Parapente dans la couronne impériale

Le week-end dernier, avec Lisa, nous avons eu la chance de passer une journée en parapente en biplace. Les conditions étaient idéales : une météo très clémente, et un « plafond », comme disent les parapentistes, très haut. La veille, l’équipe de parapentistes du Jura, les Cracoucasses, avait réussi à s’élever à plus de 4 600 m, pulvérisant pour la plupart leur record personnel d’altitude !

Évidemment, en biplace, ce n’est pas voler comme en solo, et il sera très difficile de reproduire un vol similaire. La tension est à son comble, la journée s’annonce mémorable avant même de commencer !Il faut dire que je ne suis pas non plus complètement serein. N’ayant jamais fait de parapente, il est difficile de savoir comment je vivrai le vol. Il arrive très souvent d’avoir le « mal de mer » ou d’avoir très froid, ce qui oblige à se poser au plus vite pour éviter un malaise.

Mais nous nous étions équipés en conséquence ! Un parapente vole à une vitesse moyenne de 30 à 40 km/h, ce qui veut dire qu’un vent glacial (0 °C à 3 400 m ce jour-là) nous souffle constamment dessus, et l’on est totalement statique dans la sellette.Ces belles conditions exigent, toutefois, une grande expérience de la part du pilote pour savoir les exploiter : lire le terrain, sentir les thermiques, rester dans l’œil du courant ascendant pour gagner de l’altitude tout en gardant la stabilité de l’aile. En automne, les thermiques mettent plus de temps à se former, et c’est vers 13 h que les conditions sont les plus favorables pour un long vol.

Pour s’échauffer, et surtout pour s’habituer au vol en biplace, on commence dès le matin. Arrivés à la station de Zinal, nous prenons les premières remontées mécaniques pour nous rendre sur la plateforme de décollage sous la corne de Sorebois. En attendant, un parapentiste du groupe, Loïc, nous rejoint à pied : c’est son entraînement « hike and fly », une discipline de course en parapente.

Sur la plateforme, nous déployons les voiles, démêlons les suspentes, superposons les couches de vêtements, et nous installons dans les sellettes. Lisa en biplace avec Diego, moi avec Arnaud : chacun reçoit un débrief sur le décollage, le comportement en vol et, plus important encore, l’atterrissage.

Diego et Lisa en biplace se préparant au décollage juste au dessus de l'espace Weisshorn

Le moment fatidique approche. Arnaud fixe ma sellette à la sienne avec deux mousquetons, et c’est l’instant de courir, penchés en avant sur la pente, pour quitter le sol. Une sensation incroyable : d’abord l’aile offre une bonne résistance pendant la course, puis, peu à peu, les caissons se remplissent d’air, l’aile se soulève, et la vitesse s’accroit. Je me sens de plus en plus léger jusqu’à courir dans le vide : je n’ai plus pied.Quel silence, on file dans les airs sans bruit. Pas très à l’aise dans ma sellette, j’ai l’impression de glisser vers l’avant. Arnaud, le pilote, s’en rend compte immédiatement, et à l’aide de ses genoux, me repositionne. Une fois bien installé, quelques respirations plus tard pour me calmer, tout va bien.

Les conditions matinales en automne sont très calmes : les thermiques ne sont pas encore en place, et notre vol est de type « plouf ». C’est-à-dire que nous descendons assez rapidement vers la piste d’atterrissage. Nous en profitons toutefois pour découvrir le plat de Lalé vu du ciel. Arnaud, fidèle à ses acrobaties, me demande si je suis motivé pour tester une figure "en face planète". Commençant à être à l’aise après ces quelques minutes de vol, j’accepte. La voile biplace de 42 m² étant un gros engin, il faut d’abord faire quelques zigzags pour amorcer la rotation du 360°. Puis Arnaud met toute la pression vers la gauche, et nous voilà partis en « face planette ». Je ne m’attendais pas à ressentir une telle force : c’est étrange de se retrouver plus haut que l’aile qui nous porte ! Mon œil droit perd rapidement la vue, et l’œil gauche ne distingue plus que le centre du champ visuel ! Après quelques 360°, la vision redevient normale instantanément.Impressionnant. Chapeau à Arnaud, qui maîtrise son aile à la perfection ! Après quelques secondes pour reprendre mes esprits, je me rends compte de l’altitude perdue en quelques rotations : nous sommes juste au-dessus des toits de Zinal. Le matin, le vent descend des montagnes vers la vallée, car l’air est plus froid en altitude. Il nous oblige donc à atterrir contre le vent, en remontant la pente.

L’atterrissage se fait tout en douceur : une petite « ressource » permet de perdre de la vitesse et d’atterrir « comme une fleur ». Un premier vol d’environ quinze minutes, quelle sensation, vraiment incroyable !

Tracé gps du premier vol

Nous ne perdons pas de temps et reprenons les cabines pour enchainer avec un second vol. Les conditions restent très calmes. Plus à l'aise, cette fois, je sors l’appareil photo pour prendre quelques images en vol. Nous décollons après Diego et Lisa, entourés par le reste de l’équipe des Cracoucasses (Marie, Linsey, Lucas et Loïc, qui nous a déjà rejoint à pied). Un vol tranquille, semblable au premier.Nous suivons l’autre biplace, parfaitement aligné avec le Zinalrothorn, de quoi prendre une belle image souvenir du vol !

Diego et Lisa en biplace allant en direction du Zinalrothorn avec Loïc plus loin en plein virage. A droite le Besso reconnaissable avec ces deux pointes

Loïc nous fait une petite approche pour nous saluer, un « touché d’ailes » avant de repartir. Puis nous enchaînons une série de 360° : cette fois-ci, sachant à quoi m’attendre, ça se passe beaucoup mieux pour moi, et je peux profiter à la fois de l’acrobatie et du paysage.

Marie avec sa voile Pressor entrain de faire un 360°

Lucas et Marie au dessus de Zinal

Cette fois, le vent de vallée commence à changer, on le remarque aux manches à air près de la piste. Avec le soleil désormais plus intense, l’air de la plaine se réchauffe et monte en altitude. Nous devons donc atterrir dans l’autre sens, en évitant une voiture stationnée non loin de la piste.

Tracé GPS du deuxième vol

Le temps est venu d’aller déjeuner avec toute l’équipe avant que le grand vol ne commence ! Cette fois, nous grimpons au sommet de la corne de Sorebois et attendons longtemps pour décoller dans les meilleures conditions possibles.Nous ne sommes pas seuls : beaucoup de parapentistes sont également présents. Les bonnes conditions de la veille ont bien circulé, et tout le monde veut tenter d’atteindre des hauteurs vertigineuses ! Le vent est un peu capricieux, et parfois des « dust devils » apparaissent, des mini-tornades qui emportent les voiles posées au sol.

En attendant des conditions parfaites, nous observons les autres parapentes dans le ciel : quelle stratégie adoptent-ils ? Où sont les thermiques ?Avec des rafales de vent un peu imprévisibles, une partie du groupe décide de décoller plus bas, où les conditions sont plus stables. Avec Arnaud, nous déplaçons notre voile qui s’est emmêlée sur un autre versant de la corne. Après l’avoir dépliée, et avec l’aide d’un autre parapentiste, nous profitons d’un moment d’accalmie pour nous élancer sur la pente et reprendre les cieux.

Préparation des voiles au décolage de la corne de Sorebois. Marie, Diego et Lisa préparent le matériel un peu plus bas

Recherche de thermique le long de l'arrête avec de nombreux autres parapentes

Cette fois, le style de vol change totalement : nous longeons l’arête à la recherche de thermiques. C’est très surprenant quand on entre dans un courant ascendant : on est tiré vers le haut, un peu comme dans une montagne russe. Plus on monte rapidement, plus le “bip” du variomètre est intense. C’est un petit instrument très pratique pour détecter et rester dans un thermique : ses bips nous accompagneront tout au long du vol. Cela devient rassurant avec le temps dentendre ce sont qui nous indique que nous prennons de la hauteur. Après quelques difficultés initiales pour trouver un thermique porteur, nous entrons dans un fort courant ascendant qui nous élève de 2 900 m à plus de 3 300 m. Les abords des thermiques sont très turbulents : nous avons connu une belle frayeur lorsque l’aile s’est partiellement fermée, nous faisant chuter de plusieurs mètres. Mais l’expérience d’Arnaud et la stabilité des ailes biplaces permettent de rouvrir rapidement la voile et de reprendre l’ascension.Il faut avoir le cœur bien accroché ! Impressionnant de voir à quelle vitesse on gagne de l’altitude. Nous sommes à plus de 3 300 m, et il commence à faire sérieusement froid, nous flirtions avec le 0 °C.

