Etang de la gruère

Dans le haut Jura Suisse, dans les Franches Montagnes cette petite tourbière. Ces lacs post-glacières qui se remplissent peu à peu de sphaignes et autres plantes qui rendent l’eau très sombre. Cete eau s’acidifie et devient propipoue pour toute une faune et flore spéclialisée. Je vous invite à lire cet article pour plus de détails. Ce plan d’eau d’altitude recèle d’ambiances de toute sorte et devient magique lorsque le crépuscule arrive.

Avec une partie du club photo des Franches Montagnes et Benjamin, nous sommes aller capturer les étoiles un vendredi soir ou le ciel était dégagé.

Pas évident de faire connaissance avec les membres du club de nuit, à 22h30 sur le parking. Rapidement, on se met en route, éclairé par nos frontales, jusqu’aux abords de l’étang. Après avoir estimé ou sortirait la voie lactée, on se déplace coté sud afin d’être mieux orienté et de ne pas êtres gêné par les branches d’arbres. À l’horizon, on distingue déjà la constellation du scorpion qui annonce l’arrivée prochaine du centre de la voie lactée. Ainsi, il est possible d’anticiper assez précisément la sortie de la VL. Je mets en place le trépied avec un boîtier pour le time laps pour immortaliser la sortie de la galaxie derrière les arbres ainsi que sa réflexion dans le lac.

L’appareil se met à faire des images toutes les 15secondes avec le 20mm Sigma f1.4 qui capture les moindres détails!

Le problème pendant que l’appareil fait un time laps c’est que l’on s’ennuie à mourir… Plutôt que de profiter pour discuter avec les autres photographes autour, je décide de prendre mon autre boîtier dans le sac avec l’ultra grand angle pour tenter de réaliser un autre time laps en parallèle. N’ayant pas de second trépied, je commence a équilibrer le boiter sur mon sac photo au raz de l’étang pour capturer le reflet. Bien que très bancale, je trouve une position d’équilibre ou l’horizon est relativement droit et la voie lactée bien cadrée. Une fois mes deux times laps lancé, je discute avec les collègues autour. Il ne passe pas 3min que j’entends un plouf. Je ne réfléchis pas longtemps et dans la seconde, je rejoins mon Sony A1 dans l’eau. A cet endroit, la profondeur d’eau est importante, d’environ 1m. Je plonge la tête et tout mon corps dans l’eau et je sens le boîtier au bout de mes doigts dans la vase. En remontant, ma lampe frontale se détache et tombe à l’eau (évidemment éteinte). Je saute hors de l’eau, enlève la batterie de l’appareil photo et le pose à terre. Autour de moi, pleins de lampe frontales affolées me fixent en se demandant de la raison de ce bain de minuit? Complètement trempé (mais l’eau était étonnamment bonne après cette journée de chaleur), je leur explique que je suis parti sauver mon appareil. Je sors mon téléphone de la poche pour voir s’il a survécu a ce cours intermède humide. Son écran est tout jaune uni et la luminosité varie bizarrement. Son écran était déjà cassé, l’eau s’y est infiltrée et l’a tué pour de bon. Je retourne au bord de l’eau pour essayer de récupérer la lampe frontale qui gît 1m plus bas. Malheureuse, impossible de touche le fond de l’eau avec la main sans tremper le reste du corps. J’abandonne là et commence a me déshabiller pour enlever mes habits mouillés. Benjamin me prête une veste polaire qui me permet de ne pas mourir d’hypothermie le reste de la nuit.

Mes pieds gèlent progressivement mais la voie lactée est maintenant bien sortie et visible! Je me demande si le time laps va donner quelque chose avec tous ce remue-ménage?

Les membres du clubs partent peu à peu, nous sommes maintenant plus que 4 sur le site. Il est 1h de matin et la voie lactée est bien présente. Je me balade pendant que le time laps s’enregistre et je repère un petit premier plan sympa avec une petite touffe d’herbe au bord de l’eau. Une fois que j’estime que le time laps à assez duré, je le coupe et je retourne vers la touffe d’herbe pour la mettre en boîte.

Puis, il est temps d’aller dormir. Lisa a déjà pris de l’avance et dort dans la tente de toit. Je suspends au rétroviseur de la voiture mes habits trempés et me glisse sous la couette, puant la vase… Lisa a vite deviné ce qui s’est passé, ça se sent (au sens littéral).

