Signalkuppe 4554m

42h à 4554m Signalkuppe: Capanna Margherita

 

Après avoir passé une nuit presque sans fermer l’œil au bivouac Rossi e Volante (3878m), il est temps de dissiper le doute. Est-ce que le mal d’altitude est une légende ou juste une coïncidence ? De plus, cette fin de semaine s’annonce très prometteuse, pas le moindre nuage à l’horizon. Sans nuage, la chaleur n’est plus retenue la nuit et les températures deviennent glaciales. De quoi tester mon nouveau sac de couchage Cumulus d’expédition avec une température confort de -25°C.

Les jours de congé sont posés, il est temps de partir pour 4 jours en autonomie dont 2 nuits sur le toit de la Suisse. Après 4027, 4164, 4195 et 4206m, il est temps de monter un cran plus haut à 4554m !

Image prise par Stéphane

Une fois le masque covid en place, avec nos sacs chargés à 19kg, on se dirige vers la station de Zermatt. L’ascension du Breithorn ayant déjà été faite depuis la station, le trajet Zermatt-Furi n’est plus à faire. On profite donc des remontées mécaniques sur la première partie puis les peaux sont collées à 1800m. La montre GPS est enclenchée et les premiers mètres de dénivelé derrière nous. Avec Stéphane, nous nous faufilons dans la vallée du glacier du Mont Rose.

Après quelques resserrements, traversées de rivière et montées de rampes en bois, nous voilà au pied du glacier. La température est passée de +3°C au soleil à -11°C. Elle ne passera plus au-dessus de la barre les -10°C pour les 4 prochains jours.

Au pied du glacier, la fonte de l’été passé révèle une grotte. On se permet un petit détour pour visiter ce palais glacé. Les températures glaciales ont transformé le sol de la grotte en cascade de glace.

Au bout du tunnel, on aperçoit le Breithorn qui nous toise du haut de ses 4164m.

Mais l’horloge continue de tourner. Si l’on veut atteindre l’étape intermédiaire, la cabane Monte Rosa avant la nuit, il faut nous remettre en route. La trace slalome entre les séracs et les crevasses et 5h plus tard nous voici au local d’hiver de la cabane de Monte Rosa.

On profite de l’altitude modérée pour passer une dernière vraie nuit reposante à 2800m. Le lendemain, on rechausse les skis avant le lever du jour pour gravir les 1700m nous séparant de la seconde cabane, la capanna Margherita.

Le ciel est trop couvert, le lever de soleil ne nous incite pas à sortir l’appareil photo. La seconde partie du glacier est moins stable, il faut bien choisir par quel côté passer pour ne pas être bloqué par les crevasses. Encordés, on traverse ces paysages incroyables avec des blocs bleu glace de tous côtés.

L’ascension continue jusque dans les nuages et perturbe notre orientation, on ne voit plus à 3m. Stéphane corrige ma trajectoire régulièrement basée sur sa montre gps pour passer par les bons cols et éviter le gros des crevasses. Voilà une éternité que nous avons quitté la cabane du Mont Rose et chaque pas devient un combat. Je m’essouffle rapidement et dois m’arrêter régulièrement pour reprendre mon souffle. Suis-je fatigué ou est-ce le manque d’oxygène lié à l’altitude qui se fait sentir ? Stéphane me dit que l’on est à 3900m d’altitude, on est encore loin des 4500 que l’on doit atteindre.

Je décide de forcer ma respiration en inspirant à fond de manière bien exagérée et ça marche. La fatigue disparaît et me voilà comme avec un second souffle.

On continue la montée qui semble interminable mais nous voilà bloqués, une longue crevasse nous empêche de continuer. On la longe pour trouver un endroit plus facile à traverser. Un passage semble faire l’affaire mais nous oblige à défaire nos skis pour continuer en crampons, c’est "vive glace".

On continue ski au dos et un court instant, le brouillard laisse apercevoir la fameuse capanna Margherita. Hourra, nous touchons au but, encore une petite centaine de mètres et nous y sommes.

Avant d’arriver au sommet, dans la pente glacée, les crampons automatiques tout neufs de Stéphane se décrochent. Ils n’ont pas bien été serrés et le voilà bloqué dans la pente dans une position bien inconfortable. Je le rejoins et lui refixe les crampons après les avoir raccourcis d’un cran. Après une petite pause pour réchauffer mes doigts, on attaque la dernière montée aux crampons et piolet nous voilà arrivés sur la terrasse de la cabane. La vue est ? blanche ? Espérons que les nuages se dissiperont pour que l’on puisse apprécier le paysage. On entre dans le local d’hiver de la cabane, quel plaisir de ne plus avoir de vent, on a l’impression de gagner 10 degrés d’un coup alors qu’il fait -17°C.

