Breithorn 4164m

La liste des autres 4000m Avec Stephane, on remet ça. On repère un 4000m dit facile un peu comme le premier que vous pouvez lire en dessous. Mais comme pour l'Allalinhorn, on aime bien se compliquer la tache pour préparer des 4000m plus compliqués. Plutôt que de le faire de manière classique: remontée mécanique jusqu’à 3800m puis monter au sommet à 4164m, on pense à une variante plus ambitieuse. On partirait du dernier village à savoir Zermatt (1600m) en ski de randonnée pour monter jusqu'au bivouac Rossi e Volante à 3750m pour y passer la nuit. Le lendemain seulement, nous ferions le sommet. Le sommet est fait en début d'hiver, les ski + équipement d'avalanche vient s'ajouter au reste du matériel déjà bien lourd (bivouac + alpi + photo) C'est parti, on chausse les ski à 1600m d'altitude, on monte dans la foret par de petits chemins, on longe les pistes par moment. 1400m + plus tard, nous somme confronté à un problème. Si nous continuons comme cela, nous devrons traverser le glacier de nuit pour rejoindre le bivouac. Aucun de nous deux n'y est déjà allé, le vent peut être violent et les températures fortement chuter. Nous décidons à contre cœur de gravir un petit bout du trajet avec la dernière remontée mécanique. Le parcours initial avec 2400m+ et chargé avec des sac de plus de 17kg était un peu surréaliste. Malgrès cela, nous ne sommes de loin pas arrivé. Nous devons encore rejoindre le bivouac à des km plus loin sur un glacier qui peut être capricieux. Nous voila encordé Le vent pouvait souffler fort par moment (évidement, pas de photo lors des plus grosses bourrasques) La lumière chute, le temps presse. Castor 4228m et Pollux 4092m Sur notre droite, nous avons l'Italie Les belles lumières exploserons quelques minutes plus tard. Malheureusement, pas le temps pour ressortir l'appareil et pas vraiment de composition intéressante. Les lumières magiques resterons dans nos têtes. C'est ici que notre chemin avec la trace ce termine. Ceux avant nous on l'air d'avoir passé le col du Schwartzgletscher. Nous devons trouver une voir qui nous permete d'atteindre l'arrête rocheuse (à gauche sur la photo) sans trop se mettre en danger. Ici, nous voyons clairement de gros céraques et crevasses. La nuit tombe très rapidement. La pente enneigée et soufflée est peu adhérente, mais nous arrivons jusqu’à l'arrête. En contre bas, notre bivouac nous attend après 1600m de montée en ski de rando. La descente est très raide, on estime que la voie d'accès la plus simple et dans la pente sur la droite. Je tiens Stéphane au bout de la corde. Il descend une dizaine de mètres et voici que la corde est sous tension. Je me plante dans la neige pour ne pas le laisser filer plus bas. Tous le versant est totalement gelé, impossible de descendre plus bas. 15 minutes plus tard, après l'avoir retiré de la pente tell un poisson au bout d'une ligne, Stéphane est à nouveau avec moi. Pas vraiment le temps de se réjouir car nous ne sommes toujours pas à la cabane, il commence à faire vraiment nuit et les doigts s'engourdissent, les -16 -20°C ne doivent pas être loin. Cerise sur le gâteau, ma lampe frontale ne fonctionne pas. Il nous faut trouver une solution pour descendre rapidement et surement. Nous estimons le bivouac à plus de 15m, il n'est pas possible de faire un rappel dans les règles de l'art (2x la longueur de corde). On fixe la corde avec un encrage, nous lançons la corde de 30m dans le vide après avoir faire un nœud de 8 au bout pour éviter de finir en crêpe 200m plus bas sur le glacier. On se prépare à la descente, en fixant les crampons sur nos chaussures de ski gelée. Un prussique pour s'assurer en cas de problème, celui-ci nous bloquerait sur la corde. Nous utilisons aussi un descendeur pour doubler le système. Stéphane prend les devant et part en tête. La descente se passe sans accro majeur et le voici arrivé sur le balcon métallique du bivouac. La corde est juste assez longue, au mètre prêt. Je retire la corde pour récupérer le descendeur à Stephan et descend dans ses traces, tous se passe bien. Le bivouac est grand luxe. Une dizaine de matelas, une table et même une lumière. Stephane est déja dans son sac mais il nous faut encore faire chauffer de l'eau pour demain et pour casser la croûte. Après quelques aller-retour pour chercher de la neige, nous avons 1L d'eau chaude, de quoi hydrater la nourriture lyophilisée et remplir nos gourdes qui resterons dans nos sac de couchage pour ne pas geler. La température oscillera autour des -8°C à l'intérieur d'après nos montres. La nuit fût passablement tourmentée avec de nombreux réveilles durant la nuit ainsi qu'un bon mal de crâne pour ma part au petit matin. Surement dû à l'altitude, passer de 500m à 3750m en une nuit n'a pas du plaire à mon corps. Mais avec ou sans mal de crâne, le réveil sonne à 6:15 et il est temps de se lever admirer le paysage. Castor 4228m et Pollux 4092m, la tête dans les étoiles Vue depuis le bivouac (image par Stéphane) Vue depuis le bivouac (image de Stéphane)   Le jour se lève, vue depuis le bivouac.   Après avoir tout rangé, il est temps de mettre les crampons et quitter le bivouac. Remonter par la corde qui a été laissé là la veille. Cette fois, en plus de prussique, nous utilisons un anti-retour pour remonter. Un dernier au-revoir au bivouac, vraiment une superbe expérience!   Quelques photos des alentours au petit matin. Une image du Breithorn, notre but pour ce matin.   Stephane aussi prend quelques images avant de se remettre en route. Il est temps de repartir, chausser les skis, enclencher les DVAs, tendre la corde et y aller. Après 300m de montée, nous voici sur le versant du Breithorn. Nous sommes les premiers, pas vraiment de trace visible. Nous allons à l'instinct. La neige est très soufflée, Stephane met les couteaux sur ses skis. Je n'ai pas de couteaux pour mes ski (prochain achat, assurément), je suis contraint de stopper ici ma montée. On déchausse, fixe nos skis au sac à dos et continuons la suite crampon au pied, "droit en haut". Le glacier est apparent, c'est vive glace! Nous voici enfin au sommet! Quelle joie! Le vent souffle fort, juste le temps de prendre quelques images avant de redescendre. Portrait de Stéphane   On peut prendre de haut Pollux Bientôt le Cervin?   Nouveau record personnel   La descente se fait de manière un peu laborieuse. Ne sachant pour s'il y a ou non des crevasses sur le versant enneigé, nous redescendons sur nos pas, crampons au pied. Une fois le glacier traversé prudemment, nous pouvons enlever tout le matériel d'alpi et passer en ski de descente pour dévaler les pistes de Zermatt pour se retrouver en un rien de temps 2400m plus bas.
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La liste des 4000m

