Un weekend d’aventure au Svalbard

Le Nord, le froid, l’aventure. Qu’elle n’a pas été ma surprise lorsque Stéphane m’a annoncé aller faire un semestre à Longyearbyen. Pour qu’il ne déprime pas trop dans cette contrée reculée je me suis proposé pour l’accompagner quelques jours. Je suis quelqu’un avec un grand cœur 🙂

Après avoir trouvé une période un peu creuse scolairement parlant pour lui mais encore intéressante en terme de lumière pour moi, on attaque l’organisation. Comme ce n’est pas trop mon fort le minimum a été fait à savoir : trouver un avion et un endroit où dormir (sauf les deux dernières nuits, je me suis un peu planté).

Cela fait maintenant 8mois qu’il est déjà sur place. L’hiver arctique touche à sa fin maintenant, à 12h pétante il n’y a plus d’étoiles dans le ciel et une couleur orangée apparaît à l’horizon ! Il m’avait conseillé de trouver des vêtements adaptés pour les conditions , les températures moyennes sont en-dessous de -20°C avec potentiellement de fortes rafales de vent.

Me voilà équipé de la tête aux pieds de duvet et gore-tex. J’ai l’impression d’être un sac de couchage ambulant.

 

Le jour J approche à grands pas. Comme d’habitude, Des valises faites la veille. Hop, je saute dans le train puis dans l’avion avec la valise et tout le matériel de ski. Une petite nuit sur les bancs du burger king d’Oslo et me voilà déjà dans le deuxième vol pour arriver au Svalbard.

 

J’atterris à 13h et la lumière est juste incroyable, difficile de croire que la lumière ne sera pas plus dure. Je sors de l’avion, malgré ma veste et mes gants le froids me gifle le visage, le pilote nous a annoncé une température de -19°. Une fois la fermeture de la veste remontée jusqu’au menton, je saute dans le bus pour rejoindre l’étudiant givré.

Pour l’anecdote, le jour de mon arrivée une fête se déroulait au village, la fête du retour du soleil après 4 mois de nuit. Deux semaines plus tard, lors de mon départ, il n’y avait déjà presque plus de nuit, la durée du jour s’allongeait de quasiment 30min par jour !

 

Motivé à bloc, à peine arrivé, on enfile les crampons et on prend de la hauteur. Le premier sommet fût Sarkofagen, malgré un temps d’ascension quasiment record, le soleil était déjà couché avant que l’on atteigne le sommet. Malgré ça, le afterglow, cette bande rose qui traverse le ciel après le coucher, était de toute beauté.

 

Avec ces montagnes bleues teintées de rose, on se croirait presque dans une aquarelle. Comme s’il nous attendait au sommet, un renne profitait aussi de la vue imprenable sur Longyearbyen.

Je ne pouvais rêver d’un meilleur début !

Cette première sortie me fit vite comprendre que mon bonnet en laine n’allait pas faire l’affaire, il me faut absolument quelque chose de coupe vent pour maintenir la chaleur corporelle !

Juste le temps de trouver un bonnet et c’est repartis, le lendemain on attaque notre premier voyage d’envergure prévu. Au total 45km de ski de rando nous attendent ! Une nuit doit être passée en cabine qui est une sorte de refuge chez nous. 4 murs, pas de lit mais dans celui-ci, on a de la chance, il y a de quoi faire un feu !

Tous les cas de figure sont envisagés, si jamais on n’arrive pas à atteindre la cabine à temps à cause d’une mauvaise météo. Tout le matériel commun est tiré dans une pulka notamment la tente de secours, les sac de couchage synthétique -20°, le bois et la nourriture. En plus de ça, nous avons encore notre matériel personnel comprenant tout le matériel de sauvetage en cas d’avalanche ainsi que tout le matos photographique ‘^^

 

C’est parti pour le tour, la première partie fait 20km. J’ai enregistré le parcours avec ma montre ainsi que la température. Pour vous donner une idée, il a fait au plus chaud -16° et au plus froid -25° De quoi se geler les cils !

 

Je dois avouer que les derniers km on été bien difficiles pour moi, dire que la semaine passée j’étais à Rémusat avec des températures de plus de 20°C, quel choc !

 

Nous y voila, nous atteignons enfin cette cabine juste avant la tombée de la nuit. Avant de trop se refroidir, il nous faut entrer tout le matériel des pulka. La cabine n’étant pas prévue pour passer la nuit, il faudra aussi déplacer la table pour y installer les sacs de couchage.

 

Mais avant ça, allumons le feu pour que la nuit soit plus douce. Tout le bois transporté nous aura tout de même permis d’atteindre la température agréable de -13° à l’intérieur !

