Grotte aux Fées – Jura Vaudois

Pour préparer les 4000m, il faut s’entrainer à avoir les bons gestes pour faire une remontée sur corde. Benjamin organise un petit cours clandestin dans une grange d’un ami. J’invite Stéphane, mon compagnon de cordée pour le projet de la liste des 4000. Il y a aussi Emma, une alpiniste, et en cours de route, Joanna, une autre grimpeuse, ramène du matériel et se laisse convaincre de rester avec nous pour faire les exercices. Au programme : remontées sur cordes ainsi que mouflages avec facteurs de multiplication de force de 3, 5 et 7. Nous faisons une courte pause à midi avec un burger king à l’emporter, (aucun restaurant ne livrait après 13h). La journée fût bien remplie et le refresh des manipulations de base était bienvenu. Au détour d’une discussion, Benjamin annonce qu’il va visiter une grotte le lendemain dans le Jura Vaudois et demande si quelqu’un voudrait venir. La grotte en question est une succession de puits qui descendent jusqu’à -150 mètres sous terre. Tout fou et ne sachant pas du tout dans quoi je m’embarque, je suis partant pour l’aventure. Benjamin, imaginant déjà la catastrophe, n’ose pas me dire non et voilà que le lendemain, nous sommes sur la route pour la Grotte aux Fées, à Vallorbe. Dans la voiture, deux spéléologues chevronnés, Oriane et Léonard, sont de la partie. Un 5ème spéléologue nous rejoint sur place.   Grotte aux Fées, partie 1: Galerie des Nymphes La température extérieure est négative et le sol est recouvert d’au moins 30 cm de neige. Un peu frileux, nous décidons d’entrer plus ou moins légalement dans l’appartement d’un de leur collègue spéléologue de la Vallée de Joux. J’apprends de plus en plus à connaitre cette sphère très étrange des spéléologues qui se révèlent être très ? ouverts ? Je profite de la halte pour emprunter une paire de chaussons néoprènes au propriétaire absent. Il est prévu de faire quelques brasses dans l’eau et ma combinaison néoprène est quelque peu poreuse au niveau des orteils. La Grotte aux Fées est gigantesque et de nombreuses galeries restent à ce jour inexplorées. Bien que voisin, le réseau des Fées est distinct de la Grotte de Vallorbe, connue et aménagée pour le tourisme. C'est un réseau de grotte qui est immense. Ci-dessous, la topographie de l'ensemble du réseau de la grotte au fée avec en jaune, la partie que l'on a explorée lors des deux sorties (deuxième sortie décrite plus bas) Une fois équipés pour l’exploration de la grotte (transformé en Télétubbies violet avec ma combinaison), nous remontons une route enneigée où nous croisons quelques personnes et passons pour des fous en combinaisons. Après quelques difficultés pour trouver l’entrée de la grotte sous la neige, nous y entrons. À quelques mètres de l’entrée nous trouvons un petit carnet d’informations à remplir, permettant aux secours de savoir combien de corps ils peuvent espérer retrouver. Rapidement, la grotte continue à la verticale. Huit puits pour un total de 154m de descente.   À l’entrée, Léonard m’explique comment passer la corde dans mon descendeur puis, c’est parti pour la descente dans le vide et l’obscurité. Au fur et à mesure de la descente, les gestes deviennent automatiques mais je fais tout de même systématiquement contrôler mon matériel à mon mentor, Léonard. Sur la descente, nous croisons deux chauves-souris en pleine hibernation. Les chauves-souris ne sont pas tellement dérangées par nos bruits mais plutôt par l’air chaud de notre souffle et de nos lumières. Elles sortent de leur hibernation lorsque la température augmente, signe de la fin de l’hiver. Il faut donc éviter de leur souffler dessus. Une fois au fond des puits nous avançons dans une partie horizontale et labyrinthique tant il y a de boyaux creusés par l’eau dans la roche calcaire. Nous nous déplaçons en rampant ou à quatre pattes lorsque la hauteur le permet. Nous marchons dans un mélange d’argile visqueuse avec 5 à 10cm d’eau. Pour ceux qui ont vu la scène, on dirait les déplacements du basilique dans Harry Potter. Après s’être perdus une fois, on ne trouve pas Voldemort au bout du labyrinthe mais la salle dite « des épées ». Avec le temps, l’eau a sculpté la roche, laissant place à des formes d’épées, de fines lames de roche fragile. Nous nous efforçons de poser les pieds sur les plus épaisses d’entre elles afin de ne pas les endommager. Quelques mètres plus loin, la grotte est inondée, la suite devra se faire à la nage dans une rivière et des lacs (galerie des Nymphes). Avant de changer d’équipement et de mettre nos combinaisons néoprènes, nous en profitons pour manger un morceau et prendre quelques images. L’humidité et la température sont telles que nous fumons de toutes parts. Une fois le ventre plein, il est temps de se jeter à l’eau glaciale. Il n’est franchement pas évident de nager avec des bottes aux pieds et un appareil photo dans un caisson étanche dans la main. Les quatre autres semblent relativement bien le prendre, je dois être le seul à ne pas nager dans des eaux à 4°C toutes les semaines ? Tout est absolument sublime ici-bas mais le temps vient à manquer, je ne peux pas photographier tout ce qui devrait l'être. Pour bien faire, il faudrait installer un bivouac et y passer plus d’une journée. Ce sera pour une autre fois. En plus des épées, on trouve aussi des concrétions de calcite prenant des formes de « champignons » ainsi que des vasques (ou gours) remplis d’eau. Manu avec sa lampe old school à l’acétylène prend la pose pendant que les autres éclairent le lac avec des lampes étanches. Pas évident de gérer tout ce monde pour réaliser l’image en tête. L’endroit est magnifique, nous sommes face à un lac souterrain entouré de colonnes de roche et des concrétions. Au milieu de ce lac se trouve un profond siphon, soit, une sorte de puits descendant à la verticale sous l’eau. Jamais personne n’y est descendu et nous sommes loin d’être équipés pour une telle aventure. En m’approchant du précipice sous-marin, j’entends Oriane crier « au feu, au feu », en me retournant, je vois Manu littéralement en proie aux flammes. Sa lampe à acétylène a commencé à bruler de manière incontrôlée. A peine le temps de le voir bruler qu’il saute dans l’eau dans un énorme fracas. Une odeur de poils brulés remplit la salle et l’eau se trouble rendant la vue sur le précipice impossible. Le temps passe et le plus dur reste à venir: la remontée. Nous rebroussons chemin, retraversons les canyons remplis d’eau glaciale, rangeons notre camp de base et changeons nos combinaisons. Nous rampons à nouveau dans la glaise puis, c’est la remontée sur cordes. Nous ne sommes pas les premiers à passer par ici, au fond du puits, il y a pleins de fossiles d’escargots de quelques millions d’années. Alors que la descente n’était pas trop compliquée, remonter 150m sur corde avec son kit (sac de spéléo) suspendu à la taille est une autre paire de manche! Il y a aussi quelques fractionnements de corde à faire dans le vide où il vaut mieux ne pas trop se tromper pour ne pas rejoindre les fossiles. Une éternité plus tard, me voilà en haut. Nous saluons les deux chauves-souris hibernant à l’entrée de la grotte et nous voici de retour à l’air libre. Nous marchons de nuit dans 30cm de neige et je suis au bout de ma vie. Un grand merci à l’équipe de choc pour avoir rendu cette aventure possible! Reste plus qu’à bivouaquer au fond la prochaine fois pour réaliser plus d’images rendant hommage à la beauté de cette grotte ! Pour retrouver les images d'Oriane,  Léonard, Benjamin   Grotte aux Fées, partie 2: galerie des Epées et Viviane En décembre, nous étions allés explorer une petite partie de l’immense réseau souterrain des Fées dans le Jura Vaudois. On y retourne pour explorer une autre partie de la grotte. L'excuse est aussi toute faite car j’ai toujours le nouvel appareil Sony en test et quoi de mieux pour mettre à l’épreuve son étanchéité et sa robustesse sous terre ? Pour éviter de laisser tomber dans l'eau un appareil à plus de 7000.-, on bricole une petite sangle de fortune avec une cordelette en Dyneema®. La première partie est constituée de plusieurs puits successif. Voici la topographie des puits (merci au site de spéléo Lausanne pour les sources). Sur la descente des puits, on profite pour prendre quelques images des puits impressionnants. Sur la descente des puits, on profite pour prendre quelques images des gouffres impressionnant. Arrivé au fond des puits (chemin vert), le chemin se sépare avec à gauche la zone explorée la dernière fois, la galerie des Nymphes (chemin bleu) et à droite une nouvelle zone inondée, la galerie des Epées (chemin orange) Mais avant ça, une petite pause casse-croûte au milieu des concressions s'impose. Puis, on explore la galerie des Epées inondée sur la droite. Certains passages nécessitent de passer totalement dans l'eau, l'occasion de tester la nouvelle néoprène achetée quelques heures plus tôt. Contrairement à la dernière fois, la combinaison est à ma taille et je ne sens quasiment pas la fraicheur de l’eau, je pourrais rester ainsi des heures. Pleins de petits lacs souterrains magnifiques et de petits canyons inondés se succèdent. On traversera même une petite rivière souterraine avec un fort courant (rivière Lanceleau sur la carte). La galerie semble sans fin mais comme d'habitude, le temps est notre pire ennemi et nous devons faire demi-tour, la suite sera pour une autre fois. On retourne sur nos pas après quelques images dans la salle Baudegamu. Sur le retour, on fait une courte pause à la bifurcation et j’insiste un peu pour retourner voir le petit lac avec les deux piliers de la dernière fois. Pendant qu'Oriane se réchauffe sous le poncho avec trois bougies, on repasse rapidement dans les galeries explorées la dernière fois, la galerie des Nymphes. Le petit lac est toujours là mais semble moins impressionnant que la première fois. C’est d’ailleurs souvent ainsi en spéléo, on se laisse émerveiller par ce que l’on découvre puis on s’y habitue. On triche un peu pour la photo avec les deux piliers, avec uniquement Benjamin comme model, je fais un panorama mais pendant les prises de vue, il se déplace d’une arche à l’autre permettant d'apparaître à double dans l’image finale. Au retour, Oriane est bien au chaud sous son poncho, mais il nous faut remonter. Voilà qu’une crampe apparait pendant que l’on se change, il faut la détendre. Les bougies sont soufflées et on remonte à la surface après pas mal de sueur avec les 150m de puits à remonter. Cette fois-ci, j’utilise un Pantin® prêté par Oriane me permettant de toujours avoir une corde tendue sous moi pour faciliter la remontée avec le Croll® .
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Les fantômes des sous bois

