Sigma I serie

Hello l’équipe, J’ai eu la chance de pouvoir tester de nombreuses optiques Sigma de la gamme ART. Cette gamme mise tout sur la qualité optique sans compromis ce qui a pour conséquence d’avoir des optiques volumineuses et lourdes. Mais Sigma propose aussi une autre gamme appelée I-Serie : 17mm f4, 20mm f2, 24mm f2, 35mm f2, 50mm f2 Ces optiques sont beaucoup plus compacts et légère. Ils ont aussi un style de construction bien différent. Je préfère d’ailleurs la construction de la gamme I-Serie. Ils sont tout métal bague de mise au point et parasoleil inclus. Leurs dimensions sont bien plus compactes et le couple boitier + optique Sigma I-Serie est beaucoup plus équilibré et a carrément un look un peu vintage qui envoie ! On est aussi sur un look plus épuré avec beaucoup moins de raccourcis et de bouton sur le fut comparé à la gamme ART. Cependant, on garde tous les plus importants raccourcis avec la bague de diaf et le switch AF/MF. A vrais dire, je trouve que plus de bouton est superflu pour ma pratique (click du diaf, lock du diaf, bouton perso). La gamme I-Serie va droit à l’essentiel dans un look vintage tout en étant moderne et une construction 100% métal. La résistance aux intempéries n’a pas été diminuée par rapport à la gamme ART, on a un joint d’étanchéité au niveau de la monture ainsi qu’autour des boutons. On rajoutera que par leur taille plus compacte, on économisera beaucoup sur les filtres gris neutre et polarisant avec des diamètres dans les 62mm contrairement aux 82mm habituelle de la gamme ART. La I-Serie est moins lumineuses que la gamme f1.4 voir f1.2 de la gamme ART. Cependant, on reste sur des ouvertures bien lumineuses qui permettent de faire de l’astro et d’obtenir des bokeh bien doux. Pour ma part, j’ai pu tester les 17mm f4, 20mm f2 et 24mm f2 qui sont des focales que j’affectionne particulièrement dans ma pratique photographique paysage/astro et reportage. En résumé, un gros coup de cœur pour moi cette construction entièrement métal et ce design d’optique et équilibre qui se marie parfaitement avec les boitiers Sony. La question qui reste en suspend est : oui mais optiquement ? Il y a-t-il des compromis ?

En therme de netteté et de piqué dès la pleine ouverture, la gamme I-serie fait honneur au capteur surpixélisé de 61mgpx du sony a7rIV. Cependant la petite lentille frontale et les dimensions compact de l’objectif fait ressortir un fort vignetage à pleine ouverture qui peut être corrigé en post production (automatique sur LR). Le vignetage reste présent autant au grande ouverture qu’en fermant un petit peu le diafragme.

Vignetage visible dans le ciel à f5.6 (17mmf4) (image non traitée)

Vignetage visible dans le ciel et l’herbe en fermant un peu à f8 (17mmf4) (image non traitée)

La distorsion est aussi assez marquée lorsque l’on se rapproche des angles de l’image. Cela peut être problématique et visible lorsque la ligne d’horizon est plate comme lors de seescape (photo avec l’océan dans l’horizon). Dans ce cas, il vaut mieux cadrer la ligne d’horizon au centre de l’image pour minimiser la déformation. C’est une déformation régulière qui peut être corrigée en post production mais pensais à cadrer un peu plus large car vous aurez un peu de perte dans l’image.

20mm f2 avec une distotion marquée dans les bords au niveau de l’horizon (image non traitée)

Le flare est bien contenu même si la source lumineuse est dans le cadre. Je trouve aussi l’effet d’étoile en fermant le diaphragme très esthétique.

Effet étoile 20mm f2. Pas de flare.

Effet étoile 17mmf4, pas de flare

La relative grande ouverture de f2 couplé aux capteurs actuels performant permet de faire de belles images de voie lactée sans matériel ultra lumineux, encombrant, lourd et cher.

Cependant le vignetage assez marqué nous fait perdre les étoiles peu lumineuses dans les angles.

Vignetage effaçant les étoiles dans les angles 20mmf2 (image non traitée)

La coma est bien contenue mais tout de même présente dans les coins extrêmes (crop 100% dans l’image ci-dessus)

Coma présente dans les coins de l’optique 20mmf2 (image non traitée)

Mais cela reste de très bonnes performances ! Pour obtenir de meilleures performances en coma, il faut des optiques 2x plus cher et aussi 2x plus lourdes.

La petite lentille frontal de la gamme I-serie permet de facilement monter des filtres ND et pola sans trop casser la tirelire (diam 56mm). Ce type de filtre permet de diminuer le temps de pause des images pour par exemple donner un effet de filet au cascade. Un petit exemple de avec/sans ci-dessous.

17mmf4 1/30ème sans filtre ND / 2sec avec filtre ND

Synthèse : La gamme I-serie propose des optiques plus légères, compactes et abordables par rapport à la gamme Art. Honnêtement, j’aime beaucoup le style et la construction 100% métal et brute des optiques. Leur dimension est aussi un bon combo avec les boitiers Sony et fait moins « enclume » qu’avec la gamme ART. Les qualités optiques sont bonnes mais il y a des défauts dû a la petite lentille frontale qu’il faut connaitre. Les distorsions de la ligne d’horizon dans les bords est bien visible et du vignetage est présent à toutes les ouvertures. C’est des optiques que l’on prendra toujours avec soit et que l’on a plaisir à utiliser. On est aussi plus discret dans la foule et la relative grande ouverture de f2 permet de faire des photos par faible luminosité et même des paysages nocturnes avec la voie lactée. +/- + Suffisamment lumineux pour de l’astro et des bokeh doux + Compact, bon équilibre objectif/boitier + Construction solide et 100% métal + style vintage plaisant + Protection tout temps + prix contenu + flare bien contenu + piqué et bonne netteté + Assez lumineux pour faire de l’astro (f2) + Coma bien contenue + petit diamètre de filtre = filtre moins cher - Moins de bouton perso mais les utiles sont présents - AF un parfois un peu hésitant - Vignetage assez fort à pleine ouverture et persistant en fermant le diaf - Distorsion assez prononcée dans les bords - Pour une qualité optique irréprochable, la gamme Art est plus appropriée Quelques exemples d’ images prisent avec la gamme I-serie (17mmf4 & 20mmf2):

Sony a7rIII, 17mmf4, f5.6, 1/100s, 100iso

Sony a7rIII, 17mmf4, f5.6, 1/100s, 100iso

Sony a7rIII, 17mmf4, f16, 1/80s, 100iso (panorama)

Sony a7rIII, 20mmf2, f2, 13s, 3200iso

Sony a7rIII, 17mmf4, f16, 1/40s, 100iso

Sony a7rIII, 17mmf4, f16, 1/50s, 100iso

Sony a7rIV, 17mmf4, f8, 1/30s, 400iso

Sony a7rIV, 17mmf4, f8, 1/10s, 400iso

Sony a7rIV, 17mmf4, f14, 1/6s, 100iso (panorama)

Sony a7rIV, 17mmf4, f11, 1/6s, 100iso

Sony a7rIV, 17mmf4, f5.6, 2.5s, 100iso

Sony a7rIII, 20mmf2, f5.6, 1/100s, 100iso

Sony a7rIV, 17mmf4, f11, 1/13s, 400iso

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Le clown des mers

Les clowns des mers

Macareux moine aux Shetland

  Le macareux moine, un oiseau très attachant avec son bec très coloré et proéminent. Sa démarche au sol avec ses pattes palmées lui donne un petit air comique aussi. C’est pour ces raison qu’il m’arrive de l’appeler le clown des mers. D’ailleurs en allemand, il est appelé le PapageiTauch soit littéralement le perroquet plongeur. Il n’a cependant rien à voir avec les perroquets si ce n’est un air de ressemblance avec son gros bec et toutes ses couleurs. Ses cousins sont plutôt les pingouins, mergules et les guillemots. Toute la famille des alcidés a une caractéristique commune.

Pinguin torda observant en contrebas de la falaise

Pinguin torda rejoignant son nid bien caché dans la falaise

Appelé "razor blade" en anglais de par cette fine ligne blanche contrastante

Passant la majorité de leur temps en mer, ils ont adopté une technique de camouflage particulière. Leur ventre est entièrement blanc leur permettant de se confondre avec le ciel. Un requin voulant les croquer depuis les fonds marins aura de la peine à distinguer l’oiseau du ciel lumineux. A l’inverse, si un oiseau de proie comme le grand labbe voudrais donner en repas a ses petits un macareux. Le dos noir des alcidés le rendrait difficilement détectable depuis les aires.

Le dos sombre le rend difficilement repérable depuis le dessus

Le ventre clair le rend difficilement repérable depuis dessous

Les macareux sont difficiles à trouver en mer car ils se déplacent au gré des bancs de poisson qui sont généralement au large des côtes. Ils ne viennent sur la terre ferme que pour la période de nidification entre juin-juillet. C’est à cette période que nous sommes allés à la rencontre du perroquet plongeur. C’est un oiseau nordique comme le reste de sa famille. On peut le trouver en saison de reproduction aux îles Féroé, en Island, au Groenland, au Svalbard et en Ecosse. Ils reviennent aussi peu à peu sur les côtes Normande. Une région où il a été exterminé ces derniers siècles pour le plaisir du tire au bale trappe par de riche parisien en vacance de chasse. Notre choix de destination se porte sur l’Ecosse, le pays de cœur de Benjamin, un ami photographe, qui visite ses terres depuis de nombreuses années. C’est à quatre que nous mettons les voiles vers les Shetland, l’Ile Ecossaise la plus Nordique du pays. C’est l’occasion de lire quelques bouquins sur macareux pendant le voyage pour en apprendre plus sur leur comportement. Connaître l’espèce est vraiment une des clefs pour appréhender le terrain et mettre en boîte l’animal. Connaître son comportement permet de mieux anticiper ses mouvements et aussi capturer des instants typiques. Par ces notes naturalistes, je vais vous narrer les expériences de terrain ainsi que des anecdotes atypiques sur le comportement du macareux tout en vous partageant des images colorées venant des côtes des Shetland. Plus j’en lis sur lui et plus il en devient passionnant ! Une fois aux Shetland, cette région du nord de l’Ecosse, on continue notre voyage avec une voiture de location et l’on passe d’île en île avec des ferrys. C’est un moyen de locomotion très courant dans ces lieux pas assez peuplés pour justifier la construction d’un pont ou d’un tunnel. Certaines petites îles sont d’ailleurs uniquement accessibles avec de petit bateau pneumatique. Un peu rock and roll de se faire ballotter par les vagues sur une si petite embarcation avec tout notre matériel photographique calé entre les jambes. Il faut croire que les macareux ont un faible pour les petites îles balayé par les embruns et les vents violents. Je crois aussi qu’ils apprécient bien le brouillard Ecossais à couper au couteau. De quoi donner aux paysages des airs de récit fantastique. C’est équipé de nos coupe-vent imperméables que l’on serpente les côtes bordées de falaise abrupte. Lové dans les rochers, on aperçoit des fulmars boréaux. Sur les abords du chemin, on constate aussi les dégâts de la grippe aviaire qui commence à sévir en ce moment avec quelques cadavres de fou de Bassan.

A travers le brouillard, un macareux rassemblant des brindilles pour tapisser l'interrieur du nid

Finalement, le brouillard semble se dissiper laissant enfin entrapercevoir nos oiseaux colorés. Ils sont posés au sommet des falaises et leur regard semble scruter l’horizon marin. Nous voici arrivé dans une des colonies de macareux, quel plaisir de les voir vivre leur vie au bord du vide. Ils apprécient particulièrement ce type de falaises. Pas loin de l’océan avec des bancs de poisson pour nourrir leur jeune mais surtout, une falaise herbeuse. Assez étonnamment, les macareux creusent des terriers dans cette petite couche de terre ou de tourbe. Un tunnel de 1 à 2 mètres de profondeur où ils pondront un unique œuf. Le poussin est ensuite goinfré avec des poissons pendant 6 semaines On a eu la chance de pouvoir observer quelques nourrissages. C’est vraiment un moment très émotionnel car c’est un vrai sacrifice pour l’adulte. Plus de trois éprouvantes heures sont généralement nécessaires pour accéder jusqu’au banc de jeune longeron en haute mer. Là, ils plongent en moyenne à une 15ène de mètre pour capturer les poissons un à un. lls plongent d’ailleurs régulièrement à 30m voire même 60m pour le record ! Il est vraiment impressionnant de voir des vidéos du macareux évoluant sous l’eau. S’il n’est pas habile sur les terres, il est vraiment comme un poisson dans l’eau. Il fait des acrobaties, des virages serrés avec une dextérité déconcertante ! C’est vraiment un oiseau parfaitement adapté à la vie aquatique des océans. Une fois que leur bec est plein à ras bord, ils se remettent en vol pour rejoindre le poussin les attendant sagement depuis plusieurs heures terrées, bien à l’abris des prédateurs au fond de son petit tunnel. Ça n’empêche cependant pas certains squatteurs comme les rats ou lapin de venir leur rendre visite. Une fois au sommet de la falaise, papa ou maman macareux doit retrouver son trou dans la falaise pour aller nourrir son jeune. Connaissant le véritable exploit de ramener une becquetée complète de poisson, parfois dans des conditions venteuses dantesques, on ne peut qu’être en émois lorsqu’on voit les parents « atterri » au bord de la falaise pour nourrir leur poussin. Avec le vent et le brouillard, leur atterrissage ressemble plutôt à un coussin s’écrasant sur les rochers. Ils anticipent d’ailleurs leur atterrissage car ils ont tendance à mettre en avant leur poitrine bien rembourrée pour amortir le choc. Les terriers sont vraiment bien dissimulés entre les herbes et les petites fleurs roses. Nous-même devons être particulièrement attentif pour ne pas trop bloquer l’accès des macareux à leur terrier car ils sont quasiment invisibles. Si l’on est un peu étourdi que qu’un macareux veut passer, il vous le fera savoir d’un petit grognement. Une des questions qui m’est venue à l’esprit et : comment font-ils donc pour réussir à attraper autant de poisson sans perdre ceux qu’ils ont déjà capturés ? Car contrairement à certains oiseaux marins qui préfèrent régurgiter leur poisson près digéré à ses poussins, le macareux livre ses poissons entiers à l’oisillon! Il n’a pas non plus de grande poche comme les pélicans pour les stocker pendant le trajet qui dure plusieurs heures entre le lieu de pêche et le nid. Non, le macareux a développé* une technique particulière sur des millions d’années de pêche. Son palais supérieur est recouvert de petit pico dirigé de manière à crocher et bloquer les poissons. A l'aide de sa longue langue, le macareux maintient sa précieuse pèche plaquée contre son palais laissant le bec inférieur libre pour attraper le prochain poisson. Une fois le poisson capturé, il rejoint le reste de la brochette coincé entre la langue et les pics de son palais. Il peut ensuite attraper le prochain poisson une fois le bec libéré et ainsi de suite. Sur ces falaises balayées par les vents, pas grand-chose ne pousse sauf ici, ces petites fleurs roses rajoutant une petite teinte plaisante aux images et à l’ambiance générale du lieu. Ces petites fleurs sont aussi des warriors dans leur domaine. Elles parviennent à se développer dans cet environnement particulièrement hostile balayé par les vents violents et les embruns salé. L’Armeria maritima aussi appelé l’œillet de mer ou gazon d’Espagne est une plante vivace qui colonise ce type d’endroit inhospitalier ou les autres plantes n’arrivent pas à s’implanter. Pour mon plus grand plaisir d’ailleurs, j’essaie d’avoir un maximum d’œil maritime dans l’image pour apporter cette petite touche d’été et de légèreté dans les images avec ces teintes rosées. Lorsque les vents sont vraiment forts sur les falaises, les macareux tentent une approche alternative. Ils pratiquent le créneau aérien en marche arrière. Ils se laissent planner, quasiment en faisant du sur place 1-2m au-dessus de la falaise. Ils regardent derrière eux, au-dessus de leur épaule puis commencent leurs créneaux aériens. Ils perdent progressivement de l’altitude et ajustent leur parquage en vissant une mousse ou une touffe d’herbe. Ils se posent ensuite doucement en marche arrière. Cette approche plus douce laisse le temps aux photographes de mettre en boîte la manœuvre aérienne. Au abord des falaises, les macareux passent aussi beaucoup de temps pour se lisser les plumes. Ce n'est pas pour des raisons d'hestétique! En se grattant une petite glande à la base de la queue avec leur bec, ils sécrêtent une huile. Cette huile venant de la de la queue appelée glande uropygienne est ensuite enduit sur l'ensemble du plumage pour assurer l'étenchité du macareux l'assurant de rester au sec sans risquer une hypothermie tout en flottant comme un bouchon sur les eaux!   Nous remontons plus au nord pour la suite du périple. Le paysage change quelque peu, le gazon d’Espagne cède sa place aux tourbières plus acide et les macareux ne sont plus aussi avancé dans la nidification.

