deux weekends bivouac

Dans l’optique d’une future sortie, avec Stephane nous sommes allé en repérage d’un nouveau coin. Le Klausenpass est un col du canton d’Uri à plus de 3h de route de chez moi. Je rejoins Stéphane au pied du col et on gravit la route sinueuse
Avant d’installer le bivouac pour la nuit, on fait un petit détour pour trouver des coins potentiellement intéressants. Notre balade nous amène au sommet des crêtes, au départ du glacier. Celui-ci parait comme suspendu dans la paroi vertigineuse. Malheureusement, photographiquement rien de remarquable. Nous redescendons donc du côté du lac. Le glacier est impressionnant avec de nombreuses crevasse ainsi qu’un mur de plus de 10m de haut. Cependant il est bien encaissé ce qui laisse peu de chance pour le centre de la voie lactée de sortir de la crête. SI l’on veut photographier toute la scène on est obligé d’utiliser une optique grand angle couvrant très large. La nuit tombe, le bivouac est installé à 10min du lac dans un petit coin d’herbe bien rare dans les environs. La nuit tombe et la voie lactée devient visible. Le ciel est quasiment vierge de pollution lumineuse, un vrai bonheur. Cependant, comme redouté, seul la queue de la voie lactée est visible. Les belles couleurs bleues du glacier ont tourné au gris avec la nuit ne mettant plus vraiment en évidence le glacier. Il a fallu sortir l’arme secrète et tenter de peindre la scène avec des lumières pour mettre en évidence les parties intéressantes. Je ne suis en général pas fan du lightpainting car je trouve les résultats peu probants en général. Ici un coup de lumière à permis de faire ressortir le bleu perdu du mur de glace et une petite lampe sous un iceberge du glacier permet de le transformer en lampion.Ce fut une image compliquée à mettre en place. Mon appareil photo est à raz de l’eau, mon trépied ne permettant pas cette position, il m’a fallu ériger un petit promontoire en pierre. Pour de la photo nocturne les ouvertures utilisées sont petites. Cela permet de faire rentrer un maximum de lumière vers le capteur mais la profondeur de netteté s’en retrouve très réduite. Il m’a fallu assembler trois photos. Une avec la netteté sur le glaçon, l’autre sur le glacier et une dernière sur le ciel étoilé.
Pour essayer de mettre plus en évidence la voie lactée, j’ai superposé le ciel de l’image faite pour le glaçon ce qui donne cet effet diffus aux étoiles. Voici pour comparaison l’image plus classique avec tous les plans nets. Quelle version préférez-vous, la plus classique toute nette ou mon expérimentation ? Le réveil est réglé pour 4h30 nous laissant à peine 4h de sommeil. Après cette courte nuit, on se remet en route pour rejoindre le glacier. On repère 3 petits iceberged flottant au pied du glacier. On profite des premiers rayon du soleil pour les mettres en boite. Il fallait être rapide car les iceberged se déplaçaienz rapidement et la lumière devenait de plus en plus vive.Stephane en action
merci Stephane pour cette image :)
Une fois les images terminéed, retour à la tente pour une sieste de 2-3h bien méritée. La matinée tire sur la fin, je dépose Stephane à la gare et je retourne vers le valais. En cours de route, Fabrice m’appel et me propose une petite sortie éclaire sur Moiry. Je ne suis pas sûr que ce soit bien raisonnable d’accepter au vu de mon état de fatigue. Mais bon, le cœur à ses raison que la raison ne connait point :) A peine arrivé chez moi que j’embarque dans la voiture de Fabrice pour monter sur Moiry. Le timing est parfait, on a juste le temps de repérer quelques spots sous les regards inquiets des bouquetins. Comme la veille, c’est les petits iceberge s’étant détacher du glacier qui retient mon attention. Le ciel à bien pris feu, on ne pouvait guère rêver mieux. Un weekend bien remplit.Lagopède picorant des pousses
