ouverture. Il y a aussi de nombreux joints d’étanchéité pour résister à toutes les conditions météos notamment la rosée du matin lors des time-laps. Un excellent rapport performance/qualité/prix dans la gamme des ultra grand angle lumineux pour de la photo nocturne, de paysage et d’archi. Cela peut aussi être une optique complémentaire pour faire des photos originales en jouant sur l’effet grand angle et faible profondeur de champs pour des portraits ou de la proxi.  

In conclusion, for half the price of the 24mm f1.4 Sony or cheaper and brighter than the 20mm f1.8 Sony, the 20mm f1.4 DG DN is a very good choice. After a drastic decrease in volume and weight compared to the SLR version (DG HSM), the mirrorless-optimized DG DN is versatile and easier to carry around. It has new feature buttons: manual focus and aperture locks to avoid any surprises when moving or shooting. It is a very specialized lens that requires a little bit of practice to compose good-looking pictures. Its performance is excellent, razor sharp at all apertures. Chromatic aberrations and coma are non-existent even at full open which makes it one of the most interesting lenses for night photography. The minimal focus point at 23cm allows to make proxy photography with nice bokeh (for a wide angle) that allows to highlight small subjects. The wide angle allows to amplify the importance of the foreground compared to the background, a perspective tool to use when you are composing your images.

We can note some downsides inherent to the large aperture and angle of the lens. The 20mm is quite sensitive to flare when the sun is in the field of view, vignetting is also present at full aperture but quickly fades away when closed a little bit (between f1.4 and f2). The AF in low light is not really fast and a little bit hazardous but is it really important for a landscape lens?

The construction is solid and sober. The sunshield is removable (not necessarily the case for ultra-fast and wide lenses) and the front lens is not too bulbous allowing the mounting of screw-in filters rather than a complicated system fixed on the sunshield (also possible to put filters on the back). There are many buttons on the barrel to switch to MF or to unclick the aperture ring for videographers. Two more buttons appear with manual focus lock and aperture selection lock. There are also many seals to withstand all weather conditions including morning dew during time-lapse for example.

An excellent performance/quality/price ratio for an ultra-wide and fast lens for night, landscape and architectural photography. It can also be a complementary lens to make original photos by playing on the wide-angle effect and shallow depth of field for portraits or proxy photography.

  Synthèse + Ultra grand angle très lumineux + pas de coma + pas d’AC + Possibilité de visser des filtres, pare soleil amovible + compact/léger par rapport à la version reflex (et au regard de sa forte ouverture) + prix très compétitif par rapport à la concurrence <1000€ + le grand angle le plus lumineux du marché (20mm f1.8, 14mm f1.8, 24mm f1.4) + tropicalisation + construction globale et boutons/switch sur le fût + verrouillage de la mise au point manuelle (MFL Lock) + effet étoile en fermant + possibilité de proxi + 1 nettoyage par an et garantie à vie avec Sigma Suisse   - AF hésitant et lent en basse lumière - optique spécialisée pour photographe expérimenté - vignetage visible à pleine ouverture (négligeable dès F2) - résistance au flare     Quelques images prisent avec le 20mm f1.4

Panorama 7 images, Sony a7rIV,  Sigma 20mm f1.4 DG DN, ISO6400, f1.4, 15sec

Sony a7rIV,  Sigma 20mm f1.4 DG DN, ISO100, f11, 1/100sec

Sony a7rIV,  Sigma 20mm f1.4 DG DN, ISO320, f11, 1/30sec

Panorama de 8images, Sony a7rIV,  Sigma 20mm f1.4 DG DN, ISO3200, f1.4, 15sec

Panorama de 6images, Sony a7rIV,  Sigma 20mm f1.4 DG DN, ISO800, f1.4, 1/10sec

Panorama de 2images, Sony a7rIV,  Sigma 20mm f1.4 DG DN, ISO400, f8, 1/25sec

Sony a7rIV,  Sigma 20mm f1.4 DG DN, ISO400, f5.6, 1/8sec

Blend 3images, Sony a7rIV,  Sigma 20mm f1.4 DG DN, ISO200, f4, 15sec

         
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Le gypse dans tout ses états