Les marmottes se réveillent et sortent le nez de leur terrier. C'est la fin de leur hibernation, la neige fond et la terre se réchauffe caressée par les rayons de soleil. Elles ne reconnaissent plus les alentours. Que ce passe-t-il? Il n'y a plus de promeneur, les remontées mécaniques ne fonctionnent plus. Est-ce que les humains nous auraient imités et auraient débuté une hibernation printanière? En cette période particulière où les bains de foule sont prohibées et les industries au ralenti, je profite du temps à disposition pour m'isoler en forêt. C'est l'occasion pour passer un peu plus de temps avec soi-même en communion avec la nature. L'occasion de prospecter pour tenter de trouver les fantômes de nos sous-bois. Ces espèces que l'on a déjà entendus parlés mais jamais eu l'occasion de voir et encore moins de mettre en boite. Le verdict tombe, chômage technique à 50%. Me voici donc trappeur à temps partiel. Le réveil est réglé à 4h du matin malgré le changement d'horaire. Les sentiers sont encore prisonniers d'une épaisse couche de neige et les températures sont encore bien givrantes. Les mains autour des oreilles telles des paraboles, je sonde tous les bruits qui m'entourent.  J'essaie de distinguer un Tuuuu Tuuuu Tuuuu parmi les chants des mésanges qui viennent de se réveiller. Une chevechette chante dans les mélèzes. L'image est déjà dans ma tête. La petite chouette de 50g posée sur une branche avec du lichen me fixant avec ses petits yeux jaune profond. Malheureusement la nature ne se plie pas à notre volonté. Elle se dévoile lorsqu'elle en a envie. A nous de faire au mieux sans la froisser. Je m'approche à pas feutrés en direction de ce son saccadé. Le chant est si fort que notre petit nocturne doit être juste au dessus de ma tête. Pourtant si proche et invisible. Ce n'est que lors de la troisième soirée de prospection que j'ai la chance de pouvoir l'observer. Un instant magique. La voici sur sa branche de sapin, même le lichen est là! On est bien loin de l'image que j'ai en tête mais la rencontre mais les émotions sont bien là! Plus les jours avancent et moins son chant brise le silence nocturne. Est ce que le petit lutin aurait déjà trouvé une âme sœur? Je fouille tous les recoins de la foret mais sans succès. Quand tout à coup, un autre bruit attire mon attention. Un petit bruit strident un peu comme un roitelet mais avec une mélodie. Il me semble l'avoir déjà entendu quelque part... Oui, c'est bien la gélinottes des bois. Si le lagopède est la perdrix des neiges alors la gélinottes est la perdrix de la foret. Le fantôme par excellence. Contrairement aux autres gallinacés, son chant est bien plus discret. Sa robe reprend parfaitement le mimétisme des sous bois. Je passe les premiers jours à essayer de repérer son territoire ainsi que ses emplacement favoris. Après une journée de prospection, je commence à rebrousser chemin et je vois une gélinotte s'envoler d'un arbre pour se poser sur une souche. Je prends une photo de loin pour avoir une preuve de l’existence du fantôme. Je décide d'installer un affût avec une belle vue sur la souche dans l'espoir de la revoir. Les jours passent et les heures dans l’affût défilent. Je l'entends chanter autour de moi, mais impossible de la voir. J'entends des battements d'ailes mais rien ne bouge. Je la sens pourtant si proche mais reste tout de même invisible. C'est au 3ème jour, après un battement d'ailes que je vois une boule de plumes tomber dans les arbres morts. Je déplace l'appareil et bingo, c'est Mr gélinotte qui se nourrit au sol. Mais aussi vite arrivé, aussi vite reparti. La suite de l'affût se déroule sans revoir l'ombre d'un caroncule rouge. Les jours d’affûts se suivent mais sans grand succès, je l'entends mais elle se fait discrète. J'ai eu tout de même la chance d'avoir sa visite sur une branche au dessus de l’affût. D'ailleurs il me semble que j'entends deux chants différent. Il y aurait deux individus sur le même territoire? Je songe même à déplacer l’affût pour un endroit plus propice car les chants me sembles toujours venir de la gauche. Je monte à l’affût dans l'idée de le déplacer mais je me sens observé. La gélinotte est à nouveau sur la souche. Je suis arrivé trop tard... Je prends une photo volée mais je sais que malheureusement, elle ne reviendra plus pour la journée. Je commence à connaitre de mieux en mieux ses comportements. Elle chante peut après le lever de soleil mais ne se montre pas. Puis au milieu de la journée, elle va se nourrir au sol et fait des petites siestes. Elle recommence à chanter quelques heures avant la fin du jour. Si je veux la photographier, il va falloir que je passe toute la journée dans l’affût. Je rentre à l’affût avant le lever du jour. Comme d'habitude, son chant résonne tout autour de moi à partir de 7h mais impossible de la voir. J'attends, j'attends... Il est 11h, je commence à avoir faim mais j'attends. Je lis les derniers news du COVID-19 sur mon téléphone, apparemment le premier ministre de l’Angleterre est aux urgences. Bref, j'attends, il est 13h et toujours rien, pas de chant, rien. Je suis tout recroquevillé sur mon tabouret dans l’affût. Ca va faire maintenant 10h que j'attends. Les chants recommencent, elle n'est vraiment pas loin. Je me dresse pour voir à travers la fenêtre de l’affût. Toujours rien. Maintenant de drôle de petits gloussements. La voila, une ombre passe au loin devant les arbres illuminés. Le fantôme se dévoile. La gélinotte descend à travers les branches d'arbre et vient grignoter devant l’affût. Puis, grimpe sur sa souche d'arbre. Chante 2 fois et je la surprends même à fermer l'oeil pour s’assoupir. Mon cœur bat la chamade. La photo que j'avais en tête se réalise. La gélinotte est finalement sur la souche devant l’affût. Même la lumière est de la partie avec quelques rayons qui filtrent à travers l'épaisse foret. Pour chanter, elle replie sa tête et bombe son torse. Je ne pensais pas pouvoir vivre des scènes si magiques. https://youtu.be/5ayQOy43EsM Entre deux chants, il se paye même le luxe de bailler pour le plaisir de mes yeux Après ce court moment de folie, la gélinotte disparaît à nouveau dans les tréfonds de la forêt. Il me faudra bien de longues minutes pour redescendre de mon nuage. Je viens de vivre un moment privilégié, un rêve vient de se réaliser. De longues minutes plus tard, je jette un oeil aux images sur mon appareil photo. A ce moment, quelle stupeur. Je me rends compte que son oeil gauche est totalement amoché. Ca doit être très frais, son plumage est encore humide. Un combat avec un adverse qui s'est mal terminé? Je me demande comment va se dérouler la suite pour cet individu? Je vais essayer de le suivre! Les lois de la nature sont très rudes et un tel handicap risque de grandement compromettre la suite de sa petite vie. Je le nomme Alastor en référence à Alastor  Maugrey "fol oeil" de la série Harry Potter avec son oeil gauche en verre. Le lendemain rebelotte, les heures d’affûts s’enchaînent. Vais-je à nouveau la voir? Cette fois-ci j'entends les petits cris plaintifs de la veille vers les 12h. Je regarde et voici qu'elle remonte sur la souche. Cette fois-ci la lumière n'est pas aussi belle que la veille mais l'émotion est toujours aussi forte. Elle me gratifie à nouveau d'un petit chant. Je suis si heureux de voir que mon Alastor se porte bien malgré sa blessure.   Après son petit chant journalier, il descend et passe à 3m de mon affût. Les conditions de prise de vue sont difficiles car beaucoup de branches bloquent la visibilité mais j'arrive tout de même à lui voler un portrait lors de son passage. Je tiens à préciser que je n'ai pas modifié l’environnement. Aucune branche n'a été coupée pour améliorer le rendu des images. C'est une espèce très sensible, j'ai donc essayé de minimiser mon impact sur son habitat. J'ai donc préféré supprimer quelques éléments gênants comme des branches en post traitement avec photoshop plutôt que de détruire l’environnement de la gélinotte. Deux jours plus tard, je remonte rendre visite à mon fantôme de la foret. Sur la route, des plumes m'interpellent. Je me penche, prends une dans les mains. Je reconnais le plumage ponctué de brun de la gélinotte. Je n'ose pas y croire... Quelques mètres en contre bas, je découvre le massacre. Des plumes partout. Je reconnais les plumes de la queue que j'ai pu voir de temps à autre en éventail lorsqu'elle marchait. Un autour des palombes a probablement pu nourrir sa portée avec les presque 500grammes que font les gélinottes. C'est le cœur noué que je monte à l’affût. J'espère m'être trompé sur l'identification des plumes et je rêve encore de voir Alastor surgire d'entre les branches. J'attends, j'attends. Les heures passent, je perds presque espoir quand, le chant de la gélinotte résonne dans la foret. Quelques heures plus tard, je vois la gélinotte se poser sur une souche au loin. Ce n'est pas son perchoir habituel. Bizarre, je prend une image de très loin et zoome dans la photo. C'est bien ce que je pensais. La gélinotte a bien ses deux yeux intacts. Ca doit être le deuxième individu que j'entendais quelques part dans les arbres pendant qu'Alastor chantait sur sa souche. Les combats sont rares chez les gélinottes mais ils peuvent éclater en cas de conflit de territoire. Il me vient donc à l'esprit que notre nouvelle gélinotte a attaqué Alastor quelques jours plus tôt lui infligeant sa blessure à l'oeil qui lui sera fatale. Notre nouvelle gélinotte reprend le territoire vacant de son prédécesseur. C'est ce qu'elle semble me montrer en chantant à quelques mètres de moi avant de disparaître dans la jungle de branchage. La nature a ses règles. Les animaux se battent sans cesse pour leur petit coin. La gélinotte protège son territoire en le chantant à tue tête à longueur de journée. La survie d'un individu et de sa descendance se joue à peu. Elle peut se décider sur un coup de bec mal placé lors d'un court affrontement. L'animal blessé voit ses chances de survie drastiquement chuter et voila qu'un autour des palombes profite de l'occasion pour servir un repas Pascal à sa progéniture.   2021 Une année est passé, on est début mars, les conditions sanitaires ne sont pas meilleur que l'année dernière. Tous les pays autour de la Suisse sont à nouveau confiné avec des couvres feux et en Suisse, tout ce qui n'est pas essentiel est fermé. Je suis sur les traces de mes fantômes. J'ai entendu la chouette chevêchette et même la tengmalme mais impossible de les voir dans les branchages. Un jour sur deux, je délaisse le coin à chouettes pour aller prospecter la zone de la gélinotte des bois. Elles se font aussi très discrètes, j'en ai vu une s'envoler au bout d'un sapin et j'ai pu entendre un chant en 1 mois. Les indices sont maigres et ma motivation se casse sacrément la figure. Mais après quelques coup de téléphone, je me motive tout de même à y retourner. Sur le chemin, je m'arrête à tous les endroits où j'en ai entendu l'année passée, une petite pause de 10-15min avant de continuer le chemin. C'est en arrivant au dernier spot que j’entends le chant de la gélinotte! Je ne fais pas un pas de plus, m’accroupis et attends. Le chant continue, voici une deuxième strophe, c'est plus que tout ce que j'ai entendu en 1 mois! Je me déplace un peu pour me cacher un peu plus au pied d'un arbre. Je suis absolument pas équipé pour faire un affut car je suis encore au stade de repérage. La gélinotte chante toujours, 3, 4, 5 couplets. Elle n'est pas bien loin mais c'est impossible de la voir. Un deuxième chanteur se met à siffloter derrière moi, les deux se répondent. Voila que le premier change d'arbre et se pose sur une branche pas loin de moi. Heureusement que je l'ai vu atterrir pour le repérer. Malheureusement, il est juste derrière une branche, je fais le point en faisant l'AF sur le tronc dessous. Pas question de me déplacer pour trouver un angle sans la branche car je risquerais de les effrayer. Je fixe la branche non stop pour suivre l'individu s'il venait à décoller. Mais il a l'air de bien s'y plaire, il chante pas moins de 16 minutes sur la branche. Un véritable spectacle à ciel ouvert malgré les restrictions covid mais très fatiguant pour les yeux. L'individu derrière moi, intrigué par la mélodie du premier semble se rapprocher. Son chant résonne si fort dans mes oreilles que j'ai l'impression qu'il est dans l'arbre au dessus de moi. Évidement, impossible de le voir dans tous ces branchages. Puis, d'un coup d'un seul, deux gélinottes décollent derrière moi. L'un poursuit l'autre dans une course folle entre les arbres, ils traversent même l'arbre ou je suis caché soit à 4-5 mètres de moi environ. Absolument incroyable! Évidement, le premier individu en face de moi plonge dans les bois pour se joindre aux deux autres. Il n'y aura pas d'autres images... Je reste toujours sous mon arbre dans l’espoir que l'un d'entre eux ressort. Étonnamment, après une 20ène de minute, j’entends le chant derrière moi qui recommence. Serait-ce un 4ème individu? Le chant se rapproche de plus en plus puis s'éloigne. Je scrute les branches aux alentours mais je n'y vois rien. Le chant disparait et le temps passe. La lumière commence aussi à baisser en intensité. J'entends des petits bruits d’ailes, serait-ce la gelinotte qui rejoint ses quartiers pour la nuit? Ou est-ce seulement la grive qui a chanté quelques instants plus tôt? Dans ces situations, je deviens à moitié parano, le moindre frottement de feuille me fait sursauter. Un nouveau bruit de battement d’aile retentit et je vois une petit masse beige clair atterrir derrière un arbre. Pas de doute, une gélinotte est dans les parages. Le lieu exact de atterrissage est bloqué par un tronc d'arbre (évidement), je prends mon mal en patience avec l'objectif à bout de bras prêt à déclencher. La gélinotte se déplace, je vois un bout de queue par ici, par là. Je lève et descend l'objectif que quelques dizaines de centimètre pour essayer de trouver le meilleur spot à travers les branches tout en restant assis. Une petite fenêtre entre les branches se profile, la gélinotte ne s'avance pas assez pour ne pas être superposée avec les branchages, il lui manque quelques cm. Après avoir chanté une strophe, elle disparaît derrière le tronc et quelques dizaines de minutes plus tard, je vois la tache beige disparaître au fond de la foret dans un bruit de battement d'ailes. Quel spectacle incroyable, c'est le sourire jusqu'aux oreilles que je sors de ma cachette. Maintenant, c'est sûr, je sais ce que je fais de mon weekend de Pâques :) Après avoir repéré la zone, j'ai pu voir la gélinotte posée au sol à deux endroits. Le lendemain, je retourne sur place et installe l’affût. J'ai du le positionner deux mètres plus haut qu’initialement prévu car il y a plein de petits arbres pas vraiment esthétiques qui gâchent la vue. 2m plus haut, la vue est plus dégagée mais je suis en pleine pente ce qui n'est pas vraiment confort (euphémisme). L'attente débute vers 7h du matin et rien ne se passe. Pas un chant, pas un mouvement rien... Il est maintenant 13h et je perds courage, je plie bagage et retourne à la maison. Il a fait un peu plus froid que la veille ce qui pourrait expliquer ce manque d'activité? Je me dis que le soir est peut être plus intéressent que le matin car les températures sont plus douces? Je retente ma chance dimanche après-midi après le dîner Pascal avec toute la famille. Je m'installe dans l’affût à 14h. Les heures passent et toujours rien... 3h plus tard, j'entends un timide chant de la gélinotte, comme un fou, je scrute par les fenêtres de mon affût. Après une 15aine de minutes, je vois la gélinotte au loin, la queue en éventail marchant sur un tronc couché. Incroyable de voir ce comportement que je n'avais pas vraiment eu l'occasion de voir l'année dernière. Les prises de vues sont très compliquées car il y a passablement d'arbres entre l’affût et ce tronc couché au loin. Je trouve néanmoins une petite fenêtre pour immortaliser ce comportement de parade. après 3m en équilibriste sur le tronc, elle disparait derrière une butte après quelques battements d'aile. Serait-ce déjà terminé? Mais voila qu'elle ressort de la bosse quelques minutes plus tard et s'approche dans ma direction. Elle s'approche de plus en plus. L'AF a beaucoup de peine et a tendance à crocher sur toutes les branches devant la gélinotte. Je passe en collimateur "small" via le menu FN pour passer au travers des obstacles. Elle grimpe finalement sur une souche. Cependant, à peine arrivée au sommet de la souche qu'elle redescend (l'image ci-dessous est un montage pour montrer le déplacement de la gélinotte). J'ai pu lui tirer le portrait mais l’environnement et la souche ne sont pas franchement esthétiques, j'en ai profité pour faire un petit montage. Une fois descendue du tronc, elle s'approche encore plus de moi. Elle passe derrière une souche se trouvant à moins de 5m de l’affût. Mon cœur bat la chamade, je suis prêt à la suivre une fois qu'elle sera passée à coté du tronc. Je n'avais pas prévu de la photographier à ma droite, ma rotule pendulaire arrache la moitié de l’affût et ma tête est dans la toile pour cadrer. Elle se met à chanter derrière la souche juste devant moi et n'a pas l'air d'être pressée à sortir. J'essaie de me calmer en respirant un peu plus régulièrement. Les doigts de ma main droite sont tellement crispés que je n'arrive plus à lâcher ma poignée. Le temps passe, voila que la gélinotte chante depuis 30 minutes derrière cette souche à 5m de moi. Le chant à cette distance est très strident. Au bout d'un moment, je surprends la gélinotte en train de picorer le sol à droite de la souche. Je prends quelques images en me contorsionnant au maximum possible mais les images ne valent pas la peine d'être présentées. Puis, après sa petite promenade, elle fait un petit vol et va se recacher derrière la souche et continue de chanter pendant une bonne heure. Je suis en train de me poser des questions sur l'emplacement de mon affût. Si je l'avais posé à l'endroit initial, la gélinotte serait à 3m devant l'objectif en ce moment... Les chants se sont tus, j'ai entendu quelques battement d'ailes. Est-ce que la gélinotte est toujours au pied de la souche ou se trouve-t-elle cachée ailleurs? J'entend un petit gloussement au niveau de la souche, la gélinotte est encore là. Je demande d'ailleurs, s'il n'y aurait pas un nid au pied de cette souche? ça expliquerait pourquoi la gélinotte y reste aussi longtemps? Si c'est le cas, comment contrôler? Est-ce que je dois déplacer l’affût pour voir le nid? Je n'ai pas vraiment encore trouvé de réponses à ces questions quand j'entends à nouveau un petit gloussement sur ma gauche. Bizarre, je me retourne et je vois que la gélinotte est tranquillement en train de picorer un peu plus haut dans l'herbe. J'avais tellement les yeux fixés sur ma souche immobile depuis 2h que je n'ai pas pensé à contrôler les environs régulièrement. Évidement, très peux de photos utilisables dans la série, y a des branches, des brindilles partout. Je ne sais pas qui a nettoyé cette forêt mais c'est une cata '^^ La gélinotte s’éloigne tranquillement en picorant. Une fois hors de ma vue, elle chante quelques fois. La luminosité baisse et je décide de quitter mon affût. Je ne vais pas voir s'il y a effectivement un nid au pied de l’affût de peur de déranger une éventuelle femelle en train de couver. Je regarderais la prochaine fois avant de rentrer dans l’affût. Malheureusement, après control le jour suivant, il n'y a pas de nid. Je continue les affuts mais l'activité faiblit de jour en jour mais elle passera tout de même encore une fois devant l'affut et passera juste à coté mais je suis mal placé pour lui tirer le portrait.
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Acrobatie glacière

