au fil de l’eau

Au fil de l’eau

J’ai eu la chance de pouvoir donner un cours pour un cycle d’orientation sur le thème de l’eau. J’avais carte blanche et le but était de faire un cours qui changeait un peu de l’ordinaire.

J’ai voulu donner une autre vision de l’eau. Donner un peu plus de vie à celle-ci en parlant de son importance dans notre écosystème.

Ce fut une expérience très enrichissante pour moi. Donner une finalité à ma pratique photographique à but pédagogique et de sensibilisation. Agir pour l’environnement à mon échelle! Je devrais réitérer deux expériences dans cette optique prochainement (sur le tourisme et sur les actions bénévoles de sauvetage de crapauds), je vous ferais aussi un compte rendu.

Trêve de bavardage, que peut donc bien nous apporter l’eau?

 

L’eau: source de vie

Dans les Alpes les glaciers font office de réservoir d’eau. Sans eux, le Valais serait une région aride et désertique. L’eau des glaciers et de la pluie dévalent les vallons et irriguent et abreuvent ainsi toute la faune et la flore.

L’eau est une ressource vitale pour la vie, elle permet de s’hydrater. Plus important encore elle permet de respirer. Les poumons pour effectuer le transfert d’oxygène/CO2 doivent être humides. Pour la plupart des animaux l’humidité de l’air suffit mais pour les batraciens il en est tout autrement. La majorité de leur respiration se fait de manière cutanée, leur peau doit toujours être humide. C’est pourquoi les batraciens sont toujours à proximité de l’eau.

D’autres espèces comme ci-dessus une salamandre alpestre (noir) ne sont pas forcément dans l’eau toute l’année mais préfère les endroits humides. Pour éviter de se dessécher, la journée ils se cachent sous des feuilles ou des cailloux. Pour en voir il faudra donc plutôt sortir de nuit et préférer un temps pluvieux.

Les amphibiens se retrouvent dès la fonte des neiges (ici un triton alpestre) vers leurs plans d’eau favoris pour trouver leur âme sœur. Les jeunes amphibiens passent leur état larvaire dans l’eau. L’eau leur apporte un environnement favorable pour leur développement ainsi qu’une protection. Ci-dessous une grappe d’œufs de crapaud commun sous le regard attentif de leur père:

 

L’eau: source de nourriture

De nombreux animaux vivent dans l’eau ce qui attire beaucoup de prédateurs. En plus des amphibiens discutés auparavant, de nombreux insectes y vivent ainsi que les poissons. Certains animaux se sont spécialisés pour la chasse aquatique.

Un des plus surprenant que l’on peut facilement croiser dans nos rivières très tourmentées est le cincle plongeur. Comme son nom l’indique il capture ses proies sous l’eau. A l’aide de ses ailes il nage se maintient au fond de l’eau et débusque ses larves favorites en soulevant les cailloux. Une fois hors de l’eau il tape les larves contre un caillou pour sortir l’insecte de son fourreau comme on peut le voir sur l’image suivante

Peut-être l’avez-vous déjà aperçus? En vol on pourrait le confondre avec un papillon bleu mais son vol est bien plus tendu. On le repère souvent à son cri très strident. C’est le martin pécheur! Un des oiseaux le plus coloré de notre région.

C’est aussi un oiseau très lié à l’eau. Saviez-vous qu’il creusait son nid dans la berge meuble des rives d’eau?

Le martin pécheur à une technique de chasse très différente du cincle plongeur. Il attend patiemment sur son perchoir surplombant l’eau qu’un poisson passe. Dès qu’un poisson se présente, le martin plonge et harponne le poisson avec son bec. Mais ses attaques se soldent souvent par un échec comme ici:

D’autres animaux ne se mouillent pas pour chercher leur nourriture. Ils ont d’ailleurs de longues pattes pour s’aventurer sur les berges, ce sont les limicoles.

échasse blanche

Leur long bec leur permet de sonder la vase. Le bout de leur bec est parfois flexible pour mieux attraper les larves qui tentent de leur échapper.

bécasseau maubèche

 

L’eau: mais encore?

L’eau est vitale car elle permet de s’hydrater voire de respirer mais aussi de se nourrir. Mais encore?

loriot d’Europe habituellement très discret prenant un bain

Comme nous les animaux doivent faire leur toilette pour se débarrasser de leurs parasites ou pour garder un pelage/plumage efficace.

Efficace? Comment ça?

Par exemple certains oiseaux et mammifères vivant dans l’eau doivent avoir un plumage ou pelage étanche. Les oiseaux par exemple ont une température interne de 41°C (contre 37°C pour nous) il leur est donc primordial de ne pas perdre inutilement de la chaleur. L’eau est un très bon conducteur de chaleur avec une grande capacité calorifique. L’eau refroidit 25% plus rapidement que l’air, il est donc vital pour les animaux à sang chaud vivant au contact de l’eau d’être étanche (les petites plumes ou petit duvet emprisonnent une fine pellicule d’air qui les isole de l’eau).