Ils ne craignent pas la présence humaine et, avec de la patience, on peut même totalement se faire oublier. Ils sont occupés à gratter. L’hiver ne doit vraiment pas être facile pour eux, sur les deux semaines de voyage on a trouvé deux jeunes rennes sans vie. Même les lagopèdes cherchent de la nourriture en permanence pour maintenir leur température interne. Une raison de plus pour ne pas trop les déranger : en cas de décollage de lagopède ou de regard fusillant de renne, nous rebroussons chemin. Je vous ai parlé de Stéphane sans vraiment vous le présenter si vous n’avez pas lu le premier billet de blog sur l’aventure. Un bon collègue connu par la photographie, il s’est expatrié pour faire une partie de ses études à l’UNIS au Svalbard. Une occasion unique pour moi de découvrir cette contrée reculée. Je vous laisse jeter un œil à son site où vous pourrez voir plus de 8mois d’images sur place ! Les rennes du Svalbard sont une sous-espèce du renne que l’on peut trouver en Norvège. Elle est endémique ce qui veut dire qu’elle ne vit que sur cette île. Plus petit et trapu mais surtout beaucoup plus mignon que son homologue du continent (je suis totalement objectif O:) ). De par leur grand nombre et leur confiance, j’ai vraiment profité pour essayer de les mettre en valeur dans leur environnement ou montrer la dureté des conditions météorologiques. J’ai aussi tenté quelques images plus osée. Voici 50 nuances de renneLe renne par vent de 20m/s avec les premiers rayons matinaux
Le renne avec un petit arc en ciel
Le renne rose
Le renne trop près
Le renne au coucher de soleil
Les jumeaux sous la neige
Le renne entre aurores et pleine lune
Quoi de mieux qu’une image d’aurore pour faire la transition. Le nord c’est aussi cet incroyable spectacle de lumière. La nuit était encore bien présente la première semaine et surtout le temps était dégagé. Il n’y a pas eu de grosse éruption solaire pendant le séjour mais ce fût juste magique pour une première. Voir ce voile bouger à une vitesse folle avec des éclats violets. Parfois les lumières du nord sont bien plus calmes et se déplace très lentement. D’autre fois, on ne perçoit qu’un faible voile blanc qui est révélé uniquement par l’appareil photo. Chaque soirée était différente, merveilleux spectacle malgré le froid mordant et la fatigue grandissante avec de si courtes nuits. Entre les aurores et une lumière juste magique toutes la journée, dur de tenir le rythme. Heureusement que parfois le temps était vraiment couvert pour pouvoir faire une grasse mat. Le repérage continue tous les jours avec comme objectif premier le renard polaire (ou l’ours polaire mais on ne se fait pas trop d’illusion). Très difficile à repérer le renard car il est blanc comme neige. Bon d’après Stephane il est plutôt jaune mais je ne vais pas relance le débat ici… Ce qui est sûr c’est qu’il est dur à voir et nous fait marcher. En moyenne plus de 20km de marche par jour pour scruter tous les recoins. Presque déprimant autant de recherche et rien, haa si, deux rencontres furtives mais il disparut aussi vite qu’il est apparu. Rien n’est perdu, sûrement qu’il repassera, persévérance est le maître mot, la chance nous sourira sûrement. Malgré ça, les sorties ne sont pas des échecs car sur le chemin nous rencontrons des rennes voire parfois des lagopèdes. Les ambiances en fin de journée sont aussi juste magiques, un paysage de rêve. Je dois vous avouer que j’ai fait un peu l’impasse sur le paysage, pourtant j’ai tout de même repéré de jolies choses avec la banquise mais celle-ci change de jour en jour. De plus le jour se rallonge tellement (30min de plus par jour) qu’il est quasiment impossible de prévoir où sera le lever du jour le lendemain. Vraiment très perturbant d’avoir une montagne en contre-jour au lever alors qu’elle était éclairée par la droite la veille. Les jours s’allongent et se réchauffent quelque peu. Les animaux ayant délaissés la côte reviennent avec les jours plus doux. L’un des premiers à refaire son apparition est l’eider à duvet. D’abord une femelle puis quelques jours plus tard une autre, puis un mâle. Ils seront finalement plus d’une dizaine et j’assisterai même à leur parade nuptiale. Vraiment très comique leur comportement et chants! D’autres animaux emboîte le pas comme le guillemot à miroir ainsi que son homologue de Brünnich. Certains individus avaient encore leur plumage blanc, des restes de leur tenue d’hiver. Je me suis un peu laissé emporter car je pensais avoir affaire à un individu leucique Plus au large on pouvait aussi apercevoir des fulmars Des morses Et même des ours très très très loin La deuxième semaine est là. Les journées