Travail de terrain au sud du Groenland

Le Sigma 16-28mm f2.8 une optique compacte et passe partout pour les voyageurs et randonneur voulant partir léger ?
Pour répondre à cette question, je l’ai pris avec moi au Groenland pendant 1mois. J’ai pu l’emmener sur quelques balades sur la plus grande île au monde. Il me fallait une optique polyvalente et légère pour pouvoir l’avoir en tout temps avec moi. Il devait être compact pour pouvoir se faufiler entre les échantillons et les appareils de mesure, que je puisse aussi effectuer mon travail de terrain.
Etude de la formation des nuages dans le sud du Groenland
La photographie est plus un à coté pour ces deux semaines mais les paysages sont tellement impressionnant que l’appareil était souvent de la partie.
L’optique est vraiment compact est épurée, il fait très sobre. Un switch pour passer de l’autofocus en manuel focus. Une bague de zoom et une bague de netteté, that’s it !
Les objectifs de la gamme ART ressemblent à des ados boutonneux à coté 😊 Il n’y a pas non plus de bouton personnalisable ni de bague de diaphragme. Ces différents réglages se font via le boitier avec les différentes molettes. C’est d’ailleurs généralement ma manière de pratiquer. Le pare-soleil est aussi plus simple, taillé en tulipe pour réduire le flare, il n’a pas de bouton de verrouillage pour le maintenir fermement en place. A voir avec le temps si l’usure le rend un peu bancal mais je n’ai rien remarqué de particulier de ce côté-là.
Cet objectif de la gamme contemporary permet d’être plus compact que la gamme art et aussi plus abordable. Le prix médian du 16-28mm est moins de 1000.- alors que pour un autre zoom f2.8 ultra grand angle, on est plus du double du prix !
Mis à part la construction, il y a-t-il des compromis dans la qualité d’image ?
Le vignetage est marqué dans les angles aux plus grandes ouvertures. Les angles sont aussi mous à pleine ouverture et particulièrement à 16mm. En fermant au-dessus de f5.6, le rendu est homogène sur tout le champ de vision. Il vaut mieux fermer un peu le diaphragme dans la mesure du possible. Cela se fait naturellement pour de la photographie de paysage et de voyage.
Néanmoins, rien ne l’empêche de l’utiliser à pleine ouverture. J’ai eu la chance d’avoir plusieurs soirées avec des aurores boréal !
La possibilité d’ouvrir à f2.8 était super appréciable. Je ne pensais pas en voir si tôt en saison mais comme quoi ! Le vignettage est assez marqué et les coma dans les angles est aussi bien visible. Ce n’est surement pas la meilleure optique pour de la photo nocturne mais l’ouverture de f2.8 est le large champ de vision à 16mm permet de faire de belles images sans devoir trimballer une seconde optique plus lumineuse dédiée.
Pour l’anecdote, j’ai aussi pu tester la tropicalisation de l’objectif dans ses moindres détails. Pendant que je mettais en place un time laps d’aurore boréale. Le trépied à malheureusement basculé et le boitier ainsi que l’objectif se sont retrouvé pendant plusieurs secondes sous l’eau.
Photo aquatique avec le 16-28mm f2.8 DG DN Sigma
Je l’ai récupéré assez vite car je pouvais voir le boitier sous l’eau avec l’écran allumé. L’eau n’est pas très salée dans le fjord, 7-8g/kg de salinité selon les mesures de nos collègues. Je crais le pire après ce bain forcé. Le message d’accessoire non reconnu n’arrête pas d’apparaitre sur le boitier ce qui est très gênant car il faut en permanence le quittancer. Cela n’empêche pas la prise d’image mais confirme que le contact entre l’objectif et le boitier n’est pas très bon. D’ailleurs, j’ai un peu de peine à faire la mise au point en manuelle, la bague ne répond pas à chaque fois. Le boitier a aussi eu quelque séquelle car il n’est plus possible de l’éteindre même si le switch est sur off. Je prends le risque de le laisser continuer a prendre des images en time laps pendant que je fais une petite sieste à coté dans mon sac de bivouac. Le lendemain, de la buée à commencer à condenser dans l’objectif. Après une journée à sécher avec du silicagel, tout est rentré dans l’ordre. Je n’ai plus de mauvais contact, plus de condensation, comme si rien ne s’était passé. Le joint d’étanchéité au niveau de la monture de l’objectif a clairement évité que de l’eau ne s’infiltre dans la cage du boitier. Ce n’est pas une optique waterproof mais visiblement, elle résiste à une immersion de plusieurs secondes dans de l’eau de mer 😊 Je décline toute responsabilité et déconseille de refaire ce test par vous-même :=)
Le 16-28mm est une optique légère et compact. Vraiment une optique passe partout mais il a tout de même ses faiblesses. Il vaut mieux fermer le diaphragme lorsque les conditions le permettent afin d’avoir une image homogène jusque dans les coins (vignetage et piqué). L’ouverture de f2.8 permet d’être polyvalent et de faire quelques images nocturnes occasionnellement. Une optique parfaite pour partir léger.
