Retour Sony A1 le nouveau flagship

Bonjour,
Il y a quelque temps, Sony m’a envoyé le alpha 1 pour le tester sur le terrain pendant 1 semaine. Le délai est relativement court pour tester toutes les fonctionnalités de ce boitier mais je me suis penché sur la partie rafale, obturateur silencieux, autonomie et robustesse. Je ne me suis pas penché sur la partie connectivité ni sur la gestion des flash ou l’obturateur mécanique.
C’est un retour sur terrain et non pas un test rigoureux.
Le Sony A1 est le flagship de la marque, une vitrine technologique démontrant qu’il est possible d’avoir un boitier d’action avec un capteur bien défini. Pourtant, de l’extérieur, le a1 n’est pas bien différents des autres A7 ou A9.
On n’est pas sur un boitier monobloc comme le flagship des autres marques. C’est un choix que j’apprécie car cela permet un réel gain de poids mais aussi permet de faire des photos à raz le sol.

Egronomie

En le comparent à mon Sony A7rIII, les dimensions globales sont très similaires mais la prise en main est incroyablement meilleure. La poignée tient vraiment bien en main, la molette inclinée permet de gagner les quelques mm permettant une prise en main ferme, le petit doigt ne se balade plus sous la poignée. Les boutons répondent mieux, le joystick a une bien meilleure adhérence et peut-être manipulé de manière fiable avec des gants.

A1 en haut à coté du sony A7RIII

Comme pour le sony A9, une seconde molette de réglage dédiée pour le type d’AF et le mode entrainement (vitesse rafale, retardateur) existe. Personnellement, je préfère gérer ces réglages via des boutons personnalisés mais surtout via les modes personnalisables 1,2 et 3. Si vous travaillez aussi de cette manière, il vous faudra systématiquement adapter ces deux paramètres avec la roue. Si vous venez du Sony A9, vous aurez déjà ces automatismes.

Le viseur a vraiment un rendu très réaliste et le grossissement est très bon. On remarque surtout la qualité du viseur une fois que l’on revient sur un autre modele de boitier. Il est aussi possible de paramétrer la vitesse de rafraichissement du viseur pour améliorer le suivi en photo d’action mais aussi pour économiser de la batterie pendant les prises de vue plus posées. Les avantages du viseur électronique ne sont plus à démontrer mais la possibilité de zoomer à 100% dans le viseur pour peaufiner une mise au point en manuel ou identifier des oiseaux, le zebra pour mettre en évidence les zones cramées, le focus peaking pour mettre en évidence les zones nettes pour aider une mise au point manuelle, la possibilité de naviguer dans le menu FN sans devoir quitter l’œil du viseur et perdre l’action sont tous des avantages dont on n’arrive plus à se passer rapidement.

Dans l’ergonomie les différentes ouvertures par clapet ont été revu et sont plus weatherproof avec des joints et des fermetures fermes. Pour l’avoir testé dans des conditions très humides avec de l’eau, du limon (sable des glaciers ultra fin) et quelques éclaboussures, la tropicalisation du boitier ne m’a pas fait défaut. On est sur du robuste même s’il n’a pas la tête d’un monobloc !

Test en environnement humide et sale (spéléo)

L’appareil accepte maintenant de nouvelles générations de cartes express type A permettant de vider rapidement le buffer lors de rafale à 30 images par seconde avec 50 mégapixels. Malheureusement, j’avais mes cartes SD à 95mo/sec pour les tests et c’est extrêmement lent alors qu’avec les types A, le buffer se vide instantanément. Mais même avec des cartes lentes, ce n’est pas vraiment un problème car le buffer est immense et ce n’est pas bloquant (sauf si l’on veut faire des vidéos après une rafale). Je n’ai jamais atteint la fin du buffer malgré des rafales généreuses.

 

AF

L’AF du Sony A1 est simplement bluffant. La reconnaissance du sujet et son suivi n’ont simplement pas de comparaison possible pour moi. Contrairement aux autres A7, ce n’est pas gadget ni aléatoire. Le suivi d’objet du A1 est simplement stupéfiant et fiable. Si on le couple avec la détection des yeux du sujet, l’AF est un « game changer ». Le point se fait sur l’œil d’une gélinotte à travers les branches sans broncher, le point suit l’œil d’un chamois en déplacement dans le cadre même s’il ferme l’œil ou si la tête est de 1/3.