Les oiseaux vivant dans l’eau doivent donc se lisser les plumes pour qu’elles restent étanches (par exemple le grèbe castagneux ci-dessus). Il en est de même pour les mammifères vivant dans l’eau tels que le castor:

Mais pourquoi est-ce qu’un mammifère vivrait dans l’eau? Pour le castor l’eau lui apporte une protection. Pour qu’aucun prédateur ne puisse l’atteindre, le castor construit son terrier dans une berge puis bouche le canal en créant un barrage avec des troncs de bois qu’il aura préalablement coupé avec ses dents. Ainsi le niveau de l’eau augmentera ce qui dissimulera l’entrée du terrier sous l’eau. Les bébés castors pourront grandir sans crainte dans leur terrier.

Le castor n’est pas le seul animal à se cacher dans l’eau. Vous n’en voyez pas d’autre?

Vous ne voyez toujours pas? L’eau c’est aussi de la neige! Nos sommets en sont recouverts en hiver et certains animaux adaptent leur pelage pour échapper aux yeux perçant de leurs prédateurs. Contrairement à ce que l’on pourrait penser aux premiers abords les animaux variables ne changent pas leur robe avec l’arrivée de la neige mais plutôt en fonction de la durée des jours.

En plus du lièvre variable ci-dessus nous avons encore deux animaux qui changent de pelage au cours de l’année dans notre région.

Le lagopède vit dans les pierriers au-dessus de la limite de la forêt. Il n’a que peu d’endroit pour se cacher du regard de l’aigle royal. Il fait donc entièrement confiance à son mimétisme. Brun roche en été il devient blanc neige en hiver. Sur l’image il est en plumage de transition en fin d’automne.

Même des prédateurs tels que l’hermine sont devenu blanc. Certes celle-ci sème la terreur parmi les campagnols des neiges mais elle pourrait aussi faire office de casse-croûte pour quelqu’un de plus gros qu’elle.

L’eau est utile à tous les niveaux pour la faune. Mais malheureusement tout n’est pas toujours tout rose. Ce qui nous mène à l’ultime chapitre de cet article.

 

L’eau: les problématiques

L’eau est d’une importance cruciale autant pour la faune, la flore que pour l’humanité. Avec l’industrialisation et la production agricole de masse, de nombreux engrais et déchets polluent nos lacs et rivières. L’impact est immédiat sur la faune. Nous avons vu disparaître les espèces les plus exigeantes nécessitant une qualité d’eau irréprochable.

La coloptérix est une de ces espèces très sensibles à la pollution de l’eau. On peut cependant encore la voir dans des plants d’eau encore bien éloignés de l’activité humaine. D’autres espèces se font tellement rares que je ne pourrai pas vous les montrer en image. Je pense notamment à l’écrevisse à pattes blanches qui en plus subit la pression d’espèces invasives qui prennent leur place, pareilpour la cistude d’Europe (tortue indigène).

Il est du devoir de tout un chacun de polluer le moins possible. Les Suisses ont en pris conscience et essaient de moins polluer, on est sur la bonne voie pour que la loutre revienne dans notre écosystème. Tout espoir n’est pas encore perdu.

Un autre problème est l’endiguement systématique de nos rivières. Les échassiers dont on a discuté un peu plus haut ne peuvent pas se nourrir si les berges sont remplacées par du béton.

Il leurs faut des bancs de sable, du gravier et de la vase pour trouver la nature. L’endiguement transforme nos rivières sources de vie en désert biologique! Pensez-y par exemple lorsque l’on parle des différentes variantes de la troisième correction du Rhône!

 

La dernière problématique que je voulais aborder est le réchauffement climatique. Le réchauffement pousse la limite de la neige éternelle toujours plus haut. Comme mentionné en introduction, si notre région est si propice à la faune c’est en grande partie dû à nos glaciers qui sont d’immenses réservoirs d’eau. Sans eux, ce serait un véritable désert.

Certaines espèces sensibles sont d’ores et déjà touchées par ce phénomène. J’avais déjà écrit un article sur ce phénomène que je vous invite à lire ici: coup de gueule d’un lagopède

 

Merci pour avoir lu jusqu’ici.

J’espère que ce petit article vous aura appris quelques secrets sur notre faune locale, de l’importance de l’eau et vous ai un peu sensibilisé aux différentes problématiques.

Si vous avez des questions, réactions ou idées d’améliorations, n’hésitez pas à le dire dans la section commentaire en dessous.

Merci, et à bientôt sur le terrain ou sur un autre article.

Cordialement Lionel

*svp remplissez toutes les cases. Merci!