Quelques images avec cet objectif:
HSM (on remarque un effet croix)
DG DN pas de coma (les traits sont du au filet des étoiles)
On remarque aussi que le DG DN est aussi significativement plus piqué que le HSM. Contrairement au HSM ou je fermais à f1.8 ou f2 pour diminuer l'effet de coma, le vignétage et être moins mou. Le 20mm DG DN est au taquet dès la pleine ouverture , c'est vraiment une optique de choix pour de la photographie de voie lactée Vignettage Pour le vignettage, il est présent à pleine ouverture, il devrait pouvoir être corriger facilement une fois que l'objectif sera reconnu par LR et les autres softs de traitement. Le vignetage disparaît totalement dès F2 Ce vignetage peut être visible lors d’assemblage de panorama, il faut penser à prendre suffisamment d’images pour avoir un recouvrement important et minimiser l’effet du vignetage et/ou fermer à F2 et plus. Les distorsions sont bien maîtrisée, dans l’ensemble, c'est une bonne optique pour faire des panorama. Effet étoile Avec ses 11 lamelles de diaphragme, l’effet étoile est très marqué et esthétique dès que l’on ferme à plus de F8. L’effet est souvent accompagné d’un peu de flare de par la présence du soleil dans le cadre. Image nocturne à main levée La très grande ouverture permet de faire des images à main levée avec très peu de luminosité. Très pratique si l’on ne veut pas avoir un trépied avec soi en permanence. Par exemple, ici les différents alpinistes en train de monter vers le sommet du Dom. Cependant, dans ces conditions de très faible luminosité, l’AF est un peu hésitante et oscille parfois autour du point. Dans des conditions lumineuses normales, le point se fait précisément et rapidement. L’AF est tout de même en retrait par rapport aux optiques Sony avec moteur linéaire. Proxi Notez que la mise au point peut être faite à 23cm permettant de faire des images de proxi d’animaux montrant ainsi leur habitat ou des portraits particulièrement originaux. Cette mise au point rapprochée permet aussi d’amplifier la taille du premier plan avec l’effet grand angle. Focus breathing Si on le compare à d’autres optiques du même calibre, le 20mm f1.4 DG DN a peut de focus breathing. C’est particulièrement intéressant pour les vidéastes mais aussi pour les photographes faisant du focus stacking.superposition de map min et map max
Conclusion En conclusion, pour moitié prix du 24mm f1.4 Sony ou moins cher et plus lumineux que le 20mm f1.8 Sony, le 20mm f1.4 DG DN s’inscrit comme un très bon choix. Après un gros lifting de volume et de poids par rapport à la version réflex (DG HSM), le DG DN optimisé pour appareil sans miroir est maniable et facilement transportable en ballade. Il a de nombreux verrouillages de la mise au point manuelle et de l’ouverture pour éviter toute surprise lors des déplacements ou pendant les prises de vues. C’est une optique qui est très spécialisée et qui nécessite un œil aguerri pour composer au mieux ses images. Ses performances sont excellentes avec un piqué qui décoiffe dès la pleine ouverture. Les aberrations chromatiques et la coma sont inexistants même à pleine ouverture ce qui en fait une des optiques les plus intéressantes pour la photographie nocturne. La mise au point moins de 23cm permet de faire de la proxi avec de jolis bokeh (pour un grand angle) permet de bien mettre en valeur des petits sujets. Le grand angle permet d'amplifier l'importance du premier plan par rapport à l'arrière plan, un jeu de perspective à utiliser lors des compositions des images. On peut noter quelques défauts inhérents à la grande ouverture et angle de l’optique. Le 20mm est