sont maintenant très longues, le lever de soleil est aux alentours de 4-5h du matin. Malgré ma motivation je suis obligé de faire l’impasse car impossible de faire le lever du soleil, le coucher et en plus rester sur le qui vive la nuit pour les aurores. Stéphane ainsi que ses autres collègues doivent reprendre les cours, des rapports les attendent. Maintenant il va falloir sortir totalement équipé. A deux on pouvait se répartir le matériel comme le fusil ou le pistolet pour intimider les ours. A présent c’est bien 3 kg de plus à emmener avec soi sur les 20km de marche quotidienne. C’est reparti, je retourne presque quotidiennement prospecter les zones où l’on avait repéré brièvement les renards. Je décide d’y consacrer la journée pour augmenter mes chances de rencontres. Toujours rien, je passe à côté d’un renne mort et je me dis que peut être cela va attirer les renards ? Je fais une pause pour manger mon casse-croûte totalement congelé sans saveur (oui, ça n’a pas de goût une fois gelé) quand tout à coup, hop un lagopède se pose non loin de moi. La lumière est encore assez haute dans le ciel, j’imagine déjà une photo de lagopède en contre-jour. Comme prévu le groupe de lagopède est quelques mètres plus loin derrière des rochers. Ils sont confiants et me laissent approcher. Les lagopèdes alpins du Svalbard, comme les rennes, sont aussi endémiques. Contrairement aux rennes, plus petits que leurs homologues du continent, les lagopèdes sont presque deux fois plus gros que la sous espèce de suisse par exemple. C’est une observation qui se fait sur beaucoup d’espèces, la loi de Bergmann. Plus on va au nord, plus les espèces sont grandes. Sur le moment, avec le vent qu’il y avait, je me disais plutôt que leur embonpoint leur évitait d’être balayé par une rafale. Après avoir pu faire l’image en contre jour que j’avais en tête, ils se déplacent doucement vers une plaque de glace. Pour les avoirs vu plusieurs fois déraper et se casser la figure, je voulais mettre ça en boîte. Mon vœu ne se réalisa pas, peut-être que les lagopèdes ont vu l’entourloupe. Plutôt que de risquer une image ne les mettant pas en valeur ils préfèrent s’envoler. Comme souvent avec les lagopèdes, au jeu du cache-cache ils sont les plus fort. Impossible de retrouver leurs traces. Je n’ai pas à me plaindre, je viens de passer bien deux superbes heures en leur compagnie. Pleins de beaux souvenir en tête et une carte de 16Go pleine. Voilà que l’après-midi est bien entamé et enfin, le moment tant attendu arrive. J’entends des glapissements de renards, c’est bien eux ! Ce n’est pas gagné car quelques jours auparavant j’en avais entendu mais impossible de les repérer. Cette fois-ci c’est bon, je l’ai en visuel. Je ne le quitte pas des yeux, je ne ferais plus l’erreur de regarde l’image sur mon écran et perdre sa trace. Il va vite, zigzague entre les rochers. Il est loin mais avec les jumelles je garde sa trace. Avec la cagoule devant la bouche, la buée givre mes jumelles et je n’y vois plus rien. Heureusement le renard a l’air de s’être calmé et s’est mis en boule sur un rocher. Je repère bien le coin et commence mon approche. Je regrette très vite de ne pas avoir pris les crampons avec moi. Evoluer sur ce terrain escarpé et verglacé n’est pas évident (surtout avec le fusil et tout l’équipement d’avalanche). Je me vois obligé de tailler des marches dans la pente pour ne pas me retrouver les quatre fers en l’air. Heureusement le renard m’a attendu sagement, roulé en boule en train de somnoler. Quasiment à bout de souffle, je prends quelques images, je suis sur un nuage. Je n’osais presque plus y croire, trois jour avant de repartir me voilà à quelques mètres de lui. Un mouvement un peu brusque et immédiatement il tourne la tête et observe, quel est bien ce gugus assez fou pour monter aussi haut avec moi ? Pas plus inquiet que ça, il enfouit sa tête dans son pelage. Je n’ai jamais été aussi heureux d’être snobé Pour me montrer à quel point il avait rien à faire de moi, il se mit à bailler. Deux petits portraits Mais voilà qu’un autre renard se met à crier et, quasiment instantanément, ma boule de neige se lève et va à la rencontre de son congénère. Maintenant j’en suis sûr, le rûte du renard polaire