Ayant le Sony A1 en prêt pour une semaine, c’est l’occasion de tester quelques photos d’action. Après avoir demandé sur Instagram si des gens étaient intéressés pour un shooting photo orienté action, j’ai eu quelques retours. Notamment Nathan un acrobate actuellement en vacances dans la région était intéressé. Je voulais en plus tester la durée de vie de l’appareil au froid. Le lieu du shooting était donc tout trouvé, une grotte de glace. Pour y accéder, il nous faut parcourir 6km et 500m+ en raquette ou en ski de rando. Nathan n’ayant que des skis de piste, je lui prête ma seconde paire de ski de rando et pique une paire de chaussure à mon père en espérant que les tailles correspondront. Nous mettons les peaux, enclenchons nos DVA et partons en direction de la grotte vers 16h une fois la journée terminée. Rapidement Nathan a le pied droit douloureux, je lui propose de continuer sur un pied mais il préférera desserrer un peu sa chaussure de ski. Après un peu moins de 2h, nous voici devant l’entrée de la grotte. On déchausse les skis et pendant que Nathan s’échauffe, je vais chercher quelques compositions dans la grotte. Avec le froid et les quelques chutes de neige de ces derniers jours, j’avais peur qu’il n’y ai pas d’eau liquide pour jouer avec les réflexions. La chance nous souris car il y a un bon mixte de glace et d’eau liquide. Du limon du glacier recouvre la glace par endroit salissant la glace. Ayant prévu le coup, je décroche le balai de mon sac à dos et je commence à « putzer » la glace. Maintenant que la glace est bien nettoyée et que Nathan est chaud, on peut commencer les prises de vue. La première composition est assez classique pour l’endroit, une photo avec la réflexion dans l’eau avec Nathan effectuant des sauts par-dessus la rivière. Puis, nous faisons des images ou Nathan effectué un backflip. C’est assez impressionnant avec quelle aisance il les fait alors que nous sommes dans du sable avec des bouts de glaçons glissants un peu partout à côté d’une rivière. Le reflet n’est pas super propre car il faudrait effectuer une pause longue pour lisser les aspérités de l’eau et avoir un effet miroir. Malheureusement, Nathan n’arrive pas à bloquer sa position en l’air pendant 3 secondes ‘^^ On tente une autre image en direction du fond de la grotte. Cette fois-ci, la place pour le backflip est très restreint. 20cm trop à droite, il tombe dans l’eau, 20cm à gauche, il glisse sur la glace. On ne fera qu’un essai et son talon finira en partie dans la rivière. Je m’aventure au fond de la grotte pour trouver un autre point de vue. Malheureusement, la grotte est trop basse pour effectuer un saut. Cependant, on peut essayer de faire la planche à bout de bras sur les glaçons. C’est extrêmement glissant, Nathan cherche pendant de longue minute deux bouts de glace suffisamment stable pour maintenir son poids, enfile ses gants puis s’élance. Il nous faudra de nombreux essaies car la glace n’est pas vraiment le support idéal mais ça valait le coup ? Heureusement, ses mains n’ont pas glissé et il a encore toutes ses dents ! Il commence à faire bien frais, la montre affiche tout de même -13°C à l’extérieur et Nathan commence à avoir froid. On décide de quand même tenter quelques images avec l’arche de la grotte. Quelques backflips Puis, glacier oblige, quelques backflips avec piolet. Heureusement, il ne s’embroche pas avec. Puis, me vient l’idée de tenter une pause «spiderman». Je trouve que la position est assez harmonieuse avec l’arche de la grotte. Et finalement un handstand. La nuit commence à arriver dangereusement et il fait de plus en plus froid. Nathan est en train de geler sur place, on décide de plier baguage et de redescendre. Il change ses basquettes puis essaie d’enfiler les chaussures de ski. Impossible de les mettre ! Je viens à la ressource, ces pieds sont bien gelé, il ne sent même pas quand je les touches. J’appuie de tout mon poids sur sa cheville pour la faire passer dans la chaussure de ski gelé. On s’y reprend 4-5fois puis le pied passe enfin ! C’est maintenant le tour du deuxième pied. Rien n’y fait, on arrive pas à le mettre dans la chaussure. Même en changeant de chaussette par des plus sèche et en ouvrant au maximum la chaussure, impossible. La nuit commence à venir et il fait de plus en plus froid… Je ne vois qu’une seul solution… J’enlève mes chaussures de ski qui sont plus souple et on essaye de mettre le pied de Nathan. Après quelques secondes, voici que le pied passe. Hourra, mes chaussures lui vont mieux. On échange les skis et je mets les chaussures de mon père. Il y a effectivement une bosse bizarre dans le coup du pied mais en forçant un peu, mon pied passe. Il ne reste plus qu’à se laisser glisser en direction de la voiture sous le ciel étoilé. Un petit résumer en vidéo Au finale, une superbe journée malgré quelques frayeurs sur la fin mais pas d’accident à déclarer. Merci à Nathan pour ses 78 backflips pendant ses 2h de photos et ses 1700 images ! Bonne continuation à toi et bonne chance pour la suite en espérant que tu puisses vivre de ta passion.
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Retour Sony A1 le nouveau flagship

