Trois facettes d’Equateur: Chapitre 2 Andes

Après une semaine de dépaysement totale en Amazonie, il est temps de revenir plus au centre du pays, dans les Andes. Quel plaisir de ne pas se sentir moite en permanence en quittant les 100% d'humidité constants de la forêt équatoriale. Les Andes sont la chaîne de montagnes traversant toute la côte Ouest de l'Amérique du Sud Tout l'ouest de l'Equateur est parsemé de gigantesque volcan inactif, endormi ou en éruption. Les territoires sont énormes, il ne sera pas possible pour nous de tout voir en une semaine, il nous faudra faire un choix! Un dilemme se pose, que faire pendant cette courte période dans les Andes? Tenter l'ascension d'un haut sommet comme le Shimborazo culminant à 6263m afin de battre un record d'altitude et profiter d'une vue imprenable si les conditions le permettent? ou faire un trek de plusieurs jours pour profiter d'une belle vue de cette région volcanique? L'ascension du plus haut volcan d'Equateur, le Chimborazo est vraiment une option tentante mais l'altitude élevée et la météo peuvent rapidement jouer des tours. On décide plutôt de partir pour 3-4 jours de treks en autonomie en direction du volcan El Altar qui semble bien situé. On décide de prendre une route moins parcourue que le sentier classique menant au lac du cratère effondré du volcan (Laguna Amarilla). On décide de suivre l'arrête sud du volcan que les Andinistes empreinte pour faire le sommet culminant à 5'319m. Selon la carte, ce parcours devrait nous permettre d'avoir une belle vue sur les volcans aux alentours et notamment le fameux Chimborazo. Pour arriver au départ de notre randonnée, il nous faudra expérimenter les bus Equatorien. Trouver le guichet du bon bus dans la gare routière. Chaque compagnie de bus tente de vous démarcher en criant tous les bénéfices et destination possible de leur bus. On évite de montrer nos affaires de valeurs lors des trajets en bus car nos différents arrêts et changement de bus se font dans des endroits pas forcément très recommandables. On prend nos sacs remplit d'appareil photo entre les jambes coincées sous notre siège plutôt que de les glisser dans la soute du bus. A chaque arrêt du bus, des locaux entrent pour tenter de vendre quelques sucreries ou fruits puis repartent à l'arrêt suivant. Étant fan des fines tranches de bananes frites, je ne résiste pas à troquer un sachet contre un dollar. Après 8h de route, on arrive à Riobamba, un village de montagne entre le Chimborazo (6263m) et l'Altar (5319m). C'est une ville entourée de montagne dans une cuvette à 2'700m d'altitude. On y mange pour trois fois rien! Avec 3$: une grosse soupe de poisson, un grand jus de fruit et une belle portion de riz avec du poulet. De quoi bien démarrer l'aventure avec le plein de sucre lent! On saute dans un taxi pour filer en direction de l'El Altar. L'excitation monte d'un cran lorsque l'on voit le volcan à travers le pare-brise. Le volcan est majestueux avec son cratère effondré, les multiples sommets forment comme une couronne. On arrive on dernier village avec une route goudronnée. On profite d'être bien à l'écart de la ville pour trouver une petite auberge: l'osteria rosa de los Altares. On a droit à une visite du domaine par le propriétaire Fernando, un prof d'anglais, nous montrant son jardin avec ses citronniers et ces roses multicolores. On arrive à négocier un transport pour nous amener au pied de l'El Altar pour le lendemain matin. Il a une de ses connaissances qui peut nous y amener très tôt, aux alentours de 4h du matin car nous voulons partir avant l'aube. Mais avance de partir et de profiter de notre courte nuit, on décide d'aller visiter une petite cascade notée comme un point d'intérêt sur la carte. On décide d'y aller a pied car elle n'a pas l'air bien loin. Grand mal nous à pris, on voulait arriver au coucher du soleil à la cascade mais nous avons bien sous estimé les distances. On décide tout de même de continuer, guidé par la lumière de la lune. Au pied de la cascade, on est accueillis par  4 lucioles! Les voyez-vous sur l'images? Un vrais spectacle lumineux avec des lucioles semblant scintiller.

Multiples scintillements de lucioles

Cascade Puelazo éclairée au clair de lune

On ne restera pas bien longtemps au pied de cette cascade et retournons dormir à peine quelques heures avant le départ pour le trek. Le lendemain matin, la connaissance de notre hôte klaxonne frénétiquement pour nous communiquer son impatience. On  monte à bord de son auto pas forcément adaptée pour une route de montagnes. Lisa entame une discussion avec le conducteur pendant que l'on prend de l'altitude. Il nous faudra bien 2h pour rejoindre le début de la randonnée. Avec la garde au sol du véhicule, ce n'était pas gagné d'avance que l'on y arrive...

Commence notre ascension vers le sommet de l'Altar. Pas évident de trouver son chemin dans les pâturages. Vers 3800m, on entre dans la dernière forêt. Assez fou qu'il y ait encore des arbres à cette altitude, comme au Népal, tout semble étiré en comparaison aux Alpes. La limite de la foret passe de 1800m à 3800m et les sommets atteignent les 6000m contre 4000m pour les alpes.

Foret à 3800m

Le soleil nous ouvre la voie, il apparaît sur l'arête du col ou nous devons nous rendre. Le soleil illumine les fougères donnant une ambiance enchanteresse à ce petit bois. Le chemin est encore long, il faut nous reprendre le sentier. Impossible de ne pas se retourner pendant l'ascension. Le majestueux Chimborazo se détache au fond de la vallée. Fun fact, la terre n'est pas une sphère parfaite. De par la rotation de la terre et l'effet de centrifuge, la terre est un peu aplatie au niveau des pôles. De ce fait, le Chimborazo culminant à 6'263m au dessus du niveau de la mer est le sommet le plus haut du monde. Si l'on mesure depuis le centre de la terre, le Chimbo mesure 6'384km de haut soit 18,8km plus haut que l'Everst! Evidement, si le référentiel est le niveau de la mer, le Mont Everest est la plus haute montagne du monde avec ses 8'849m.On distingue aussi la petite forêt précédemment traversée au fond de la vallée. Le soleil commence à taper, il faut mettre de la crême solair! L'espace d'un instant, on a la chance d'apercevoir un condor des Andes! Le plus grand oiseau terrestre au monde avec quasiment 3m50 d'envergure. Malheureusement, on en verra qu'une fois de très très loin. On continue notre ascension jusqu'au col. Sur la montée bien raide, on entend un grand fracas! On se demande ce que ça peut bien être car le grondement est vraiment très sourd. On pense à un orage lointain dont seul les basses fréquences nous atteignent ou a un éboulement de terrain. On a beau regarder, rien ne bouge, bizarre... Une fois au col, de belles rafales de vent nous attendent. On cherche un endroit sympathique pour poser la tente afin de passer la nuit. Comme la logique le voudrait, on cherche un spot bien plat et protégé du vent pour passer la meilleure nuit possible malgré le fait que l'on soit à plus de 4200m d'altitude. Je rigole, bien sûr que non! On cherche un spot esthétique avec une super vue pour poser la tente :) La vue est pas mal bouchée avec des nuages bas venant de la forêt amazonienne. Normalement, les nuages se dissipent pendant la nuit. On verra bien... Une fois le joli spot trouvé au abord d'une petite falaise. On installe la tente avant qu'un drôle de papillon vient nous rendre visite. Un colibri! à plus de 4200m d'altitude! Incroyable! Il vient butiner une petite fleure orangée. La nuit tombée on se couche pour passer reprendre des forces. Malheureusement, avec l'altitude tout ne se passe pas très bien. On a de la peine à trouver le sommeil avec un beau mal de crâne partagé. Au loin, les grondements sourds continuent ce qui n'aide pas non plus à trouver le sommeil. Plutôt que de tourner en rond sur le matelas gonflable, je vais prendre l'air. D'ailleur, peux être que le ciel est maintenant dégagé? Quel claque! En sortant, une petite lueur rouge attire le regards au loin. Le grondement ne vient pas d'un orage mais d'un volcan! C'est la première fois que je vois ce phénomène naturel. Ça explique cette vibration venant des tripes de la terre que l'on a entendue lors de l'ascension. Un volcan en éruption, je n'en reviens pas! C'est le volcan Sangay dont le sommet à 5286m est en feu! Les surprises ne s'arrêtent pas là. En plissant les yeux, je remarque un léger flou blanc à droite de la voie lactée. Je crois bien que c'est le petit nuage de magellan que l'on ne voit que depuis l'hémisphère sud! Incroyable! Je me dépêche de mettre le tout en boîte, sur l'écran de l'appareil photo, j'apprécie tous les détails que mes yeux n'arrivent pas à percevoir. Lisa me rejoint pour apprécier le spectacle! Magique ce ciel étoilé qui change tellement de la voûte céleste du nord! N'arrivant pas à trouver le sommeil, on décide de se faire une petite infusion "bonne nuit" avec le réchaud à gaz.

Et ce n'est pas tout! Il y a aussi les lumières zodiacales sur l'horizon! C'est le soleil qui éclaire des poussières et comètes à l'intérieur de notre système solaire. Étant à l'équateur, on voit particulièrement bien les débris sur le même plan d'écliptique. Je profite pour faire un panorama mettant en évidence toutes ces spécificités astronomiques. Sur la toute gauche, on voit notre montagne, notre objectif, l'Altar!

Volcan El Altar - Lumière zodiacal - Sangay - voie lactée - nuage magellan - notre tente

Finalement, je programme l'appareil photo en time laps pour déclencher à intervalle régulier me permet de rejoindre Lisa dans les bras de Morphée. Une chose est certaine, avec cette escapade photographique nocturne et le mal d'altitude, ce n'est pas la nuit la plus reposante que l'on a eue. Au petit matin, la première  lueur du jour efface les étoiles et apporte une ambiance toute particulière sur le camp. De belles couleurs orangées découpant les montagnes et volcans alentour tell un dessin en ombre chinoises, on se croirait dans un tableau! Le volcan est actif par intermittence et le décalage entre le son et le jet de cendre ardent est de plus d'une minute!

Difficile de trouver des mots pour décrire ce panorama digne d'un roman de fantaisie!

Panorama depuis le col à 4300m. De gauche à droite: Volcan El Altar (5'319m), cascade du laguna Negra, Laguna Estrellada, Volcan Sangay (5'286m), Laguna Plateada

Les cendres expulsées par le Sangay rand la scène surréaliste. On se croirait aux premiers jours de la formation de la terre lorsque celle-ci était couverte de volcan. Un moment hors du temps, un moment privilégié avec Lisa dans une nature pur et intacte ou les volcans obscurcissent le ciel de leur cendre et la foret amazonienne recouvre les plaines de nuages.

Ambiance au volcan Sangay (5'286m) avec de nombreux plans de vallées

Les petites fleures se sont déjà ouverte pour profiter du soleil et la pollinisation par le colibri.

Le temps de boire un thé, on démonte le camp de base à 4300m et nous mettons en route pour la suite de l'ascension. C'est accompagné de belles rafales de vent sur les crêtes et de pas mal de brouillard nous privant de la vue sur les cimes que nous progressons.

le brouillard est très présent rendant le sommet de l'Altar (5'319m) fantomatique

Les prévisions météorologiques pour les jours précédents et suivant son très similaire. Découvert le matin puis rapidement bouché en début d'après midi. Le climat local est dicté par la proximité de la foret amazonienne. L'air très humide de par l'évaporation de la canopée de la foret se condense rapidement dans l'après-midi lorsque l'air est forcé de se refroidir en grimpant contre la chaîne des Andes. Le taux d'humidité dépasse les 100% forçant l'eau contenue dans l'air à se condenser formant un épais brouillard. Lors de notre progression sur l'arrête, avec le soleil bas sur l'horizon et ce fameux brouillard, un beau cercle de broken se forme. Ce phénomène est toujours intrigant car comme chacun le sait, la position de l'arc en ciel dépend de la personne qui le regard. Il n'est pas possible d'atteindre le pied de l'arc en ciel car celui-ci recule d'autant que l'on s'en approche. L'angle formé entre notre oeil, le ciel et l'arc en ciel est toujours de 40° Ici, le ciel étant rasant sur l'horizon et le brouillard très proche, il est possible d'observer le phénomène dans sa quasi intégralité. L'arc-en-ciel forme un cercle complet avec notre ombre en son centre et nous suit, nous col durant notre montée. Impossible de s'en défaire! La montée est rude avec notre sac surchargé. On monte pas à pas, un pied après l'autre. On surprend encore quelques colibris ballotté par les rafales de vent. Plus on progresse et plus les conditions se gatent. On hésite à mainte reprise de s'arrêter pour installer notre camp mais on se motive mutuellement pour rejoindre le camp "officiel" au pied de l'arrête technique du volcan El Altar. Sur la fin, nous sommes forcés de baisser notre tête face au sol car des petits grésillons nous fouettent le visage.