Le but est de relier tous les sommets au dessus de 4000m en Suisse par la seul force des jambes. Si un trajet a été fait à pied, il est concidéré comme acquis et peut ensuite être réalisé par d'autres moyens. Ce billet de blog sera consacré à cette aventure de conquête des cimes. Il faut s’avoir qu’un 4000m ne se prend pas à la légère. Un simple brouillard peut se transformer en piège mortel, un orage peut se transformer en blizare et une chute de température peut être fatale. Des crevasses, corniches, ponts de neige, pierriers sont autant d’obstacles  qui peuvent s’avérer plus ou moins compliqués à franchir. Avant de prendre la route on teste le matériel et on simule quelques scénarios de sortie de crevasse. Liste des 4000 9. Aletschhorn 4194m http://apvl.ch/aletschhorn-4194m/   7-8.  Weissmies 4023m & Lagginhorn 4010m http://apvl.ch/weissmies-4023m-lagginhorn-4010m/   6. Rimpfishhorn 4199m http://apvl.ch/rimpfishhorn-4199m/   5. Signalkuppe 4554m http://apvl.ch/signalkuppe-4554m/   4. Alphubel 4206m http://apvl.ch/alphubel-4206m/   3. Strahlhorn 4195m http://apvl.ch/strahlhorn-4195m/   2. Breithorn 4164m http://apvl.ch/breithorn-4164m/   1.  Allalinhorn 4027m http://apvl.ch/allalinhorn-4027m/       Entrainement et tentative de 4000   Entrainement escalade 5b Maya http://apvl.ch/maya/   Tentative Aletschhorn 4194m http://apvl.ch/aletsch/  
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Le Creux du Van embrumé

