La pluie et le beau temps

L’humeur fait la pluie et le beau temps. En photographie on peut penser que l’inverse est plus vrai. La météo peut fortement impacter la motivation à sortir prendre des images. Lorsqu’il pleut, que le vent nous oblige à plisser les yeux ou que le froid nous picore la peau, quoi de mieux que rester confiné à la maison ?

Que nenni, il n’y a pas de mauvais temps pour la photo. Aussi loin que je me souvienne, mes plus beaux souvenirs photos sont dans des conditions météo dantesques. La scène capturée est souvent bien plus prenante et surtout, les souvenirs et le sentiment d’accomplissement n’en est que plus grand.

Oui, mais… Quand on ne voit pas à 2m ou que le ciel est tellement nuageux que la lumière est plates et qu’aucun détail n’est visibles. Autant rester sous la couette non ?

Je me suis bien souvent cassé les dents avec ce genre de conditions météo. Très peu de détails, très peu de dynamique d’image, vraiment pas évident. Et si justement, c’était cela la force de ces images ? C’est après avoir vu les images de Jérémie Villet ainsi qu’après avoir assisté à une de ses conférences et échangé quelques mots que le déclic c’est fait !

Si on mettait à profit cet aspect délavé au profit de l’image pour renforcer une ambiance ? Y aller à fond plutôt que vouloir cacher les défauts ou créer des détails là où il n’y en a pas ? Mettre en avant le minimalisme, la pureté et le velouté ?

Voici une série d’images prisent sur 2-3J en pleine période de « jour blanc » c’est à dire très nuageux, tellement nuageux qu’il est dur de déterminer l’heure de la journée.

Le but était d’aller à la rencontre du lagopède. Une des reliques glacières qui ont réussi à traverser les ages en adaptant leur plumage à l’environnement. Trouver 500 grammes de plumes blanches dans cette immensité neigeuse n’est vraiment pas aisé. Malgré leur chant d’amour qui résonne au petit matin en cette période.

Parfois c’est en passant à coté d’eux en ski de rando qu’on les remarques. En voici un qui part se cacher derrière un caillou au pas de course. Heureusement que son masque noir trahi sa présence!

Je le suis à bonne distance et m’approche. Le voici blotti à coté d’un arbre mort qui a encore le mérite de tenir debout dans cet environnement hostile. Je m’approche petit pas par petit pas en attendant plus d’1/4 d’heure avant de me rapprocher à nouveau d’un demi mètre.

Le lagopède ma évidement remarqué avec ma doudoune bleu au milieu de la neige mais il ne m’identifie pas comme une menace. Fatigué par sa longue matinée à chanter l’amour, il s’endort devant moi.

Après plus de 3h passées à ses cotés, la nuit tombe. Il me pose donc un lapin variable et part à la recherche d’une congénère.

 

Je dors non loin de là, dans une cabane en pierre. La neige s’est infiltrée à l’intérieur par l’interstice des rochers. Je m’endors comme une pierre et me réveille le lendemain matin comme un charme. Je regarde la montre, -2° au plus froid de la nuit. Autant dans le sac -10° c’est « comme à la maison » autant lorsqu’il faut s’habiller, on fait moins le malin.

Me voila à nouveau sur les skis et je pars rejoindre mon compère le lagopède alpin de la veille. Fidèle au post, je l’entends chanter les louanges de madame. Je le vois virevolter et tomber en parachute derrière un monticule de neige. C’est le moment de s’approcher pour le photographier en train de parader. Je m’approche, bizarre, plus de bruit. M’aurait-il repéré? Pourtant je suis bien discret et encore bien loin de lui. Je continue l’approche et lève doucement la tête au dessus de la bosse pour tenter de le repérer. Quel ne fût pas ma surprise lorsque je vois Mr. Renard à l’emplacement d’où j’imaginais ma perdrix des neiges? Dans tous les cas, le renard fût aussi surpris que moi. Il disparaît en un éclaire en sautant de son rocher perchoir. Je pointe l’appareil et prend quelques images alors qu’il est déjà bien 100m plus loin.

Est-ce que le lagopède est dans les parages? a-t-il fini en casse-croûte? est-il blessé?

Avant de pouvoir répondre à toutes ses interrogations, j’attends un moment tapis dans la neige pour espérer voir le lagopède pointer le bout de son nez. Rien, pas un bruit, rien à part le renard qui part au loin. Je perds patience et je vais jeter un oeil sur le lieu du crime. Pas de trace, pas de sang. J’entends maintenant sur ma droite le roucoulement caractéristique de lagopède. Est-ce le même? je ne sais pas mais dans tous les cas, il virevolte toujours 🙂

Sur le chemin du retour, j’aperçois au loin la poule. Bien plus discrète que le bruyant mâle, elle me regard passer et ne me quitte pas les yeux

 

La lumière n’y est pas, les images « archi net » non plus mais cela reste néanmoins des images d’un temps couvert typique montrant le mimétisme et la capacité incroyable de survie de nos espèces alpines.

Sur ce, je vous souhaite de belles images par tous les temps.

Bonne journée

Cliquez ici pour annuler la réponse.

*svp remplissez toutes les cases. Merci!