Travail de terrain au sud du Groenland
Réorientation professionnelle
Cela fait maintenant quelques temps que je cherche un moyen de concilier mon travail d’ingénieur système (électricité, électronique, automation) avec ma passion pour la nature, mon goût de l’aventure et plus récemment, ma formation d’accompagnateur en montagne. Après quelques discussions avec Matteo qui travaillait comme technicien pour l’EPFL dans le cadre d’un projet de monitoring de la biodiversité des glaciers à travers le monde, je me suis mis à la recherche de nouvelles opportunités. Mattéo a installé des instruments et fait des prélèvements sur différents glaciers à travers le monde, au Népal, Alaska, Patagonie, Afrique, Groenland ou encore en Nouvelle-Zélande (sans oublier la Suisse bien sûr) pour le projet Vanishing Glacier. J’ai aussi pris contact avec PolarWilson qui travaille sur des projets d’expédition particulièrement engagés en arctique et antarctique.
En scrutant les différentes offres disponibles, on peut trouver de tout, de postier dans la station la plus au sud au monde à responsable technique de la base française de Durmon Durville en Antarctique. Ce n’est finalement que très récemment que l’opportunité parfaite s’est manifestée à moi par une proposition de technicien et assistant de terrain à l’EPFL. C’est un laboratoire de recherche en environnements extrêmes (EERL) effectuant des recherches sur les particules dans l’air qui m’a engagé pour, entre autres, organiser le déploiement et l’amélioration d’un ballon de mesure et d’autres instruments. Le mandat se déroule dans le cadre du projet Greenfjord
qui cherche à mieux comprendre les systèmes de fjord avec un glacier se jetant dans la mer ou non. Le projet global cherche à comprendre les systèmes de fjords sur pleins d’aspects, avec différentes synergies. Certains chercheurs se focaliseront sur l’aspect humain, d’autres sur la biodiversité marine, les glaciers, les flux de carbone ou encore les émissions de particules et la formation des nuages. En somme, c’est un projet ambitieux prévu sur une durée de quatre ans. Il y aura surement d’autre projets pour le déploiement du ballon de mesure mais je serais principalement impliqué dans le sud du Groenland.
Ça démarre tout de suite très fort : pour mon premier jour, j’ai directement rendez-vous à l’aéroport de Zurich pour un vol direction le Groenland. Tout va s’enchainer très vite. La première année du projet sera destinée à faire des mesures préliminaires pour les années suivantes, préparer et planifier les futurs vols du ballon ainsi que la prise d’échantillons de poussières potentiellement capables de condenser l’air pour la formation de nuages.
Pour faire plus court et plus intéressant, je ferai un peu abstraction des travaux et mesures effectuées sur le terrain pour me concentrer sur les péripéties du voyage qui ne manqueront pas.
Après trois jours de retard, de report et d’aller-retours, nous arrivons au sud du Groenland, à Narsarsuaq. La vue depuis l’avion est splendide, cette étendue glacière à perte de vue avec quelques nunataks nous change des glaciers terrés au fond de nos vallées. Ici ils semblent pouvoir respirer, déborder et couler jusqu’à la mer. Évidemment, ce n’est qu’une impression car le réchauffement climatique touche de plein fouet le Groenland. C’est d’ailleurs la raison de ma venue sur ces terres reculées. Mieux comprendre les mécanismes des fjords avec un glacier et ceux sans glacier se terminant dans l’eau. Car dans le futur, il y aura moins de glaciers terminant dans la mer ce qui va impliquer des changements que l’on doit étudier, comprendre pour pouvoir les modéliser pour mieux définir les conséquences.
Mais avant ça, je suis comme un gamin devant une glace ! Sauf que ma glace et mon premier vrai iceberg dans le fjord de Narsarsuaq ! Ses dimensions sont impressionnantes et son histoire me passionne. Savoir qu’il s’est formé quelque part sur la calotte glacière par accumulation et compression de la neige sur des décennies, que par son poids et le poids du reste de la calotte, il a glissé jusqu’à atteindre l’eau d’un fjord d’où il s’est détaché et s’est mis à dériver jusqu’à apparaitre devant mes yeux me remplit d’émotions.