C’est devenu une tradition maintenant, la sortie annuelle hivernale au Creux du Van. Un endroit incroyable qui peut changer du tout au tout en un instant. On peut passer d’un paysage automnale à hivernal en 2h. On peut aussi se retrouver entouré de brume ou d’une horde de touristes en un instant. Très changeant je vous disais. Cette année, l’honneur était à la brume. On ne voyait pas à 10m la plupart du temps. Un vrai jour blanc, une lumière ultra plate. Pas de quoi sortir un appareil photo ? Détrompez-vous, ce sont des conditions extraordinaires pour prendre des images ! Il faut juste mettre les éléments à leur avantage. Si vous ne me croyez pas, je vous invite à faire un tour par ici, Jérémie Villet, le spécialiste des jours blanc à lumière pourrie. Au petit matin, on pouvait encore distinguer les étoiles. Plus je monte les flancs du cirque, plus la masse blanche se montre imposante et roule/s’écrase sur le Creux du Van. Le lever de soleil ne vint jamais, le brouillard engloutit tout.

Picture by Benjamin Judas

On est dans un monde totalement blanc, presque dans un rêve, le sol recouvert d’une couche de neige et l’horizon raccourci par ce velouté nuageux. Arrivé au sommet, pas un chat, pas de trace, nada, je foule l’immensité blanche à la recherche d’une hermine ou d’un bouquetin. C’est le néant, pas de quoi déprimer, les arbres se transforment et prennent une dimension de l’ordre du mystique !

Picture by Benjamin Judas

L’humidité relative dans le brouillard et les températures négatives me forcent à superposer une paire de gants et une doudoune pour ne pas rester figé comme les arbres que je photographie. Je vois du monde qui commence à monter au Creux, ça doit être mon ami Ben avec son club photo de Dijon ? Bingo, le voilà à 1m de moi et je peux enfin confirmer son identité malgré la brume.  

Picture by Benjamin Judas

La brume étant bien dense, nous nous rabattons dans une petite forêt d’arbres sinueux pour tenter des images « d’intimate landscape ». Le froid a bien du nous atteindre car je tente même une image d’impressionnisme de Mulhoff. Malgré les conditions météos et la saison moins propice aux visiteurs, de plus en plus de monde vient observer le grand trou du Creux sans vraiment le voir aujourd’hui. Je croise même un ami ornithologiste. Comme quoi il faut bien faire 150km pour voir un ami habitant à 5km de chez moi. Voilà que l’on ne s’y attendait plus mais au loin on distingue une ombre surmontée par une belle ramure. Les bouquetins sont de sortie ! On oublie le froid, nous voila en train de ramper tête première dans la neige. Les bouquetins d’ici se laissent plus facilement approcher qu’ailleurs ce qui permet d’oser des cadrages que l’on trouverait bien trop risqués par temps normal. De quoi essayer des choses pour les appliquer une autre fois si le résultat nous paraît probant. Dans mes essais : Intégration du paysage de forts contre-jours Le soleil filtré par le brouillard des images à travers des sapins Le piège étant toujours d’essayer d’avoir des gros plans ne mettant pas du tout en avant les conditions brumeuses bien particulières du moment. C’est un risque, ça passe ou ça casse, qu’en dites vous ?     Si vous avez aimé, voici un album en HD de toutes les images prisent au Creux du Van au fil des années http://apvl.ch/creux-du-van/
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Népal: ABC

173km, 14'700m+ et 3 fois à plus de 4000m

C’est quasiment sur un coup de tête que la décision de partir pour le Népal a été prise. Un ami photographe, Hervé, m’en avait parlé au détour d’une conversation une année auparavant.

Image du Hohneck dans la brume avant le grand départ

Son voisin d’origine Népalaise organise chaque année une sortie au pays avec les membres de sa famille comme guide et porteur. N’étant jamais allé en Asie, ce fut l’occasion unique de sortir de ma zone de confort pour partir sur l’est. Voir de mes yeux s’il y a une différence notable entre un 8000 et un 4000 de nos Alpes. Dans l’optique d’y retourner de manière plus improvisée j’ai décidé de porter l’ensemble de mon matériel tout au long du trek soit un sac d’environ 16kg.

Matériel de trek: 16kg le sac

Après 6h de vol et 6h d’attente à Istanbul, nous voilà arrivés à Katmandou, la capitale du Népal. Quel choc pour moi, un style de vie tellement différent. Des boucheries et poissonneries à ciel ouvert sans réfrigération, la vaisselle et la lessive se font dans la rue avec de l’eau jaunâtre, la conduite y est chaotique avec des dépassements à coups de klaxon par la gauche ou la droite.