Avant de partir, on avait fait le choix de partir avec uniquement 600ml d’essence pour le réchaud au risque de ne plus pouvoir faire fondre la neige sur la fin (et donc devoir redescendre de manière prématurée). Mais le local d’hiver de la capanna Margherita est juste incroyable, une petite cuisinière avec du gaz est mise à disposition avec quelques sachets de thé.

Sans perdre un instant, la neige fond dans la casserole et les sachets de thé attendent sagement l’infusion. C’est fou la différence de mentalité de cette petite cabane Italienne avec une cuisinière, des statues de la sainte Margherita partout et une radio de secours pour 0.- la nuit !

On profite de la fin de l’après-midi pour s’installer dans les dortoirs et se réchauffer dans nos sacs de couchage. Rapidement le mal de crâne surgit, forcément, la sieste à 4550m d’altitude n’est pas si évidente même si Stephane dit m’avoir entendu dormir O:)

La sieste arrive à son terme et le mal de crâne dû à l’altitude se fait de plus en plus pesant. Il est temps de sortir du sac de couchage pour photographier le coucher de soleil. Malheureusement, on a encore la tête dans les nuages, rien à mettre en boîte ce soir. Juste le temps de manger un Lyophilisé avant de se remettre sous la couette. La nuit fut un cauchemar avec quelques dizaines de minutes de sommeil consécutives, maintenant c’est sûr, l’air est plus fin à 4500m.

Le lendemain matin, les premières lueurs du jour nous font ressortir de nos sacs. Un coup d’œil par la fenêtre pour s’assurer que les nuages ne sont plus là.

On n’aperçoit pas grand-chose mais les couleurs sont prometteuses. On superpose les couches de doudoune, enfile le pantalon de ski par-dessus le pantalon thermique et on sort de la capanna.

D’un coup, le mal de crâne, la fatigue de la montée disparaît. Autour de nous, à 360°, les Alpes. De Milan, Berne, des dents du midi à pic Visio, on voit tout.

Toutes les montagnes, même les 4000 semblent petites. La sensation de voir les montagnes depuis en haut est vraiment étonnante pour nous qui vivons habituellement à leur pied. L’effet est encore plus marqué par la mer de brouillard s’étendant dans la plaine, on se croirait en train de survoler les Alpes en avion.

La beauté du paysage nous fait presque oublier le vent qui fouette les arêtes. Des bouts de glaces sont arrachés dans les pentes raides et viennent nous fouetter le visage.

Par moment, il faut même se rouler en boule pour éviter de basculer. Avec ce vent, tout devient plus difficile, la respiration mais aussi la sensation de froid qui gèle rapidement les extrémités.

On avait prévu de réaliser l’ascension de 3 autres 4000m aujourd’hui mais il est trop risqué de tenter les sommets avec ces rafales de vents imprévisibles et violentes. On passera la plus grande partie de la journée cachés au chaud dans le sac de couchage à essayer de survivre au manque d’oxygène.

Ici un petit panorama des montagnes nous environant

On ressort affronter le vent lors du coucher de soleil.

Une fois le soleil disparu derrière l’horizon, avant de tenter quelques photos de ciel nocturne, il est temps d’allumer le réchaud à essence pour fondre de la neige et manger quelques lyophilisés. Mais avant ça, on recouvre le détecteur d’incendie avec une balaklava pour éviter de faire déplacer les secours inutilement.

Pourquoi utiliser notre réchaud à essence si nous avions un réchaud à gaz à disposition dans la cabane? C'est pour faire un test en condition réel (froid et fonte de neige) pour mieux estimer notre consommation d'essence pour les fois ou n'aurons pas une cuisinière à gaz à dispo.

Le mini croissant de lune est sur le point de se coucher aussi, il est l’heure des prises de vue nocturnes. Appuyés sur la rambarde de la cabane, il faut attendre quelques secondes d’accalmie du vent pour tenter de prendre une image pas trop floue. Le vent est tellement fort que l’appareil a failli glisser entre les moufles quelques fois.

Sur cette photo, j'ai surpris Stéphane en train de s'alléger. Pour ne pas laisser de traces, il faut creuser dans la neige puis recouvrir le champ de bataille. Il faut aussi être particulièrement rapide pour faire son affaire car il ne faut pas oublier que l'on est en proie a des rafales de vents et qu'il fait dans les -20°C.