Bonjour, Il y a quelque temps, Sony m’a envoyé le alpha 1 pour le tester sur le terrain pendant 1 semaine. Le délai est relativement court pour tester toutes les fonctionnalités de ce boitier mais je me suis penché sur la partie rafale, obturateur silencieux, autonomie et robustesse. Je ne me suis pas penché sur la partie connectivité ni sur la gestion des flash ou l’obturateur mécanique. C’est un retour sur terrain et non pas un test rigoureux. Le Sony A1 est le flagship de la marque, une vitrine technologique démontrant qu’il est possible d’avoir un boitier d’action avec un capteur bien défini. Pourtant, de l’extérieur, le a1 n’est pas bien différents des autres A7 ou A9. On n’est pas sur un boitier monobloc comme le flagship des autres marques. C’est un choix que j’apprécie car cela permet un réel gain de poids mais aussi permet de faire des photos à raz le sol. Egronomie En le comparent à mon Sony A7rIII, les dimensions globales sont très similaires mais la prise en main est incroyablement meilleure. La poignée tient vraiment bien en main, la molette inclinée permet de gagner les quelques mm permettant une prise en main ferme, le petit doigt ne se balade plus sous la poignée. Les boutons répondent mieux, le joystick a une bien meilleure adhérence et peut-être manipulé de manière fiable avec des gants.

