Spéléo 4×4 bivouac

Une sortie spéléo pas comme les autres…

Pluie, neige, galère en voiture, bivouac sous terre et remontée aérienne sur corde au programme!

70mm d’eau prévu sur le weekend avec une moyenne de 3mm/h. Si ces précipitations tombaient sous forme d’eau, ils seraient exclu de partir en exploration spéléologique car le risque d’être coincé sous terre bloqué par une crue soudaine serait bien trop élevé. Mais la magie de l’hiver est avec nous, avec le froid, c’est un max de poudreuse qui nous attend. Et vous s’avez que l’on adore la poudre blanche!

Pour estimer grossièrement le paquet de neige qui va nous attendre, on peut multiplier par 10 les précipitations de pluie pour un équivalent neige ce qui nous donne passé un demi-mètre de neige et 3cm de neige à l’heure. Deux possibilités s’offrent à nous dans ces conditions (en excluant le fait de ne pas y aller). Premièrement, porter tout le matos de spéléo (3 sac, environ 30kg) à dos d’homme ou en tirant une pulka sur 7km dans plus 30-40cm de neige sous la neige/pluie battante. Soit, tenter de tracer dans la haute neige avec un 4×4!

Je vous laisse imaginer laquelle des solutions a été retenue. J’ai préparé cette petite virée la semaine avant en prévoyant que l’on allait sérieusement se planter dans la neige. J’ai fais fabriquer au père deux petites rampes en bois rainurées pour améliorer l’adhérence des roues. Je me suis entraîné à mettre les chaines et j’ai pris de l’équipement en corde s’il faudra crocher le vehicule. La veille du départ, on s’organise un petit apéro avec des collègues du boulot et au fils d’une discutions je leur explique que je vais surement me planter dans la neige. Ils me donnent quelques pistes pour m’aider à m’en sortir en cas d’embourbement (important pour la suite).

Le lendemain, réveil aux aurores pour partir en direction du Jura Vaudois avec Oriane. Un petit arrêt au QG du SCVJ (Spéléo Club Valais de Joux) pour préparer le matériel, manger un croissant et discuter avec d’autres groupes partant sur d’autres gouffres. On parle un peu de la météo pour anticiper au mieux. Les deux autres groupes font une sortie à la journée et l’un d’entre eux sera contraint de rebrousser chemin car les passages sont trop humide.

C’est aussi au local que l’on récupère le reste de l’équipe: Lucien et Bertrand, deux joyeux lurons bien expérimenté en spéléo (et alpi). On prévoit de partir sur deux jours avec un bivouac sous terre. On se réparti le matériel commun pour équilibrer un peu les poids des trois sacs. On entasse tout le matériel dans la voiture. Après une 20ène de minutes de route, on arrive devant la route non déneigée. Il est l’heure de continuer avec une seule voiture. Je suis les conseils avisé de Bertrand qui dit: « est-ce que l’on ne mettrait pas déjà les chaines avant qu’on soit trop dans la merde? ».

Mise en place des chaines sur l’essieu arrière (avec des chaussures pas du tout adaptées)

Une fois les chaines fixées, quelques aller-retour sur la place pour pouvoir les tendre au mieux. Puis, on s’élance dans la fraîche poudreuse. Tous semble rouler à merveille, le premier km se fait relativement bien sans trop de grosse frayeur. Le fais d’avoir mis les chaines à l’arrière fait dévier un peu l’arrière de la voiture mais surtout, il est plus difficile de diriger. Sur un petit passage où la route est surélevée par rapport aux champs aux alentours, la voiture dévie tout doucement sur la gauche. Je tente de la ramener sur la route mais j’ai beau tourner le volant, la voiture continue son chemin hors de la route. Voila que l’on glisse sur le bas-coté et que l’on bascule complètement hors de la route. L’effet de balancier est vraiment impressionnant, je pensais vraiment que la voiture finirait sur le toit. Mais tout se passe bien, la voiture est au milieu du champ plein de neige, on ne sait pas s’il y a des cailloux qui se cachent sous l’épaisse couche de neige. A l’instinct, on remonte la pente pour revenir sur la route plein gaz. Maintenant, une chose est sûr, tout le monde à bon chaud!

Pour éviter une mésaventure similaire dans un endroit moins hospitalier avec une plus grosse pente ou des arbres, on décide de changer les chaines de l’arrière de la voiture à l’avant pour gagner en maniabilité.