assez sensible au flare lorsque le soleil est dans le champ de vision, le vignetage est aussi présent à pleine ouverture mais s’estompe rapidement en fermant (entre f1.4 et f2). L’AF en basse lumière n’est pas un foudre de guerre mais est-ce vraiment important pour une optique orientée paysage ? La construction est solide et sobre. Le pare soleil est amovible (pas forcément le cas pour les UGA ultra lumineux) et la lentille frontale pas trop bombée permettant le montage de filtre vissant plutôt qu’un système compliqué fixé sur le pare soleil (aussi possible de mettre des filtres à l'arrière). Il y a de nombreux boutons sur le fût pour passer en MF ou pour dé-cliquer la bague d’ouverture pour les vidéastes. Deux autres boutons de verrouillage font leur apparition avec le blocage de la mise au point en manuel focus ainsi que le blocage de la sélection de l'ouverture. Il y a aussi de nombreux joints d’étanchéité pour résister à toutes les conditions météos notamment la rosée du matin lors des time-laps. Un excellent rapport performance/qualité/prix dans la gamme des ultra grand angle lumineux pour de la photo nocturne, de paysage et d’archi. Cela peut aussi être une optique complémentaire pour faire des photos originales en jouant sur l’effet grand angle et faible profondeur de champs pour des portraits ou de la proxi.In conclusion, for half the price of the 24mm f1.4 Sony or cheaper and brighter than the 20mm f1.8 Sony, the 20mm f1.4 DG DN is a very good choice. After a drastic decrease in volume and weight compared to the SLR version (DG HSM), the mirrorless-optimized DG DN is versatile and easier to carry around. It has new feature buttons: manual focus and aperture locks to avoid any surprises when moving or shooting. It is a very specialized lens that requires a little bit of practice to compose good-looking pictures. Its performance is excellent, razor sharp at all apertures. Chromatic aberrations and coma are non-existent even at full open which makes it one of the most interesting lenses for night photography. The minimal focus point at 23cm allows to make proxy photography with nice bokeh (for a wide angle) that allows to highlight small subjects. The wide angle allows to amplify the importance of the foreground compared to the background, a perspective tool to use when you are composing your images.
We can note some downsides inherent to the large aperture and angle of the lens. The 20mm is quite sensitive to flare when the sun is in the field of view, vignetting is also present at full aperture but quickly fades away when closed a little bit (between f1.4 and f2). The AF in low light is not really fast and a little bit hazardous but is it really important for a landscape lens?
The construction is solid and sober. The sunshield is removable (not necessarily the case for ultra-fast and wide lenses) and the front lens is not too bulbous allowing the mounting of screw-in filters rather than a complicated system fixed on the sunshield (also possible to put filters on the back). There are many buttons on the barrel to switch to MF or to unclick the aperture ring for videographers. Two more buttons appear with manual focus lock and aperture selection lock. There are also many seals to withstand all weather conditions including morning dew during time-lapse for example.
An excellent performance/quality/price ratio for an ultra-wide and fast lens for night, landscape and architectural photography. It can also be a complementary lens to make original photos by playing on the wide-angle effect and shallow depth of field for portraits or proxy photography.