Lorsque je parle de pollution lumineuse, j’explique souvent que la principale cause de pollution du ciel au sud des Alpes nous vient de Milan. Généralement, on a de la peine à y croire car Milan nous paraît si éloigné.

J’ai profité d’être au sommet de nos Alpes pour photographier en direction du sud. Le champ étant libre depuis ce point de vue, j’ai une vue directe sur Milan démontrant l'éblouissant éclat de la ville italienne.

Il est temps de retourner se coucher en espérant que le vent se sera calmé le lendemain matin pour que l’on puisse enfin gravir les sommets prévus. Mais la seconde nuit est pire que la première, en plus du mal de crâne, quelques nausées s’invitent m’obligeant à faire des pauses pendant la nuit en me redressant et en forçant ma respiration pour me réoxygéner. L’air est maintenant à -20°C à l'intérieur. Plus l’air est froid et moins il peut contenir d’humidité, il me faut donc me réhydrater très régulièrement pour éviter d’avoir une gorge extrêmement sèche. Évidemment, il faut dormir avec la gourde d’eau dans le sac de couchage car elle ne resterait pas liquide après 1h au froid. Le vent souffle encore plus fort qu’auparavant pendant toute la nuit, on entend des bouts de glace s’écraser contre les parois de la cabane et tout le cabanon vibre au rythme des rafales de vent. Je me rassure en disant que ce n’est pas le premier hiver que la cabane doit traverser. Je commence à comprendre pourquoi la plupart des alpinistes choisissent cette destination en été…

Au petit matin, la vue est toujours aussi splendide et nous fait vite oublier cette nuit à nous battre contre nous-même. Le vent est plus fort que jamais et on se rend à l’évidence, sur les 4 4000 prévus, nous ne ferons que le Signalkuppe 4554m qui est le sommet où nous venons de passer nos dernières 42h !

Je profite de faire un panorama à 360° du sommet de nos alpes, même 4-5 panoramas car le taux d’images floues sera élevé avec ces rafales de vent.

Tous les sommets deviennent roses sauf le Cervin. Malgré ses 4478m de haut, le Cervin est dans l’ombre d’un autre géant, le massif de mont Rose avec la pointe Dufour qui est le plus haut sommet de Suisse avec ses 4634m. Incroyable de se dire que l'on fait de l'ombre au Cervin!

Il est temps de dire au revoir à cette cabane qui nous aura été d’une grande aide dans ces conditions difficiles. J’ai porté une tente "exped" pour tenter un bivouac à l’extérieur mais les conditions auraient été trop extrêmes pour l’armature.

Le sac est compacté au maximum, les skis sont fixés au sac car la première partie doit se faire en désescaladant en crampons et piolet. La prise au vent avec les skis dans le dos est massive, la descente se fait prudemment car les rafales de vent ont tendance à nous décrocher. Les temératures atteignent maintenant les -24°C! La vue est bien dégagée et une fois quelques centaines de mètres plus bas, le vent se fait quasiment inexistant. La descente se fait sans encombre dans un paysage magnifique... C’est ce que je voudrais dire mais ce ne fut malheureusement pas le cas. Pour prendre une image de Stéphane en ski avec les glaciers, je prends un peu d’avance. Je ne fais pas très attention et quelques contours plus tard, je passe sur un pont de neige qui se dérobe sous mes skis. Je ne vois rien venir, avant de comprendre ce qui se passe, me voilà couché face contre la neige. La moitié de mon torse est en équilibre sur un faible pont de neige et je sens que mes deux skis sont dans le vide ainsi que mon bras droit. A la manière d’un phoque sur la banquise, je me hisse hors de la crevasse et rampe sur le côté.

Je dois lever mon pied droit assez haut en le tordant un peu pour sortir le ski qui bloque contre les parois de glace. Me voilà sur la glace ferme, je vois que Stéphane m’observe quelques mètres plus haut. J’enlève mon sac et observe les lieux du sinistre. Après comptage, un de mes bâtons est manquant. Je me couche et rampe à nouveau près de la bouche de glace, j’observe l’intérieur de la crevasse mais je n’aperçois pas le bâton. A vrai dire, je n’arrive même pas à déterminer la profondeur du trou. Si le pont de neige n’avait pas réussi à soutenir la partie haute de mon corps, je n’ose imaginer l’état de mon corps au fond de cet abîme.