Drosera, petite plante carnivor engluant de petit insect dans des tourbières aux terres acides

Ils ne nourrissent pas encore les jeunes mais ils sont plus affairés au creusage de leur terrier. Ce n’est pas le cas de tous car les macareux reviennent généralement toujours pondre dans le même terrier d’année en année. Les couples sont d’ailleurs très fidèles et restent ensemble toute leur vie s’il n'arrive pas malheur au conjoint/conjointe. Il peut y avoir de courte infidélité si un membre du couple arrive dans la colonie avec du retard au début de la saison des amours. L’individu se retrouvant seul invite un congénère pour reprendre le terrier traditionnel mais dès lors que le retardataire revient, le « bouche trou » se fait virer des lieux. C’est la galanterie selon les macareux. Parfois, il peut y avoir quelques prises de bec pour s'approprier un terrier ou une demoiselle Seuls les jeunes nouveaux couples doivent creuser un nouveau terrier. C’est après 3ans en mer qu’ils atteignent leur maturité sexuelle et reviennent vers leur colonie natale pour perpétuer le cycle de la vie. Ils vont devoir trouver un congénère adolescent et creuser un nouveau terrier en périphérie de la colonie. Ils participent ainsi à l’agrandissement de la colonie qui s’étale peu à peu depuis son centre. Il arrive parfois que certains vieux terriers au centre des colonies se rejoignent et créer un mini-réseau avec plusieurs couples et plusieurs entrées. Certains jeunes couples peu expérimentés ne calculent pas très bien leur conception de terrier. La pente jusqu’au fond du terrier soit dans le mauvais sens, il peut arriver que leur œuf une fois pondu se mette à rouler hors du terrier et s’écrase dans la falaise en contre bas :S

Macareux creusant un début de terrier en arrachant une petite motte d'herbe avec son bec

Pour creuser leur terrier, ils utilisent leur gros bec ainsi que leurs pattes. Leurs pattes palmées sont équipées de griffe leur permettant de gratter et de creuser. Cependant, ce n’est pas super pratique d’avoir des griffes sous l’eau ou pour palmer à la surface. Ils ont développé des griffes pivotables. Lorsqu’ils n’en ont pas besoin en mer, les griffes sont pivotées sur les côtés ne les gênant plus pour manœuvrer sous l’eau. Cependant, ils les pivotent une fois sur la terre ferme pour pouvoir creuser et aussi pour gagner en adhérence lors de leur déplacement en bordure de falaise. C’est parfois très cocasse de les voir creuser, ils commencent à mouliner leurs pattes avant même d’être dans le terrier. Ils leur arrivent aussi d’expulser la terre sur leur congénère attendant patiemment hors du terrier.

Pluie de terre éjectée par le partenaire en train de creuser le terrier conjugal

Ils se relaient ainsi durant la soirée. Mais je vous rassure que ce n’est pas un travail de longue haleine, ils prennent leur temps pour creuser. La plupart du temps, ils s'étirent en battant des ailes Ou ils profitent du soleil à l’abord de la falaise et admirent la vue, et quelle vue ! Ils sont généralement plus actifs lors du coucher de soleil. Ils s’encouragent mutuellement en émettant leur petit grognement. Ils utilisent aussi ce signal pour se relayer lors du creusage du tunnel. Parfois, ils se font comme des petits bisous en se frottant le bec d’un côté et de l’autre. Cela fait partie de leur petit rituel amoureux, leur parade nuptiale. Si l’ambiance devient encore plus chaude, les deux tourtereaux continueront leur ébat en mer, là où ils sont dans leur élément et à l’abri des regards indiscrets. C’est aussi à cette période de l’année que les clowns des mers se maquillent. Un maquillage très sophistiqué avec même des implants ! Pour faire ressortir ses beaux yeux, un cercle jaune vient éclaircir le pourtour des yeux. Pareil pour le bec qui se voit contourner par un renflement jaune. Ces deux implants sont temporaires et uniquement utiles pendant la saison des amours. Ils tomberont une fois que les poussins seront capables de voleur de leur propre aile. Ces artifices leur permettent de montrer leur bonne santé à leur conjoint mais nul besoin de ces couleurs tap à l’œil une fois de retour à leur vie aquatique. Ces couleurs vives augmenteraient leur risque de prédation en mer. Ils sont presque méconnaissables sans leur attribut coloré hors saison de nidification ou lors de leur période juvénile. Les jeunes ont d’ailleurs un bec bien moins proéminent que leur parent. Il grossira et prendra de l’ampleur pendant leur jeunesse. Chaque année, une strie de plus se gravera dans le bec jusqu’à atteindre le nombre de trois indiquant qu’ils ont atteint leur maturité sexuelle. Ils pourront ensuite quitter la mer pour la première fois en 3ans revêtu de leur maquillage nuptial. Si loin dans le nord, le soleil ne se couche presque pas en été. Le soleil passe furtivement sous l’horizon entre 22h et 3h du matin. Les ambiances sont particulièrement magiques si une trêve de brouillard a lieu. Avec benjamin, on a passé une nuit sur place pour vivre une journée complète en compagnie des petits clowns. En immersion avec la colonie, on comprend mieux leur cycle journalier. Le soir, avant de partir pêcher en mer, les macareux ayant un petit creux indiquent aux autres membres de la colonie qu’ils veulent partir manger en mer. Ils hochent frénétiquement de la tête et émettent quelques gémissements affamés. Peu à peu, d’autres individus se joignent à la dance et se mettent aussi à lever la tête. Puis, une fois qu’un petit groupe c’est formé, ils sautent dans le vide de la falaise et partent pour la haute mer. En partant ainsi en petit groupe, ils se protègent des prédateurs qui ont de la peine à cibler leur proie. Ça réduit aussi le nombre d’exposition dangereuse. Sur la mer les macareux ont peu de prédateurs. C’est lorsqu’ils rejoignent leur colonie qu’ils sont vulnérables.

Labbe parasite n'hésitant pas à prendre en chasse un macareux pour lui piquer son butin

Il n’est pas rare de voir des labbes parasite tenter de dérober la précieuse livraisons de poissons. Ils tentent de déséquilibrer les macareux en vol pour leur faire lâcher leur butin. Le labbe tient bien son nom, parasitant les honnêtes pêcheurs mais eux aussi doivent nourrir leur famille… Pour tenter d’échapper à son ravisseur, le macareux assez maladroit en l’air peut retourner dans son milieu de prédilection en se cachant quelques minutes sous la surface de l’eau, le temps que le labbe passe son chemin. C’est au moment de retourner au terrier familial que les labbes les attaquent en embuscade. C’est aussi à cause des labbes et goéland que les macareux creusent des terriers. Le diamètre d’entrée est bien trop petit pour qu’un labbe puisse aller visite le poussin. En entrée du terrier, il y a généralement un petit goulot d’étranglement pour qu’uniquement les parents puissent passer. Parfois, des petites visites ont lieu. Des rats ou des lapins passent dire bonjours aux poussins. La nuit est bien courte à 60° Nord. A peine 3h du matin et le soleil repointe le bout de son nez. De ce coté de l'île, les macareux sont plus craintif. Je laisse l'appareil photo sur le trépied et je le déclenche à distance. La chance me souris, un macareux prend la pause devant le trépied pendant le lever du soleil. Quelques mètres plus loin, je déclenche. Quelle chance de pouvoir vivre le reveil de la petite île la plus nordique d'Ecosse avec les macareux. Les paysages et les ambiances sont sublimes.   Les macareux ne sont pas les seuls à coloniser ces falaises. Il y a aussi quelques fous de bassan survolant les côtes à la recherche de banc de poisson. La vue est assez désolante cette année car la grippe aviaire continue de faire des ravages. Les cadavres de fou de bassan jonchent les cailloux habituellement pleins de vie :S Un peu plus dans les terres, ont rencontres d’autres oiseaux comme le pluvier doré que l’on peut croiser en migration dans nos régions lors de ces escales. Malheureusement, les aléas de la météo font que nous avons dû modifier quelque peu le programme initial. Il y a aussi eu quelques restrictions dues à la grippe aviaire. Certains sites sont fermés au public pour limiter la propagation du virus. L’occasion de visiter quelques ruines laissées lors de l’occupation viking de la région. Ces ruines de pierres sont maintenant des abris pour les puffins et d’autres espèces. Sur la plage de sable clair, d’autres espèces indiquent leur présence par des cris frénétiques pour détourner l’attention de leur petit. L’huîtrier pie est particulièrement sonore. Les grand gravelots parcourent le sable blanc à la recherche de lombric à extirper du sable. Il les nettoie ensuite minutieusement lorsque la prochaine vaguelette se casse sur la berge. Les phoques folâtrent aussi dans les eaux glacées de la région et en contrebas des falaises. Il n’est pas rare de voir passer des cormorans huppés qui occupent, eux, le bas des falaises. Plus dans les terres, on peut aussi croiser les plongeons avec leur magnifique robe. Assurément, ces côtes nordiques sont pleines de vie et de surprise! Merci d'avoir longé ces falaises à mes cotés en lisant ce petit reportage naturaliste. Au plaisir.     Retrouvez les images en HD avec l'album spécial macareux moine: http://apvl.ch/album-macareux/
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Vers le NORD!

Une aventure pas comme les autres, une aventure humaine! Prendre toutes les vacances de l'année en un bloc pour partir au Nord avec Lisa qui, avec ses horaires saisonniers a pu se libérer tout le mois de novembre. L'idée est de partir dans le Nord en road trip, de la Suisse au Cap Nord. Le cap nord étant plus un azimut qu'un objectif. Évidemment, on ne peut partir dans le Nord comme ça. Pour se préparer psychologiquement, Lisa me fit découvrir le film culte "les Chti". Ça devient sérieux, on s'attend au pire et on emporte quelques doudounes supplémentaires, ça à l'air de bien cailler. Malheureusement, 2j avant de partir, le démarreur de la voiture lâche équipée pour le road trip tombe en panne. On tente quelques réparations de dernière minute avec mon super mécano Laurent en faisant quelques soudures mais ça ne tient pas vraiment. Lisa et moi ne sommes pas trop motivés à faire commander un démarreur en Allemagne pour le changer en cours de route tout en étant obligé de se parquer en pente pour pouvoir repartir. Après avoir convaincu les parents, on négocie le petit SUV Subaru qui consomme plus de deux fois moins que le 4x4 d'origine. Il nous faut tout rempaqueter les affaires pour le voyage dans une voiture bien plus compacte. Il a fallu faire des choix sur le matériel, pas de kayak pour les fjords Norvégien malheureusement... On perd aussi beaucoup en confort car la voiture n'est pas équipée pour les road trips. On n'a pas de tente de toit ce qui veut dire que l'on devra monter la tente tous les soirs pour dormir. Pas super pratique... Une fois tout bien agencé dans l'auto, on attaque la montée vers le nord. Après 3h de route, à Bale, un camion venant en sens inverse nous envoie un petit caillou sur le par-brise. Bim, fissuré, ça commence bien... La traversée de l'Allemagne ne se fait pas aussi rapidement que prévu. Il fait un temps de cochon avec beaucoup de pluie et l'on rencontrera aussi quelques bouchons. Heureusement que le reste du mois novembre ne sera pas pareil ;) Il nous faudra deux jours pour traverser le pays. Après 10h de route on s'arrête au bord d'un lac au nord de l'Allemagne. Bizarre, il y a une plage de sable. Après confirmation en regardant la carte, il s'agit d'un bras de mer. On met la tente sur la plage, au pied d'un arbre. Il y a un bâtiment joliment éclairé à côté. C'est les décorations de Noel avant l'heure Le lendemain, on finit de traverser l'Allemagne et file directement au nord du Danemark. De là, on prend un ferry qui nous amènera directement à Bergen, en Norvège. L'occasion de se reposer un peu avec une nuit en cabine et profiter pour lire quelques lignes. Une fois arrivé à Bergen, on continue notre route en direction des bœufs musqués. Cap vers le célèbre parc national de Dovrefjell, les distances sont gigantesques est les détours dans les fjords forment de vrais labyrinthes. La Norvège aime les tunnels autant que la Suisse, ils réussissent même à passer sous les fjords! La route devient de plus en plus mauvaise, la neige commence à tenir sur la route et nous quittera plus jusqu’à notre retour. Les locaux ont tous des pneus cloutés, il nous faut rouler doucement avec nos pneus neige pour ne pas se laisser surprendre. On découvre une application pour smartphone bien pratique qui nous donne toutes l'emplacement et une description de toutes les petites cabanes sur le chemin. La route est encore longue, on choisit une cabane avec une belle vue sur l'application. Dans le sud, elles ont toutes une forme triangulaire absolument adorable. Sous le charme, on décide de faire une courte rando pour y passer la nuit. Le petit lac que l'on voit depuis la cabane avec une ambiance sublime avec la pleine lune. Au petit matin, un rocher rappelle la forme de la cabane triangulaire de la cabane Après ce lever de soleil dépaysant, il nous faut reprendre la route qui est encore longue avant notre premier objectif, les hauts plateaux de Dovrefjell. Sur la route, chaque fjord est plus beau que le précédent, les paysages sont vraiment majestueux. Arrivé au plateau, tout est givré, d'une beauté sans nom mais le froid y est aussi glacial.   Sur la cote, dans les fjords, les eaux de l'océan encore "chaudes" de l'été tempèrent les alentours entre -3°C et -5°C. Dans les terres, c'est une autre histoire, les températures chutent drastiquement sous les -10°C! Plus on avance et plus le record est battu! Au départ du plateau, on est à -13°C. Il faut prendre son courage à deux mains pour sortir et aller installer la tente. On c'est mis dans un spot ou des élans peuvent être observés (merci Samuel pour les infos). On scanne tout le plateau s'étandant jusqu’à l'horizon aux jumelles mais non, rien en vue. On croise quelques traces et quelles traces! Elles sont vraiment énormes! En revenant vers la tente, je distingue les premiers résidus d'aurores boréales. Un très léger voile blanc quasi invisible à l'œil et qui est à peine révélé par l'appareil photo (entre l'horizon et la grande ourse). Avec Lisa, on c'est mis en commun accord qu'elles ne comptent pas. On les voit à peine sur l'image et à l'œil nu, c'est vraiment très dur à distinguer le léger voile blanc. lac gelé au petit matin par -14°C On continue à s'enfoncer dans la réserve et les températures chutent. Un nouveau record est établi, -15°C! Il faut commencer à bien s'équiper mais on profite du peu de soleil annoncé pour aller à la rencontre des bœufs musqués.

Lisa aux jumelles

Lisa en repère deux au loin. On est tout fou! On approche tout doucement dans la neige. Difficile d'être discret en brassant la neige... On est repéré par des lagopèdes des saules qui s'envolent en grand fracas. Ça n'a pas l'air de perturber les bœufs qui ont leur nez collé au sol, broutant les rares herbettes sous la neige. Ils avancent tout doucement, toujours dans la même direction. On décide de leur couper la route, anticipant leur passage, en passant derrière une petite bute. Là on attend, on attend qu'ils arrivent. Une bon quart-heure plus tard, voilà un des deux protagonistes qui se détache. Immobile, le froid commence à être très mordant et nous oblige à poursuivre le chemin. On avait prévu d'arriver à une cabane 11km plus loin mais impossible d'y arriver avant la tombée de la nuit. Nous avons un peu sur estimé notre avancée dans cette neige et par ce froid sans compter les quelques heures de jours qui se comptent sur les doigts d'une main. Arrivé sur un replat, on repère 2 troupeaux de bœufs musqués à 2-3km de distance.