A1 en haut à coté du sony A7RIII

Comme pour le sony A9, une seconde molette de réglage dédiée pour le type d’AF et le mode entrainement (vitesse rafale, retardateur) existe. Personnellement, je préfère gérer ces réglages via des boutons personnalisés mais surtout via les modes personnalisables 1,2 et 3. Si vous travaillez aussi de cette manière, il vous faudra systématiquement adapter ces deux paramètres avec la roue. Si vous venez du Sony A9, vous aurez déjà ces automatismes.

Le viseur a vraiment un rendu très réaliste et le grossissement est très bon. On remarque surtout la qualité du viseur une fois que l’on revient sur un autre modele de boitier. Il est aussi possible de paramétrer la vitesse de rafraichissement du viseur pour améliorer le suivi en photo d’action mais aussi pour économiser de la batterie pendant les prises de vue plus posées. Les avantages du viseur électronique ne sont plus à démontrer mais la possibilité de zoomer à 100% dans le viseur pour peaufiner une mise au point en manuel ou identifier des oiseaux, le zebra pour mettre en évidence les zones cramées, le focus peaking pour mettre en évidence les zones nettes pour aider une mise au point manuelle, la possibilité de naviguer dans le menu FN sans devoir quitter l’œil du viseur et perdre l’action sont tous des avantages dont on n’arrive plus à se passer rapidement.

Dans l’ergonomie les différentes ouvertures par clapet ont été revu et sont plus weatherproof avec des joints et des fermetures fermes. Pour l’avoir testé dans des conditions très humides avec de l’eau, du limon (sable des glaciers ultra fin) et quelques éclaboussures, la tropicalisation du boitier ne m’a pas fait défaut. On est sur du robuste même s’il n’a pas la tête d’un monobloc !

Test en environnement humide et sale (spéléo)

L’appareil accepte maintenant de nouvelles générations de cartes express type A permettant de vider rapidement le buffer lors de rafale à 30 images par seconde avec 50 mégapixels. Malheureusement, j’avais mes cartes SD à 95mo/sec pour les tests et c’est extrêmement lent alors qu’avec les types A, le buffer se vide instantanément. Mais même avec des cartes lentes, ce n’est pas vraiment un problème car le buffer est immense et ce n’est pas bloquant (sauf si l’on veut faire des vidéos après une rafale). Je n’ai jamais atteint la fin du buffer malgré des rafales généreuses.

  AF L’AF du Sony A1 est simplement bluffant. La reconnaissance du sujet et son suivi n’ont simplement pas de comparaison possible pour moi. Contrairement aux autres A7, ce n’est pas gadget ni aléatoire. Le suivi d’objet du A1 est simplement stupéfiant et fiable. Si on le couple avec la détection des yeux du sujet, l’AF est un "game changer". Le point se fait sur l’œil d’une gélinotte à travers les branches sans broncher, le point suit l’œil d’un chamois en déplacement dans le cadre même s’il ferme l’œil ou si la tête est de 1/3.

Détection de l'oeil de la gélinotte à travers le branchage et environement bien chargé

Détection de l'oeil du chamoi à moitié fermé et de 1/3

Il faut cependant penser à changer le type d’AF sur les yeux en fonction du sujet (humain, oiseau et animaux) car sinon, le point ne se fera pas. Le raccourci est à mettre dans le menu FN ou un bouton personnalisé. C’est un peu dommage de devoir switcher entre les modes pour le suivi des yeux car il y a des situations où l’on photographie des oiseaux juste après un mammifère et s’il l’on oublie de changer, l’œil ne sera pas trouvé.

Œil pas trouvé car j'étais en mode animaux et non oiseaux

L’AF accroche et suit aussi bien au centre que dans les bords du cadre (le Sony a7rIII est à la ramasse sur les bords).

