Aletschhorn 4194m

Voilà que l’hiver se termine et que l’on n’a pas fait un seul 4000 de la saison ! Il faut dire que la neige n’aura pas été au rendez-vous. Pas mal de neige en tout début d’année mais pas encore assez froid et stable pour faire les sommets. Puis, il a plu à plus de 3300m vers Noël rendant impossible toute ascension. Ces conditions ont rendu le manteau neigeux très instable avec des couches très dures et d’autres très friables dû à un gradient de température élevé. En bref, il n’y a pas vraiment eu de période propice cette année mais on s’est quand même motivés pour tenter la revanche de l’Alteschhorn. Revanche car nous l’avons tenté il y a 2ans et avons dû avorter l’expédition en raison du danger d’avalanche. Vous pouvez lire le billet de blog retraçant l’historique en cliquant ici.

Contrairement à la dernière fois où l’on a traversé tout le glacier d’Aletsch du Langletscher en passant par la Konkordiaplatz, cette fois on a opté pour une approche plus directe : l’arrête sud-ouest. C’est une arrête cotée en AD (assez difficile), la cotation la plus élevée que l’on ait tenté jusqu’à maintenant !

Habituellement les alpinistes montent par ce côté ou par l’arrête est (peu difficile) et redescendent par la même voie. L’aller-retour permet de laisser du matériel de ski au pied de l’arrête et de venir le récupérer une fois l’ascension terminée. Ne faisant rien comme les autres, on décide de choisir un itinéraire peu conventionnel en montant par l’arrête AD et en redescendant par la PD. On s’oblige donc à gravir l’arrête avec les skis sur le dos ainsi que tout le matériel de bivouac (tente, matelas, sac de couchage et réchaud).

Pour couronner le tout, les conditions météo ne se montrent pas très clémentes. Il est prévu que les sommets soient pris dans les nuages à cause du foehn et que le vent puisse être très violent sur les crêtes.

 

Bref, pas mal de conditions en notre défaveur mais on décide tout de même de tenter l’aventure. Il faudra bien réévaluer les conditions au cours de l’expédition (technique du 3×3) et faire demi-tour si elles deviennent trop défavorables.

Ayant déjà fait la montée de Blatten à Belalp en peaux le weekend d’avant avec Lisa, on peut se permettre de prendre les remontées cette partie pour économiser quelques centaines de mètres de dénivelé. Pour rappel, nous voulons au final relier tous les 4000 des Alpes avec nos tracés GPS uniquement, par la force musculaire (et sans guide). Une fois en bas des pistes de Belalpe, on clipse nos inserts Dynafit et l’on part à plat jusqu’à l’hôtel Belalpe sous un soleil de plomb. Dur de croire la météo qui prédit un revirement drastique des conditions. Arrivés à l’hôtel, la suite semble se gâter : de toute part, des falaises et des talus descendants à pic. Il n’y a pas de trace et pour continuer il nous faut traverser ce terrain escarpé. A l’aide du tracé GPS, on s’élance vers l’inconnu en tentant une trace par le passage le moins casse gueule. En éclaireur, je scrute le terrain afin de trouver le meilleur passage pour faire la traversée. J’arrive en bordure de la falaise, il n’est plus possible de continuer plus loin. J’aperçois alors un semblant de replat, une trentaine de mètres plus bas, qui ressemble à un chemin. Ski sur le dos, on descend dans ce petit couloir pour rejoindre ce qui s’avère être le chemin d’été.

Une fois sur la bonne voie, il n’y a plus qu’à la suivre.

Une fois la paroi de rochers passée, on traverse le plateau d’Oberaletsch. Pour passer le temps, on discute du futur de la vallée. Elle devrait voir apparaître un barrage turbinant l’eau du glacier et travaillant en pompage avec le barrage de Gibidum. Il est assez fou de s’imaginer le paysage modifié par un mur d’une centaine de mètres. On croise aussi le chemin de chamois et quelques coulées d’avalanches de fonte. A force de discuter, on en vient à louper la bonne route et l’on remonte bien 150m de dénivelé positif de trop. On profite de cette montée de moraine inutile pour manger un bout avant d’attaquer 150m de descente dans une pente de 40-45 degrés voir plus.