Il n’est pas très proche de la rive mais il est impressionnant.
Je trouve aussi quelques rochers bien poreux, est-ce de la roche volcanique ? Je n’en ai jamais tellement vu de telles avant (malheureusement, je n’ai pas pris d’images)
On ne pouvait pas rester bien longtemps à Narsarsuaq étant juste une ville de transition (la 40ème plus grande du Groenland avec ses 150 habitants). On doit naviguer jusqu’à la 9ème plus grande ville du Groenland, Narsaq avec ses 1300 habitants. Cependant, je voulais aller voir la pouponnière d’où venait l’iceberg que j’ai photographié. En arrivant en avion, j’ai pu voir le fjord avec le glacier se brisant en mille et un iceberg.
Bref, on doit partir dans la matinée le lendemain pour rejoindre ce fjord. Sur la carte, il s’agit d’une petite dizaine de km à faire avec un petit bout hors sentier avec 800m de dénivelé positif (il s’avère qu’il y en aura 1000 au final…). Je me dis qu’un lever à 4h du mat me permettrait d’aller voir ce magnifique fjord.
Lever à 4h du mat : il pleut dehors, je mets ma gortex et je commence l’ascension. Très rapidement, je me rends compte que les chemins indiqués sur la carte sont plus des suggestions d’azimute et qu’en vrais, il n’y a absolument pas de chemin. Très vite, je me retrouve à évoluer dans un sol plein de mousses humides. Je me retrouve trempé de la tête au pied entre ces mousses qui me font perdre énormément d’énergie en plus de la pluie battante. 6h du mat : je suis à peine à la moitié du chemin, le brouillard se lève et le vent aussi. Je dois tourner la tête pour respirer ou pour ne pas me faire griffer par les grésillons volant à l’horizontal. Bref, comme n’importe qui l’aurait fait, je n’ai pas opéré un demi-tour du tout et je me suis mis à courir à travers la mousse. Sur le haut plateau, je trouve des petits lacs tout mignons. Sur l’un d’entre eux, j’ai vu des plongeons et j’ai même entendu un renard polaire mais impossible de les repérer dans cette étendue de terre sous la pluie et je n’ai pas vraiment de temps pour les chercher.
Finalement, entre deux vagues de brouillard, je peux distinguer la langue du glacier.
La vue est splendide, « breath taking » comme diraient les anglais. Probablement une des plus belles vues que j’ai eu l’occasion de voir.
Ce mix entre le brouillard, la mer, le fjord, le glacier, les icebergs et les méandres de la vallée d’en face est juste splendie.
L’effort, de la marche sous la pluie, les rafales de vent et le brouillard rend la vue encore plus belle ! Dur à rendre la beauté des lieux en photo mais le fait d’avoir fait une petite escapade de 14km et 1200m+ ajoute de l’émotion.
Malheureusement, même dans ces coins reculés, on trouve des déchets… désolant…
Je ne peux pas trop tarder car le chemin du retour est long. De plus, les chemins indiqués sur la carte n’existent pas du tout dans les faits. Ce sont plus des propositions d’exploration… Ma carte date aussi de 2013 donc je suppute qu’à cette époque la forêt de vernes n’était pas aussi intraversable qu’actuellement…
Complètement trempé, je me change pour aller visiter le musée avec le reste du groupe. En plus du labo de l’EPFL dont je fais partie, il y a deux personnes du domaine des sciences humaines, une de la biodiversité marine et une autre effectuant des recherches sur les flux de carbone entre la terre et la mer via les rivières. On a eu l’occasion de faire un peu connaissance lors de nos trois jours de trajets, lorsque nous étions bloqués à Copenhague. Dans le musée, on en apprend un peu plus sur Narsarsuaq avec son emplacement stratégique lors de la deuxième guerre. Une étape pour les avions américains allant en Angleterre. On en apprend aussi un peu plus sur la colonisation du sud du Groenland via des bateaux venant d’Island. Nous avons pu glaner quelques explications sur l’agriculture avec les moutons, quelques mots sur la faune locales et la géologie. Je profite d’avoir une carte géologique pour confirmer que la roche vue au bord du fjord est bien d’origine volcanique. Je profite aussi de l’occasion pour acheter un livre sur la géologie locale ainsi que des cartes détaillées de la région. Ça me sera d’une grande utilité pour mieux comprendre et évoluer dans les environs.