Synthèse + Ultra grand angle très lumineux + pas de coma + pas d’AC + Possibilité de visser des filtres, pare soleil amovible + compact/léger par rapport à la version reflex (et au regard de sa forte ouverture) + prix très compétitif par rapport à la concurrence <1000€ + le grand angle le plus lumineux du marché (20mm f1.8, 14mm f1.8, 24mm f1.4) + tropicalisation + construction globale et boutons/switch sur le fût + verrouillage de la mise au point manuelle (MFL Lock) + effet étoile en fermant + possibilité de proxi + 1 nettoyage par an et garantie à vie avec Sigma Suisse - AF hésitant et lent en basse lumière - optique spécialisée pour photographe expérimenté - vignetage visible à pleine ouverture (négligeable dès F2) - résistance au flare Quelques images prisent avec le 20mm f1.4Panorama 7 images, Sony a7rIV, Sigma 20mm f1.4 DG DN, ISO6400, f1.4, 15sec
Sony a7rIV, Sigma 20mm f1.4 DG DN, ISO100, f11, 1/100sec
Sony a7rIV, Sigma 20mm f1.4 DG DN, ISO320, f11, 1/30sec
Panorama de 8images, Sony a7rIV, Sigma 20mm f1.4 DG DN, ISO3200, f1.4, 15sec
Panorama de 6images, Sony a7rIV, Sigma 20mm f1.4 DG DN, ISO800, f1.4, 1/10sec
Panorama de 2images, Sony a7rIV, Sigma 20mm f1.4 DG DN, ISO400, f8, 1/25sec
Sony a7rIV, Sigma 20mm f1.4 DG DN, ISO400, f5.6, 1/8sec
Blend 3images, Sony a7rIV, Sigma 20mm f1.4 DG DN, ISO200, f4, 15sec
Le gypse se reconnait par sa friabilité et sa blancheur
Cette roche a une longue histoire qui nous fait remonter à des temps immémoriaux. Elle commence vers la fin du Trias, il y a un peu plus de 200 millions d’années avant notre ère. À cette époque le super continent, la Pangée, n’est pas encore fragmenté. La croûte continentale qui sera prise plus tard en sandwich dans la formation des Alpes est recouverte par une mer peu profonde en périphérie de l’océan Téthys. Le climat y est chaud, ce qui favorise la formation de la roche qui nous intéresse ici : le gypse. Il s’agit d’une évaporite, ce qui signifie que cette roche s’est formée par l’évaporation d’une eau surchargé en *sel dissout. Le gypse est un sel comme notre fameux sel de table (chlorure de sodium). Tout comme lui, il peut se dissoudre dans l’eau. L’eau a le pouvoir de casser le lien qui relie le Na (sodium) au Cl (chlorure). Ce pouvoir est limité et s’il y a trop de sel, la concentration de sel dissous atteint un maximum. Le mélange est alors saturé et le sel en trop reste solide.Cristaux de gypse se formant sur les parois d'une mine.
Des goutes saturées en sulfate de calcium s'éclaboussent au sol et forment ces cristaux
L'eau infiltrée dans la roche a une pression permettant de dissoudre le gypse. Une fois hors de la roche, la pression et la température diminue et le sel se cristallise contre les surfaces alentour.
Les cristaux de gypse ont une forme parallélépipédique (pas en pyramide comme d'autres cristaux)
A la fin du Trias, le climat chaud et les mers peu profondes commencent à s’évaporer. En évaporant l’eau de la mer, la concentration en gypse, plus précisément sulfate de calcium (CaSO4), augmente. L’eau devient saturée et le gypse repasse à l’état solide : il précipite et s’amoncèle avec le temps en strate sur les fonds marin. Après la formation de cette roche, au terme du Trias, le contexte tectonique se retrouve à nouveau bouleversé : une nouvelle période commence, celle du Jurassique qui s’étend de 200 à 145 millions d’années. Le climat est globalement plus chaud de 5 à 10 degrés par rapport à aujourd’hui. Le taux de CO2 est aussi dix fois plus élevé. Les dinosaures parcourent les plages, des libellules d’un demi-mètre survolent les marécages et la vie bas son plein dans les mers peu profondes en marge des continents. Au cours de ces millénaires, des générations d’ammonites, de crocodiles marins, coraux, oursins, poissons et crustacés se reproduisent, folâtrent, s’adaptent et finissent par mourir. Tout le calcium contenu dans les squelettes et les coquilles de crustacé s’accumulent en formant des strates par-dessus notre gypse. Tout ce processus de déposition va se poursuivre pendant la fermeture progressive de l’océan Téthys durant la deuxième moitié du Crétacé (145 à 65 millions d’année avant notre ère). La formation des Alpes commence avec la collision entre le continent Européen et *l’Apulie (un microcontinent au Nord de l’Afrique) au cours du Paléogène, il y a entre 65 et 23 millions d’années. Notre couche de gypse est prise en sandwich entre différents niveaux géologiques et va subir des déformations tectoniques. Avec l’érosion des jeunes Alpes, le gypse retrouve à nouveau la lumière du soleil. Cela après un incroyable périple souterrain de près de 200 millions d’années ! C’est alors que le processus de karstification peut commencer. Contrairement au calcaire massif, le processus d’érosion sera beaucoup plus rapide dans le gypse.Bloc de gypse en cours d'érosion dans une gouille d'eau (on remarque la poussière de gypse érodée au pied de la structure)