Bertrand en train de monter les chaines sur l’essieu avant

Plus on avance et plus la hauteur de neige augmente. La neige est très humide ce qui est l’une des pires conditions possible pour progresser. Je me jure d’investir dans une deuxième paire de chaîne car la voiture dandine dans tous les sens.

Patinage des roues avant

Une légère pente commence à se faire sentir. Il faut maintenant se reprendre à plusieurs fois pour avancer avec un peu d’élan donnant place à quelques gerbes de neige.

 

On avance doucement mais surement: 2-3m par 2-3m. Malheureusement, lors d’une manœuvre de recule, les deux roues coté droit se retrouvent en dehors de la route un peu dans le vide. Je n’ai malheureusement pas de blocage de différentiel sur les essieux et nous voila bloqué sous une pluie battante.

Je tente la technique du blocage de différentiel « du pauvre » en augmentant le frottement sur les roues avec le frein à main pour tenter sans succès de repartir. Il est temps de sortir les planches en bois à glisser sous les roues.

 

Sans succès non plus, pas moyen d’avoir assez d’adhérence avec la planche pour sortir de ce pétrin.

Libérer tout le châssis de la neige ne suffit pas non plus.

Par hasard, j’avais mon équipement d’alpi dans la voiture et on tente même un mouflage x7 pour tirer la voiture hors du trou (ou du moins, qu’elle n’aille pas plus bas).

 

Mais aucune chance, même en s’y mettant à 3, la voiture ne bouge pas d’un pouce…

On abat deux sapins aux alentours pour les mettre sous les roues

 

 

Mais le résultat est le même, le vehicule ne bouge pas d’un pouce et les branches de sapin se font aspirer sous les roues en moins d’une seconde.

On commence vraiment à venir à cours d’idées après plus de 2h de débâcle trempé de la tête au pied en passant par le slip. On ne voit plus que deux possibilités: attendre le printemps ou demander un assistance de l’armée de l’air avec un super puma ‘^^

Puis, la discussion de la veille au bar me revient. Le collègue m’avait expliqué comment faire un treuil sans avoir de treuil sur la voiture. Il suffit d’accrocher une corde à un arbre et enrouler l’autre bout plusieurs fois autour d’une roue qui patine. En patinant, la roue va tendre la corde et une fois tendue, la roue en tournant va treuiller d’elle même la voiture hors du trou.

 

Par miracle, l’auto-treuillage marche à merveille, nous revoilà sur la route. Plus question de continuer, il nous faut faire demi tour et préparer la voiture à redescendre pour le lendemain, le reste du trajet se fera en raquette. Ne pouvant pas faire demi-tour directement sur place, on recul avec la porte du coffre ouverte sur 200m avant de tourner la voiture. Il reste plus qu’a prier qu’il ne neige pas trop pendant la nuit pour pouvoir repartir.

On part avec nos 3 sac sur le dos en direction de la grotte. Je ferme la marche car ayant oublié mes raquettes, je profite que les trois collègues me tassent un peu le chemin.

Evidement, on se paume un peu dans les forets. Chaque arbre se ressemble mais pas de trou en vue pour l’instant. Les zig zag continuent mais finalement, le voila, après 2,6km d’errance!

 

On trie les affaires détrempée du reste et on préparer les kit avec les cordes pour descendre explorer un embranchement particulier du gouffre.

Ca commence directement avec un premier puits avec un fond à 75m. C’est une grotte très aérienne avec quelques passages techniques. On ne descend jamais complètement un puits mais on pendule directement dans le suivant. Lors d’un passage, il faut descendre et remonter sur la même corde, attention de ne pas s’eméler les pinceaux.

Après avoir mangé un sandwich, on arrive vers l’un des premiers objectifs: la salle des seins. Le passage pour y arriver est sublime avec des concrétions et des salles immenses.

Une des nombreuses concrétions décorant le chemin jusqu’à la salle des seins

Une fois à la salle des seins, on continue notre progression pour aller équiper le puits à explorer.

Salle des seins avec Oriane remontant une paroi vers la suite du gouffre

En suite quelques passages plus serré et boueux nous attendent. Puis Lucien prend les devant et part équiper les puits suivants. En attendant, on découvre non loin de là une chauve souris en hibernation. Incroyable qu’elle soit descendue aussi bas pour passer l’hiver. Elle est juste à coté d’une petite cascade, on voit quelques goûtes en suspension dans son pelage.