Il est temps de rejoindre notre destination finale, Narsaq, un village de pécheur à la croisée des fjords. Sur le trajet en bateau, on passe à côté de nombreux iceberg qui s’emblent bloqués là par une barrière invisible.
Ils sont en réalité maintenus à l’embouchure du fjord par une vieille moraine frontale sous-marine du glacier (on le voit bien dans la vidéo, plus haut).
Les courants font qu’ils s’accumulent un peu plus dans cette région avant de partir dériver plus loin.
L’arrivée à Narsaq est dépaysante à nouveau. Le nombre de icebergs dans les environs est incroyable, bien plus nombreux qu’avant ! Malheureusement, la visite des environs devra attendre un peu. Il nous faut d’abord prendre place dans les locaux et installer tous les instruments pour les mesures en continu qui se feront les dix prochains jours. Je profite aussi pour faire sécher mes habits complètement trempés de ma balade matinale.
Le lendemain, la suite de l’installation continue. On profite du temps radieux pour faire quelques prises d’échantillons aux abords de la rivière glacière. On passe à côté d’une baie avec beaucoup d’icebergs échoués. Parfois des bruits sourds de cassure d’iceberg ou de retournement de ceux-ci se font entendre.
Le soir après avoir mangé, sur le chemin vers l’hôtel, un nuage semble légèrement éclairé. Non, ce pourrait-il que… ? Je me mets un peu à l’écart des lampadaires de la ville pour que mon œil s’habitue un peu plus à l’obscurité. C’est définitivement ça ! Des aurores !
Je ne m’attendais pas du tout à en voir car on est en plein été. Le sud du Groenland est plus bas que le cercle polaire, il y a donc toujours un peu de nuit. Dans ces conditions, en cas de vents solaires forts, il est possible d’avoir des aurores même en été.
Je me précipite pour prendre mon appareil photo. J’active l’augmentation de la luminosité dans le viseur électronique, le nuage devient vert, aurore boréale confirmée ! Je me précipite vers la baie aux icebergs. Pendant ce temps, les aurores se font plus nombreuses et intenses ! J’espère qu’elles dureront car d’expérience, celles que j’avais vu au Svalbard duraient 30min-1h tout au plus avant de s’éteindre. Arrivé aux abords du fjord, la crainte se confirme, les aurores restantes sont très faibles. Je ne perds pas espoir, une fois le boitier installé sur le trépied, j’attends en espérant que l’activité reprenne. La patience finit par payer. Une heure plus tard, les aurores refont leur apparition. Elles dansent au-dessus de moi. C’est un festival, encore plus intense que les premières !
Les couleurs du crépuscule sont encore un peu visibles apportant une petite touche chaude, se mélangeant au bleu froid de la glace et au vert des aurores.
Une palette de couleur splendide ! L’appareil en time laps, je profite pour regarder ce spectacle de lumière naturelle.
Puis la lune se lève sur le village de Narsaq et sa baie aux icebergs. On voit le village éclairé de mille feux sur la droite de l’image.
Vers 1h du matin, le ciel commence à se couvrir et les aurores s’effacent peu à peu.
Le lendemain, on discute avec la commune et l’héliport pour obtenir des autorisations d’utilisation d’espace publique et de vol. On cherche aussi des informations concernant l’approche des engins volants et les coutumes locales des habitants. S’ensuit une marche sur la colline accolée au village nommée Tasiigaaq. Cela deviendra notre « Hausberg », la colline que l’on gravira très régulièrement avec différentes conditions météo. On croise d’ailleurs des locaux qui font régulièrement l’ascension et ajoutent un caillou au cerne à chaque fois.