Détection de l’oeil de la gélinotte à travers le branchage et environement bien chargé

Détection de l’oeil du chamoi à moitié fermé et de 1/3

Il faut cependant penser à changer le type d’AF sur les yeux en fonction du sujet (humain, oiseau et animaux) car sinon, le point ne se fera pas. Le raccourci est à mettre dans le menu FN ou un bouton personnalisé. C’est un peu dommage de devoir switcher entre les modes pour le suivi des yeux car il y a des situations où l’on photographie des oiseaux juste après un mammifère et s’il l’on oublie de changer, l’œil ne sera pas trouvé.

Œil pas trouvé car j’étais en mode animaux et non oiseaux

L’AF accroche et suit aussi bien au centre que dans les bords du cadre (le Sony a7rIII est à la ramasse sur les bords).

Suivi de la mésange malgré qu’elle soit dans le bord et à travers les branche (l’AF à croché sur les 18 images de la raffale (mais flou de bougé par 1/400ème…)

L’AF peut être personnalisé très finement selon les sujets entre la réactivité du suivi AF jusqu’à la préférence de l’œil droit ou gauche pour la mise au point. Dans tous les cas, l’AF couplé aux moteurs linéaires des objectifs Sony est ultra rapide et réactif. A voir si cette technologie AF pourra être transmis aux futures générations des A7.

 

Rafale

La rafale de 30 images par seconde permet de ne plus louper le moment décisif dans une action. Couplé au nouveau viseur électronique et au double processeur, le suivi se fait sans mal. Il n’y a pas d’image noire, ni de saccade dans le viseur. En étant en obturateur silencieux, si on ne met pas le bruit artificiel, on ne remarque même pas qu’une rafale est en court. Mais, la rafale n’est pas qu’utile en photo d’action, pour le paysage aussi.

j’ai pu choisir entre 4-5 photos pour chaque position

Un montage avec la rafale de 30img/sec avec le sujet passant derrière un branchage et étant extrêmement proche du bord du cadre. Le viseur sans lag m’a permis de suivre plus ou moins le sut malgré sa vitesse et son accélération.

Par exemple lorsque l’on fait du bracketing, le temps pour prendre une image bracketée sur 9 prise de vue se fait en un temps record, pareil pour du focus stacking. Dommage cependant que le focus stacking ne soit pas automatisé dans les boitier sony car avec la vitesse de l’AF et la vitesse de la rafale, ça pourrait être un vrai plus. La rafale peut aussi être utilisée pour augmenter le nombre d’images nette avec des vitesses d’obturations limites.

La rafale permet aussi de prendre 16 images rapidement puis de les assembler en une image de 200mgpx. Malheureusement, il vous faudra passer par un logiciel propriétaire de Sony pour finaliser l’assemblage avant de pouvoir le traiter dans votre logiciel favori.

 

Autonomie

L’autonomie est dans la norme des autres boitiers de la marque. Avec une batterie, on peut photographier pendant 2j si on ne déclenche pas sur tout ce qui bouge. En utilisation intensive, il faudra tout de même prévoir une batterie par jour. J’ai aussi pu le tester dans des conditions un peu plus extrêmes dans un glacier. Les températures étaient bien fraîches, -13°C et en trois heures des photographies, j’ai perdu 50% de batterie. J’étais un peu déçu de ses performances, mais je testais aussi la rafale du boitier et j’ai pris 1700 images pendant ces 3h de temps.

Je trouve que ce n’est pas si mal dans ces conditions (1700 images, -13°C, 50% de batterie).

 

Qualité d’image

Au vue des performances en vitesse décrites plus haut, on peut s’attendre à une qualité d’image un peu à la baisse. Mais les 50 mégapixel du capteur m’ont agréablement surpris. Sur le 400 GM et le 24GM, la qualité d’image en crop 100% est superbe, tous les détails sont bien rendus.