On entend aussi des petits gloussements trahissant la présence d'un petit groupe de lagopède local. Ils se mettent rapidement à courir dans les parois rocheuses! Incroyable de voir des animaux vivre dans ces hauteurs avec ces conditions à plus de 4500m.Attagis de Gay au milieu de flocons à 4550m d'altitude

Un caracara passe aussi au loin sur fond de brouillard Quel est pas notre étonnement de découvrir 4 tentes déjà installées au pied du volcan! Lisa parlant couramment l'espagnol entame la discussion avec les Andinistes. Ce sont en faite 3 groupes qui avaient réalisé le sommet de l'Altar culminant à 5'319m le matin d'avant, tous avec succès. Ils sont à présent en plein rangement du campement. Super, on va pouvoir prendre leur emplacement de tente, protégé du vent par des petits murs en pierre. //photo tentes? Après une légère hésitation, Lisa s'approche d'un des guides pour lui demander un matelas de sol en rab. Le sien étant resté bien sagement dans un Uber de Quito. Super! Il lui en prêt un que l'on randra une fois de retour à la capitale. On restera d'ailleurs en contact par la suite. Vous pouvez retrouver son profil Instagram ici Avant leur départ, ils nous laissent tout leur surplus de nourriture. On recoit de leur part à manger pour une semaine et plusieurs bidons d'eau à faire bouillir. La solidarité et la générosité sont à leurs combles. Nous sommes ravis. Après, tout ne semble pas super frais, on fera disparaître quelques cuisses de poulet au plus grand plaisir du chien qui vient d'arriver. En plus du chien, 6 chevaux à vide sont arrivés accompagnés de 2 locaux de la communauté de la vallée d'en bas. Ils sont utilisé pour transporter les charges lourdes. Ils ne perdent pas de temps, ils commencent directement à charger les canassons pour la descente. Alors que ceux-ci grignotes les rares touffes de lichen poussant dans les anfractuosités de la roche. Nous saluons les andinistes, qui nous laissent seul au monde perché à 4600m d'altitude. On profite pour cuisiner un bon petit repas avec les ingrédients qu'ils nous on laissé. Ce sera purée de pomme de terre avec du lait en poudre et du jambon. Miam! Une fois rassasié, une petite sieste s'impose pour récupérer de cette montée éprouvante. Après avoir repris des forces, on se remet en route pour explorer les environs. Dans un premier temps, on continue la trace que prennent les Andiniste pour l'ascention du volcan. On monte jusqu'au pied du glacier à 4700m d'altitude environs. N'étant pas équipé pour aller sur glacier et vu qu'il nous reste pas mal de temps avant la tombée de la nuit, on décide de descendre a la laguna negra (lac en fond dans l'image). Le temps se gâte un peu avec l'arrivée de quelques vagues de brouillard viennent compliquer un peu la descente dans ce terrain un peu scabreux. De quoi aiguiser nos sens de lecture du terrain pour éviter de se coincer dans ces pierriers et falaises. La vue est splendide avec ces fleures, ses méandres et marécages vert pétant ainsi qu'évidement la cascade et l'Altar. Après 400m de descente dans du pierrier péteux, on observe le lac négras pris dans le brouillard lui donnant une atmosphère toute particulière. Un joli jeu de lumière sur la cascade descendant de l'Altar et plongeant dans la Laguna negra, la cascade semble sortir de nul part Les derniers rayons de soleil font bien ressortir les touffes d'herbe. Arrivé juste a temps au bord du lac pour capturer la barrière de brouillard et la réflexion de l'El Altar dans la laguna Negra. Un paysage surréaliste, on dirait un tableau! Je ne suis d'ailleurs pas le seul au bord du lac, il y a aussi quelques campeurs qui ont installé des tentes. Malheureusement, le coucher de soleil ne vint jamais. Avec les nuages bas, le soleil est caché sur l'horizon. La nuit tombe vite, il faut se dépêcher de remonter à notre tente qui nous attend 500m plus haut. Le retour au camp de base ne se fait pas sans peine. Le chemin repéré pour le retour s'avère long et un peu trop risqué de nuit. C'est à l'aide du GPS et à la lumière de nos frontales que l'on retombe sur nos pattes en rejoignant un autre chemin 150m plus bas. Ce sentier est bien marqué et nous permet de rejoindre l'arrête principal pour remonter au camp. On y arrive bien lessivé alors que la nuit est maintenant bien installée. C'est fou comme la nuit tombe vite à l'équateur. 18h précise passé, la course du soleil est perpendiculairement à l'horizon et l'obscurité s'installe en moins d'un quart d'heure. Une nuit de tous les records, dormir à plus de 4600m d'altitude! Contrairement à la nuit à 4300m, cette fois si, on se sentait vraiment bien. On passera les deux une très bonne nuit! Comme quoi! On regrette déjà que ce soit la dernière dans ces hauteurs... Cette nuit fut pour moi, l'un des plus beau paysage nocturne qu'il m'ai eu de voir! Entre le volcan El Altar coiffé par la grande ourse, les lumières zodiacales au-dessus de la chute d'eau du lago negra, le volcan Sangay en éruption sous la voie lactée, le nuage de Magellan au-dessus du petit pic rocheux ou notre bivouac est installé. Le volcan Sangay haut de ses 5286m (maintenant peut être un peu plus?) en éruption. Un spectacle lumineux toujours aussi magique! Le volcan Chimborazo 6263m est le premier à recevoir la lumière. Le reste de la plaine est sous la mer de brouillard Les couleurs chaudes rosée pastelle viennent chasser les couleurs bleues, froides de la nuit Le jour est maintenant levé. Il est temps de rejoindre Lisa au camp de base qui déguste son petit café laissé par nos collègues Andiniste de la veille. On se réchauffe à la lueur des premiers rayons de soleil après cette nuit qui aura recouvert la tente de givre. Après ce magnifique lever, nous plions le camp et entreprenons la descente dans la plaine. Les sacs sont bien lourds, plusieurs arrêts sont nécessaires pour soulager nos omoplates. Les pieds souffrent aussi de ces plus de 1000m de descente. Sur notre trajet, nous croisons un caracara caronculé qui se laisse quelque peu approcher On croise aussi d'autre oiseau comme le moking bird.  Pour la petite anecdote, Charles Darwin a remarqué que des groupes isolés de moking bird avaient des caractères distincts selon les régions observées. Ces sous espèces du moking bird géographiquement isolé l'on permit d'ajouter une pièce au puzzle de la théorie de l'évolution. Chaque espèce est sélectionnée avec le temps sous pression de l'habitat et, peu à peu, créer une nouvelle espèce apparentiaire. Sur la descente, nous faisons la connaissance des campeurs de la Laguna Negra. Super sympa, nous commençons a taper la discution pour se renseigner sur les bus pouvant nous reconduire en plaine. On apprent qu'il n'y a aucun transport en commun reliant la plaine. Oups! Ici, chacun s'organise avec des locaux. Arrivés aux premières habitations, nous retrouvons les campeurs qui sont justement avec un local de la communauté, Flavio. Il leur prépare un excellent repas avec des truites péchées dans le ruisseaux un peu plus haut. Nous voyant passer, un peu perdu, il nous convie tout naturellement à prendre le dîner avec le reste du groupe et boire un jus fait maison. On se sent un peu gené mais on accept l'invitation. Quelques heures plus tôt, à l'aide de la carte et de l'application Peak Finder qui permet de connaître le relief environnent, on avait trouvé un spot intéressant pour camper cette nuit. Pour cela, il nous faut être véhiculés en aval de la vallée. Pour négocier un transport, on explique notre plan à Flavio. D'après lui, il connaît le spot et il peut même nous y amener! Trop bien! Un petit détail cependant, il nous amenera en moto. Encore plus génial se dit Lisa, sourire aux lèvres, lorsqu'elle me traduit la proposition de Flavio. En vrais, j'ai pas vraiment le choix que d'approuver ce plan. Flavio et sa cousine nous prennent chacun sur une moto après que tout le monde de leur groupe soit parti (environ 2h plus tard). On se met derrière nos guides motard sans casques évidement et avec nos sacs immenses. C'est très crispé que je parcours les prochaines quinzaines de minutes de route pas très carrossable à l'arrière de la moto cross. Puis, nous arrivons enfin... roulement de tambour... a un champ! Oui, un champ! un champ perdu au milieu de la campagne Equatorienne. C'est le champ du papa à Flavio. C'est aussi apparemment, selon ses dires, le camping du coin quand il faut dépanner. Ce n'est pas vraiment le spot auquel je pensais mais bon, soit, c'est tout en système D ici :) Nous avons d'ailleurs la vue sur les volcans comme promis s'il n'y avait pas une tonne de nuages. Flavio repart avec sa cousine qui doit retourner en ville à Riobamba pour étudier la médecine. On se met d'accord pour une heure de rendez-vous le lendemain matin pour rejoindre la gare routière. En attendant la nuit on pars "beuiller la vue" ("observer les environs" en jurassien). Le temps se gate durant la nuit, les photos nocturnes sont compromises. Le champs pleins de graminées n'aident pas non plus à trouver le sommeille avec tous mes éternuements. Au petit matin, le brouillard continue de masquer les cracheurs de feu. Des chevaux se découpent dans la mer de brouillard. En me déplaçant un peu, ils s'alignent avec le majestueux Chimborazo. On doit malheureusement redescendre, nous sommes le 31 décembre. Les parents de Lisa sont arrivés et l'on doit les rejoindre au Cotopaxi pour la fête de nouvel an (oui, ces images ont plus d'1an, écrire les notes de voyage prend beaucoup de temps) L'atmosphère en ville, à Riobamba est électrique et festive. Sur la route, nous découvrons la tradition du nouvel an Equatoriens. Ils tendent d'énorme corde pour barrer la route des voitures. Puis, des jeunes déguisés dansent au milieu de la route et viennent nous réclamer des petits sous ou des bonbons. A Riobamba, nous passons au marché local pour casser la croûte. L'atmosphère y est 100% typique et Lisa tenait à ce que je puisse découvrir ca! A peine entré dans le marché, les femmes qui tiennent les stands nous crient qu'elles ont les meilleurs repas du marché alors que tout le monde sert la même chose. Chaque jour, quelque chose de différent est servi par exemple aujourd'hui, pleins de cochons sont tués et les tenanciers de stand achète les morceaux et les préparent. Du coup, les 15stands vendent le même cochon préparé chacun à leur sauce :) L'ambiance est incroyable, un vrai capharnaüm! Il faut faut vite s'asseoir pour qu'on nous laisse tranquille. Une fois la pense remplie à raz bord, nous prenons le bus en direction du Cotopaxi. Ne sachant pas trop à quel moment sortir du bus pour rejoindre le Cotopaxi, un prétendu guide de montagne dans le bus se présente à nous. Il fait arrêter le bus au milieu d'une route principale et nous organise un taxi. Tous se passe étonnamment comme sur des roulettes et nous rejoignons la famille de Lisa qui nous attend au lodge pour passer le cap de nouvel an tous ensemble. Par cette première journée de l'an, nous irons explorer le plateau andin à 4000m pour observer sa faune et sa flore. Nous y découvrirons une quantité d'oiseaux impressionnante au vue de l'altitude. Pleins d'oiseaux typique des andes dont certains ont une ressemblance certaines avec ceux que l'on peut trouver sous nos latitudes

Vanneau des Andes dans son environement

Vanneau des Andes

Lisa sur le haut plateau revêtue de son poncho

Aplospize Gris-de-Plomb dont certain individu ont une teinte tirant sur le bleu

Gaucho à bec noir

Ho, un merle noir! A non, il est bien plus grand et bizarre avec ses pattes et bec presque rouge/orange. Ici, le merle est à l'échelle du paysage andin, géant!

merle géant avec une proie

Au abord du sentier, on croise une sorte de buse qui semble tout juste sortie du lit. Elle parait encore toute ébouriffée. Pas craintive pour un sou, on a droit a une séance de yoga et d'étirement. Il s'agit en fait d'une espèce que l'on a déjà croisée, le caracara de montagne mais juvénile. Sa tête tout ébouriffée est du à des restes de plumage de poussin! Après la séance de dégourdissage, il prend son envol. Quelques mètres plus loin, on croise cette fois-ci un caracara des montagnes adulte. Peut être un de ses parents?  Il tourne autour des touffes d'herbe et gratte le sol frénétiquement de ses pattes pour trouver des proies qui s'y serait réfugié. Tiens deux poulettes qui se mettent à courir devant nous! Elle ne semble pas tellement vouloir s'envoler mais reste tout de même très craintive en prenant leur jambe à leur coup. Pour éviter de trop les déranger, on change un peu de cap pour éviter de marche dans le territoire de ce couple de colombe à ailles noirs. Le temps commence à se gâter, la météo tourne et devient humide. Il commence à tomber de grosses gouttes et nous ne sommes pas vraiment équipés pour la pluie. On décide de retourner dans notre gîte. Pour aller plus court, pourquoi ne pas couper le fromage en passant par dessus une petite colline? Très mauvais idée... La colline est recouverte de hautes herbes et de buissons. Avec la pluie, ils sont chargés de gouttelette d'eau est après 5 minutes, nous sommes totalement trempés. En plus, les buissons deviennent de plus en plus hauts et denses, la progression est vraiment difficile. Notre petit raccourcis se transforme peut à peu en cauchemars mais, mais! "Lionel, vient voir" me crie Lisa. Je m'approche et voila qu'une petite boule vert fait un bond. Hoooo, trop bien, une grenouille, j'en suis fan. Le temps parfait pour cette petite grenouille arboricole des Andes (Gastrotheca riobambae) qui se faufille entre les hautes herbes. Son motif sur le dos est juste magnifique avec ces taches vert sombre entouré d'un liseré doré sur fond de peau vert clair! Après quelques bonds, elle se met à grimper dans les herbes. Elle est bien arboricole, elle se sent totalement à l'aise dans la verticalité. Nous arriverons complètement trempé mais content de toute cette faune découverte! Les hauts plateaux, malgré leur altitude supérieure à 4000m ont une faune extrêmement riche. Dommage que l'on y soit que quelques jours, nous n'aurons pas l'occasion de tout découvrir. Les festivités du nouvel an maintenant passé, la famille de Lisa retourne sur Quito pour se préparer à la suite du voyage, les Galapagos! Ils restent encore quelques jours avant de découvrir cet archipel. De quoi profiter encore un peu de ces magnifiques paysage montagnard. On décide de se rendre de l'autre coté du parc un peu plus sauvage et préservé pour y passer une dernière nuit en bivouac. Le maître des lieux, le volcan Cotopaxi culminant à 5897m, se montre toujours timide. Avec sa proéminence de 2400 mètres au dessus du plateau, il attire tous les nuages. Il n'est que rarement visible. Malgré mes réveils réguliers sonnant chaque heure de la nuit, il ne c'est que peu montré. Très pudique, c'est vers 2h du matin que le volcan c'est le plus dénudé sans laisser entrevoir sa cime.

