La photographie astro enfin abordable ?

12mm f1.4 DC DN Sigma
Sigma continue fort dans la gamme APSC nommée DC. Après l’ultra grand angle 17-40mm f1.8, Sigma nous dévoile un 12mm f1.4. Très léger avec seulement 225grammes, un poids plume ! Cet ultra grand angle (18mm équivalent plein format) ultra-lumineux semble être l’optique d’astro parfaite.
Je reçois beaucoup de demande de conseil pour la prise de photo nocturne et malheureusement, la technique et la théorie sont importante mais dans ce domaine, le matériel est un facteur très limitant. Pour faire une photographie de la voie lactée sans techniques avancées (empilement d’images, ou suivit d’étoiles avec rotule motorisée), une optique ultra-lumineuse et grand angle fait toute la différence. En particulier l’ouverture est primordiale pour capturer les faibles lueurs venant du confins de l’espace. Il y a un monde entre f2.8, f2 et f1.4 (deux fois plus deux lumières à chaque fois), c’est le jour et la nuit littéralement.
On voit que le gain de 1stop avec f1.4 fait ici toute la différence! Les étoiles ne sont quasiement plus visible à f2 et si on remonte la luminosité en post prod (deuxième ligne) on remarque que le bruit et des dérives de couleurs apparaissent très rapidement.
Seulement, ce genre d’optique a un coût stratosphérique et un poids qui va en décourager plus d’un à prendre l’objectif sur le terrain. Ici, ce 12mm est 3 fois plus compact, moins lourd et moins cher que les optiques habituelles ! Bien sûr, c’est un objectif pour aps-c mais les boîtiers aps-c sont aussi plus compacts et moins chers. Pour exemple, pour ce test, j’ai utilisé le combo a6000 + 12mm f1.4 pendant 1mois. Le prix du combo 150.- le boîtier d’occasion (il date d’il y a plus de 10ans, 2014) et 650.- l’objectif neuf, ça nous fait un couple à 800.- et 500 grammes. Plus réalistement avec un capteur récent, un a6100 et le 12mm vous donnent un ticket d’entrée pour l’astro à 1100.-.
Abordable mais après ?
Pour la photographie nocturne, on aime bien avoir les raccourcis et verrouillage directement sur l’objectif. Le Sigma étant de la gamme contemporary, il n’y a pas de bague de diaf ni de bouton AF/MF pourtant bien pratique. Il faudra passer par le boitier pour changer ces réglages. Le mieux étant toujours de programmer un mode personnalisable spécifiquement pour l’astro ou les iso est déjà fixé, à pleine ouverture, le focus en manuel et un petit retardateur de deux secondes. Ainsi, en activant le mode programmable, vous êtes sûr d’avoir tous les réglages prêts pour l’astro sans vous poser de question.
Mais il n’y a pas que l’astro dans la vie, la grande ouverture est aussi pratique pour prendre des photos de paysage ou de la vie courante à main levée lorsque la lumière est faible en intérieur ou à l’aube/crépuscule.
Le 12mm est aussi une optique parfaite pour montrer l’immensité d’un paysage ou pour magnifier un premier plan en s’approchant. Une petite cascade apparaîtra très impressionnante par rapport à l’arrière-plan.
Une gentiane sera bien mise en valeur dans un paysage de lever de soleil brumeux.
Mais attention aux déformations et effets loufoque!
Plus s’est éloigné et plus les perspectives sont exagérément repoussées forçant les lignes de fuites. On peut utiliser cet effet à bon escient pour montrer la grandeur d’une canopée par exemple. Ça en devient presque graphique.
Le grand-angle permet aussi de photographier des espaces très restreints avec peu de recul (12mm) et peu de lumière (f1.4) comme une petite grotte de glace (photo prise à main levée).
Sa compacité en fait un complément grand angle facile à caser au fond d’un sac photo ce qui est rarement le cas des autres grands-angles. Ainsi, on peut l’emporter partout lors des balades photos, rando, trek.
Mais qu’en est-il de la qualité de l’objectif ?
A pleine ouverture, le vignetage est bien présent ce qui peut atténuer quelques étoiles dans les angles et aussi compliquer la prise de vue de panorama faisant apparaître des lignes plus sombre comme l’image ci-dessous.
Le vignetage disparaît une fois l’objectif fermé à f4.
La lentille frontale étant petite, l’objectif résiste bien au reflet indésirable de la lumière, le flare est bien maîtrisé même lorsque le soleil est en plein cadre. Notez aussi l’effet d’étoile très esthétique formé grâce au diaphragme de l’objectif.
Si le soleil est plus fort, du flare peut apparaître comme sur la gauche de cette image (les autres points lumineux sont dû au fait que je n’ai pas bien nettoyé la lentille frontale).
La qualité optique est très bonne comme Sigma nous y habitue depuis longtemps, rien à reprocher si ce n’est peut-être des angles un peu mous à pleine ouverture et légère distorsion mais normal à cette focale.
La coma (dès point lumineux qui ne est pas parfaitement rond) est quasiment inexistante dans les bords, vraiment très légers dans les angles et disparaît totalement dès f2.8.
En définitif, petit, compact, pas cher et ultra-lumineux. L’ultra grand angle complémentaire pour des photos de paysage original. Un ticket d’entrée abordable pour le monde de l’astro où l’ouverture de l’optique est primordiale (bien plus important qu’un bon boîtier comme le démontre mon vieux a6000 de 11ans d’âge pour les photos d’exemple). Un objectif parfait pour la photographie d’intérieur ou l’on n’a pas trop de recul. Bref une optique sympa pour s’amuser avec des angles particuliers.
+ ultra-grand angle (12mm aps-c, équivalent 18mm FF)
+ ultra-lumineux (f1.4 soit 4x plus lumineux qu’un 12mm f2.8)
+ ultra-compact, peux se prendre partout
+ léger avec seulement 225grammes
+ possibilité de visser un filtre ND/Polarisant
+ prix abordable
+ coma très maîtrisé
+ parfait pour débuter en astrophotographie sans se ruiner
+ parfait pour des images originales avec exagération du premier plan
+ bonne gestion du flare, AC
– Vignetage prononcé à pleine ouverture, disparaît dès f4
– Un peu mou à pleine ouverture dans les angles mais rien de choquant pour un ultra grand angle
– Manque quelques raccourcis sur le fût du boîtier bien pratique (switch AF/MF)
Ci-dessous, d’autres images prisent avec le 12mm