Avec mes débuts en spéléologie et mes cours d’accompagnement en montagne (AMM), j’ai découvert une nouvelle facette de notre monde au travers de la géologie. Cette vaste science s’intéresse notamment à la formation et à l’histoire des roches qui nous entourent. D’ailleurs une phrase d’un ami géologue en formation AMM, Manu, m’a particulièrement interpelée : « Tous les cailloux, comme chacun et chacune d'entre nous, sont des immigrés. En effet ils proviennent tous d'ailleurs. Leur voyage est le résultat de la conjonction de la tectonique des plaques et de l'érosion ». L’histoire des roches est passionnante, il faut juste apprendre à les écouter, lire entre leurs strates. Dans ce billet de blog, nous allons nous plonger dans un réseau *karstique qui a la particularité de s’être développé dans du gypse.

Le gypse se reconnait par sa friabilité et sa blancheur

Cette roche a une longue histoire qui nous fait remonter à des temps immémoriaux. Elle commence vers la fin du Trias, il y a un peu plus de 200 millions d’années avant notre ère. À cette époque le super continent, la Pangée, n’est pas encore fragmenté. La croûte continentale qui sera prise plus tard en sandwich dans la formation des Alpes est recouverte par une mer peu profonde en périphérie de l’océan Téthys. Le climat y est chaud, ce qui favorise la formation de la roche qui nous intéresse ici : le gypse. Il s’agit d’une évaporite, ce qui signifie que cette roche s’est formée par l’évaporation d’une eau surchargé en *sel dissout. Le gypse est un sel comme notre fameux sel de table (chlorure de sodium). Tout comme lui, il peut se dissoudre dans l’eau. L’eau a le pouvoir de casser le lien qui relie le Na (sodium) au Cl (chlorure). Ce pouvoir est limité et s’il y a trop de sel, la concentration de sel dissous atteint un maximum. Le mélange est alors saturé et le sel en trop reste solide.

Cristaux de gypse se formant sur les parois d'une mine. 

Des goutes saturées en sulfate de calcium s'éclaboussent au sol et forment ces cristaux

L'eau infiltrée dans la roche a une pression permettant de dissoudre le gypse. Une fois hors de la roche, la pression et la température diminue et le sel se cristallise contre les surfaces alentour.

Les cristaux de gypse ont une forme parallélépipédique (pas en pyramide comme d'autres cristaux)

A la fin du Trias, le climat chaud et les mers peu profondes commencent à s’évaporer. En évaporant l’eau de la mer, la concentration en gypse, plus précisément sulfate de calcium (CaSO4), augmente. L’eau devient saturée et le gypse repasse à l’état solide : il précipite et s’amoncèle avec le temps en strate sur les fonds marin. Après la formation de cette roche, au terme du Trias, le contexte tectonique se retrouve à nouveau bouleversé : une nouvelle période commence, celle du Jurassique qui s’étend de 200 à 145 millions d’années. Le climat est globalement plus chaud de 5 à 10 degrés par rapport à aujourd’hui. Le taux de CO2 est aussi dix fois plus élevé. Les dinosaures parcourent les plages, des libellules d’un demi-mètre survolent les marécages et la vie bas son plein dans les mers peu profondes en marge des continents. Au cours de ces millénaires, des générations d’ammonites, de crocodiles marins, coraux, oursins, poissons et crustacés se reproduisent, folâtrent, s’adaptent et finissent par mourir. Tout le calcium contenu dans les squelettes et les coquilles de crustacé s’accumulent en formant des strates par-dessus notre gypse. Tout ce processus de déposition va se poursuivre pendant la fermeture progressive de l’océan Téthys durant la deuxième moitié du Crétacé (145 à 65 millions d’année avant notre ère). La formation des Alpes commence avec la collision entre le continent Européen et *l’Apulie (un microcontinent au Nord de l’Afrique) au cours du Paléogène, il y a entre 65 et 23 millions d’années. Notre couche de gypse est prise en sandwich entre différents niveaux géologiques et va subir des déformations tectoniques. Avec l’érosion des jeunes Alpes, le gypse retrouve à nouveau la lumière du soleil. Cela après un incroyable périple souterrain de près de 200 millions d’années ! C’est alors que le processus de karstification peut commencer. Contrairement au calcaire massif, le processus d’érosion sera beaucoup plus rapide dans le gypse.