Suspendu, les pieds dans le vide à 3300m d'altitude

Au loin, le mont Blanc (4'806m), plus haut sommet des alpes, s'impose par sa masse

La vue sur le fond de la vallée de Zinal depuis le parapente: Zinalrothorn (4'221m), Mt Rose (4'634m), Ober Gabelhorn (4'064m), Cervin (4'478m) et dent Blanche (4'357m)

C’est la grande traversée désormais : nous quittons notre thermique pour traverser toute la vallée et tenter de rejoindre la cabane de Tracuit en face. Plus nous sommes hauts au départ, plus nos chances de réussir à raccrocher l’autre versant sont bonnes.

petit selfi avec Arnaud pendant la traversée

Traversée avec un autre parapente en direction de la cabane de tracuit (en bas à gauche au pied du glacier 3'259m). Bishorn (4'203m) , et Weisshorn  (4'505m) plus haut.

Quel contraste entre ce vol chahuté et la traversée, beaucoup plus paisible. Les bips du vario se sont désormais tus, car nous perdons de l’altitude avec la distance. Sur une traversée de 7 km, nous avons perdu 1 800 m ! Arrivés en face, nous cherchons de nouveaux thermiques pour regagner l'altitude perdue, mais ils semblent rares ou insuffisants.

Depuis là-haut, on distingue mieux un glacier rocheux — des rochers maintenus ensemble par de la glace, glissant tel un glacier traditionnel. Avec le temps, la glace entre les blocs a fondu, figée le glacier rocheux dans le temps.

Nous longeons les crêtes, à la recherche du moindre bip qui nous indiquerait une reprise d’ascension.

L'ombre du biplace dans la falaise que l'on frole pour "grater" un peu d'altitude.

un autre parapentiste en recherche de thermique devant la pointe de Zinal (3'791m)

Nous sommes très proches des falaises, ce qui est un peu risqué pour un biplace, moins agile en vol. Les autres parapentistes du secteur sont dans la même quête. Lorsqu’un d’eux semble monter, nous le rejoignons pour essayer de profiter du thermique. Nous « grattons » petit à petit, quelques mètres ici et là.

Un peu plus loin, nous apercevons deux gypaètes dans la falaise : eux aussi cherchent des thermiques, mais sont nettement plus habiles que nous. Nous les accompagnons pour survoler les arêtes. Rapidement, nos trajectoires se séparent : les gypaètes partent chasser un grand corbeau !

C’est un comportement que je n’avais presque jamais observé : habituellement, ce sont plutôt les corvidés, plus territoriaux, qui houspillent les rapaces.

Finalement, après une heure à frôler les falaises, les thermiques deviennent plus consistants et la vue devient plus sympa.Nous voyons plus bas la voile orange de Marie qui semble retourner sur Zinal. Je ne vois plus celle de Diego et Lisa, j’espère qu’ils ont pu faire un beau vol. Il semble que l'on poursuivra la fin du vol seul.

Nous passons de nouveau au-dessus de la cabane de Tracuit, et remontons audessus du Bishorn.

Cabane de Tracuit (3'259m)

Arrête vers le Weisshorn (4'505m) entre ombre et lumière

Corniche devant le Weisshorn (4'505m)

 face nord du Weisshorn (4'506m) avec Zinalrothorn (4'221m) et Cervin (4'478m) en arrière plan

Nous dépassons les 4 000 m d’altitude! Quelle joie, mais aussi quel froid! Même avec pantalon de ski et doudoune, le vent glacial nous transperce. Sur le Bishorn, des parapentistes se sont posés pour faire une pause : incroyable de survoler ce sommet que Lisa et moi avions gravi un an auparavant.

Parapentistes décollant du sommet du Bishorn (4'151m)

Nous continuons notre progression vers le massif du Weisshorn (4 506 m). Nous tentons de monter le plus haut possible pour le rejoindre, mais il faut se rendre à l’évidence : cela ne sera pas possible. Arnaud me dit que même en solo ils ont l'air de galéré, difficile donc d’espérer côtoyer ce sommet avec un biplace. Nous atteignons néanmoins 4 300 m d’altitude : la vue est splendide ! Le Zinalrothorn se dresse telle une aiguille majestueuse.

Au loin, un parapentiste tourne autour du Zinalrothorn (4'221m)

Duo de géant, Cervin (4'478m) VS Zinalrothorn (4'221m)

On croise aussi Fabio, un parapentiste jurassien qui profitent aussi des paysages grandioses. De là en haut, la vue est imprenable, on voit le massif du mont Rose

Les plus hauts sommets Suisse dans le massif du mt rose avec Nordend (4'609m) et la pointe Dufour (4'634m)

On décide de continuer notre boucle pour aller rendre visite au Zinalrothorn. On frôle ses glaciers suspendus, la vue est irréelle. On passe sous le Zinalrothorn et l’on part en direction du Besso. Il nous faut passer un petit col et nous avons juste assez de hauteur pour y parvenir.

le col "arrête du blanc" que l'on a réussi à passer de justesse

Derrière cette arête s’ouvre un tout nouveau panorama : immense émerveillement devant le glacier de Zinal qui se fraie un passage entre les géants. On ressent vraiment ce caractère vivant du glacier qui prend naissance à l’Ober Gabelhorn et à la Dent Blanche et coule dans la plaine.

Ober Gabelhorn (4'064m)

Ober Gabelhorn (4'064m), Cervin (4'478m) et dent Blanche (4'357m)

panorama au dessus du Besso (3'669m) avec le Zinalrothorn (4'221m), Mt Rose (4'634m), Trifthorn (3'729m), Ober Gabelhorn (4'064m), Cervin (4'478m) et dent Blanche (4'357m)

La vue est splendide, mais le temps presse : il faut rentrer. Les thermiques commencent à s’essouffler avec la baisse de l’ensoleillement. Nous retraversons la plaine pour regagner les hauteurs de Moiry.

Un deuxième selfi avec Arnaud pendant la traversée avec le Cervin dans notre dos

De cette hauteur, on prend vraiment conscience de la taille des différentes vallées, de la taille des différentes montagnes, de l’ampleur des glaciers ainsi que de la chance de pouvoir planner tel un gypaète !

Les séracs du glacier de Moiry

Nous redescendons au-dessus du glacier de Moiry, passons au-dessus de la cabane, et glissons doucement jusqu’à la corne de Sorebois, notre point de décollage initial. Les installations de Zinal sont désormais à l’arrêt, et le ciel est vide de parapente. Nous survolons Zinal puis concluons ce vol par une belle série de 360° avant de poser les pieds à terre après trois heures en l’air ! Un vol incroyable! Quelle sensation étrange d’avoir de nouveau les pieds sur terre. Les jambes sont toutes engourdies par le froid et l’immobilité. Après avoir fêté ce vol d’un gros câlin avec Arnaud, nous replions la voile et rejoignons les autres, qui avaient atterri une heure plus tôt.

