Sigma 14mm f1.8 ART

Voici le retour terrain d’un utra grand angle (UGA) ultra lumineux, le 14mmf1.8 Sigma ART. Ces derniers temps nous assistons à un boom des optiques ultra grand angle et lumineuses. Est-ce un effet de mode? Je dois dire que ce type d’optique m’intéresse beaucoup car elles permettent de montrer l’immensité d’une scène ou rendre des choses plus grande que ce qu’elles ont en l’air. Plus l’angle est grand et plus l’horizon se verra repousser dans l’image finale. Le premier plan est alors un éléments de composition crucial car les plans suivants paraîtront très éloigné et auront bien moins d’impact dans l’image. En résumer, composer avec un UGA est une chose peut aisée et qui ne convient pas à n’importe qu’elle scène.
Le point a été relevé un peu plus tot, le 14mm est aussi ultra lumineux. A ce jour, c’est la seul optique à ma connaissance à ouvrir en dessous de F2 pour des focales plus petite que 18mm. C’est le rêve pour tout photographe astro/nightscape.
J’ai en ma possession le 15mmf2 Laowa qui est l’optique se rapprochant le plus au niveau des spécifications du Sigma pour un prix et un poids bien inférieur. Ce sera l’occasion de comparer les deux optiques.
Je vous invite donc à plonger dans ce second test. Je précise donc que cet avis n’engage que moi et il est basé sur ma pratique photographique. C’est un ressenti personnel, un retour terrain, pas un test standardisé à vocation scientifique.

14mm f1.8 Sigma en situation

Ergonomie:

Dimensions:
Il est massif et dense, c’est la première impression que l’on a.
Normal au vu des ses caractéristiques (UGA et F1.8). La lentille du 14mm est très volumineuse. Depuis le lancement de sa gamme ART, Sigma produit des optiques d’excellente qualité optique mais la compacité en prend un coup. Ce 14mmf1.8 a été conçu pour des appareils type réflex ou la compacité n’est pas forcément un critère déterminant. En adaptant sa gamme ART actuelle à la monture E sony hybride l’embonpoint de l’optique peut devenir un handicap. L’ensemble est assez déséquilibré, il faut maintenir l’optique d’une main et le boitier de l’autre. Sur trépied il faudra bien serrer la rotule car le moment de force est assez grand. On voit ici que Laowa avec le 15mmf2 et une formule optique dédiée au boitier hybride permet d’être bien plus compact. Pour comparaison le Laowa fait 500g pour 66x82mm alors que le sigma fait 1120g pour 95.5×126 soit 2 fois le poids, 1.5 l’encombrement et 2 fois le prix. Je l’ai porté un weekend rando (72km et +4500m positif), il se fait sentir dans le sac, c’est un facteur à prendre en considération si vous voyagez/déplacez ebaucoup.

Construction:
La construction est vraiment très bonne avec ce design similaire à toutes les optiques ART. Adieu l’ancienne peinture granuleuse Sigma qui s’effritait, on est sur du durable. La bague de mise au point est large, bien adhérente et fluide. Facile à prendre en main et précise pour faire le point à pleine ouverture. Une fenêtre de mise au point permet d’estimer les valeurs hyperfocales. L’objectif étant directement en monture Sony d’origine, la mise au point se fait directement à diaphragme réel ce qui permet de mieux se rendre compte de l’étendue de la zone de netteté et du bokeh. Cerise sur le gâteau, il y a même un switch af/mf sur le fût permettant de couper l’AF en cas de photo astro par exemple. Bien pratique!

Vue d’ensemble du 14mm f1.8

Accessoires:
De par ses specs, la lentille frontale est volumineuse. Il n’est pas possible de dévisser le pare-soleil ni d’y visser des filtres. Il vous faudra investir dans un porte filtre spécifique à l’objectif pour le monter sur le 14mm ou, faire comme moi, du bracketing. Le porte filtre est proposé par des fabricants comme Nisi ou Kase, il peut ensuite être adapté à d’autres UGA notamment au 14mm, 20mm, 12-24mm et 14-24mm chez Sigma. C’est un point non négligeable pour les personnes voulant faire du paysage avec l’objectif. On est vite coincé pour des pauses lentes en journée pour des cascades ou pour des situations ou un polarisant peut être utilisé.

Comme à son habitude, les objectifs sigma sont livrés avec une housse assez rigide pour le transport. Bien pratique pour le rangement ou pour les déplacements. Si vous achetez les objectifs en Suisse via un fournisseur agréé vous avez un service à vie vous permettant d’envoyer votre objectif en révision une fois par année. Les objectifs sont aussi testés avant d’être vendus garantissant ainsi la qualité de l’optique. C’est vraiment un système exclusif à Sigma qui permet de rester serein sur la qualité de l’optique dans le temps. C’est aussi un plus pour la revente.