Suivi de la mésange malgré qu'elle soit dans le bord et à travers les branche (l'AF à croché sur les 18 images de la raffale (mais flou de bougé par 1/400ème...)

L’AF peut être personnalisé très finement selon les sujets entre la réactivité du suivi AF jusqu’à la préférence de l’œil droit ou gauche pour la mise au point. Dans tous les cas, l’AF couplé aux moteurs linéaires des objectifs Sony est ultra rapide et réactif. A voir si cette technologie AF pourra être transmis aux futures générations des A7.

  Rafale La rafale de 30 images par seconde permet de ne plus louper le moment décisif dans une action. Couplé au nouveau viseur électronique et au double processeur, le suivi se fait sans mal. Il n’y a pas d’image noire, ni de saccade dans le viseur. En étant en obturateur silencieux, si on ne met pas le bruit artificiel, on ne remarque même pas qu’une rafale est en court. Mais, la rafale n’est pas qu’utile en photo d’action, pour le paysage aussi.

j'ai pu choisir entre 4-5 photos pour chaque position

Un montage avec la rafale de 30img/sec avec le sujet passant derrière un branchage et étant extrêmement proche du bord du cadre. Le viseur sans lag m’a permis de suivre plus ou moins le sut malgré sa vitesse et son accélération.

Par exemple lorsque l’on fait du bracketing, le temps pour prendre une image bracketée sur 9 prise de vue se fait en un temps record, pareil pour du focus stacking. Dommage cependant que le focus stacking ne soit pas automatisé dans les boitier sony car avec la vitesse de l’AF et la vitesse de la rafale, ça pourrait être un vrai plus. La rafale peut aussi être utilisée pour augmenter le nombre d’images nette avec des vitesses d’obturations limites.

La rafale permet aussi de prendre 16 images rapidement puis de les assembler en une image de 200mgpx. Malheureusement, il vous faudra passer par un logiciel propriétaire de Sony pour finaliser l’assemblage avant de pouvoir le traiter dans votre logiciel favori.

  Autonomie L’autonomie est dans la norme des autres boitiers de la marque. Avec une batterie, on peut photographier pendant 2j si on ne déclenche pas sur tout ce qui bouge. En utilisation intensive, il faudra tout de même prévoir une batterie par jour. J’ai aussi pu le tester dans des conditions un peu plus extrêmes dans un glacier. Les températures étaient bien fraîches, -13°C et en trois heures des photographies, j’ai perdu 50% de batterie. J’étais un peu déçu de ses performances, mais je testais aussi la rafale du boitier et j’ai pris 1700 images pendant ces 3h de temps. Je trouve que ce n’est pas si mal dans ces conditions (1700 images, -13°C, 50% de batterie).   Qualité d’image Au vue des performances en vitesse décrites plus haut, on peut s’attendre à une qualité d’image un peu à la baisse. Mais les 50 mégapixel du capteur m’ont agréablement surpris. Sur le 400 GM et le 24GM, la qualité d’image en crop 100% est superbe, tous les détails sont bien rendus.

Cadrage d'origine

crop 100% La montée en ISO me semble pas forcément au-dessus de ce qui se fait actuellement. Des images propres jusqu’à 6400iso nécessitant un peu de traitement au-delà ce qui est déjà une belle performance pour un capteur aussi défini. Je trouve le bruit similaire au a7rIII et bien mieux maitrisé que le a7rIV.

6400 iso

6400iso crop 100% 6400iso crop 100% +2IL Concernant la dynamique en haut iso, j’ai l’impression que l’on tombe plus rapidement dans « la zone rouge » que le a7rIII en augmentant la luminosité de plus de 4IL. Peut-être qu’en shootant en RAW non compressé, ce phénomène disparait? Mais c’est vraiment des circonstances très particulières.

Image d'origine (éclairage par seulement 3 bougies)

+5IL (la zone rouge dont je parle se voit bien en haut à gauche dans les ombres alors que les ombres plus au centre sont assez clean (mais je pense que c'est plus dû au Craw/raw) traitement final avec récupération du maximum de la dynamique à 6400iso Obturateur silencieux De la RAM est directement accolée au capteur permettant ainsi de minimiser le rolling shutter qui est un défaut lié à l’obturateur silencieux. Le rolling shutter est une déformation d’un objet en mouvement dans l’image dû à la lecture ligne par ligne du capteur lors de la prise de vue. Avec la ram directement accolée au capteur, la lecture de ces lignes se fait beaucoup plus rapidement limitant fortement le rolling shutter. Le Sony A1 lit 1,5x plus rapidement son capteur que le Sony A9 qui est une référence dans le domaine avec pourtant un capteur de seulement 24 mégapixel. Le rolling shutter était déjà quasi inexistant sur le A9 et le A1 fait encore mieux. Je n’ai pas réussi à le mettre en défaut pendant ma semaine de prise en main malgré les photos d’actions. Cette technologie de capteur stacké nous permet vraiment d’utiliser l’obturateur silencieux en toute circonstance sans se soucier d’éventuelle déformation. Le fait de ne pas faire de bruit lors de la prise d’image est un vrai confort d’utilisation. Dans mon domaine de prédilection, les animaux ne nous remarquent pas, les oreilles ne se dressent plus et on évite de se griller dans un affut.

Exemple de photographie animalière sans dérangement grâce à l'obturateur silencieux

Pour la photographier de reportage, cela permet aussi d’être plus discret ou de manière générale, dans tous les pratiques, on évite d’user les pièces mécaniques du rideau rallongeant la durée de vie de nos boitiers.

L’obturateur silencieux vient avec d’autres avantages permettant des vitesses d’obturation assez impressionnante de 1/32'000s pour des sujets ultra rapides (battements d’ailes de papillon, balle en sortie de canon) ou aussi pour shooter à pleine ouverture malgré une forte luminosité.

Pour les utilisateurs de flash, cela permet aussi une synchronisation du flash à une vitesse de 1/500s alors que l’on est plutôt limité à 1/125 avec un obturateur mécanique.

Le Sony A1 a tout de même un obturateur mécanique. Je ne l’ai pas utilisé car pour moi, l’obturateur électronique ne peut pas être mis en défaut en photographie « de tous les jours ». Il est cependant présent et c’est un obturateur spécialement conçu pour les exigences de haut vol du Sony A1. Un rideau en carbone avec deux moteurs pour l’entrainer permettant ainsi une rafale de 10mg/s