Parcours GPS du troisième vol avec le panorama montagneux aux allentour. 16'000m de D+, >100km et 3h de vol au total

Des paysages magnifiques plein les yeux, des souvenirs plein la tête ! Une journée tout simplement exceptionnelle, vraiment beau de voir ces montagnes depuis les airs ! Un immense merci à Arnaud et à toute l’équipe des Cracoucasses pour m’avoir permis de vivre ça ! Bon vent à tous
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Icebergs alpin

Un paysage tout droit sorti d’un univers fantastique. Comme si quelqu’un avait voulu créer un paysage de toutes pièces. Un glacier miniature finissant sa course dans un lac d’altitude. Ce miniglacier culminant à 2600m d’altitude se cache bien à l’ombre sous une face nord en forme de cirque. Comme les grands glaciers d’Island ou du Groenland, il lui arrive de vêler. Un bout du glacier se brise suite à une combinaison de l’avancée du glacier qui s’enfonce dans le lac et de la force exercée par l’eau qui tente de remonter la glace comme un bouchon. En 2019, avec Anja Kalenbach et Sylvain Boullin, nous sommes montés pour la première fois découvrir si cette légende existait vraiment. Malheureusement, l’ascension depuis le coté valaisan c’est avéré plus compliqué que prévu. Sans vrais chemins et sans réseau, après un grand détour qui à rallongé la randonnée de 10km et de 900m+, au milieu de la nuit, le lieu mythique est enfin mis en boîte. La nuit était claire, parfaite pour la voie lactée. Quelque peu frustré de ne pas avoir pu profiter plus que ça de ce lieu magique, on y retourne le weekend d’après avec Stéphane Weissbaum. Cette fois-ci par le côté Tessinois plus court mais beaucoup plus raide. Après avoir passé 30min à récolter de la pyrite (or des fous) sur les rochers, nous arrivons sur place. On y installe la tente sur un névés aux abords du lac et l’on profite de la nuit qui tombe. Le ciel prend feu et capture les derniers rayons du soir. La réverbération de la lumière des nuages sur la glace bleutée créer un mélange de couleur étonnant entre rose et bleu ! La nuit s’installe, au loin, le ciel s’illumine par moments, la chaleur de l’été provoque des éclairs. Finalement, la voie lactée fait aussi son apparition. https://youtu.be/3dT6vnyrXR0 Je lance un petit time laps pour capturer le mouvement des nuages et des éclairs. Stéphane sent la fatigue arriver et va se coucher pour la nuit dans sa tente. Le chemin qu’il a pris est resté imprimé sur la photo avec la lumière de sa lampe frontale ! Au petit matin, le spectacle continue avec le soleil se montrant timidement par le col ou nous sommes arrivés la veille ! Un lieu magique, des scènes incroyables, des images plein les cartes et des souvenirs plein la tête. C’était en 2019, oui, 6ans déjà ! Je n’arrête pas de me répéter qu’il faut que j’y retourne. Voir si les icebergs sont encore là ? Le miniglacier est-il toujours accroché à ce fasse nord ? 6ans plus tard, j’arrive a remotiver Stéphane pour y retourner. Seulement une condition, il veut passer par la voie valaisanne. Il dit que c’est plus court en termes d’approche en voiture mais en vrais, c’est surtout qu’il déteste repasser par des chemins qu’il a déjà empruntés… Finalement, j’accepte le compromis et l’on se met en route vers ce lieu mythique. Cette fois-ci, le chemin semble plus marqué mais il faut rester concentré. Beaucoup de pierriers et de rivières nous font obstacle. On bivouaque au pied de la dernière montée que l’on attaquera à 3h du matin pour arriver au sommet avant le lever du jour. L’ascension est rude, éclairé par nos frontales, on monte dans le pierrier et les moraines à plus de 45° par endroits, c’est très instable. Arrivé en haut, les étoiles brillent encore malgré une lune presque pleine. C’est l’heure bleu. La lune se couche à son rythme. Je prends une photo du lac lorsque la lune semble se poser sur un pic rocheux. Le jour continue de se lever et cette magnifique bande rose saumonée apparaît au loin. L’ombre de la terre laisse place au lever du soleil. En prenant un peu d’altitude avec le drone, le cirque ressemble étrangement à un vieux cratère de volcan remplit par les eaux de fonte. En parlant de fonte, on voit clairement le changement de pente, la ligne où se trouvait le glacier il y a 6ans. C’est fou le volume qu’il a perdu, sa partie de droite a quasiment complètement fondu et il a perdu son embonpoint au centre. Les icebergs sont aussi bien moins nombreux et la partie du glacier qui était sous l’eau a quasiment totalement fondu (une grosse partie c’est cassé en 2021) Une petite compilation vidéo au drone: https://youtu.be/LK9yHGBT4S4 Finalement, le soleil fait son apparition et c’est déjà l’heure pour nous de redescendre dans la vallée. La tentation est trop grande et un mois plus tard, anouveau avec Stéphane nous remontons au glacier. Cette fois-ci, nous prennons un kayak pliable avec nous. On se dit que naviguer entre les icebergs doit être une expérience folle! Je passe à mon travail chercher un cacolet (Lastenkraxe en allemand), merci le laboratoire EERL pour le soutien :) Quel chargement! le kayak dépasse les 9kg et il y a tout le matériel photo en plus! Heureusement, on a économiser avec le rest. Pas de tente ni de sandwich '^^ Arrivé au col, c'est l'émerveillement! Le lac qui était quasi vide de glace il y a un mois est tout blanc! De la glace pillée, un mojito géant! On n'en revient pas, le glacier vient de véler et d'énorme iceberg ont dérivé dans le lac! On profite des quelques heures restantes avant le coucher du soleil pour faire un petit tour de kayak. J'ai aussi pris le caisson étanche pour photographier les iceberges sous l'eau. Malheureusement, ce n'est pas une grande reussit car l'eau est très laiteuse. On croise un photographe allemand Hannes Becker sur place qui profitait d'un séjour en Suisse pour découvrir ce glacier. Je vous invite a découvrir son travail ici: https://www.hannesbecker.com/ Il nous a pris en photo lorsque l'on naviguait Le coucher de soleil à mis le feu aux nuages. Le rougissement des nuages complète le bleu froid de la glace. Puis, la lune se lève transformant l'ambiance Ici, on remarque bien la cassure récente du vélage du glacier. La nuit fût fraiche et avec les iceberges dans le lac, une fine couche de glace c'est formée à la surface du lac. Un voile nuageux nous prive d'un beau lever de soleil, en attendant, on décide de tout de même tenter une balade en kayak sur le lac gelé. Pas évident de casser cette fine couche de glace tout en restant stable avec le kayak. Stéphane s'élance pour un tour et je tente d'imortaliser son aventure. Le voyez-vous parmis les glacons? Les icebergs sont majestueux et impressionnant, on se sent tout petit a leur pied! Malgrès le fait que ce soit un kayak une place, on tente le diable et nous nous jetons à la mer tous les deux. La ligne de flottaisons est très basse. Il faut faire attention à la répartition du poids dans le kayak pour éviter de couler au milieu de ces eaux glacées. Hannes Becker imortalise la scène depuis le rivage Eiko nous surveille aussi depuis le rivage. Il a de la peine à comprendre ce que l'on fait, il doit nous prendre pour des fous! Puis, encore une photo depuis le rivage avant de redescendre en plaine Joyaux glacé des alpes condamné à disparaître d'ici 10 ans. Signe de sa fonte rapide, le glacier vêle relâchant des tonnes de glace dans le lac qu'il a creusé lorsqu'il était au top de sa forme. La taille des icebergs est dementiel. Un dernier soubresauts dans son agonie, le glacier nous offre son chant du cygne. On se sent si petit en naviguant dans ses entrailles. A découvrir en vidéo! https://youtu.be/LWfEc7Is2bM Si les routes sont encore ouverte en fin de saison et qu'il neige pas trop, nous prévoyons de remonter avec les patins à glace pour glisser entre les icebergs. Je mettrais à jour ce billet de blog si ca se concrétise! Merci pour votre lecture et bonne randonnée dans les montagnes à vous.    
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La photographie astro enfin abordable ?

12mm f1.4 DC DN Sigma   Sigma continue fort dans la gamme APSC nommée DC. Après le zoom grand angle 17-40mm f1.8, Sigma nous dévoile un ultra grand angle 12mm f1.4. Très léger avec seulement 225grammes, un poids plume ! Cet ultra grand angle (18mm équivalent plein format) ultra-lumineux semble être l’optique d’astro parfaite. Je reçois beaucoup de demande de conseil pour la prise de photo nocturne et malheureusement, la technique et la théorie sont importante mais dans ce domaine, le matériel est un facteur très limitant. Pour faire une photographie de la voie lactée sans techniques avancées (empilement d’images, ou suivit d’étoiles avec rotule motorisée), une optique ultra-lumineuse et grand angle fait toute la différence. En particulier l’ouverture est primordiale pour capturer les faibles lueurs venant du confins de l’espace. Il y a un monde entre f2.8, f2 et f1.4 (deux fois plus deux lumières à chaque fois), c’est le jour et la nuit littéralement. On voit que le gain de 1stop avec f1.4 fait ici toute la différence! Les étoiles ne sont quasiement plus visible à f2 et si on remonte la luminosité en post prod (deuxième ligne) on remarque que le bruit et des dérives de couleurs apparaissent très rapidement. Seulement, ce genre d’optique a un coût stratosphérique et un poids qui va en décourager plus d’un à prendre l’objectif sur le terrain. Ici, ce 12mm est 3 fois plus compact, moins lourd et moins cher que les optiques habituelles ! Bien sûr, c’est un objectif pour aps-c mais les boîtiers aps-c sont aussi plus compacts et moins chers.