Bloc de gypse en cours d'érosion dans une gouille d'eau (on remarque la poussière de gypse érodée au pied de la structure)

Il est très friable et se dissous plus facilement dans l’eau. De part cette solubilité élevée, des galeries souterraines se forment facilement par dissolution avec l’infiltration de l’eau de pluie.

Un exemple de galerie formée par l'eau dans une couche de gypse

Tout un réseau en perpétuelle transformation se met en place.

Une stalactite de gypse en cours de formation (de type cristalline)

Des concrétions s’y forment et peuvent à nouveau disparaître pour se reformer plus loin: l’eau de percolation dissout du gypse par endroit et le fait précipiter ailleurs en stalactites, stalagmites, draperies, perles ou d’autres spéléothèmes dû à la différence de pression de l’eau, de la température et du taux de concentration. Les précipitations du gypse s’organisent en fins filaments et cristaux croissant goute après goute jusque à former une petite stalactite qui s’allongera avec le temps.

Le diamètre des filament que l'on aperçois est dans les 0.04mm soit la taille d'un cheveu.

goute après goute, les cristaux grandissent, s'entremêlent

goutte après goutte, la stalactite s'allonge

Parfois les structures semblent en équilibre, semblent défier la physique

Une fistuleuse est une concrétion tombant du plafond extrêmement fine et fragile

Des impuretés comme du pollen peuvent être pris au piège dans une concrétion

Naissance d'une stalactite. Petit à petit les cristaux de gypse se rejoignent et forme la base d'où goutera les futures gouttelettes

Le gypse se dissolvant plus facilement que le calcaire, les concrétions de gypse peuvent se former en une dizaine d'année alors qu'il faut en compter une dizaine de millier pour le calcaire.

Lorsque des goutes d'eau saturée tombe au sol, des perle des cavernes en gypse (pisolithe) peuvent se former

Ce sont des grottes dangereuses et très instables par nature. Il n’est pas rare que des pans de gypse complets collapsent et obstruent d’anciennes galeries.

Arche de gypse et bloc de gypse en cours de dissolution

Tout récemment d'ailleurs, un trou de 1m20 c'est ouvert sur une autoroute! Le gypse sous le bitume c'est dissout fragilisant le couches supérieures jusqu'à l'effondrement de la route. Par chance, le trou a été découvert avant un malheureux accident! Si l’on rajoute encore à cela l’activité humaine à proximité avec l’extraction du gypse à coup d’explosifs pour fabriquer du plâtre, les grottes deviennent carrément dangereuses ! S’y aventurer nécessite de bien connaitre le réseau, les périodes de minage en cas d’exploitation et de ne pas oublier les règles de base en avertissant en amont des personnes de confiance et expérimentées au secours.

Toujours s'aventurer dans une grotte avec des personnes expérimentées (ici Benjamin) et appliquer les règles de sécurité de base de spéléo

Même en prenant toutes ces précautions, il y a *des dangers objectifs : le caractère très instable et friable du gypse engendre des chutes de bloc imprévisibles. C’est en connaissance de cause et en adoptant un comportement qui minimise au maximum *les risques que l’on s’aventure dans les entrailles de la terre. Une fois arrivé à la hauteur de la nappe phréatique, tout semble figé. En l’absence de courant d’air, les petits lacs de la nappe agissent comme des miroirs.

Lac qui semble figé dans le temps d'un bleu azur. Notez les nombreux blocs rocheux tombés de la voute de la grotte.