Après avoir fait le deuil de mon bâton, j’envoie un bout de la corde à Stéphane, on s’assure et on traverse la crevasse et les suivantes encordés. La descente se fera avec un bâton dans la main droite et le piolet dans la main gauche. Sur le retour, on croise des groupes faisant des descentes en héliski ainsi que quelques guides. L’un d’entre eux me demande ce qui s’est passé à mon deuxième bâton après lui avoir expliqué la mésaventure il me répond :  « des bâtons, on en fabrique tous les jours ».

Sur ce, je vous souhaite une bonne journée en toute sécurité.

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Sur les traces de l’hermine

Chaque début d'année, il était coutume de se rencontrer avec quelques amis photographes dans les plaines jurassiennes à la recherche de la faune locale. Vous pouvez d'ailleur retrouver l'ensemble des images ici. Malheureusement les rencontres en ce début d'année 2021 sont à proscrire en raison des conditions sanitaires liées au COVID-19. C'est pourquoi, cette année, ce fut en petit comité, mon ami photographe Benjamin et moi même. Il avait déjà repéré la région la semaine d'avant et avait pu observer une hermine à tête marron. Un phénomène particulier car les hermines devraient déjà être entièrement blanches depuis bien plusieurs semaines maintenant (début janvier). Bien que la neige ne soit tombée que récemment, l'hermine change de couleur de pellage en fonction de la durée du jour. Pourquoi la tête de cette hermine en particulier est restée brune reste un mystère (article de la cscf qui en parle). Je vais aller me renseigner pour en savoir plus, peut être que comme certains renards polaires, une partie des individus ne muent pas totalement (renard polaire restant brun toute l'année sont surnommés "renards bleus"). Pensez à partager vos observations d'hermines à pelage intermédiaire sur l'application NaturaList (en mode caché) pour que des études plus poussées puissent être menées. Avec les restrictions françaises liée au COVID, il n'était pas possible de dormir dans ma voiture ou de circuler de nuit. Le couvre feu en place dans la région interdit d'être hors de son domicile entre 18h et 6h. Il a fallu se lever tôt pour passer la frontière française à 6h du matin pour chercher l'hermine à l'aurore. Pour ne pas trop attirer l'attention, nous avons rouler les deux kilomètres avec une seule voiture en s'équipant du masque adapté! Nous voila parqués pas loin des champs préalablement repérés. La température dans la voiture affiche -9°C, c'est le moment d'enfiler toutes les couches pour rester couché dans la neige sans bouger pendant de longues heures. Avec toutes ces couches, j'ai l'impression d'être un bonhomme Michelin. Mais mieux vaut perdre un peu de mobilité que de devoir quitter l'affut à cause du froid glacial. Nous voila couchés dans la neige à quelques mètres du terrain de chasse de l'hermine. Les minutes passes, le jour se lève, le froid pénètre au travers des couches mais l'hermine ne semble pas se montrer. Est-elle encore là? En une semaine, elle peut avoir changé de champs potentiellement plus fourni en campagnol? En jetant un coup d'oeil par dessus mon épaule (difficilement du fait de mes 43,2 couches), j'apercois un petit point brun à une 40ène de mètres de là. Je me tourne vers Benjamin, l'hermine, elle est derrière nous! Au début, timide, elle sort juste la tête pour observer les alentours. On se tourne un peu pour être face au petit mustélidé. Après quelques minutes, elle commence à tendre, l'oreille, tourner la tête, renifler l'air. Elle passe en mode chasse, saute de trou en trou à la recherche de campagnol. C'est le bon moment pour nous de nous avancer pendant qu'elle nous calcule pas. Le soleil s'est levé, le ciel est un peu couvert diffusant la lumière. L'ambiance est juste magique! On en oublie presque les doigts et les orteilles endoloris par le froid. La magie opère, l'hermine court dans tous les sens. Plonge, disparait, soulève la croute de neige sur son passage. Elle se déplace avec une telle agilité, c'est renversant. Le nez touchant la neige, les oreilles dressées, tous les senses du prédateur sont utilisés pour trianguler sa proie sous la neige. Les campagnols n'ont qu'à bien se tenir, ils sont sur écoute! Les efforts ont payé, la voici ressortant avec un campagnol. Pas le temps de le manger, elle va le cacher dans son garde manger non loin de là et repart en chasse. Il lui arrive aussi parfois de faire des cabrioles. Des moments de folies particulièrement durs à mettre en boite de part la vitesse de déplacement de l'hermine et de son coté très aléatoire avec des changements de direction très brusques.   Je vous propose pour terminer l'article en regardant ce petit montagne de moments passés avec l'hermine: https://www.youtube.com/watch?v=tnJkYxfTLrA&feature=youtu.be Merci pour votre passage, bonne journée :=)    
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Le chamois