Comparaison a7rIV+20mmf1.4 vs a6000+12mmf1.4

Pour exemple, pour ce test, j’ai utilisé le combo a6000 + 12mm f1.4 pendant 1mois. Le prix du combo 150.- le boîtier d’occasion (il date d’il y a plus de 10ans, 2014) et 650.- l’objectif neuf, ça nous fait un couple à 800.- et 500 grammes. Plus réalistement avec un capteur récent, un a6100 et le 12mm vous donnent un ticket d’entrée pour l’astro à 1100.-.   Abordable mais après ? Pour la photographie nocturne, on aime bien avoir les raccourcis et verrouillage directement sur l’objectif. Le Sigma étant de la gamme contemporary, il n’y a pas de bague de diaf ni de bouton AF/MF pourtant bien pratique. Il faudra passer par le boitier pour changer ces réglages. Le mieux étant toujours de programmer un mode personnalisable spécifiquement pour l’astro ou les iso est déjà fixé, à pleine ouverture, le focus en manuel et un petit retardateur de deux secondes. Ainsi, en activant le mode programmable, vous êtes sûr d’avoir tous les réglages prêts pour l’astro sans vous poser de question. Mais il n’y a pas que l’astro dans la vie, la grande ouverture est aussi pratique pour prendre des photos de paysage ou de la vie courante à main levée lorsque la lumière est faible en intérieur ou à l’aube/crépuscule. Le 12mm est aussi une optique parfaite pour montrer l’immensité d’un paysage ou pour magnifier un premier plan en s’approchant. Une petite cascade apparaîtra très impressionnante par rapport à l’arrière-plan. Une gentiane sera bien mise en valeur dans un paysage de lever de soleil brumeux. Mais attention aux déformations et effets loufoque! Plus s’est éloigné et plus les perspectives sont exagérément repoussées forçant les lignes de fuites. On peut utiliser cet effet à bon escient pour montrer la grandeur d’une canopée par exemple. Ça en devient presque graphique. Le grand-angle permet aussi de photographier des espaces très restreints avec peu de recul (12mm) et peu de lumière (f1.4) comme une petite grotte de glace (photo prise à main levée). Sa compacité en fait un complément grand angle facile à caser au fond d’un sac photo ce qui est rarement le cas des autres grands-angles. Ainsi, on peut l’emporter partout lors des balades photos, rando, trek. Mais qu’en est-il de la qualité de l’objectif ? A pleine ouverture, le vignetage est bien présent ce qui peut atténuer quelques étoiles dans les angles et aussi compliquer la prise de vue de panorama faisant apparaître des lignes plus sombre comme l’image ci-dessous. Le vignetage disparaît une fois l’objectif fermé à f4. La lentille frontale étant petite, l’objectif résiste bien au reflet indésirable de la lumière, le flare est bien maîtrisé même lorsque le soleil est en plein cadre. Notez aussi l’effet d’étoile très esthétique formé grâce au diaphragme de l’objectif. Si le soleil est plus fort, du flare peut apparaître comme sur la gauche de cette image (les autres points lumineux sont dû au fait que je n’ai pas bien nettoyé la lentille frontale). La qualité optique est très bonne comme Sigma nous y habitue depuis longtemps, rien à reprocher ce qui est très impressionnant pour un ultra grand angle. On remarquera une légère distorsion mais normal à cette focale. La coma (dès point lumineux qui ne est pas parfaitement rond) est quasiment inexistante dans les bords, vraiment très légers dans les angles et disparaît totalement dès f2.8. En définitif, petit, compact, pas cher et ultra-lumineux. L’ultra grand angle complémentaire pour des photos de paysage original. Un ticket d’entrée abordable pour le monde de l’astro où l’ouverture de l’optique est primordiale (bien plus important qu’un bon boîtier comme le démontre mon vieux a6000 de 11ans d’âge pour les photos d’exemple). Un objectif parfait pour la photographie d’intérieur ou l’on n’a pas trop de recul. Bref une optique sympa pour s’amuser avec des angles particuliers.   + ultra-grand angle (12mm aps-c, équivalent 18mm FF) + ultra-lumineux (f1.4 soit 4x plus lumineux qu’un 12mm f2.8) + ultra-compact, peux se prendre partout + léger avec seulement 225grammes + possibilité de visser un filtre ND/Polarisant + prix abordable + piqué excélent au centre et dans les bords dès la pleine ouverture + coma très maîtrisé + parfait pour débuter en astrophotographie sans se ruiner + parfait pour des images originales avec exagération du premier plan + bonne gestion du flare, AC + tropicalisation + AF rapide   - Vignetage prononcé à pleine ouverture, disparaît dès f4 - Manque quelques raccourcis sur le fût du boîtier bien pratique (switch AF/MF)   Ci-dessous, d’autres images prisent avec le 12mm  
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Etang de la gruère

