Le danseur alpin, le tétras lyre

Le tétras lyre est une espèce qui me fascine depuis toujours. Petit en allant « jumeler » avec mon père au printemps, j’ai découvert leur danse et leur chant.

Un spectacle dont la beauté reste gravée dans ma mémoire. Cela fait maintenant plus de 10 ans que je retourne les voir régulièrement. C’est devenu un pèlerinage, chaque année en mai, je reprends la route de la clairière. Raquettes aux pieds, je monte en début d’après-midi au sommet de la forêt. Plus de 500m de dénivelé à chaque fois pour être coupé du monde, seul avec les petits coqs.

J’installe l’affut en début d’après-midi et passe la nuit caché dans la tente pour avoir le moins d’impact possible sur le ballet des tétras.

Les tétras lyre sont très vulnérables au printemps et pendant tout l’hiver. Leur nourriture favorite, les myrtilles et autres insectes ne sont plus à portée de bec. Ils se nourrissent quasiment exclusivement d’épine de sapin ou d’arole. Ce régime alimentaire très peu calorique les rend très vulnérables, chaque dépense énergétique risque de leur être fatale. Des zones de tranquillité sont mises en place dans de nombreuses forêts alpines pour diminuer le dérangement de l’espèce par les activités hivernales comme les raquettes ou le ski de randonnée. Ses zones sont généralement balisées ou sont aussi indiquées sur les cartes hivernales. Malheureusement, parfois leur tranquillité n’est pas respectée et un dérangement suffit pour achever un individu déjà extenué.

C’est pourquoi, il est primordial de prendre toutes les précautions nécessaires pour ne pas les déranger. En installant l’affut en début d’après-midi, les tétras sont encore en forêt. Le soir venu, ils remontent vers la place de chant pour défendre leur parcelle de terre. Je passe la nuit en affut car les mâles viennent sur la place de chant dès l’aube.

Il faut aussi savoir que les femelles bien plus discrètes sont sur place presque une heure avant les mâles.

Au petit matin, le gargouillis des mâles sur la place de chant me tire du sommeil. J’entends les tétras se déplacer autour de l’affut et même quelques prises de bec.

Je guigne à travers les fenêtres, malgré l’obscurité, je peux distinguer quelques silhouettes se découper comme des ombres chinoises dans la neige. Il est encore trop tôt pour faire des images mais le spectacle est un régal pour les oreilles. La nuit se retire peu à peu révélant la danse des tétras.

Leur petit saut, leur vol plané, leur course poursuite et leurs coups de bec pour défendre leur territoire, quel spectacle !

Tout ça pour attirer l’attention des femelles qui observent la scène. Si une femelle s’approche, l’activité sur la place de chant redouble d’intensité et des plumes peuvent voler !

Puis le soleil fait son apparition et l’activité sur la place de chant se fait plus calme.

Les tétras les plus téméraires continuent à parader mais d’autre s’en vont dans les mélèzes pour picorer les tendres bourgeons fraîchement éclos, du pain bénis après s’être nourrit exclusivement d’épines de sapin pendant des mois.

 

Ici un petit album compilant des images sur plus de 10ans

Album blog affut tétras

*svp remplissez toutes les cases. Merci!
  • Véronique Duffour-Fellay dit :

    Sympa la vidéo sur l’arrivée sur place et la préparation.
    On s’y croirait
    Belles photos 10 ans !! Bravo un vrai passionné