Notez les différences de couleurs dans la roche du plafond. On distingue clairement les différentes "strates" typiques d'une roche sédimentaire/évaporite

Il devient presque impossible de différentier le reflet du fond du lac. Ce bleu cristallin, cette roche blanchâtre, ces reflets et cette pureté semblent presque irréels.

Eau de nappe phréatique formant un petit lac.

Par endroit, de fines plaques blanches flottent à la surface de l’eau.

Du gypse cristallisé sous forme de plaque en surface

En regardant plus attentivement, on discerne des petites dendrites, comme plein de petits flocons de neige accolés.

Plaque typique formée à la surface de l'eau

Vue rapprochée de plaque en formation

Cristallisation du gypse en surface formant des petits cristaux

Détail des cristaux

Il s’agit en faite du sulfate de calcium qui se recristallise à cause d’un taux de saturation en gypse trop élevé. Celui-ci se cristallise en formant ces petits flocons qui s’agglomèrent de plus en plus jusqu’à former de fines plaques.

Déchirement d'une fine plaque suite à une perturbation dans l'eau

Bulle d'air emprisonnée sous la plaque

Différentes densités de cristaux

Les plus gros cristaux font 0.15mm de long

Les plus petits cristaux font 0.04mm ce qui est ridiculement petit!

C’est un peu le même processus que les salières en bord de mer. Ces petites plaques flottent grâce à la tension superficielle de surface de l’eau. A la moindre perturbation, ceux-ci décrochent et coulent au fond de l’eau. Le même phénomène qu’a la fin du Trias, il y a plus de 200 millions d’années, se reproduit en quelque sorte! Quel privilège de pouvoir observer ces réactions chimiques si particulières à l’état naturel. Il n’y a pas que le cycle de l’eau avec son évaporation, ses pluies, ses glaciers, ses rivières et lacs, il y a d’autre cycle. Voir en direct une partie du cycle du calcium avec la roche sédimentaire formée il y a des millions d’années, son érosion par l’eau de pluie, ses reformations dans des stalactites, sa dissolution dans l’eau de nappe, sa recristallisation en surface et ses précipitations au fond des petits lacs souterrains me laissent pantois. Je retrouve mon âme d’enfant devant ce type de phénomène. J’en viens même à imaginer des cycles encore plus fous. Je m’imagine le cycle du méthane sur Titan, une des lunes de Saturne. Tout là-bas dans notre système solaire, du méthane liquide coule le long des rivières, forme des lacs, s’évapore et retombe sous forme de pluie de méthane. Je ne verrai probablement jamais ce cycle d’hydrocarbure mais la vue de ce cycle du calcium suffit largement à attiser ma curiosité. Cela me motive à découvrir encore plus de trésors cachés. Toutes ces beautés naturelles sont très fragiles et doivent être préservées. En plus de la destruction de ces joyaux par l’exploitation humaine du gypse pour la fabrication de plaque de plâtre, s’ajoutent les déprédations des visiteurs peu scrupuleux. Ces grottes peuvent pour certains être facilement accessibles. Malgré le risque élevé et le danger omniprésent, des curieux et curieuses s’aventurent parfois dans ces grottes à la recherche de sensations fortes. Malheureusement, un manque de formation, d’éducation ou même parfois un coté narcissique et d’égo détruisent ces lieux. On peut retrouver des bougies, des emballages plastiques et d’autres ordures transformant des grottes en décharges.

Emballage de "ShupaShups" en plastique trouvé dans une grotte naturelle de gypse

Une fleur en plastique "décorant" la grotte

On y trouve même parfois des foyers qui noircissent les parois de la grotte, enfument les chauves-souris ou même d’autres personnes pouvant se trouver ailleurs dans la grotte.

reste de foyer

On y trouve aussi des amoncellements de pierre formant des cernes ainsi que des déjections. On y retrouve aussi des graffitis réalisés à la bombe ou à la suie d’acétylène contre les parois marquant le passage de personnes en manque d’ego avec des noms, des dates et même des messages religieux, d’amour et de haine.