Reflexion du Cotopaxi au bord du lac

Après cette nuit avec un sommeil intermittent, il nous reste le temps pour une dernière balade matinale avant de devoir rejoindre les autres à la capitale. On a la chance de croiser un cervidé ressemblant à une chevrette que l'on appelera cerf "andin" sur le moment. Après recherche, il sagit du cerf de Virginie. Cette femelle n'est pas trop craintive et se camouffle parfaitement dans ces hautes herbes du plateau du Cotopaxi. Cette biche de Virginie est un peu intriguée par notre présence. Elle déplace ses oreilles pour déterminer d'où vient le bruit qu'elle entend. Dans l'image, on distingue bien le paysage typique du haut plateau des Andes en arrière plan La biche décide de continuer son chemin en passant entre Lisa et moi. Les hautes herbes sont aussi grandes qu'elle ou c'est plutôt que la biche n'est pas si grande? On restera quelques dizaines de minutes en sa compagnie. De quoi découvrir tout son toilettage allant des jambes au dos jusqu'au popotin. Quel contraste de couleurs entre ces couleurs automnales d'herbes brûlées des haut-plateaux et la neige fraîchement tombée sur le flanc du volcan Cotopaxi. Quelques centaines de mètre plus loin, on fait la rencontre de Monsieur. Bien plus craintif, il fait le coquet avec son plumeau blanc. Il s'éloigne rapidement à petit trot. Il est appelé White-tailed deer en anglais ce qui fait beaucoup plus sens que cerf de Virginie. Je vote pour que l'on rebatise ce cerf en "cerf à plumeau blanc" Lisa observant un Lionel sauvage en train de tenter une approche sur un cerf à plummeau blanc :) Un petit éclair nous coupe la route, une petite bombe de plume. C'est le retour de notre petit colibri. Moins coloré et tape à l'œil que ceux que l'on a pu voir venir se nourrir dans les abreuvoirs sucrés au gîte. Son plumage est tout de même très fin et subtilement coloré avec de magnifique reflet bleu et vert. Il s'agit d'un métallure de Stanley femelle que l'on a croisé à 4100m d'altitude. Il nous faudra malheureusement redescendre vers la civilisation. On retrouve notre chauffeur qui nous a amenés au point de rendez-vous convenu avec quelques heures de retard comme il est de coutume en Equateur. Sur la descente, le Cotopaxi semble se découvrir. Évidement, c'est toujours quand on part que les conditions sont les plus intéressante. Au loin, à coté d'une cabane, on croise un local avec quelques chevaux. Juste le temps de sortir l'appareil pour mettre en boite la hutte et les vêtements traditionnel du local. Je ne pouvais pas trop passer à côté de cette photo assez typique qui clôture ce chapitre sur les Andes. Une magnifique chaîne de volcan avec un univers totalement différent de la forêt Amazonienne, dur à croire que l'on est dans le même pays! Le contraste sera d'autant plus fort avec la suite du voyage avec l'archipel de Galapagos. Un pays magnifique, diversifié en paysage et en nature avec des autochtones authentique avec le cœur sur la main!
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Trois facettes d’Equateur: Chapitre 1 Amazonie

Pourtant attirés par les régions polaires, les aléas de la vie m’ont fait atterrir vers des latitudes frôlant les 0°. Cela fera maintenant un peu plus d'1 an que nos chemins de vie avec Lisa s'entremêlent. Que nous partageons des moments de vie inoubliables avec notre passion commune pour la nature. Par le passé, Lisa a beaucoup voyagé avec son sac à dos en Amérique du Sud en travaillant par périodes pour des organisations environnementales locales. L'un de ses pays coup de cœur est l'Equateur où par ailleurs une partie de sa famille réside. En cette fin d'année 2022, la sœur de Lisa, Marie, et son copain Djego sont partis traverser l'Amérique du Sud. Une occasion rêvée pour Lisa et le reste de sa famille de profiter de ce projet pour tous se retrouver en Equateur pour passer les fêtes de fin d'année. Les départs des uns et des autres n’ont pas été très coordonnés mais j’en ai aussi profité pour rejoindre la fine équipe pour un mois. Le programme fut bien chargé avec un découpage en 3 parties bien distinctes pour tenter d'avoir un aperçu de l'incroyable diversité du pays. On a navigué entre la forêt tropicale, la région volcanique des Andes et les îles des Galapagos. Pour rendre la lecture de l'article plus digeste, je vais le séparer en 3 parties et commencer directement par l'Amazonie. Nous voici donc en forêt Amazonienne au Sud-Est de l’Equateur, pour la rejoindre il nous a fallu prendre le transport public favori d'Amérique du Sud: les bus. J'avais pas mal d'appréhension car les voyages en bus peuvent être très rocambolesques. Cette fois ci, la chance a été avec nous, le trajet, s'est déroulé sans trop d'accrocs. Plus de 10 heures de bus pour rejoindre le parc national de Cuyabeno. Sur le trajet on découvre ce qui fait la majorité de l'économie du pays, des forages de pétrole et le raffinement de celui-ci en bordure de la forêt tropicale. Des cheminées avec d'immenses flammes dépassent et forment un contraste brutal avec le vert de la forêt luxuriante. À l’intérieur du bus, le changement de climat se fait clairement sentir. Parti de nuit de Quito à 2850m, nous voilà au petit matin en Amazonie à 240m d'altitude, 29°C et 100% d'humidité. Malgré l'atmosphère pesante, presque suffocante, il faut rester couvert. Dans cette région, les moustiques sont porteurs de la fièvre jaune et du paludisme (malaria). Malgré les vaccins et les médicaments préventifs il vaut mieux éviter toute piqûre pouvant compromettre l'entièreté du voyage. Nous voilà moite voire transpirant de la tête aux pieds sans effectuer d’effort significatif. Il faudra nous y habituer car ce sera ainsi pour le reste de la semaine. L'inconfort cède très rapidement la place à l'émerveillement. La biodiversité est folle, de toute part des oiseaux colorés et des papillons énormes qui virevoltent.

Détails d'écailles constituant l'aile d'un Chinois vert (Urania Leilus)

Les déplacements dans la réserve se font en petite pirogue sur le Rio Cuyabeno.

Pirogue en attente au croisement du fleuve avec la dernière route

L'équipe au complet dans la Pirogue: Lionel, Marie, Diego et Lisa

Ici impossible de faire une liste exhaustive de toutes les observations tellement la nature est riche. Les plus marquantes en images : 

Un groupe de squirrell monkeys (Saïmiri du Casiquiare) se nourrissant dans les arbres aux bordures de la rivière 

Une buse échasse perchée scrutant les environs

Aras blue au sommet de son palmier

En période sèche, le seul point d’eau facilement accessible est la rivière. Celle-ci concentre une très grande variété d’animaux dont des mammifères tels que des guépards ou même des ours. Lors de notre passage, nous sortons de la période humide, les forêts ne sont plus totalement inondées mais l’eau est omniprésente. Nous avons peu de chance d’apercevoir de grands mammifères qui sont particulièrement craintifs face à la présence humaine. Cependant, nous avons pu voir un reptile se désaltérer aux abords de la rivière ! 

Tégu commun s'abreuvant dans le Rio Cuyabeno

Un diptère profite du transport sur le museau du tégu commun

Sous ces latiudes proches de l’Equateur, il n’y a pas vraiment de saisons. L’ensoleillement est identique toute l’année, les arbres donnent des fruits toute l’année durant et les insectes (base de la chaîne alimentaire) sont en nombre toute l’année. Ainsi, il n’y a pas vraiment de période plus propice à l’élevage des jeunes. Selon l’espèce, certains naîtront plutôt pendant la période humide ou sèche. Au-dessus de la rivière, nous avons par exemple pu apercevoir un poussin d’onoré rayé. Sa mère, un peu inquiète de notre présence, a tenté de se camoufler dans l’environnement en tendant son cou et le bec. Ainsi, avec la ligne blanche de son cou, elle se confond avec une branche ou un roseau. 

Onoré rayé avec son poussin

Onoré rayé tendant son cou pour se confondre avec une branche

 

Aux abords de la rivière, plusieurs espèces de singes se balancent de branche en branche. Certains sont définitivement plus lents. Contrairement aux surexcité Squirell monkeys du début, le saki monkey (pithecia milleri) a un tempérament bien plus lent. Il a toujours l’air un peu triste et passe son temps à manger ces fruits qu’il adore particulièrement. Ce n’est d’ailleurs pas le seul à se délecter de ces fruits, les aras en raffolent aussi ! 

Saki monkey (pithecia milleri) se nourrissent de fruit de palmier

Les singes, un peu maladroits, laissent parfois tomber des fruits directement dans la rivière. Le fruit dérivant ainsi colonise une autre parcelle de forêt en aval de la rivière si les conditions le permettent. 

Fruit de palmier tombant dans le Rio Cuyabeno

Les oiseaux se nourrissant dans l’eau doivent faire particulièrement attention à leur plumage. Si les plumes prennent l’eau, ils risquent la mort par noyade ou hypothermie. C’est pour cela que l’on peut souvent voir des oiseaux d’eau se lisser les plumes imperméabilisant ainsi leurs plumages avec une sorte de graisse sécrétée vers leur croupion. D’autres espèces optent pour une stratégie différente et doivent sortir régulièrement de l’eau pour sécher leur plumage au soleil. C’est notamment le cas de la famille des cormorans que l’on peut souvent voir les ailes entre-ouvertes au soleil. Ici un « snake bird » (anhinga d’Amérique) en train de se sécher au soleil. Il est ainsi appelé par les locaux du fait de sa ressemblance avec un serpent lorsqu’il se déplace dans l’eau (« Anhinga » veut dire oiseau serpent en langue « tupi » du Brésil). 

Snake bird (anhinga d'Amérique) se séchant au soleil

Anhinga d'Amérique se séchant au soleil

gros plan sur un anhinga d'Amérique se séchant au soleil

les yeux plus grands que le ventre

le dimorphisme sexuel est bien marqué chez les anhinga d'Amérique. Ici une femelle qui n'est pas totalement noire comme le mâle

  Les cormorans ne sont pas les seuls à sécher au soleil. Presque chaque tronc d’arbre émergeant de la rivière est immédiatement pris d’assaut par une ou plusieurs tortues. Celle-ci se laisse tomber dans l’eau lorsqu’une menace survient. Elles se mettent ainsi très rapidement hors d’atteinte de toute prédation. 

Tortue de l'Amazone à taches jaune régulant sa température sur un tronc

Tortues de l'Amazone à taches jaune à plusieurs sur un tronc flottant

Probablement l’espèce d’oiseau la plus remarquable, le « stinky chiken ». On le retrouve un peu partout le long de la rivière. Il est grand et facilement reconnaissable à sa huppe caractéristique. Le hoazin huppé est appelé « stinky chicken » par les locaux car ses excréments sont particulièrement odorants. L’Hoazin se nourrit exclusivement de feuilles d’arbre très riches en cellulose. Comme les vaches, le hoazin huppé est le seul oiseau à ruminer. C’est d’ailleurs le seul animal ruminant qui n’est pas un mammifère! La première partie de son intestin (faisant 1/3 de son poids) dégrade la cellulose des feuilles par fermentation bactérienne. C’est cette fermentation qui émet une odeur nauséabonde donnant ce surnom de « stinky chicken » utilisé par les locaux. Ils disent d’ailleurs qu’il n’est pas bon à manger. 

Hoazin huppé avec sa huppe caractéristique. Ses yeux rouges contrastent beaucoup avec sa face bleue

Hoazin huppé se nourrisant de feuillage contenant beaucoup de cellulose. Sa digestion par fermentation bactérienne permet de mieux absorber les acides gras

Hoazin huppé s'approchant (maladroitement) de l'eau

Hoazin huppé s'abreuvant dans la rivière

Lagune

Coucher de soleil depuis la lagune, lac temporaire aux abords de la rivière

Aux abords de la rivière, des lacs plus ou moins grand s’y déversent. Ces lacs sont temporaires et peuvent complètement disparaître au pic de la sécheresse. Dans ces lacs à l’eau particulièrement sombres, de nombreuses feuilles et autres végétaux se décomposent. Ce procédé acidifie le PH de l’eau des lacs la rendant invivable pour certains animaux. Dans ces lacs, on ne trouvera que très peu de moustiques car les larves ne peuvent pas se développer dans ces eaux trop acides. Un poisson parasite connu pour, parait-il, s’introduire dans l’urètre humain ne survit pas dans ces eaux non plus (penis fish / candiru). Ces eaux sont peuplées d’espèces parasites de manière générale, si le lac est assez profond, il est possible d’y faire quelques brasses. Il faut tout de même faire attention, Lisa, a est vu le genou complètement transpercé de longues aiguilles. Il s’agissait d’un morrceau de tronc d’arbre avec de longues épines cachées sous les feuilles en décompositions. On a pu extraire les plus longues et grosses à la main mais il a fallu enlever les plus petites avec une pince a épiler une fois de retour au lodge. 

Lisa dans une pirogue dans la lagune

Une autre surprise lors d’une soirée de rafraîchissement dans les eaux de la lagune, j’ai cru apercevoir un caïman dans l’eau. Pour m’en assurer que ce n’en soit pas un, je suis sorti de l’eau et j’ai jeté un une branche  dans sa direction. Le caïman n’a pas bougé, j’en ai conclu que ça devait être un morceau de bois dérivant. Il commençait à faire nuit, pas évident de distinguer les formes par cette pénombre. Juste le temps de me retourner que voilà, le bout de bois en dérive n’était plus là. C’était effectivement un petit caïman blanc. Malgré le fait qu’ils soient principalement piscivores (ne se nourrissant que de poissons), nous n’avons pas tardé à quitter le sable en se jetant à l’eau et en nageant à toute vitesse pour rejoindre la pirogue. 