Le lendemain, je décide de retourner chercher ma lampe frontale qui gise toujours au fond de l’eau quelque part. L’eau est si sombre que l’on ne voit rien à plus de 10cm de la surface. Je prends un bâton pour sonder le fond de la tourbière pour tenter d’attraper un câble de la frontale. En vain, la vase est très profonde et il y a de nombreux bouts de bois qui traînent au fond. Pas le choix, si je veux la retrouver, il faut que je retourne à l’eau. Cette fois, contrairement à la nuit, je me déshabille complètement et rentre dans la tourbière nu comme un ver sous le regard ébahi des promeneurs. La sensation est très bizarre, je sens la vase glisser à travers mes orteils et je m’enfonce passablement. Je réalise a quel point j’ai été chanceux de trouver directement le boîtier à l’instinct lorsque j’ai plongé quelques heures plus tôt! Je sonde la vase avec mes orteils en me tenant fermement aux mottes d’herbes sur la rive. Je ressort plus d’une dizaine de vieilles branches en cours de momification dans la tourbière. Les particules en suspension dans l’eau se collent à mes poils les rendant noir. Je continue à sonder le fond de la tourbière. Je sens quelque chose en plastique! Plein d’espoir, je le ressors mais il s’agissait en fait d’une petite épuisette en plastique pour attraper des poissons. Je le sort hors de l’eau et j’irais le jeter plus tard. Benjamin m’attend dans la voiture depuis plus de 30minutes maintenant. Sans téléphone, on c’était dit qu’après 45min au maximum, je reviendrais vers lui avec ou sans lampes. Mais je ne voulais pas abandonner ma lampe avec pile au lithium au fond de l’étang. Sachant qu’il me faut une bonne dizaine de minutes pour retourner au parking, je commence a perdre espoir. Alors que je commençais à me résigner, je sens un petit câble s’intercaler entre deux de mes orteils. Je lève le pied et houra, ma lampe frontale émerge! Je teste de l’enclencher et la lumière fut! Je suis si content d’avoir réussi à la récupérer. Non seulement car c’est une source de pollution pour le lac mais aussi car c’est une lampe frontale que j’ai depuis longues dates et qui m’a accompagné un peu partout que ce soit en arctique, sur les 4000 ou en spéléo. Je l’avais achetée avec un bon de 150.- que mes parents avaient gagné à un loto il y a une bonne dizaine d’années en arrière. Je le dis à tous ce qui veut bien m’écouter que c’est probablement un de mes meilleurs achats. Il est tellement important d’avoir une bonne lampe frontale lorsque l’on fait des activités nocturnes. Bref, tout content, j’essaie de repousser tous ces dépôts de vases qui me collent aux poils et attend qu’il y ait moins de passage pour sortir hors de l’eau et me rhabiller. Je rejoint Benjamin qui m’attend dans la voiture pour profiter du reste de la journée ensoleillé.

Une semaine plus tard, je reglisse une batterie dans le sony A1 et hourra, il fonctionne! Quelques instants plus tard, le déclencheur mi-course semble activé en permanence mais une heure plus tard, tout rentre en orde! Par contre, pour l’objectif, le 10mm f2.8 Laowa, c’est une autre histoire. Il n’est pas reconnu par le boîtier et il a eu pas mal de condensation à l’intérieur de lentille :S est-ce la fin?  A l’instar du smartphone, j’ai déjà commencé à faire le deuil de l’objectif mais 1 semaine plus tard, magie, l’objectif est à nouveau reconnu. L’autofocus se fait et il est a nouveau possible de contrôler le diaphragme! Finalement, tout est sauf (appareil, objectif et lampe frontale) sauf le smartphone 🙂

Quelques semaines plus tard, nous revoila au Jura. Je retourne à l’étang de la Gruère pour photographier l’ambiance de l’aube. Malheureusement, la pleine lune est bien présente et se couche qu’une demi heure avant le lever du jour. Les étoiles sont donc difficilement discernables mais je tente tout de même de photographier la voie lactée.

Un joli brouillard, c’est formé dû a la différence d’inertie thermique entre l’eau est l’air. On est à la mi-juin et à quelques endroits au bord de l’étant, du givre c’est formé! C’est un vrais micro-climat avec des températures glaciale la nuit et plus de 25°C en journée! Propice pour les belles ambiances matinales.

Des plantes typiques des tourbières profitent de la terre moins acide au bord de l’étant pour s’encrer et puiser leur nutriment et s’élance dans l’eau pour occuper le terrain. Elles forment un demi sphère que je compose comme premier plan pour venir épouser une autre courbe formée par le reflet des arbres sur l’étang.

Ces ambiances de lever de jour sont magiques. Le ton rosé ce matin est encore accentué par la présence de suie dans l’air émit par des feux dévastateurs en forêt boréales canadiennes.

 

Merci d’avoir pris le temps de lire ces quelques lignes, j’espère que vous avez aprécié ces images de l’étang de la Gruère. En attandant que je trouve un nouveau téléphone, je ne serais plus trop actif sur les réseaux et injoignable par téléphone :S

A la prochaine!

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