  Vidéo La vidéo n’étant pas ma spécialité, je ne me suis pas attardé dessus. L’appareil permet de filmer en 8K, j’ai fait une petite vidéo de chamois jouant dans une falaise. La qualité d’image est impressionnante et la résolution 8K, permet des zooms numériques en post production assez impressionnante. La vidéo 8K n’est quasiment pas limitée grâce à un radiateur passif permettant une bonne dissipation de chaleur. Personnellement j’aurais préféré avec des surchauffes en 8k après 10min mais gagner en poids sans ce radiateur passif. On a un boitier sans compromis autant en vidéo qu’en photo d’où le nom du boitier, the One.   Conclusion Pas beaucoup de points négatifs à relever ici. Les performances du boitier m’ont scotché avec des performances AF d’un autre monde. Rien de vraiment nouveau mais les fonctionnalités qui marchaient pas vraiment sur les autres boitiers comme le suivi AF sur les yeux des animaux ou la reconnaissance d’objet fonctionnent vraiment même si les conditions lumineuses ne sont pas bonnes et même si l’environnement est chargé. Cet AF n’est pas «juste» une démonstration, c’est vraiment un confort d’utilisation en plus qui augmentera votre taux d’images avec une map aux petits oignons. L’ergonomie est aussi grandement améliorée, on reste dans un gabarit compact mais tout est optimisé, nos doigts trouvent naturellement une position. Le capteur est aussi impressionnant avec ses 50mgpx, tous les détails fins apparaissent. Le bruit est bien maitrisé pour un capteur de cette résolution. Le capteur est stacké permettant l’utilisation en tout temps de l’obturateur silencieux. Les problèmes éventuels de rolling shutter disparaissent et cette technologie nous permet des vitesses d’obturation de 1/32’000s et une syncro flash de 1/500s. Toutes ces belles choses viennent à un prix : 7500€. C’est un boitier cher mais excellent sur le papier mais aussi excellent sur le terrain ! Actuellement un des boitier les plus cher du marché sans être un monobloc. Il fait mieux sur le papier que la concurrence mais les autres vont se réveiller, des annonces de développement pour le Canon R3 et Nikon Z9 ont déjà été faites! C’est un boitier qui est destiné aux pro avec des specs pour l’action sans compromis (capteur très défini de 50mgpx, 8K sans surchauffe). Il vient aussi avec tout plein d’options de connectique spécifiques aux pro qui augmentent la facture du boitier pour les amateurs ainsi que son poid.   Synthèse + Bonne montée en ISO au vue de la résolution (bruit mieux maitrisé que le a7rIV) + prise en main grandement améliorée (supérieur à un a99) + joint plus sérieux et boutons plus fermes. + une multitude de boutons paramétrables + boitier compact dans la même veine que le a9 malgré les specs « monobloc » + Rafale de 30img/sec sans compromis + Obturateur silencieux sans rolling shutter visible + AF avec un excellent suivi avec reconnaissance de sujet + Eye AF grandement amélioré détectant les yeux des oiseaux, animaux et humain même si ceux-ci sont fermés + Buffer suffisamment grand pour ne pas immobiliser le boitier sur le terrain + Nouvelle carte type A permettant de vider rapidement le buffer et accepte tout de même des cartes SD + robuste, tropicalisé, fait pour durer même s’il ne plante pas des clous comme un monobloc + Grand viseur, sans latence, sans black out permettant un suivi aisé en rafale. + Pas de compromis entre résolution (gamme R), vitesse (gamme 9) et vidéo (gamme S) : THE ONE   - Le prix même s’il est dans la moyenne des prix des flagship - On paye le prix d’options que l’on n’utilise pas forcément (obturateur mécanique carbone, double antenne wifi, connectif RJ45 avec FTP, vidéo 8K sans limite avec refroidisseur passif) - Pas de focus stacking automatisé malgrès la vitesse de l’AF et la vitesse de rafale du A1. - Pour ceux qui préfèrent un monobloc, il faut ajouter un grip au A1 - Autonomie faible comparé aux batteries dédiées aux monoblocs concurrents. - Dynamique du capteur un peu en retrait par rapport au a7rIII (à confirmer avec des tests plus poussés) - Obligé de passer par le logiciel Sony pour l’assemblage des images hautes résolutions 200mgpx   Exemples d'images prisent avec le Sony A1

Sony A1, 24mm f1.4 GM, 1/250,  f3.5, 1600iso

Sony A1, 24mm f1.4 GM, 1/500, f5.6, 640iso

Sony A1, 400mm f2.8 GM, 1/400, f2.8, 1000iso

Sony A1, 24mm f1.4 GM, 1/30, f2.8, 4000iso

Sony A1, 24mm f1.4 GM, 1/30, f1.4, 3200iso

Sony A1, 24mm f1.4 GM, 1/400,  f1.4 , 12800iso

Sony A1, 24mm f1.4 GM, 1/80, f1.4, 3200iso

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Sur les traces du plus grand gallinacé de nos alpes: le grand tétras

Le grand tétras est l’espèce qui comprend de loin la population la plus fragile. Il est en voie de disparition dans l’arc alpin où le nombre d’individus décroit d’année en année à cause du morcellement de leur territoire. On trouve de bonnes populations dans les forêts scandinaves où les grandes et vieilles forêts bien préservées leur sont propices. On en trouve aussi dans les forêts jurassiennes mais la population est très précaire. Certains coqs deviennent malheureusement « fous », sans doute à cause de la trop faible densité de leur population et du dérangement humain. Il devient de plus en plus rare de trouver de larges forêts dans nos régions (en Suisse), quelques petites populations subsistent encore dans les forêts grisonnes. N’ayant jamais vu cet oiseau, tout commence par une phase d’apprentissage. J’écume des livres à son sujet ainsi que quelques documents trouvés en ligne. Avec les cartes de recensement de l’espèce en Suisse, je délimite les zones avec le plus de probabilité de rencontre avec celui qui est aussi appelé le « coq de Bruyère ». Je prends aussi contact avec l’ami Célestin qui a pas mal fait de recherche dans la région. Il y avait encore quelques 1800 grand tétras en Suisse avant les années 2000. La population est en chute libre depuis et ateinds le nombre tristement faible de 500 individu (source atlas des oiseaux nicheurs Suisse) C’est une espèce qui est déjà fragile, il ne faut pas que le dérangement sur le terrain ne la mette encore plus en péril. La discrétion et la préservation de leur tranquillité est une règle d’or pour le photographe ou le naturaliste. Un premier repérage pour dégrossir les zones intéressantes repérées sur cartes à lieu en octobre 2020 avec un ami photographe, Antoine. Armés de nos jumelles, après avoir passé la nuit sur le matelas à l’arrière de la voiture, nous partons sur les traces du grand tétras. Les forêts sont incroyables avec de gros arbres parsemés de clairières. On trouve même quelques traces d’ours imprimées dans de la boue gelée. Après quelques jours de prospection, on repère plusieurs zones où on a pu observer des grands tétras perchés sur les arbres. On profite du reste de la semaine pour passer quelques nuits en affût dans des tentes posées pour l’occasion, et pour mettre en boîte le profil du gallinacé. Malheureusement, en cette période, ils changent souvent de zone. Un matin, alors que je suis en affut, je vois surgir d’entre les arbres un mal qui plane dans ma direction. Il frôle l'affût avec ses 1m20 d’envergure et se pose à 2m à côté de mon affût dans les myrtilles. Je viens de vivre une de mes scènes naturalistes les plus incroyables. De la fenêtre de mon affût, j’ai pu voir de près la petite barbiche hérissée du mâle ainsi que le souffle d’air après son passage. J’ai entendu pendant plus de 15min l’oiseau se nourrir juste à côté de l'affût, totalement invisible à cause de la hauteur des plantes. Pas d’images mais des souvenirs plein la tête. On aura même la chance d’avoir la visite de la chouette chevêchette pendant que l’on faisait chauffer de l’eau pour le lyophilisé de midi. Il est temps de rentrer, après avoir dû pousser sur quelques mètres la voiture, utilisée comme camp de base depuis 1 semaine, pour la démarrer. Bye-bye les grisons, nous reviendrons à la période des pariades du tétras. Nous voilà en avril, selon la littérature, la pariade du grand tétras commence mi-avril et se termine en mai. On remet le cap vers la zone prospectée 6 mois plus tôt. Tous les cols ne sont pas encore ouverts, le temps de voyage passe de 4h30 à 5h30. Sur place, la neige est encore bien présente, impossible de monter en voiture comme en octobre, il nous faudra transporter tout le matériel à dos d’homme. Nous sommes bien chargés avec la tente, les affûts, le matériel de bivouac, les appareils et pièges photo. Trois aller/retour seront nécessaires pour amener le matériel sur les 3km et 400m+ de montée dans la neige qui séparent la voiture du camp de base. Une fois le camp de base installé, nous partons sur les spots repérés 6 mois plus tôt. Nous restons à bonne distance mais malheureusement, les coqs ne sont plus dans leur zone d’estivage. Le camp de base nous permet de passer les premières nuits sous tente, le temps de trouver les places pour les tentes-affûts. Le camp permet aussi de manger à midi avec Antoine avant de repartir chacun sur son spot. Les nuits sont bien fraîches, les températures sont négatives la nuit (environ -3°C). Après quelques jours, nous repérons grossièrement une zone avec une bonne densité de coqs. Les traces dans la neige nous aident beaucoup. Les trois doigts du tétras se voient bien et parfois on peut même voir l’empreinte des plumes des ailes dans la neige. Pour éviter le dérangement, il est évident que l’on ne peut pas faire de billebaude (se promener dans la forêt à découvert pour photographier les animaux). On ne sort pas des chemins/routes pour éviter le dérangement au maximum et nous rentrons bien avant le lever du jour dans les tentes (vers les 4h du matin) et nous en sortons vers les 12h pour y retourner vers 15h. Pour augmenter les chances d’apercevoir des tétras et pour couvrir une plus grande zone, Antoine et moi sommes en affût dans des zones différentes, toutes potentiellement intéressantes. Les matinées sont magiques, au petit matin vers 5h30 on entend des petits « pouc » un peu partout autour de nous. Le bruit ressemble à une goutte d’eau tombant dans un évier. On se croirait dans une forêt enchantée. Puis on entend les individus parader au loin. Malheureusement, les affûts restent infructueux. Les individus paradent non loin de l'affût, « juste » derrière une bosse ou « juste » plus bas dans la pente. Le terrain est relativement accidenté avec une forte pente (normal dans les Alpes), il est assez compliqué d’avoir une zone très dégagée. Un matin, il me semble qu’il chante à côté de moi. Une fois les parades terminées vers 12h, je décide de sortir de l'affût pour aller repérer les traces de l’individu entendu. Je trouve quelques crottes non gelées et des traces de parade dans la neige. Manque de chance, il y avait juste un arbre entre lui et moi… C’est très frustrant de les entendre matinées après matinées mais de ne jamais vraiment les voir devant l'affût. Contrairement aux tétras lyre où tous les individus ont leur petit territoire d’environ 50m^2, les territoires pour les grands coqs, comme leur nom, sont beaucoup plus grand : je dirais dans les 25’000m^2. Il est impossible d’avoir un affût avec une vue sur tout le territoire d’un individu à cause de la pente et des arbres, il faut donc faire des compromis et compter sur beaucoup de chance. La chance sourit à Antoine au 5ème jour d’affut, il a la chance de voir 3 individus devant sont affut avec des parades et des intimidations. De mon côté, 50m plus loin, je n’ai pas eu une seule image. Il s’avère que ce spot est une zone entre 3 territoires avec un individu au-dessus de la route, un en dessous et un sur la droite. Ce fût très frustrant de savoir que le collègue a 600 images sur sa carte et que la mienne a 0 images en 5j. Depuis ce soir-là, j'affûte sur cette zone 22h sur 24 pendant 3 jours. Les nuits sont un peu acrobatique dans la pente dans l'affut avec le sac de couchage. C’est seulement l’avant dernier jours qu’un grand tétras fait un passage devant l'affut. Il ne fait que traverser le chemin en position de parade. Je suis en rafale silencieuse et je ne lâche pas le déclencheur, je suis complètement euphorique, voir l’oiseau que j’attends depuis maintenant 6 jours. A chaque gloussement, le coq ferme sa paupière nictitiante par reflex pour protéger son oeil en cas d'attaque. Cette membrane protège et humidifie l'oeil chez la plupart des oiseaux. Chez nous, seul un petit bout subsiste dans le coin de notre oeil. La photographie animalière, c’est un peu de frustration, beaucoup de patience et de cours instants d’euphorie. 1 semaine de repérage en automne et une semaine d'affût pour un passage du plus gros et plus rare gallinacé des Alpes. Quelle joie d’avoir pris quelques photos, évidemment, j’aurais préféré en faire plus, faire plus d’images d’ambiance où l’on voit le grand tétras dans son environnement alpin, faire plus d’images de confrontation entre tétras. Mais je suis tellement content d’avoir pris ne serait-ce qu’une image ! Et même sans image, l’ambiance matinale, entendre leur chant, entendre leur vol lourd, toutes ces sensations valent déjà les heures d’attente. Il vaut mieux avoir peu d’images, même imparfaites mais en prenant toutes les précautions pour ne pas déranger l’espèce car pour moi, la photographie animalière est là pour montrer au monde la beauté qui nous entoure.      
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Spéléo hivernale