Assez facile de les repérer dans ce territoire immaculé.

Malheureusement, la nuit tombe très tôt et on décide de monter la tente. On se fait une raison, nous n'arriverons jamais jusqu’à la cabane. Cette nuit-là, la troisième de suite sous tente, il a fait -18°C, pas facile de garder sa température corporelle dans ces conditions. Autant vous dire que la nuit n'est pas des plus reposante. On se met à la recherche de ces reliques glacières. Heureusement, au petit matin, les bœufs sont toujours là, fidèles au post! On les voyant, on a l'impression de voyager dans le temps, un retour à l'age glacière. Un moment mémorable en compagnie de ce mâle. Il ne se préoccupe pas vraiment de nous. On est à bon vent, nos odeurs étrangères ne parviennent pas à leur museau. Je ne déclenche pas souvent l'appareil car le bœuf et ne lève pas souvent la tête lorsqu'il broute. Lorsqu'il lève son regard, on sent vraiment la préhistoire qui nous frappe. Son regard nous transperce! Il s'ébouriffe de temps en temps pour faire tomber la neige Au petit matin, en plus de ce mal on avait aussi repéré deux autres individus aux jumelles se reposant dans des petits aulnes verts. On c'est mis en marche pour aller à leur rencontre mais ces deux individus étaient beaucoup plus tendus. Ils nous lançaient un peu des regards noirs. On redouble de vigilance pour se faire accepter car les bœufs musqués peuvent charger s'ils se sentent menacé. On comprend assez vite la cause de leur inquiétude, a leur pied, un petit de l'année dormait tranquillement blotti contre sa maman! On évite les mouvements brusques, on ne fait pas trop les malins. Mais ils ont bien senti que l'on est venu en paix. Un incroyable moment passé avec ces reliques glacières parfaitement adapté à leur environnement glacial. Pour nous, c'est une autre histoire, après 3 nuits passé en bivouac avec des températures oscillant entre -15° et -18°, on décide de retourner vers la civilisation. On arrive dans une petite station de ski ou l'on se loue un petit bungalow pour les deux prochaines nuits. Quel plaisir de pouvoir se réchauffer un peu. Récupérer des calories sous une douche bouillante! Se manger des plats cuisinés sans risquer de perdre les doigts. On profite aussi de l'arrêt pour faire une lessive de tous nos habits. On les met dans un sac étanche avec un mélange de savon et d'eau puis on remue le tout frénétiquement. Notre petit bungalow est maintenant tapissé d'habit en cours de séchage ainsi que de sac de couchage et de tentes qui doivent d'abord dégeler. On se met à l'aise et on regarde un petit film. Ça fait du bien de couper un peu le road trip et récupérer un peu de confort. Le lendemain, sur les conseils de notre hôte, on remonte une vallée voisine pour visiter un lac gelé. Des bulles emprisonnées dans la glace offrent des paysages miniatures. On s'imagine sauter de bulle en bulle. On peut aussi voir une invasion de soucoupe volante :) L'or bleu Après ces quelques heures de repos, on se remet en route en direction de la prochaine grande étape: les îles des Lofoten. La beauté des rivières gelées est difficile à exprimer avec des mots. Il est aussi bien difficile de le retranscrire par la photo. Tout semble figé par les glaces mais la rivière, avec l'inertie de l'eau qui coule semble aller à contre-courant. Elle vit malgré le froid. Avec la neige qui se met à tomber, les arbres au loin se transforment en peinture. Lisa découvre un secteur de rivière avec plein de pattern de glace. Elle m'interpelle pour me montrer tous ces cristaux de glace car elle sait que j'en raffole! Comment ne pas tomber sous le charme de cette beauté éphémère? Une fois arrivé à Bodö, on met la voiture sur un ferry pour rejoindre le bout des îles des Lofoten. Une région bien connue par les touristes et photographe et pour cause! Les paysages y sont grandioses, un mixte entre montagne et océan! Une région qui peut être bondée à la haute saison, on profite des points de vue "classique" déserté en ce mois de novembre. Cliquer pour voir les images de la même région en été

Reine à l'heure bleue

Avant la tempête

Lorsque le soleil arrive à transpercer le plafond nuageux, le ciel s'illumine et les ambiances deviennent féeriques. Cette région des Lofoten est constituée d'une multitude de petits îlots reliés par des ponts (autrefois uniquement par petits bateaux). Pour mieux se rendre compte de la géographie du lieu, on prend un peu d'altitude. Du sommet de Reinebringen, la vue est à couper le souffle. Ces montagnes émergent de l'océan! Les couleurs des eaux peu profondes rappel les Caraïbes. Cette vue est un classique mais gravir les 1600 marches de pierre installée par un groupe de Nepalais est clairement un incontournable de la région. De là, on peut voir toute la région de Reine ainsi que l'impact du tourisme de masse sur le paysage avec un gigantesque bateau de croisière disproportionné par rapport au reste du village de pécheur. Il ne faut pas prendre cette randonnée à la légère est être bien équipé! Car hors saison les marches gelées sont très glissantes et il ne vaut mieux pas perdre pied dans ces hauteurs! Il faudra que l'on s'équipe de petits crampons pour le reste du voyage! On reprend la route, chaque fjord est une nouvelle découverte. On croise notre route avec les élégants cygnes chanteurs. Les nuages bas transforment les paysages faisant ressortir les tons bleu et jaune. La marée en se retirant dessine des motifs sur le sable. Impossible de ne pas s'arrêter à l'œil du dragon. La météo était un peu capricieuse et une pluie givrante a transformé la route en patinoire. Pris par surprise, notre voiture n'a pas voulu effectuer le virage comme convenu et nous avons fini notre course dans le talus. Heureusement la voiture avec les 4 roues motrices a réussi a s'extirper avec peu d'égratignure. Malgré ce contretemps, nous arrivons au fjord de l'œil du dragon. Ici, avec le temps, le rocher a creusé et polis une petite fosse au fils des marrées successive. A marrée basse, il est possible de découvrir l'œil du dragon. On s'y installe pour la nuit car les prévisions sont très bonnes pour les aurores cette nuit! On croise les doigts que le ciel se dégagera. La nuit tombée, on plisse les yeux pour apercevoir les aurores mais rien n'y fait, les nuages sont encore trop sombres. Quelques heures plus tard, quelques étoiles filtres à travers les nuages puis nous apercevons les fameux drapés blancs. Un moment incroyable, on reste au bord de l'eau à observer ce spectacle lumineux. Le spectacle n'en finit pas! Les aurores sont d'une intensité incroyable! En plus des couleurs verdâtres, on distingue clairement les couleurs rouges de l'aurore à l'œil nu! On décide de s'installer pour la nuit au bord de la plage sur le sable gelé. C'est une première pour Lisa de voir ce vent solaire ioniser les particules en haute atmosphère. On n’a pas été déçus, même les locaux le lendemain nous ont dit qu'il n'avait pas vu une telle intensité d'aurore en 30ans! Pour mieux se rendre compte de la magie des aurores boréales, un petit time laps de la soirée: https://youtu.be/eELQyDjg4uE Plus tard dans la nuit, les nuages refont leur apparition. Vers les 4h du matin, une fine pluie nous humidifie les sacs de couchage. On attendra jusqu’à 5h de matin avant d'abandonner et rentrer nos affaires trempées à la voiture et continuer notre route vers Segla. Aux abords de la route, on croise un pygargue à queue blanche qui ne semble pas trop apprécier notre présence. Arrivé à Segla, un bout de Norvège un peu plus calme que les Lofotens, on se met en route pour une première randonnée avec un point de vue sympa au-dessus des fjords. Il faut se dépêcher car le soleil n'est vraiment plus très présent, le nombre d'heures d'ensoleillement se compte maintenant sur les doigts d'une main. La vue est splendide sur les petites îles en contrebas. On croise souvent des traces de lièvres ou de lagopèdes sans jamais les apercevoir. Ils sont probablement plus actifs durant les longues nuits. La montée est rude dans la neige. On profite de reprendre notre souffle au col avec une vue <3 Arrivé au sommet, on remarque que nous ne sommes pas les seuls à être venu campé ici. Une petite place a déjà été déblayée. On profite pour récupérer le même balcon sur le fjord en l'améliorant quelque peu avec notre pelle à neige. On s'installe au fond du sac de couchage, il fait déjà bien froid. On se réchauffe autant que se peut avant que les lumières nocturnes ne fassent leur apparition.   La chance nous sourit à nouveau, les aurores boréales font leur apparition dans le ciel nocturne. De loin pas aussi marquées et vivaces que la veille mais elle se laisse bien imprimer sur le capteur de l'appareil photo. À l'œil nu, le voile vert est à peine différentiable des nuages de plus haute altitude. Puis, il est temps d'aller se coucher, on a beaucoup de marche le lendemain!   Pour stabiliser la tente du vent, les bâtons de ski sont d'une aide précieuse. Ici, il n'est pas vraiment possible de planter des sardines de manière efficace. On profite des premières lueurs pastel du lever du jour avant de plier nos affaires et redescendre vers l'océan. Sur la descente, une ombre fugace plane à nos côtés avant de se percher dans les boulots en contrebas. On sort les jumelles et l'on reconnaît la silhouette d'une chouette. On s'approche et l'on découvre la belle chouette épervière scrutant les environs de ses yeux jaunes d'or. Une rencontre merveilleuse qui restera gravée dans nos cœurs. Elle ne se soucie pas tant de notre présence et reste perchée sur la cime de son arbre pour une bonne dizaine de minutes pour notre plus grand plaisir. Les alpes norvégiennes sont relativement jeunes avec ces 400 millions d'années (deux fois plus vieilles que les alpes) ce qui les rend très abruptes et impressionnantes. Ici, les "devils tooth", s'érigent hors de l'eau tel des dents du diable.

Réflexion des dents du diable

On se loue un petit rbnb pour faire sécher notre matériel de bivouac et l'0n se remet sur les chemins des fjords norvégiens. Munie de nos petits crampons, la montée se fait de manière plus sereine sans glissade inattendue. On monte au col de la montagne Segla. Un impressionnant pic de 600m de haut surplombant le fjord. Les conditions d'enneigement ne nous permettent pas de faire l'ascension de ce pic, on contentera de dormir au col avec ses 300m de falaises avec une vue imprenable sur les environs. Pour la troisième nuit d'affilée, le ballet nocturne reprend. Les couleurs vertes sont très vives et forment de belles lignes au-dessus de la falaise. Même la neige se teinte de vert par réflexion de ces lumières astrales. Difficile de trouver un meilleur emplacement pour profiter de ce spectacle.

Vue depuis l'intérieur de la tente

Au petit matin, le soleil se lève derrière le géant de pierre en faisant rougir les cirrus.Lisa admirant la vue de la tente avant de sortir prendre l'air frais

Dès que le soleil fait son apparition, la température monte de 2°C et fait du bien après une nuit glaciale. Le panorama est sublime avec ces sommets enneigés qui s'illuminent d'une teinte orangée avec les premiers rayons du jour. Après un bon bain de soleil, il est temps de replier les affaires et de continuer notre route. Le temps commence à se gâter On profite pour faire une dernière marche vers un autre col mais le mauvais temps et le vent nous fera rebrousser chemin. Sur la route, quelques ferrys plus loin, nous voilà dans la plus grande ville du nord de la Norvège: Tromso. Ça fait un peu bizarre de revoir autant de circulation et de monde. On se loue une petite coloc un peu à l'écart de la ville où l'on découvre les environs avec notamment des reines peu craintifs.

Des reines se reposant dans le petit village de notre coloc

On profite de ces deux jours en collocation pour découvrir les environs de Tromso et de sortir les skis de randonnées pour faire des petites balades nocturnes. Petit time laps de la soirée https://youtu.be/ikVsY3VyhgQ   On profite de ce retour à la civilisation pour manger dans un bon resto, goûter au poisson local. En marchand sur les quais du port, on remarque que des sorties d'observation des orques sont proposées. Ce n'est pas vraiment dans notre manière de découvrir la nature mais étant déjà sur place on se décide de s'offrir un petit tour en bateau observer ces grand mammifère marin. Avant de réserver nos places, on s'assure bien qu'il n'y a pas de nourrissage pour attirer les animaux! Le lendemain matin, très tôt, on embarque sur notre bateau et l'on se met à voguer dans les eaux froides de la Norvège. Le bateau se dirige vers Skervoj, c'est là que les sardines passent l'hiver et assez logiquement, les orques aussi. Le trajet jusqu'à Skervoy nous prendra quelques heures, de quoi observer le paysage et voir le soleil se lever. Sur le trajet, on croise une mère orque accompagnée de son jeune de l'année reconnaissable à sa couleur jaunâtre. Une fois arrivé dans les Nordiques de Skervoj, l'activité des orques s'intensifie. On repère un mâle très reconnaissable à leur aileron très proéminent. Les orques chassent en groupe et se préoccupent très peu de nous et passent parfois si proche que l'on peut voir les goûtes d'eau ruisseler sur peau. Nous ne sommes de loin pas les seuls, d'autre petit zodiac observent aussi les grands mammifères. Ici, une queue de baleine à bosse sortant de l'eau. Les orques chassent en petit groupe. Ils sont très organisés. En groupe, ils plongent dans les profondeurs du fjord jusque dans les eaux plus froides et sombres ou les harengs se cachent pour l'hiver. À leur hauteur, les orques les terrifient et les dispersent en leur montrant leur ventre blanc les éblouissants. Les harengs sous la paniques se font remonter à la surface par petit banc. Une fois un petit banc de hareng remonté proche de la surface, le massacre peu commencer. Tous les orques se lancent alors dans la manne et dévorent les harengs à pleine dent, c'est un vrai carnage. D'autres animaux se joignent au festin entre les mouettes et les baleines. Le soleil commence déjà à se coucher. A vrais dires, je ne saurais dire s'il c'est vraiment levé, il aura fait jour pendant moins de 3h! Les expulsions d'air des baleines se teintent de rouge avec les dernières lueurs du jour. D'autre observateur vogues sur des petits voiliers. Après le long chemin de retour, on passe la nuit sur une petite île sympa repérée depuis la voiture: Sommaroy.

