Au chant du tétras

On est au printemps, les températures commencent à devenir douces, la neige commence à fondre.

Si on se lève de bonheure et que l’on écoute à la limite de la forêt, on peut entendre des gloussements. Ce sont les tétras lyre qui après avoir survécu à l’hiver en forêt en se nourrissant exclusivement d’aiguilles de conifère et en se protégeant du froid en creusant des igloos se montrent enfin. Avant l’aube, les mâles s’envolent vers la place de chant pour y défendre leur territoire.

Chaque individu défendra ses quelques dizaines de m² bec et ongles contre ses adversaires. Les frontières sont claires, des arolles parsemés délimitent le territoire de chacun. Si un mâle s’approche un peu trop, la séance d’intimidation commence.

Si cela ne suffit pas, un coup de bec à la hauteur du visage est vite arrivé, l’opposant devra user de ses reflexs pour esquiver voire contre-attaquer en vol.

Ce sera maintenant la 7ème année que je vis ce spectacle dans leur intimité. Vous pouvez voir le dernier article ici. L’espèce est menacée et particulièrement fragile en cette saison des amours où la survie de la descendance peut se jouer voire la survie de l’individu en cas de dérangement. Il est donc impératif de prendre toutes les mesures pour avoir un impact minimal sur leurs pariades. Le stress sur l’espèce est déjà bien assez grand entre raquettes et ski de randonnée, ils n’ont pas besoin que les naturalistes s’y mettent aussi.

Cela commence par une préparation en amont. Un repérage à l’aide de jumelles et longue vue. Les femelles peuvent déjà être présentes sur les places de chant jusqu’à 1h avant les mâles.

Les mâles commencent à chanter vers les 5h du matin ce qui nous oblige à être dans l’affût avant 4h du matin pour éviter tout dérangement. Le mieux est encore de passer toute la nuit sur place.

Dans la vidéo ci-dessous, vous verrez la montée la veille à l’affût ainsi que son installation (et quelques images des années précédentes).

C’est après avoir passé la nuit dans l’affut que l’on se réveille au chant du coq. Les premiers tétras se manifestent bien avant le lever du jour. Ils sont impossibles à voir tellement la nuit est encore présente. On sort doucement de nos rêves et on écoute les déplacements des coqs, on entend aussi les autres prétendants arriver petit à petit. Les premiers combats éclatent.

Pour montrer leur présence, il existe plusieurs techniques. Celle du roucoulement en gonflant son gosier pour émettre un chant caractéristique

Ce roucoulement est ensuite suivi par quelques cris plus stridents que j’appelle « crachat ». Souvent accompagnés d’un petit battement d’aile voire d’un petit saut.

Si cela ne suffit toujours pas pour impressionner les dames, il reste encore une technique secrète. Faire des petits vols pour bien montrer sa présence.

 

Cela se répète jusqu’à l’arrivée du soleil, un spectacle magique. De quoi oublier les 550m de montée dans la haute neige la veille et la nuit inconfortable passée dans l’affut. Une fois le soleil chauffant l’atmosphère de ses rayons, certains motivés continuent les combats dans une lumière magique.

 

D’autre retournent en foret pour y grignoter les premiers bourgeons de mélèze fraîchement éclos

 

 

Mais l’ambiance reste encore tendue. Si une femelle montre le bout de son nez, tous les coqs sautent à terre et recommencent leur joute de plus belle !

Vous retrouverez ici une galerie avec toutes les images de tétras prisent au fils des années:

Album blog affut tétras

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