Une autre question légitime est: pourquoi ne pas prendre l’optique en monture réflex et y ajouter une bague pour les hybrides. L’ajout d’une bague avec AF est plus coûteuse et surtout, on risque des désalignements. Ces problèmes d’alignement ont un grand impact sur des grands angles ou l’on peut vite avoir des coins mous par exemple (expérience faite). Les optiques Sigma sont tropicalisées, l’ajout d’une bague augmente le risque d’infiltration d’eau et de poussière. Le système AF entre chaque monture est différent, la bague doit convertir le signal d’une monture à l’autre. On perd en vitesse, précision d’af mais aussi en fonctionnalité (AF-C ou eyes-AF). Cependant j’ai rencontré quelques problème en utilisant l’autofocus. Lorsque l’on est à pleine ouverture (F1.8) la plage de netteté est faible même pour un 14mm, une petite erreur de mise au point se verra. Lorsque je demandais de faire le point sur une montagne éloignée avec des collimateur excentré, la mise au point se faisait à 10m. Je ne saurais dire si le problème vient de l’objectif ou du a7rIII qui a un système AF moins performant dans les bords qu’au centre (contrairement au a7III ou a9). Dans tous les cas, je vous conseille de contrôler votre mise au point pour ne pas avoir de mauvaise surprise.

 

Qualités optiques:

Piqué:
Cet UGA sigma ne déroge pas à la règle, comme le reste de la gamme ART, c’est quasiment ce qui se fait de mieux. C’est extrêmement piqué dès la pleine ouverture au centre (au top dès F2). Pour les bords il vous faudra fermer à F2.8 pour avoir des bords/coins acceptables et f4 pour un piqué homogène. Vraiment très impressionnant pour un UGA sur un capteur survitaminé et qui ne pardonne pas comme le 42mgpx du a7rIII. Le 14mm ART est razor sharp et homogène dès F4 et vraiment excellent dès F2.8 ce qui laisse la concurrence loin derrière, simplement bluffant. Si votre sujet est au centre de l’image c’est très bon dès la pleine ouverture.

Une série de crop 100% dans les bords et au centre (mise au point sur la zone cropée, image non traitée)

Vue d’ensemble des crop 100%
Evolution du piqué en fonction de l’ouverture (crop 100% au centre)
Evolution du piqué en fonction de l’ouverture (crop 100% dans l’angle)
Vignetage:
Pas de miracle, le vignetage est présent à pleine ouverture mais disparaît TRES rapidement en fermant un peu. Dès f2.8 il est quasiment imperceptible et même à pleine ouverture cela reste très exploitable.
Evolution du vignetage en fonction de l’ouverture f1.8-f2.2-f2.8 (image non traitée)
Ci-dessous une comparaison entre le 14 Sigma à F2 et le 15mm Laowa à F2. Il n’y a pas photo, le vignétage est bien moins prononcé et la visibilité des étoiles en périphériques est bien meilleure avec le Sigma.
Comparaison de vignetage (image non traitée)
Flare:
Avec une telle lentille frontale il est difficile de résister au flare. Si le soleil tape directement la lentille, le flare sera présent mais reste petit et localisé. La perte de contraste est quasi négligeable, malgré le flare, le reste de l’image ne soufre pas trop. Un belle performance, je m’attendais à pire avec une telle lentille frontal.
Flare si une source lumineuse se trouve dans l’angle (image non traitée)
Flare si une source lumineuse se trouve dans le cadre (image non traitée)
Bokeh:
Le bokeh sur ce type d’optique n’est pas vraiment ce que l’on recherche à tout prix. Cependant, les 9 lamelles de diaf permettent de faire de très belles étoiles avec les points lumineux dans l’image. Un exemple en dessus ou en dessous avec la lune.Pour comparaison, « l’étoile » faite par le 15mm. Je ne me prononcerais pas pour une préférence (enfin, si, je préfère le sigma, plus symétrique), c’est une histoire de gout (note: le 15mm ne flarte pas)
Comparaison étoile à 18 rayons
AC:
Les AC sont inexistantes quelle que soit l’ouverture, une superbe performance sachant que plus l’optique est lumineuse, plus il est difficile de contenir les aberrations chromatiques. Je n’ai pas d’exemple à vous montrer, je n’ai pas réussi à le mettre en défaut dans ce domaineComa:Au vue de la focale et de l’ouverture, c’est l’optique idéale pour de l’astro. Mais, il y a toujours le problème du coma. Sur les UGA les étoiles peuvent se déformer et ne plus ressembler à grand chose. Comme réagit le 14mm fasse à ce phénomène. Le coma est présent à faible ouverture et devient quasi imperceptible en fermant à f2.8. Une très bonne performance.
Evolution du coma en fonction de l’ouverture (image non traitée)
Une nouvelle fois, si on le compare au 15mm Laowa. On remarque que la déformation sur le 14mm est sur une ligne alors que c’est une croix pour le 15mm. A voir quel défaut vous préférez. La comparaison est à F2 pour les deux optiques
Comparaison du coma (image non traitée)
On note que le crop du Laowa est plus sombre du au vignetage plus important (même réglages pour les deux images)Déformations:Les UGA ne sont pas réputé pour ne pas déformer. Je n’ai néanmoins pas rencontré de déformations particulières avec cet objectif pour une pratique paysage. Je n’ai pas pu approfondir la question plus que ca pour de l’archi par exemple. Il est facile de faire des assemblages panoramique même sans rotule panoramique. Un exemple ci-dessous avec plus de 180° de vue avec 22 images
Assemblage de 22 images sous LR

Conclusion:

On espère que dans le futur Sigma produise des optiques étudiées pour les hybrides (appareil sans miroir) pour optimiser la compacité. Depuis que Nikon et Canon se sont lancés dans la bataille, je pense que nous verrons bientôt des optiques compactes spécialement conçues pour ML (comme le fait Laowa par exemple).