bat son plein. J’ai pu assister à quelques scènes incroyables, voilà qu’il se traîne sur le neige pour attirer l’attention de sa convoitée ! Ils se rapproche mais ce n’est pas gagné, madame montre les dents. Et voilà que les deux disparaissent plus haut dans les rochers. Je suis déjà dans une situation précaire avec une pente à perte de vue finissant dans la mer, sans crampons. Je prends mon temps pour descendre et me jure de mieux m’équiper la prochaine fois. Sur le chemin du retour, je me remémore ce moment incroyable et là je regrette de ne pas avoir sorti l’objectif grand angle lorsque j’étais à côté du renard pour le montrer dans son environnement. Un coucher de soleil, le renard et une superbe vue sur la mer. Je me jure de changer d’objectif coûte que coûte si la situation venait à se représenter. On peut toujours rêver… Le lendemain je reviens bredouille, la neige s’abat sévèrement et le vent empêche d’avoir une bonne visibilité. Le surlendemain, j’y retourne avec mes crampons. C’est le dernier jour, je rêve d’une nouvelle rencontre. La météo annonçait un temps magnifique mais comme à chaque fois, elle est à côté. Neige au rendez-vous. J’attends, les heures passent, toujours rien. Je vois que je ne suis pas le seul, deux autres photographes sont au pied de la pente. Je ne pense pas qu’ils m’aient vu, je suis bien 100m plus haut bien agrippé dans la pente. Le ciel est toujours couvert et toujours pas un rayon de la journée. Mais sur l’horizon, juste au-dessus de la mer, une fine bande sans nuages. J’ose espérer que les dernières lueurs du jour permettront d’éclairer la paroi. Et oui, voilà que le soleil pointe le bout de son nez, il est tellement bas que la lumière est déjà dorée, juste magique. Il manque juste un renard… Maintenant que la lumière et là, je me lève et évolue dans les rochers. Je tente le tout pour le tout. Et les voilà, deux petits vallons plus loin, on dirait qu’ils m’attendaient. Les deux côte à côte en amoureux à regarder le coucher de soleil. Je prends quelques images au téléobjectif et me rappel du regret que j’ai eu il y a deux jours. Pour éviter la même erreur, j’ai glissé dans ma poche le 16-35mm, mon objectif pour les paysages. Le vent s’est levé, de la neige vole de partout. Tant pis pour le matériel, sûrement une des pires conditions pour changer un objectif. Le grand angle est monté, je prends quelques images. Dommage on est du mauvais côté, on ne voit pas le coucher du soleil mais la scène est juste sublime. Le soleil continue de descendre, le temps m’est compté avant qu’il ne disparaisse noyé dans l’océan. J’imagine déjà une photo de renard en contre-jour avec son pelage rendu orange translucide avec la lumière du coucher de soleil. Je recule pour les contourner. Malheureusement les deux tourtereaux ne l’entendent pas de cette manière et s’éloignent. J’essaie de me placer pour les avoir en contre-jour mais impossible. La lumière faiblit, tout devient rose. Je n’ai jamais vécu une telle lumière, les renards sont éclairés par-dessous, une atmosphère juste sublime. Je reste là et les observe avec ces dernières lueurs. Un souvenir gravé à jamais dans mon cœur. La nuit arrive à grands pas. Les renards sont remontés dans les rochers en jouant au chat et à la souris. Les 8km pour le chemin du retour ne se sont pas fait sentir. Je ne pouvais rêver mieux comme dernier jour de photo. Oui, dernier jour de photo car le lendemain c’est la soirée raclette. La journée fut consacrée à la sculpture des bancs, de la table et du foyer pour la raclette au feu de bois. Les travaux furent tout de même interrompu par un lagopède qui passait par là. Et le soir, juste avant de prendre l’avion, place à la raclette au feu de bois la plus arctique. Qui dit mieux que 78°N ? Un peu galère avec les moufles... #polarraclette C’est des souvenirs pleins les yeux des rencontres incroyable et des cartes mémoires remplies (6300 images) que je rentre au chaud. Merci encore à Stephane (juste au dessus) et à ses collègues de super héro aero, juste génial! Bonne chance à eux pour la suite, je les laissent ici. Une vidéo retraçant l’aventure: https://youtu.be/k7Q8T08uYtk Pour ceux qui veulent voir les images en HD, ca se passe ici: http://apvl.ch/album-svalbard/