Vue sur Katmandou

Swayambhunath

Nous visitons les alentours ainsi que quelques temples notamment le Swayambhunath temple connu pour sa forte densité de singes. Les pèlerins font des offrandes pour le plus grand plaisir des pigeons, des chiens ou comme sur cette image, des singes : C’est aussi l’occasion de tester quelques spécialités culinaires notamment les classiques Mo-Mo et Dal-bat. Je n’ai personnellement jamais aussi bien mangé qu’au Népal. Des produits très frais (pas de frigo) et avec beaucoup de saveurs à condition de demander « no spicy »

Mo-Mo cuit à la vapeur dans des casseroles à étages typique

Après quelques jours dans la capitale et la visite de quelques autres temples, nous décollons pour Pokhara, la deuxième plus grande ville qui sera notre départ pour le trek. Après 2h de bus un peu chaotique, nous arrivons à Pédi, notre point de départ. Une petite cascade me tape dans l’oeil et me fait rebrousser chemin.  Cette lumière dure qui m’a un peu frustré avec la cascade ne sera que de courte durée. Après 1h de marche, un bel orage se prépare. Une pluie s’abat sur nous comme je n’en ai jamais vécu. Absolument pas préparé, en short, nous sommes trempés en un instant. Nous voila à notre premier arrêt dans un guest house de luxe. On essore et accroche nos affaires pour les faire sécher mais ce sera vain car l’humidité est telle que rien ne sèche sans rayon de soleil. L’humidité a du bon, on trouve 2-3 crapauds sur la terrasse. J’ai toujours l’image de Matthieu en tête, je demande à Tirtha de tenir la lampe frontale pendant que je prends des images couché dans le terrain humide devant les yeux ébahis du groupe :) Le lendemain l’air ambiant est encore très humide, une légère pluie et du brouillard nous accompagnent toute la journée (et toute la première semaine). Aucun des habits accrochés la veille n’aura pu sécher. Malgré cette brume quelques oiseaux se montrent tout de même. Une belle surprise avec un aigle transperçant au loin le brouillard. La suite de la journée se fera dans la brume. C’est à ce moment que nous faisons connaissance de nos plus fidèles amies : les sangsues. Il y en a partout. Surprenant au début, voir même un peu de panique mais après les 10-15 premières on commence à s’habituer. Elles vont vite faire partie de notre périple. Auscultation régulière des chaussures et des mollets avec des chaussettes très vites teintées de rouge. A chaque pose on se croirait sur un champ de bataille avec tout le sang versé par les sangsues sauvagement écrasées sous des pierres. Pas d’inquiétude pour les âmes sensibles, je ne partagerai pas d’images de guerre. Plutôt un petit bébé local dans son berceau.   Les km s’enchaînent, au troisième jour du trek, nous pouvons apercevoir au petit matin la chaîne de montagnes qui nous intéresse, l'Annapurna south (7219m) et le Hiunchuli (6441m) Je profite de ce réveil matinal pour photographier quelques oiseaux locaux. Je dois encore rechercher leurs petits noms. Le trek continue, on doit changer de côté de la vallée. Toute cette montée pour redescendre maintenant… Heureusement, de belles cascades se présentent à nous en plus des sangsues La traversée se fait avec ces ponts suspendus protégés par les drapeaux népalais   En récompense, nous profitons de quelques minutes plongés dans les sources d’eau chaude. Les marches s’enchaînent encore et encore jusqu’à n’en plus pouvoir, le brouillard arrive et la pluie en remet une couche. On en désespère presque. Une percée se prépare et on aperçoit au loin un petit village qui semble flotter dans les nuages. La nuit, le ciel se dégage quelque peu nous permettant de voir la montagne queue de poisson : le Machapuchare (6993m) Sur la route, un bruit retient mon attention, deux lézards semblent s’attaquer, un noir et un brun. Le brun prend la fuite, je me mets à photographier le noir Ha tiens, la lumière lui donne des reflets verts Est-ce que je deviens fou ? Voilà qu’il est totalement vert.

