Allalinhorn 4027m
Histoire que Stephane ne s’ennuie pas trop depuis son retour du Svalbard, on s’est mis en tête de faire quelques 4000m.
Il faut s’avoir qu’un 4000m ne se prend pas à la légère. Un simple brouillard peut se transformer en piège mortel, un orage peut se transformer en blizare et une chute de température peut être fatale. Des crevasses, corniches, ponts de neige, pierriers sont autant d’obstacles qui peuvent s’avérer plus ou moins compliqués à franchir. Avant de prendre la route on teste le matériel et on simule quelques scénarios de sortie de crevasse.
Nous partons en solo, pour nous familiariser avec le matériel, on décide de commencer par l’un des sommets considéré comme étant un des plus faciles. La route classique commence à 3500m après être arrivé en téléphérique + métro. Les derniers 600m se font encordés sur le glacier. Histoire de rajouter un peu de challenge, on décide de ne pas commencer à 3500m mais à 1700 en plaine. Cela implique bien plus de logistique avec tous les matériels d’alpinisme à transporter lors de la première partie + le matériel de bivouac pour passer la nuit au pied du glacier. Le sac est déjà plein à craquer et le matériel photo n’est même pas encore empaqueté. Il faudra prendre le minimum. A7rIII et 24f1.4 et c’est tout.
La première partie se fait bien. Les sacs sont lourds, le temps est beau, on avance bien. On croise la route de quelques moutons et d’une femelle bouquetin.
On arrive pour le coucher mais le ciel se couvre dangereusement. Il n’y aura malheureusement pas de couleurs
Pas de pluie prévue au radar pour la nuit ni le lendemain mais on s’active tout de même pour monter la tente. On ne pourra pas faire trop les fous, le réveil pour le lendemain est prévu à 3h30
Le réveil sonne, on plie tout le matériel de bivouac (encore bien humide) et on le cache au mieux sous un rocher. On s’équipe du matériel d’alpinisme avec baudrier, crampons, corde, piolet et tout l’outillage pour sortir ou se sortir d’une crevasse. Espacés d’une 15zaine de mètres on évolue dans la nuit selon le chemin repéré la veille. En première ligne je cherche le chemin le plus safe et Stephane assure mes arrières prêt à me retenir en cas de glissade imprévue.
Nous voila arrivés à la hauteur de la dernière remontée mécanique à 3500m. Il est 6h et les premiers pisteurs sont déjà en train de préparer la piste. L’un d’entre eux vient vers nous pour nous expliquer que le temps va se gâter jusqu’à 8h selon les prévisions. Assez surpris car ce matin (4h), la prévision était encore bien clémente. A peine le temps d’en discuter que l’orage s’abat sur nous, des trombes d’eau accompagnées de son vent nous fouettant le visage.
On retourne sur nos pas pour nous réfugier au sommet des remontées en attendant une accalmie. Sur la route pour se réfugier, un éclair intra-nuageux éclate juste au dessus de nous. Une fraction de seconde avant de voir le flash, tous les cheveux de mon crâne se sont hérissés avec l’électricité statique. Je n’avais encore jamais vécu ça (j’ai accéléré le pas…).
La pluie cesse mais malheureusement le sommet a la tête dans les nuages. Nous qui voulons arriver les premiers au sommet, ça paraît rappé, il y a bien 5-6 groupes qui sont partis plus tôt. Quelques sauts de crevasses, échelles, vives glaces de glacier et pierriers plus loin, nous voici au sommet. Par la même occasion on aura doublé tous les groupes pour arriver comme prévu les premiers au sommet (et inscrire le 3ème meilleurs temps de montée dans Strava)
Mais le plus dur reste à venir. Descendre de 4027m, récupérer le matos de bivouac trempé par la pluie et redescendre en plaine à 1700m d’altitude. Je voulais tester mon genoux et je dois vous avouer qu’il souffre encore un peu à l’heure où je vous écris 🙂
Vivement le prochain!