De là, on remonte tout le glacier d’Oberaltsch en passant devant la Oberaletschhüte.

On continue notre trace jusqu’au pied de l’Aletschhorn, après un arrêt forcé suite à une diarée-éclaire.

Initialement, le pied de la face de l’Aletschhorn semblait l’endroit privilégié pour planter la tente et établir notre camp de base pour la nuit. Comme il restait encore quelques heures de lumière, on décide de gagner un peu de temps sur le trajet du lendemain : « tout ce qui est fait n’est plus à faire ». Après 12km et 1300m de dénivellation, le temps commence vraiment à changer. Nous avons la tête dans les nuages, le jour se couche et des flocons commencent à tomber.

Finalement la météo n’est pas si à l’ouest que ça… Plus on avance, moins on perçois les rochers devant nous. On devrait voir le sommet de l’Aletschhorn, mais à sa place, un épais brouillard blanc s’assombrissant de plus en plus. On suit à nouveau la trace GPS à la lettre pour éviter de trop s’écarter de l’itinéraire. Selon notre altimètre et la carte, on devrait arriver sur une sorte de replat à 3000m. Effectivement, on arrive dans un mini replat. On dépose nos affaires, monte la tente, gonfle nos matelas, ouvre nos sacs et hop, au chaud ! Monstre plaisir que de se poser un peu après cette longue journée ! Mais on sait que la journée de demain sera incomparablement plus longue et exigeante, il nous faut donc prendre des forces ! Pour éviter de déclencher une nouvelle boule de feu dans la tente, on allume le réchaud à gaz à l’extérieur. On fond de la neige et la laissons bouillir pour réhydrater les lyophilisés. En attendant que l’eau chauffe, on se repose roulés en boule dans nos sacs de couchage.

Il fait -15°C à l’extérieur et l’eau ne semble pas chauffer. En contrôlant le réchaud, il s’avère que le feu s’est même éteint ! Plus de gaz ? Après un petit moment de panique, on remarque que la bonbonne n’est pas encore vide. Est-ce que le vent à l’extérieur est trop fort et aurait soufflé la flamme ? On ramène donc le Jetboil à l’intérieur pour finir la cuisson de l’eau. La flamme semble vraiment très faiblarde mais après bien 45min, on arrive enfin à la température d’ébullition. On laisse chauffer nos lyophilisé 8min puis on digère ces 650kcalories qui nous seront vitales pour le lendemain.

Il nous faut ensuite faire fondre plus de neige pour avoir assez d’eau liquide pour le lendemain. Malheureusement, très rapidement, on se rend compte que ce ne sera pas possible. Avec le froid, les nouvelles bonbonnes de gaz de Décathlon ne brûlent que partiellement. Le mélange de gaz n’est pas adapté pour les -15°C. On aura utilisé une bonbonne de gaz complète pour deux repas… Pas d’autre choix que de remplir nos gourdes de neige et les laisser fondre la nuit au chaud dans nos sacs de couchage…

On prépare deux réveils. Un a 3h du matin pour regarder si le brouillard s’est dissipé et un deuxième à 5h. Stéphane s’est réveillé à 3h et n’a vu qu’un épais brouillard en entrouvrant la porte. Personnellement, je n’ai rien vu du tout car j’ai dormi comme un loir jusqu’au réveil de 5h.

La chance était de notre côté: en 2h les nuages se sont dissipés. On profite de ce ciel totalement dégagé pour faire quelques photos de la tente. Quel plaisir de voir le sommet de l’Aletschhorn se dressant devant nous. C’est toujours plus motivant de voir l’objectif.