Jeune caïman blanc aux abords de la lagune

Coucher de soleil au laguna Grande

De jour en jour, on voit le niveau de la lagune baisser. Pendant la période humide, le niveau d’eau est tel que la forêt est totalement inondée. L’ensemble de la forêt est recouvert par environ 2 mètres d’eau. Les animaux marins comme les dauphins ou des poissons prédateurs comme les piranhas quittent le lit de la rivière pour aller chasser « dans la forêt » habituellement à sec. Une fois la période humide passée, les eaux se retirent de la forêt et se cantonnent à la rivière et les lagunes. C’est uniquement lors du pic de la période de sécheresse que les lagunes sont elles aussi totalement hors eaux. À ce moment, tous les animaux aquatiques sont forcés de vivre dans la rivière. Les grands mammifères doivent aussi s’y abreuver. C’est aussi le moment pour les arbres poussant dans la lagune d’essaimer et faire germer leur graine pendant que le sol est hors eau. 

Arbre poussant dans la lagune

Ces arbres sont d’ailleurs des biotopes à eux seuls. Une multitude d’animaux et de plantes y vivent. Ils sont totalement coupés du reste du monde hors période sèche car ils ne peuvent pas se déplacer dans les eaux trop acides. Des plantes  se sont spécialisées pour vivre en symbiose avec eux. Elles forment une sorte de coupole où l’eau de pluie peut rester. C’est dans ces petites flaques d’eau que les rares moustiques de la lagune vivent et se reproduisent. On peut aussi y trouver des œufs de grenouille arboricole. Cette faune vivant en symbiose et en autonomie dans ce microcosme est assez impressionnante. 

Plantes poussant et vivant en symbiose avec l'arbre de la lagune. Ces plantes servent de refuges pour insectes et batracien.

Le lieu de convergence des eaux de la lagune et de la rivière regroupe un grand nombre de poissons, c’est un lieu de chasse de prédilection pour le dauphin rose. On a eu la chance d’en observer bien qu’ils soient très craintifs. Malheureusement les pirogues naviguant sur la rivière sont motorisées et il arrive que leur hélice blesse des dauphins. Ils s’éloignent dès le moindre bruit de moteur. Pour les observer, il faut soit utiliser des barques non motorisées soit attendre leur arrivée avec les moteurs coupés. 

Dauphin rose (dauphin de l'Amazone) en chasse aux abords de la lagune

Les dauphins roses sont des dauphins d’eau douce. Contrairement aux dauphins que l’on peut trouver en mer, ils n’ont pas les cervicales soudées ce qui leur permet de tourner la tête. Cette rotation leur permet de mieux chasser les poissons dans des endroits plus confinés ou il faut pouvoir se mouvoir plus rapidement. Cela permet aussi de chasser entre les arbres lorsque l’eau inonde la forêt à la période humide. Par contre, leur nuque étant plus fragile que les dauphins de mer, ils ne peuvent pas sauter hors de l’eau comme leur cousins. 

Dauphin rose bombant le dos avant de plonger

Comme on le constate sur ces images, le dauphin rose ou dauphin de l’Amazone, n’est pas si rose que cela. Ici, ce sont des jeunes que nous avons pu voir. Seul certains adules peuvent avoir quelques taches rosées sur le corps. 

Dauphin rose remontant à la surface pour remplir ses poumons avant de repartir en chasse

La forêt amazonienne est très dense et s’y aventurer seul nécessite d’excellentes compétences d’orientation. Il y a aussi pléthore d’animaux mortels. Nous nous y sommes aventurés avec des guides locaux. Ceux-ci nous ont aussi transmis beaucoup d’informations très intéressantes sur la faune et la flore, que je tâcherai de vous retranscrire au mieux ici. Gabriella, notre guide pour la semaine, et qui travaille pour le Jamu lodge est une source de savoir intarissable sur la forêt amazonienne. Il y a tout de même quelques sentiers moins risqués faisant des boucles dans la forêt. Parfois, il faut faire un détour lorsqu’une araignée dorée a décidé de tisser sa toile au milieu du chemin. 

Golden spider (néphile à soie dorée) dans sa toile

La forêt amazonienne est luxuriante avec une palette infinie de verts 

graphisme avec une feuille

multiple tonalité de verts

Il faut vraiment avoir des yeux partout. Entre les oiseaux au sommet de la canopée et les araignées à hauteur d’homme, il ne faut pas oublier de regarder au niveau du sol. 

Une feuille pas si morte

Parmi les feuilles mortes, une feuille n’est pas si morte. Une grenouille s’y camoufle. La grenouille cornue (rinella ceratophrys) ressemble comme deux goûtes d’eau à une feuille mais si on se penche à sa hauteur, on retrouve les yeux globuleux de grenouille. 

Rinella ceratophrys se confondant parmi les feuilles mortes

Sur le chemin, un arbre attire particulièrement l’œil. Le tronc de l’arbre est d’une blancheur extrême, c’est ce qui lui vaut son nom « bone tree ». Dans ce type d’habitat, il n’est pas simple d’être un arbre. Entre les insectes voulant manger le tronc ou y pondre, les champignons voulant décomposer les fibres ou encore les autres arbres bloquant la lumière du soleil, les attaques sont multiples et la concurrence rude. Le bone tree mise sur une stratégie de défense particulièrement astucieuse. Plutôt que d’uniquement utiliser son écorce comme barrière de protection contre les agressions externes, le bone tree travaille en symbiose avec un champignon. Ce champignon recouvre toute la surface du tronc du jeune arbre et lui donne cette couleur blanche. L’arbre fait office de support pour le champignon et lui procure différents nutriments pendant que le champignon s’occupe de la protection de son hôte en tuant tous les parasites potentiels. 

Bone tree, arbre en symbiose avec un champignon le protégeant des agressions des parasites

Pour les peuples indigènes, les arbres ont une très forte signification et symbolique. Le Ceiba tree est l'un des plus impressionnant de la forêt amazonienne. Pouvant atteindre 60m, il dépasse largement de la canopée de la forêt. Son tronc a des nervures typiques impressionnantes qui permettent de lui donner une très bonne stabilité. Les locaux tapent sur ces nervures avec des branches pour émettre des signaux sonores sur de longue distance pour communiquer.

Ceiba percant la canopée

C'est aussi un être spirituel qui permet de rentrée en contact avec le monde des esprits. De se promener avec le différentes énergie de la forêt pour connaître le futur ou trouver des remèdes à des maladies. C'est généralement le chamane du village qui, assis au pied de l'arbre rentre en contact avec cet univers. Il utilise une boisson sacrée nommée ayawaska fabriquée à base de liane cuite des heures durant mélangé à d'autres feuilles. Pour en avoir testé, le breuvage n'est vraiment pas bon, très amer et d'une couleur très brunâtre. À dose élevée, elle produit des hallucinations permettant de voyager à travers les esprits de la forêt (et aussi des vomissements).

Ligne verte traversant le chemin

Attention! Parfois, en marchant sur les sentiers, il est possible de croiser une étrange ligne verte. Quesaquo? Une file indienne de fourmis portant des bouts de feuilles mortes découpées. Les femelles fourmis vont découper des feuilles d'un arbre à l'extérieur de la colonie pour ensuite les ramener à la fourmilière. L'ensemble du trajet et surveillé et protégé par des fourmis gardiennes bien plus massives.

Transport de feuille coupée par des fourmis

Les jeunes fourmis pour apprendre le métier font tout le trajet avec les plus expérimenté. Une fois la feuille découpée, les jeunes montent sur la feuille et se font parfois transporter sur le chemin du retour, un peu comme si elles prenaient le bus.

deux jeunes fourmis prenant le bus sur une feuille portée par une fourmi expérimentée

gros plan sur une des fourmis

Un individu sur le point de finaliser une découpe 

Transport de la feuille fraîchement découper en direction de la colonie

Une petite embrouille sur le chemin, le collègue veut-il aider ou veut-il ramener le butin à la colonie sans se fatiguer à découper?

Ceci n'est pas l'œuvre des fourmis mais d'un champignon qui attaque la feuille mais qui n'arrive pas à ronger les nervures

Une fois les fourmis trop vieilles pour faire le périple, elles restent dans la fourmilière pour découper plus finement les feuilles et en faire de la bouillie. Cette bouillie permet de cultiver des champignons qui serviront à nourrir toute la colonie. Pendant ce temps-là, les mâles restent dans la colonie et s'affairent à creuser des galeries. Aux abords du chemin, il est aussi possible d'observer d'étrange structure à base de terre.  La forme est assez particulière et fait rapidement travailler l'imagination.

Structure en terre protégeant une cigale en cours de transformation

Il s'agit en fait d'une entrée de galerie d'une espèce de cigale. Celle-ci une fois sa vie larvaire terminée finalise sa transformation à l'intérieur d'une tour en terre. Une fois devenue cigale, elle sort par le haut de la tour en détruisant la calotte. La forêt est pleine de secret. Une faune très atypique et une multitude d'anecdotes à découvrir pour les curieux. Sur le chemin du retour, des bruits particulier retiennent notre intension. Pour la guide, il n'y a pas de doute, des loutres géantes sont dans les parages! Le niveau d'excitation monte d'un cran dans le groupe, ce n'est pas tout les jours qu'il est possible d'apercevoir ces grandes loutres! On sort du sentier et l'on remonte un petit cours d'eau pour tenter de les entre apercevoir. La forêt et très dense et la progression lente. Les bruits de loutres s'éloignent malheureusement de plus en plus. On se résigne, les loutres ne seront pas pour cette fois. Nous revenons sur le chemin pour retourner à nos embarcations.

Lisa faisant une petite pause sur une des pirogues.

On embarque et l'on se met à l'eau pour retourner aux lodges. A peine quelques coups de pagaie plus tard, nous entendons à nouveau les cris des loutres! Toute la famille est là! Ils ont rejoint la rivière principale!

Famille de loutre géante

Quelle chance de pouvoir apercevoir les loutres. C'est une espèce menacée, il y a moins de 5000 individus dans le monde (en comparaison, il y a environ 100'000 dauphins rose (aussi classé menacé)). La loutre géante peut être assez agressive et l'on n’a pas trop envie de s'approcher lorsque l'on voit la taille de leurs dents. Une femelle peut faire jusqu’à 1m70 de long pour 45kg!

Loutre géante entre curiosité et intimidation

Sur le chemin du retour, nous croisons d'autres espèces typiques de la région.

Martin-pêcheur à ventre roux aux aguets

Caracara noir

Black vulture (Urubu noir)

La nature est toujours faite de surprise et d'inattendu. Au détour d'un méandre de la rivière, l'on aperçoit un grand oiseau blanc dans le feuillage d'un arbre surplombant la canopée au alentour et la rivière. Le rapace est vraiment imposant, perché dans un arbre à la démesure de sa taille. C'est l'une des plus grandes terreurs volantes de la forêt amazonienne, le plus grand représentant des aigles du monde, l'aigle harpie. Comme dans nos contrées, ces oiseaux ont été mystifiés par de nombreuse légende comme l'aigle royal ou le gypaète barbus. Les locaux disent qu'il peut emporter de jeunes enfants. Ces super prédateurs ont souvent mauvaise presse et la cause du malheur des uns et des autres leur sont très vite reprochés. Avec sa puissance musculaire, il peut soulever des proies de 7kg! Il patiente de longues heures aux aguets au sommet des arbres jusqu’à trouver sa proie qui se fera transpercer par ses serres impressionnantes de 6cm!

Aigle harpie aux aguets du haut de son perchoir surplombant la rivière à approximativement 40m de hauteur

  La tranquillité et la prestance de l'harpie féroce imposent le respect. Intriguée, elle lève ses aigrettes lui donnant un air royal avec cette couronne.

Regard perçant, serres disproportionnées et couronne plumée, tout impose le respect

Quelle chance que d'avoir pu croiser son regard de ce grand rapace forestier.   Le niveau de la rivière baisse à vue d'œil. De jour en jour, il devient de plus en plus difficile à naviguer car les troncs d'arbre submergé refont surface et créer des barrages parfois difficiles à passer. Nos guides de pirogues ont parfois du découper des branches ou déplacer des troncs pour rejoindre un des hameaux.

Les lianes pendant des arbres ne touchent plus la surface de la rivière avec l'abaissement des eaux

Pour certaines espèces, l'abaissement des eaux est une aubaine laissant apparaître plus de bancs de sédiments dragués par la rivière synonyme de nourriture. Pour d'autres, les plus petites rivières comme celle-ci devient trop étroite. Les dauphins ne vont pas tarder à migrer vers des rivières plus grandes comme l'amazone pour trouver refuge.

Héron Cocoi profitant de l'abaissement du niveau de la rivière pour chasser sur les bancs sabloneux

Héron Cocoi se reposant sur un arbre aux abords de la rivière

Les arbres auparavant les pieds dans l'eau se retrouvent au sec. C'est le moment pour eux de lâcher leurs graines pour qu'elles prennent racine avant l'arrivée de la saison des pluies. C'est aussi le moment pour tous les habitants de l'écosystème de l'arbre auparavant isolé de changer d'horizon. De partir à la rencontre de la faune d'un autre arbre pour trouver l'amour ou changer d'air. Attention car c'est aussi une période dangereuse car les petits pythons vont aussi profiter de cette aubaine pour venir se servir dans ce banquet maintenant accessible!

Géant de la mangrove les pieds au sec

Le lac se morcelle en pleins de petits étangs peu profond reliés par des méandres de rivière auparavant enfouis. Il faut vraiment bien réussir à lire le paysage pour ne pas se retrouver échoué avec notre barque. Il nous aura fallu nous mouiller les pieds plus d'une fois pour pousser la barque dans une zone plus profonde.