Dans le haut Jura Suisse, dans les Franches Montagnes cette petite tourbière. Ces lacs post-glacières qui se remplissent peu à peu de sphaignes et autres plantes qui rendent l'eau très sombre. Cete eau s'acidifie et devient propipoue pour toute une faune et flore spéclialisée. Je vous invite à lire cet article pour plus de détails. Ce plan d'eau d'altitude recèle d'ambiances de toute sorte et devient magique lorsque le crépuscule arrive. Avec une partie du club photo des Franches Montagnes et Benjamin, nous sommes aller capturer les étoiles un vendredi soir ou le ciel était dégagé. Pas évident de faire connaissance avec les membres du club de nuit, à 22h30 sur le parking. Rapidement, on se met en route, éclairé par nos frontales, jusqu'aux abords de l'étang. Après avoir estimé ou sortirait la voie lactée, on se déplace coté sud afin d'être mieux orienté et de ne pas êtres gêné par les branches d'arbres. À l'horizon, on distingue déjà la constellation du scorpion qui annonce l'arrivée prochaine du centre de la voie lactée. Ainsi, il est possible d'anticiper assez précisément la sortie de la VL. Je mets en place le trépied avec un boîtier pour le time laps pour immortaliser la sortie de la galaxie derrière les arbres ainsi que sa réflexion dans le lac. L'appareil se met à faire des images toutes les 15secondes avec le 20mm Sigma f1.4 qui capture les moindres détails! https://www.youtube.com/watch?v=N2ShS_exAA0 Le problème pendant que l'appareil fait un time laps c'est que l'on s'ennuie à mourir... Plutôt que de profiter pour discuter avec les autres photographes autour, je décide de prendre mon autre boîtier dans le sac avec l'ultra grand angle pour tenter de réaliser un autre time laps en parallèle. N'ayant pas de second trépied, je commence a équilibrer le boiter sur mon sac photo au raz de l'étang pour capturer le reflet. Bien que très bancale, je trouve une position d'équilibre ou l'horizon est relativement droit et la voie lactée bien cadrée. Une fois mes deux times laps lancé, je discute avec les collègues autour. Il ne passe pas 3min que j'entends un plouf. Je ne réfléchis pas longtemps et dans la seconde, je rejoins mon Sony A1 dans l'eau. A cet endroit, la profondeur d'eau est importante, d'environ 1m. Je plonge la tête et tout mon corps dans l'eau et je sens le boîtier au bout de mes doigts dans la vase. En remontant, ma lampe frontale se détache et tombe à l'eau (évidemment éteinte). Je saute hors de l'eau, enlève la batterie de l'appareil photo et le pose à terre. Autour de moi, pleins de lampe frontales affolées me fixent en se demandant de la raison de ce bain de minuit? Complètement trempé (mais l'eau était étonnamment bonne après cette journée de chaleur), je leur explique que je suis parti sauver mon appareil. Je sors mon téléphone de la poche pour voir s'il a survécu a ce cours intermède humide. Son écran est tout jaune uni et la luminosité varie bizarrement. Son écran était déjà cassé, l'eau s'y est infiltrée et l'a tué pour de bon. Je retourne au bord de l'eau pour essayer de récupérer la lampe frontale qui gît 1m plus bas. Malheureuse, impossible de touche le fond de l'eau avec la main sans tremper le reste du corps. J'abandonne là et commence a me déshabiller pour enlever mes habits mouillés. Benjamin me prête une veste polaire qui me permet de ne pas mourir d'hypothermie le reste de la nuit. Mes pieds gèlent progressivement mais la voie lactée est maintenant bien sortie et visible! Je me demande si le time laps va donner quelque chose avec tous ce remue-ménage? Les membres du clubs partent peu à peu, nous sommes maintenant plus que 4 sur le site. Il est 1h de matin et la voie lactée est bien présente. Je me balade pendant que le time laps s'enregistre et je repère un petit premier plan sympa avec une petite touffe d'herbe au bord de l'eau. Une fois que j'estime que le time laps à assez duré, je le coupe et je retourne vers la touffe d'herbe pour la mettre en boîte. Puis, il est temps d'aller dormir. Lisa a déjà pris de l'avance et dort dans la tente de toit. Je suspends au rétroviseur de la voiture mes habits trempés et me glisse sous la couette, puant la vase... Lisa a vite deviné ce qui s'est passé, ça se sent (au sens littéral). Le lendemain, je décide de retourner chercher ma lampe frontale qui gise toujours au fond de l'eau quelque part. L'eau est si sombre que l'on ne voit rien à plus de 10cm de la surface. Je prends un bâton pour sonder le fond de la tourbière pour tenter d'attraper un câble de la frontale. En vain, la vase est très profonde et il y a de nombreux bouts de bois qui traînent au fond. Pas le choix, si je veux la retrouver, il faut que je retourne à l'eau. Cette fois, contrairement à la nuit, je me déshabille complètement et rentre dans la tourbière nu comme un ver sous le regard ébahi des promeneurs. La sensation est très bizarre, je sens la vase glisser à travers mes orteils et je m'enfonce passablement. Je réalise a quel point j'ai été chanceux de trouver directement le boîtier à l'instinct lorsque j'ai plongé quelques heures plus tôt! Je sonde la vase avec mes orteils en me tenant fermement aux mottes d'herbes sur la rive. Je ressort plus d'une dizaine de vieilles branches en cours de momification dans la tourbière. Les particules en suspension dans l'eau se collent à mes poils les rendant noir. Je continue à sonder le fond de la tourbière. Je sens quelque chose en plastique! Plein d'espoir, je le ressors mais il s'agissait en fait d'une petite épuisette en plastique pour attraper des poissons. Je le sort hors de l'eau et j'irais le jeter plus tard. Benjamin m'attend dans la voiture depuis plus de 30minutes maintenant. Sans téléphone, on c'était dit qu'après 45min au maximum, je reviendrais vers lui avec ou sans lampes. Mais je ne voulais pas abandonner ma lampe avec pile au lithium au fond de l'étang. Sachant qu'il me faut une bonne dizaine de minutes pour retourner au parking, je commence a perdre espoir. Alors que je commençais à me résigner, je sens un petit câble s'intercaler entre deux de mes orteils. Je lève le pied et houra, ma lampe frontale émerge! Je teste de l'enclencher et la lumière fut! Je suis si content d'avoir réussi à la récupérer. Non seulement car c'est une source de pollution pour le lac mais aussi car c'est une lampe frontale que j'ai depuis longues dates et qui m'a accompagné un peu partout que ce soit en arctique, sur les 4000 ou en spéléo. Je l'avais achetée avec un bon de 150.- que mes parents avaient gagné à un loto il y a une bonne dizaine d'années en arrière. Je le dis à tous ce qui veut bien m'écouter que c'est probablement un de mes meilleurs achats. Il est tellement important d'avoir une bonne lampe frontale lorsque l'on fait des activités nocturnes. Bref, tout content, j'essaie de repousser tous ces dépôts de vases qui me collent aux poils et attend qu'il y ait moins de passage pour sortir hors de l'eau et me rhabiller. Je rejoint Benjamin qui m'attend dans la voiture pour profiter du reste de la journée ensoleillé. Une semaine plus tard, je reglisse une batterie dans le sony A1 et hourra, il fonctionne! Quelques instants plus tard, le déclencheur mi-course semble activé en permanence mais une heure plus tard, tout rentre en orde! Par contre, pour l'objectif, le 10mm f2.8 Laowa, c'est une autre histoire. Il n'est pas reconnu par le boîtier et il a eu pas mal de condensation à l'intérieur de lentille :S est-ce la fin?  A l'instar du smartphone, j'ai déjà commencé à faire le deuil de l'objectif mais 1 semaine plus tard, magie, l'objectif est à nouveau reconnu. L'autofocus se fait et il est a nouveau possible de contrôler le diaphragme! Finalement, tout est sauf (appareil, objectif et lampe frontale) sauf le smartphone :) Quelques semaines plus tard, nous revoila au Jura. Je retourne à l'étang de la Gruère pour photographier l'ambiance de l'aube. Malheureusement, la pleine lune est bien présente et se couche qu'une demi heure avant le lever du jour. Les étoiles sont donc difficilement discernables mais je tente tout de même de photographier la voie lactée. Un joli brouillard, c'est formé dû a la différence d'inertie thermique entre l'eau est l'air. On est à la mi-juin et à quelques endroits au bord de l'étant, du givre c'est formé! C'est un vrais micro-climat avec des températures glaciale la nuit et plus de 25°C en journée! Propice pour les belles ambiances matinales. Des plantes typiques des tourbières profitent de la terre moins acide au bord de l'étant pour s'encrer et puiser leur nutriment et s'élance dans l'eau pour occuper le terrain. Elles forment un demi sphère que je compose comme premier plan pour venir épouser une autre courbe formée par le reflet des arbres sur l'étang. Ces ambiances de lever de jour sont magiques. Le ton rosé ce matin est encore accentué par la présence de suie dans l'air émit par des feux dévastateurs en forêt boréales canadiennes.   Merci d'avoir pris le temps de lire ces quelques lignes, j'espère que vous avez aprécié ces images de l'étang de la Gruère. En attandant que je trouve un nouveau téléphone, je ne serais plus trop actif sur les réseaux et injoignable par téléphone :S A la prochaine!
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Trois facettes d’Equateur: Chapitre 3 Galapagos

Voilà un peu plus de deux semaines que nous explorons l’Équateur. L'étendue de la biodiversité et la diversité des paysages sont impressionnantes. Il faudrait passer plusieurs mois dans chaque zone pour vraiment pouvoir s’immerger dans les coutumes locales et se fondre dans la nature afin d’observer la faune. Mais malheureusement, mon temps ici est compté.

Après avoir découvert la foret amazoniène luxuriante est humide à Cuabeno puis après avoir pris de l'altitudes dans les andes à la rencontre des éléments, la suite du voyage se veut encore presque plus dépaysante avec une courte escapade dans l’archipel des Galápagos.

Avant de partir, on rejoint une partie de la famille à Lisa dans la capitale. On prépare toutes les affaires pour la suite du voyage avec notamment le matériel de photographie sous-marine ! On profite d’une soirée sympa avec un concert local qui s’invite à l’improviste dans le salon. Bien fatigué, on s’endort sans peine sur un matelas posé à même le sol. Au beau milieu de la nuit, mon téléphone se met à sonner… Un de mes réveils à 00:00 était encore actif, c’était un réveil pour voir si les nuages au-dessus du Cotopaxi étaient partis pour tenter une image de la voie lactée…). Le téléphone était en train de charger à l’autre bout de la maison. Pour éviter de réveiller tout le monde, je m’élance au beau milieu de la nuit pour stopper l’alarme. Dans la précipitation, j’oublie qu’il y a une marche au milieu de l’appartement en carrelage. Je m’explose le pied contre la marche et atterris 2 m plus loin en vol plané. En me tordant de douleur, je rampe les quelques mètres restants pour couper l’alarme puis je me languis au sol comme un asticot pendant bien 5 min. Une douleur tellement intense… Je tente de survivre jusqu’au petit matin malgré la douleur mais autant dire que je n’ai plus fermé l’œil de la nuit. Le lendemain, la douleur est toujours là et l’orteil est devenu massif, bien 3 fois plus gros et d’une belle couleur bleu-violette avec 2-3 hématomes sur le côté du gros orteil. À l’heure où j’écris ces lignes (3 ans plus tard), mon orteil me fait encore mal…

Pas le meilleur moment de s’exploser le gros doigt de pied quelques heures avant le départ pour les Galápagos. C’est sûr, ça sera bien handicapant pour la suite du voyage.