Il faut faire particulièrement attention de ne pas les sortir de leur état ralenti. Il faut éviter de faire du bruit, de trop les éclairer et surtout d’expirer de l’air chaud dans leur direction.

Finalement, après être descendu une bonne 50ène de mètres, il nous faut faire demi-tour car le puits suivant est pris dans les eaux.

Ca tombe bien car il commence à se faire tard et on a encore un bivouac à mettre en place pour la nuit!

Le bivouac est installé dans la cavité dite Kolos-salle

Cavité Kolos-salle avec de gauche à droite: Oriane, Lucien et Bertrand

On installe des câbles pour faire « sécher » nos affaire de spéléo

 

 

Puis, on décide de fermer une petite zone de la grotte à l’aide de câbles et de couvertures de survie pour se créer un petit coin cosy pour le bivouac.

Perçage des trous pour les câbles tenant les couvertures de survie

Mise en place des couvertures de survie pour le bivouac de la nuit

 

L’emplacement du bivouac est optimal: une pente à 20° qui nous fait glisser avec nos matelas, un plafond à 30-50cm nous empêchant de nous mettre assis, des stalactites qui te goûte dessus à intervalle régulier et une glaise ultra salissante au sol (sans parler des 98% d’humidité et des 4°C de la grotte (mon natel ne survivra pas…))!

Mais ça ne nous à pas empêché de passer une super soirée et d’attaquer les crêpes à 01:00 du mat une fois tout le camp de base mis en place

Crêpes sur réchaud à gaz

La dextérité d’Oriane lors du retournement de la crêpe

 

Le lendemain, il faut se réveiller, il est 9h. Le suspense est à son comble, a-t-il neigé ou plu? En cas de pluie, il est possible que nous ne puisons pas sortir en cas de crue. Mais avant ça, il nous faut se remettre dans nos combinaisons de spéléo pleine de glaise et enfiler nos chaussures détrempées. Une fois ce moment de plaisir passé, il reste le camps à démonter et tout recaser dans nos 3 sac respectifs. Il s’avère qu’il y a finalement moins d’eau que la veille dans les puits lors de la remontée! Bonne nouvelle mais il faudra s’attendre à avoir pas mal de neige à l’extérieur.

La sortie est assez technique avec toutes les remontées des puits et les changement de cordes suspendu dans le vide. J’ai un peu de la peine à trouver quel éléments décrocher au bon moment et je me retrouve parfois coincé pendu au bout d’une corde et à moitier sur la suivante. Bref, mes bras sont en feu!

 

Après une bonne centaine de mètres de remontée, on s’approche de la sortie car on trouve de la neige sur les paroies! (et on croise aussi le bonhomme de neige construit par Lucien pendant que l’on prenait des photos)

Bertrand en se rapprochant de la paroi du puits éclaire les interstices de la roche d’une lumière froide contrastant avant l’éclaire chaud de Lucien se trouvant plus haut

Finalement, après les nombreux puits à remonter, les passages plus étroits où l’on a du se passer nos sacs à la chaîne, on arrive enfin proche de la surface. L’air glacial s’engouffre dans la grotte, le courant d’air gèle notre matériel, les cordes se sont rigidifiées mais ne nous empêche pas de progresser. On était complètement détrempé dans la grotte et maintenant, une fois dehors, on congèle littéralement sur place!

Il a bien neigé durant la nuit, on ne voit plus nos traces de la veille. Pas de temps à perdre, on enfile les vestes laissées à l’entrée de la grotte, on met les raquettes et c’est parti pour tracer dans la poudreuse.

Une fois que l’on à rejoint la route, il ne reste plus qu’a la suivre pour tomber sur la voiture qui nous attend.

Nous voila arrivé à la voiture bien recouverte de neige. On se change et on empile tout notre matos à l’arrière de la voiture. Elle est dans un état pitoyable, pleine de glaise et de neige 🙂

La descente se fait étonnamment bien, la neige fraîche ne pose pas de problème particulier, rien à voir avec la neige lourde et humide de la veille!

Une sortie mythique, mon premier bivouac sous terre et mes premières grosses galères avec la voiture dans la neige, un régal!

A refaire 🙂

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