Merci Frank

Merci Claudy Moix

Merci Waser

L’histoire de l'image ci-dessus: Il y a 130millions d'années, l'océan Téthys se forme, des animaux y vivent et y meurent augmentant le taux de sulfate calcium dans l'eau. Il y a 80millions d'années, l'océan Téthys commence à se refermer, l'eau s'évapore et le gypse se cristallise au fond de l'océan et forme des couches. Il y a 50millions d'années, le fond de l'océan Téthys se fait complètement écraser et expulser, pris en sandwich entre la plaque tectonique Africaine et Européenne. Les déformations dessinent les plissements que l'on voit. Il y a 20mille ans, des glaciers, des infiltrations d'eau dissolvent le gypse créant des grottes et des éboulements Il y a 30ans, des humains narcissiques indiquent leur passage sur une oeuvre d'art, une fresque naturelle façonnée depuis une centaine de millions d'années   Je suis bien désolé de finir sur cette note en demi-teinte mais il m’est impossible de parler des beautés de la nature sans relever le coté malsain de l’humain. Il y a malheureusement un grand manque de sensibilisation à cette problématique et j’espère apporter une petite pierre à l’édifice par cet article. Pour ne pas en rester là, je pense organiser un nettoyage de quelques cavités pour leur rendre leur aspect naturel (en m’assurant qu’il n’y ait plus de chauve-souris en hibernation ou en train d'élever leurs portées).

Le grand rhinolophe, une espèce rare et sensible habitant pouvant habiter dans les grottes/mines de gypse

Et pourquoi ne pas sensibiliser les jeunes en organisant des conférences dans les classes d’école ? Un grand merci pour votre lecture, ne cessez jamais de vous laisser émerveiller par la nature et laissez là aussi naturelle qu’elle est 😊     Un grand merci à Antony, Géologue en formation pour sa relecture et nombreuses précisions et complément sur la partie hydro-géologique de l’article. J’ai malheureusement dû simplifier beaucoup de détails techniques. Cependant, vous trouverez quelques précisions dans les notes et définitions ci-dessous : * karstique : ‘’Le karst est une structure géomorphologique résultant de l'érosion hydrochimique et hydraulique de toutes roches solubles, principalement de roches carbonatées dont essentiellement des calcaires.’’ Source *Spécificité des différents ères cités : Trias : 250 à 200 millions d’années avant notre ère. Le climat est particulièrement chaud. La Pangée n’est pas encore fracturée. Plus de précision  Jurassique : 200 à 145 millions d’années avant notre ère. Le climat est globalement plus chaud de 5 à 10 degrés par rapport à aujourd’hui. Le taux de CO2 est aussi dix fois plus élevé. Plus de précision Crétacé : 145 à 65 millions d’années avant notre ère. Le climat est moins chaud qu’aux périodes précédentes (Trias, Jurassique). Durant la deuxième moitié de cette période, l’océan Téthys se ferme progressivement. Plus de précision Paléogène : 65 à 23millions d’années avant notre ère. Le climat est toujours chaud. Les Alpes commencent à se former avec la collision entre la plaque Eurasienne et Africaine au début de cette période. Plus de précision *Mer ou Océan ?: Pour faire simple, on parle d’océan quand il y a une croûte océanique conséquente et de mer lorsque l’eau recouvre surtout de la croûte continentale (ex : la mer Méditerranée). *sel : Le terme ‘’sel’’ regroupe ici un assemblage d’atomes ou molécules qui peuvent se retrouver sous forme ‘’aqueuse’’, c’est-à dire dissout dans l’eau et combiné avec les molécules H2O qui le compose. *Risque: En gestion du risque en montagne, on parle du risque résiduel qui est le résultat d’une division entre les dangers et le comportement des gens vis-à-vis de ce danger. En ce sens un sentiment de sécurité dû par exemple à des années de pratique sans accident peut conduire à des comportements dangereux. Cela peut être appelé ‘’le paradoxe du sentiment de sécurité’’, puisqu’il conduit à un comportement dangereux pour soi-même et les autres, secouristes compris ! Il y a un autre type de sentiment de sécurité généré par le manque d’expérience et d’année de pratique. Or la spéléologie et les sports de montagne sont surtout des affaires d’expérience et d’années de pratique. Au final, ce qui permet d’adapter notre comportement au mieux, c’est la conscience du danger et encore plus des conséquences d’un accident) *Danger objectif ou subjectif ?: si on peut causer la déstabilisation d’un bloc, d’une avalanche ou tomber, c’est un danger subjectif, vue que l’humain est la cause déclenchante de l’événement qui peut générer l’accident. Si la déstabilisation n’est pas causée par l’humain ou autrement dit, si l’humain n’a pas le contrôle sur ce déclenchement, on parle de danger objectif. Là, les seules stratégies, c’est d’éviter complètement le danger ou sinon au moins réduire le temps d’exposition.
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Entre le fond de l’océan et le sommet des Grisons