Le chamois, Tous le monde l'a déjà vu mais peut de monde s'y intéresse vraiment. Ses cornes sont bien moins impressionnantes et photogéniques que celles du bouquetin ou la ramure d'un cerf. Contrairement au bouquetin, il est aussi bien plus craintif et mise sur la course pour semer ses adversaires alors que le bouquetin mise plus sur la complexité du terrain. Son rut est aussi bien moins spectaculaire que le cerf ou le bouquetin. Pourtant, notre petite chèvre des alpes à pleins de spécificités bien à elle mais éclipsée par les plus gros. Finalement, le chamois reste méconnu. Je vais profiter de ce petit article pour partager mon expérience terrain avec cet animal fascinant et peut être vous apprendre deux-trois choses. Le chamois est un mammifère typiquement montagnard mais on peut le trouver en forêt à basse altitude comme il peut y en avoir au sommet des arrêtes à 3000m. Les chamois de forêt sont généralement plus trapus et plus sombres que leurs homologues des montagnes plus athlétiques. Les chamois des montagnes comme les bouquetins se nourrissent sur les arrêtes dont la neige est soufflée par le vent. Les chamois de forêt se protègent de l'hiver cachés dans les arbres. En forêt, ils ont l'habitude de frotter leurs cornes contre les arbres, la poix peut donner une apparence plus volumineuse aux cornes, il est aussi plus difficile de conter l'âge d'un individu dû à cette surcouche. Parfois cette poix mélangée aux poils peut créer de grosses boules dans leur estomac appelées bézoard, autrefois utilisées comme porte bonheurs ou comme « médicament ». Avec la modernisation la mode est plus aux cornes de rhinocéros de nos jours.

Novembre débute, les couleurs d'automne sont bien présentes ainsi que le covid...

La nature commence à se mettre en pause, les températures baissent, la durée du jour diminue et les restaurants sont fermés. Les marmottes sont cachées dans leur trou et hibernes, les reptiles et insectes commencent aussi à se faire beaucoup plus discrets. Tout semble se mettre en pause sauf pour nos amis chamois. Pour eux, c' est l’heure du rut !

Les mâles avec la barbe du dos hérissées sont aux aguets. Si un concurrent s’approche un peu trop prêt de son troupeau, il n’hésitera pas à le courser à vive allure en traversant des pierriers dans un bruit assourdissant. Le mâle dominant se promène régulièrement à travers le troupeau avec les lèvres retroussées en faisant des petits couinements pour flairer si une femelle est en chaleur. La période est très courte, il est donc vital pour le mâle d’avoir sa harde sous contrôle et éloignée de tout autre mâle pouvant profiter d’une seconde d’inattention.

   

A force de persévérance, lors d’une des prospections, le museau contre le sol, le mâle sent qu’une nouvelle phéromone se promène. Une chèvre est en chaleur, le mâle lève la tête, retrousse les babines pour identifier la femelle en question. Quelques instants plus tard, madame accepte les avances de monsieur. Rendez-vous au printemps prochain pour voir les jeunes cabris jouer dans la neige ;)

En attendant, le soleil se lève sur la hard et la rosée se met à briller de mille feux.

Ci-dessous un petit album des images en HD pour le plaisir des yeux :) http://apvl.ch/album-chamois/
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Brame

L’automne approche, les arbres n’ont pas encore commencé à changer de couleur mais les nuits se font plus fraiches. La neige est même tombée tôt cette année ! C’est le déclencheur chez les cerfs. Ils savent qu’il ne leur reste plus beaucoup de temps avant l’hiver, c’est le moment de la saison des amours. Le soir venu, les messieurs sortent de leur foret et s’en vont rassembler des biches. Chaque mâle suffisamment imposant a son coin de foret, sa clairière ou son bout de pâturage. Ils brament pour attirer les femelles mais surtout pour montrer leur supériorité aux autres mâles. La nuit est longue car certains mâles plus jeunes mais téméraires viennent parfois jouer les trouble-fête en profitant d’un moment d’inattention pour courtiser les dames. S’il se fait repérer par le maître des lieux, gare à lui, il se fera courser. Cependant, si le concurrent ne se laisse pas faire, ils peuvent même en venir aux armes! le vainqueur est celui qui restera dans l’arène après avoir fait raisonner dans la vallée le claquement de leurs bois.
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Tichodrome