Bref, pas vraiment le temps de se plaindre, je serre les dents et c’est parti, on commande un Uber pour nous amener à l’aéroport. De là, on entre dans la colonne réservée aux étrangers pour décoller vers les Galápagos. Ça fait vraiment bizarre, on change vraiment de paradigme. Prix du billet d’avion, prix d’entrée dans les îles, prix des transports, on a clairement quitté l’Équateur pour arriver sur une île très touristique totalement protégée.

Je trouve leur système assez bien fait malgré une première île « sacrifiée » (Isla Baltra) pour l’aéroport et d’anciennes activités militaires, le reste des îles sont ensuite très protégées et bien préservées avec une interdiction de sortir des chemins. Pour sortir des complexes d’habitation, il faut aussi être accompagné par un guide formé par le parc.

C’est vraiment incroyable, la nature est vraiment partout. Ici un iguane qui se repose au bord de la piste d’atterrissage, sur le trajet en bus entre les îles, on peut voir passer un requin en contrebas. De la folie de voir une nature si protégée qu’elle a l’air de ne pas être impactée par l’activité humaine et semble avoir une bonne cohabitation.

On arrive en bus dans la plus grande ville à Santa Cruz et là, un iguane nage dans le port. Lisa, qui a déjà vécu et travaillé 3 mois aux Galá, nous dit que c’est super rare de les voir nager ainsi et que c’est vraiment un moment privilégié.

Ne sachant pas si j’allais revoir ce type de scène, je saute à cloche-pied le long du quai et descends dans l’eau jusqu’aux hanches pour photographier la scène au ras de l’eau sous le regard étonné des autres touristes.

Iguane marin dans le port de Sata Cruz

Finalement, j’ai bien fait de me jeter à l’eau car je n’ai plus eu l’occasion de voir d’iguane nageur durant le reste du voyage.

Le lendemain, on dégotte un masque et un tuba et l’on va à la rencontre de la faune locale au bord de l’eau. Quel soulagement d’avoir l’orteil dans l’eau, la douleur se fait moins présente…

C’est ma première rencontre avec les sergent-majors qui sont les poissons les plus communs (en tout cas ceux que l’on voit le plus facilement). Il est majestueux avec ses rayures et ses écailles jaunes.

Poisson sergent-major

Contrairement à lui, je suis loin d’être comme un poisson dans l’eau… Les îles Galápagos sont nées d’une activité volcanique. Un point chaud sous-marin fait fondre la croûte océanique, provoquant des volcans sous-marins. Après quelques centaines de milliers d’années, une île émerge. La plaque tectonique continue de bouger, formant progressivement de nouvelles îles. Elles sont donc très jeunes, et on distingue encore clairement les coulées de lave se jetant dans l’océan, noires et intenses.

Iguane prenant la pose sur la lave

Le contraste des couleurs sur cette roche volcanique est saisissant. Puis, un oiseau très coloré fait son apparition ! La première paruline que je croise, on dirait qu’elle joue à cache-cache. Les parulines sont une grande famille d’oiseaux avec plein de sous-espèces, c’est un peu ce qui remplace les mésanges sur le continent américain, celle-ci est une paruline des mangroves. On quitte l’île la plus peuplée pour une excursion à la journée à l’île Santiago. Le trajet se fait au bord d’un voilier. Le ciel et l’océan se confondent et on a l’impression de voir des îles flotter dans les airs. Sur le chemin, on croise une otarie en train de bronzer. C’est un comportement assez fréquent. C’est surprenant car de loin, on dirait que sa patte est un aileron de requin. L’île Santiago est inhabitée, totalement protégée et très récente géologiquement. Le chemin est bien délimité par un ponton en bois pour éviter de piétiner le sol très fragile.Vu que les îles sont au milieu de nulle part, la plupart des animaux sont très spécialisés et endémiques des Galapagos et la plupart ont « lave » dans leur nom.

lézard des laves

La lave est partout, les coulées sont si récentes que les plissements de la coulée de magma sont encore très visibles.

criquet des laves

cactus des laves

cactus de lave endémique des Galapagos poussant dans un milieu très hostile à la vie, du magma récemment solidifié 

Cette formation rocheuse est composée de couches successives de cendres accumulées et sédimentées, du tuf.

Puis, nous sommes partis faire du snorkeling dans cette eau incroyablement claire. Malheureusement, la douleur à l’orteil est trop grande et m’empêche d’enfiler des palmes. Je me déplace aussi bien que possible dans l’eau mais il m’est malheureusement impossible de plonger pour tenter de voir la faune aquatique plus bas. On a la chance de croiser un lion de mer sous l’eau qui semblait très joueur et surtout intrigué par le dôme de mon caisson. Mais après le jeu vient le repos. Il se met au bord et fait une turbo sieste.

Sur le bord de la rive, le pingouin le plus septentrional est en train de se reposer. Il semble accuser le poids de la chaleur.

Manchon des Galapagos

Lisa, bien plus à l’aise dans l’eau que moi, me montre de temps en temps où se trouvent les bancs de poissons colorés. Les poissons-perroquet. Avec le bouche qui ressemble à un bec de perroquet, ces poissons arrivent à broyer les coraux et les transforment en poussière contribuant ainsi à la création de sable fin.

Chirurgien barbier

Évidemment, comment ne pas parler du mythique fou à pied bleu ! Ici quelques individus perchés sur du tuf émergent de l’océan. Ici un fou à pied bleu est perché sur la roche très friable en structure pointue que l’on a vue en image plus tôt. On distingue bien les différentes strates de cendres qui s’effritent avec le temps. Le fou en profite pour se reposer, se cacher et même pour y élever sa progéniture. Malheureusement, nous n’étions pas dans la région pendant la période de nourrissage mais on a quand même pu observer cet oiseau typique de la région de près. Le fou à pied bleu, appelé blue-footed booby en anglais, se distingue évidemment par ses pieds bleus mais aussi sa tête bleutée et ses yeux clairs, transparents. De par sa beauté, son nombre et sa facilité d’observation, le fou à pied bleu est un peu la mascotte de la région.

Une biodiversité folle. Loin d’avoir tout pu observer en si peu de temps mais la petite heure à nager parmi les poissons et les oiseaux donne presque le tournis !

Le fou bleu n’est pas le seul présent aux Galapagos, il y a aussi le fou de Nazca qui partage l’espace aérien.

Évidemment, l’un des plus grands oiseaux du monde, l’albatros des Galapagos est aussi visible au-dessus des flots. Il peut faire jusqu’à 2,5 m d’envergure (3,5 m pour l’albatros hurleur, le plus grand oiseau au monde). Le jour suivant, on profite un peu de la plage. La famille de Lisa, fan de surf, se loue des planches. Avec mon pied en vrac, je troque la planche pour un masque et un tuba. L'océan est un peu trop mouvementé pour faire du snorkeling, je tente de photographier des rouleaux. Les vagues puissantes auront malheureusement le dessus sur moi. Une un peu plus puissante que les autres s'abat sur moi et se transforme en machine à laver. Comme un pantin, je suis à la merci de cette force de la nature. Lorsque je retrouve mes esprits, il ne me reste plus que l'embout du tuba dans la bouche, tout le reste a été pris par l'océan. Plus de masque ni de tuba... Malgré une recherche minutieuse de la plage les jours suivants, le matériel reste introuvable. Ce sera aussi une anecdote qui va m'accompagner pour le reste de mes jours... Lionel masque et tuba dans les rouleaux de vagues qui revient nu comme un ver. Pendant ce temps, Lisa prend son pied ou plutôt sa mousse ici :) Obligé de botter en touche, je profite du soleil sur la plage et des oiseaux qui s'y baladent.

Mouette obscure des galapagos

À nouveau, dû à l'isolement des îles des Galapagos, la plupart des oiseaux y sont endémiques et portent le nom de l'archipel dans leur nom.