Une fois la tente pliée, matelas dégonflé, sac comprimé et le tout rangé comme un Tetris dans le sac de rando, on remet les skis. On slalome doucement mais sûrement dans la montée entre les crevasses.

On profite de l’excuse du lever de soleil pour faire une petite pause et prendre quelques images.

Après un deuxième arrêt éclair et quelques traversées sur de la neige bien glacée on arrive à la fameuse arrête sud-ouest du 4000.

Changement de type de terrain, on passe du glacier à une arrête.

On troque nos skis de rando et battons pour les crampons et piolets. Comme on ne redescendra pas par la même voie, on prend tout notre matériel avec. Les skis et les battons sont fixés au sac de rando, rajoutant du poids à l’arrière et déséquilibrant passablement le tout. C’est ainsi que l’on attaque la montée, entre passages de grimpe dans les cailloux et progression dans des goulottes de neige. Puis vers 3800m, dans une goulotte entre 35-40°, Stéphane commence à ressentir le mal des montagnes. Notre rythme d’ascension change drastiquement et l’on avance pas à pas. Le rythme est si lent que je me demande si l’on arrivera vraiment à 4194m. Sans nausé particulière, on continu tout doucement la montée. La situation ne s’améliore pas vraiment avec la déshydratation dûe au manque d’eau qui commence à se faire sentir. Je commence aussi à sentir les effets de l’altitude vers les 3950m.

Pourtant le sommet n’est pas loin, on distingue clairement la croix ! On progresse par à-coups, une 20ène de mètres avant de devoir faire une pause pour reprendre notre souffle. Les derniers 100mètres doivent être les plus lents et les plus pénibles que j’ai eu à faire. Mais à force de mettre un pied devant l’autre, on arrive enfin à la croix, au sommet. On s’écroule sur la neige et l’on profite de la vue splendide !

Quel soulagement d’être arrivés et quel bonheur de contempler ce paysage ! Il est passé 13h et l’on a encore toute la descente devant nous. Je profite que l’on ait un poil de réseau pour avertir mon entourage que j’ai pris congé le lundi et que je suis au sommet de l’Aletschhorn pour qu’ils ne s’inquiètent pas trop. Le silence est interrompu par le bruit des palles d’un hélicoptère. Un super-puma de l’armée Suisse se pose 140m plus bas sur le glacier de l’Aletschhorn.

J’hésite presque à courir en bas l’arrêter pour qu’il nous prenne en stop. Ce que je ne savais pas encore c’est qu’il allait nous falloir 2h de temps pour descendre ces 140m… Heureusement, la suite est une arrête PD (peu difficile), il ne devrait pas y avoir de grosse difficulté, non ?

On attaque la descente par l’arrête PD en marchant sur une arrête en neige. Celle-ci devient progressivement rocailleuse et abrupte. On désescalade l’arrête mais il arrive un moment ou ce n’est plus possible. Plutôt que de continuer sur l’arrête, on décide de la longer à flanc de coteaux, dans le glacier suspendu. C’est vive glace, d’un bleu sombre et profond. D’une couleur magnifique mais franchement très flippante. On a très peu d’expérience en progression sur glace mais pas le choix, quand il faut y aller, faut y aller !

Sur moi, j’ai une broche de glace faisant partie de l’équipement obligatoire pour de la progression sur glacier. Heureusement que Steph en avait deux car avec une seule broche, on ne va pas loin… On visse une broche au début de la descente, Stéphane assure ma descente au demi-nœud d’amarre.

Je descends de manière pas du tout sereine dans ce glacier suspendu entre 30 et 40° de pente. Je prie pour que mes crampons automatiques ne me lâchent pas au milieu de la descente. Quelques coups de crampons et de piolet plus tard, je visse la broche à glace suivante qui me servira de déviation à la corde et je continue la progression à l’horizontal. Une fois les 3broches vissées, c’est à mon tour d’assurer la descente de Stéphane en faisant un demi-nœud d’amarre sur la dernière broche.