Étant déjà dans le canton des Grisons pour la quête du grand tétras, je profite de l’occasion pour visiter ce beau pays en compagnie de Lisa qui me rejoint pour les 3 derniers jours. Au programme : voir le plus haut sommet des Grisons, le Piz Bernina. C’est d’ailleurs le seul 4000 du canton. Un sommet qui est sur la liste des 4000 encore à réaliser. On entre dans la vallée de Morteratsch qui nous fait voyager dans le temps. Des panneaux indiquant la position antérieure du glacier bordent le chemin. Ces panneaux nous permettent de nous rendre compte du gigantisme du glacier d'en temps. La fonte du glacier est impressionnante, la perte de volume donne le vertige. Se dire que lors de la deuxième guerre mondiale, un seul glacier recouvrait la vallée alors que maintenant, il est fractionné en une multitude de petits glaciers fait mal au cœur. C’est aussi l’occasion d’étudier l’évolution d’un milieu mis à jour par la fonte du glacier. C’est un milieu pionnier, les dix premières années avec quelques herbes et mousses non vasculaires qui arrivent à pousser dans le limon. Puis, après 30 ans, les premiers arbres, tels que les mélèzes et les saules commencent à s’implanter avant d’être progressivement remplacés par une forêt d’aroles qui est le climax de cette zone. Le chemin balisé s’arrête au panneau 2015. De là, le glacier a tellement reculé qu’il n’est pas possible de le voir. D’ici, on aperçoit uniquement un énorme pan de roche qui n’était pas du tout visible avant les années 2000. Cette paroi rocheuse fait passé 100m de haut et a résisté à la force d’abrasion du glacier. Ce type de topologie s'appelle un verrou glaciaire car il contraint le glacier à contourner l’obstacle. A l’ombre de cette paroi, agonise un bout de glacier complètement détaché du glacier principal. Il semble y avoir une grotte de glace, malgré les panneaux interdisant l’accès à la zone pour des risques de chutes de pierre, nous nous rendons dans cette petite grotte. Celle-ci fait à peine une dizaine de mètres de long et ne semble pas particulièrement intéressante. C’est sans compter sur les yeux aguerris de Lisa qui sait trouver de la beauté dans les recoins les plus discrets. Dans une petite fissure du glacier, du givre a poussé et grandi. Ce microcosme est incroyable, si on s’y plonge, on s’imagine en train de se balader sur une planète glacée avec d'énormes stalactites et stalagmites de toutes parts. Un paysage surréaliste et glacial. La difficulté pour capturer la beauté de ce monde miniature est de taille mais je tente de vous la partager au mieux. On sort ensuite rapidement de cette zone qui est particulièrement instable. De beaux rochers dévalent la pente de la moraine. En moins de 10 minutes, des rivières se sont formées et coulent le long du glacier. On décide de marcher jusqu’au pied du glacier. On gravit les 100 m du verrou glaciaire en restant le plus éloigné des bords dangereux du vallon. Une fois au sommet du verrou, on distingue une grotte de glace sur le côté du glacier. Celle-ci est bien plus grande que la première. Dans la partie centrale, une rivière coule sous la glace. Il y a même quelques petites cascades. Au-dessus des cascades, la glace est marquée par un beau motif d’écaille. Plus bas dans la grotte, le sol est toujours glacé mais pas de manière uniforme. Ce sont d'énormes cristaux de glace reliés entre eux. Fragile par endroit, il a supporté mon poids la majorité du temps. Il reste encore une troisième partie à cette grotte, plus cachée. Il faut