Le but est de simuler un vol du ballon qui se fera les années suivantes. En faisant une marche le plus verticalement possible et en emportant un appareil de mesure de particule avec soit on peut simuler le ballon et ainsi obtenir des données pour affiner les appareils à apporter lors de la prochaine campagne de terrain.
Je profite de ces ascensions pour prendre quelques images des alentours.
Le brouillard est omniprésent et très bas, ce sont justement les conditions rêvées pour étudier la formation des nuages.
De là haut, on voit bien le village de pécheur ainsi que la baie avec les icebergs.
Les journées suivantes sont très pluvieuses, on déplace les instruments de mesure à l’intérieur pour éviter la condensation. On profite aussi pour installer une station de mesure sur le toit de la station de recherche.
A côté de la « Tasiigaaq Hill » que l’on fait quasiment tous les jours se trouve une montagne plus haute. On l’appelle « Narsaq Mountain » mais son vrai nom est plutôt Qaqqarsuaq du haut de ses presque 700m, elle parait bien engagée. On voit cependant quelques points de marquage, il y a peut-être un chemin ? Je tente une ascension un matin tôt avant le lever du soleil mais le brouillard et la pluie me fera rebrousser chemin (aussi le fait qu’il n’y a pas vraiment de chemin).
J’ai dû me perdre un peu car j’ai fait un petit bout d’escalade au-dessus des cascades… Je profite de la redescente pour immortaliser cette cascade ainsi qu’une grosse ombellifère que je n’ai pas encore identifié.
Je profite d’être à l’extérieur pour faire le tour de la côte Est du village.
De ce côté, quelques icebergs finissent leur vie en apportant un peu d’eau douce dans le fjord.
On distingue très nettement le ponçage du glacier sur la roche dénudée de végétation. Le glacier c’est maintenant bien retiré mais ses indices trahissent sa présence.
On trouve aussi quelques cabanes de pécheur à l’abord du fjord.
Certains icebergs ont des tailles complètement démentielles. Ici, pour comparaison, un goéland marin est posé au sommet du mastodonte.
L’après-midi, une marche est prévue pour estimer l’impact de la pollution de l’air du village. On part du village avec l’appareil de mesure jusque dans l’autre vallée avant d’entamer le passage d’un col pour arriver finalement au lac Taseq. Dur de se représenter les dimensions du lac avec le brouillard qui le cache toujours en partie mais selon la carte, il est bien grand 😊. Après avoir mangé un morse, on redescend au village pour rencontrer d’autres scientifique vivant sur Narsaq. Sur le chemin, on trouve des roches intéressantes avec de beaux minéraux. Il faudra revenir pour les identifier mais aussi pour voir le lac en entier, l’endroit semble magique ! Les conditions ne se sont pas vraiment idéales pour les images mais je pense bien y remonter dans les années à venir.
Je m’extirpe des discussions entre scientifiques pour installer et tenter de comprendre une caméra Osmo pocket. C’est un appareil prêté par le département média de l’EPFL pour prendre des images sur le terrain. Franchement, l’ergonomie du bazar n’est pas évidente mais je parviens tout de même à le régler pour prendre un time laps. On voit bien les icebergs se déplacer et même certain d’entre eux se retourner. Dommage que le son ne soit pas enregistré car c’est impressionnant ! Je mettrais la vidéo en ligne dès que j’ai un peu de temps pour la finaliser.
En attendant, je vous présente quelques images des icebergs du fjord. En fondant et en se retournant, certains se sculptent en véritable œuvres d’art.
Le ciel est bien dégagé et au fils du temps, le soleil commence à baisser sur l’horizon rétroéclairant les icebergs leur donnant un coté vitreux.
Puis la lumière devient magique, orangée et très douce transformant le bleu de la glace en rouge.
Il n’y a pas beaucoup de nuages pour capter ces couleurs mais l’ambiance est incroyable.