Il est très friable et se dissous plus facilement dans l’eau. De part cette solubilité élevée, des galeries souterraines se forment facilement par dissolution avec l’infiltration de l’eau de pluie.Un exemple de galerie formée par l'eau dans une couche de gypse
Tout un réseau en perpétuelle transformation se met en place.Une stalactite de gypse en cours de formation (de type cristalline)
Des concrétions s’y forment et peuvent à nouveau disparaître pour se reformer plus loin: l’eau de percolation dissout du gypse par endroit et le fait précipiter ailleurs en stalactites, stalagmites, draperies, perles ou d’autres spéléothèmes dû à la différence de pression de l’eau, de la température et du taux de concentration. Les précipitations du gypse s’organisent en fins filaments et cristaux croissant goute après goute jusque à former une petite stalactite qui s’allongera avec le temps.Le diamètre des filament que l'on aperçois est dans les 0.04mm soit la taille d'un cheveu.
goute après goute, les cristaux grandissent, s'entremêlent
goutte après goutte, la stalactite s'allonge
Parfois les structures semblent en équilibre, semblent défier la physique
Une fistuleuse est une concrétion tombant du plafond extrêmement fine et fragile
Des impuretés comme du pollen peuvent être pris au piège dans une concrétion
Naissance d'une stalactite. Petit à petit les cristaux de gypse se rejoignent et forme la base d'où goutera les futures gouttelettes
Le gypse se dissolvant plus facilement que le calcaire, les concrétions de gypse peuvent se former en une dizaine d'année alors qu'il faut en compter une dizaine de millier pour le calcaire.
Lorsque des goutes d'eau saturée tombe au sol, des perle des cavernes en gypse (pisolithe) peuvent se former
Ce sont des grottes dangereuses et très instables par nature. Il n’est pas rare que des pans de gypse complets collapsent et obstruent d’anciennes galeries.Arche de gypse et bloc de gypse en cours de dissolution
Tout récemment d'ailleurs, un trou de 1m20 c'est ouvert sur une autoroute! Le gypse sous le bitume c'est dissout fragilisant le couches supérieures jusqu'à l'effondrement de la route. Par chance, le trou a été découvert avant un malheureux accident! Si l’on rajoute encore à cela l’activité humaine à proximité avec l’extraction du gypse à coup d’explosifs pour fabriquer du plâtre, les grottes deviennent carrément dangereuses ! S’y aventurer nécessite de bien connaitre le réseau, les périodes de minage en cas d’exploitation et de ne pas oublier les règles de base en avertissant en amont des personnes de confiance et expérimentées au secours.Toujours s'aventurer dans une grotte avec des personnes expérimentées (ici Benjamin) et appliquer les règles de sécurité de base de spéléo
Même en prenant toutes ces précautions, il y a *des dangers objectifs : le caractère très instable et friable du gypse engendre des chutes de bloc imprévisibles. C’est en connaissance de cause et en adoptant un comportement qui minimise au maximum *les risques que l’on s’aventure dans les entrailles de la terre. Une fois arrivé à la hauteur de la nappe phréatique, tout semble figé. En l’absence de courant d’air, les petits lacs de la nappe agissent comme des miroirs.Lac qui semble figé dans le temps d'un bleu azur. Notez les nombreux blocs rocheux tombés de la voute de la grotte.
Notez les différences de couleurs dans la roche du plafond. On distingue clairement les différentes "strates" typiques d'une roche sédimentaire/évaporite
Il devient presque impossible de différentier le reflet du fond du lac. Ce bleu cristallin, cette roche blanchâtre, ces reflets et cette pureté semblent presque irréels.Eau de nappe phréatique formant un petit lac.