Sommaroy au petit matin

Sommaroy est entourée de petites îles entourées d'un bleu paradisiaque

On réfléchit longuement dans la tente pour la suite du voyage. Le plan initial était de monter jusqu'au cap nord avant de redescendre par la Finland. Le spectacle des orques était tellement magique que l'on décide de ne pas monter jusqu'au cap nord mais de rejoindre Skervoj, le village avec les orques et de profiter de la proximité de ces grands mammifères quelques jours de plus. Le lendemain, on se remet en route vers le nord pour rejoindre les orques situées à une bonne dizaine de fjords. Le temps se gâte à nouveau avec du brouillard et des grêlons. On monte cette fois-ci sur un plus petit zodiac car nous sommes directement sur place. On est au ras de l'eau ce qui devrait nous permettre de voir les orques de plus près. On c'est aussi équipé de grosse combinaison étanche et d'un masque tubas pour aller nager avec les orques. Malheureusement, le mauvais temps avec le vent et les grandes vagues ne nous permettent pas de nager avec ces grands mammifères. D'ailleurs, on n'en voit pas vraiment, on navigue entre les grosses vagues et l'on se protège le visage avec les mains pour ne pas trop se faire fouetter par les giboulées. Il fait aussi très froid, pas vraiment les meilleures conditions pour observer les orques. Pourtant, après quelques heures sans rien voir, on repère une famille d'orque en chasse. On se rapproche pour profiter du spectacle et nous ne serons pas déçus! Une mère apprenant a son petit à chasser. Ils surfent les vagues et les cassent avec le museau très profilé, aérodynamique.  Les mouettes virevoltent autour des la zones de chasse pour tenter de piquer par-ci, par-là des harengs. Au carnage, des rorquals commun (deuxième plus grand mammifère au monde après la baleine bleue) se joignent. Ils foncent dans le banc de hareng, gueule grande ouverte pour rafler le plus de petit poisson possible. Sur l'image, on peut voir un hareng échapper de justesse à la gueule de la baleine. On peut aussi voir un autre hareng coupé en deux se faire pécher par une mouette. Les mâles plus territoriaux sont marqués sur les flancs par des interactions avec d'autre mâle ou lors de chasses. Parfois, les orques sortent à la vertical de l'eau pour observer les environs. On y voit aussi une mouette partir avec un butin volé aux orques. Un moment vraiment incroyable de voir ces comportements. Pleins de souvenir impérissable dans nos têtes! Le froid étant très intense, on c'est loué une petite roulotte de caravane pour se réchauffer et faire sécher nos affaires. La nuit, on profite pour marcher le long du fjord éclairé par nos lueurs nocturnes habituelles. Une petite video time laps des aurores à Skervoj Malheureusement, le voyage commence à toucher à sa fin et l'0n doit commencer a entamer notre descente vers le sud. Cette fois-ci, on ne longera plus les côtes mais on redescendra par la toundra finlandaise, la laponie. Plutôt que de rouler tous les jours, on décide de se louer un petit chalet perdu dans la forêt finlandaise et partir faire des randonnées en étoile depuis ce chalet. Ça nous permet aussi de nous poser pour quelques jours consécutif et reprendre des forces. Ici les températures chutent drastiquement. Autant, sur les côtes norvégiennes à proximité de l'océan, la température descendait rarement sous les -10°C autant dans les terres finlandaises, les températures tombent. On dépasse notre record de température de -20°C avec les bœufs musqués et l'on frôle avec les -30°C. On est bien content de pouvoir revenir dans notre petit chalet cosy bien chauffé après une sortie. Le chalet est situé en pleine forêt avec de nombreux lacs. Le soir, on se baladait sur les lacs gelés, on admire les aurores boréales danser sur l'horizon. Petit time laps de la soirée https://youtube.com/shorts/DVxEymorpDY Pendant les très courtes journées, on se balade dans la forêt et on se laisse surprendre par la beauté du paysage. Les ambiances avec le brouillard et le soleil rasant sont très particulières. Ici, un petit courant permet de garder une petite portion du lac hors glace malgré le froid mordant (-22°C). Pour le plus grand plaisir de ce cygne chanteur qui peut se nourrir d'algues. Parfois les aurores boréales se mélangent aux lumières artificielles comme ici, l'éclairage d'une piste de ski à droite.

Lisa complètement givrée

On rencontre une amie à Lisa à Äkäslompolo qui nous amène faire une balade dans les collines Finlandaise. Ces montagnes ont été polies par l'érosion avec le temps pendant plus d'un milliard d'années (bien plus vieux que les alpes norvégiennes ou nos alpes ce qui explique ce paysage vallonné et peut accentuer). L'hiver est très rude, les arbres se couvrent de givre du côté opposé au vent. Les arbres couverts de givre se transforment en "bougie" au cours de l'hiver. Il fait si froid que l'humidité de l'air expiré givre directement au contact des cheveux.

Palastunturi, l'un des plus haut sommet de la laponie sortant du brouillard

Les asturgis se forment lors de fort vent sculptant la neige et le givre

Des montagnes vieilles de plus de 1 milliard d'années érodées par le temps

Avec ce froid, tout semble pétrifié, figé dans le temps par le froid. N'attendant qu'une chose, le retour du chaud avec le printemps. La nuit tombée, on retourne voir ces arbres pétrifiés par le froid. L'ambiance y est toute particulière avec la voie lactée et de très faible aurore boréale. Il n'y a pas de doute, on est bien au pays du père noël! Après la Finland, on continue notre descente plus au sud pour rentrer chez nous. On passe par la Suède qui n'est pas avare en belle surprise.

Arbre givré par le vent

Ici, les températures frôlent les -30°C à nouveau et les rivières commencent à geler malgré l'écoulement d'eau. Des plaques de glace se forment à la surface et dérive comme une coulée de lave.

La lune à travers les embruns de la rivière

Sur le bord d'un chemin, on trouve une chouette petite cabane hexagonale qui nous servira de couvert pour la nuit avant de terminer notre descente. Après cette dernière nuit au nord, on traverse toute l'Allemagne pour redescendre vers la Suisse. 1,5 mois de road trip à la découverte des joyaux du nord. On n’a pas été déçus avec des nombreuses aurores boréales, des animaux nordiques tels que le bœuf musqué, la chouette épervière et les orques! De superbe paysage avec des fjords et des étendues de forêt boréales. Pleins de nuit inoubliable que ce soit sous tente, dans un chalet, un bungalow, une caravane ou en coloc :) Des vacances ou l'on prend le temps de vivre avec les événements et de changer les plans de route selon nos envies.      
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Trois facettes d’Equateur: Chapitre 2 Andes

Après une semaine de dépaysement totale en Amazonie, il est temps de revenir plus au centre du pays, dans les Andes. Quel plaisir de ne pas se sentir moite en permanence en quittant les 100% d'humidité constants de la forêt équatoriale. Les Andes sont la chaîne de montagnes traversant toute la côte Ouest de l'Amérique du Sud Tout l'ouest de l'Equateur est parsemé de gigantesque volcan inactif, endormi ou en éruption. Les territoires sont énormes, il ne sera pas possible pour nous de tout voir en une semaine, il nous faudra faire un choix! Un dilemme se pose, que faire pendant cette courte période dans les Andes? Tenter l'ascension d'un haut sommet comme le Shimborazo culminant à 6263m afin de battre un record d'altitude et profiter d'une vue imprenable si les conditions le permettent? ou faire un trek de plusieurs jours pour profiter d'une belle vue de cette région volcanique? L'ascension du plus haut volcan d'Equateur, le Chimborazo est vraiment une option tentante mais l'altitude élevée et la météo peuvent rapidement jouer des tours. On décide plutôt de partir pour 3-4 jours de treks en autonomie en direction du volcan El Altar qui semble bien situé. On décide de prendre une route moins parcourue que le sentier classique menant au lac du cratère effondré du volcan (Laguna Amarilla). On décide de suivre l'arrête sud du volcan que les Andinistes empreinte pour faire le sommet culminant à 5'319m. Selon la carte, ce parcours devrait nous permettre d'avoir une belle vue sur les volcans aux alentours et notamment le fameux Chimborazo. Pour arriver au départ de notre randonnée, il nous faudra expérimenter les bus Equatorien. Trouver le guichet du bon bus dans la gare routière. Chaque compagnie de bus tente de vous démarcher en criant tous les bénéfices et destination possible de leur bus. On évite de montrer nos affaires de valeurs lors des trajets en bus car nos différents arrêts et changement de bus se font dans des endroits pas forcément très recommandables. On prend nos sacs remplit d'appareil photo entre les jambes coincées sous notre siège plutôt que de les glisser dans la soute du bus. A chaque arrêt du bus, des locaux entrent pour tenter de vendre quelques sucreries ou fruits puis repartent à l'arrêt suivant. Étant fan des fines tranches de bananes frites, je ne résiste pas à troquer un sachet contre un dollar. Après 8h de route, on arrive à Riobamba, un village de montagne entre le Chimborazo (6263m) et l'Altar (5319m). C'est une ville entourée de montagne dans une cuvette à 2'700m d'altitude. On y mange pour trois fois rien! Avec 3$: une grosse soupe de poisson, un grand jus de fruit et une belle portion de riz avec du poulet. De quoi bien démarrer l'aventure avec le plein de sucre lent! On saute dans un taxi pour filer en direction de l'El Altar. L'excitation monte d'un cran lorsque l'on voit le volcan à travers le pare-brise. Le volcan est majestueux avec son cratère effondré, les multiples sommets forment comme une couronne. On arrive on dernier village avec une route goudronnée. On profite d'être bien à l'écart de la ville pour trouver une petite auberge: l'osteria rosa de los Altares. On a droit à une visite du domaine par le propriétaire Fernando, un prof d'anglais, nous montrant son jardin avec ses citronniers et ces roses multicolores. On arrive à négocier un transport pour nous amener au pied de l'El Altar pour le lendemain matin. Il a une de ses connaissances qui peut nous y amener très tôt, aux alentours de 4h du matin car nous voulons partir avant l'aube. Mais avance de partir et de profiter de notre courte nuit, on décide d'aller visiter une petite cascade notée comme un point d'intérêt sur la carte. On décide d'y aller a pied car elle n'a pas l'air bien loin. Grand mal nous à pris, on voulait arriver au coucher du soleil à la cascade mais nous avons bien sous estimé les distances. On décide tout de même de continuer, guidé par la lumière de la lune. Au pied de la cascade, on est accueillis par  4 lucioles! Les voyez-vous sur l'images? Un vrais spectacle lumineux avec des lucioles semblant scintiller.

Multiples scintillements de lucioles

Cascade Puelazo éclairée au clair de lune

On ne restera pas bien longtemps au pied de cette cascade et retournons dormir à peine quelques heures avant le départ pour le trek. Le lendemain matin, la connaissance de notre hôte klaxonne frénétiquement pour nous communiquer son impatience. On  monte à bord de son auto pas forcément adaptée pour une route de montagnes. Lisa entame une discussion avec le conducteur pendant que l'on prend de l'altitude. Il nous faudra bien 2h pour rejoindre le début de la randonnée. Avec la garde au sol du véhicule, ce n'était pas gagné d'avance que l'on y arrive...

Commence notre ascension vers le sommet de l'Altar. Pas évident de trouver son chemin dans les pâturages. Vers 3800m, on entre dans la dernière forêt. Assez fou qu'il y ait encore des arbres à cette altitude, comme au Népal, tout semble étiré en comparaison aux Alpes. La limite de la foret passe de 1800m à 3800m et les sommets atteignent les 6000m contre 4000m pour les alpes.

Foret à 3800m

Le soleil nous ouvre la voie, il apparaît sur l'arête du col ou nous devons nous rendre. Le soleil illumine les fougères donnant une ambiance enchanteresse à ce petit bois. Le chemin est encore long, il faut nous reprendre le sentier. Impossible de ne pas se retourner pendant l'ascension. Le majestueux Chimborazo se détache au fond de la vallée. Fun fact, la terre n'est pas une sphère parfaite. De par la rotation de la terre et l'effet de centrifuge, la terre est un peu aplatie au niveau des pôles. De ce fait, le Chimborazo culminant à 6'263m au dessus du niveau de la mer est le sommet le plus haut du monde. Si l'on mesure depuis le centre de la terre, le Chimbo mesure 6'384km de haut soit 18,8km plus haut que l'Everst! Evidement, si le référentiel est le niveau de la mer, le Mont Everest est la plus haute montagne du monde avec ses 8'849m.On distingue aussi la petite forêt précédemment traversée au fond de la vallée. Le soleil commence à taper, il faut mettre de la crême solair! L'espace d'un instant, on a la chance d'apercevoir un condor des Andes! Le plus grand oiseau terrestre au monde avec quasiment 3m50 d'envergure. Malheureusement, on en verra qu'une fois de très très loin. On continue notre ascension jusqu'au col. Sur la montée bien raide, on entend un grand fracas! On se demande ce que ça peut bien être car le grondement est vraiment très sourd. On pense à un orage lointain dont seul les basses fréquences nous atteignent ou a un éboulement de terrain. On a beau regarder, rien ne bouge, bizarre... Une fois au col, de belles rafales de vent nous attendent. On cherche un endroit sympathique pour poser la tente afin de passer la nuit. Comme la logique le voudrait, on cherche un spot bien plat et protégé du vent pour passer la meilleure nuit possible malgré le fait que l'on soit à plus de 4200m d'altitude. Je rigole, bien sûr que non! On cherche un spot esthétique avec une super vue pour poser la tente :) La vue est pas mal bouchée avec des nuages bas venant de la forêt amazonienne. Normalement, les nuages se dissipent pendant la nuit. On verra bien... Une fois le joli spot trouvé au abord d'une petite falaise. On installe la tente avant qu'un drôle de papillon vient nous rendre visite. Un colibri! à plus de 4200m d'altitude! Incroyable! Il vient butiner une petite fleure orangée. La nuit tombée on se couche pour passer reprendre des forces. Malheureusement, avec l'altitude tout ne se passe pas très bien. On a de la peine à trouver le sommeil avec un beau mal de crâne partagé. Au loin, les grondements sourds continuent ce qui n'aide pas non plus à trouver le sommeil. Plutôt que de tourner en rond sur le matelas gonflable, je vais prendre l'air. D'ailleur, peux être que le ciel est maintenant dégagé? Quel claque! En sortant, une petite lueur rouge attire le regards au loin. Le grondement ne vient pas d'un orage mais d'un volcan! C'est la première fois que je vois ce phénomène naturel. Ça explique cette vibration venant des tripes de la terre que l'on a entendue lors de l'ascension. Un volcan en éruption, je n'en reviens pas! C'est le volcan Sangay dont le sommet à 5286m est en feu! Les surprises ne s'arrêtent pas là. En plissant les yeux, je remarque un léger flou blanc à droite de la voie lactée. Je crois bien que c'est le petit nuage de magellan que l'on ne voit que depuis l'hémisphère sud! Incroyable! Je me dépêche de mettre le tout en boîte, sur l'écran de l'appareil photo, j'apprécie tous les détails que mes yeux n'arrivent pas à percevoir. Lisa me rejoint pour apprécier le spectacle! Magique ce ciel étoilé qui change tellement de la voûte céleste du nord! N'arrivant pas à trouver le sommeil, on décide de se faire une petite infusion "bonne nuit" avec le réchaud à gaz.

Et ce n'est pas tout! Il y a aussi les lumières zodiacales sur l'horizon! C'est le soleil qui éclaire des poussières et comètes à l'intérieur de notre système solaire. Étant à l'équateur, on voit particulièrement bien les débris sur le même plan d'écliptique. Je profite pour faire un panorama mettant en évidence toutes ces spécificités astronomiques. Sur la toute gauche, on voit notre montagne, notre objectif, l'Altar!

Volcan El Altar - Lumière zodiacal - Sangay - voie lactée - nuage magellan - notre tente

Finalement, je programme l'appareil photo en time laps pour déclencher à intervalle régulier me permet de rejoindre Lisa dans les bras de Morphée. Une chose est certaine, avec cette escapade photographique nocturne et le mal d'altitude, ce n'est pas la nuit la plus reposante que l'on a eue. Au petit matin, la première  lueur du jour efface les étoiles et apporte une ambiance toute particulière sur le camp. De belles couleurs orangées découpant les montagnes et volcans alentour tell un dessin en ombre chinoises, on se croirait dans un tableau! Le volcan est actif par intermittence et le décalage entre le son et le jet de cendre ardent est de plus d'une minute!

Difficile de trouver des mots pour décrire ce panorama digne d'un roman de fantaisie!

Panorama depuis le col à 4300m. De gauche à droite: Volcan El Altar (5'319m), cascade du laguna Negra, Laguna Estrellada, Volcan Sangay (5'286m), Laguna Plateada

Les cendres expulsées par le Sangay rand la scène surréaliste. On se croirait aux premiers jours de la formation de la terre lorsque celle-ci était couverte de volcan. Un moment hors du temps, un moment privilégié avec Lisa dans une nature pur et intacte ou les volcans obscurcissent le ciel de leur cendre et la foret amazonienne recouvre les plaines de nuages.

Ambiance au volcan Sangay (5'286m) avec de nombreux plans de vallées

Les petites fleures se sont déjà ouverte pour profiter du soleil et la pollinisation par le colibri.