Dans son avancée, il récupère derrière lui les broches pour que l’on puisse les réutiliser par la suite. En cas de décrochage dans la descente, il pendulera au maximum de la distance entre lui et la prochaine broche. Une fois qu’il m’a rejoint à la dernière broche, il s’y longe aussi, me transmet les deux broches et je repars pour la suite. On réitère tout ce processus pour 3passages clefs. Ce n’était absolument pas prévu dans la planification originale et l’on sait déjà que l’on a pris bien 3h de retard.

On est enfin à la place d’atterrissage de l’hélico de l’armée qui est depuis longtemps reparti. On continue la descente sur l’arrête enneigée. Un léger voile de cirrostratus commence à se former. L’ambiance commence à changer, le soleil crée un arc-en-ciel très photogénique dans ces nuages de haute altitude.

Ce phénomène est dû à la réfraction de la lumière dans les cristaux de glace en suspension dans les nuages.

La beauté de ce phénomène s’estompe rapidement lorsque l’on se rend compte que la suite de l’arrête est à nouveau impraticable et que l’on va encore devoir descendre dans le glacier avec cette fois-ci une pente plus raide : dans les 40-45degrés. Pour ajouter une couche de difficulté, il y a la rimée à passer (démarcation très nette au départ du glacier, faisant ici dans les 3m de haut). Le problème de la paroi verticale de la rimée, c’est qu’il n’est pas possible de récupérer une des broches à glace s’il l’on descend. On ne peut pas laisser du matériel technique sur place (pollution, sécurité pour la suite et aussi parce que ça coûte un bras). Il existe une technique pour réussir à dévisser une broche à glace en enroulant précisément la corde autour de celle-ci et en tirant la corde une fois la rimée passée (« broche éjectable »). Entre savoir qu’il existe une possibilité et le faire sur le terrain sans jamais l’avoir pratiqué avant, il y a un monde. On part donc sur la même technique qu’avant pour descendre jusqu’à un pont de neige reliant le reste du glacier avec le haut de la rimée. En voyant la distance à descendre (170m en mesurant sur la carte), la motivation prend un coup. Avec 3broches à glace et une corde de 30m, il nous faudra descendre le glacier en 5fois. Le retard, la fatigue et la déshydratation commencent a devenir critiques. Heureusement, après 40m de descente et un doigt ouvert en vissant une broche, je repère un autre petit pont de neige. On descend jusqu’à la rimée en mettant du sang partout. Je mets une broche juste au-dessus et je descends sur le pont. Il a l’air de tenir. J’ajoute une deuxième broche au fond de la rimée pour assurer le coup. Je vais ensuite plus loin dans le glacier, me plante solidement dans la neige et assure, corde tendue, la descente de Stéphane dans la rimée. Tout se passe bien, le pont de neige a tenu, quel soulagement !

Une fois les deux en dehors de la zone de danger et plus dans une pente à 45°, on sort un sparadrap de la trousse de secours pour stopper le saignement de mon doigt.

Heureusement pour nous, la suite devient plus facile.

Les pentes sont moins vertigineuses et l’on arrive enfin à mettre nos skis. On dévale le Mittelaletschgletscher dans une neige bien carton qui fait chauffer les mollets. D’en bas, on voit bien les crevasses et les pentes vertigineuses de l’Aletschhorn.

L’arrête était bien galère mais descendre par une autre voie serait juste du suicide.

Le ciel se couvre de plus en plus et l’on commence à avoir le phénomène de jour blanc. On ne distingue plus bien le relief dans la neige. Dur de voir les trous et les bosses dans ces conditions.