Fin juin approche, les beaux jours sont là, les insectes virevoltent dans tous les sens. Les oiseaux profitent de cette manne pour nourrir leurs jeunes. C’est l’occasion d’aller à la rencontre d’un oiseau très particulier. Le tichodrome échelette, son vol fait d’ailleurs presque penser à celui d’un papillon. Ses ailes sont d’une largeur démesurée lui permettant de fendre l’air avec aisance dans son aire de jeu. Les falaises n’ont pas de secret pour lui, c’est un grimpeur de l’extrême, tête en bas, à revers, le 9b ne lui fait pas peur. Avec son long bec, il va chercher les noctuelles (petits papillons de nuit) ayant trouvé refuge dans les fissures de la roche. Après en avoir récolté une bonne brochette, il ramène le festin à sa progéniture. Ce va et vient est un régal à observer. Chaque battement laisse entrapercevoir la teinte rouge vif de ses ailes. Lorsque le mâle et la femelle sont à proximité, les deux se mettent à vibrer frénétiquement des ailes pour communiquer avec son partenaire. Madame est très agressive, si le mâle ne comprend pas et s’approche trop, elle viendra lui voler dans les plumes. Plus les jours avancent et plus les adultes trainent devant la fissure où est caché le nid. Ils sautillent devant l’entrée et seulement après 2-3 minutes à patienter, ils entrent nourrir les poussins. C’est une technique pour inciter les jeunes à s’émanciper. Je ne pensais pas assister un jour à ça mais après des jours d’observation, la femelle est devant la fissure et je vois le petit tomber comme une pierre. Il dégringole la falaise sur plusieurs mètres, rebondit quelques fois dans les rochers puis reste coincé sur une sorte de balcon en pierre. Le petit crie à plein poumon, il voit l’extérieur de la grotte pour la première fois. Peut-être que c’est en voyant une telle scène que Platon s’est mis à philosopher ? Je ne saurais dire si ce sont des cris de joie en voyant un nouvel univers apparaitre sous ses yeux ou s’il pleure suite à 5 contusions cérébrales contre la paroi ? Le petit semble reprendre ses esprits après quelques minutes sur son promontoire et semble vouloir remonter au nid. Il se prépare à bondir et battre des ailles… Malheureusement, un peu trop sûr de lui, il se rate lamentablement en heurtant la falaise de la poitrine. Voilà qu’il dégringole les derniers mètres qui lui restaient jusqu’au sol. Les heures suivantes, il tentera de remonter sur la falaise mais sans succès, il est encore trop inexpérimenté pour suivre ses parents. Ceux-ci viennent néanmoins le nourrir de temps à autre pour le féliciter d’avoir fait le grand saut. Le lendemain, le petit n’est plus au pied de la falaise. A-t-il réussi à escalader la paroi ? ou est-ce que la loi de la jungle en a voulu autrement ? Quelques jours plus tard, je découvre un deuxième petit au pied de la falaise. Il semble plus plumé que le premier. Comme son frère, il tente de remonter la paroi. Un pas en avant et deux en arrière comme on dit. C’est magique de voir l’apprentissage du jeune en direct. Il apprend à une vitesse incroyable. En début de journée il n’arrivait pas à tenir sur la roche et voici que maintenant il arrive à faire quelques vols planés. Lors d’une de ses tentatives de vol, il s’est même posé à quelques mètres seulement de moi. Le soir approche et voilà que le jeune est hors de mon champ de vision. Il est à plus de 40m de hauteur dans la falaise où il est ravitaillé régulièrement par ses parents. La nature et incroyable me surprendra toujours ! Ici une vidéo compilant quelques moment passé avec le jeune: https://youtu.be/TDbei05_2WU   Image en HD http://apvl.ch/album-blog-ticho/  
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Sortie VL avec le forum alpha DxD