Dans la pratique, c’est une optique d’une qualité optique quasiment irréprochable, c’est impressionnant le résulta obtenu en fermant à f2.8. La concurrence est balayée du revère de la main dans tous les aspects optiques. Pour du paysage, en fermant à plus de f4, il n’y a plus de vignetage, d’AC ni de coma, le piqué est excellent et homogène! En astro photographie, il n’y a quasiment plus aucun défaut dès F2.8 et si l’on est pas trop pinailleur, le résultat est bluffant dès F1.8. Cependant, ses très bonnes performances ont un contre poids non négligeable. Si vous voulez pratiquer de la photographie de paysage de manière sérieuse, de par la lentille frontale très bombée, il vous faudra investir dans un système de porte filtre. Pour de l’astrophotographie, cet objectif remplit aussi bien son cahier des charges. Certes il y a un peu de vignettage et de coma mais il n’y a pas mieux sur le marché, c’est la meilleure optique actuellement pour de l’astrophotographie.

Une optique de très très haut vol donc, une très belle pièce de 1,12kg de verre et d’un encombrement non négligeable. C’est le revère de la médaille pour avoir l’excellence.

 

Synthèse:

+ garantie + révision annuelle à vie (en Suisse)
+ piqué au centre dès PO
+ piqué homogène et excellent dès f4
+ AC inexistantes
+ 9 lamelles donnant un bel effet « étoile » à 18 rayons
+ Grande ouverture pour des photos de nuit et astro
+ vignettage très faible aux vue de la focale/ouverture
+ coma bien gérée, acceptable dès f2.8

– flare
– Poids et encombrement
– prix
– AF non fiable (peut être du au a7rIII)
– Porte filtre dédié (pas de filetage, PS fixe) proposé par Nisi et Kase
– lentille bombée, PS non amovible, difficilement nettoyable

 

Quelques images prises avec le 14mm f1.8 Sigma ART

 

14mm f1.8 25sec 6400iso panorama de 4 images
14mm f8 1/125sec 100iso blending à main levée
14mm f1.8 20sec 6400iso blending
14mm f8 1/15sec 400iso
14mm f10 1/160sec 100iso
14mm f11 1/160sec 100iso
14mm f1.8 30sec 6400iso

J’espère que ce retour ainsi que ces exemples vous permettront de mieux estimer si les plus de 1kg de verre de ce 14mmf1.8 Sigma peuvent vous combler ou non 😉

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*svp remplissez toutes les cases. Merci!
  • Patrick Humair dit :

    Superbe Lionel
    J’ai eu ici toutes les infos que je n’ai pas réussi à obtenir ailleurs
    C’est top de chez top…comme l’objectif

    Vivement qu’il soit optimisé pour les hybrides

    Amicalement

    • admin dit :

      Hello Patrick,
      Bien comptent que ce petit retour te permette de mieux cerner le potentiel de cet objo!
      Oui, j’attend aussi une gamme spécifique pour hybride de la part de Sigma. Avec Canon, Nikon et la L alliance qui entre dans la dance, ca ne devrait pas tarder je pense.

      On attend 🙂

      A tout bientôt 😉

  • David dit :

    Bonjour Lionel,
    merci pour ce test joliement imagé.
    je cherche une optique UGA pour compléter mon Sony 24mm f/1,4 GM.
    tout le monde va parler du Sony FE 12-24mm F2.8 GM aujourd’hui mais en attendant les tests, est-ce que tu recommanderais d’autres optiques (non fisheye) en plein format de focale inférieure à 18mm pour être monter sur un Sony a7rIV?
    j’ai commencé à regarder du coté du Laowa 12mm f/2.8 Zero Distorsion mais je n’ai pas vu de test comparatif avec ce Sigma 14mm.
    Leur Laowa 9mm f/5.6 m’inquiète un peu en terme d’ouverture, il va falloir compenser… par contre, les 1er tests semblent indiquer un coma bien maitrisé, on verra pour l’astro.
    https://phillipreeve.net/blog/review-laowa-9mm-5-6-ff-rl/
    Cordialement,

    • admin dit :

      Merci bien.
      De part son ouverture le 14mm f1.8 est à mon avis clairement devant mais à quel poids?
      Le 15mm laowa aura de la peine à résoudre le a7rIV. A mon avis, le meilleur compromis qualité prix doit être la nouvelle version du 14mm f2.8 samyang.
      Pour moi le laowa 9mm avec une ouverture de f5.6 n’est pas adapté pour de l’astro à moins d’avoir un tracker? (j’ai un article récent sur ce sujet)