On passe à coté de belles grottes de glace mais il faudra malheureusement remettre leur visite a une autre fois. La nuit commence à menacer. On arrive au fameux glacier d’Aletsch. On a beau l’avoir déjà traversé une fois, il est toujours aussi impressionnant. Pas le temps de traîner, il faut le traverser pendant qu’il fait encore jour. Le jour blanc est maintenant si violent qu’il me faut allumer ma lampe frontalle pour voir si le terrain monte ou descend. Après quelques demi-tours à cause de crevasses, on tombe sur une vieille trace de ski sur le glacier. On part du principe que la personne ayant fait la trace a réussi à faire la traversée du glacier en vie, on suit donc la trace. Par endroit, il faut improviser un peu car la trace a totalement été effacée par le vent. On arrive tout de même rapidement à faire la traversée du glacier (bien plus rapidement que la première fois). La nuit est définitivement tombée, il est 20h. Il nous reste encore 300m de montée pour arriver sur les pistes du domaine skiable de Bettmeralp. Ça fait 14h que l’on fait de l’alpi. Encore plus déshydratés qu’avant, on mange de temps en temps un peu de neige pour diminuer l’effet pâteux de la salive dans la bouche. On se met ensuite en route pour la dernière montée. Par endroit, la neige est très dure et les skis de rando ne crochent pas super bien. Steph devant, glisse de temps à autre. Puis, d’un coup, il dévale la pente sur une petite dizaine de mètres. Rien de grave mais je vois que la fixation avant de son ski s’est arrachée et elle est restée sur son soulier. Nous voilà avec encore 200m de montée et un ski HS. Je prends ses skis et les fixe à mon sac. Stéphane enfile les crampons et continue le reste du chemin à pied. On se rend vite compte que l’on n’y arriverait jamais. Il s’enfonce à chaque pas jusqu’aux genoux. On continue tout de même mais quelques mètres plus loin, il disparaît dans la neige et s’enfonce jusqu’aux épaules. Il devait y avoir un petit mélèze sous la neige. Après quelques minutes à se débattre pour ressortir de son igloo, il nous faut trouver une solution.

Je ne peux pas me permettre de passer une nuit de plus ici car je dois donner des cours le lendemain. Je pense à laisser la tente à Stéphane et lui faire amener des raquettes. Je pense même à appeler l’hélicoptère mais bon, ça serait un peu la honte à 200m du domaine skiable non ? En désespoir de cause, on remet le ski en état sur un pied et on laisse un crampon sur l’autre. Il avance avec un ski un peu comme avec une trottinette. En mettant tout son poids sur un ski et les battons, cela semble bien aller. On avance quelques mètres, ça va lentement mais ça avance. Je suis soulagé, on arrivera sur les pistes si l’on continue comme ça !

Quelques lacés plus tard, on est au sommet du domaine skiable. Il est 21h30 et la dernière descente de cabine pour la plaine est à 22h50, il est encore possible de rentrer (il y a un train qui retourne à Brig à 23h40). La descente des pistes avec un ski ne se révèle pas très concluante. Stéphane dévale toutes les pistes à pied ou sur les fesses par moment.

Nous voilà arrivés au départ des remontées ! Il est 22h30, juste avant le départ de la cabine. On profite pour prendre un coca au distributeur, quel bonheur après plus de 16h d’effort !

On descend en cabine, on prend le dernier train de la journée pour Brig puis on descend jusque chez moi en voiture. Heureusement, pas d’amende car j’avais payé le parking jusqu’à 18h…

Evidemment, Stéphane n’a plus de train pour rentrer sur Fribourg et comme le traditionnel McDo post-4000 n’est pas ouvert, on se rabattra sur 400 grammes de pâtes pesto à 1h30 du mat.

Un 4000m qui se transforme en journée de survie. On aura eu de tout entre escalade, arrête, traversée de glacier, descente sur broche, assurage, ski et bivouac ! Une journée bien éprouvante mais qui restera gravée à jamais dans nos mémoires. La revanche de l’Aletschhorn !

Cliquez ici pour annuler la réponse.

*svp remplissez toutes les cases. Merci!