Bonjour, Si je fais encore de la photo aujourd'hui, c'est en grande partie grâce au forum Sony alpha dxd qui m'a motivé, critiqué et poussé à toujours aller de l'avant. Régulièrement, des sorties entre forumeurs sont organisées pour se rencontrer IRL (In Real Life) par exemple les sorties au Creux du Van. Dans cet article, je vais couvrir deux sorties du forum. Une organisé par Pascal dit Round Planet sur le plateau d'Emparis en France et une organisée par moi-même. On commence par la sortie Française qui a eu lieu en début d'été le weekend après la réouverture des frontières suivant le blocus du COVID19 Pour profiter au mieux du weekend, je prends congé le vendredi et j'en profite pour rendre visite à un autre ami du forum. On a toute la journée devant nous et il m'amène sur un de ses spots à circaète Jean le Blanc où il a construit un affut fixe pour déranger au minimum la petite famille. C'est vraiment un oiseau magnifique, on a eu la chance d'avoir un passage avec la mère amenant une vipère mélanique à son petit. Un moment incroyable car c'est la première fois que je voyais le circaète mais aussi une vipère mélanique! Elle donne la vipère à son petit Puis s'en va Un moment juste surréel, merci beaucoup pour tout Jacques! Maintenant reste à trouver un endroit pour dormir... La météo semble parfaite pour la voie lactée, Jacques connaissant par cœur tous les recoins des montagnes aux alentours me conseille d'aller au lac du "gros Léon" ou du "goéland" (je m'en souvient jamais :)  ). Sur ses conseils, j'y vais, une bonne marche de 50 minutes pours arriver au lac (compter plutôt 1h30) et la vue est superbe avec le sommet de la Meije en face. Le seul hic, je suis en plein dans le brouillard et impossible de revoir le sommet... Le coucher de soleil se fait sans les montagnes mais si le ciel se dégage cette nuit, je remonterai ici pour avoir les méandres + les montagnes Je vais me coucher, le temps est couvert. Je mets tout de même le réveil des fois que le ciel se dégage. Le réveil sonne, je sors la tête de la tente et, pas un nuage! Je m'habille en vitesse et cours au même endroit que pour le coucher.   La voie lactée continue à sortir des montagnes, je décide de retourner au bord du lac. Je crois bien ne jamais avoir aussi bien vu la voie lactée de ma vie. Elle est incroyablement détaillée à l'oeil nu et le résultat est juste incroyable au dos de l'appareil. Pourtant je suis dans une zone de pollution lumineuse de niveau 4 ce qui est identique à mes autres spot. Sauf qu'ici, je n'ai pas Milan au Sud qui m'éblouit mais un parc de reserve naturel! Avant d'aller me coucher, je tente un délire que j'ai toujours voulu essayer. Faire une little planet inversée, en gros, un panorama à 360° sans déformation du ciel ainsi la voie lactée est droite! Puis, il est l'heure d'aller se coucher, demain, la sortie du forum aura lieu. Le lendemain, le réveil est bien dur, pas beaucoup dormi. Il est temps de rejoindre les autres copains sur le plateau d'Emparis. Pour voir toutes les images de la sortie, vous pouvez faire un saut ici. On commence par une petite balade de jour pour repérer les différents lacs du plateau. Pour ma part, il y en a 2 que je trouve interessants et bien positionnés. Le soleil se couche doucement, nos tentes sont plantées la vue sur la montagne "le Rateau" est superbe! La nuit tombe et la voie lactée commence à apparaitre vers les 12h. Le réveil sonne et on s'active autour du lac. Puis, je monte à mon deuxième spot repéré plus tôt. Bien fatigué par ce long weekend, je redescends sur notre campement mais sur le chemin, une grenouille rousse bondit. Je profite d'un moment où elle prend la pose pour l'immortaliser sur un fond de galaxie. Je vais me coucher bien plus tard que prévu complètement exténué des étoiles pleins la tête!   Place à la deuxième sortie du forum organisée quelques mois plus tard. J'en organise aussi de temps en temps sur des thèmes spécifiques. J'en ai fait sur la neige, le brâme et cette fois-ci, c'est sur la voie lactée. La première date prévue a du être reportée à cause de la pandémie liée au corona virus. Mais une seconde date a pu être trouvée et la voici planifiée. Il ne reste plus qu'à organiser la sortie, trouver un spot pour bivouaquer et espérer que la météo sera de la partie avec un ciel sans nuage la nuit. Il y a un peu de tous les niveaux dans le groupe, je ne peux donc pas me permettre de faire une marche d'approche trop longue. Déjà le matériel photo est lourd avec le trépied et les longues focales (si jamais on voit des animaux sur le chemin) mais aussi, le piquenique à tendance à bien augmenter le poids du sac :) Pour m'assurer que tout puisse bien se dérouler, je vais tester le spot en avance pour mieux estimer la difficulté. Première destination, un barrage que je connais déjà bien mais je n'y ai encore jamais photographié la voie lactée avec plus de recul. J'attends que la nuit tombe