Par endroit, de fines plaques blanches flottent à la surface de l’eau.Du gypse cristallisé sous forme de plaque en surface
En regardant plus attentivement, on discerne des petites dendrites, comme plein de petits flocons de neige accolés.Plaque typique formée à la surface de l'eau
Vue rapprochée de plaque en formation
Cristallisation du gypse en surface formant des petits cristaux
Détail des cristaux
Il s’agit en faite du sulfate de calcium qui se recristallise à cause d’un taux de saturation en gypse trop élevé. Celui-ci se cristallise en formant ces petits flocons qui s’agglomèrent de plus en plus jusqu’à former de fines plaques.Déchirement d'une fine plaque suite à une perturbation dans l'eau
Bulle d'air emprisonnée sous la plaque
Différentes densités de cristaux
Les plus gros cristaux font 0.15mm de long
Les plus petits cristaux font 0.04mm ce qui est ridiculement petit!
C’est un peu le même processus que les salières en bord de mer. Ces petites plaques flottent grâce à la tension superficielle de surface de l’eau. A la moindre perturbation, ceux-ci décrochent et coulent au fond de l’eau. Le même phénomène qu’a la fin du Trias, il y a plus de 200 millions d’années, se reproduit en quelque sorte! Quel privilège de pouvoir observer ces réactions chimiques si particulières à l’état naturel. Il n’y a pas que le cycle de l’eau avec son évaporation, ses pluies, ses glaciers, ses rivières et lacs, il y a d’autre cycle. Voir en direct une partie du cycle du calcium avec la roche sédimentaire formée il y a des millions d’années, son érosion par l’eau de pluie, ses reformations dans des stalactites, sa dissolution dans l’eau de nappe, sa recristallisation en surface et ses précipitations au fond des petits lacs souterrains me laissent pantois. Je retrouve mon âme d’enfant devant ce type de phénomène. J’en viens même à imaginer des cycles encore plus fous. Je m’imagine le cycle du méthane sur Titan, une des lunes de Saturne. Tout là-bas dans notre système solaire, du méthane liquide coule le long des rivières, forme des lacs, s’évapore et retombe sous forme de pluie de méthane. Je ne verrai probablement jamais ce cycle d’hydrocarbure mais la vue de ce cycle du calcium suffit largement à attiser ma curiosité. Cela me motive à découvrir encore plus de trésors cachés. Toutes ces beautés naturelles sont très fragiles et doivent être préservées. En plus de la destruction de ces joyaux par l’exploitation humaine du gypse pour la fabrication de plaque de plâtre, s’ajoutent les déprédations des visiteurs peu scrupuleux. Ces grottes peuvent pour certains être facilement accessibles. Malgré le risque élevé et le danger omniprésent, des curieux et curieuses s’aventurent parfois dans ces grottes à la recherche de sensations fortes. Malheureusement, un manque de formation, d’éducation ou même parfois un coté narcissique et d’égo détruisent ces lieux. On peut retrouver des bougies, des emballages plastiques et d’autres ordures transformant des grottes en décharges.Emballage de "ShupaShups" en plastique trouvé dans une grotte naturelle de gypse
Une fleur en plastique "décorant" la grotte
On y trouve même parfois des foyers qui noircissent les parois de la grotte, enfument les chauves-souris ou même d’autres personnes pouvant se trouver ailleurs dans la grotte.reste de foyer
On y trouve aussi des amoncellements de pierre formant des cernes ainsi que des déjections. On y retrouve aussi des graffitis réalisés à la bombe ou à la suie d’acétylène contre les parois marquant le passage de personnes en manque d’ego avec des noms, des dates et même des messages religieux, d’amour et de haine.Merci Frank
Merci Claudy Moix
Merci Waser