Echoué

Grande aigrette appréciant particulièrement les eaux peu profonde

Dans la forêt amazonienne, il n'y a pas 4 saisons comme dans les zones tempérées. La température varie peu au cours de l’année, seule la période des pluies vient annuellement modifier la hauteur d'eau dans la forêt. Tantôt totalement inondée et parfois avec des rivières presque à sec. Toute la faune et la flore locale sont parfaitement adaptées à cet environnement et malgré le peu de temps sur place, nous avons pu sentir ces changements. Migration, opportunité de chasses, adaptation de comportement en fonction du climat local un peu comme on peut le constater avec nos 4 saisons. Il est vraiment intéressant de faire le parallèle entre des régions du globe pourtant si éloignée. La variation d'ensoleillement et de température n'est pas si extrême ce qui ne créer par des cernes de croissance dans les arbres. Ici, l'humidité est tel que la plupart des arbres sont creux, le duramen, partie "morte" du tronc est absente. Avec une telle humidité, elle pourrit rapidement et l'extérieur de l'arbre assure la rigidité de celui-ci.  

De nuit, la faune timide de la forêt amazonienne se montre sous la lumière des lampes frontales. La diversité est étonnante. Un coup de lampe frontal au raz de l'eau fait apparaître de nombreuses billes dorées. Les yeux des caïmans reflètent la lumière et l'on peut compter un nombre impressionnant de ces prédateurs reptiliens pourtant timide de jour. En plus du caïman blanc, on peut aussi croiser le caïman noir réputer bien plus agressif.Caïeman noir en affût

Des animaux bien étranges font aussi leur apparition. On les dirait directement sorti d'un film de science-fiction. La Heterophrynus batesii est très surprenante voir dérangeante. Elle paraît disproportionnée avec ces immenses pattes et ces sortes d'avant-bras de crabe/mente religieuse.

Droit sorti d'un film de science-fiction, la Heterophrynus batesii sort de l'ombre à la lumière des frontales

Cette créature de la nature n'est ni de la famille des araignées ni des scorpions. Une sorte d'alien qui montre bien la biodiversité incroyable de la région. D'accord, la nuit avec ses caïmans, ses serpents et ses créatures étranges ne donne pas forcément envie de s'aventurer trop loin dans la pénombre. Pourtant, la nuit apporte aussi son lot de beauté et d'enchantement. Parfois, il est possible d'avoir un ciel presque dégagé de nuit permettant d'admirer le ciel nocturne de l'équateur. Venant du nord du globe, on est bien perdu en voyant la voie lactée "depuis dessous". Heureusement, la constellation d'Orion m'est familière.

Spectacle lumineux biologique, des lucioles virevoltent, leur bioluminescence se reflète dans la rivière

Assis sur le ponton en bois, aux abords de la rivière, avec Lisa on a la tête dans les étoiles. Puis, soudain, dans la pénombre de la forêt, un point jaune apparaît pendant une fraction de second. Bizarre, puis quelques instants plus tard, voilà qu'il réapparaît et il semble qu'ils se multiplient. Bientôt, c'est une dizaine de points lumineux jaune qui scintillent presque à l'unisson. La beauté de la nature se révèle, un show lumineux offert par des lucioles, rien de tel avant de rentrer dormir au lodge. Les lodges sont vraiment très beaux tout construit en bois et sur pilotis pour éviter d'être noyé pendant la saison des pluies. Pour des non habitués à l'humidité relative de plus de presque 100% en permanence, il n'est pas des plus agréables de trouver le sommeil lorsque tout est humide. Pour assurer un maximum de ventilation, il y a presque 1m d'espace entre les murs et le toit. Il n'est pas rare d'entendre ou d'entre apercevoir des chauves-souris voler au-dessus de nos têtes. En chassant à l'intérieur, elles nous débarrassent des insectes volants qui peuvent être assez invasifs. On n'oubliera pas non plus mes petits amis de l'ombre. À chaque fois que l'on revenait au lodge, on commençait notre petit jeu, cache-cache! Ils sont experts en la matière, parfois je les retrouve sous une chaussure, sous un paquet de mouchoir ou dans nos sacs. Mes amis les coucaratchacs sont experts aux jeux de cache-cache et c'est toujours un plaisir de les revoirs parfois seul mais généralement ils sont en groupe de 3-4 individus. Bon, apparemment, ça ne plaisait pas à tout le monde, certains perçaient des cris perçants lorsqu'ils tombaient nez à nez avec ces cafards :)

Petit thé suspendu dans le hamac au lodge

L'Amazonie est aussi une incroyable explosion de couleur. Les animaux sont de vrais arcs-en-ciel: Rouge

Paroare Rougecap avec cette calore rouge vive lui donnant un style certain!

Vert

Relativement commun, l'Amazone Aourou est très persécuté. Capturé pour être vendu comme animal de compagnie, chassé pour sa chair ou car il ravage les cultures fruitières des locaux.

Bleuté

Ani des Palétuviers ou grand ani a de superbe reflet bleu/vert/mauve, c'est un arc-en-ciel a lui tout seul. Sa boursouflure au niveau du bec est aussi très remarquable

Jaune

Cacique Cul-Jaune est remarquable par sa couleur jaune vive et son œil bleu mais aussi par son cri et ses nids tissés suspendus sous les branches des arbres.

Dans les oiseaux très colorés, on ne peut pas louper le toucan. Il est devenu très craintif à l'égard des humains car il est un trophée très convoité des braconniers. Mais malgré la distance, on ne peut qu’admirer ces couleurs et motifs sur leur proéminent bec!

Toucan à bec rouge (ou plutôt bleu) sur son arbre perché

Araçari à Oreillons roux, il ressemble vraiment à un toucan mais il n'en a pas, c'est un cousin.

notez la finesse des "flammes" dessinée sur le bec de l'araçari à Oreillons roux

Les oiseaux nous mettent pleins les mirettes de par leur couleur alors que d'autres nous font sourire par leur mimique. Une petite compilation d'image amusante de nos cousins grimpeurs d'arbre.

Décortiquant un fruit d'arbre

On mange la bouche fermée!

pris sur les faits!

Incorrigible!

Un tamarin à manteau noir utilisant sa queue pour se stabiliser

Vivant en petit groupe, ils communiquent à l'aide de cris stridents

Vivant en groupe, ils peuvent être très proches. Qu'ils sont chou!

L'immersion dans la forêt Amazonienne touche a sa fin. Quel dépaysement, quelle nature, quelle biodiversité! Une forêt extrêmement riche en tradition et en anecdote. Une nature incroyable qui est parfaitement adaptée a son environnement contrairement à nous qui sommes bien contents de quitter cette chaleur et humidité étouffantes. Une expérience incroyable et inoubliable qui restera pour toujours gravée dans nos mémoires. Un peu plus tard dans notre voyage, nous nous sommes à nouveau aventurés dans la forêt mais moins profondément. Nous y avons rencontré une nature différente mais tout aussi intrigante et surprenante. On entre dans la forêt accompagné par Ramon. Ramon est un local qui est sensible à la beauté de la forêt mais aussi à sa vulnérabilité. Dans la région, la forêt est rasée pour le bois puis des arbres à cacao sont plantés pour être exploité. Il a pour sa part racheté quelque  hectare de forêt pour éviter qu'elles ne disparaissent. En visitant son petit bout de paradis protégé par les exploitations, on a pu entendre le bruit des tronçonneuses aux alentours. Assez rapidement, en bordure du petit chemin qui mène vers sa maisonnette en cours de construction au beau milieu de sa forêt, un truc rouge bondit à nos pieds. Oui, c'est bien elle, une grenouille toxique!

oophaga sylatica grenouille toxique dans de la mousse en bordure du sentier

Une rencontre que je rêvais de faire. Croiser la route d'une grenouille toxique rouge ou bleue. Elles sont tellement photogéniques non? Mais attention de ne pas trop les approcher ni de les touchers! Leur peau est très toxique! En mangeant des fourmis, ces petits amphibiens arrivent à métaboliser une toxine. Elles doivent d'ailleurs faire attention de ne pas en sécréter trop car elles peuvent s'empoisonner eux-mêmes! Il y a beaucoup de variations de coloris chez cette espèce. Ici, la oophaga sylatica est rouge avec des pattes noires mais sa couleur peut varier du rouge au jaune tacheté! La toxicité de son mucus était utilisée pour empoisonner des flèches. Certains lèchent volontairement leur peau pour partir dans des hallucinations mais c'est très risqué. C'est aussi très risqué pour le batracien car des bactéries humaines peuvent être transmises par toucher et décimer des populations entières de grenouille!   Ce qui est amusant en se baladant avec des locaux, c'est qu'ils n'appellent pas les oiseaux par leur nom scientifique. Ils ont des petits noms pour les décrire. Par exemple ce surprenant oiseau avec une tête rouge bien pétante est passé à toute vitesse. Totalement surexcité, il voletait de branche en branche, il ne tenait pas en place. Malgré la faible luminosité et toutes les branches, j'ai réussi à tirer le portrait de "mon ami" comme il le surnomme.

Manakin à cuisses jaunes surnommé "mon ami" par notre guide local. 

Manakin à cuisses jaunes surexcité jouant à cache-cache derrière le feuillage dense de la foret

Parfois, ce sont des petites choses qui attirent mon œil. Ici, une petite plante parasite en fleure.   Les insectes sont assez impressionnants par leur taille et leur couleur. On se croirait dans un papillorama!

Papillon se camouflant avec la végétation en fermant ses ailes. S'il se sent agresser, il ouvrira d'un coup sec ses ailes effrayant le prédateur avec ses couleurs vives.

Papillon sirotant le nectar d'une fleur

La transparence des ailes est assez surprenante. On distingue bien les contours de la feuille au travers.

un agrion rouge métallique

Une araignée loup surveillant son territoire depuis un caillou émergeant du ruisseau

Un crabe d'eau douce dans le ruisseau

Un faux caméléon qui peut changer de couleur en fonction de son niveau de stress

ici, l'individu n'est pas stressé, il est encore vert mais il peut très rapidement tourner au brun/noir

De part sa ressemblance avec le fruit, notre guide local la surnome "l'araignée fraise"

Singe laineux avertissant ses congénères de notre présence

Pione à tête bleue

Toucan du choco jouant à cache-cache à travers les feuillages

Recto

verso

 

Nous avons aussi pu déguster une multitude de fruits de la forêt. Incroyablement savoureux et sucré, un vrai délice!Lisa dégustant un biriba

singe hurleur mâle solitaire avec qui nous avons passé une bonne heure

Mangrove L'un des plus beaux spectacles naturels que l'on puisse observer est les phytoplanctons bioluminescents. Un phénomène de défense du phytoplancton contre ses prédateurs. La lumière émise est d'un bleu électrique sublime. Pour simuler une attaque de prédateur, il suffit de remuer vigoureusement de l'eau avec des phytoplanctons bioluminescents de nuit. Parfois, leur activité et densité et tel que l'on peut voir les plages devenir bleu de par les remous générés par les vagues. Ici, il a fallu les chercher bien reculé dans la mangrove.

mangrove, une forêt avec les pieds dans l'eau salée

La mangrove est une forêt qui arrive à pousser les pieds dans l'eau. De l'eau salée! C’est une des rares plantes qui arrive à désaliner l'eau et aussi dont les racines peuvent être immergées en permanence sans pourrir. La mangrove est un habitat très fragile qui est souvent détruit pour gagner du terroir. Dans cette région d'Equateur, l'industrie de la crevette déforeste beaucoup de mangrove pour faire des bacs d'élevage de crustacé. De par leur nombreuse racine dans l'eau, la mangrove casse les vagues venant de l'océan et protège les cotes d'une érosion rapide. La mangrove protège aussi contre les tempêtes bref, c'est un atout précieux à protéger en plus de son énorme apport en termes de biodiversité.

Les nombreuses racines font office de protection naturelle contre les vagues qui érode les cotes

Pour espérer apercevoir ce phénomène presque magique de bioluminescence, il faut attendre que la nuit s'installe.

Coucher de soleil aux abords de la mangrove

Une fois la nuit bien installée, la magie opère. La pirogue en fondant les eaux fait apparaître une ligne bleue.

Les remous du bateau sont illuminés par les phytoplanctons

Que d'émotion, depuis le temps que je rêvai de voir ce spectacle! En mettant la main dans l'eau, l'on peut apercevoir le déplacement des phytoplanctons lumineux. L'expérience la plus folle fut de nager dans la lagune. Lors de la brasse, à chaque mouvement, l'eau se met à briller.

Lisa faisant une brasse parmi le plancton

Un spectacle incroyable, hors du temps.

Nager parmi les phytoplanctons est un rêve qui se réalise et un souvenir mémorable!

  Avant de continuer avec le deuxième chapitre de ce voyage avec des paysages plus montagneux dans les Andes, on se quitte avec un petit bernard l'hermite se baladant tranquillement sur la plage pendant que je tentais de surfer sur mes premières vagues. Un grand merci pour votre lecture de cet article. J'espère que vous avez bien pris du plaisir à le lire, autant que moi à l'écrire. Etant friant et curieux de nature, je n'ai pas été déçu par cette semaine au cœur de la forêt tropicale. Une diversité de faune et flore que je n'ai rencontrée nulle part ailleurs! Au plaisir de vous retrouver au deuxième chapitre sur l'Equateur: les Andes!      
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SIGMA 14MM F1.4 DG DN ART: L’objectif à voie lactée ?