Japalura Variegata

Je regarde mes images et effectivement, il a changé de couleur en moins de 10 minutes. Incroyable ce que la nature peut nous réserver ! Au Népal tout est étiré en hauteur. Si l’on compare aux Alpes, les sommets au Népal sont étirés de 4000m à 8000m. La limite de la forêt est elle aussi étirée, dans les Alpes à partir de 1800m les arbres se font rares. Au Népal, nous voici à plus de 3000m et nous sommes encore en pleine jungle ! Cette brume donne vraiment une ambiance particulière à la rain forest (qui porte bien son nom…). Voilà qu’une sublime fougère attire mon regard. Je nettoie un peu les débris environnant pour bien la mettre en évidence.   Nous voila arrivés à 2 étapes avant le sommet. Nous sommes dans un trou, avec de la pluie et aucune vue sur les montagnes. Le groupe commence peu à peu à déprimer avec ce temps et décide de faire une grasse matinée jusqu’à 8h. Pfff que c’est chiant. Pour ma part, je pense prendre un peu d’avance en me levant plus tôt pour explorer les environs. J’avais dans l’idée d’aller à la prochaine étape en avance pour photographier le lever du jour et être de retour avec les autres au petit matin. Il est 3h, le réveil sonne. Je monte 1000m pour arriver au Machapuchere Base Camp (MBC). Il fait encore bien sombre mais je suis hors du brouillard. Je regarde les montagnes aux alentours, trouve une composition et essaie une image. Puis une deuxième composition… Je me rends à l’évidence, c’est aussi moche… Il me reste encore 1h avant le lever du jour, que faire sachant que je dois être à 8h 1000m plus bas. Oui, vous l’avez vu venir, je m’élance pour le sommet, l’Annapurna Base Camp à 4130m de hauteur.

ABC 4130m

Après 2h30 de marche et presque 1600m me voilà arrivé à destination juste avant le lever du jour. Les sommets sont légèrement rosés et la vue est magnifique sur 360°. Ici l'Anapurna I (8091m) et son glacier. Je ne regrette pas du tout mon réveil matinal et cette longue ascension. Voilà qu’une trouée se forme laissant apercevoir l’Annapurna South (7219m) avec la lune en train de se coucher Je regarde le camp de base de l’Annapurna (4130m) et estime mon temps de descente… Je me fixe comme dernier délai 6h45 pour repartir. 6h45 arrivent, la lumière est encore belle mais je dois redescendre à toute allure pour rejoindre le reste du groupe. Sur la descente je rencontre la mer de brouillard qui remonte. Me revoilà replongé dans le brouillard et la pluie. Je rejoins les autres à 8h10, le guide me saute dans les bras mort de peur en me demandant où j’étais passé. Ma réponse : « par là autour, pourquoi ? J’ai seulement 10min de retard, il ne faut pas paniquer ». (Mon genou m’a fait bien mal sur les derniers kilomètres)

On prend le petit déjeuner et on commence la montée (ou plutôt on recommence…). Le trajet se fait sous la pluie pour changer et nous revoilà au MBC. Les étapes sont prévues assez larges car nous arrivons à une altitude qui peut commencer à poser des problèmes. Je me sens pourtant tout frais à 3700m, je profite de l’après-midi libre pour remonter une seconde fois au ABC à 4130m. De là, la vue sur la mer de brouillard est imprenable.

Annapurna III (7555m) & Machapuchare (6993m)

J’espère un coucher de soleil. Malheureusement le temps n’en a pas voulu ainsi. La mer de brouillard remonte avec son lot de pluie. Je retourne au MBC rejoindre les autres en train de souper. Cette fois je ne peux plus mentir pour les rassurer, c’est grillé, tout le monde sait que je suis déjà monté par deux fois au sommet. (A partir de maintenant j’ai interdiction de partir non accompagné)

Le lendemain c’est le jour officiel du sommet. Tout le groupe se prépare et se met en marche à 4h30 pour profiter du lever du soleil. Voulant profiter aussi des étoiles, mon réveil est fixé à 4h00. Avec mon garde du corps, nous partons avant le reste du groupe. Lakpa marche drôlement vite, (sûrement pour me montrer que les Népalais ça ne rigole pas) Je me prends au jeu et le colle aux baskets. Nous montons sans lampe frontale en doublant à vive allure les autres randonneurs partis encore plus tôt. Nous voilà sur le dernier plateau à 4000m, bientôt le sommet. Je sens que Lakpa baisse un peu le régime, je passe devant et on repart de plus belle. Nous voila à 4130m en un temps record, 45min pour les 2h annoncées.