L’histoire de l'image ci-dessus: Il y a 130millions d'années, l'océan Téthys se forme, des animaux y vivent et y meurent augmentant le taux de sulfate calcium dans l'eau. Il y a 80millions d'années, l'océan Téthys commence à se refermer, l'eau s'évapore et le gypse se cristallise au fond de l'océan et forme des couches. Il y a 50millions d'années, le fond de l'océan Téthys se fait complètement écraser et expulser, pris en sandwich entre la plaque tectonique Africaine et Européenne. Les déformations dessinent les plissements que l'on voit. Il y a 20mille ans, des glaciers, des infiltrations d'eau dissolvent le gypse créant des grottes et des éboulements Il y a 30ans, des humains narcissiques indiquent leur passage sur une oeuvre d'art, une fresque naturelle façonnée depuis une centaine de millions d'années Je suis bien désolé de finir sur cette note en demi-teinte mais il m’est impossible de parler des beautés de la nature sans relever le coté malsain de l’humain. Il y a malheureusement un grand manque de sensibilisation à cette problématique et j’espère apporter une petite pierre à l’édifice par cet article. Pour ne pas en rester là, je pense organiser un nettoyage de quelques cavités pour leur rendre leur aspect naturel (en m’assurant qu’il n’y ait plus de chauve-souris en hibernation ou en train d'élever leurs portées).Le grand rhinolophe, une espèce rare et sensible habitant pouvant habiter dans les grottes/mines de gypse
Et pourquoi ne pas sensibiliser les jeunes en organisant des conférences dans les classes d’école ? Un grand merci pour votre lecture, ne cessez jamais de vous laisser émerveiller par la nature et laissez là aussi naturelle qu’elle est 😊 Un grand merci à Antony, Géologue en formation pour sa relecture et nombreuses précisions et complément sur la partie hydro-géologique de l’article. J’ai malheureusement dû simplifier beaucoup de détails techniques. Cependant, vous trouverez quelques précisions dans les notes et définitions ci-dessous : * karstique : ‘’Le karst est une structure géomorphologique résultant de l'érosion hydrochimique et hydraulique de toutes roches solubles, principalement de roches carbonatées dont essentiellement des calcaires.’’ Source *Spécificité des différents ères cités : Trias : 250 à 200 millions d’années avant notre ère. Le climat est particulièrement chaud. La Pangée n’est pas encore fracturée. Plus de précision Jurassique : 200 à 145 millions d’années avant notre ère. Le climat est globalement plus chaud de 5 à 10 degrés par rapport à aujourd’hui. Le taux de CO2 est aussi dix fois plus élevé. Plus de précision Crétacé : 145 à 65 millions d’années avant notre ère. Le climat est moins chaud qu’aux périodes précédentes (Trias, Jurassique). Durant la deuxième moitié de cette période, l’océan Téthys se ferme progressivement. Plus de précision Paléogène : 65 à 23millions d’années avant notre ère. Le climat est toujours chaud. Les Alpes commencent à se former avec la collision entre la plaque Eurasienne et Africaine au début de cette période. Plus de précision *Mer ou Océan ?: Pour faire simple, on parle d’océan quand il y a une croûte océanique conséquente et de mer lorsque l’eau recouvre surtout de la croûte continentale (ex : la mer Méditerranée). *sel : Le terme ‘’sel’’ regroupe ici un assemblage d’atomes ou molécules qui peuvent se retrouver sous forme ‘’aqueuse’’, c’est-à dire dissout dans l’eau et combiné avec les molécules H2O qui le compose. *Risque: En gestion du risque en montagne, on parle du risque résiduel qui est le résultat d’une division entre les dangers et le comportement des gens vis-à-vis de ce danger. En ce sens un sentiment de sécurité dû par exemple à des années de pratique sans accident peut conduire à des comportements dangereux. Cela peut être appelé ‘’le paradoxe du sentiment de sécurité’’, puisqu’il conduit à un comportement dangereux pour soi-même et les autres, secouristes compris ! Il y a un autre type de sentiment de sécurité généré par le manque d’expérience et d’année de pratique. Or la spéléologie et les sports de montagne sont surtout des affaires d’expérience et d’années de pratique. Au final, ce qui permet d’adapter notre comportement au mieux, c’est la conscience du danger et encore plus des conséquences d’un accident) *Danger objectif ou subjectif ?: si on peut causer la déstabilisation d’un bloc, d’une avalanche ou tomber, c’est un danger subjectif, vue que l’humain est la cause déclenchante de l’événement qui peut générer l’accident. Si la déstabilisation n’est pas causée par l’humain ou autrement dit, si l’humain n’a pas le contrôle sur ce déclenchement, on parle de danger objectif. Là, les seules stratégies, c’est d’éviter complètement le danger ou sinon au moins réduire le temps d’exposition.