Une super surprise lorsque je reçois le tout nouveau 14mm f1.4 DG DN ART de Sigma. Sigma nous propose une optique qui sort clairement des sentiers battus avec des caractéristiques hors du commun. C’est tout simplement l’optique ultra grand angle la plus lumineuse du marché. Une prouesse technologique, voir une œuvre d’art ! Nous avons un beau bébé en main ici. L’angle de 14mm et l’ouverture de f1.4 nous fait afficher un poids de plus de 1.1kg sur la balance. Il est plus ou moins de la même taille et volume que l’ancien 14mm f1.8 Sigma fait pour la gamme reflex. Sigma a réussi à tirer avantage du tirage plus court des boitiers hybride pour gagner 1/3 de diaphragme. Cela paraît peu mais pour ceux qui chassent la lumière, 1/3 de diaphragme fait une belle différence. Si dessous une image du 14mm Sigma en comparaison au 14mm Sony f1.8. Le Sony a une formule optique très compact et plus de deux fois plus léger que le Sigma. Le Sony est une excellente optique ! Je n’ai pas encore eu le temps dès les comparer directement, mais je le ferais dans le futur. Sur le Sigma, on retrouve un collier de pied au format Arca qui s’adaptera directement au trépied sans nécessité de pièce intermédiaire. Une super optique que l’on trouve sur tous les colliers de pied Sigma maintenant. On retrouve tous les boutons et raccourcis que Sigma nous a habitué avec sa gamme ART. - Switch AF/MF très pratique en photo nocturne pour faire la mise au point - un bouton personnalisable - un switch de verrouillage de la mise au point pour éviter que celle-ci ne bouge pendant les déplacements avec le trépied sur l’épaule par exemple. Aussi très pratique en photo nocturne. - un switch pour cranter ou dé-cranter la bague d’ouverture, très pratique en vidéo pour éviter le bruit et les vibrations lors du changement d’ouverture. - Un verrouillage de la bague de diaphragme pour rester soit en mode automatique soit en sélection manuelle par ladite bague. - La bague de diaphragme allant de F16 à l’incroyable ouverture de F1.4. Possibilité de se mettre en Auto pour choisir le diaphragme manuellement ou automatiquement via le boitier. - Une bague de mise au point large et précise.   Les finitions sont dans la lignée des autres ART. Une peinture noir qui résiste bien dans le temps, un joint d’étanchéité au niveau de la monture permettant d’aller dans des environnements plus extrême. Finalement, on note aussi le collier de pied Arca. Le collier de pied peut être débloqué pour permettre la rotation de l’objectif en position verticale ou horizontal. Très pratique sur le terrain, pas besoin de desserrer l’étau de la rotule. Ça facilite aussi la mise à niveau de l’appareil.   Passons maintenant à la qualité optique. Honnêtement, je n’ai pas grand-chose à redire. A pleine ouverture, c’est excellent au centre et bon dans les angles. C’est vraiment impressionnant sachant que c’est un ultra grand angle et aussi ultra lumineux, il est vraiment très difficile de concevoir une optique de ce type. C’est vraiment l’optique de rêve pour l’astro photographie. Pas de coma et pas d’aberration chromatique à pleine ouverture, vraiment bluffé. Cependant, mon optique à un léger décentrage, j’ai un des coins qui est clairement moins bon que les autres. J’ai composé mes images en mettant ce coin dans la partie moins détaillée de l’image. C’est surement dû au fait que c’est un model de préproduction mais je vous conseil tout de même de contrôler l’homogénéité de votre optique. Si vous l’achetez via Sigma Suisse, toutes les optiques sont controlés avant la mise sur le marché, ce souci ne devrait pas apparaitre. Toujours en Suisse, Sigma donne une carte pour 1 nettoyage par an et une garantie à vie. Donc pas de soucis à ce faire si vous apercevez ce défaut. La focal de 14mm permet aussi de faire rapidement des panoramas de grande amplitude à plus de 180°, vraiment pratique. L’ouverture à f1.4 permet une mise au point sur les étoiles super précise et permet vraiment de capter les moindres détails de la voie lactée. Ca permet aussi de travailler à des sensibilités moindre et gagner en qualité d’image sans devoir s’embêter avec une monture équatorial (que ne serait pas utilisable dans les images présentées à cause du reflet). De par sa construction robust et sa tropicalisation, l’objectif peut être utilisé dans des environnement plus extrême. Je l’ai pris avec moi en spéléo dans une grotte très humide. Ça construction n’a pas fait défaut. L’avantage avec cette grande ouverture, ça permet de faire des photos à mais levée même avec un faible éclairage (fermé à f2.8 pour cette série pour gagner en profondeur de champ) Sans forcément vouloir photographier la voie lactée, ce 14mm permet aussi de faire de belles ambiances nocturnes. Sa grande ouverture permet de peaufiner le cadrage sans peine. D’ailleurs, le cadrage est vraiment primordial avec ce genre d’optique. Les ultra grand angle on tendance à éloigner l’arrière-plan, il faut donc avoir un premier plan bien présent. Ici, un champ de narcices et quelques arbres. Quelques images de paysage plus classique au lever du soleil : L’effet d’étoile avec le soleil est sublime avec le 14mm et rajoute vraiment une superbe ambiance à vos images! Ce n’est pas forcément l’optique de prédilection pour du portrait mais j’ai tout de même tenté quelques images et je dois dire que le résultat est original ! Pourquoi pas utiliser un grand angle de ce type en complément d’optique à portrait plus conventionnelle ? Le coté grand angle, permet aussi des prises de vue plus originale en proxi et en contre plongée. Le Sigma s’en sort plutôt bien même si la distance de mise au point pourrait être encore plus courte pour amplifier l’effet.   Conclusion En résumé, nous avons une optique ultra spécialisée qui vous permet de faire des images qui sortent de l’ordinaire. Il faut cependant avoir une bonne maitrise de la composition pour ne pas perdre son sujet. Mais c’est une superbe optique en complément de votre matériel actuel même si vous ne faite pas de photo nocturne. Evidement, pour la photographie nocturne, c’est le graal ! Pas de coma, pas d’aberration et un excellent piquet à pleine ouverture. Même le vignetage se fait très discret. Tout cela vient à un prix. En plus du portemonnaie, c’est l’encombrement et le poids qui n’est pas négligeable du tout. Si vous partez en voyage, en bivouac, je privilégierais le Sony. Si vous êtes plutôt pausé sur trépied et que vous prenez votre temps, le 14mm Sigma saura vous combler ! Une optique de haut vol mais pas facile à maitriser   Synthèse + ouverture et grand angle hors du commun pour des photos originales et par très faible luminosité + piqué excellent dès f1.4 au centre. Très bon dans les angles pour sa catégorie. + pas de coma pour la photographie astro + très peu de vignetage + pas d’aberration chromatique (remarquable pour cette catégorie d’objectif) + Nombreux réglages sur le fut de l’appareil très pratique pour la photographie nocturne (passage en manuel en un click et possibilité de verrouiller la mise au point en désactivant la bague de map) + collier de pied compatible Arca, pas besoin de plaquette intermédiaire. Passage en cadrage vertical aisé avec le collier de pied. Mise à niveau de l’horizon aussi facilité. + possibilité de mettre des filtres l’arrière (à l’avant, pas possible mais normal pour un objectif aussi grand angle) + l’effet étoile en fermant le diaphragme est très esthétique + Garantie Sigma et 1 nettoyage par an pour les objectifs achetés en Suisse   - Tarif élevé - Poids (1.15kg) et encombrement élevé - Défaut de décentrement sur certains exemplaires    
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Sigma 50mm f1.4 DG DN

Le 50mm revisité Un nouveau F1.4 vient s’ajouter à la longue liste des DG DN Sigma. L’optique a été revisitée pour s’adapter aux boitiers sans miroir de la monture E et de l’alliance de la monture L. Il est maintenant ¼ plus léger et aussi plus compact. J’ai pu l’avoir une bonne semaine avant sa sortie officielle pour l’utiliser un peu dans le terrain. Voici mon ressenti sur cette optique. Je tiens à préciser que ce n’est pas vraiment ma focale de prédilection mais je me suis prêté au jeu du portrait avec plaisir. Ergonomiquement, on a une optique de la gamme ART avec tous les petits détails qui permettent de faciliter la prise de vue. Une bague de diaphragme physique sur l’objectif qui permet de régler rapidement l’ouverture. Elle peut fonctionner avec cran ou sans cran (pour la vidéo). Une option intéressante, elle peut être bloquée dans n’importe quelle position pour éviter que la bague ne tourne lorsqu’on la range dans le sac par exemple. Le parsoleil est verrouillé avec un bouton pour éviter qu’il ne tombe lors d’une mauvaise manip. Finalement, il nous reste un bouton personnalisable et le switch pour commuter entre AF/MF. On retrouve aussi le joint au niveau de la monture pour éviter les infiltrations d’eau. J’ai eu une mésaventure il y a quelque temps et je dois avouer ce joint m’a certainement sauvé le boitier ! Une chose m’a rapidement frappé, on sent un groupe de lentille se déplacer dans l’objectif si on le secoue délicatement. C’est la marque de fabrique des moteurs linéaires. S’ils ne sont pas alimentés, ils ne sont pas retenus et les lentilles peuvent se déplacer librement. C’est tout à fait normal évidement (les moteurs linéaires des optiques Sony font pareil) et c’est une très bonne nouvelle ! Les moteurs linéaires permettent une AF très rapide, précis et silencieux ! J’ai d’ailleurs été agréablement surpris par l’AF. J’ai utilisé l’objectif dans le froid dans un environnement pas si simple, une grotte de glace. En plus du froid, le peu de lumière et le peu de contrast, l’AF a toujours rapidement fait le point. Avec la détection du visage et des yeux, l’af est implacable malgré la très faible profondeur de champs à f1.4 (testé avec le a7rIV). J’ai même pris des photos tout en avançant en raquette avec des sujets en mouvement sans soucis. L’af accroche directement et ne lâche plus. Je suis même resté en permanence à pleine ouverture pour profiter du bokeh très plaisant. (on note un peu de cat eye dans les bords)

Le bokeh est très doux et permet de vraiment bien séparer le sujet de l’arrière-plan. La netteté est vraiment folle, on voit tout les détailles de la peaux en croppant à 100% dans le capteur de 61mgpx du a7rIV. cadrage originalcrop 100% non accentué (capteur 61mgpx)

On voit tout de même quelques défauts optiques présent à pleine ouverture notamment des aberrations chromatiques assez marquée à pleine ouverture. En fermant à f2, les AC ne sont plus visible. Néamoins, elles se corrigent très bien dans LR. L’optique n’a pas forcément été développée pour de la photographie nocturne mais comme la comète 2022 E3 était visible pendant la période de test, j’ai tenté quelques images. Les aberrations autours des étoiles sont visible avec un liserait rouge/magenta et le vignetage nous assombrit les bords sans pour autant perdre des étoiles. Le tout peut être facilement corrigé. Un des points qui ne peux pas être corrigé est la coma mais cela reste assez contenu sur ce 50mm. L’ouverture de 1.4 nous permet par contre de voir la comète ainsi que le gaz sublimé vert. Je précise que rien de tout ça n’est visible à l’œil nu ! D’ailleurs la mise au point en manuel peut se faire très précisément facilitant la mise au point sur les étoiles. Si l’on tourne la bague de mise au point très doucement, les lentilles se déplaceront plus doucement augmentant ainsi la précision de mise au point. Ca peut aussi être un peu déroutant au début car si l’on tourne d’un quart de tour rapidement ou lentement, on ne déplace pas la mise au point de la même manière. Je me suis aussi amusé à prendre quelques images de paysage en fermant un peu plus l’objectif. En fermant, le vignetage et les aberrations disparaissent très vite (à f2 déjà, on les remarque quasiment plus). En synthèse, un très bon 50mm f1.4 pour le prix mais il n’est pas exempté de défaut (vignetage et AC). Dans sa version plus légère et plus compact, il gagne une AF très rapide qui permettra de faire la mise au point sur des sujets en mouvement pour du sport ou des enfants un peu fous fous :) Son piqué est vraiment impressionnant à pleine ouverture. Le Sony 50mm f1.4 vient aussi d'être annoncé. Il est un poil plus compact et léger mais son prix est le triple du Sigma ce qui est assez fou! Le 50mm Sigma est un un excélent rapport qualité prix!   Synthèse: + qualité optique + rapport qualité/prix (3x moins cher que le Sony) + vitesse autofocus + volume et poids + tropicalisation + bague de diaf, bouton MF/AF, verrouillage, bouton perso + mise au point manuelle progresive - Vignetage - AC hors map - Pas de stabilisation   Quelques images prises avec le 50mm f1.4 DG DN ART

Sony a7rIV, 50mm f1.4 DG DN ART, f1.4, 1/640s, 100iso

Sony a7rIV, 50mm f1.4 DG DN ART, f8, 1/50s, 400iso

Sony a7rIV, 50mm f1.4 DG DN ART, f8, 1/100s, 100iso

Sony a7rIV, 50mm f1.4 DG DN ART, f1.4, 1/50s, 100iso

Sony a7rIV, 50mm f1.4 DG DN ART, f1.4, 1/50s, 160iso

Sony a7rIV, 50mm f1.4 DG DN ART, f1.4, 1/400s, 100iso

Sony a7rIV, 50mm f1.4 DG DN ART, f8, 1/3s, 100iso

Sony a7rIV, 50mm f1.4 DG DN ART, f1.4, 1/250s, 100iso

Sony a7rIV, 50mm f1.4 DG DN ART, f1.4, 1/5000s, 100iso

Sony a7rIV, 50mm f1.4 DG DN ART, f8, 1/200s, 100iso

   
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Sigma 60-600mm DG DN et les vautours fauves

L’optique polyvalente pour photographe animalier nomade ? Sigma nous a bien habitué à de très bon zoom d’excellente amplitude. Je pense notamment au 50-500 ou au 150-600 (ou même l’extravagant 200-500f2.8). Ici, on a affaire a un zoom avec une amplitude encore plus grande avec ses 60-600mm. Il y a-t-il des compromis ? J’ai pu le tester sur le terrain avec des sujets très exigent, des vautours fauves en vol !