Mouette obscure des galapagos

Pélican des Galapagos

Bécasseau sanderling qui tente d'échapper aux vagues pour ne pas être mouillé mais qui suit le retrait de l'eau au plus près pour sonder le sable mou à la recherche d'une petite larve.

Bécasseau sanderling fuyant la vague

Bécasseau sanderling sondant le sable mou

Petite pause jus de fruit

Les jours suivants, l'envie de reprendre la mer est trop forte. Le pied est toujours bien douloureux mais moins gonflé. J'arrive maintenant à enfiler des palmes (2-3 tailles au-dessus que normal). Avec les palmes, je peux descendre un peu plus en profondeur pour observer le fond de plus près.

Assez impressionnant, ici, un poisson semble utiliser la protection de l'oursin pour y pondre ses œufs, ainsi protégé des prédateurs.

Un petit poisson très territorial qui garde son petit coin de rocher. Il n'hésitera pas à venir mordiller votre pied s'il est trop proche de sa maison! Ici une sorte d'étoile de mer en plein plaisir sexuel :O

Nous changeons ensuite d'île pour l'une des plus grandes mais pas des plus peuplées, l'île d'Isabela. Lisa la connaît bien, elle y a travaillé pendant 3 mois. C'est assez fou, certains habitants l'ont reconnu alors que cela fait plus de 3 ans qu'elle n'y est plus allée!

On profite de la proximité avec une mangrove pour aller piquer une tête avec notre masque et tuba. Ici, l'accès à la mangrove est aménagé avec un petit ponton en bois. Les otaries sont chez elles et il faut les contourner pour réussir à passer!

Une otarie plongeant depuis le ponton que l'on aperçoit derrière elle.

Un peu plus loin, je croise deux raies léopards. Je tente de les suivre mais bien plus rapides et agiles que moi, je les perds rapidement dans ces eaux troublées. Quelle beauté de les voir voler ainsi dans l'eau. L'île est immense, on décide d'aller explorer un peu les terres en montant au sommet d'un volcan. Sur le flanc du volcan, une ambiance toute particulière règne. Un brouillard épais s'est installé au petit matin et les arbres recouverts de lichen transpirent une ambiance toute particulière.

Moucherolle des Galapagos femelle sur sa branche

Arrivé au sommet du cratère, la chaleur y est accablante! Autour du cratère principal se trouvent de nombreux petits cratères satellites. Bien protégés dans les pics des cactus, les petits pinsons noirs endémiques des Galapagos ont su tirer parti de cette forteresse irsute. Ils nichent dans les pics des cactus à l'abri des prédateurs mais malheureusement, avec la mondialisation, des moucherons ont fait leur apparition sur l'île et ils mettent à mal la population de pinsons endémiques. Ces moucherons pondent leurs œufs dans les yeux des bébés pinsons dans leur nid. L'office de la protection de la nature des Galapagos réfléchit à importer une petite espèce de guêpe qui se nourrit de ces moucherons pour tenter d'enrayer l'hécatombe. Il existe plein de sortes de ces pinsons noirs des Galapagos. Ici l'un d'entre eux. La principale caractéristique est leur couleur noire :) De retour au bord de l'île, on parcourt les plages de sable à la rencontre des locaux. L'iguane marin semble quasi mort au plus chaud de la journée. Stoppée net dans son mouvement, elle semble prendre un bain de soleil. La vérité est tout autre, les reptiles ont un sang froid et ne peuvent pas réguler leur température. L'iguane passe en mode survie et minimise ses mouvements jusqu'à ce que le soleil soit moins fort. Elle redeviendra active une fois les températures plus clémentes. À la merci de la température, elles peuvent même s'arrêter pour la journée au milieu d'une route dans un village. Dans ce cas-là, les autorités mettent des cônes de signalisation autour de l'animal pour attirer l'attention des automobilistes pour ne pas l'écraser. Elles sont aussi très sensibles au phénomène El Niño qui est un réchauffement cyclique catastrophique pour l'iguane. Cette hausse de chaleur peut faire succomber une grande partie de la population d'iguane marin. On retrouve aussi le petit lézard de lave aux abords des chemins. Et la chance nous sourit, on croise une très impressionnante tortue des Galapagos qui peut vivre plusieurs centaines d'années. L'iguane marin des Galapagos est un iguane vert qui a traversé les océans jusqu'aux Galapagos. Une fois arrivé sur les îles, il s'y est plu et au fur et à mesure des siècles, la sélection naturelle lui a permis de s'adapter au mieux aux conditions de l'archipel équatorien. Darwin a élaboré sa théorie de l'évolution en étudiant justement la proximité entre l'iguane vert et l'iguane marin des Galapagos.

Détail de la crête de l'iguane marin des Galapagos

Si lent que même les algues (dont il se nourrit) s'installent peu à peu sur ses écailles

Coucher de soleil sur Isabella

Les îles des Galapagos formées par couches de lave successives forment parfois des tunnels de lave qui finissent pris dans les eaux. Avec l'érosion, il ne reste plus que des arches.

Arche de lave

Du haut de ces arches de lave, on peut voir passer les tortues et raies en dessous. On en profite pour aller à la découverte de ce monde aquatique typique des tunnels de lave. Masque et tuba en bouche, on se met à l'eau. Un petit concombre de mer accolé à la roche volcanique. Un de nos accompagnateurs, le conducteur du bateau, adore chercher les hippocampes. Impressionnant de le voir plonger malgré un embonpoint bien présent. Sans masque ni tuba, il découvre en profondeur son cheval de bataille, l'hippocampe. Il se cache profondément sous l'eau et avec mon orteil meurtri il ne m'est pas possible de plonger aussi bas, je donne mon appareil photo avec son caisson sous-marin au conducteur du bateau qui descend 6 m sous l'eau pour mettre en boîte le cheval des mers pour moi. À nouveau, une otarie attirée par le bulbe proéminent du caisson étanche vient à notre rencontre. Elle joue à cache-cache dans les tunnels de lave. Un ballet aquatique avec Lisa. On rencontre aussi le fameux requin à pointe blanche endémique des Galapagos. Plutôt actif de nuit, ils se cachent à l'ombre des tunnels de lave.

Dur à distinguer mais 3-4 requins à pointe blanche se cachent dans l'ombre en attendant la nuit pour aller chasser.

Un requin sort de sa cachette, sort de l'ombre. Ils peuvent paraître impressionnants mais il est inoffensif pour l'homme (moins pour les autres poissons :) ) Un peu plus loin, en dehors des tunnels de lave, on a la chance de nager côte à côte avec les tortues marines vertes. Immenses et pourtant si gracieuses sous l'eau. Des rayons de lumière traversent la surface de l'eau et créent de magnifiques arcs-en-ciel en diffractant les différentes longueurs d'onde. Dur de s'imaginer leur grandeur, ici, Lisa nage aux côtés de l'une d'entre elles. Parfois accompagnées de petits poissons colorés, elles viennent se nourrir d'algues. Elles remontent régulièrement pour respirer. Il est possible de les repérer de loin dans ce cas lorsque leur tête sort hors de l'eau. Parfois les eaux sont claires, parfois plus troublées. Ça dépend de la marée (montante/descendante) mais aussi du lieu. Ici dans une petite mangrove la visibilité y est d'à peine quelques mètres.  

Un pelican des Galapagos en phase d'atterissage au bord de la plage.