Le coucher se passe en un rien de temps. Les quelques nuages présents captent rapidement les derniers rayons de lumière avant de s’éteindre.
J’ai juste le temps de souper pour me rendre compte que les aurores boréales sont à nouveau de sortie ce soir-là ! Une longue journée avec les différentes marches, presque 60’000pas mais je ne vais pas m’en plaindre !
Contrairement à la dernière nuit, ces aurores sont beaucoup plus statiques et font une sorte d’arc au-dessus de la baie aux icebergs.
Pendant que je prends le panorama, le trépied bascule et l’appareil disparait sous les eaux du fjord. Je vois l’écran LCD éclairer la surface de l’eau depuis le fond. Il me faut quelques secondes pour comprendre la situation avant d’attraper un pied du trépied pour extirper le bazar hors de l’eau. Je le sèche tant bien que mal avec des mouchoirs en papier. Un moment d’inattention et voilà que tout bascule… Le cœur noué, je réenclenche l’appareil pour constater les dégâts. Une image a visiblement été prise sous l’eau.
Erreur d’accessoires non reconnus avec un popup apparaissant en permanence à l’écran, beaucoup de difficulté pour faire la mise au point (la bague de mise au point n’est plus directement liée au bloc optique via des pignons comme jadis). Il m’est aussi impossible d’éteindre l’appareil, surement un faux-contact dans le switch on/off. Je crains vraiment le pire car l’eau salée est souvent mortelle pour l’électronique.
Mort pour mort, je tente tout de même de réaliser une image d’un iceberg échoué sur la cote rétro éclairée avec mon téléphone.
Puis, j’arrive tout de même à faire en sorte que l’appareil fasse un time laps pour le reste de la nuit. Pendant ce temps-là, je bivouac à côté de lui.
Je ne dors pas beaucoup cette nuit-là, ayant oublié mon matelas. Les cailloux sont bien durs. Le time laps n’est d’ailleurs pas un franc succès car l’humidité dans l’objectif sortant tout juste de la baignade et telle qu’une forte condensation s’est produite à l’intérieur de l’optique.
La journée suivant, l’appareil photo ainsi que l’optique sècheront dans une boite remplie de silicagel. Je crois les doigts pour que l’oxydation de l’eau salée ne fasse pas plus de dégâts. Le fjord n’est en réalité pas si salé que ça car il faut un certain temps pour que l’eau d’océan se mélange avec l’eau douce du glacier dans le fjord. La salinité de l’océan est de 35g/l alors que celle du fjord est de l’ordre de 7-8 g/l dû à l’apport d’eau douce du glacier et des icebergs justement.
Les jours suivant sont une succession de mesures sur le terrain, changement de filtres, amélioration de l’infrastructure en place ainsi que prise de contact avec les locaux en prévision des campagnes de mesures des années suivantes.
En discutant avec une des personnes très active dans la vie du village, on apprend que des Belges sont dans le coin. On arrive à les croiser un soir sur une des rues du village et l’on échange quelques mots. On se revoit aussi en soirée pour discuter un peu de leur projet qui est juste démentiel. Leur expédition se décompose en trois étapes avec une partie de traversée de la calotte glacière est-ouest du Groenland en Pulka avec des températures avoisinant régulièrement les -40°C. Ils ont ensuite enchainé avec la deuxième étape qui consistait à ouvrir une voie de grimpe de 100m en 7a+ dans un fjord reculé avec des nuits en Portaledge en paroi. C’est complètement démentiel ! Et maintenant, ils sont à Narsaq, dans le même village que moi pour préparer leur troisième et dernière partie qui consiste à parcourir 5 fjord en kayak et récupérer des échantillons d’eau pour des analyses. Pour en savoir plus sur le projet complètement fou. C’est une discussion absolument passionnante mais ils doivent finaliser leur préparatif et pour ma part, le soleil commence à se coucher et l’ambiance sur le fjord commence à devenir intéressante.
En baissant sur l’horizon, les rayons du soleil filtrent à travers les nuages.