Annapurna I (8091m)

Le jour se lève mais le ciel ne prend pas feu, trop bouché malheureusement. Je trouve une banderole de prière népalaise à coté d’un caillou, je la mets un peu plus en évidence sur un rocher devant l’Annapurna Le reste du groupe arrive, il est temps de célébrer l’ascension avec un petit rituel népalais avec de l’encens et des chants ainsi qu’une petite bouteille de Crémant d’Alsace Toute bonne chose ayant une fin, nous voilà sur le chemin du retour. Le temps a l’air de devenir plus sec, les oiseaux commencent à sortir Même les insectes se mettent à virevolter Sur la descente on croise aussi les célèbres nids d’abeilles sauvages dont le miel rend fou Quelques jours plus tard, nous voilà à Gandruk, la plus grande ville de la région. Une route arrive à 500m de là, ça fait bizarre d’entendre à nouveau des bruits de voitures après 12 jours de calme. On retrouve des chambres un peu plus luxueuses (c’est à dire un lit pas trop humide). Le soir arrive et la vue semble prometteuse, peut être mon premier coucher de soleil après deux semaines de voyage au Népal ? Le soleil descend et les nuages arrivent, je sens le coucher de soleil nous échapper, toute la partie gauche de la vallée est maintenant bouchée. Au dernier moment, on arrive tout de même à photographier l’Annapurna south (7219m) et le Hiunchuli (6441m) avec les presque derniers rayons de soleil avant que les nuages ne les bloquent.

Je ne baisse pas les bras car la chaîne des Annapurna est orientée plein nord. Si le ciel se dégage pendant la nuit, c’est l’occasion rêvée pour faire une circumpolaire. Le réveil est réglé pour sonner à 23h, 1h et 3h. Ce sera le réveil de 3h qui sera fructueux car j’aperçois un bout de ciel clair. Je prends le risque, j’installe l’appareil devant la maison et commence un timelaps en espérant avoir quelques minutes de temps clair. Confortablement installé dans un fauteuil sur la terrasse avec la couette, j’attends que la nuit passe. Au final il y aura 30min de ciel exploitable donnant ce résultat

Annapurna South 7219m, Hiunchuli 6441m, Gangapurna 7455m, Annapurna III 7555m et Machapuchare 6993m

Le jour se lève et Hervé me rejoint. Le lever de soleil donne de magnifiques couleurs dans notre dos et légèrement sur le Machapuchare Il nous faut maintenant tourner le dos à la chaîne de montagnes qui nous aura accompagnés des kilomètres durant pour changer de vallée. On m’annonce que c’est le dernier moment pour apercevoir les Langurs, une espèce de singe blanc sauvage. Je les cherche sans cesse depuis le début sans en voir. Je demande aux locaux venant en contre sens s’ils n’en auraient pas aperçu. L’un d’entre eux me dit en avoir vu bien, bien plus haut. Il ne m’en fallait pas plus pour me motiver. Me voilà au pas de course bien trop loin à la recherche de ces primates. Je crapahute les chemins à travers les jungles de rhododendrons à la recherche d’un quelconque mouvement dans les arbres. Rien de rien, plus haut m’a-t-il dit, combien plus haut ? Bien 2h de marche plus tard, les voilà, un éclair blanc saute d’un arbre à l’autre ! En voila 2, non 4, 6 ! Une famille, plus d’une dizaine. Je suis en plein rêve, je les vois enfin. Malheureusement ils ne sont pas au bord du chemin et semblent doucement s’éloigner. Que faire ? Si je m’enfonce dans la jungle et m’arrive malheur entre les racines glissantes et c’est aussi une zone à ours. Si le groupe passe sur le chemin et continue la route sans me voir ? Je décide de marquer mon passage en laissant mes bâtons, mes lunettes ainsi que ma casquette au bord du chemin. Je pars à la rencontre des fameux langures J’entends un groupe s’approcher, est-ce le mien ? Non, ils parlent en anglais. J’écoute et j’entends l’un d’entre eux dire : « take it, take it ! » J’élève un peu la voix et leur fait remarquer que les affaires au bord du chemin m’appartiennent… Finalement mon groupe arrive bel et bien et remarque mes affaires. Je remonte sur le chemin avec bien 2kg de sangsues aux jambes. Nous voilà repartis pour la dernière étape du voyage, Poon hill. Poon hill est un lieu bien connu pour avoir un panorama sur les Annapurna ainsi que sur d’autres 8000m comme le Dhaulagiri avec ses 8167m. Comme à son habitude, le temps s’annonce un peu mitigé, je suis donc seul à prendre le chemin vers Poon hill au petit matin. Arrivé bien avant le lever du jour, je ne suis pas seul, une dizaine de personnes sont déjà présentes. En même temps que la nuit nous quitte, les nuages laissent un peu plus de place aux montagnes. Au téléobjectif, j’isole quelques scènes intéressantes au loin.