et je vois des voitures remonter la route le long du barrage. Je profite de l'obscurité pour faire une pause lente pour avoir la trace des phares. En prenant les images, je remarque que la voie lactée est déjà dans le ciel. Je ne la vois pas encore de mes yeux mais l'appareil est suffisamment sensible pour la capturer. C'est ce qui est appelé la nuit astronomique, c'est le moment ou les étoiles commencent à être visible dans le ciel. J'aime particulièrement cette phase car la voie lactée apparait de manière douce dans le ciel qui n'est pas encore très sombre. A cette période-là du crépuscule, le premier plan est encore bien éclairé ce qui permet d'avoir une image mieux équilibrée. Finalement, la marche d'approche n'est pas si longue mais j'avais déjà fait une sortie avec le forum dans la région mais plus proche du glacier. On avait eu un temps catastrophique et on n'avait pas vu d'étoiles mais je ne veux pas trop refaire deux sorties dans la même région. Je décide d'aller repérer un autre coin. Un coin où je n'étais jamais tellement encore allé, au-dessus du plus haut barrage poids au monde. J'avais initialement prévu d'aller photographier le lac à proximité d'une cabane mais celui-ci est trop encaissé pour la voie lactée. Il reste encore pas mal de temps avant le coucher de soleil, je vais donc remonter sur le lac pour trouver un meilleur point de vue. Après avoir passé le col, j'aperçois le lac, la vue est superbe avec un panorama grandiose. J'ai déjà repéré le coin pour faire la photo une fois la nuit tombée. Le problème, c'est qu'il me reste bien 2-3h à attendre. Je regarde sur la carte et je repère un petit marais. Bah, pourquoi pas essayer d'y faire un saut? Peut-être de quoi trouver un chouette premier plan pour le coucher de soleil? J'y vais et finalement le marais n'est pas si intéressant que ça. Très minéral et encaissé en plus, il y a plein d'algues dans l'eau. Je continue mon chemin à flanc de montagne relativement raide que même les plantes ne veulent pas y pousser quand tout à coup, en contre bas, une belle gouille. Une gouille entourée de petits cotons sauvages! voilà, j'ai trouvé mon coin pour le coucher de soleil. Malheureusement, pas de nuages dans le ciel pour apporter de la couleur mais c'est bon signe pour la voie lactée de tout à l'heure. La lumière faiblit rapidement, je me dépêche pour une dernière composition à ras du sol.   La nuit arrive rapidement, je plante la tente. L'herbe est très piquante à cette altitude et j'ai l'impression qu'elle traverse mon tapis de sol de la tente... Me voilà bien embêté, si l'herbe transperce mon sol de tente ultra light, il y a aussi fort à parier qu'elle va percer mon matelas gonflable aussi ultra light... C'est le problème avec du matériel léger, c'est aussi très fragile. Pour éviter de transpercer mon matelas, je mets ma polaire, veste et pantalon sous la tente pour éviter que l'herbe puisse passer au travers... J'ai eu quelques doutes durant la nuit mais ma technique a fonctionné, je n'ai pas crevé mon matelas... Mais avant de dormir, voici la photo de la voie lactée! Un panorama de 8 images en vertical avec la réflexion de Saturne et Jupiter dans le lac Malheureusement, la marche d'approche est bien trop longue (si on ne prend pas les remontées mécaniques). La sortie se fera finalement au troisième spots repérés. Le jour redouté arrive. Les forumeurs débarquent! En attendant que tout le monde arrive, on part faire une petite balade pour se décrasser les jambes. Sur le trajet, quelques chamois nous passent le bonjour. Après avoir passé une nuit au chalet, il est temps de monter sur le spot pour la voie lactée. Après une bonne raclette au feu de bois et 2h de marche, on peut installer le camp de base. En attendant que la nuit tombe, c'est l'heure du piquenique. Il y a deux écoles entre le lyophilisé et le jambon/saucisson! Mais c'est une fois la nuit installée que les choses sérieuses commencent, la voie lactée pointe le bout de son nez Une jolie symétrie avec les deux montagnes. Puis la nuit devient très sombre compliquant beaucoup la lisibilité du premier plan. Pour la dernière composition, il fallait attendre que la voie lactée passe derrière la montagne, mais on a pas eu le courage d'attendre, l'appel du sac de couchage était trop fort! Une bien belle sortie finalement quoiqu'une nuit bien fraiche!       Quelques jours plus tard, je suis monté au Lötschenpasshütte et ils m'ont demandé de photographier leur petite tente à l'extérieur sous les étoiles. Je sais que ça n'a rien à voir avec tout ce qui a été raconté plus tôt (bon, ça reste des photos d'étoiles) mais comme je ne voulais pas refaire un article juste pour ça, je vous mets les images de cette tente ci-dessous pour le plaisir des yeux :) Et une vue de l'autre côté, au nord Un grand merci pour la lecture, j'espère que ça vous aura plus. A la prochaine ;)
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