Alpa 12 STC: Prendre le temps de prendre le temps
Prendre le temps de prendre le temps. Réfléchir à la composition avant de déclencher, vivre la scène avant de la figer. Voilà l’idée que j’avais en tête en demandant en prêt l’Alpa 12 STC. Le but étant de photographier des géants de glace glissant et sculptant le paysage alpin. La lenteur de leur mouvement collait bien avec l’esprit « slow photography » du moyen format argentique.
L’appareil est visuellement très beau et bien construit avec des cadres en aluminium eloxé noir et une poignée en bois. Tout est modulaire avec des systèmes de levier. Le cadre est carré et très symétrique. Il est possible de monter la poignée, le verre de visée et le support pour le trépied dans un peu tous les sens pour photographier en vertical ou en paysage.
Pour cette petite expérience, je serai accompagnée par un 23mm f5.6 qui est un ultra grand angle ainsi que le 45mm f4.5 Rodenstock. Ce sont des optiques fabriqués par Schneider Kreusach et couvrant le format 6×9. Les optiques sont aussi magnifiquement construites avec un obturateur central déclenchable avec une petite poignée câblée.
Pour rester dans l’état d’esprit de l’expérience, je suis parti sur un dos argentique avec des films Kodak Ektar 100 qui saturent un peu plus les couleurs (pour faire ressortir le bleu de la glace)
Il m’a fallu bien quelques dizaines de minutes pour comprendre comment mettre mon premier film dans le dos mais à chaque péloche, je me sentais plus à l’aise. Il faut dire que ma seule expérience de l’argentique, c’est une peloche 24×36 avec un leica M2.
Le processus normal avec ce type d’appareil est de dégrossir le cadrage avec le viseur puis d’affiner sur le dépoli. Je dois avouer que j’ai assez rapidement lâché l’affaire de dépolis car il n’est pas évident de contrôler la netteté et surtout de bien définir les bords de l’image. Le fait de devoir à chaque fois enlever le dos pour monter le dépolis et la « chambre » est aussi très chronophage. J’étais partant pour de la slow photography mais là, c’était un peu trop slow quand même 🙂
Tant pis pour l’option shift que je n’aurais pas l’occasion de tester car pour visualiser l’effet du shift, il faut le dépoli. Je n’ai utilisé que le viseur qui a deux cadres, l’un pour le 23mm et l’autre pour le 45mm. Ainsi, il est relativement aisé de composer et il faut ensuite faire confiance au marquage de distance sur l’objectif mais au vu des développements, ça correspond bien (contrairement aux optiques modernes…) !
Pour protéger le film dans le dos, une petite plaque en métal bloque la lumière. Pour prendre une image, une fois le ressort du déclencheur tendu, il faut retirer cette petite plaque comme un rideau puis déclencher. Le seul hic, c’est que pour pouvoir enlever cette plaque sans taper en butée contre le cadre du Alpa, il faut monter le dos à l’envers. Ça ne change pas grand-chose au niveau des photos, par contre, ce n’est pas super pratique car pour réarmer le film et pour connaître le nombre d’images prises, il faut se contorsionner un peu… Un peu dommage pour un appareil à 20k€ mais on m’a dit qu’il était plutôt optimisé pour les dos numériques.
Trêve de bavardage, laissons place aux images maintenant.
Les premières expositions des cristaux d’argents aux premiers photons interviennent le lendemain de la récupération du boîtier au QJ d’Alpa à Zurich. Une sympathique rivière coule non loin de là avec de belles couleurs automnales
Alpa 12STC sur trépied avec le déclencheur à distance
Résultat de la peloche
Image scannée et traitée
Puis, il est temps d’organiser la série que j’avais en tête pour ce boitier. Faire des photos dans un glacier. Mais pour l’occasion, j’ai demandé à Alyaerys si elle ne voulait pas se déguiser en « peuple primitif des alpes ». Elle a accepté et l’on est monté avec son maquilleur « thousand faces » pour faire les images. J’ai aussi profité pour prendre quelques bouts de bois pour faire un petit feu (allumé avec le réchaud à gaz et laissé un peu trop longtemps dessous, il a un peu fondu (jamais faire ça, la bonbonne aurait pu péter n’importe quand…)). Ou je n’ai pas fais gaffe non plus c’est que je me suis avancé avec le trépied sans recalculer la distance de mise au point donc mon sujet n’est pas super net :S
Résultat de la peloche
Image scannée non traitée
Images traitées
Image off du Alpa
Puis, vient la sortie DxD en Valais ou j’ai profiter un peu pour sortir l’Alpa et prendre quelques images lorsqu’il n’y avait pas trop de marche (c’est l’Alpa le plus léger et le plus compact mais il fait quand même son poids le pépère)
Résultat de la peloche
Images traitées
Puis, une petite visite dans le Jura vaudois à visiter quelques cascades
Je trouve l’effet flou hamilton sur le feuillage automnale des arbres très plaisant. Un résultat que l’on a pas vraiment sur le numérique je trouve.
Après, il y avait une cascade super jolie mais le film était vide et j’en ai pas pris une deuxième… Du coup, j’ai juste une jolie photo du Alpa dans son environement 🙂
Et pour finir, c’est reparti pour prendre des images dans un glacier. Il y a aussi quelques images de lac glacé sur le chemin
Résultat de la peloche
Alpa sur le lac glacé
Image scanée et traitée
Alpa dans le glacier
Image scanée et traitée
Bref, ce n’est pas l’appareil photo le plus efficace ni le plus léger mais une chose est sûr, on prend drôlement du plaisir à l’utiliser! Le plus excitant étant encore de recevoir les images deux semaines plus tard! Merci d’ailleur au labo Diaprint pour leur boulot. Mais malgré la super finition du boitier et de son look, je ne pense pas qu’il vaille les 20k€ mais je suis sûr qu’il doit être possible de trouver des alternatives pour un prix plus raisonnable. Une expérience que je ne regrette pas du tout et que je pense réitéré à l’avenir!