Les piliers de la création

Les derniers résidus de brume lèchent les flancs de colline avant de disparaître

Les montagnes tentent de se frayer un chemin à travers les nuages

Nilgiri South (6839m)

Le soleil tente de traverser l’épaisse couche de nuage

Il y a de plus en plus d’agitation autour de moi. Je quitte l’appareil photo des yeux et je découvre que nous devons être plus de 200 personnes au sommet de cette petite colline. Je n’ose même pas imaginer le monde qu’il doit y avoir ici en haute saison lorsque les prévisions météo sont optimistes… Je me fraye un chemin dans la foule et m’enfuis de cet endroit pour aller déjeuner avec les autres.

De gauche à droite: Nilgiri South 6839m, Nilgiri E 6706m, Annapurna I 8091m (dans les nuages), Annapurna South 7219m, Hiunchuli 6441m

Le trek touche à sa fin, nous voilà redescendus sur Pokhara. Quelques jours en ville à profiter des restaurants locaux ainsi que de la vue sur le lac. Le retour vers la capitale ne se fera pas en avion mais en bus local. 210Km à faire, cela ne semble pas la mer à boire mais avec les routes et la conduite népalaise, il nous faudra plus de 13h de route pour arriver à destination dont 8h de bouchons… Ce fut l’occasion de découvrir une autre facette du Népal, des slaloms entre voitures, des camions se prenant pour des scooters, des chèvres sur le toit des bus ainsi que de longues heures d’attente dans les bouchons. D’ailleurs le lendemain nous découvrons que dans ce même bouchon une personne est décédée ne pouvant pas atteindre l’hôpital à temps… Nous visitons encore quelques temps la capitale mais comme ce n’est pas ma tasse de thé, les photos se font rares

Pigments de couleurs pour les rituels

  Jusqu’à ce que je tombe sur un petit groupe de singes Le voyage touche à sa fin. Me revoilà dans l’avion pour revenir en Suisse. Une vidéo résumant toute l’aventure et montrant aussi le pays d'un différent point de vue https://youtu.be/6GhVyJfIR7A Un grand merci à ceux qui ont eu le courage de tout lire mais dans tous les cas, merci de votre visite !  
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Automne au Tessin

Le Tessin, une région que j’avais parcourue à toute vitesse lors de mon tour de Suisse et qui m’avait laissé de très bon souvenirs. Un canton qui a un charme particulier avec ses rivières pleines de mini cascades d’un bleu azure. L’occasion se présenta, la frangine doit aller travailler dans le coin, l’occasion pour moi de retourner dans ces contrées. Je prépare la voiture pour passer deux nuits