se faufiler sous la glace en remontant la rivière. Une petite cascade sous glaciaire cachée jaillit du glacier. On se remet ensuite en route pour aller jusqu’à ce qui semble être la grotte de glace principale du glacier. En arrivant sur place, il s’avère que c’est en fait un champ de crevasse. Sans matériel adapté, nous n’irons pas plus loin. De là, on aperçoit le fameux 4000 des Grisons, le Piz Bernina. On croise d’ailleurs aussi quelques skieurs, sur leur chemin du retour. Une bien belle découverte que cette vallée qui est très accessible avec une gare au début de la vallée et un chemin allant jusqu’au fond. Cependant, on y est allé en basse saison (fin avril). En été, selon les photos satellites, ça doit être l’enfer.   Pour la suite du programme, il me tenait à cœur de visiter une arche de pierre assez peu connue dans la région. C’est une marche géologique, c’est-à-dire qu’un parcours a été défini avec différents marquages pour expliquer la géologie locale. Malheureusement, ce parcours se fait en juin lorsque toute la neige a fondu. Nous avons donc loupé la plupart des marquages et donc l’histoire géologique du lieu. Il s’agit en fait de la plaque océanique autrefois au fond de l’océan de la Téthys qui se retrouve au sommet de ce massif montagneux. On peut donc y trouver des faucilles dans les roches. Nous n’en verrons malheureusement pas à cause de la neige. D’ailleurs, nous avons aussi failli ne pas voir l’arche tout court. Le chemin ne passant pas vraiment à côté de l’arche, c’est en se perdant un peu de nuit en raquette que l’on tombe dessus un peu par hasard. Cette arche vient d’ailleurs aussi du fond de l’océan. Elle est faite en dolomie, une roche sédimentaire qui se forme à l’abord des abysses. On installe le camp à côté de l’arche pour la nuit et l’on profite d’un ciel encore un peu dégagé pour tenter quelques images nocturnes. Le centre de la voie lactée et la constellation du scorpion pointent juste le bout de leur nez juste avant d’être complètement obstrués par le nuage. Cette couche nuageuse va s’intensifier durant la nuit et nous nous réveillerons le lendemain dans une ambiance totalement différente. Entre blizzard, jour blanc et nuage bas. Constitué de dolomine, elle était au fond de l'océan de a Téthys il y a 100 millions d'années. Puis, lors de l'érection des alpes, elle a été prise en sandwich entre la plaque Eurasienne et Africaine et c'est retrouvée propulsée hors des eaux. Puis avec l'érosion, voila que ces deux morceaux de dolomie sont en équilibre, en appuis l'un contre l'autre. Le surnom de cette arche est « der Kuss » qui veut dire, le baiser. Comme si ces deux blocs de dolomie se faisaient un bisou depuis la nuit des temps.  On profite de cet endroit symbolique pour aussi se faire un petit bisou :) On attend ensuite que le temps se calme avant de se remettre en route pour rejoindre la voiture. Au début, le ciel était par endroit dégagé et les ambiances sympas. Mais plus l’on descendait vers la plaine plus le temps devenait maussade. On finira sous la pluie, trempée jusqu’au slip. Sur la route pour rentrer au pays, on s'arrêt au bord d'un petit lac grisonnais, le Crestasee. Les relfets dans ce lac sont assez magique. Deux petits arbres en fleures semblaient nous appeler de l'autre coté de la berge. Il y a aussi un jeu de racine tortueux. Puis, il a fallut se résigner à rentrer. Il n'y a pas à dire, les Grisons renferme tout de même de magnifiques coins!
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