Le temps de boire un thé, on démonte le camp de base à 4300m et nous mettons en route pour la suite de l'ascension. C'est accompagné de belles rafales de vent sur les crêtes et de pas mal de brouillard nous privant de la vue sur les cimes que nous progressons.

le brouillard est très présent rendant le sommet de l'Altar (5'319m) fantomatique

Les prévisions météorologiques pour les jours précédents et suivant son très similaire. Découvert le matin puis rapidement bouché en début d'après midi. Le climat local est dicté par la proximité de la foret amazonienne. L'air très humide de par l'évaporation de la canopée de la foret se condense rapidement dans l'après-midi lorsque l'air est forcé de se refroidir en grimpant contre la chaîne des Andes. Le taux d'humidité dépasse les 100% forçant l'eau contenue dans l'air à se condenser formant un épais brouillard. Lors de notre progression sur l'arrête, avec le soleil bas sur l'horizon et ce fameux brouillard, un beau cercle de broken se forme. Ce phénomène est toujours intrigant car comme chacun le sait, la position de l'arc en ciel dépend de la personne qui le regard. Il n'est pas possible d'atteindre le pied de l'arc en ciel car celui-ci recule d'autant que l'on s'en approche. L'angle formé entre notre oeil, le ciel et l'arc en ciel est toujours de 40° Ici, le ciel étant rasant sur l'horizon et le brouillard très proche, il est possible d'observer le phénomène dans sa quasi intégralité. L'arc-en-ciel forme un cercle complet avec notre ombre en son centre et nous suit, nous col durant notre montée. Impossible de s'en défaire! La montée est rude avec notre sac surchargé. On monte pas à pas, un pied après l'autre. On surprend encore quelques colibris ballotté par les rafales de vent. Plus on progresse et plus les conditions se gatent. On hésite à mainte reprise de s'arrêter pour installer notre camp mais on se motive mutuellement pour rejoindre le camp "officiel" au pied de l'arrête technique du volcan El Altar. Sur la fin, nous sommes forcés de baisser notre tête face au sol car des petits grésillons nous fouettent le visage.

On entend aussi des petits gloussements trahissant la présence d'un petit groupe de lagopède local. Ils se mettent rapidement à courir dans les parois rocheuses! Incroyable de voir des animaux vivre dans ces hauteurs avec ces conditions à plus de 4500m.Attagis de Gay au milieu de flocons à 4550m d'altitude

Un caracara passe aussi au loin sur fond de brouillard Quel est pas notre étonnement de découvrir 4 tentes déjà installées au pied du volcan! Lisa parlant couramment l'espagnol entame la discussion avec les Andinistes. Ce sont en faite 3 groupes qui avaient réalisé le sommet de l'Altar culminant à 5'319m le matin d'avant, tous avec succès. Ils sont à présent en plein rangement du campement. Super, on va pouvoir prendre leur emplacement de tente, protégé du vent par des petits murs en pierre. //photo tentes? Après une légère hésitation, Lisa s'approche d'un des guides pour lui demander un matelas de sol en rab. Le sien étant resté bien sagement dans un Uber de Quito. Super! Il lui en prêt un que l'on randra une fois de retour à la capitale. On restera d'ailleurs en contact par la suite. Vous pouvez retrouver son profil Instagram ici Avant leur départ, ils nous laissent tout leur surplus de nourriture. On recoit de leur part à manger pour une semaine et plusieurs bidons d'eau à faire bouillir. La solidarité et la générosité sont à leurs combles. Nous sommes ravis. Après, tout ne semble pas super frais, on fera disparaître quelques cuisses de poulet au plus grand plaisir du chien qui vient d'arriver. En plus du chien, 6 chevaux à vide sont arrivés accompagnés de 2 locaux de la communauté de la vallée d'en bas. Ils sont utilisé pour transporter les charges lourdes. Ils ne perdent pas de temps, ils commencent directement à charger les canassons pour la descente. Alors que ceux-ci grignotes les rares touffes de lichen poussant dans les anfractuosités de la roche. Nous saluons les andinistes, qui nous laissent seul au monde perché à 4600m d'altitude. On profite pour cuisiner un bon petit repas avec les ingrédients qu'ils nous on laissé. Ce sera purée de pomme de terre avec du lait en poudre et du jambon. Miam! Une fois rassasié, une petite sieste s'impose pour récupérer de cette montée éprouvante. Après avoir repris des forces, on se remet en route pour explorer les environs. Dans un premier temps, on continue la trace que prennent les Andiniste pour l'ascention du volcan. On monte jusqu'au pied du glacier à 4700m d'altitude environs. N'étant pas équipé pour aller sur glacier et vu qu'il nous reste pas mal de temps avant la tombée de la nuit, on décide de descendre a la laguna negra (lac en fond dans l'image). Le temps se gâte un peu avec l'arrivée de quelques vagues de brouillard viennent compliquer un peu la descente dans ce terrain un peu scabreux. De quoi aiguiser nos sens de lecture du terrain pour éviter de se coincer dans ces pierriers et falaises. La vue est splendide avec ces fleures, ses méandres et marécages vert pétant ainsi qu'évidement la cascade et l'Altar. Après 400m de descente dans du pierrier péteux, on observe le lac négras pris dans le brouillard lui donnant une atmosphère toute particulière. Un joli jeu de lumière sur la cascade descendant de l'Altar et plongeant dans la Laguna negra, la cascade semble sortir de nul part Les derniers rayons de soleil font bien ressortir les touffes d'herbe. Arrivé juste a temps au bord du lac pour capturer la barrière de brouillard et la réflexion de l'El Altar dans la laguna Negra. Un paysage surréaliste, on dirait un tableau! Je ne suis d'ailleurs pas le seul au bord du lac, il y a aussi quelques campeurs qui ont installé des tentes. Malheureusement, le coucher de soleil ne vint jamais. Avec les nuages bas, le soleil est caché sur l'horizon. La nuit tombe vite, il faut se dépêcher de remonter à notre tente qui nous attend 500m plus haut. Le retour au camp de base ne se fait pas sans peine. Le chemin repéré pour le retour s'avère long et un peu trop risqué de nuit. C'est à l'aide du GPS et à la lumière de nos frontales que l'on retombe sur nos pattes en rejoignant un autre chemin 150m plus bas. Ce sentier est bien marqué et nous permet de rejoindre l'arrête principal pour remonter au camp. On y arrive bien lessivé alors que la nuit est maintenant bien installée. C'est fou comme la nuit tombe vite à l'équateur. 18h précise passé, la course du soleil est perpendiculairement à l'horizon et l'obscurité s'installe en moins d'un quart d'heure. Une nuit de tous les records, dormir à plus de 4600m d'altitude! Contrairement à la nuit à 4300m, cette fois si, on se sentait vraiment bien. On passera les deux une très bonne nuit! Comme quoi! On regrette déjà que ce soit la dernière dans ces hauteurs... Cette nuit fut pour moi, l'un des plus beau paysage nocturne qu'il m'ai eu de voir! Entre le volcan El Altar coiffé par la grande ourse, les lumières zodiacales au-dessus de la chute d'eau du lago negra, le volcan Sangay en éruption sous la voie lactée, le nuage de Magellan au-dessus du petit pic rocheux ou notre bivouac est installé. Le volcan Sangay haut de ses 5286m (maintenant peut être un peu plus?) en éruption. Un spectacle lumineux toujours aussi magique! Le volcan Chimborazo 6263m est le premier à recevoir la lumière. Le reste de la plaine est sous la mer de brouillard Les couleurs chaudes rosée pastelle viennent chasser les couleurs bleues, froides de la nuit Le jour est maintenant levé. Il est temps de rejoindre Lisa au camp de base qui déguste son petit café laissé par nos collègues Andiniste de la veille. On se réchauffe à la lueur des premiers rayons de soleil après cette nuit qui aura recouvert la tente de givre. Après ce magnifique lever, nous plions le camp et entreprenons la descente dans la plaine. Les sacs sont bien lourds, plusieurs arrêts sont nécessaires pour soulager nos omoplates. Les pieds souffrent aussi de ces plus de 1000m de descente. Sur notre trajet, nous croisons un caracara caronculé qui se laisse quelque peu approcher On croise aussi d'autre oiseau comme le moking bird.  Pour la petite anecdote, Charles Darwin a remarqué que des groupes isolés de moking bird avaient des caractères distincts selon les régions observées. Ces sous espèces du moking bird géographiquement isolé l'on permit d'ajouter une pièce au puzzle de la théorie de l'évolution. Chaque espèce est sélectionnée avec le temps sous pression de l'habitat et, peu à peu, créer une nouvelle espèce apparentiaire. Sur la descente, nous faisons la connaissance des campeurs de la Laguna Negra. Super sympa, nous commençons a taper la discution pour se renseigner sur les bus pouvant nous reconduire en plaine. On apprent qu'il n'y a aucun transport en commun reliant la plaine. Oups! Ici, chacun s'organise avec des locaux. Arrivés aux premières habitations, nous retrouvons les campeurs qui sont justement avec un local de la communauté, Flavio. Il leur prépare un excellent repas avec des truites péchées dans le ruisseaux un peu plus haut. Nous voyant passer, un peu perdu, il nous convie tout naturellement à prendre le dîner avec le reste du groupe et boire un jus fait maison. On se sent un peu gené mais on accept l'invitation. Quelques heures plus tôt, à l'aide de la carte et de l'application Peak Finder qui permet de connaître le relief environnent, on avait trouvé un spot intéressant pour camper cette nuit. Pour cela, il nous faut être véhiculés en aval de la vallée. Pour négocier un transport, on explique notre plan à Flavio. D'après lui, il connaît le spot et il peut même nous y amener! Trop bien! Un petit détail cependant, il nous amenera en moto. Encore plus génial se dit Lisa, sourire aux lèvres, lorsqu'elle me traduit la proposition de Flavio. En vrais, j'ai pas vraiment le choix que d'approuver ce plan. Flavio et sa cousine nous prennent chacun sur une moto après que tout le monde de leur groupe soit parti (environ 2h plus tard). On se met derrière nos guides motard sans casques évidement et avec nos sacs immenses. C'est très crispé que je parcours les prochaines quinzaines de minutes de route pas très carrossable à l'arrière de la moto cross. Puis, nous arrivons enfin... roulement de tambour... a un champ! Oui, un champ! un champ perdu au milieu de la campagne Equatorienne. C'est le champ du papa à Flavio. C'est aussi apparemment, selon ses dires, le camping du coin quand il faut dépanner. Ce n'est pas vraiment le spot auquel je pensais mais bon, soit, c'est tout en système D ici :) Nous avons d'ailleurs la vue sur les volcans comme promis s'il n'y avait pas une tonne de nuages. Flavio repart avec sa cousine qui doit retourner en ville à Riobamba pour étudier la médecine. On se met d'accord pour une heure de rendez-vous le lendemain matin pour rejoindre la gare routière. En attendant la nuit on pars "beuiller la vue" ("observer les environs" en jurassien). Le temps se gate durant la nuit, les photos nocturnes sont compromises. Le champs pleins de graminées n'aident pas non plus à trouver le sommeille avec tous mes éternuements. Au petit matin, le brouillard continue de masquer les cracheurs de feu. Des chevaux se découpent dans la mer de brouillard. En me déplaçant un peu, ils s'alignent avec le majestueux Chimborazo. On doit malheureusement redescendre, nous sommes le 31 décembre. Les parents de Lisa sont arrivés et l'on doit les rejoindre au Cotopaxi pour la fête de nouvel an (oui, ces images ont plus d'1an, écrire les notes de voyage prend beaucoup de temps) L'atmosphère en ville, à Riobamba est électrique et festive. Sur la route, nous découvrons la tradition du nouvel an Equatoriens. Ils tendent d'énorme corde pour barrer la route des voitures. Puis, des jeunes déguisés dansent au milieu de la route et viennent nous réclamer des petits sous ou des bonbons. A Riobamba, nous passons au marché local pour casser la croûte. L'atmosphère y est 100% typique et Lisa tenait à ce que je puisse découvrir ca! A peine entré dans le marché, les femmes qui tiennent les stands nous crient qu'elles ont les meilleurs repas du marché alors que tout le monde sert la même chose. Chaque jour, quelque chose de différent est servi par exemple aujourd'hui, pleins de cochons sont tués et les tenanciers de stand achète les morceaux et les préparent. Du coup, les 15stands vendent le même cochon préparé chacun à leur sauce :) L'ambiance est incroyable, un vrai capharnaüm! Il faut faut vite s'asseoir pour qu'on nous laisse tranquille. Une fois la pense remplie à raz bord, nous prenons le bus en direction du Cotopaxi. Ne sachant pas trop à quel moment sortir du bus pour rejoindre le Cotopaxi, un prétendu guide de montagne dans le bus se présente à nous. Il fait arrêter le bus au milieu d'une route principale et nous organise un taxi. Tous se passe étonnamment comme sur des roulettes et nous rejoignons la famille de Lisa qui nous attend au lodge pour passer le cap de nouvel an tous ensemble. Par cette première journée de l'an, nous irons explorer le plateau andin à 4000m pour observer sa faune et sa flore. Nous y découvrirons une quantité d'oiseaux impressionnante au vue de l'altitude. Pleins d'oiseaux typique des andes dont certains ont une ressemblance certaines avec ceux que l'on peut trouver sous nos latitudes

Vanneau des Andes dans son environement

Vanneau des Andes

Lisa sur le haut plateau revêtue de son poncho

Aplospize Gris-de-Plomb dont certain individu ont une teinte tirant sur le bleu

Gaucho à bec noir

Ho, un merle noir! A non, il est bien plus grand et bizarre avec ses pattes et bec presque rouge/orange. Ici, le merle est à l'échelle du paysage andin, géant!

merle géant avec une proie

Au abord du sentier, on croise une sorte de buse qui semble tout juste sortie du lit. Elle parait encore toute ébouriffée. Pas craintive pour un sou, on a droit a une séance de yoga et d'étirement. Il s'agit en fait d'une espèce que l'on a déjà croisée, le caracara de montagne mais juvénile. Sa tête tout ébouriffée est du à des restes de plumage de poussin! Après la séance de dégourdissage, il prend son envol. Quelques mètres plus loin, on croise cette fois-ci un caracara des montagnes adulte. Peut être un de ses parents?  Il tourne autour des touffes d'herbe et gratte le sol frénétiquement de ses pattes pour trouver des proies qui s'y serait réfugié. Tiens deux poulettes qui se mettent à courir devant nous! Elle ne semble pas tellement vouloir s'envoler mais reste tout de même très craintive en prenant leur jambe à leur coup. Pour éviter de trop les déranger, on change un peu de cap pour éviter de marche dans le territoire de ce couple de colombe à ailles noirs. Le temps commence à se gâter, la météo tourne et devient humide. Il commence à tomber de grosses gouttes et nous ne sommes pas vraiment équipés pour la pluie. On décide de retourner dans notre gîte. Pour aller plus court, pourquoi ne pas couper le fromage en passant par dessus une petite colline? Très mauvais idée... La colline est recouverte de hautes herbes et de buissons. Avec la pluie, ils sont chargés de gouttelette d'eau est après 5 minutes, nous sommes totalement trempés. En plus, les buissons deviennent de plus en plus hauts et denses, la progression est vraiment difficile. Notre petit raccourcis se transforme peut à peu en cauchemars mais, mais! "Lionel, vient voir" me crie Lisa. Je m'approche et voila qu'une petite boule vert fait un bond. Hoooo, trop bien, une grenouille, j'en suis fan. Le temps parfait pour cette petite grenouille arboricole des Andes (Gastrotheca riobambae) qui se faufille entre les hautes herbes. Son motif sur le dos est juste magnifique avec ces taches vert sombre entouré d'un liseré doré sur fond de peau vert clair! Après quelques bonds, elle se met à grimper dans les herbes. Elle est bien arboricole, elle se sent totalement à l'aise dans la verticalité. Nous arriverons complètement trempé mais content de toute cette faune découverte! Les hauts plateaux, malgré leur altitude supérieure à 4000m ont une faune extrêmement riche. Dommage que l'on y soit que quelques jours, nous n'aurons pas l'occasion de tout découvrir. Les festivités du nouvel an maintenant passé, la famille de Lisa retourne sur Quito pour se préparer à la suite du voyage, les Galapagos! Ils restent encore quelques jours avant de découvrir cet archipel. De quoi profiter encore un peu de ces magnifiques paysage montagnard. On décide de se rendre de l'autre coté du parc un peu plus sauvage et préservé pour y passer une dernière nuit en bivouac. Le maître des lieux, le volcan Cotopaxi culminant à 5897m, se montre toujours timide. Avec sa proéminence de 2400 mètres au dessus du plateau, il attire tous les nuages. Il n'est que rarement visible. Malgré mes réveils réguliers sonnant chaque heure de la nuit, il ne c'est que peu montré. Très pudique, c'est vers 2h du matin que le volcan c'est le plus dénudé sans laisser entrevoir sa cime.