 

Mais pour tout vous avouer, je n’ai pas beaucoup dormi. A l’extérieur, un superbe spectacle se jouait ! Ce sont mes premières aurores, un instant juste indescriptible. Elle est très faible, on ne distingue même pas les couleurs verdâtres à l’œil. Pour Stephane qui a vu des ciels totalement fluorescent me murmure que l’on ne peut même pas appeler ça des aurores. Rien n’y fait, je suis comme un gamin à regarder partout pour ne rien louper !

Au petit matin il nous faudra continuer. La route est encore longue, 5km de plus que la veille (25km). J’espère tenir le coup, je me rend compte que l’hiver arctique à transformé mes trois compagnons de voyage en vikings…

 

Les paysages et la lumière est juste sublime mais impossible de prendre le temps pour faire des images. Le froid mordant nous fait réfléchir pour chaque arrêt et enlever un gant comprend pas mal de risques. Jusqu’à maintenant à part quelques doigts et orteils engourdit, rien à signaler.

 

De plus le temps nous est compté si nous voulons boucler le tour avant la nuit !
Il y a une chose que je ne vous ai pas encore dit. Le Spitzberg est le territoire des ours polaire. Il est strictement interdit de quitter le village sans être équipé au minimum d’un fusil ainsi qu’un pistolet d’intimidation.

Pour être sûr de bien réagir en cas d’attaque d’ours un petit entraînement s’impose pour tout le groupe. Manipulation de l’arme avec les gants ainsi que la position de tir sont revus. Heureusement, durant tout mon séjour je n’ai pas eu à l’utiliser une deuxième fois. Cependant, cela reste une contrainte en plus pour chaque sortie.

 

Le froid est intense, c’est difficile mais je me rend compte de la chance que j’ai d’avoir des camarades qui ne lâchent rien, seul je ne pense pas pouvoir enchaîner 45km en deux jours par -20°C ! J’ose à peine imaginer la même sortie avec des conditions de vent intense.

 

Le voyage aurait pu se passer sans encombre mais le froid en aura voulu autrement. L’un d’entre nous ne sent plus son orteil engourdi par le froid. Ils savent exactement quoi faire dans ses conditions. Enlever la chaussure et réchauffer le pied à l’intérieur de la doudoune d’un camarade. Après 10min de réchauffage, on reprend les lattes pour terminer la course.

 

Nous arrivons dans la nuit au village pour boucler la boucle. Malheureusement je n’ai pas d’images nocturnes simplement du fait que j’étais mort à l’intérieur. On ne le voit pas en image, mais juste avant la dernière descente, une pente à 50 % avec 300m de dénivelé nous attendait. J’ai fini le parcours en mode zombie, merci aux collègues qui m’ont repris la pulka pour le dernier bout !

 

Nous voila tous sains et saufs de retour après cette première excursion. Cette première se voulait être une sortie pilote en conditions réelles pour apprendre et se préparer à la vrais grande excursion sur 4-5j. Malheureusement elle ne se fera pas car après cette première aventure les dégâts physiques sur les pieds et les genoux dûs au froid et la mise à l’épreuve physique aura raison de nous. Inimaginable de partir en expédition avec un groupe de moins de 3 personnes, beaucoup trop risqué.

 

Il n’y a pas de quoi déprimer, certes le but principal de ces vacances était l’aventure mais déjà rien que cette première sortie était incroyablement riche. Comment réagir en cas d’engelure, comment réagir en cas de prise en chasse par un ours, comment planifier et s’orienter dans un terrain inconnu sans couverture réseaux, choisir son matériel et le transporter pour être en autonomie, se préparer et réfléchir aux imprévus qui pourrait survenir.

 

Ne vous méprenez pas, ce n’est pas parce que les sorties seront plus courtes qu’il n’y aura plus d’aventure. Des sorties moins ambitieuses riment aussi avec plus de temps pour faire des images !

A bientôt avec le deuxième article plus accès image ! En attendant voici une compilation de mes images nordiques:

album blog Svalbard

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*svp remplissez toutes les cases. Merci!
  • Léo R dit :

    Un immense Merci Lionel pour ce magnifique article !
    On ressent parfaitement toutes les émotions et les ambiances que tu as pu ressentir Ça donne tellement envie de le faire !!
    Hâte de lire le prochain article !!
    Mercii encore pour ton partage !

    PS: quel objectif tu as utilisé pour l’animalier et pour les paysages ?

    • admin dit :

      Hello,
      Merci pour ton message fort sympathique. C’est vraiment chouette ce genre d’expéditions, une belle expérience !
      L’animalier c’est au 400f2.8 sauf le portrait de renne au 105f1.4. Le paysage classique au 16-35f4 et les aurores au 15mmf2.

  • Pschitt dit :

    Super article Lionel, et bravo à toute l’équipe pour celle jolie rando dans des conditions bien hivernales.
    Je me réjouis de la suite !
    Amicalement,
    Pschitt

  • Isabelle dit :

    Images fabuleuses! Ça fait rêver…

  • Sandra dit :

    Tout simplement magnifique il n y a pas d autres mots