Rafale sur un vautour atterissant dans la falaise

L’AF ne fais quasiment pas défaut, il est très rapide même sur des vautours passant très proche. Le 60-600mm est équipé de moteur linéaire permettant une mise au point rapide et précise. Malheureusement, le a7rIV n’a pas un AF assez évolué pour détecter les yeux des vautours mais en af zone, la mise au point se fait systématiquement sur la tête. Je dois avouer que pour un zoom de ce calibre, l’AF est vraiment rapide. En bonne condition lumineuse, le piqué est vraiment très bon sur les 61mgpx du a7rIV même a pleine ouverture. En recadrage 100%, ca croustille de détail! Le bruit grimpe assez vite lorsque l’on veut des hautes vitesses ou si la lumière vient à manquer. L’ouverture glissante passe à F6.3 à partir de 380mm. C’est meilleur que le 200-600 Sony qui est comparativement moins lumineux. Quelques crop 100% avec des images non traitée ni accentuée Pour avoir faire 2 journées de photo en plein soleil en plein contre jour, je dois dire que le flare est très bien controlé (pas eu de cas) et que les AC sont quasiement inexistant. Si l'on veut pinailler, je vous laisse les trouver dans le crop 100% ci-dessous Concernant le bokeh, a f6.3 le fond n'est très fondu et les ronds de bokeh ne sont pas des plus crémeux. Pour avoir une séparation optimal du sujet, il faut qu'il soit relativement proche.

(maison reconnaissable dans le bokeh)

Si on le met côte à cote avec le Sony 200-600, le sigma est un peu plus long et plus grand en diamètre si déployé à 600mm. Il est aussi plus lourd. Une fois en position rangée à 60mm, il prend bien moins de place que le Sony ce qui le rend plus facilement transportable. La lentille frontale est impressionnante avec ses 105mm. Elle est assez lourde et le poids à l’avant se fait sentir si vous l’utilisez toute la journée en position totalement déployée. L’avantage d’un tel range est sa polyvalence. On a toujours tendance à vouloir faire des gros plans des animaux mais il faut aussi parfois savoir prendre du recul pour l’intégrer dans son élément. Avec le 60-600, rien de plus facile, en un tour de main on passe du gros plan au paysage. 60-600mm @270mm 60-600mm @60mm La bague de zoom n’est pas dure et permet de rapidement changer de focal. Attention, elle peut bouger avec la gravité mais un bouton de verrouillage permet de bloquer l’objectif à 600mm ou 60mm. La mise au point minimum n’est pas le point fort de l’objectif. A 600mm, la mise au point peut être faite à 2m. Ce n’est pas optimal pour de la photo de proxi mais largement suffisant pour ne pas réussir à cadrer un accenteur alpin, et en vrais 2m à 600mm, ca commence déja à être de la belle proxi :) Le piqué en proxi est d'ailleurs vraiment fou, on peu compter les plumes de la tête! La construction de l’objectif est impeccable. On sent que l’on a une optique faite pour durer dans les main. Un revêtement résistant, de nombreux joints sur les boutons et la monture ainsi qu’un parsoleil robust comme sur les grands téléobjectifs. Le parsoleil a une petite protection en caoutchouc permettant de poser l’objectif directement au sol sur le PS (attention de ne pas le faire basculer par inadvertance). Un autre petit détail qui fait la différence, c’est le collier de pied arca. Pas besoin d’acheter un autre pied ou de fixer un plateau ! C’est tout bête mais c’est là que l’on voit que l’on pense au photographe lors de la conception d’une optique. Et ca évite d’arriver a l’affut et se rendre compte que l’on a oublier le plateau à la maison (histoire vrais (plus d’une fois…)). Il y a aussi le problème du plateau qui se dévisse pendant l'affut lorsque l'on veut bouger un peu l'objectif, très embétant surtout si l'on a pas le bon tournevis sur soi :)   Synthèse + polyvalence + piqué + vitesse AF avec moteur linéaire + construction + 3 mode de stabilisation + tropicalisation + pied arca + bonne gestion des AC et flare - Poids - Distance de mise au point - Diamètre de lentille frontal (grand filtre et poids à l’avant)     Quelques images prisent avec le 60-600mm DG DN

Sony a7rIV, 60-600mm DG DN, f6.3, 1/1000s, 320iso

Sony a7rIV, 60-600mm DG DN, f6.3, 1/1000s, 200iso

Sony a7rIV, 60-600mm DG DN, f6.3, 1/1000s, 1000iso

Sony a7rIV, 60-600mm DG DN, f6.3, 1/1000s, 1250iso

Sony a7rIV, 60-600mm DG DN, f6.3, 1/1000s, 250iso

Sony a7rIV, 60-600mm DG DN, f6.3, 1/1000s, 1600iso

Sony a7rIV, 60-600mm DG DN, f6.3, 1/1000s, 500iso

Sony a7rIV, 60-600mm DG DN, f6.3, 1/1000s, 250iso

Sony a7rIV, 60-600mm DG DN, f6.3, 1/500s, 1000iso

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Travail de terrain au sud du Groenland