Reflexion du Cotopaxi au bord du lac

Après cette nuit avec un sommeil intermittent, il nous reste le temps pour une dernière balade matinale avant de devoir rejoindre les autres à la capitale. On a la chance de croiser un cervidé ressemblant à une chevrette que l'on appelera cerf "andin" sur le moment. Après recherche, il sagit du cerf de Virginie. Cette femelle n'est pas trop craintive et se camouffle parfaitement dans ces hautes herbes du plateau du Cotopaxi. Cette biche de Virginie est un peu intriguée par notre présence. Elle déplace ses oreilles pour déterminer d'où vient le bruit qu'elle entend. Dans l'image, on distingue bien le paysage typique du haut plateau des Andes en arrière plan La biche décide de continuer son chemin en passant entre Lisa et moi. Les hautes herbes sont aussi grandes qu'elle ou c'est plutôt que la biche n'est pas si grande? On restera quelques dizaines de minutes en sa compagnie. De quoi découvrir tout son toilettage allant des jambes au dos jusqu'au popotin. Quel contraste de couleurs entre ces couleurs automnales d'herbes brûlées des haut-plateaux et la neige fraîchement tombée sur le flanc du volcan Cotopaxi. Quelques centaines de mètre plus loin, on fait la rencontre de Monsieur. Bien plus craintif, il fait le coquet avec son plumeau blanc. Il s'éloigne rapidement à petit trot. Il est appelé White-tailed deer en anglais ce qui fait beaucoup plus sens que cerf de Virginie. Je vote pour que l'on rebatise ce cerf en "cerf à plumeau blanc" Lisa observant un Lionel sauvage en train de tenter une approche sur un cerf à plummeau blanc :) Un petit éclair nous coupe la route, une petite bombe de plume. C'est le retour de notre petit colibri. Moins coloré et tape à l'œil que ceux que l'on a pu voir venir se nourrir dans les abreuvoirs sucrés au gîte. Son plumage est tout de même très fin et subtilement coloré avec de magnifique reflet bleu et vert. Il s'agit d'un métallure de Stanley femelle que l'on a croisé à 4100m d'altitude. Il nous faudra malheureusement redescendre vers la civilisation. On retrouve notre chauffeur qui nous a amenés au point de rendez-vous convenu avec quelques heures de retard comme il est de coutume en Equateur. Sur la descente, le Cotopaxi semble se découvrir. Évidement, c'est toujours quand on part que les conditions sont les plus intéressante. Au loin, à coté d'une cabane, on croise un local avec quelques chevaux. Juste le temps de sortir l'appareil pour mettre en boite la hutte et les vêtements traditionnel du local. Je ne pouvais pas trop passer à côté de cette photo assez typique qui clôture ce chapitre sur les Andes. Une magnifique chaîne de volcan avec un univers totalement différent de la forêt Amazonienne, dur à croire que l'on est dans le même pays! Le contraste sera d'autant plus fort avec la suite du voyage avec l'archipel de Galapagos. Un pays magnifique, diversifié en paysage et en nature avec des autochtones authentique avec le cœur sur la main!
Détails

Trois facettes d’Equateur: Chapitre 1 Amazonie

Pourtant attirés par les régions polaires, les aléas de la vie m’ont fait atterrir vers des latitudes frôlant les 0°. Cela fera maintenant un peu plus d'1 an que nos chemins de vie avec Lisa s'entremêlent. Que nous partageons des moments de vie inoubliables avec notre passion commune pour la nature. Par le passé, Lisa a beaucoup voyagé avec son sac à dos en Amérique du Sud en travaillant par périodes pour des organisations environnementales locales. L'un de ses pays coup de cœur est l'Equateur où par ailleurs une partie de sa famille réside. En cette fin d'année 2022, la sœur de Lisa, Marie, et son copain Djego sont partis traverser l'Amérique du Sud. Une occasion rêvée pour Lisa et le reste de sa famille de profiter de ce projet pour tous se retrouver en Equateur pour passer les fêtes de fin d'année. Les départs des uns et des autres n’ont pas été très coordonnés mais j’en ai aussi profité pour rejoindre la fine équipe pour un mois. Le programme fut bien chargé avec un découpage en 3 parties bien distinctes pour tenter d'avoir un aperçu de l'incroyable diversité du pays. On a navigué entre la forêt tropicale, la région volcanique des Andes et les îles des Galapagos. Pour rendre la lecture de l'article plus digeste, je vais le séparer en 3 parties et commencer directement par l'Amazonie. Nous voici donc en forêt Amazonienne au Sud-Est de l’Equateur, pour la rejoindre il nous a fallu prendre le transport public favori d'Amérique du Sud: les bus. J'avais pas mal d'appréhension car les voyages en bus peuvent être très rocambolesques. Cette fois ci, la chance a été avec nous, le trajet, s'est déroulé sans trop d'accrocs. Plus de 10 heures de bus pour rejoindre le parc national de Cuyabeno. Sur le trajet on découvre ce qui fait la majorité de l'économie du pays, des forages de pétrole et le raffinement de celui-ci en bordure de la forêt tropicale. Des cheminées avec d'immenses flammes dépassent et forment un contraste brutal avec le vert de la forêt luxuriante. À l’intérieur du bus, le changement de climat se fait clairement sentir. Parti de nuit de Quito à 2850m, nous voilà au petit matin en Amazonie à 240m d'altitude, 29°C et 100% d'humidité. Malgré l'atmosphère pesante, presque suffocante, il faut rester couvert. Dans cette région, les moustiques sont porteurs de la fièvre jaune et du paludisme (malaria). Malgré les vaccins et les médicaments préventifs il vaut mieux éviter toute piqûre pouvant compromettre l'entièreté du voyage. Nous voilà moite voire transpirant de la tête aux pieds sans effectuer d’effort significatif. Il faudra nous y habituer car ce sera ainsi pour le reste de la semaine. L'inconfort cède très rapidement la place à l'émerveillement. La biodiversité est folle, de toute part des oiseaux colorés et des papillons énormes qui virevoltent.

Détails d'écailles constituant l'aile d'un Chinois vert (Urania Leilus)

Les déplacements dans la réserve se font en petite pirogue sur le Rio Cuyabeno.

Pirogue en attente au croisement du fleuve avec la dernière route

L'équipe au complet dans la Pirogue: Lionel, Marie, Diego et Lisa

Ici impossible de faire une liste exhaustive de toutes les observations tellement la nature est riche. Les plus marquantes en images : 

Un groupe de squirrell monkeys (Saïmiri du Casiquiare) se nourrissant dans les arbres aux bordures de la rivière 

Une buse échasse perchée scrutant les environs

Aras blue au sommet de son palmier

En période sèche, le seul point d’eau facilement accessible est la rivière. Celle-ci concentre une très grande variété d’animaux dont des mammifères tels que des guépards ou même des ours. Lors de notre passage, nous sortons de la période humide, les forêts ne sont plus totalement inondées mais l’eau est omniprésente. Nous avons peu de chance d’apercevoir de grands mammifères qui sont particulièrement craintifs face à la présence humaine. Cependant, nous avons pu voir un reptile se désaltérer aux abords de la rivière ! 

Tégu commun s'abreuvant dans le Rio Cuyabeno

Un diptère profite du transport sur le museau du tégu commun

Sous ces latiudes proches de l’Equateur, il n’y a pas vraiment de saisons. L’ensoleillement est identique toute l’année, les arbres donnent des fruits toute l’année durant et les insectes (base de la chaîne alimentaire) sont en nombre toute l’année. Ainsi, il n’y a pas vraiment de période plus propice à l’élevage des jeunes. Selon l’espèce, certains naîtront plutôt pendant la période humide ou sèche. Au-dessus de la rivière, nous avons par exemple pu apercevoir un poussin d’onoré rayé. Sa mère, un peu inquiète de notre présence, a tenté de se camoufler dans l’environnement en tendant son cou et le bec. Ainsi, avec la ligne blanche de son cou, elle se confond avec une branche ou un roseau. 

Onoré rayé avec son poussin

Onoré rayé tendant son cou pour se confondre avec une branche

 

Aux abords de la rivière, plusieurs espèces de singes se balancent de branche en branche. Certains sont définitivement plus lents. Contrairement aux surexcité Squirell monkeys du début, le saki monkey (pithecia milleri) a un tempérament bien plus lent. Il a toujours l’air un peu triste et passe son temps à manger ces fruits qu’il adore particulièrement. Ce n’est d’ailleurs pas le seul à se délecter de ces fruits, les aras en raffolent aussi ! 

Saki monkey (pithecia milleri) se nourrissent de fruit de palmier

Les singes, un peu maladroits, laissent parfois tomber des fruits directement dans la rivière. Le fruit dérivant ainsi colonise une autre parcelle de forêt en aval de la rivière si les conditions le permettent. 

Fruit de palmier tombant dans le Rio Cuyabeno

Les oiseaux se nourrissant dans l’eau doivent faire particulièrement attention à leur plumage. Si les plumes prennent l’eau, ils risquent la mort par noyade ou hypothermie. C’est pour cela que l’on peut souvent voir des oiseaux d’eau se lisser les plumes imperméabilisant ainsi leurs plumages avec une sorte de graisse sécrétée vers leur croupion. D’autres espèces optent pour une stratégie différente et doivent sortir régulièrement de l’eau pour sécher leur plumage au soleil. C’est notamment le cas de la famille des cormorans que l’on peut souvent voir les ailes entre-ouvertes au soleil. Ici un « snake bird » (anhinga d’Amérique) en train de se sécher au soleil. Il est ainsi appelé par les locaux du fait de sa ressemblance avec un serpent lorsqu’il se déplace dans l’eau (« Anhinga » veut dire oiseau serpent en langue « tupi » du Brésil). 

Snake bird (anhinga d'Amérique) se séchant au soleil

Anhinga d'Amérique se séchant au soleil

gros plan sur un anhinga d'Amérique se séchant au soleil

les yeux plus grands que le ventre

le dimorphisme sexuel est bien marqué chez les anhinga d'Amérique. Ici une femelle qui n'est pas totalement noire comme le mâle

  Les cormorans ne sont pas les seuls à sécher au soleil. Presque chaque tronc d’arbre émergeant de la rivière est immédiatement pris d’assaut par une ou plusieurs tortues. Celle-ci se laisse tomber dans l’eau lorsqu’une menace survient. Elles se mettent ainsi très rapidement hors d’atteinte de toute prédation. 

Tortue de l'Amazone à taches jaune régulant sa température sur un tronc

Tortues de l'Amazone à taches jaune à plusieurs sur un tronc flottant

Probablement l’espèce d’oiseau la plus remarquable, le « stinky chiken ». On le retrouve un peu partout le long de la rivière. Il est grand et facilement reconnaissable à sa huppe caractéristique. Le hoazin huppé est appelé « stinky chicken » par les locaux car ses excréments sont particulièrement odorants. L’Hoazin se nourrit exclusivement de feuilles d’arbre très riches en cellulose. Comme les vaches, le hoazin huppé est le seul oiseau à ruminer. C’est d’ailleurs le seul animal ruminant qui n’est pas un mammifère! La première partie de son intestin (faisant 1/3 de son poids) dégrade la cellulose des feuilles par fermentation bactérienne. C’est cette fermentation qui émet une odeur nauséabonde donnant ce surnom de « stinky chicken » utilisé par les locaux. Ils disent d’ailleurs qu’il n’est pas bon à manger. 

Hoazin huppé avec sa huppe caractéristique. Ses yeux rouges contrastent beaucoup avec sa face bleue

Hoazin huppé se nourrisant de feuillage contenant beaucoup de cellulose. Sa digestion par fermentation bactérienne permet de mieux absorber les acides gras

Hoazin huppé s'approchant (maladroitement) de l'eau

Hoazin huppé s'abreuvant dans la rivière

Lagune

Coucher de soleil depuis la lagune, lac temporaire aux abords de la rivière

Aux abords de la rivière, des lacs plus ou moins grand s’y déversent. Ces lacs sont temporaires et peuvent complètement disparaître au pic de la sécheresse. Dans ces lacs à l’eau particulièrement sombres, de nombreuses feuilles et autres végétaux se décomposent. Ce procédé acidifie le PH de l’eau des lacs la rendant invivable pour certains animaux. Dans ces lacs, on ne trouvera que très peu de moustiques car les larves ne peuvent pas se développer dans ces eaux trop acides. Un poisson parasite connu pour, parait-il, s’introduire dans l’urètre humain ne survit pas dans ces eaux non plus (penis fish / candiru). Ces eaux sont peuplées d’espèces parasites de manière générale, si le lac est assez profond, il est possible d’y faire quelques brasses. Il faut tout de même faire attention, Lisa, a est vu le genou complètement transpercé de longues aiguilles. Il s’agissait d’un morrceau de tronc d’arbre avec de longues épines cachées sous les feuilles en décompositions. On a pu extraire les plus longues et grosses à la main mais il a fallu enlever les plus petites avec une pince a épiler une fois de retour au lodge. 

Lisa dans une pirogue dans la lagune

Une autre surprise lors d’une soirée de rafraîchissement dans les eaux de la lagune, j’ai cru apercevoir un caïman dans l’eau. Pour m’en assurer que ce n’en soit pas un, je suis sorti de l’eau et j’ai jeté un une branche  dans sa direction. Le caïman n’a pas bougé, j’en ai conclu que ça devait être un morceau de bois dérivant. Il commençait à faire nuit, pas évident de distinguer les formes par cette pénombre. Juste le temps de me retourner que voilà, le bout de bois en dérive n’était plus là. C’était effectivement un petit caïman blanc. Malgré le fait qu’ils soient principalement piscivores (ne se nourrissant que de poissons), nous n’avons pas tardé à quitter le sable en se jetant à l’eau et en nageant à toute vitesse pour rejoindre la pirogue. 

Jeune caïman blanc aux abords de la lagune

Coucher de soleil au laguna Grande

De jour en jour, on voit le niveau de la lagune baisser. Pendant la période humide, le niveau d’eau est tel que la forêt est totalement inondée. L’ensemble de la forêt est recouvert par environ 2 mètres d’eau. Les animaux marins comme les dauphins ou des poissons prédateurs comme les piranhas quittent le lit de la rivière pour aller chasser « dans la forêt » habituellement à sec. Une fois la période humide passée, les eaux se retirent de la forêt et se cantonnent à la rivière et les lagunes. C’est uniquement lors du pic de la période de sécheresse que les lagunes sont elles aussi totalement hors eaux. À ce moment, tous les animaux aquatiques sont forcés de vivre dans la rivière. Les grands mammifères doivent aussi s’y abreuver. C’est aussi le moment pour les arbres poussant dans la lagune d’essaimer et faire germer leur graine pendant que le sol est hors eau. 

Arbre poussant dans la lagune

Ces arbres sont d’ailleurs des biotopes à eux seuls. Une multitude d’animaux et de plantes y vivent. Ils sont totalement coupés du reste du monde hors période sèche car ils ne peuvent pas se déplacer dans les eaux trop acides. Des plantes  se sont spécialisées pour vivre en symbiose avec eux. Elles forment une sorte de coupole où l’eau de pluie peut rester. C’est dans ces petites flaques d’eau que les rares moustiques de la lagune vivent et se reproduisent. On peut aussi y trouver des œufs de grenouille arboricole. Cette faune vivant en symbiose et en autonomie dans ce microcosme est assez impressionnante. 

Plantes poussant et vivant en symbiose avec l'arbre de la lagune. Ces plantes servent de refuges pour insectes et batracien.

Le lieu de convergence des eaux de la lagune et de la rivière regroupe un grand nombre de poissons, c’est un lieu de chasse de prédilection pour le dauphin rose. On a eu la chance d’en observer bien qu’ils soient très craintifs. Malheureusement les pirogues naviguant sur la rivière sont motorisées et il arrive que leur hélice blesse des dauphins. Ils s’éloignent dès le moindre bruit de moteur. Pour les observer, il faut soit utiliser des barques non motorisées soit attendre leur arrivée avec les moteurs coupés. 

