Maya

Toujours dans le but de gravir tous les 4000m de Suisse, un certain entrainement s’impose. La difficulté d’ascension augmentera au fur et à mesure de la réalisation de la liste. Certains sommets demandent des compétences spécifiques en grimpe et c’est dans ce cadre-là que nous décidons avec un bon ami, Benjamin, d’enfiler les skis une dernière fois de la saison.

Le but est de gravir une montagne mythique pour moi, la Maya culminant à 2916m d’altitude avec 96m de falaise coté en 5b.

En fin de saison, la neige devient très lourde et les pentes exposées ont un gros potentiel avalancheux. L’approche classique est donc bien trop risquée et à déjà prouvé sa dangerosité par le passé. C’est pourquoi l’approche se fera sur deux jours via le vallon de Réchy bien moins dangereux mais une route bien plus longue.

Nous établissons le camp de base au bord du lac du Louché après 10km de ski de randonnée. La nuit s’annonce fraîche. Un trou dans la neige est creusé pour nous abriter un peu du vent. Pour augmenter l’isolation, on met une couverture de survie entre la neige et les matelas gonflables. Pour le fun, nous faisons un vrai bivouac sans tente.

Avant de se mettre au lit, on casse la croûte mais pour cela, il faut mettre en route le réchaud. Etant donné le froid, on a opté pour un réchaud à essence sensé mieux résister aux températures. Il nous aura fallut tout de même presque 1h pour le mettre en route et quelques doigts en moins. Dans tous les cas, les spaghetti bolognaises chauds font plaisir !

Il est temps de se coucher, le lendemain, on attaque l’ascension de la Maya. Une montagne que je rêve de gravir !

La nuit fût bien fraîche. -17°C selon ma montre. Dans tous les cas, il faut se lever ! Le jour n’est pas encore levé mais le temps presse car il nous faudra redescendre en plaine avant que le soleil ne ramollisse trop la neige et dégrade les conditions.

On passe le col. De là, la Maya ressemble à une aiguille. Mon estomac commence à se nouer, je pensais qu’elle serait moins verticale de l’autre côté mais l’autre face semble pire. Après quelques passages un peu plus casse-gueule avec des passages en ski de rando sur cailloux, nous voici au pied des 100m verticaux à gravir. Le soleil se lève tout juste à l’horizon et vient faire rougir la falaise s’élevant sur 100m.

On s’allège, on met de côté des choses pas trop utile traînant sur mon baudrier tel qu’une broche à glace par exemple. La falaise monte à pique. Pour quelqu’un n’ayant encore jusqu’à lors jamais fais de grimpe, c’est impressionnant. On verra tous de suite si je suis capable de grimper du 5b avec mes grosses chaussures Sportiva dans ces parois totalement gelées.

Benjamin monte en tête et m’assure. Il utilise deux cordes par sécurité. Les cailloux dans cette falaise ne sont pas très stables, il vaut mieux avoir deux cordes en parallèle si l’une d’entre elle venait à être cisaillée. La corde est bien tendue, je ne risque pas grand-chose en cas de chute, je peux faire confiance à mon compagnon de cordée. Malgré ça, la chute n’est pas du tout une option dans ma tête de montagnard et non pas de grimpeur.

Les mètres de montée s’accumulent, la confiance et la compréhension du mécanisme de grimpe s’installe peu à peu jusqu’au premier passage plus complexe. En face de mois, une paroi de 3m de haut avec aucune prise. Seulement une faille d’environ 5cm sur toute la longueur. Il aura fallu enfiler la main dans la faille puis ensuite serrer le point pour s’ancrer. Ensuite mettre son poids sur notre point comprimé dans la faille pour se hisser d’une 30ène de centimètres avant de se bloquer en position de la même manière avec l’autre mains. Répéter ce schéma jusqu’au sommet de la paroi. Après ce passage, je n’avais plus froid, les doigts un peu en compote mais fier d’avoir passé ce petit passage technique.

Après la deuxième longueur de corde, un nouveau passage technique se présente. Cette fois c’est une sorte de paroi en angle droit. Les prises ne permettent pas de grimper de manière classique. Il aura fallu plaquer ses mains sur les deux faces de la paroi pour se hisser vers le haut. Une expérience un peu effrayante car si la pression contre la roche n’est pas suffisante, c’est une glissade assurée.

Il y a eu un troisième passage un peu plus délicat ou je n’ai pas vraiment réussi à comprendre comment traverser. J’ai donc un peu triché et je me suis tiré sur l’ancrage métallique pour me hisser par-dessus l’obstacle.

Après 150m d’ascension verticales et de grimpe. Nous voici au sommet de la Maya avec une vue imprenable sur les alentours. Une grande fierté pour moi d’arriver au sommet de cette montagne que je vois depuis mon plus jeune âge. Un grand merci à Benjamin qui m’a permis d’atteindre ce sommet. C’est une belle expérience qui me permettra de continuer la liste des 4000m avec un pied plus sûr.

Sauf que ce n’est pas fini. Il faut encore redescendre. On se prépare pour le rappel et c’est parti pour se laisser pendre dans le baudrier jusqu’au pied de la montagne.

Le soleil c’est bien levé maintenant, c’est vraiment le dernier moment pour descendre les pentes exposées avant que la neige ne tourne trop. Une jolie descente avec quelques contours qui font plaisir. Mais très vite, il nous faudra porter les skis de longs km dans la forêt.

J’espère que ce petit récit de mini expédition vous a plu avec une approche sur 2j. Certes les grimpeurs d’entre vous doivent trouver bien superficiel cette ascension seulement en 5b mais c’est une première pour moi et cela me permettra d’attaquer des sommets plus complexes en confiance.

A bientôt pour la suite 🙂

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