Avec la crise des vaccins et la propagation impressionnante du variant Anglais, l’Allemagne ferme ses frontières aux pays européens pour une durée indéterminée et la France exige une quarantaine et un test PCR pour tous les étrangers. Nous voilà définitivement bloqués en Suisse. C’est l’excuse parfaite pour mettre à profit ce nouveau lockdown pour découvrir de nouvelles régions à quelques kilomètres de là. Ce weekend sera sur le thème des grottes. Les alpes sont un vrai gruyère emmental, l’eau de la fonte des neiges s’infiltre dans des failles et crée des réseaux de galeries souterraines plus ou moins grandes. La diversité des grottes est remarquable. On a pu découvrir ensemble des réseaux immenses dans le Jura, des mondes immergés ou encore des failles dans des lapias. Cette fois, intéressons-nous à deux autres grottes visitées ce weekend. Une a été découverte et explorée depuis plus de 100 ans alors que la seconde est bien plus petite est a été découverte dans la dernière décennie.

Après avoir ouvert le grillage protégeant l’accès à la grotte avec la clef du club de spéléologie des Rhodaniens, nous descendons vers l’entrée de la cavité par les échelles fixes. Après avoir monté le descendeur et descendu en rappel dans le puits, on décide de faire la « petite boucle ». Il y a plusieurs itinéraires qui ont été découverts allant de quelques kilomètres à plusieurs dizaines de kilomètres. Certains passages sont d’ailleurs encore en cours d’exploration tant le réseau est immense.

Dans un resserrement s’érigent des stalagmites, certaines sont même devenues des colonnes en atteignant le sommet de la cavité. Selon l’angle de vue, on voit le reflet des stalagmites dans les petites flaques d’eau. Sans vent dans la grotte, les reflets sont comme des miroirs et paraissent irréels.

Nous voilà au bout de la première boucle, on mange en vitesse dans la grande salle avant de se mettre en route pour le chemin du retour. Une partie des galeries du retour sont inondées. Le niveau d’eau varie en fonction de la fonte des neiges. En hiver, le niveau est assez bas permettant de traverser la zone. Certains d’entre nous ont réussi à la traverser à sec mais la plupart finissent avec de l’eau plein les bottes.    

Le lendemain, on part en direction d’une grotte bien moins connue et découverte que récemment par hasard. La grotte est plus petite et n’a pas vraiment de structures rocheuses très intéressantes. Mais en hiver, avec le froid et le tirage d’air, des stalagmites de glace se forment transformant la grotte en royaume de glace. Benjamin a trouvé ces structures glacées deux semaines plus tôt. C’est avec lui et Joanna que nous nous mettons en route en espérant que ces structures n’aient pas fondue depuis. La grotte se trouve à quelques mètres du domaine skiable, Benjamin profite du magic pass pour amener les affaires de spéléo de toute l’équipe à la grotte pendant que Joanna et moi remontons les pistes en ski de rando. Pris un peu au dépourvu par une tempête de grêlon/vent, on arrive juste à temps à la grotte avant de tomber malade. Vite, sortir la veste et les gants qui étaient dans les sacs.

La grotte se resserre rapidement et ressemble plus à un toboggan avec cette neige. Les sacs sont transvasés de haut en bas par chaîne humaine. Ce sera encore plus drôle de les remonter une fois l’exploration terminée… Après s’être équipé, on commence par explorer la plus grande cavité de la grotte qui est gigantesque. Je positionne les éclairages de manière à faire ressortir l’immensité de la cavité en mettant mes compères troglodytes dans l’image pour échelle. Au fond de la grotte coule une rivière mais difficile à la mettre en valeur. Au- dessus de celle-ci, un caillou coincé entre les parois est tiens en équilibre. En faisant monter Benjamin sur le rocher en équilibre, de plus petits cailloux dégringolent et finissent dans le lit de la rivière. Les gerbes d’eau s’illuminent comme un feu d’artifice avec la lumière en contre-jour. Il est temps de remonter vers la sortie pour retrouver les formations gelées. Malheureusement, en l’espace de deux semaines, les structures ont quelque peu fondue. Mais les restent permettent tout de même quelques images avec des ambiances inhabituelles. $

Il reste maintenant à se faufiler hors de la grotte en faisant passer les kits dans les étroits passages. Contorsionné dans les trous ou au bord du vide, l’exercice n’est pas évident mais tout le matériel est à l’extérieur.

On redescent les pistes de ski équipé en spéléo de la tête au pied. On dirait un bug spatio-temporel dans les années 60' avec mon équipement Il est temps de prendre un apéro bien mérité sur le chemin du retour et se plaindre des courbatures aux bras les jours suivants ! Instagram de Benjamin, Instagram de Jolagaffe Bonne journée,
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