Dauphin rose (dauphin de l'Amazone) en chasse aux abords de la lagune

Les dauphins roses sont des dauphins d’eau douce. Contrairement aux dauphins que l’on peut trouver en mer, ils n’ont pas les cervicales soudées ce qui leur permet de tourner la tête. Cette rotation leur permet de mieux chasser les poissons dans des endroits plus confinés ou il faut pouvoir se mouvoir plus rapidement. Cela permet aussi de chasser entre les arbres lorsque l’eau inonde la forêt à la période humide. Par contre, leur nuque étant plus fragile que les dauphins de mer, ils ne peuvent pas sauter hors de l’eau comme leur cousins. 

Dauphin rose bombant le dos avant de plonger

Comme on le constate sur ces images, le dauphin rose ou dauphin de l’Amazone, n’est pas si rose que cela. Ici, ce sont des jeunes que nous avons pu voir. Seul certains adules peuvent avoir quelques taches rosées sur le corps. 

Dauphin rose remontant à la surface pour remplir ses poumons avant de repartir en chasse

La forêt amazonienne est très dense et s’y aventurer seul nécessite d’excellentes compétences d’orientation. Il y a aussi pléthore d’animaux mortels. Nous nous y sommes aventurés avec des guides locaux. Ceux-ci nous ont aussi transmis beaucoup d’informations très intéressantes sur la faune et la flore, que je tâcherai de vous retranscrire au mieux ici. Gabriella, notre guide pour la semaine, et qui travaille pour le Jamu lodge est une source de savoir intarissable sur la forêt amazonienne. Il y a tout de même quelques sentiers moins risqués faisant des boucles dans la forêt. Parfois, il faut faire un détour lorsqu’une araignée dorée a décidé de tisser sa toile au milieu du chemin. 

Golden spider (néphile à soie dorée) dans sa toile

La forêt amazonienne est luxuriante avec une palette infinie de verts 

graphisme avec une feuille

multiple tonalité de verts

Il faut vraiment avoir des yeux partout. Entre les oiseaux au sommet de la canopée et les araignées à hauteur d’homme, il ne faut pas oublier de regarder au niveau du sol. 

Une feuille pas si morte

Parmi les feuilles mortes, une feuille n’est pas si morte. Une grenouille s’y camoufle. La grenouille cornue (rinella ceratophrys) ressemble comme deux goûtes d’eau à une feuille mais si on se penche à sa hauteur, on retrouve les yeux globuleux de grenouille. 

Rinella ceratophrys se confondant parmi les feuilles mortes

Sur le chemin, un arbre attire particulièrement l’œil. Le tronc de l’arbre est d’une blancheur extrême, c’est ce qui lui vaut son nom « bone tree ». Dans ce type d’habitat, il n’est pas simple d’être un arbre. Entre les insectes voulant manger le tronc ou y pondre, les champignons voulant décomposer les fibres ou encore les autres arbres bloquant la lumière du soleil, les attaques sont multiples et la concurrence rude. Le bone tree mise sur une stratégie de défense particulièrement astucieuse. Plutôt que d’uniquement utiliser son écorce comme barrière de protection contre les agressions externes, le bone tree travaille en symbiose avec un champignon. Ce champignon recouvre toute la surface du tronc du jeune arbre et lui donne cette couleur blanche. L’arbre fait office de support pour le champignon et lui procure différents nutriments pendant que le champignon s’occupe de la protection de son hôte en tuant tous les parasites potentiels. 

Bone tree, arbre en symbiose avec un champignon le protégeant des agressions des parasites

Pour les peuples indigènes, les arbres ont une très forte signification et symbolique. Le Ceiba tree est l'un des plus impressionnant de la forêt amazonienne. Pouvant atteindre 60m, il dépasse largement de la canopée de la forêt. Son tronc a des nervures typiques impressionnantes qui permettent de lui donner une très bonne stabilité. Les locaux tapent sur ces nervures avec des branches pour émettre des signaux sonores sur de longue distance pour communiquer.

Ceiba percant la canopée

C'est aussi un être spirituel qui permet de rentrée en contact avec le monde des esprits. De se promener avec le différentes énergie de la forêt pour connaître le futur ou trouver des remèdes à des maladies. C'est généralement le chamane du village qui, assis au pied de l'arbre rentre en contact avec cet univers. Il utilise une boisson sacrée nommée ayawaska fabriquée à base de liane cuite des heures durant mélangé à d'autres feuilles. Pour en avoir testé, le breuvage n'est vraiment pas bon, très amer et d'une couleur très brunâtre. À dose élevée, elle produit des hallucinations permettant de voyager à travers les esprits de la forêt (et aussi des vomissements).

Ligne verte traversant le chemin

Attention! Parfois, en marchant sur les sentiers, il est possible de croiser une étrange ligne verte. Quesaquo? Une file indienne de fourmis portant des bouts de feuilles mortes découpées. Les femelles fourmis vont découper des feuilles d'un arbre à l'extérieur de la colonie pour ensuite les ramener à la fourmilière. L'ensemble du trajet et surveillé et protégé par des fourmis gardiennes bien plus massives.

Transport de feuille coupée par des fourmis

Les jeunes fourmis pour apprendre le métier font tout le trajet avec les plus expérimenté. Une fois la feuille découpée, les jeunes montent sur la feuille et se font parfois transporter sur le chemin du retour, un peu comme si elles prenaient le bus.

deux jeunes fourmis prenant le bus sur une feuille portée par une fourmi expérimentée

gros plan sur une des fourmis

Un individu sur le point de finaliser une découpe 

Transport de la feuille fraîchement découper en direction de la colonie

Une petite embrouille sur le chemin, le collègue veut-il aider ou veut-il ramener le butin à la colonie sans se fatiguer à découper?

Ceci n'est pas l'œuvre des fourmis mais d'un champignon qui attaque la feuille mais qui n'arrive pas à ronger les nervures

Une fois les fourmis trop vieilles pour faire le périple, elles restent dans la fourmilière pour découper plus finement les feuilles et en faire de la bouillie. Cette bouillie permet de cultiver des champignons qui serviront à nourrir toute la colonie. Pendant ce temps-là, les mâles restent dans la colonie et s'affairent à creuser des galeries. Aux abords du chemin, il est aussi possible d'observer d'étrange structure à base de terre.  La forme est assez particulière et fait rapidement travailler l'imagination.

Structure en terre protégeant une cigale en cours de transformation

Il s'agit en fait d'une entrée de galerie d'une espèce de cigale. Celle-ci une fois sa vie larvaire terminée finalise sa transformation à l'intérieur d'une tour en terre. Une fois devenue cigale, elle sort par le haut de la tour en détruisant la calotte. La forêt est pleine de secret. Une faune très atypique et une multitude d'anecdotes à découvrir pour les curieux. Sur le chemin du retour, des bruits particulier retiennent notre intension. Pour la guide, il n'y a pas de doute, des loutres géantes sont dans les parages! Le niveau d'excitation monte d'un cran dans le groupe, ce n'est pas tout les jours qu'il est possible d'apercevoir ces grandes loutres! On sort du sentier et l'on remonte un petit cours d'eau pour tenter de les entre apercevoir. La forêt et très dense et la progression lente. Les bruits de loutres s'éloignent malheureusement de plus en plus. On se résigne, les loutres ne seront pas pour cette fois. Nous revenons sur le chemin pour retourner à nos embarcations.

Lisa faisant une petite pause sur une des pirogues.

On embarque et l'on se met à l'eau pour retourner aux lodges. A peine quelques coups de pagaie plus tard, nous entendons à nouveau les cris des loutres! Toute la famille est là! Ils ont rejoint la rivière principale!

Famille de loutre géante

Quelle chance de pouvoir apercevoir les loutres. C'est une espèce menacée, il y a moins de 5000 individus dans le monde (en comparaison, il y a environ 100'000 dauphins rose (aussi classé menacé)). La loutre géante peut être assez agressive et l'on n’a pas trop envie de s'approcher lorsque l'on voit la taille de leurs dents. Une femelle peut faire jusqu’à 1m70 de long pour 45kg!

Loutre géante entre curiosité et intimidation

Sur le chemin du retour, nous croisons d'autres espèces typiques de la région.

Martin-pêcheur à ventre roux aux aguets

Caracara noir

Black vulture (Urubu noir)

La nature est toujours faite de surprise et d'inattendu. Au détour d'un méandre de la rivière, l'on aperçoit un grand oiseau blanc dans le feuillage d'un arbre surplombant la canopée au alentour et la rivière. Le rapace est vraiment imposant, perché dans un arbre à la démesure de sa taille. C'est l'une des plus grandes terreurs volantes de la forêt amazonienne, le plus grand représentant des aigles du monde, l'aigle harpie. Comme dans nos contrées, ces oiseaux ont été mystifiés par de nombreuse légende comme l'aigle royal ou le gypaète barbus. Les locaux disent qu'il peut emporter de jeunes enfants. Ces super prédateurs ont souvent mauvaise presse et la cause du malheur des uns et des autres leur sont très vite reprochés. Avec sa puissance musculaire, il peut soulever des proies de 7kg! Il patiente de longues heures aux aguets au sommet des arbres jusqu’à trouver sa proie qui se fera transpercer par ses serres impressionnantes de 6cm!

Aigle harpie aux aguets du haut de son perchoir surplombant la rivière à approximativement 40m de hauteur

  La tranquillité et la prestance de l'harpie féroce imposent le respect. Intriguée, elle lève ses aigrettes lui donnant un air royal avec cette couronne.

Regard perçant, serres disproportionnées et couronne plumée, tout impose le respect

Quelle chance que d'avoir pu croiser son regard de ce grand rapace forestier.   Le niveau de la rivière baisse à vue d'œil. De jour en jour, il devient de plus en plus difficile à naviguer car les troncs d'arbre submergé refont surface et créer des barrages parfois difficiles à passer. Nos guides de pirogues ont parfois du découper des branches ou déplacer des troncs pour rejoindre un des hameaux.

Les lianes pendant des arbres ne touchent plus la surface de la rivière avec l'abaissement des eaux

Pour certaines espèces, l'abaissement des eaux est une aubaine laissant apparaître plus de bancs de sédiments dragués par la rivière synonyme de nourriture. Pour d'autres, les plus petites rivières comme celle-ci devient trop étroite. Les dauphins ne vont pas tarder à migrer vers des rivières plus grandes comme l'amazone pour trouver refuge.

Héron Cocoi profitant de l'abaissement du niveau de la rivière pour chasser sur les bancs sabloneux

Héron Cocoi se reposant sur un arbre aux abords de la rivière

Les arbres auparavant les pieds dans l'eau se retrouvent au sec. C'est le moment pour eux de lâcher leurs graines pour qu'elles prennent racine avant l'arrivée de la saison des pluies. C'est aussi le moment pour tous les habitants de l'écosystème de l'arbre auparavant isolé de changer d'horizon. De partir à la rencontre de la faune d'un autre arbre pour trouver l'amour ou changer d'air. Attention car c'est aussi une période dangereuse car les petits pythons vont aussi profiter de cette aubaine pour venir se servir dans ce banquet maintenant accessible!

Géant de la mangrove les pieds au sec

Le lac se morcelle en pleins de petits étangs peu profond reliés par des méandres de rivière auparavant enfouis. Il faut vraiment bien réussir à lire le paysage pour ne pas se retrouver échoué avec notre barque. Il nous aura fallu nous mouiller les pieds plus d'une fois pour pousser la barque dans une zone plus profonde.

Echoué

Grande aigrette appréciant particulièrement les eaux peu profonde

Dans la forêt amazonienne, il n'y a pas 4 saisons comme dans les zones tempérées. La température varie peu au cours de l’année, seule la période des pluies vient annuellement modifier la hauteur d'eau dans la forêt. Tantôt totalement inondée et parfois avec des rivières presque à sec. Toute la faune et la flore locale sont parfaitement adaptées à cet environnement et malgré le peu de temps sur place, nous avons pu sentir ces changements. Migration, opportunité de chasses, adaptation de comportement en fonction du climat local un peu comme on peut le constater avec nos 4 saisons. Il est vraiment intéressant de faire le parallèle entre des régions du globe pourtant si éloignée. La variation d'ensoleillement et de température n'est pas si extrême ce qui ne créer par des cernes de croissance dans les arbres. Ici, l'humidité est tel que la plupart des arbres sont creux, le duramen, partie "morte" du tronc est absente. Avec une telle humidité, elle pourrit rapidement et l'extérieur de l'arbre assure la rigidité de celui-ci.  

De nuit, la faune timide de la forêt amazonienne se montre sous la lumière des lampes frontales. La diversité est étonnante. Un coup de lampe frontal au raz de l'eau fait apparaître de nombreuses billes dorées. Les yeux des caïmans reflètent la lumière et l'on peut compter un nombre impressionnant de ces prédateurs reptiliens pourtant timide de jour. En plus du caïman blanc, on peut aussi croiser le caïman noir réputer bien plus agressif.Caïeman noir en affût

Des animaux bien étranges font aussi leur apparition. On les dirait directement sorti d'un film de science-fiction. La Heterophrynus batesii est très surprenante voir dérangeante. Elle paraît disproportionnée avec ces immenses pattes et ces sortes d'avant-bras de crabe/mente religieuse.

Droit sorti d'un film de science-fiction, la Heterophrynus batesii sort de l'ombre à la lumière des frontales

Cette créature de la nature n'est ni de la famille des araignées ni des scorpions. Une sorte d'alien qui montre bien la biodiversité incroyable de la région. D'accord, la nuit avec ses caïmans, ses serpents et ses créatures étranges ne donne pas forcément envie de s'aventurer trop loin dans la pénombre. Pourtant, la nuit apporte aussi son lot de beauté et d'enchantement. Parfois, il est possible d'avoir un ciel presque dégagé de nuit permettant d'admirer le ciel nocturne de l'équateur. Venant du nord du globe, on est bien perdu en voyant la voie lactée "depuis dessous". Heureusement, la constellation d'Orion m'est familière.

Spectacle lumineux biologique, des lucioles virevoltent, leur bioluminescence se reflète dans la rivière

Assis sur le ponton en bois, aux abords de la rivière, avec Lisa on a la tête dans les étoiles. Puis, soudain, dans la pénombre de la forêt, un point jaune apparaît pendant une fraction de second. Bizarre, puis quelques instants plus tard, voilà qu'il réapparaît et il semble qu'ils se multiplient. Bientôt, c'est une dizaine de points lumineux jaune qui scintillent presque à l'unisson. La beauté de la nature se révèle, un show lumineux offert par des lucioles, rien de tel avant de rentrer dormir au lodge. Les lodges sont vraiment très beaux tout construit en bois et sur pilotis pour éviter d'être noyé pendant la saison des pluies. Pour des non habitués à l'humidité relative de plus de presque 100% en permanence, il n'est pas des plus agréables de trouver le sommeil lorsque tout est humide. Pour assurer un maximum de ventilation, il y a presque 1m d'espace entre les murs et le toit. Il n'est pas rare d'entendre ou d'entre apercevoir des chauves-souris voler au-dessus de nos têtes. En chassant à l'intérieur, elles nous débarrassent des insectes volants qui peuvent être assez invasifs. On n'oubliera pas non plus mes petits amis de l'ombre. À chaque fois que l'on revenait au lodge, on commençait notre petit jeu, cache-cache! Ils sont experts en la matière, parfois je les retrouve sous une chaussure, sous un paquet de mouchoir ou dans nos sacs. Mes amis les coucaratchacs sont experts aux jeux de cache-cache et c'est toujours un plaisir de les revoirs parfois seul mais généralement ils sont en groupe de 3-4 individus. Bon, apparemment, ça ne plaisait pas à tout le monde, certains perçaient des cris perçants lorsqu'ils tombaient nez à nez avec ces cafards :)

Petit thé suspendu dans le hamac au lodge

L'Amazonie est aussi une incroyable explosion de couleur. Les animaux sont de vrais arcs-en-ciel: Rouge

Paroare Rougecap avec cette calore rouge vive lui donnant un style certain!

Vert

Relativement commun, l'Amazone Aourou est très persécuté. Capturé pour être vendu comme animal de compagnie, chassé pour sa chair ou car il ravage les cultures fruitières des locaux.