Cadrage d’origine

crop 100%
La montée en ISO me semble pas forcément au-dessus de ce qui se fait actuellement. Des images propres jusqu’à 6400iso nécessitant un peu de traitement au-delà ce qui est déjà une belle performance pour un capteur aussi défini. Je trouve le bruit similaire au a7rIII et bien mieux maitrisé que le a7rIV.

6400 iso

6400iso crop 100%
6400iso crop 100% +2IL
Concernant la dynamique en haut iso, j’ai l’impression que l’on tombe plus rapidement dans « la zone rouge » que le a7rIII en augmentant la luminosité de plus de 4IL. Peut-être qu’en shootant en RAW non compressé, ce phénomène disparait? Mais c’est vraiment des circonstances très particulières.

Image d’origine (éclairage par seulement 3 bougies)

+5IL (la zone rouge dont je parle se voit bien en haut à gauche dans les ombres alors que les ombres plus au centre sont assez clean (mais je pense que c’est plus dû au Craw/raw)
traitement final avec récupération du maximum de la dynamique à 6400iso

Obturateur silencieux

De la RAM est directement accolée au capteur permettant ainsi de minimiser le rolling shutter qui est un défaut lié à l’obturateur silencieux. Le rolling shutter est une déformation d’un objet en mouvement dans l’image dû à la lecture ligne par ligne du capteur lors de la prise de vue. Avec la ram directement accolée au capteur, la lecture de ces lignes se fait beaucoup plus rapidement limitant fortement le rolling shutter. Le Sony A1 lit 1,5x plus rapidement son capteur que le Sony A9 qui est une référence dans le domaine avec pourtant un capteur de seulement 24 mégapixel. Le rolling shutter était déjà quasi inexistant sur le A9 et le A1 fait encore mieux. Je n’ai pas réussi à le mettre en défaut pendant ma semaine de prise en main malgré les photos d’actions. Cette technologie de capteur stacké nous permet vraiment d’utiliser l’obturateur silencieux en toute circonstance sans se soucier d’éventuelle déformation. Le fait de ne pas faire de bruit lors de la prise d’image est un vrai confort d’utilisation. Dans mon domaine de prédilection, les animaux ne nous remarquent pas, les oreilles ne se dressent plus et on évite de se griller dans un affut.

Exemple de photographie animalière sans dérangement grâce à l’obturateur silencieux

Pour la photographier de reportage, cela permet aussi d’être plus discret ou de manière générale, dans tous les pratiques, on évite d’user les pièces mécaniques du rideau rallongeant la durée de vie de nos boitiers.

L’obturateur silencieux vient avec d’autres avantages permettant des vitesses d’obturation assez impressionnante de 1/32’000s pour des sujets ultra rapides (battements d’ailes de papillon, balle en sortie de canon) ou aussi pour shooter à pleine ouverture malgré une forte luminosité.

Pour les utilisateurs de flash, cela permet aussi une synchronisation du flash à une vitesse de 1/500s alors que l’on est plutôt limité à 1/125 avec un obturateur mécanique.

Le Sony A1 a tout de même un obturateur mécanique. Je ne l’ai pas utilisé car pour moi, l’obturateur électronique ne peut pas être mis en défaut en photographie « de tous les jours ». Il est cependant présent et c’est un obturateur spécialement conçu pour les exigences de haut vol du Sony A1. Un rideau en carbone avec deux moteurs pour l’entrainer permettant ainsi une rafale de 10mg/s

 

Vidéo

La vidéo n’étant pas ma spécialité, je ne me suis pas attardé dessus. L’appareil permet de filmer en 8K, j’ai fait une petite vidéo de chamois jouant dans une falaise. La qualité d’image est impressionnante et la résolution 8K, permet des zooms numériques en post production assez impressionnante. La vidéo 8K n’est quasiment pas limitée grâce à un radiateur passif permettant une bonne dissipation de chaleur. Personnellement j’aurais préféré avec des surchauffes en 8k après 10min mais gagner en poids sans ce radiateur passif. On a un boitier sans compromis autant en vidéo qu’en photo d’où le nom du boitier, the One.