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Un trajet de 3h30, je pars dans l’après-midi, c’est sûr, je vais arriver pendant la nuit. Je profite donc pour faire une halte au Simplon pour photographier le lac au coucher de soleil. Je tente aussi de faire déclencher l’appareil à distance avec mon smartphone en plein saut, pas évident :) Une fois le soleil couché, le ciel est tellement dégagé que rien ne sert d’espérer un ciel enflammé. Je continue ma route pour arriver au Tessin. Sur la route, deux jeunes gens font du stop. Je m’arrête et les emmène à leur destination, au fond du val Versasca. Ils partent faire une cabane, j’hésite à les suivre mais ils me conseillent d’aller voir une petite cascade pas loin. Je me dépêche car la voie lactée sera bientôt plus visible. D’après la carte, elle devrait être alignée avec la cascade. Bingo, tout y est ! Je prends une photo, une deuxième, bof, tout est sombre. On n’y voit rien. C’est parti pour éclairer la cascade. Un exercice difficile car il est très difficile de doser la lumière. Je me déplace de 30m pour éclairer la cascade de différentes manières. Il m’aura fallu empiler 5 images pour un résultat homogène puis traiter l’image ainsi blendée.   L'image assemblée et traitée Après une courte nuit dans le coffre de la voiture, c’est parti pour le spot classique, le fameux pont en pierre et son église. Lors de mon dernier passage en été c’était noir de monde, évidement bien moins de monde aujourd’hui mais déjà 5-6 photographes au lever du jour… Je ne reste pas longtemps sur place et je remonte la rivière pour trouver des compositions avec de petites cascades le long de la rivière. Le samedi après-midi sera réservé pour traduire l’assemblée générale des cabanes Suisse ce qui signifie : pas de coucher de soleil. En cours d’après-midi, je repère un spot à fort potentiel pour le lever de soleil. Seul problème, 1h de route et 3h30 de marche annoncée. Comme je pensais dormir dans la voiture, je n’ai pas amené de tente, ni de matelas. Le sac de couchage étant ultra light, il ne supporte pas d’être posé à même les cailloux. Voulant faire la voie lactée, je monte avec un maximum d’habits dans le sac pour passer une nuit fin octobre à 2000m d’altitude sans équipement… Arrivé au sommet (après 1h35, j'ai mis les gaz), la voie lactée fidèle au post m’attend. Malgré l’énorme pollution lumineuse de Milan, on distingue tout de même notre galaxie. Deux autres personnes sont aussi sur place. Un peu mieux équipé que moi avec un hamac et un sac de couchage. Je les envie, moi qui suis roulé en boule sur ma doudoune avec mon matelas de rock par 2°C. Obligé de me lever toutes les heures pour réchauffer mes jambes. Mes 5x 20min de sommeil sont cependant rapidement oubliée lorsque le ciel commence à se colorer. Tout se passe très rapidement, le ciel devient de plus en plus clair. Puis le soleil pointe le bout de son nez rétro-éclairant les mélèzes !
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L’or bleu

L’automne commence, la journée du lendemain s’annonce belle, l’occasion de refaire un petit bivouac. La nuit s’annonce sèche et encore tempérée pour la période, par flemme je ne monte pas la tente et dors à la belle étoile. La lune est pleine, les paysages sont à couper le souffle. L’aube arrive à grand pas, Lionel et Fabrice on déjà repéré un coin la veille et optent pour un cadrage large. N’étant pas convaincu, je prend une image à l’arrachée et m’enfonce dans la vallée où je ne m’étais encore jamais rendu. Les couleurs des mélèzes commencent à tourner, du jaune par ici et par là se détachant bien sur le vert encore pétant des sapins. Malheureusement pas grand-chose à ce mettre sous le déclencheur. L’envie est plus forte que moi, le glacier au fond me fait de l’œil je pars pour y jeter un œil. La glace y est très instable et le glacier fond beaucoup, les premiers gels n’ont pas encore eu lieu. Je repère deux petites grottes forts sympatique. Deux images en vitesse et je saute dehors avant d’avoir un mètre cube de 900kg sur le coin du front. Les jours passent et se refroidissent. Les premières neiges arrive dans les alpes et je repense à mon petit glacier. Maintenant que la glace c’est stabilisée avec ce retour du froid. J’organise avec un amoureux de la montagne, Benjamin, une petite sortie. On avait prévu de faire des photos sur cascade de glace cet hiver. Pour préparer la saison quoi de mieux qu’un entraînement sous glacière ? On chausse les crampons, agrippe les piolets et on tente quelques mises en scène dans la première grotte de glace repérée la semaine d’avant. Une image ressortira du lot avec une dynamique particulière donnée par la pose et l’angle de vue. La nuit commence à tomber et nous ne sommes pas encore sur le deuxième spot repéré. On enfile à la hâte le baudrier, met en place la corde,t quelques broches à glace plus tard, voilà que l’alpiniste se trouve comme une araignée dans sa toile. Une fois l’encrage sûr, je lache la corde et retourne vers mon boîtier pour peaufiner le cadrage. Je saute de cailloux en cailloux, enjambe la petite rivière sous glacier et sa cascade. Cascade ? En voilà un premier plan qui irait bien. Changement de cadrage pour y inclure cette petite cascade permettant de mettre en perspective l’immensité du glacier et de dynamiser la scène. Je retourne finalement à la composition d’origine avec la voûte complète du glacier. La nuit s’est maintenant bien installée, on redescend la vallée sous le projecteur de nos frontales. Attention, les cailloux sont gelés ! Trop tard…
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