Bleuté

Ani des Palétuviers ou grand ani a de superbe reflet bleu/vert/mauve, c'est un arc-en-ciel a lui tout seul. Sa boursouflure au niveau du bec est aussi très remarquable

Jaune

Cacique Cul-Jaune est remarquable par sa couleur jaune vive et son œil bleu mais aussi par son cri et ses nids tissés suspendus sous les branches des arbres.

Dans les oiseaux très colorés, on ne peut pas louper le toucan. Il est devenu très craintif à l'égard des humains car il est un trophée très convoité des braconniers. Mais malgré la distance, on ne peut qu’admirer ces couleurs et motifs sur leur proéminent bec!

Toucan à bec rouge (ou plutôt bleu) sur son arbre perché

Araçari à Oreillons roux, il ressemble vraiment à un toucan mais il n'en a pas, c'est un cousin.

notez la finesse des "flammes" dessinée sur le bec de l'araçari à Oreillons roux

Les oiseaux nous mettent pleins les mirettes de par leur couleur alors que d'autres nous font sourire par leur mimique. Une petite compilation d'image amusante de nos cousins grimpeurs d'arbre.

Décortiquant un fruit d'arbre

On mange la bouche fermée!

pris sur les faits!

Incorrigible!

Un tamarin à manteau noir utilisant sa queue pour se stabiliser

Vivant en petit groupe, ils communiquent à l'aide de cris stridents

Vivant en groupe, ils peuvent être très proches. Qu'ils sont chou!

L'immersion dans la forêt Amazonienne touche a sa fin. Quel dépaysement, quelle nature, quelle biodiversité! Une forêt extrêmement riche en tradition et en anecdote. Une nature incroyable qui est parfaitement adaptée a son environnement contrairement à nous qui sommes bien contents de quitter cette chaleur et humidité étouffantes. Une expérience incroyable et inoubliable qui restera pour toujours gravée dans nos mémoires. Un peu plus tard dans notre voyage, nous nous sommes à nouveau aventurés dans la forêt mais moins profondément. Nous y avons rencontré une nature différente mais tout aussi intrigante et surprenante. On entre dans la forêt accompagné par Ramon. Ramon est un local qui est sensible à la beauté de la forêt mais aussi à sa vulnérabilité. Dans la région, la forêt est rasée pour le bois puis des arbres à cacao sont plantés pour être exploité. Il a pour sa part racheté quelque  hectare de forêt pour éviter qu'elles ne disparaissent. En visitant son petit bout de paradis protégé par les exploitations, on a pu entendre le bruit des tronçonneuses aux alentours. Assez rapidement, en bordure du petit chemin qui mène vers sa maisonnette en cours de construction au beau milieu de sa forêt, un truc rouge bondit à nos pieds. Oui, c'est bien elle, une grenouille toxique!

oophaga sylatica grenouille toxique dans de la mousse en bordure du sentier

Une rencontre que je rêvais de faire. Croiser la route d'une grenouille toxique rouge ou bleue. Elles sont tellement photogéniques non? Mais attention de ne pas trop les approcher ni de les touchers! Leur peau est très toxique! En mangeant des fourmis, ces petits amphibiens arrivent à métaboliser une toxine. Elles doivent d'ailleurs faire attention de ne pas en sécréter trop car elles peuvent s'empoisonner eux-mêmes! Il y a beaucoup de variations de coloris chez cette espèce. Ici, la oophaga sylatica est rouge avec des pattes noires mais sa couleur peut varier du rouge au jaune tacheté! La toxicité de son mucus était utilisée pour empoisonner des flèches. Certains lèchent volontairement leur peau pour partir dans des hallucinations mais c'est très risqué. C'est aussi très risqué pour le batracien car des bactéries humaines peuvent être transmises par toucher et décimer des populations entières de grenouille!   Ce qui est amusant en se baladant avec des locaux, c'est qu'ils n'appellent pas les oiseaux par leur nom scientifique. Ils ont des petits noms pour les décrire. Par exemple ce surprenant oiseau avec une tête rouge bien pétante est passé à toute vitesse. Totalement surexcité, il voletait de branche en branche, il ne tenait pas en place. Malgré la faible luminosité et toutes les branches, j'ai réussi à tirer le portrait de "mon ami" comme il le surnomme.

Manakin à cuisses jaunes surnommé "mon ami" par notre guide local. 

Manakin à cuisses jaunes surexcité jouant à cache-cache derrière le feuillage dense de la foret

Parfois, ce sont des petites choses qui attirent mon œil. Ici, une petite plante parasite en fleure.   Les insectes sont assez impressionnants par leur taille et leur couleur. On se croirait dans un papillorama!

Papillon se camouflant avec la végétation en fermant ses ailes. S'il se sent agresser, il ouvrira d'un coup sec ses ailes effrayant le prédateur avec ses couleurs vives.

Papillon sirotant le nectar d'une fleur

La transparence des ailes est assez surprenante. On distingue bien les contours de la feuille au travers.

un agrion rouge métallique

Une araignée loup surveillant son territoire depuis un caillou émergeant du ruisseau

Un crabe d'eau douce dans le ruisseau

Un faux caméléon qui peut changer de couleur en fonction de son niveau de stress

ici, l'individu n'est pas stressé, il est encore vert mais il peut très rapidement tourner au brun/noir

De part sa ressemblance avec le fruit, notre guide local la surnome "l'araignée fraise"

Singe laineux avertissant ses congénères de notre présence

Pione à tête bleue

Toucan du choco jouant à cache-cache à travers les feuillages

Recto

verso

 

Nous avons aussi pu déguster une multitude de fruits de la forêt. Incroyablement savoureux et sucré, un vrai délice!Lisa dégustant un biriba

singe hurleur mâle solitaire avec qui nous avons passé une bonne heure

Mangrove L'un des plus beaux spectacles naturels que l'on puisse observer est les phytoplanctons bioluminescents. Un phénomène de défense du phytoplancton contre ses prédateurs. La lumière émise est d'un bleu électrique sublime. Pour simuler une attaque de prédateur, il suffit de remuer vigoureusement de l'eau avec des phytoplanctons bioluminescents de nuit. Parfois, leur activité et densité et tel que l'on peut voir les plages devenir bleu de par les remous générés par les vagues. Ici, il a fallu les chercher bien reculé dans la mangrove.

mangrove, une forêt avec les pieds dans l'eau salée

La mangrove est une forêt qui arrive à pousser les pieds dans l'eau. De l'eau salée! C’est une des rares plantes qui arrive à désaliner l'eau et aussi dont les racines peuvent être immergées en permanence sans pourrir. La mangrove est un habitat très fragile qui est souvent détruit pour gagner du terroir. Dans cette région d'Equateur, l'industrie de la crevette déforeste beaucoup de mangrove pour faire des bacs d'élevage de crustacé. De par leur nombreuse racine dans l'eau, la mangrove casse les vagues venant de l'océan et protège les cotes d'une érosion rapide. La mangrove protège aussi contre les tempêtes bref, c'est un atout précieux à protéger en plus de son énorme apport en termes de biodiversité.

Les nombreuses racines font office de protection naturelle contre les vagues qui érode les cotes

Pour espérer apercevoir ce phénomène presque magique de bioluminescence, il faut attendre que la nuit s'installe.

Coucher de soleil aux abords de la mangrove

Une fois la nuit bien installée, la magie opère. La pirogue en fondant les eaux fait apparaître une ligne bleue.

Les remous du bateau sont illuminés par les phytoplanctons

Que d'émotion, depuis le temps que je rêvai de voir ce spectacle! En mettant la main dans l'eau, l'on peut apercevoir le déplacement des phytoplanctons lumineux. L'expérience la plus folle fut de nager dans la lagune. Lors de la brasse, à chaque mouvement, l'eau se met à briller.

Lisa faisant une brasse parmi le plancton

Un spectacle incroyable, hors du temps.

Nager parmi les phytoplanctons est un rêve qui se réalise et un souvenir mémorable!

  Avant de continuer avec le deuxième chapitre de ce voyage avec des paysages plus montagneux dans les Andes, on se quitte avec un petit bernard l'hermite se baladant tranquillement sur la plage pendant que je tentais de surfer sur mes premières vagues. Un grand merci pour votre lecture de cet article. J'espère que vous avez bien pris du plaisir à le lire, autant que moi à l'écrire. Etant friant et curieux de nature, je n'ai pas été déçu par cette semaine au cœur de la forêt tropicale. Une diversité de faune et flore que je n'ai rencontrée nulle part ailleurs! Au plaisir de vous retrouver au deuxième chapitre sur l'Equateur: les Andes!      
Détails

SIGMA 14MM F1.4 DG DN ART: L’objectif à voie lactée ?

Une super surprise lorsque je reçois le tout nouveau 14mm f1.4 DG DN ART de Sigma. Sigma nous propose une optique qui sort clairement des sentiers battus avec des caractéristiques hors du commun. C’est tout simplement l’optique ultra grand angle la plus lumineuse du marché. Une prouesse technologique, voir une œuvre d’art ! Nous avons un beau bébé en main ici. L’angle de 14mm et l’ouverture de f1.4 nous fait afficher un poids de plus de 1.1kg sur la balance. Il est plus ou moins de la même taille et volume que l’ancien 14mm f1.8 Sigma fait pour la gamme reflex. Sigma a réussi à tirer avantage du tirage plus court des boitiers hybride pour gagner 1/3 de diaphragme. Cela paraît peu mais pour ceux qui chassent la lumière, 1/3 de diaphragme fait une belle différence. Si dessous une image du 14mm Sigma en comparaison au 14mm Sony f1.8. Le Sony a une formule optique très compact et plus de deux fois plus léger que le Sigma. Le Sony est une excellente optique ! Je n’ai pas encore eu le temps dès les comparer directement, mais je le ferais dans le futur. Sur le Sigma, on retrouve un collier de pied au format Arca qui s’adaptera directement au trépied sans nécessité de pièce intermédiaire. Une super optique que l’on trouve sur tous les colliers de pied Sigma maintenant. On retrouve tous les boutons et raccourcis que Sigma nous a habitué avec sa gamme ART. - Switch AF/MF très pratique en photo nocturne pour faire la mise au point - un bouton personnalisable - un switch de verrouillage de la mise au point pour éviter que celle-ci ne bouge pendant les déplacements avec le trépied sur l’épaule par exemple. Aussi très pratique en photo nocturne. - un switch pour cranter ou dé-cranter la bague d’ouverture, très pratique en vidéo pour éviter le bruit et les vibrations lors du changement d’ouverture. - Un verrouillage de la bague de diaphragme pour rester soit en mode automatique soit en sélection manuelle par ladite bague. - La bague de diaphragme allant de F16 à l’incroyable ouverture de F1.4. Possibilité de se mettre en Auto pour choisir le diaphragme manuellement ou automatiquement via le boitier. - Une bague de mise au point large et précise.   Les finitions sont dans la lignée des autres ART. Une peinture noir qui résiste bien dans le temps, un joint d’étanchéité au niveau de la monture permettant d’aller dans des environnements plus extrême. Finalement, on note aussi le collier de pied Arca. Le collier de pied peut être débloqué pour permettre la rotation de l’objectif en position verticale ou horizontal. Très pratique sur le terrain, pas besoin de desserrer l’étau de la rotule. Ça facilite aussi la mise à niveau de l’appareil.   Passons maintenant à la qualité optique. Honnêtement, je n’ai pas grand-chose à redire. A pleine ouverture, c’est excellent au centre et bon dans les angles. C’est vraiment impressionnant sachant que c’est un ultra grand angle et aussi ultra lumineux, il est vraiment très difficile de concevoir une optique de ce type. C’est vraiment l’optique de rêve pour l’astro photographie. Pas de coma et pas d’aberration chromatique à pleine ouverture, vraiment bluffé. Cependant, mon optique à un léger décentrage, j’ai un des coins qui est clairement moins bon que les autres. J’ai composé mes images en mettant ce coin dans la partie moins détaillée de l’image. C’est surement dû au fait que c’est un model de préproduction mais je vous conseil tout de même de contrôler l’homogénéité de votre optique. Si vous l’achetez via Sigma Suisse, toutes les optiques sont controlés avant la mise sur le marché, ce souci ne devrait pas apparaitre. Toujours en Suisse, Sigma donne une carte pour 1 nettoyage par an et une garantie à vie. Donc pas de soucis à ce faire si vous apercevez ce défaut. La focal de 14mm permet aussi de faire rapidement des panoramas de grande amplitude à plus de 180°, vraiment pratique. L’ouverture à f1.4 permet une mise au point sur les étoiles super précise et permet vraiment de capter les moindres détails de la voie lactée. Ca permet aussi de travailler à des sensibilités moindre et gagner en qualité d’image sans devoir s’embêter avec une monture équatorial (que ne serait pas utilisable dans les images présentées à cause du reflet). De par sa construction robust et sa tropicalisation, l’objectif peut être utilisé dans des environnement plus extrême. Je l’ai pris avec moi en spéléo dans une grotte très humide. Ça construction n’a pas fait défaut. L’avantage avec cette grande ouverture, ça permet de faire des photos à mais levée même avec un faible éclairage (fermé à f2.8 pour cette série pour gagner en profondeur de champ) Sans forcément vouloir photographier la voie lactée, ce 14mm permet aussi de faire de belles ambiances nocturnes. Sa grande ouverture permet de peaufiner le cadrage sans peine. D’ailleurs, le cadrage est vraiment primordial avec ce genre d’optique. Les ultra grand angle on tendance à éloigner l’arrière-plan, il faut donc avoir un premier plan bien présent. Ici, un champ de narcices et quelques arbres. Quelques images de paysage plus classique au lever du soleil : L’effet d’étoile avec le soleil est sublime avec le 14mm et rajoute vraiment une superbe ambiance à vos images! Ce n’est pas forcément l’optique de prédilection pour du portrait mais j’ai tout de même tenté quelques images et je dois dire que le résultat est original ! Pourquoi pas utiliser un grand angle de ce type en complément d’optique à portrait plus conventionnelle ? Le coté grand angle, permet aussi des prises de vue plus originale en proxi et en contre plongée. Le Sigma s’en sort plutôt bien même si la distance de mise au point pourrait être encore plus courte pour amplifier l’effet.   Conclusion En résumé, nous avons une optique ultra spécialisée qui vous permet de faire des images qui sortent de l’ordinaire. Il faut cependant avoir une bonne maitrise de la composition pour ne pas perdre son sujet. Mais c’est une superbe optique en complément de votre matériel actuel même si vous ne faite pas de photo nocturne. Evidement, pour la photographie nocturne, c’est le graal ! Pas de coma, pas d’aberration et un excellent piquet à pleine ouverture. Même le vignetage se fait très discret. Tout cela vient à un prix. En plus du portemonnaie, c’est l’encombrement et le poids qui n’est pas négligeable du tout. Si vous partez en voyage, en bivouac, je privilégierais le Sony. Si vous êtes plutôt pausé sur trépied et que vous prenez votre temps, le 14mm Sigma saura vous combler ! Une optique de haut vol mais pas facile à maitriser   Synthèse + ouverture et grand angle hors du commun pour des photos originales et par très faible luminosité + piqué excellent dès f1.4 au centre. Très bon dans les angles pour sa catégorie. + pas de coma pour la photographie astro + très peu de vignetage + pas d’aberration chromatique (remarquable pour cette catégorie d’objectif) + Nombreux réglages sur le fut de l’appareil très pratique pour la photographie nocturne (passage en manuel en un click et possibilité de verrouiller la mise au point en désactivant la bague de map) + collier de pied compatible Arca, pas besoin de plaquette intermédiaire. Passage en cadrage vertical aisé avec le collier de pied. Mise à niveau de l’horizon aussi facilité. + possibilité de mettre des filtres l’arrière (à l’avant, pas possible mais normal pour un objectif aussi grand angle) + l’effet étoile en fermant le diaphragme est très esthétique + Garantie Sigma et 1 nettoyage par an pour les objectifs achetés en Suisse   - Tarif élevé - Poids (1.15kg) et encombrement élevé - Défaut de décentrement sur certains exemplaires    
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