Réorientation professionnelle Cela fait maintenant quelques temps que je cherche un moyen de concilier mon travail d’ingénieur système (électricité, électronique, automation) avec ma passion pour la nature, mon goût de l’aventure et plus récemment, ma formation d’accompagnateur en montagne. Après quelques discussions avec Matteo qui travaillait comme technicien pour l’EPFL dans le cadre d’un projet de monitoring de la biodiversité des glaciers à travers le monde, je me suis mis à la recherche de nouvelles opportunités. Mattéo a installé des instruments et fait des prélèvements sur différents glaciers à travers le monde, au Népal, Alaska, Patagonie, Afrique, Groenland ou encore en Nouvelle-Zélande (sans oublier la Suisse bien sûr) pour le projet Vanishing Glacier. J’ai aussi pris contact avec PolarWilson qui travaille sur des projets d’expédition particulièrement engagés en arctique et antarctique. En scrutant les différentes offres disponibles, on peut trouver de tout, de postier dans la station la plus au sud au monde à responsable technique de la base française de Durmon Durville en Antarctique. Ce n’est finalement que très récemment que l’opportunité parfaite s’est manifestée à moi par une proposition de technicien et assistant de terrain à l’EPFL. C’est un laboratoire de recherche en environnements extrêmes (EERL) effectuant des recherches sur les particules dans l’air qui m’a engagé pour, entre autres, organiser le déploiement et l’amélioration d’un ballon de mesure et d’autres instruments. Le mandat se déroule dans le cadre du projet Greenfjord qui cherche à mieux comprendre les systèmes de fjord avec un glacier se jetant dans la mer ou non. Le projet global cherche à comprendre les systèmes de fjords sur pleins d’aspects, avec différentes synergies. Certains chercheurs se focaliseront sur l’aspect humain, d’autres sur la biodiversité marine, les glaciers, les flux de carbone ou encore les émissions de particules et la formation des nuages. En somme, c’est un projet ambitieux prévu sur une durée de quatre ans. Il y aura surement d’autre projets pour le déploiement du ballon de mesure mais je serais principalement impliqué dans le sud du Groenland. Ça démarre tout de suite très fort : pour mon premier jour, j’ai directement rendez-vous à l’aéroport de Zurich pour un vol direction le Groenland. Tout va s’enchainer très vite. La première année du projet sera destinée à faire des mesures préliminaires pour les années suivantes, préparer et planifier les futurs vols du ballon ainsi que la prise d’échantillons de poussières potentiellement capables de condenser l’air pour la formation de nuages. Pour faire plus court et plus intéressant, je ferai un peu abstraction des travaux et mesures effectuées sur le terrain pour me concentrer sur les péripéties du voyage qui ne manqueront pas. Après trois jours de retard, de report et d’aller-retours, nous arrivons au sud du Groenland, à Narsarsuaq. La vue depuis l’avion est splendide, cette étendue glacière à perte de vue avec quelques nunataks nous change des glaciers terrés au fond de nos vallées. Ici ils semblent pouvoir respirer, déborder et couler jusqu’à la mer. Évidemment, ce n’est qu’une impression car le réchauffement climatique touche de plein fouet le Groenland. C’est d’ailleurs la raison de ma venue sur ces terres reculées. Mieux comprendre les mécanismes des fjords avec un glacier et ceux sans glacier se terminant dans l’eau. Car dans le futur, il y aura moins de glaciers terminant dans la mer ce qui va impliquer des changements que l’on doit étudier, comprendre pour pouvoir les modéliser pour mieux définir les conséquences. Mais avant ça, je suis comme un gamin devant une glace ! Sauf que ma glace et mon premier vrai iceberg dans le fjord de Narsarsuaq ! Ses dimensions sont impressionnantes et son histoire me passionne. Savoir qu’il s’est formé quelque part sur la calotte glacière par accumulation et compression de la neige sur des décennies, que par son poids et le poids du reste de la calotte, il a glissé jusqu’à atteindre l’eau d’un fjord d’où il s’est détaché et s’est mis à dériver jusqu’à apparaitre devant mes yeux me remplit d’émotions. Il n’est pas très proche de la rive mais il est impressionnant. Je trouve aussi quelques rochers bien poreux, est-ce de la roche volcanique ? Je n’en ai jamais tellement vu de telles avant (malheureusement, je n’ai pas pris d’images) On ne pouvait pas rester bien longtemps à Narsarsuaq étant juste une ville de transition (la 40ème plus grande du Groenland avec ses 150 habitants). On doit naviguer jusqu’à la 9ème plus grande ville du Groenland, Narsaq avec ses 1300 habitants. Cependant, je voulais aller voir la pouponnière d’où venait l’iceberg que j’ai photographié. En arrivant en avion, j’ai pu voir le fjord avec le glacier se brisant en mille et un iceberg. Bref, on doit partir dans la matinée le lendemain pour rejoindre ce fjord. Sur la carte, il s’agit d’une petite dizaine de km à faire avec un petit bout hors sentier avec 800m de dénivelé positif (il s’avère qu’il y en aura 1000 au final…). Je me dis qu’un lever à 4h du mat me permettrait d’aller voir ce magnifique fjord. Lever à 4h du mat : il pleut dehors, je mets ma gortex et je commence l’ascension. Très rapidement, je me rends compte que les chemins indiqués sur la carte sont plus des suggestions d’azimute et qu’en vrais, il n’y a absolument pas de chemin. Très vite, je me retrouve à évoluer dans un sol plein de mousses humides. Je me retrouve trempé de la tête au pied entre ces mousses qui me font perdre énormément d’énergie en plus de la pluie battante. 6h du mat : je suis à peine à la moitié du chemin, le brouillard se lève et le vent aussi. Je dois tourner la tête pour respirer ou pour ne pas me faire griffer par les grésillons volant à l’horizontal. Bref, comme n’importe qui l’aurait fait, je n’ai pas opéré un demi-tour du tout et je me suis mis à courir à travers la mousse. Sur le haut plateau, je trouve des petits lacs tout mignons. Sur l’un d’entre eux, j’ai vu des plongeons et j’ai même entendu un renard polaire mais impossible de les repérer dans cette étendue de terre sous la pluie et je n’ai pas vraiment de temps pour les chercher. Finalement, entre deux vagues de brouillard, je peux distinguer la langue du glacier. La vue est splendide, « breath taking » comme diraient les anglais. Probablement une des plus belles vues que j’ai eu l’occasion de voir. Ce mix entre le brouillard, la mer, le fjord, le glacier, les icebergs et les méandres de la vallée d’en face est juste splendie. L’effort, de la marche sous la pluie, les rafales de vent et le brouillard rend la vue encore plus belle ! Dur à rendre la beauté des lieux en photo mais le fait d’avoir fait une petite escapade de 14km et 1200m+ ajoute de l’émotion. Malheureusement, même dans ces coins reculés, on trouve des déchets… désolant… Je ne peux pas trop tarder car le chemin du retour est long. De plus, les chemins indiqués sur la carte n’existent pas du tout dans les faits. Ce sont plus des propositions d’exploration… Ma carte date aussi de 2013 donc je suppute qu’à cette époque la forêt de vernes n’était pas aussi intraversable qu’actuellement… Complètement trempé, je me change pour aller visiter le musée avec le reste du groupe. En plus du labo de l’EPFL dont je fais partie, il y a deux personnes du domaine des sciences humaines, une de la biodiversité marine et une autre effectuant des recherches sur les flux de carbone entre la terre et la mer via les rivières. On a eu l’occasion de faire un peu connaissance lors de nos trois jours de trajets, lorsque nous étions bloqués à Copenhague. Dans le musée, on en apprend un peu plus sur Narsarsuaq avec son emplacement stratégique lors de la deuxième guerre. Une étape pour les avions américains allant en Angleterre. On en apprend aussi un peu plus sur la colonisation du sud du Groenland via des bateaux venant d’Island. Nous avons pu glaner quelques explications sur l’agriculture avec les moutons, quelques mots sur la faune locales et la géologie. Je profite d’avoir une carte géologique pour confirmer que la roche vue au bord du fjord est bien d’origine volcanique. Je profite aussi de l’occasion pour acheter un livre sur la géologie locale ainsi que des cartes détaillées de la région. Ça me sera d’une grande utilité pour mieux comprendre et évoluer dans les environs. Il est temps de rejoindre notre destination finale, Narsaq, un village de pécheur à la croisée des fjords. Sur le trajet en bateau, on passe à côté de nombreux iceberg qui s’emblent bloqués là par une barrière invisible. Ils sont en réalité maintenus à l’embouchure du fjord par une vieille moraine frontale sous-marine du glacier (on le voit bien dans la vidéo, plus haut). Les courants font qu’ils s’accumulent un peu plus dans cette région avant de partir dériver plus loin. L’arrivée à Narsaq est dépaysante à nouveau. Le nombre de icebergs dans les environs est incroyable, bien plus nombreux qu’avant ! Malheureusement, la visite des environs devra attendre un peu. Il nous faut d’abord prendre place dans les locaux et installer tous les instruments pour les mesures en continu qui se feront les dix prochains jours. Je profite aussi pour faire sécher mes habits complètement trempés de ma balade matinale. Le lendemain, la suite de l’installation continue. On profite du temps radieux pour faire quelques prises d’échantillons aux abords de la rivière glacière. On passe à côté d’une baie avec beaucoup d’icebergs échoués. Parfois des bruits sourds de cassure d’iceberg ou de retournement de ceux-ci se font entendre. Le soir après avoir mangé, sur le chemin vers l’hôtel, un nuage semble légèrement éclairé. Non, ce pourrait-il que… ? Je me mets un peu à l’écart des lampadaires de la ville pour que mon œil s’habitue un peu plus à l’obscurité. C’est définitivement ça ! Des aurores ! Je ne m’attendais pas du tout à en voir car on est en plein été. Le sud du Groenland est plus bas que le cercle polaire, il y a donc toujours un peu de nuit. Dans ces conditions, en cas de vents solaires forts, il est possible d’avoir des aurores même en été. Je me précipite pour prendre mon appareil photo. J’active l’augmentation de la luminosité dans le viseur électronique, le nuage devient vert, aurore boréale confirmée ! Je me précipite vers la baie aux icebergs. Pendant ce temps, les aurores se font plus nombreuses et intenses ! J’espère qu’elles dureront car d’expérience, celles que j’avais vu au Svalbard duraient 30min-1h tout au plus avant de s’éteindre. Arrivé aux abords du fjord, la crainte se confirme, les aurores restantes sont très faibles. Je ne perds pas espoir, une fois le boitier installé sur le trépied, j’attends en espérant que l’activité reprenne. La patience finit par payer. Une heure plus tard, les aurores refont leur apparition. Elles dansent au-dessus de moi. C’est un festival, encore plus intense que les premières ! Les couleurs du crépuscule sont encore un peu visibles apportant une petite touche chaude, se mélangeant au bleu froid de la glace et au vert des aurores. Une palette de couleur splendide ! L’appareil en time laps, je profite pour regarder ce spectacle de lumière naturelle. Puis la lune se lève sur le village de Narsaq et sa baie aux icebergs. On voit le village éclairé de mille feux sur la droite de l’image. Vers 1h du matin, le ciel commence à se couvrir et les aurores s’effacent peu à peu. Le lendemain, on discute avec la commune et l’héliport pour obtenir des autorisations d’utilisation d’espace publique et de vol. On cherche aussi des informations concernant l’approche des engins volants et les coutumes locales des habitants. S’ensuit une marche sur la colline accolée au village nommée Tasiigaaq. Cela deviendra notre « Hausberg », la colline que l’on gravira très régulièrement avec différentes conditions météo. On croise d’ailleurs des locaux qui font régulièrement l’ascension et ajoutent un caillou au cerne à chaque fois. Le but est de simuler un vol du ballon qui se fera les années suivantes. En faisant une marche le plus verticalement possible et en emportant un appareil de mesure de particule avec soit on peut simuler le ballon et ainsi obtenir des données pour affiner les appareils à apporter lors de la prochaine campagne de terrain. Je profite de ces ascensions pour prendre quelques images des alentours. Le brouillard est omniprésent et très bas, ce sont justement les conditions rêvées pour étudier la formation des nuages. De là haut, on voit bien le village de pécheur ainsi que la baie avec les icebergs. Les journées suivantes sont très pluvieuses, on déplace les instruments de mesure à l’intérieur pour éviter la condensation. On profite aussi pour installer une station de mesure sur le toit de la station de recherche. A côté de la « Tasiigaaq Hill » que l’on fait quasiment tous les jours se trouve une montagne plus haute. On l’appelle « Narsaq Mountain » mais son vrai nom est plutôt Qaqqarsuaq du haut de ses presque 700m, elle parait bien engagée. On voit cependant quelques points de marquage, il y a peut-être un chemin ? Je tente une ascension un matin tôt avant le lever du soleil mais le brouillard et la pluie me fera rebrousser chemin (aussi le fait qu’il n’y a pas vraiment de chemin). J’ai dû me perdre un peu car j’ai fait un petit bout d’escalade au-dessus des cascades… Je profite de la redescente pour immortaliser cette cascade ainsi qu’une grosse ombellifère que je n’ai pas encore identifié. Je profite d’être à l’extérieur pour faire le tour de la côte Est du village. De ce côté, quelques icebergs finissent leur vie en apportant un peu d’eau douce dans le fjord. On distingue très nettement le ponçage du glacier sur la roche dénudée de végétation. Le glacier c’est maintenant bien retiré mais ses indices trahissent sa présence. On trouve aussi quelques cabanes de pécheur à l’abord du fjord. Certains icebergs ont des tailles complètement démentielles. Ici, pour comparaison, un goéland marin est posé au sommet du mastodonte. L’après-midi, une marche est prévue pour estimer l’impact de la pollution de l’air du village. On part du village avec l’appareil de mesure jusque dans l’autre vallée avant d’entamer le passage d’un col pour arriver finalement au lac Taseq. Dur de se représenter les dimensions du lac avec le brouillard qui le cache toujours en partie mais selon la carte, il est bien grand 😊. Après avoir mangé un morse, on redescend au village pour rencontrer d’autres scientifique vivant sur Narsaq. Sur le chemin, on trouve des roches intéressantes avec de beaux minéraux. Il faudra revenir pour les identifier mais aussi pour voir le lac en entier, l’endroit semble magique ! Les conditions ne se sont pas vraiment idéales pour les images mais je pense bien y remonter dans les années à venir. Je m’extirpe des discussions entre scientifiques pour installer et tenter de comprendre une caméra Osmo pocket. C’est un appareil prêté par le département média de l’EPFL pour prendre des images sur le terrain. Franchement, l’ergonomie du bazar n’est pas évidente mais je parviens tout de même à le régler pour prendre un time laps. On voit bien les icebergs se déplacer et même certain d’entre eux se retourner. Dommage que le son ne soit pas enregistré car c’est impressionnant ! Je mettrais la vidéo en ligne dès que j’ai un peu de temps pour la finaliser. En attendant, je vous présente quelques images des icebergs du fjord. En fondant et en se retournant, certains se sculptent en véritable œuvres d’art. Le ciel est bien dégagé et au fils du temps, le soleil commence à baisser sur l’horizon rétroéclairant les icebergs leur donnant un coté vitreux. Puis la lumière devient magique, orangée et très douce transformant le bleu de la glace en rouge. Il n’y a pas beaucoup de nuages pour capter ces couleurs mais l’ambiance est incroyable. Le coucher se passe en un rien de temps. Les quelques nuages présents captent rapidement les derniers rayons de lumière avant de s’éteindre. J’ai juste le temps de souper pour me rendre compte que les aurores boréales sont à nouveau de sortie ce soir-là ! Une longue journée avec les différentes marches, presque 60’000pas mais je ne vais pas m’en plaindre ! Contrairement à la dernière nuit, ces aurores sont beaucoup plus statiques et font une sorte d’arc au-dessus de la baie aux icebergs. Pendant que je prends le panorama, le trépied bascule et l’appareil disparait sous les eaux du fjord. Je vois l’écran LCD éclairer la surface de l’eau depuis le fond. Il me faut quelques secondes pour comprendre la situation avant d’attraper un pied du trépied pour extirper le bazar hors de l’eau. Je le sèche tant bien que mal avec des mouchoirs en papier. Un moment d’inattention et voilà que tout bascule… Le cœur noué, je réenclenche l’appareil pour constater les dégâts. Une image a visiblement été prise sous l’eau. Erreur d’accessoires non reconnus avec un popup apparaissant en permanence à l’écran, beaucoup de difficulté pour faire la mise au point (la bague de mise au point n’est plus directement liée au bloc optique via des pignons comme jadis). Il m’est aussi impossible d’éteindre l’appareil, surement un faux-contact dans le switch on/off. Je crains vraiment le pire car l’eau salée est souvent mortelle pour l’électronique. Mort pour mort, je tente tout de même de réaliser une image d’un iceberg échoué sur la cote rétro éclairée avec mon téléphone. Puis, j’arrive tout de même à faire en sorte que l’appareil fasse un time laps pour le reste de la nuit. Pendant ce temps-là, je bivouac à côté de lui. Je ne dors pas beaucoup cette nuit-là, ayant oublié mon matelas. Les cailloux sont bien durs. Le time laps n’est d’ailleurs pas un franc succès car l’humidité dans l’objectif sortant tout juste de la baignade et telle qu’une forte condensation s’est produite à l’intérieur de l’optique. La journée suivant, l’appareil photo ainsi que l’optique sècheront dans une boite remplie de silicagel. Je crois les doigts pour que l’oxydation de l’eau salée ne fasse pas plus de dégâts. Le fjord n’est en réalité pas si salé que ça car il faut un certain temps pour que l’eau d’océan se mélange avec l’eau douce du glacier dans le fjord. La salinité de l’océan est de 35g/l alors que celle du fjord est de l’ordre de 7-8 g/l dû à l’apport d’eau douce du glacier et des icebergs justement. Les jours suivant sont une succession de mesures sur le terrain, changement de filtres, amélioration de l’infrastructure en place ainsi que prise de contact avec les locaux en prévision des campagnes de mesures des années suivantes. En discutant avec une des personnes très active dans la vie du village, on apprend que des Belges sont dans le coin. On arrive à les croiser un soir sur une des rues du village et l’on échange quelques mots. On se revoit aussi en soirée pour discuter un peu de leur projet qui est juste démentiel. Leur expédition se décompose en trois étapes avec une partie de traversée de la calotte glacière est-ouest du Groenland en Pulka avec des températures avoisinant régulièrement les -40°C. Ils ont ensuite enchainé avec la deuxième étape qui consistait à ouvrir une voie de grimpe de 100m en 7a+ dans un fjord reculé avec des nuits en Portaledge en paroi. C’est complètement démentiel ! Et maintenant, ils sont à Narsaq, dans le même village que moi pour préparer leur troisième et dernière partie qui consiste à parcourir 5 fjord en kayak et récupérer des échantillons d’eau pour des analyses. Pour en savoir plus sur le projet complètement fou. C’est une discussion absolument passionnante mais ils doivent finaliser leur préparatif et pour ma part, le soleil commence à se coucher et l’ambiance sur le fjord commence à devenir intéressante. En baissant sur l’horizon, les rayons du soleil filtrent à travers les nuages. Puis l’épaisseur nuageuse devient trop importante et le soleil disparait. La période de mesure touche doucement à sa fin, il est temps de ranger les différents instruments, de finaliser les rapports, de ramasser des myrtilles sur la Tasiigaaq Hill pour offrir des parts de gâteau aux myrtilles aux gens qui nous ont soutenu. C’est l’heure du retour en bateau à Narsarssuaq. Sur le trajet, on rencontre à nouveau les icebergs impressionnant dans le fjord mais la météo n’est pas vraiment de la partie. Arrivés au village, on retrouve des collègues qui devaient décoller dans la matinée mais dont le vol a été annulé. Après avoir finalisé les différents rendez-vous prévus, on part pour plusieurs marches dans les environs pour faire des prises d’échantillon de sel glacière à plusieurs endroits entre le fjord et le glacier. La vue et la taille du glacier Kuussuup Sermia est particulièrement impressionnante ! Quelques détails du glacier: Sur la descente, on trouve un bloc de glace échoué dans les méandres quasiment 300m plus bas que le front du glacier. Il doit y avoir des crues exceptionnelles pour pouvoir déplacer un tel bloc de glace sur d’aussi longue distances. Sa particularité est d’avoir une couleur bleue incroyablement vive et lumineuse avec l’éclairage de pleine journée. Il y a aussi un reste de glacier mort agonisant dans les alentours. Les blocs de glace restant recouverts de moraine ressemblent d’ailleurs à des pierres tombales. Comme pour nous souhaiter un bon départ, la dernière nuit au sud du Groenland est illuminée par des aurores. Je profite pour faire des times laps avec la marée dans le fjord. Impressionnant de voir à quel vitesse l’eau se retire (je ne suis pas vraiment un habitué de la mer). Le niveau varie jusqu’à 4m dans cette région. Pendant que l’appareil prend pleins d’image successives pour le time laps, je profite de me poser emmitoufler dans ma doudoune pour observer les aurores. La température baisse jusqu’à 0.6°C, de quoi m’obliger de temps à autre de faire de petits exercices pour me réchauffer. Puis, un cri très sinistre raisonne au bord de l’eau. Serait-ce un phoque ? le bruit est vraiment bizarre et je prends presque peur. Je me rapproche de mon sac pour saisir ma lampe frontale. Puis, je le distingue, en contre jour contre-aurore, au bord de l’eau. Un petit renard polaire ! Je l’éclair pour mieux le voir. Il est en pellage intermédiaire, il a déjà quelques poiles blanc qui commence à augmenter sa masse de fourrure. Il repassera quelques fois entre le trépied et moi, surement à la recherche de quoi se mettre sous la dent en marée basse. Après quelques autres mésaventures aériennes qui semble assez régulières au Groenland, on aura 2j de retard sur le retour initial prévu. Une escale plus haut dans le nord nous laisse le temps de faire une dernière prise d’échantillon de sel glacière. Il s’agit de Kangerlusuak, un des villages le plus dans les terres du Groenland (dû à son fjord particulièrement long). Lors des vents catabatiques violent pouvant survenir dans la région, des tempêtes de sable peuvent prendre forme. C’est un phénomène particulièrement intéressant à étudier car ce limon glacière levé par les vents permet de cristalliser les cristaux dans les nuages permettant leur formation. Sur le trajet, on croise les grands mammifères de la région. A savoir un renne avec de beaux bois et des bœuf musqué. Nous sommes restés à bonne distance, les images ne sont pas incroyables mais quel bonheur de pouvoir les rencontrer ! Un super cadeau avant de définitivement quitter cette grande île au milieu de l’arctique. Les aurores profitent elles de notre vol retour pour nous dire un dernier au revoir. Un grand merci pour votre attention et la lecture de cet article ! Un grand merci à Pierre pour la relecture de l'article. On se retrouve l’été prochain pour la suite au sud du Groenland.
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