Au bord d'une plage de sable, la marée est montante remuant les sédiments et troublant aussi passablement la vision sous l'eau. Difficile de distinguer les animaux à vue, parfois on est sur le point de leur marcher dessus avant de les voir. Ici une raie-fouet tapis au fond de l'eau. Une fois dérangée, elle s'en va en faisant onduler son corps. Ses yeux orientés vers le haut lui permettent d'avoir une bonne vision périphérique tout en étant tapis au sol marin. Cette eau troublée crée des rayons lumineux. Les tortues marines vertes se nourrissent aussi dans ces eaux troublées. Elles paraissent plus craintives mais c'est compréhensible car, la visibilité étant réduite, elles ne peuvent pas nous "voir arriver" de loin et elles n'aiment pas trop l'effet de surprise. L'ambiance est magique avec un fondu crémeux. On se croirait comme nager dans un rêve aux côtés de ces géants des mers sortis d'un autre âge. D'un calme et d'une quiétude à toute épreuve, elles naviguent dans ces eaux sombres à la recherche de nourriture. On a aussi vite fait de se perdre de vue. Pour retrouver Lisa, il est plus simple de la repérer en sortant la tête hors de l'eau. On a aussi la chance de trouver une langoustine qui adopte immédiatement un comportement défensif en tentant de m'intimider avec ses antennes. Ce sont des animaux plutôt nocturnes, peut-être qu'elle se sent plus à l'aise de sortir hors de sa cachette lorsque la visibilité diminue? À nouveau, une semaine pour découvrir cette région de l'Équateur est bien trop courte, on ne fait qu'effleurer la beauté du paysage, il y a tant à découvrir que ce soit dans l'eau ou dans les terres volcaniques. Un paysage absolument splendide où lave et océan ne font qu'un!      
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Topographie sous-glaciaire

Dans le cadre d’un projet de livre, avec des amis spéléologue (GSR et SCVJ), on est monté à la rencontre d'un glacier pour y topographier une grotte de glace. L’idée du projet est de pouvoir suivre l’évolution de ladite grotte au fil des prochaines années tout en documentant, à l’aide d’images, les parties éphémères. Lors de mon suivi annuel des grottes de glace valaisannes, j’ai repéré en 2024 une nouvelle grotte impressionnante par ses dimensions. De par sa taille, elle présente un fort intérêt à être topographiée pour assurer un suivi sur plusieurs années, afin de localiser les images ainsi que les changements majeurs de la morphologie de ce glacier mourant. J’avais estimé sa longueur à 850 mètres mais les pointages au "*disto" auront le dernier mot ! *disto: instrument de mesure de distance laser modifié avec une puce et une boussole pour ajouter la direction et l'inclinaison à la mesure. Le vendredi 25 avril 2025, l’équipe constituée de Benjamin Roh (GSR), Louis (SCVJ/GSR) et moi-même (GSR), chaussons les peaux pour nous rendre au bout de la langue du glacier. Pour s’échauffer, nous topographions une première galerie, qui s’est déjà réduite de deux bon mètres depuis ma dernière visite. Nous ne nous y attardons pas trop : la voûte glacée fait moins d’un mètre d’épaisseur, et la congère de neige soufflée est impressionnante. Cette grotte s'éffondrera probablement déja ce printemps. Pas évident de passer au-dessus des blocs fraîchement écroulés avec les skis de rando, et pas forcément facile non plus de faire fonctionner le disto avec tant de luminosité : le point rouge est difficilement discernable, et la réflectivité de la glace n’aide pas. Le premier tunnel fait 238 mètres de long et atteint tout de même 6 mètres de hauteur sous la voûte pour 15m de dénivélation. On presse un peu le pas car la seconde grotte présente des dimensions bien plus impressionnantes, et la journée est courte ! Pour gagner en efficacité on se réparti les rôles : Louis est au disto, mesurant les points ainsi que les section en faisant des mesures d’habillage. Je suis en avant pour déterminer le prochain point de mesure, en le marquant à l’aide d’un bâton de ski ou d'un élément naturel avec un faible indice de réflexion, Benjamin est à l’arrière, téléchargeant les données du disto sur le smartphone pour s’assurer que les points mesurés permettent une bonne modélisation. Il s’occupe aussi de dessiner les éléments remarquables de la grotte. La stratégie est d’abord de mesurer le tunnel principal, puis de topographier les tunnels secondaires perpendiculaire en redescendant. Le début de la grotte est impressionnant, avec une voûte atteignant 7.5 mètres de hauteur. Très ouverte, la lumière y accède bien, tout comme les avalanches des derniers jours, qui se sont engouffrées par les tunnels secondaires en les obstruants. Rapidement, en explorant la galerie principale, la luminosité chute drastiquement et la neige au sol laisse place à un pierrier. En ce début de printemps, le glacier a déjà entamé sa fonte, et la rivière a transformé le terrain en véritable patinoire. Éclairés par la lumière chaude de l’acétylène, nous cherchons les cailloux libérés des glaces pour évoluer dans la pénombre glaciale. Plus on s’enfonce, moins le lit de la rivière est marqué, et plus il devient difficile de ne pas glisser. Il faut marcher sur les replats des gours gelés de la rivière mais c’est parfois trompeur : parfois le pied traverse et l’on plonge dans 30 cm d’eau glacée ; parfois le pied glisse, et l’on se rattrape comme on peut. Benjamin a dû se faire un bandage de fortune au poignet et on ne compte plus les microcoupures aux mains. Heureusement, le froid aide à ne pas trop sentir les douleurs… Nous progressons rapidement mais le temps presse. Nous voilà au bout du tunnel principal. Benjamin nous fait un rapide topo des premières mesures : 650 mètres de longueur pour 144 mètres de dénivelé ! Pas mal, mais en deçà des chiffres que j’avais estimés lors de mon repérage. À entendre les réactions de Louis, il semble que nous ne soyons pas venus pour rien (pas de réaction chez Benjamin, fidèle à son flegme habituel). La topographie est loin d’être terminée : il nous faut maintenant revenir en arrière pour mesurer les différentes galeries secondaires. La galerie principale a été mesurée avec 27 postes de mesure. Une première galerie secondaire se trouve déjà au point de mesure 25 (les points de la galerie secondaire sont donc 25.1, 25.2, 25.3, etc), et au point de mesure 20 (20.1, 20.2, etc), il s’agit d’une salle avec un lac glacé en formation où pas moins de quatre galeries se rejoignent. Le temps presse, et l’on sent clairement que le débit de la rivière de fonte augmente d’heure en heure. Nous espaçons au maximum les distances entre deux points de mesure pour gagner du temps tout en gardant une bonne précision/résolution. C’est impressionnant de constater que toutes les galeries secondaires suivent la même pente. Logique, puisque tout le glacier repose sur le même flanc de montagne, mais la topographie confirme clairement cette tendance. Lors de la descente, Benjamin trouve des reliques prises dans la glace, figées dans le temps : un bout de corde d’une cinquantaine de centimètres, gelé dans la rivière. Sûrement une vieille corde utilisée par les premiers alpinistes. On se raconte quelques histoires d’expéditions un peu folles avant de documenter la découverte, noter sa position sur la topo, et reprendre notre progression. Suite à cette découverte, nous restons particulièrement attentifs : clairement, peu de personnes se sont aventurées aussi loin dans cette grotte. Le glacier agit comme une capsule temporelle. Voilà que Louis s’exclame à nouveau : une chaussure ! Impressionnant. Dans le sel glacière, coincée entre les blocs rocheux gelés et la glace, un morceau de cuir fait son apparition. Après avoir documenté la scène, nous décidons de mettre au jour le reste de la chaussure. Avec l’été qui approche, la chaussure serait vite balayée par la rivière, et l’accès à la grotte deviendrait trop périlleux avec les risques d’effondrement. Délicatement, nous grattons le sel glacière et dégageons les pierres prises dans la glace. Peu à peu, nous extirpons la chaussure du pergélisol. Nous inspectons les environs, mais aucun autre indice ne laisse présager la présence d'un corps. Bizarre de retrouver une chaussure isolée ici. Benjamin la pacquète et nous la ferons analyser par un bureau spécialisé une fois de retour en plaine. Comme pour la corde, nous relevons précisément sa position sur la topographie de la grotte. Nous voilà quasiment de retour à notre point de départ, à l’entrée de la grotte. Il ne nous reste plus qu'à mesurer les premières galeries latérales. Le temps commence à manquer, et la fatigue se fait sentir. Voilà, le point 2.3, le 71 station de mesure est fait : la grotte est maintenant entièrement modélisée ! Elle atteint une longueur totale impressionnante de 1510 mètres, en comptant toutes les galeries secondaires et tertiaires ! Existe-t-il une grotte de glace plus grande dans les alpes ? Un énorme travail topographique réalisé en moins de 6 heures. Ce travail nous offre une base de référence pour l’année 2025, permettant de référencer les différentes images prises depuis ainsi les artefacts trouvés. Cela permettra aussi d'assurer toute la documentation future sur cette grotte vouée à disparaître prochainement. De futures topographies seront effectuées dans les années à venir pour mesurer son évolution. Merci encore à Benjamin et Louis pour ce travail exceptionnel!  
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