Puis l’épaisseur nuageuse devient trop importante et le soleil disparait.
La période de mesure touche doucement à sa fin, il est temps de ranger les différents instruments, de finaliser les rapports, de ramasser des myrtilles sur la Tasiigaaq Hill pour offrir des parts de gâteau aux myrtilles aux gens qui nous ont soutenu.
C’est l’heure du retour en bateau à Narsarssuaq. Sur le trajet, on rencontre à nouveau les icebergs impressionnant dans le fjord mais la météo n’est pas vraiment de la partie.
Arrivés au village, on retrouve des collègues qui devaient décoller dans la matinée mais dont le vol a été annulé. Après avoir finalisé les différents rendez-vous prévus, on part pour plusieurs marches dans les environs pour faire des prises d’échantillon de sel glacière à plusieurs endroits entre le fjord et le glacier.
La vue et la taille du glacier Kuussuup Sermia est particulièrement impressionnante !
Quelques détails du glacier:
Sur la descente, on trouve un bloc de glace échoué dans les méandres quasiment 300m plus bas que le front du glacier. Il doit y avoir des crues exceptionnelles pour pouvoir déplacer un tel bloc de glace sur d’aussi longue distances. Sa particularité est d’avoir une couleur bleue incroyablement vive et lumineuse avec l’éclairage de pleine journée.
Il y a aussi un reste de glacier mort agonisant dans les alentours. Les blocs de glace restant recouverts de moraine ressemblent d’ailleurs à des pierres tombales.
Comme pour nous souhaiter un bon départ, la dernière nuit au sud du Groenland est illuminée par des aurores.
Je profite pour faire des times laps avec la marée dans le fjord. Impressionnant de voir à quel vitesse l’eau se retire (je ne suis pas vraiment un habitué de la mer). Le niveau varie jusqu’à 4m dans cette région.
Pendant que l’appareil prend pleins d’image successives pour le time laps, je profite de me poser emmitoufler dans ma doudoune pour observer les aurores. La température baisse jusqu’à 0.6°C, de quoi m’obliger de temps à autre de faire de petits exercices pour me réchauffer. Puis, un cri très sinistre raisonne au bord de l’eau. Serait-ce un phoque ? le bruit est vraiment bizarre et je prends presque peur. Je me rapproche de mon sac pour saisir ma lampe frontale. Puis, je le distingue, en contre jour contre-aurore, au bord de l’eau. Un petit renard polaire ! Je l’éclair pour mieux le voir. Il est en pellage intermédiaire, il a déjà quelques poiles blanc qui commence à augmenter sa masse de fourrure. Il repassera quelques fois entre le trépied et moi, surement à la recherche de quoi se mettre sous la dent en marée basse.
Après quelques autres mésaventures aériennes qui semble assez régulières au Groenland, on aura 2j de retard sur le retour initial prévu. Une escale plus haut dans le nord nous laisse le temps de faire une dernière prise d’échantillon de sel glacière. Il s’agit de Kangerlusuak, un des villages le plus dans les terres du Groenland (dû à son fjord particulièrement long). Lors des vents catabatiques violent pouvant survenir dans la région, des tempêtes de sable peuvent prendre forme. C’est un phénomène particulièrement intéressant à étudier car ce limon glacière levé par les vents permet de cristalliser les cristaux dans les nuages permettant leur formation.
Sur le trajet, on croise les grands mammifères de la région.
A savoir un renne avec de beaux bois et des bœuf musqué.
Nous sommes restés à bonne distance, les images ne sont pas incroyables mais quel bonheur de pouvoir les rencontrer !
Un super cadeau avant de définitivement quitter cette grande île au milieu de l’arctique.
Les aurores profitent elles de notre vol retour pour nous dire un dernier au revoir.
Un grand merci pour votre attention et la lecture de cet article !
Un grand merci à Pierre pour la relecture de l’article.
On se retrouve l’été prochain pour la suite au sud du Groenland.
Incroyable bravo !
Merci du partage