 

Conclusion

Pas beaucoup de points négatifs à relever ici. Les performances du boitier m’ont scotché avec des performances AF d’un autre monde. Rien de vraiment nouveau mais les fonctionnalités qui marchaient pas vraiment sur les autres boitiers comme le suivi AF sur les yeux des animaux ou la reconnaissance d’objet fonctionnent vraiment même si les conditions lumineuses ne sont pas bonnes et même si l’environnement est chargé. Cet AF n’est pas «juste» une démonstration, c’est vraiment un confort d’utilisation en plus qui augmentera votre taux d’images avec une map aux petits oignons.

L’ergonomie est aussi grandement améliorée, on reste dans un gabarit compact mais tout est optimisé, nos doigts trouvent naturellement une position.

Le capteur est aussi impressionnant avec ses 50mgpx, tous les détails fins apparaissent. Le bruit est bien maitrisé pour un capteur de cette résolution. Le capteur est stacké permettant l’utilisation en tout temps de l’obturateur silencieux. Les problèmes éventuels de rolling shutter disparaissent et cette technologie nous permet des vitesses d’obturation de 1/32’000s et une syncro flash de 1/500s.

Toutes ces belles choses viennent à un prix : 7500€. C’est un boitier cher mais excellent sur le papier mais aussi excellent sur le terrain ! Actuellement un des boitier les plus cher du marché sans être un monobloc. Il fait mieux sur le papier que la concurrence mais les autres vont se réveiller, des annonces de développement pour le Canon R3 et Nikon Z9 ont déjà été faites!

C’est un boitier qui est destiné aux pro avec des specs pour l’action sans compromis (capteur très défini de 50mgpx, 8K sans surchauffe). Il vient aussi avec tout plein d’options de connectique spécifiques aux pro qui augmentent la facture du boitier pour les amateurs ainsi que son poid.

 

Synthèse

+ Bonne montée en ISO au vue de la résolution (bruit mieux maitrisé que le a7rIV)

+ prise en main grandement améliorée (supérieur à un a99)

+ joint plus sérieux et boutons plus fermes.

+ une multitude de boutons paramétrables

+ boitier compact dans la même veine que le a9 malgré les specs « monobloc »

+ Rafale de 30img/sec sans compromis

+ Obturateur silencieux sans rolling shutter visible

+ AF avec un excellent suivi avec reconnaissance de sujet

+ Eye AF grandement amélioré détectant les yeux des oiseaux, animaux et humain même si ceux-ci sont fermés

+ Buffer suffisamment grand pour ne pas immobiliser le boitier sur le terrain

+ Nouvelle carte type A permettant de vider rapidement le buffer et accepte tout de même des cartes SD

+ robuste, tropicalisé, fait pour durer même s’il ne plante pas des clous comme un monobloc

+ Grand viseur, sans latence, sans black out permettant un suivi aisé en rafale.

+ Pas de compromis entre résolution (gamme R), vitesse (gamme 9) et vidéo (gamme S) : THE ONE

 

– Le prix même s’il est dans la moyenne des prix des flagship

– On paye le prix d’options que l’on n’utilise pas forcément (obturateur mécanique carbone, double antenne wifi, connectif RJ45 avec FTP, vidéo 8K sans limite avec refroidisseur passif)

– Pas de focus stacking automatisé malgrès la vitesse de l’AF et la vitesse de rafale du A1.

– Pour ceux qui préfèrent un monobloc, il faut ajouter un grip au A1

– Autonomie faible comparé aux batteries dédiées aux monoblocs concurrents.

– Dynamique du capteur un peu en retrait par rapport au a7rIII (à confirmer avec des tests plus poussés)

– Obligé de passer par le logiciel Sony pour l’assemblage des images hautes résolutions 200mgpx

 

Exemples d’images prisent avec le Sony A1

Sony A1, 24mm f1.4 GM, 1/250,  f3.5, 1600iso

Sony A1, 24mm f1.4 GM, 1/500, f5.6, 640iso

Sony A1, 400mm f2.8 GM, 1/400, f2.8, 1000iso

Sony A1, 24mm f1.4 GM, 1/30, f2.8, 4000iso

Sony A1, 24mm f1.4 GM, 1/30, f1.4, 3200iso

Sony A1, 24mm f1.4 GM, 1/400,  f1.4 , 12800iso

Sony A1, 24mm f1.4 GM, 1/80, f1.4, 3200iso

*svp remplissez toutes les cases. Merci!